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Alestan - Chapitre 21 : Le Vagabond [FIN]


Alestan
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CHAPITRE 19 - LE PLAN

 

 

 

 Les dernières lueurs du jour glissaient derrière les montagnes de l'Est. Le duc de Suo contemplait l'astre incandescent sans pouvoir ôter de son esprit l'étrange phénomène céleste. Il avait été témoin de cet amas ténébreux du haut de sa tour, et les commentaires exaltés de ses soldats avaient gâché sa journée. Plus le temps passait, et plus il songeait à la missive de Yuzan Sonata. Avait-elle été écrite de sa main ? Le parchemin était signé, mais il n'avait pas le souvenir d'un quelconque sceau. Les clans Daër se formaient autour d'une famille, et les plus riches possédaient généralement un blason. La vieille brûlure d'Haruda le démangeait désagréablement, et il retira son casque pour éponger anxieusement sa sueur. Le duc désirait tellement la capture de ce jeune criminel qu'il craignit d'avoir agi sans réfléchir. Si le message ne venait pas de Yuzan, qui en était l'expéditeur ? C'était dans ce genre de moment que son fidèle lieutenant se révélait utile. Mais ce brave Sannan chevauchait désormais vers Shura à la tête d'une dizaine d'hommes.

 

 Un frisson parcouru alors l'échine d'Haruda, et ses craintes ne tardèrent pas à être confirmées. En jetant un regard par dessus le parapet, il remarqua des corps allongés aux pieds de la tour. Ses effectifs étaient considérablement réduits après le départ du lieutenant, sans compter l'absence d'une escouade partie en reconnaissance plus tôt dans la journée. Le duc s'arracha à son observation pour faire face aux deux sentinelles qui bavardaient nerveusement. Ces imbéciles ne s'étaient pas remis de la mystérieuse apparition.

 

 - Nous sommes attaqués ! les somma-t-il.

 

 Ses hommes dégainèrent leurs armes avant de découvrir les cadavres en contrebas. Un cri étouffé s'échappa de l'ouverture au sommet de la tour, suivi par un silence menaçant.

 

 - L'échelle ! brailla Haruda.

 

 L'ennemi s'était dangereusement approché de leur position, et le duc regretta de ne pas avoir gardé son sabre près de lui. L'un des soldats banda son arc pour se précipiter vers la cavité, mais à peine eût-il penché la tête qu'un projectile lui traversa la gorge. L'homme s'écroula dans un râle, entraînant la rage de son compagnon.

 

 - Fumier ! hurla-t-il. Lâche !

 - Arrière ! ordonna le duc.

 

 Son avertissement fut ignoré, et le guerrier restant subi le même sort. Il agonisa quelques secondes aux côtés de son camarade avant de rendre son dernier soupir, une plume figée en travers du cou. Haruda se colla contre le rebord de la tour, jetant un œil dans le vide pour estimer ses chances de survie. Un saut depuis une telle hauteur relevait du suicide. Il était piégé, et son impuissance le plongea dans une colère noire. Le duc maudit ses hommes en fracassant son poing contre les pierres du parapet, se préparant à charger l'individu qui grimpait lentement l'échelle. Une silhouette sombre émergea de l'ouverture, ses cheveux noués en une longue tresse. Un regard d'aigle, d'un bleu électrique, le transperça comme une flèche. Ces yeux froids et orgueilleux lui étaient familiers.

 

 - Vous ! s'exclama-t-il, indigné. Traître !

 

 Il s'agissait du capitaine Ren Raigin, l'homme à l'origine de la traque du criminel. Ce même homme qui le menaça de sanctions en cas d'échec. Il piétina les cadavres des sentinelles pour s'approcher de lui, le visage impassible. Son sabre dormait dans un fourreau d'azur, et Haruda en profita pour s'élancer dans sa direction. Il allait montrer à ce soldat de l'Union la fierté du sang noble de Daërda, lui faire regretter son arrogance. Il avait parcouru la moitié de la distance qui les séparait lorsque le jeune homme étendit son bras. Le geste s'accompagna d'une note aiguë, semblable au chant d'un oiseau, et le duc de Suo eût l'impression d'étouffer. Il tenta de tousser mais un liquide tiède lui emplit aussitôt la bouche, le forçant à s'immobiliser. La quantité de sang qu'il régurgita le paralysa d'horreur. Tâtant sa gorge avec maladresse, Haruda sentit une lame d'acier qu'il s'empressa de retirer. Une vive douleur l'aveugla, le forçant à s'agenouiller. L'objet lui entaillait les doigts, et le battement incontrôlable de son cœur vrillait ses tympans. Il perdait des quantités effroyables de sang, si bien que son armure d'ébène se trouvait désormais couverte de tâches écarlates. Ren Raigin le renversa alors sur le dos d'un coup de pied, le forçant à fixer le ciel crépusculaire.

 

 - Vous avez échoué, l'informa-t-il d'une voix grave. Votre cible ne vous a pas seulement échappé... Elle a fait en sorte d'amoindrir votre garde personnelle pour me forcer à agir.

 - L.. Le... Tre... La l-le... bredouilla difficilement Haruda, à l'agonie.

 - La lettre ? devina le capitaine. J'imagine qu'il en est l'auteur.

 

 Le visage insensible du sabreur apparut dans le champ de vision du duc. Il souhaita l'insulter mais il en fut incapable. Sa souffrance était intolérable, et la sensation de n'avoir été qu'un vulgaire outil le répugnait au-delà du raisonnable. Il devait pourtant se rendre à l'évidence : il existait en ce monde des êtres infiniment plus dangereux que n'importe quelle armée. Des hommes ayant conclu un pacte avec des entités inavouables, capables de modeler l'histoire de l'humanité selon leurs désirs. Haruda avait fait l'erreur de les sous-estimer.

 

 - Avec votre disparition, poursuivit Ren, l'invasion du royaume des Elnaë comportera une faiblesse. Un infime espoir d'empêcher leur destruction. Votre sacrifice n'aura pas été vain, vous pouvez reposer en paix.

 

 Le capitaine lui jeta un dernier regard avant de s'éloigner d'un pas feutré. La brise vînt effleurer le visage du duc, charriant le parfum de la forêt de Wanda, la plus vaste d'Alesta. La peur asphyxiait son âme bien qu'il ne ressentait aucune souffrance. Haruda pensa à sa femme et ses enfants, à ses exploits et ses erreurs. Combien de personnes avait-il blessé ? Combien en avait-il méprisé ? Pourraient-ils lui pardonner ? Le ciel se déroba sous un voile d'obscurité, et alors que le duc se tenait au seuil de la mort il entendit un murmure, évanescent :

 

 « Que sa lumière repaisse les étoiles et que ses ombres retournent au néant. »

 

 

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CHAPITRE 20 - LE GRAND SECRET

 

 

 

Jin leva lentement les paupières. Elle était entourée par des rideaux de soie blancs, qui ondulaient paresseusement autour d'elle. Un merle fredonnait une mélodie joyeuse, et le parfum d'un millier de fleurs se mélangeait au souffle du vent. L'atmosphère était si paisible qu'elle songea un instant à un rêve, puis ses souvenirs l'assaillirent brutalement. Le pont, Alestan, le manoir, Yuzan Sonata et son cabaret, le sabre ténébreux, le massacre, pour finir avec Sorina, couverte de sang. Jin se redressa en prononçant le nom de sa sœur, les doigts crispés aux draps du lit. Ses yeux l'irritaient, comme si elle avait pleuré sans répit durant son sommeil.  Alerté par son cri, la silhouette qui veillait près d'elle écarta un pan du baldaquin. Elle croisa le regard argenté de Maëda, une expression attendrie sur sa noble figure sillonnée de rides. Sans dire mot, il déposa le livre qu'il feuilletait pour réajuster les oreillers, invitant Jin à s'y adosser confortablement. Le vieil homme s'installa au bout du matelas, ses mains noueuses croisées sur les jambes. Plusieurs secondes s'écoulèrent dans un silence embarrassant, puis le sage s'exprima d'une voix grave et apaisante.

 

- Aucune de mes paroles ne pourra allégée ton chagrin, mais je tiens à te présenter mes condoléances.

- Où est-elle ? demanda-t-elle fébrilement.

- Elle repose dans une chambre au rez-de-chaussée, répondit-il avec douceur. Je me suis permis de nettoyer sa blessure et de l'habiller convenablement.

 

Jin souhaita le remercier, mais elle ne parvînt qu'à afficher un rictus douloureux. Ses yeux asséchés la brûlait bien que les larmes ne lui venaient plus. Elle s'en voulait tellement qu'elle aurait souhaité s'arracher le cœur pour ne plus rien ressentir.

 

- Ne te rends pas coupable d'une chose dont tu n'es pas responsable.

- Si je n'avais pas... balbutia Jin, le visage entre ses mains. Si seulement... Si seulement je n'avais pas...

- Rencontré Alestan ? termina le vieil homme. Même moi je ne peux prédire ce qu'il serait advenu. Mais je suis certain d'une chose : qu'elle ne dure qu'une fraction de seconde ou plusieurs siècles, chaque vie a un rôle à jouer dans le grand cycle de l'existence. Chaque décision, chaque rencontre, de la plus grande joie à la pire déception... Le plus infime des événements s'inscrit dans le livre sans fin de l'univers. Alors oui certes, nous semblons insignifiants au milieu de cette immensité impossible à quantifier. Et pourtant... Il suffit de retirer une particule à cet ensemble pour que le tout s'écroule. Ce que je veux dire mon enfant, c'est que chaque chose arrive pour une bonne raison. Ne pas comprendre cette raison est ce qui fait de nous des hommes. Alors on essaye... On cherche, on lutte. On réussit, on échoue. On souffre, on se réjouit. Et ainsi, inconsciemment, nous participons à la Grande Histoire. Nous maintenons à notre insu ce fragile équilibre entre la lumière et les ténèbres. Mais pardonne-moi... Il semble que je me sois emporté...

 

Maëda esquissa un sourire gêné et il sembla à cet instant irradier d'une aura lumineuse. Jin en eût le souffle coupé, et elle sût au fond de son âme que le vieil homme était l'être vivant le plus proche de la Vérité. Il donnait l'impression d'avoir percé les mystères de l'existence, et bien qu'elle ne saisissait pas complètement le sens de ses paroles elle se sentit un peu réconfortée.

 

- Est-ce que... Alestan...

- Il se repose, l'informa-t-il avant d'ajouter : sur mon ordre. Il a passé la nuit à veiller à ton chevet.

 

Jin fut touchée par l'attention du vagabond, et elle ressentit un intense désir de le voir. Il avait risqué sa vie pour la sauver, et elle était certaine qu'il se sentait responsable de la mort de Sorina. Malgré tout, elle ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver une légère réticence à l'idée de retrouver Alestan. La vision cauchemardesque du massacre hantait encore la mémoire de Jin. Elle frémissait en repensant à la manière dont il avait arraché la vie à ces hommes, au pouvoir incommensurable qui se dégageait de lui. Elle avait besoin de réponses.

 

 - Ce sabre est terrifiant, confia-t-elle avant d'ajouter, hésitante. J'ai besoin de savoir... Tous ces meurtres... A-t-il agit de sa propre volonté ?

 

Le visage de Maëda s'assombrit. Jin savait qu'il s'était opposé à plusieurs reprises à cette intervention. Alestan avait même quitté la table lors de leurs retrouvailles, lorsque le vieil homme l'avait accusé de semer la mort à tord et à travers. Ce sinistre penchant chez le vagabond était malsain, et elle n'arrivait pas à en faire abstraction. Elle se sentait incapable de lui faire à nouveau face sans explication.

 

- Tu te souviens de mon récit sur les Siècles Obscurs ? lui rappela Maëda. Je t'avais parlé de la découverte d'une pierre écarlate et de l'esprit qui reposait en son sein.

- Hekaïm, se remémora Jin.

- Oui... souffla-t-il. Hekaïm. Je ne souhaite pas m'étendre sur ses origines ici, car tu n'es pas encore prête à entendre la vérité à ce sujet. Mais je peux te révéler ceci : cette pierre renfermait une énergie invraisemblable, et je ne pense pas exagérer en la comparant à celle de notre soleil. Lorsqu'elle fut divisé en sept fragments, sa puissance fut répartie en chacun d'eux. Mais l'esprit d'Hekaïm, pour une raison qui m'échappe, demeura dans un seul.

- Vous voulez dire...

- Des sept sabres, Nemihel est de loin la plus incontrôlable, confirma Maëda. Elle est également la seule qui nécessite une restriction chez son utilisateur. Plus le temps passe, et plus le sceau a besoin d'être renforcé. Je suis sûr que tu avais remarqué l'état de plus en plus instable d'Alestan. Il faisait tout pour le cacher, et je n'ose imaginer depuis combien de jours il a été privé de sommeil.

 

Elle se rappelait du soir où Gaëlios l'avait raccompagné à sa chambre. Le vagabond lui avait alors semblé exténué. Puis Jin songea à l'illusion qui était survenue au moment où elle avait saisi le sabre. Une voix lui avait demandé de sauver le jeune homme. Elle sentit sa gorge se nouer en réalisant l'identité de la sinistre apparition.

 

- Seulement, poursuivit-il, je serais malhonnête de rejeter entièrement la faute sur cette lame. Alestan l'utilise autant qu'elle l'utilise. Il se dévoue corps et âme aux causes qu'il estime être juste mais... Disons qu'il irait jusqu'à mettre le monde à feu et à sang pour le bien d'une seule personne. La métaphore peut paraître exagérée, mais nous savons toi et moi qu'il en est capable.

 

Jin n'en douta pas une seconde. L'image qu'elle avait d'Alestan lui apparaissait désormais lointaine, comme hors de portée. Il était aussi insaisissable qu'une ombre, dissimulant ses doutes par sa confiance et ses souffrances derrière son sourire.

 

- J'ai l'impression de ne pas le connaître... regretta-t-elle.

- On ne connaît jamais réellement quelqu'un. Les rouages de l'âme sont impénétrables, et chaque individu ne révèle qu'une parcelle de sa véritable personnalité. Pourtant cela ne nous empêche pas d'aimer aveuglément. Alestan peut parfois agir comme un monstre, mais je revois encore ce petit garçon... Si sauvage que j'étais incapable de l'approcher. Tellement embarrassé par son œil cavé qu'il rabattait sans cesse sa frange pour le cacher. Il adulait ma fille, Elya, et ce mettait à pleurer dès qu'il ne la voyait plus... Alors ma petite Nëa le prenait par la main, et ensemble ils allaient la retrouver.

 

La voix de Maëda était nostalgique, mais son regard se fit distant et ses épaules s'affaissèrent, comme écrasées sous le poids des années. Jin souhaitait lui demander tant de choses qu'elle ne parvenait pas à les formuler.

 

- Tu auras l'occasion de trouver les réponses par toi-même, lui assura le vieil homme, comme s'il avait lu dans ses pensées. Après tout, tu fais partie de la famille désormais.

 

Il se leva pour écarter lentement les rideaux du baldaquin, et la lumière du jour illumina le visage de Jin. Elle pouvait voir le somptueux jardin depuis sa fenêtre, les hauts remparts qui le séparait des toits multicolores de la cité des forgerons, et au loin les montagnes bleus, qui se mélangeaient à l'horizon.

 

Après s'être changée, Jin alla se recueillir auprès du corps de sa sœur. Maëda l'avait traité avec le plus grand respect. La pièce était maintenue à basse température et parsemée d’encens. Sorina reposait sur un lit de fleurs, vêtue d'une robe blanche brodée de fil d'or. Jin lui parla longuement, rappelant les nombreux souvenirs qu'elles avaient partagé. Elle la remercia et s'excusa d'innombrables fois, avant de lui embrasser tendrement le front.

 

- Je te promet d'être heureuse, murmura-t-elle.

 

Elle retrouva ensuite Maëda et Gaëlios à l'heure du déjeuner. Le lycan tenta d'afficher une expression compatissante sans réellement y parvenir, puis Jin écouta leur conversation en dégustant un délicieux filet de saumon. Ils évoquèrent l'assassinat du duc de Suo et de l'état défervescence dans lequel se trouvait la ville après la violente disparition du clan Sonata. Les témoignages des danseuses présentes dans le cabaret ne furent pas pris au sérieux, et les autorités de Shura classèrent l'affaire dans les archives des règlements de compte. Toutefois, des preuves concernant un trafic d'enfants entraînèrent l'arrestation de plusieurs fonctionnaires et la fermeture temporaire de l'orphelinat de la ville. Jin et Sorina avaient passé leur enfance en ce lieu, et elle manqua de s'étouffer en apprenant qu'Alestan avait rassemblé les documents nécessaires à l'ouverture de l'enquête.

 

- Il s'y infiltrait la nuit, l'éclaira Maëda. Il ramenait les registres d'entrées et de sorties, puis je répertoriais les noms de chaque enfants. Très vite, on s'est rendu compte que la moitié de ces gosses disparaissaient sans laisser de traces. Ce Yuzan les vendaient comme esclave, ou il gardait parfois des jeunes filles pour les faire travailler dans son lupanar.

 

Gaëlios parla ensuite d'un certain Ren, dont le nom lui était familier. Ce dernier avait envoyé un message annonçant son départ pour Hekario, une ville à la frontière du royaume d'Elnath. Il fut question d'organiser une résistance pour contrer une invasion, mais Jin perdit rapidement le fil des événements qui secouaient le monde. Elle voulait voir Alestan. Maëda lui indiqua la chambre où il se reposait, mais lorsqu'elle poussa la porte Jin ne trouva qu'un lit vide. Elle passa l'après-midi à le chercher sans succès, et le vagabond ne se présenta pas non plus pour le dîner. Déçue, elle décida d'aller se coucher après s'être concertée sur l'enterrement de Sorina. Sa sœur reposerait à jamais sous la Colline du Printemps Éternel.

 

Jin se réveilla brusquement au milieu de la nuit. Elle avait fait un rêve étrange, où son corps était devenu si léger qu'elle s'était mise à flotter. Une bourrasque l'avait alors entraîné à une vitesse prodigieuse dans le ciel nocturne, au-delà des nuages, jusqu'à l'extrême limite de l'attraction terrestre. Elle s'était retrouvée face à la lune, et des milliers de personnes gravitaient autour de l'astre. Il y avait des femmes, des hommes, et même des enfants. Tous semblaient attendre quelque chose, et Jin avait cru reconnaître parmi eux la silhouette de sa sœur. Elle avait essayé de l'appeler mais son corps s'était soudainement alourdi, et l'instant suivant elle avait regagné son lit.

 

Ne pouvant trouver le sommeil, Jin se balada dans le manoir. Elle marchait sans réfléchir, et ses pas l'entraînèrent inconsciemment jusqu'à l'aile Est, devant la porte de la bibliothèque. Celle-ci était entrouverte, et après l'avoir délicatement poussée, Jin trouva Alestan avachi sur un fauteuil, une pipe à la bouche et le regard tourné vers le ciel. Il se tenait ainsi dans un rayon lunaire, perdu dans ses pensées. Elle s'approcha doucement de lui, sentant sa poitrine se gonfler comme si son cœur s'apprêtait à éclater. Elle chercha les mots qui convenaient, mais rien ne pouvait exprimer se qu'elle ressentait.

 

- Alors comme ça on m'évite ? le brima-t-elle.

 

Alestan tourna ses yeux vairons dans sa direction, l'air nonchalant. Il se redressa pour avancer d'un pas traînant, se stoppant à quelques centimètres d'elle.

 

- Et si c'est le cas ? lui retourna-t-il. Que comptes-tu faire ?

 

Sans crier gare, Jin lui donna un violent coup de pied dans le tibia, le forçant à se plier. Lorsqu'il fut à sa hauteur, elle passa ses bras autour de sa taille pour le serrer de toutes ses forces, et elle enfouit son visage contre son torse. Alestan l'enlaça alors avec tendresse, et ils restèrent dans cette position de longues secondes. Jin refusait de le lâcher. Elle ne voulait pas le laisser partir, mais il mit délicatement fin à leur étreinte, et l'invita à s'asseoir près de lui. Ils bavardèrent ensuite paisiblement, et le vagabond lui détailla ses incursions à l'orphelinat. Jin lui raconta des anecdotes sur elle et sa sœur, puis il lui fit un récit de ses nombreux voyages à travers le monde. Lorsqu'elle évoqua son rêve, Alestan demeura un moment silencieux avant de lui révéler ce qu'il considérait comme étant « un grand secret ».

 

- Parfois nos yeux peuvent voir ces toutes petites choses, qui viennent à nous en grande multitude... Ces scintillements... Ces phénomènes invisibles qui deviennent visibles sous un regard pur, comme s'ils nous étaient révélés par un rayon de soleil... Là où il nous semble qu'il n'y avait rien, il y a brusquement comme la danse d'un million de points d'or. C'est ce même regard qui peut voir au fond des cœurs, discerner des mystères que nos esprits étroits sont incapables d'entrevoir, et qui sont pourtant là... Présents et vivants.

 

Pour une raison inconnue, Jin sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle ne pouvait pas en être certaine, mais quelque chose au fond d'elle lui disait qu'Alestan possédait ce regard. Il la raccompagna à sa chambre avant de lui souhaiter bonne nuit, et elle s'endormit en imaginant ces innombrables lumières insaisissables.

 

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CHAPITRE 21 - LE VAGABOND

 

 

 

Le lendemain, les habitants du manoir s'habillèrent tout de blanc pour les funérailles de Sorina. Jin ne put réprimer un sourire en voyant la silhouette bestiale de Gaëlios, comprimée dans sa tunique en queue de pie. Alestan ne se gêna pas pour le taquiner, s'esclaffant lorsque le lycan agacé le souleva par sa force prodigieuse à un mètre du sol. Il était coutume en pays Daër de célébrer un enterrement dans la joie, car cela permettait à l'âme du défunt de s'élever vers l'au-delà sans regret. Ils étaient cependant trop peu nombreux pour organiser une fête digne de ce nom, et se contentèrent donc d'un repas opulent. Maëda déboucha plusieurs bouteilles d'un excellent cru, et selon les dires du vagabond la cave du vieil homme était légendaire.

 

Jin sentait ses pommettes se colorer tandis qu'elle expliquait sa manière de travailler à la forge. Maëda se montra particulièrement intéressé et lui rappela, pour son plus grand plaisir, qu'elle devait désormais l'assister dans ses recherches. Gaëlios conta ensuite ses aventures au bord du Chat Errant, et de la terrible guerre des Cent Jours. Jin avait peine à imaginer ces navires s'entrechoquer au cœur des nuages, et elle s'embrouilla entre les différents noms qu'il cita, ne retenant que les Fracasseurs, sorte de vaisseaux blindés qui percutaient férocement leurs ennemis. Le fait que le lycan déchira malencontreusement ses vêtements en mimant les effets d'un impact devait y être pour quelque chose. Maëda leur récita ensuite plusieurs légendes sur de grandes figures d'Alesta, parmi lesquels le vaillant Lëome, qui blessa mortellement Neriamar, la Salamandre aux trois têtes. Il décrivit également la bataille mémorable de Seimu et Akurgal dans la forêt de Wanda, le périple de Gildaë au milieu du désert d'Armënia, sans oublier le fameux Jigoro, qui pouvait trancher un arbre rien qu'en fauchant l'air de sa lame.

 

- Il venait parfois te rendre visite, non ? se rappela Alestan.

- Oui, avec Ren d'ailleurs, confirma Maëda. Je n'ai jamais compris pourquoi vous ne vous entendiez pas...

- Je pense qu'il était jaloux, réfléchit le vagabond. Ou peut-être... Peut-être qu'il m'enviait ?

- C'est la même chose, intervînt Jin.

- Tu as raison, il désirait simplement me ressembler, conclu-t-il.

- On en revient au même, insista-t-elle, amusée.

 

Alestan s'absenta alors pour revenir avec une guitare, une flûte et deux tambourins. Il garda l'instrument à corde pour lui et distribua les percussions à Jin et Gaëlios. Maëda éclata d'un rire enthousiaste, saisissant l'objet restant pour souffler quelques notes d'une agréable justesse.

 

- Jin, choisit une couleur ! s'exclama le vagabond.

- Je ne sais pas... hésita-t-elle. Disons... Vert ?

- Sol ! s'écria Alestan.

 

Il frotta les cordes pour faire retentir une sonorité à la fois profonde et harmonieuse. Le vagabond ajouta deux autres accords, faisant ainsi tourner en boucle une mélodie entraînante.

 

- Un, deux, trois, quatre et un, deux... compta-t-il. Percussions ? Du nerf ! On tape sur les nombres pairs !

 

Jin et Gaëlios entrèrent en scène, marquant le tempo pour accompagner le rythme de la guitare. Lorsque l'air de la musique leur fut familier, Maëda ajouta le son de sa flûte pour enrichir le thème d'un arpège aérien. En fermant les yeux, Jin eût l'image d'une plaine verdoyante, et d'un cavalier chevauchant vers l'horizon. Au bout de quelques mesures la voix d'Alestan s'ajouta à la scène, forte et claire.

 

Perdu,

dans un champ de lames

aux reflets du ciel, j'enrage,

au fond de mon âme,

je suis seul face à l'orage.

Une pluie de larmes

balayent le monde, le saccage.

Mais je vois au-delà

des conflits, du mépris,

au-delà de cette tyrannie,

un doux parfum m'envahit.

Hey ! Me voilà affranchis !

C'est la victoire de l'esprit.

Je parcours les galaxies,

Perdu au cœur de l'infini.

 

Les quatre derniers vers furent reprit par Maëda et Gaëlios, et Jin se joignit à leur chœur. Elle eût l'extraordinaire sentiment de ne faire qu'un avec eux, puis le vieil homme termina la mélodie par un solo de flûte mémorable. Les quatre compagnons éclatèrent de rire, et ils terminèrent leurs verres en dégustant une délicieuse tarte aux fruits.

 

- Ah la musique... Rien ne l'égale ! se réjouit Maëda.

- Quand la muse nous pique, c'est un régal... ajouta Gaëlios.

- Ça vous amuse ces joutes verbales ? enchérit Alestan.

- En fait, vous êtes tous fous ? réalisa Jin, un sourire aux lèvres.

- La frontière entre le génie et la folie est plus fine que la dentelle des sous-vêtements de la princesse d'Elnath, lui assura le vagabond. Et je parle en connaissance de cause.

- Le pire c'est que je te croirais presque, redouta-t-elle.

- J'ai passé des années au palais de Nera, confirma-t-il. J'ai une réputation là-bas...

- Comme la fois où la reine m'a écrit pour se plaindre que tu exposais sa lingerie sur les branches du Grand Pommier ? Lui rappela Maëda, plus amusé qu'irrité.

- La puberté est une épreuve passionnée dans la vie d'un jeune homme, se défendit Alestan. Mais il faut avouer que les pommes avaient une saveur particulière cette année là...

 

Jin n'en croyait pas ses oreilles, mais la liste des méfaits de jeunesse du vagabond s'étirait sans fin. Elle ne fut pas surprise d'apprendre qu'il avait été banni du royaume deux ans plus tôt, bien que la raison sembla cette fois-ci beaucoup plus sérieuse, au point où la conversation dériva rapidement sur un autre sujet. Jin ne vit pas le temps passer, et l'après-midi arrivait à son terme lorsqu'ils se levèrent de table. Ils transportèrent alors le cercueil de Sorina jusqu'à l'extrémité Nord du jardin, où s'élevait une grande haie. Avoir l'avoir franchit, Jin découvrit deux stèles entourées de petites fleurs blanches. Alestan lui indiqua qu'il s'agissait de lys, un symbole de pureté, mais aussi une figuration des étoiles.

 

Elle ne voyait pas ce qu'il entendait par là, jusqu'à remarquer leurs six pétales. Avec un peu d'imagination la fleur pouvait faire penser à une étoile, mais ce fut la façon dont Maëda les fit cheminer à travers le champ qui permit de convaincre Jin. Certains lys étaient de couleurs jaunes et souvent isolés. En les reliant mentalement, et tandis qu'ils déplaçaient le cercueil dans le sens anti-horaire, elle découvrit que ces fleurs représentaient les étoiles les plus brillantes des douze constellations traversées par le soleil. Au cœur de ce jardin céleste sur trouvait les stèles, ainsi qu'un trou fraîchement creusé. En lisant chacune des inscriptions sur les deux blocs de marbre, Jin découvrit l'identité des deux défuntes qui reposaient en ce lieu.

 

Aëlys Mederia, Princesse d'Ademar.

 

Elya Mederia, Gardienne d'Alesta.

 

Il s'agissait des tombes de la femme et de la fille de Maëda, auxquelles s'ajoutait désormais celle de Sorina Naotsuna, sœur aimante. Le groupe s'inclina avec respect, puis ils retournèrent au manoir sous un coucher de soleil. Lorsque la nuit tomba, et voyant l'expression attristée de Jin, Alestan l'invita à observer avec lui le ciel étoilé. Ils s’allongèrent dans l'herbe et elle l'écouta énuméré les astres sans vraiment y prêter attention. La voix du vagabond était cependant apaisante, et sa présence la réconfortait.

 

- Merci, murmura-t-elle.

 

Elle glissa sa main dans la sienne, et bien qu'il se laissa faire Jin prit conscience de la réalité. Alestan s'apprêta à mettre des mots sur cette intuition, mais elle n'était pas encore prête à l'accepter.

 

- Ne dis rien, ajouta-t-elle. Reste jusqu'à ce que je m'endorme.

- Je suis là, souffla-t-il.

 

Jin ignora à quel moment elle s'était assoupis, mais à son réveil elle se trouvait à nouveau dans la chambre aux draps immaculés. Elle s'étira puis alla retrouver Maëda et Gaëlios qui prenaient leur petit déjeuner sur la table du jardin. Au bout de quelques minutes Jin sût que ses craintes étaient confirmées.

 

- Alestan...

 

Elle ne put formuler sa question, et ses doigts se replièrent fébrilement sur sa robe. Chassant les larmes qui lui montaient aux yeux, elle se tourna vers les portes du domaine. Elle avait peut-être une chance de le rattraper.

 

- Il a reprit sa route dans la nuit, lui révéla Maëda avec douceur.

- Oh... Je... Oui, j'imagine qu'il a... bredouilla Jin. Enfin, je me doutais qu'il...

- Il te demande de le pardonner, poursuivit calmement le sage. Et aussi qu'il préfère les femmes avec les cheveux longs.

- Cet idiot...

 

Jin étira ses lèvres en contemplant l'étonnant paysage qui s'offrait à elle. Alestan l'avait quitté le premier jour du printemps. Un vagabond qui ne possédait rien, mais qui était prêt à tout donner. Une rencontre imprévisible qui changea sa vie. Elle ne douta pas un seul instant qu'ils se croiseraient à nouveau, car après tout, le plus infime des événements arrivait toujours pour une bonne raison. La dernière élève du légendaire forgeron de Shura était bien décidée à se faire un nom, et son sourire s'élargit davantage lorsque Maëda frappa dans ses mains.

 

- Et si nous commencions ?

 

 

 

 

 

 

 

 

ICI SE TERMINE LE PREMIER LIVRE

DE LA LEGENDE DES SEPT SABRES.

 

 

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Trois chapitres qui finit sur un premier arc en apothéose !

 

Tous les antagonistes derrière toutes les machinations de cet arc sont morts, Haruda a pris sacrément chère face à Ren, il est sanguinaire quand il est sérieux.

 

Jin s'en est remis assez bien de la mort de Sorina en étant auprès de sa nouvelle famille, les chapitres furent très agréables à lire comme habituellement et encore une fois de nombreux indices et de détails sur ce monde lâchés par petite dose, ça confirme toujours un monde super riche en histoire.

 

La fin de l'arc est bien amené et rend Al encore plus charismatique avec son départ à la héros solitaire, j'attends la suite de son odyssée !

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J'ai fini le chapitre 18, et je me sens obligé d'abord d'exposer ce que j'ai ressenti avant de continuer... Il s'est passé beaucoup de choses, j'en ressors surpris d'une manière très positive. En commençant avec Sorina et sa trahison inattendue, mais pas imprévisible comme je m'en doutais. Ces années d'asservissement l'ont taché à jamais. Son âme enchaînée, elle finit par retourner vers son maître, Yuzan. C'était assez déchirant, je m'étais dit : « Non ! Impossible... Mais ça change tout ! Comment va réagir Jin ? Qu'est-ce qui va se passer ? ».

 

Au début, je ne savais pas comment réagir. Je pense avoir autant été chamboulé que lorsque Jin l'a apprise au chapitre suivant, néanmoins je ne pouvais la détester. Ou plutôt, je n'y arrivais pas. Tout simplement grâce à mon point de vue de lecteur qui m'offre une vue d'ensemble. J'ai pu savoir ce que pense Sorina, j'ai pu apprendre à la connaître, peut-être pas totalement mais même un peu fut suffisant, et j'ai pu m'attacher à elle. Elle aime sa sœur, c'est un point à n'en pas douter. Je la trouve même admirable. Et comme tout humain, elle a ses défauts et elle fait des erreurs. Pourtant, j'ai l'impression que c'était son destin...

 

À ce moment, Yuzan a dû penser détenir complètement le contrôle de la situation. Sa confiance n'a fait que s’amplifier. Cette dernière phase de l'arc possède une lourde ambiance. L'atmosphère monte encore d'un cran et le ton en devient encore plus sérieux qu'il ne l'était, atteignant son paroxysme. Il n'y a aucune forme d'humour, des situations dures à encaisser pour les protagonistes se suivent les uns après les autres, je n'ai pu sentir qu'un peu d'apaisement en suivant les premières pensées de Jin au début du dix-septième chapitre. Dès lors où le chef du clan Sonata rentre en scène, la réalité m'a rapidement rattrapé... Sorina avait trahi la confiance de sa sœur en choisissant de retourner avec Yuzan, et pendant ce temps, Jin endurait cet enfer dans l'espoir de la libérer. Si je devais exprimer ce que j'ai ressenti en un seul mot, je dirais : « pesant » ou bien « amer ».

 

Après ça, il était facile de sentir que quelque chose allait arriver, mais quoi ? En tout cas, je voyais mal cette histoire facilement se terminer avec un mec comme Yuzan, et ce malgré le plan du vagabond. C'est bizarre, car quand l'histoire était encore près de lui via Jin, je me sentais comme elle : en sécurité, comme si  la confiance en soi d'Alestan m'avait directement atteint. Cependant, je n'ai plus retrouvé cette sensation lors de son retour fracassant au Vermeil. Une certaine folie avait envahi notre héros. Ce sentiment désagréable autour de son aura se dévoila pleinement lors de ce chapitre. Le violent combat qui s'ensuivit ne fit que confirmer cette sombre  atmosphère. Dans la confusion de ce spectacle macabre, les mots justes et sincères de Jin permirent à sa grande sœur d'obtenir le courage de sauter vers l'autre côté du pont. La balance commençait à pencher vers le côté du vagabond... Et pourtant.

 

Je pense que la situation n'a jamais autant échappé à Alestan. Le choc, la colère, et aussi l'impuissance face à la cruauté du chef du clan Sonata le brisa, perdant ainsi le contrôle de la terrible lame noir. La suite fut, en effet, une vraie boucherie. Et là, en comparant à l'ancien passage, la situation devint plus chaotique qu'il ne l'était à ce moment. Avant, Alestan avait encore le contrôle, et malgré la peur qu'il inspirait et l'horreur qu'il provoqua, les événements ne prirent pas autant une tournure de carnage. Ici, Nemihel se présenta sous un jour encore plus dangereux. Son ombre plane complètement au-dessus de son porteur, l'engloutissant littéralement de sa sombre conscience. Porter une de ces lames est une malédiction. Je n'ose pas imaginer les siècles obscurs en assistant à ce qu'est capable Hekaïm ( qui fut d'ailleurs un peu influencé par Alestan ? Jusqu'où peut-t-il le retenir ? ). Bref, j'ai adoré la fin de cet affrontement. Difficile de dire par contre si je préfère celle-ci ou l'autre. C'est surtout parce que les deux sont très bien adaptés à leurs contextes respectifs, pourtant si proches et si différents dans le déroulement, que je ne peux pas les comparer à ce niveau. Ça ne me fait qu'apprécier ce que tu nous a servi encore plus ! 

 

Je reviens donc sur ce que je disais à propos de Sorina. Le destin, « l'imprévisible », a encore frappé. Cette dernière devait retourner vers Yuzan pour la sauver. Car, oui, que se serait-il passé si Sorina aurait trouvé la force de partir chez Maëda, laissant le reste à Alestan et Jin ? Ce soir-là, ils auraient dû pleurer la mort de sa petite sœur. Yuzan a sous-estimé les liens familiaux. Peut-être pensait-il qu'elle était trop lâche pour sacrifier la flamme de sa vie ou peut-être avait-il prévu cette conclusion, croyant ainsi briser son adversaire. À la place, il libéra un monstre. Sur ce, je m'en vais lire la suite... Ah non ? Mon corps m'en interdit et me crie de dormir... Bon, ça sera pour plus tard !  ;D

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Merci les gars  :)

 

Pour revenir sur le chapitre 18, Yuzan n'avait pas anticipé l'intervention de Sorina. En fait, dans mon esprit, il l'aime sincèrement. C'est un type violent capable du pire, mais il lui faisait confiance et ils ont développé une relation donnant/donnant. Sorina l'a utilisé pour permettre à Jin d'hériter de la forge de son maître, lui fournir de faux-papiers. Elle l'a aussi convaincu de ne pas en faire une courtisane. En fait, elle savait que pour protéger sa sœur, elle avait besoin de lui. Et toujours concernant Yuzan, il comptait vraiment laisser Jin en paix une fois Alestan capturé. Son statut aurait changé, mais c'est certain qu'il planifiait de garder Sorina auprès de lui, ne serait-ce qu'en faisant sa maîtresse. Jin en aurait d'ailleurs beaucoup souffert.

 

Tu as parfaitement analysé la situation et les enjeux Arsène, cependant il y a quelque chose concernant Alestan d'assez inavouable. Je l'avais gardé en tête et j'ai hésité de le coucher sur papier car c'est un trait vraiment malsain de sa personnalité.

 

"Peut-être pensait-il qu'elle était trop lâche pour sacrifier la flamme de sa vie ou peut-être avait-il prévu cette conclusion, croyant ainsi briser son adversaire. À la place, il libéra un monstre."

 

Le livre à plusieurs niveaux de lecture je pense. Cette réflexion que tu attribues à Yuzan est à peu de choses près la manière dont Alestan prévoyait le cours des événements. Si vous relisez le chapitre 15 ou 16, Alestan promet à Jin de "libérer" sa sœur. Pour lui, la mort est une forme de libération. Il n'a jamais songé à ce que Sorina accepte de le rejoindre au manoir, mais il savait qu'elle était prête à se sacrifier pour Jin. Dans son plan, Sorina est un "Joker" qui assure la sécurité de Jin en cas d'imprévus. Donner son sabre comme gage est une autre mesure garantissant à Yuzan sa venue, évitant qu'il prenne l'envie de tuer Jin. Pour faire court, il comptait annihiler le clan Sonata quoiqu'il arrive. L'une des raisons était d'aider Jin à se débarrasser du fardeau qui l'obligeait à travailler sans relâche pour payer la libération de Sorina (qui n'allait de toute manière jamais être accepté par Yuzan). L'autre raison était son refus de rester cacher à Shura pour déstabiliser le Duc de Suo.

 

Lorsque Maëda l'accuse au Chapitre "La Colline du Printemps Eternel" de "semer la mort à tord et à travers", Alestan le prend mal car il sait que le vieux sage n'a pas l'intention de le laisser régler les choses à sa manière. On sait qu'il va y avoir une invasion du royaume d'Elnath, et que le Duc de Suo va participer au raid. Ren Raigin a souhaité détourner l'attention du duc en le focalisant sur Alestan et la menace d'une lourde sanction. Ren ne comptait pas faire couler le sang, et ses propres responsabilités l'empêchaient d'agir de manière trop voyante.

 

Alestan par contre... C'est un électron libre. Il a compris les intentions de chacun des personnages, en a déduit que la manière la plus efficace de régler les conflits était, comme l'a dit Kyojin dans la deuxième phrase de son commentaire. Alestan est quelqu'un d'extrêmement calculateur.

 

Cependant, Arsène a raison quand il dit " Ici, Nemihel se présenta sous un jour encore plus dangereux. Son ombre plane complètement au-dessus de son porteur, l'engloutissant littéralement de sa sombre conscience. Porter une de ces lames est une malédiction. Je n'ose pas imaginer les siècles obscurs en assistant à ce qu'est capable Hekaïm ( qui fut d'ailleurs un peu influencé par Alestan ? Jusqu'où peut-t-il le retenir ? ). "

 

Je ne vais pas développer maintenant car ce sera dans la suite de l'histoire, mais Arsène connait très bien l'univers d'Alesta. Je dirais juste qu'il y a une relation très étroite entre Alestan et sa lame. Ils ont besoin l'un de l'autre bien qu'ils se font souffrir. Le Prologue montre rapidement leur étroite collaboration, et il ne faut pas oublier la vision qu'a eu Jin en prenant la poignée de Nemihel. Surtout la demande qu'elle a reçu.

 

Mais j'en ai trop dit !

 

En tout cas, je suis beaucoup plus attaché à Jin fille que mon premier Jin garçon ^^. Vraiment, j'ai envie de la faire intervenir plus souvent. Donc on va certainement la retrouver un peu plus dans le prochain livre. Ren aussi, qui a eut droit à son introduction dès le tome I ! Je vais donc devoir apporter de nombreux changements pour le deuxième livre... Sans compter qu'il connait désormais Alestan depuis un baille. Qu'ils ne s'entendent pas si bien. Je sens un beau bordel plein d'émotions à venir  ;D

 

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Voilà fini ! Le premier arc aka le livre un se termine d'une très bonne manière, que ce soit dans son déroulement ou dans sa fin. Des questions ont été répondu, d'autres demeurent en suspens, attendant le moment venue, et des éléments de réponse se forgent également. On commence avec Ren qui s'occupe du cas d'Haruda, impassible dans sa tâche sans pour autant montrer signe d'inhumanité. En effet, le capitaine Raigin ne joue pas avec sa cible et le termine bien rapidement. C'est peut-être son sérieux qui veut ça, mais ses paroles qui semblent laisser paraître un guerrier au lourd sens du devoir et d'application dans sa tâche me font penser le contraire. Le dernier puzzle concernant ce qu'avait Alestan en tête complète les autres parties pour dévoiler ses intentions. Grâce à cela, le royaume d'Elnath possède une infime chance d'en sortir face aux futurs événements, cependant on peut dire qu'Alestan n'a pas fait dans la dentelle, et comme tu l'as dit, c'est un grand calculateur. Rien n'a été laissé au hasard et tout s'est déroulé plus ou moins comme prévu. Tu as laissé plein d'éléments très importants, dès lors où on est un peu minutieux au niveau des détails. Je me rends compte que ton histoire, semblable à la philosophie de Maëda, est un tout. Le premier livre en fait partie. Sans lui, tout s'écroule. On a besoin de lui, et à mon avis, il introduit parfaitement l'univers, mieux encore que l'ancienne version. De plus, tu y as ajouté une pincée de nuance pour tes antagonistes, ce qui renforce la saveur déjà bonne du « prototype ». 

 

Les deux derniers chapitres concluent en beauté l'arc, au point que je n'ai pratiquement rien à ajouter... J'ai aimé chaque instant, chaque interaction entre les personnages, le tout dans une atmosphère naturelle et authentique, particulièrement apaisante. Une journée qui s'annonçait mélancolique finit dans la joie, comme le veut la coutume en Daër. Ce fut une excellente idée, une bonne façon de terminer l'arc avec un point positif pour Jin, et bien qu'une mort reste une mort. Oui, rien n'est joli chez le décès de quelqu'un. Toutefois, ce fut raconté d'une façon que je qualifierai de poétique. Le chapitre est vite passé. Si l'âme de Sorina a pu assister à son enterrement, je pense que cette dernière est en paix. Elle peut partir sans regret, car sa petite sœur est entre les mains de bonnes personnes, libérée de ses démons. Maintenant, elle peut avancer. D'ailleurs, le passage où ils se mirent à jouer de la musique, les rimes juste après, les dossiers sur Alestan étaient excellents ! On se croirait presque à leurs côtés. La fin, tout comme le titre du chapitre, définit symbolique ce qu'est le héros : un vagabond qui va et vient selon le vent et son gré. Il ne pouvait pas rester et elle s'en doutait. Ce n'est néanmoins pas un adieu ! Désormais, direction Hekario ! J'ai hâte !

 

Sinon, je me demande...   

 

« Que sa lumière repaisse les étoiles et que ses ombres retournent au néant. »

 

Quelle était cette voix, ce murmure qu'il a entendu alors qu'il mourrait ? Hmm, serait-ce le signe d'une divinité d'Alestan qui s'occuperait des morts ? Je sais que tu caches des choses sur eux ! J'espère qu'on en entendra parler plus tard.

 

« - Des sept sabres, Nemihel est de loin la plus incontrôlable, confirma Maëda. Elle est également la seule qui nécessite une restriction chez son utilisateur. Plus le temps passe, et plus le sceau a besoin d'être renforcé. Je suis sûr que tu avais remarqué l'état de plus en plus instable d'Alestan. Il faisait tout pour le cacher, et je n'ose imaginer depuis combien de jours il a été privé de sommeil. »

 

Enfin ! Je comprends désormais de quoi voulait parler le vieux Maëda lors du quatrième arc à propos de ce qu'il avait scellé chez le sabreur noir. Je l'avais compris lors du chapitre 18, mais ça fait plaisir de le savoir officiellement par la bouche de l'une des figures les plus emblématiques d'Alesta. 

 

Question très importante, qui dépasse bien toutes les autres en rapport avec l'intrigue. Tu dois y répondre, c'est une question de vie ou de mort... Voilà. Jin va-t-elle se laisser pousser les cheveux après le commentaire d'Alestan ? Le monde DOIT savoir !  ;D

 

Merci pour ces informations ! Je comprends mieux certaines choses sous un angle différent. La relation entre Nehimel et Alestan m'intéressement beaucoup. J'ai l'impression, qu'ironiquement, qu'elle soit celle qui possède la relation la plus intime avec ce dernier que toutes les personnes qu'il a rencontré et rencontrera dans sa vie.

 

« En tout cas, je suis beaucoup plus attaché à Jin fille que mon premier Jin garçon ^^. Vraiment, j'ai envie de la faire intervenir plus souvent. Donc on va certainement la retrouver un peu plus dans le prochain livre. Ren aussi, qui a eut droit à son introduction dès le tome I ! Je vais donc devoir apporter de nombreux changements pour le deuxième livre... Sans compter qu'il connait désormais Alestan depuis un baille. Qu'ils ne s'entendent pas si bien. Je sens un beau bordel plein d'émotions à venir  ;D »

 

C'est bon à savoir. J'ai aussi envie de la revoir et d'assister à son évolution. Tu fais bien de parler de Ren, j'en attends beaucoup de lui. C'est un personnage que je n'ai fait qu'apprécier de plus en plus alors qu'au départ il ne semblait pas bien sympathique. J'ai beaucoup aimé les interactions entre Ren et Alestan, avec leurs caractères bien forgés et très opposés. Ce sera un plaisir de les revoir ensemble pour le deuxième livre ! Allez, bonne chance avec ces deux-là !

 

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