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Ushijima, l’usurier de l’ombre [Shohei Manabe]


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Ushijima, l’usurier de l’ombre est le fruit de l’auteur Shohei Manabe. Il est prépublié au Japon depuis 2004. Et l’édition française nous est proposée par Kana depuis 2007. Notons que c’est un manga fleuve, puisqu’il est toujours en cours, avec déjà une trentaine de volumes. Il fut adapté par deux fois au cinéma, et ce pour la première fois en 2012.

 

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Ce manga prend pour toile de fond un phénomène social bien réel au Japon : celui des Yamikins. Ceux-ci sont en fait des usuriers, c’est-à-dire des gens prêtant de l’argent de manière complètement illégale et ce à des taux d'intérêt astronomiques, à savoir 50% sur dix jours ! Nous faisons alors connaissance avec Ushijima, l’un de ces usuriers. Il a à peine 23 ans, mais possède sa propre petite agence de prêteur. Avec ses quelques employés, il passe donc son temps soit à prêter de l’argent soit à traquer les mauvais payeurs qui ne remboursent pas à temps. Car une chose est vite évidente : Ushijima se fait toujours remboursé peu importe les moyens employés. Volume après volume, on va donc assister à un défilé hétéroclite de clients. Et à chaque nouvelle histoire, on découvre de quelle manière telle ou telle personne s’est endettée au point de devoir faire appel à Ushijima, quels qu’en soient les conséquences. Ici on va donc suivre la vie de gens très ordinaires, confrontés à leur démons, leurs addictions, leurs faiblesses. Et Ushijima devra faire preuve de toujours plus de ruse, d’ingéniosité et utiliser des moyens détournés pour passer au travers des mailles du filet de la loi et de la police.

 

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Ce manga nous dépeint donc dans un quotidien qui se veut très proche de la réalité. Au fil des histoires et des galeries de personnages, on passera beaucoup de temps dans les bas-fonds de la société moderne japonaise. Entre boîtes de nuit, agence de prostitution, salles de jeu déprimantes, bars mal famés et autres cités HLM inquiétantes, nous sommes les témoins d’un spectacle assez peu représenté, et donc peu proposé, dans les mangas et dans les médias en général. Nous sommes aux antipodes des images d’Épinal que l’on peut avoir du Japon en Occident.

 

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Ici il n’est pas question de tradition, pas question d’extravagances ni d’exotisme culturel. Il se dégage ainsi de cette œuvre une froideur presque palpable, à l’image de ces cases souvent très chargées d’une représentation de l’urbanisation omniprésente. Peut-être faut-il voir là une allégorie du sort des différents clients de l’usurier : de la même manière qu’ils sont prisonniers de leur choix de vie qui les conduits à l’endettement impitoyable tel l’ouroboros, ils sont prisonniers de cette ville au béton froid, gris et implacable. On notera d’ailleurs que la nature est quasiment absente du récit, à quelques exceptions près. Froideur graphique donc, couplée à une dureté des traits des personnages principaux, Ushijima en tête, lui-même stoïque de manière quasi permanente. À quelque reprises, ses employés tenteront bien de lui arracher un sourire, sans succès. Même s’il donne son nom au manga, il apparaît d’ailleurs nettement en retrait dans les différentes histoires, tel un rouage du système, un mal nécessaire, beaucoup plus que comme un protagoniste, une figure de proue. La mise au point se fait nettement davantage sur les différents individus qui seront toujours la clé de voûte des chapitres. Un mari infidèle, un gigolo, une prostituée, une accro aux jeux…

 

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Une suite de quidams donc, qui mettront en lumière tout autant de faiblesses humaines, et qui finiront, tôt ou tard, par devoir faire appel aux services de l’usurier, ne se rendant pas compte qu’ils ne font qu’aggraver des situations déjà critiques. Le lecteur ne ressentira alors pas forcément d’empathie pour ces personnages, ceux-ci étant le plus souvent une illustration, voir une caricature, des défauts et faiblesses de l’homme, telles que l’addiction, la cupidité, l’incapacité à prendre les bonnes décisions, l’égocentrisme et on en passe.

 

Au final, Ushijima l’usurier de l’ombre se présente comme une peinture froide mais fascinante d’un Japon moderne. À l’image de ces personnages prisonniers de l’argent, il sera difficile de réchapper à ce manga sans aucun doute sombre, mais aussi envoûtant.

 

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