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[Banner Of The Stars] A la recherche de la planète des Origines


Hou Son Mei Tong
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Chapitre I  -  Au commencement : le Logos

 

  Trois mois. Trois mois que Titus Solenius était sur un vaisseau de patrouille dans le cadre de son service militaire. Il n'en pouvait déjà plus... Après avoir brillamment terminé ses études en sociologie et en néo-histoire, il a été appelé dans l'Agence Spatiale Militaire comme tous les autres jeunes qui s’apprêtaient à rentrer dans la vie active. Chacun devait consacrer au moins deux années de sa vie au service de la Fédération de Hania avant de pouvoir exercer un métier.

 

En temps normal, les chefs militaires attelaient les nouveaux conscrits à des postes ayant un rapport avec leur futur emploi. Pourtant, le capitaine du Véziria a ordonné à Titus de s'occuper de la maintenance des moteurs avec l'équipe de mécaniciens du vaisseau.

 

Le jeune homme de vingt cinq ans s'en souvenait comme si c'était hier. Au cours de son deuxième jour sur le navire spatial, il avait aidé un de ses amis à réparer un générateur quantique de champs espace-temps. Trois de ses frères, son père et son oncle étaient mécanos et il avait toujours eu un don naturel avec les machines. Pourtant, il ne voulait pas finir comme le reste de sa famille à sillonner l'espace, confiné près des motrices. On pouvait même dire qu'il était venu à détester ce genre de vie. En revanche, ce qui l'intéressait au plus haut point, c'était l'étude des sociétés humaines, leurs histoires et leur évolution.

 

Et malgré tout, il se retrouvait en salle des machines. Il s'entendait dire encore à son capitaine :

          -  Mais par les étoiles, je suis sociologue, pas mécanicien ! Mettez moi à un poste lié aux télécommunications !

          -  Et gâcher ainsi votre potentiel ? Désolé, mais ma décision est sans appel. Veuillez vous présenter au sergent Kaftar lors de votre prochaine prise de fonction. Vous pouvez disposer.

 

Bordel de Dieu de merde ! Je n'aurais jamais dû l'aider à réparer son putain de générateur ! s'était-il dit alors qu'il regagnait ses quartiers.

 

Trois mois plus tard, il ne supportait plus le fort ronronnement des propulseurs ou le boucan des générateurs espace-temps lorsqu'ils fonctionnaient. Il avait même fini par développer une légère tendance à la claustrophobie. Un comble, pour un mécano devant travailler très souvent dans des espaces exigus...

 

Pour son malheur, le calvaire devrait durer encore quatre mois avant de pouvoir bénéficier d'une permission.  En effet, la mission du Véziria était de surveiller en alternance huit saudec. Ces portails quantiques ont permis aux hommes de coloniser l'espace en leur donnant la possibilité de voyager dans un univers parallèle : l'univers plan doté de deux dimensions spatiales et d'une de temps. Se mouvoir dans un tel monde demandait la génération d'une bulle d'espace-temps autour de chaque vaisseau. Cela dit, l'humanité a ainsi pu se déplacer sur des distances de plusieurs milliers d'année-lumières en une période de quelques jours seulement dans l'espace normal. Les saudec sont donc rapidement devenus des sites stratégiques.

 

Depuis le début de la guerre entre la Triple Alliance et l'Empire Humain des Abh cinq années auparavant, les citoyens de la Fédération de Hania vivaient quotidiennement dans la crainte d'être attaqué par l'une ou l'autre partie. Resté neutre dans ce conflit déchirant près d'un quart de la galaxie -ce qui représente la quasi totalité des territoires de l'humanité-, l'Agence Spatiale Militaire s'est contentée de renforcer la surveillance des portails menant à la Fédération.

 

En cette période de crise, le Véziria ne s'attendait pas à rencontrer des navires d'autres nations. Lorsque ses capteurs détectèrent un V.N.I. (Vaisseau Non Identifié) à trois heure-lumières de sa position et à cinquante deux heure-lumières du saudec le plus proche dans le système de Diessa, la tension gagna tous les membres d'équipage.

 

Dans l'espace normal, il fallut près de neuf heures aux haniaciens pour rejoindre l'étrange V.N.I. A deux seconde-lumières, le capitaine lança en galactique standard un appel au navire juste devant eux qui n'avait pas bougé durant toute leur progression.

          -  Ici le commandant Dolessius de la Fédération de Hania, veuillez vous identifier et nous indiquer vos intentions. A vous.

 

Une dizaine de secondes plus tard, les hologrammes retranscrivirent la réponse :

          -  Ici le capitaine Johnson, nous sommes un vaisseau marchand de la planète Gaïa, système Hélios. Nous avons subis une avarie qui est en train d'être réparée. Nous n'avons aucune intention belliqueuse à votre égard.

          -  Système Hélios ? Gaïa ? Jamais entendu parler, répliqua Dolessius. Votre planète fait partie de quelle alliance ? De l'humanité Unie ? De l'Empire Humain des Abh ? Ou d'autres encore ?

          -  D'aucune d'entre elles. Nous sommes un système indépendant qui garde très rarement son saudec ouvert pour justement éviter une invasion des grandes puissances... Nous n'avons vraiment rien à cacher

 

Les saudec ont une demi-vie théorique de douze ans. S'ils n'ont pas engrangé suffisamment d'énergie, ils finissent alors par se refermer. Les rouvrir demande une puissance phénoménale. Le chef militaire Dolessius arqua un sourcil. Refermer et rouvrir des portails nécessite l'appuie de grandes puissances comme la Fédération, la Triple Alliance dont fait partie l'Humanité Unie ou l'Empire Humain des Abh.

 

          -  Un contrôle de votre vaisseau ne vous dérangera donc pas si vous n'avez rien à cacher, dit sarcastiquement le capitaine du Véziria.

 

Hors écran, il ajouta à son commandant en second :

          -  Mettez le vaisseau en condition un. Armez les mines thermonucléaires et préparez les canons à positrons. S'ils refusent notre inspection, nous devrons peut-être livrer un combat...

 

Pourtant, à peine avait il fini de donner ses dernières instructions que la voix légèrement mélodieuse de Johnson emplit de nouveau la pièce.

          -  Bien sûr, nous comprenons vos craintes, commandant. De toute façon, il nous faudra encore une demi-journée de réparation avant que nous ne puissions repartir. Autant vous faire visiter notre navire, si vous n'avez rien à faire...

          -  Très bien. Dans ce cas, nous vous enverrons une équipe dans trente minutes standards.

 

Pendant ce temps là, Titus Solenius se dirigeait vers les dortoirs de l'équipage, exténué après avoir réparé un tube de confinement de champs. Il ne faisait pas attention au remue-ménage qui régnait autour de lui. Soudain, son bracelet holographique le prévint qu'on avait besoin de lui au centre de commandement dans les plus brefs délais.

Ils sont sérieux, là ?

La mort dans l'âme, le jeune homme se hâta de rejoindre son capitaine. Au moment où il mit le pied dans le centre de commandement, Dolessius l’accueillit avec un large sourire.

          -  Mon brave Titus, le moment que vous attendiez tant est arrivé. Il me semble que vous avez fait des études en sociologie et en néo-histoire, non ? Nous allons avoir besoin de vos connaissances...

 

Alors que l'équipe d'intervention se préparait, le commandant expliquait en détail la situation au jeune homme. Une fois son exposé fini, il lui demanda :

          -  Avez vous déjà entendu parler, au cours de votre formation, de ce système d'Hélios où se trouverait cette planète : Gaïa ?

          -  Non monsieur. En revanche, le mot « Gaïa » me dit quelque chose. Vous savez qu'il y a fort longtemps, probablement deux ou trois milliers d'années auparavant, l'humanité ne domptait pas les étoiles comme à notre époque. Elle vivait sur sa planète de naissance qui, d'après de rares archives, était dotée d'une biosphère exceptionnellement riche. C'est d'ailleurs pour cette raison que la faune et la flore de tous nos systèmes se ressemblent : elles tiennent leurs origines de cette planète primordiale.

          -  Pour l'instant, vous ne m'apprenez rien que je ne sache déjà... Il me semble d'ailleurs que le saudec menant à ce mystérieux système a été définitivement perdu et fermé depuis près de quinze siècles. De nombreux scientifiques disent aussi que cette fameuse planète,qui se nomme Terre si mes souvenirs sont exacts, n'est plus vivable. Sa surexploitation aurait entraîné la destruction totale de sa biosphère si importante, comme cela s'est vu à plusieurs reprises au cours des derniers siècles sur d'autres mondes. Ensuite, je ne vois toujours pas le lien avec le mot « Gaïa ».

          -  Je crois que le terme « Gaïa » est issu d'une langue ancestrale de l'ancienne Terre. Il désigne justement la Terre mère nourricière de l'humanité qui la considérait en ce temps là comme une déesse. Quant à ce que disent ces scientifiques, je me demande sur quels documents ils se sont appuyés... Ceux qui traitent de la Terre provenant de cette époque peuvent se compter sur les doigts d'une main et aucuns d'entre eux ne fait mention d'une telle catastrophe.

          -  Attendez un instant, Titus. Vous êtes en train de me dire que ce vaisseau et cet équipage proviennent d'un système qui est resté isolé près de quinze siècles durant alors qu'ils savent parler parfaitement le galactique standard ?

          -  Je vous ai juste fait part de l'origine du mot « Gaïa ». Pour le reste, je n'en sais pas plus que vous, monsieur...

 

Le commandant Dolessius resta silencieux un petit moment. Son front plissé traduisait une intense réflexion. D'une stature imposante, il était devenu capitaine à l'âge relativement jeune de trente ans. Après une minute, qui parut durer une heure à Titus Solenius, il se décida enfin :

          -  Très bien. Dans ce cas, Titus, je vous demande d'accompagner l'équipe d'intervention. En tant qu'expert en néo-histoire, je voudrais que vous découvriez la véritable origine de ce vaisseau marchand.

          -  Comment ? Mais, je n'ai pas été entraîné pour ce type de mission !

          -  Ne vous en faites pas. D'après nos scans, ce vaisseau n'est pratiquement pas armé. Sans oublier que vous serez sous la protection de commandos très compétents. De toute façon, c'est un ordre.

          -  Bien, monsieur... répondit le jeune homme avec un air dépité.

 

Il fallut vingt minutes à Solenius pour se préparer à l'abordage du vaisseau marchand. Même si sa combinaison de protection était équipée d'un régulateur de température, il suait comme un baudet. Il prit place dans une petite navette, avec les autres membres du groupe d'intervention. Le navire marchand n'était à présent qu'à quelques milliers de kilomètres du Véziria et l'astronef ne mit que cinq minutes à franchir cette distance.

 

          -  Nous avons un visuel, annonça le pilote.

 

Tout le monde regarda à travers les hublots d'un même mouvement. L'engin spatial qui se trouvait devant eux était immense et d'un blanc immaculé. Seuls cinq lettres noires en écriture latine ressortaient sur sa structure arrondie : LOGOS. De nombreuses petites ouvertures lumineuses couvraient l'ensemble de la coque.

          -  Je n'ai jamais vu un vaisseau de cette facture là, dit alors un membre du commando

          -  En effet, ça ne ressemble à rien de connu. Il vaut mieux rester sur ses gardes, répondit un autre.

 

Alors qu'ils s'approchèrent du Logos, les portes d'une grande embouchure s'ouvrirent suffisamment pour laisser passer la petite navette. Une fois entrés, le sergent commandant le groupe d'intervention prit la parole :

          -  Avant que nous ne descendions, je vous rappelle rapidement les objectifs de mission. Le sous groupe A devra parcourir le vaisseau à la recherche d'engins militaires de grande capacité. Le sous groupe B sera affrété à la protection de notre néo-historien ici présent : Titus Solenius. Des questions ?

          -  Aucune, sergent ! Répondirent en cœur les autres membres du commando.

 

Ils attendirent quelques minutes que les portes se refermèrent et que l'air remplit le vide de la salle de débarquement. Une fois le processus terminé, ils sortirent en silence de l'astronef. Regardant de tous les côtés, ils restèrent cois face aux imposantes et luxueuses décorations de cette pièce. Faits de peintures résistant à des conditions extrêmes et d'hologrammes perfectionnés, ils représentaient des paysages magnifiques lors d'un couché de Soleil.

          -  On se croirait dans un vaisseau Abh, commença un jeune soldat.

          -  Il ne me semble pas que les Abh aient des décorations de ce type ni de vaisseau de cette facture, lui répondit le sergent du commando.

          -  Vous avez déjà voyagé dans un de leurs navires ? Demanda Titus au premier combattant.

          -  Oui, lorsque j'étais jeune et que la guerre n'avait pas encore éclaté. Les Abh décorent les murs de leurs vaisseaux de somptueux tableaux représentant des paysages, même s'ils passent toute leur vie dans l'espace...

 

Concentrés qu'ils étaient sur leur conversation, les membres d'intervention ne s’aperçurent de la présence d'un autre homme dans la salle que lorsque celui-ci n'était plus qu'à une dizaine de mètres d'eux. D'une vingtaine d'années tout au plus, cet homme blond aux yeux bleus leur souriait de toutes ses dents. Il s'avança encore de quelques pas avant d'engager la parole :

          -  Bienvenue à bord de notre navire marchand : le logos. Je me nomme Andréas Hermite, pour vous servir. Nous avons reçu toutes les instructions de votre commandant Dolessius. Le sous-groupe A devra continuer le long de la passerelle jusqu'à la jeune femme que vous pouvez voir tout là bas. Elle se nomme Mei Woo Tang et se fera un plaisir de vous faire visiter le reste du vaisseau... Quant à Titus Solenius, mon capitaine m'a dit que vous souhaitez vous informer un peu plus sur notre peuple. Je vous ferai donc la conversation, dans la mesure où je préserverai l'emplacement de notre système d'Hélios pour des raisons évidentes.

          -  Très bien. Le sous-groupe A, suivez moi jusqu'à l'extrémité de la passerelle, répondit le sergent.

 

Pendant que près des trois-quart des membres du commando rejoignirent la jolie Mei Woo Tang, Titus fit un pas en avant.

          -  Avant toute chose, je voudrai vous remercier, Andréas.. heu...

          -  Andréas Hermite

          -  Oui, Andréas Hermite, pour votre accueil.

          -  C'est tout naturel. Mais, veuillez me suivre. Nous allons nous installer dans une salle plus propice aux discussions.

 

Le jeune homme et ses gardes du corps suivirent l’éloquent Hermite qui s'exprimait dans un parfait galactique standard. Ils déboulèrent dans un dédale de corridors aux formes et aux couleurs variées, aussi magnifiquement décorés que la salle d'embarquement. Titus remarqua un fait rare pour un vaisseau spatial : tous les cinq ou six mètres, des plantes de toute beauté comme des orchidées, étaient astucieusement accordées avec des hologrammes ornementaux. Leur présence dotait chaque couloir d'un parfum à la fois léger, sucré et unique. C'était comme voyager sur différents mondes sans pour autant se déplacer de plusieurs année-lumières.

 

Finalement, Andréas les conduisit dans une pièce arrondie relativement spacieuse avec, au centre, une grande table ovale. Comme les couloirs, elle était doté de ses décorations en trois dimensions et de ses végétaux. Pourtant, Titus remarqua cette fois-ci que des sortes d'androïdes attendaient patiemment des ordres cachés en bordure par les hologrammes.

          -  Ceci est l'une de nos salles de négociation , commença le jeune homme aux yeux bleus. Elles sont propices à la discussion et à la réflexion. Les effluves des plantes ici présentes calment et apaisent. Et si besoin est, vous pouvez demander à nos I.A. de vous servir des boissons de toute sorte produites directement à partir des cultures de notre planète natale.

          -  C'est impressionnant, répondit Solenius. Je n'avais jamais vu de tels dispositifs dans un navire spatial.

          -  Je pense que nous pouvons dire que nous sommes les seuls à développer ces vaisseaux-arbres.

          -  Vaisseaux-arbre ?

          -  Oui, vous ne le verrez probablement pas mais ce navire dispose aussi d'une petite forêt d'un hectare en son sein qui permet de renouveler l'air et de produire de la nourriture : fruits, légumes mais aussi de la viande. Nous pouvons ainsi rester en totale autonomie durant des dizaines d'années.

 

A ce moment, les androïdes s'activèrent et présentèrent un vaste choix de breuvages aux goûts divers et variés aux humains présents dans la pièce. C'est durant leur dégustation qu'Andréas Hermite donna un peu plus d'informations sur la société humaine de Gaïa.

 

Gaïa serait une planète dotée d'une grande biodiversité. Pour protéger cette richesse exceptionnelle, les gaïaciens ont adopté un concept philosophique qui donnait une nouvelle place de l'Homme au sein du monde vivant : l'anthroposophia. Selon cette vision, les humains ne sont pas le centre de la vie, pas plus qu'aucune autre espèce. Ils sont là, avec et à côté de l'eau, de l'air, de la terre, à côté des bactéries, des arbres et de tous les autres êtres vivants. Ils constituent juste une partie qui croit rapidement dans un énorme tout ancien : Gaïa. Pour eux, cet ensemble qui auto-régularise les processus du vivant n'a pas besoin des humains comme des non-humains pour continuer d'exister car les mécanismes de la vie, même au stade microbien, se reproduiront toujours. Cependant, ce peuple dépend de Gaïa pour vivre. Bien la traiter, c'est s'assurer un avenir plaisant et durable sur cette planète. Les gaïaciens ont donc développé une société qu'ils ont nommé eux-même « humanité scientifique » appliquant les principes de cette philosophie à tous les aspects de leur vie. Les vaisseaux-arbres seraient l'une des conséquences les plus spectaculaires de cette évolution. Leur construction s'étendrait sur près d'un siècle, le temps qu'un micro climat se mette en place et que la forêt ait atteint un stade où elle puisse se renouveler d'elle même.

 

A la fin de cet exposé, Titus demanda :

          -  Dites moi, monsieur Hermite, le peuple de Gaïa est-il composé d'une ou plusieurs cultures ?

          -  De plusieurs milliers, répondit d'un ton neutre le jeune homme blond.

          -  Milliers ? Reprit le neo-historien. Mais, même sur les mondes que je connais, le nombre de cultures différentes ne dépasse pas quatre. Nous avons bien la même définition du mot culture ?

          -  Par culture, j'entends un ensemble de connaissances transmise par une ou plusieurs communautés qui englobent les sciences, leur religion, leurs coutumes, leurs traditions et leurs arts.

          -  Mais alors, il doit y avoir plusieurs nations sur votre planète... et non pas une seule ! s'écria Titus

          -  C'est bien le cas. Sur Gaïa, il existe de nombreuses nations dont certaines sont millénaires... Il s'agit d'ailleurs d'une autre richesse dont nous sommes fiers et que nous protégeons de toutes nos forces. Vous savez, s'il y a bien une chose que l'homme ait apporté dans l'univers ce sont ses mots et ses cultures. Tout le reste se retrouve dans la nature. Tracez un cercle et Pi surgit. Tous nos matériaux de construction ont des propriétés que l'on observe sur certains végétaux ou animaux. Captez les rayons d'une étoile et les lois de l’électromagnétisme de Maxwell vous sautent aux yeux. En revanche, vous ne trouverez aucune parole dans l'univers, pas le moindre mot. C'est ce qu'a amené l'humanité dans notre monde : les mots et langues porteurs de nos pensées. Les protéger, les perpétuer et les faire évoluer est aussi devenu une priorité pour les gaïaciens... A titre indicatif, notre vaisseau tire son nom de cette fierté qu'ont les peuples de Gaïa de perpétuer toutes ces cultures.

 

Titus se gratta la tête. Un unique monde pouvait correspondre aux descriptions donnés par Hermite : la Terre, porteuse d'une biodiversité sans pareil et génératrice de toutes les langues et cultures humaines. Mais cette planète a disparu des cartes galactiques depuis plus de mille ans. Personne, hormis les terriens eux-même, ne connaissait son emplacement ni le saudec qui permettrait d'y accéder. Plus étrange encore, lorsqu'un nouveau portail quantique s'ouvrait, l'Empire Humain des Abh, possédant des capteurs surveillant les propriétés physiques de l'univers plan, le repérait dans les jours à venir. Dés lors, comment la Terre a-t-elle pu échapper à leur domination ?

 

Le sociologue allait poser une série d'interrogations lorsqu'un hologramme s'alluma sous les yeux d'Andréas. Celui-ci, surpris, finit par annoncer :

          -  Messieurs, je viens d'apprendre que nos réparations ont été terminées à l'avance. Nous en avons informé votre commandant qui vous ordonne de retourner immédiatement sur le Véziria. D'après ce que j'ai compris, vous allez nous escorter jusqu'au saudec le plus proche.

          -  Attendez, j'ai encore quelques questions à vous poser, s'entendit dire Solenius.

          -  Cela aurait été avec plaisir, mais les ordres sont les ordres et nous ne voulons surtout pas contraindre votre commandant en quoique ce soit... répondit Hermite.

 

Le jeune homme aux yeux bleus se leva et se tint auprès de la porte. Titus et ses gardes se levèrent et marchèrent en suivant Andréas vers leur navette.

 

Lorsqu'ils arrivèrent dans la salle d'embarquement, le sous-groupe A avait déjà pris place dans l'aéronef et le pilote commençait à chauffer les moteurs. Il ne fallut que dix minutes au groupe d'intervention pour regagner le patrouilleur Véziria. Selon toute vraisemblance, Dolessius ne souhaitait qu'imposer une pression aux gaïaciens pour les forcer à retourner au saudec le plus proche et à les expulser du territoire de la Fédération.

 

Tandis que Titus regagnait le centre de commandement, le capitaine du Véziria donnait ses ordres. Il comptait suivre le Logos à une seconde-lumière derrière lui jusqu'au portail. Pourtant, alors que le vaisseau-arbre commençait à se mouvoir, une lumière d'une rare intensité l'enveloppa l'espace d'une demi-seconde. Puis plus rien. A la place du Logos se trouvait le vide habituel de l'espace intersidéral.

          -  Qu'est ce qu'il s'est passé ?! Demanda en criant le fougueux Dolessius.

          -  Nous n'en savons rien, répondit son second, à sa gauche. Il ne reste plus aucune trace du vaisseau marchand. Il n'y a aucun débris. Rien. Juste le néant...

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Tu es de retour avec une nouvelle fic :).

 

Pour un premier chapitre, on entre vite dans l'époque et l'univers dans lequel évoluera le héros Tidus, il semble intéressant avec son côté curieux.

 

Tu nous a déjà donner une très grande richesse de ton univers avec le passé de la planète terre et tout ce qui s'en suit, les différentes races, les alliances et tout tu as de quoi faire.

 

Il y a une femme qui a ton pseudo je suis sûr qu'elle aura un grand rôle qui sait.

 

La planète Gaïa semble être au centre de tout attention et superbement riche avec ses milliers de cultures :o. Le cliff de fin est trop bon il survient rapidement ne laissant qu'un grand vide...C'est très intriguant...Est ce l'équipage de LOGOS qui est derrière tout ça ? Le coup de la panne était un piège pour capturer une personne ? Tidus ?

 

J'attends la suite. Tu arrêtes Premier contact ?

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  • 3 weeks later...

@Kyojin : Ne t'en fais pas, je n'ai pas arrêté Premier Contact. C'est juste que je voulais un peu changer d'ambiance. Lorsque j'en aurais marre de celle-ci, je reprendrai Premier Contact (d'ailleurs, j'ai fini d'écrire le chapitre 9... Mais je pense que je vais le modifier encore avant de le poster). Au fait, je pense qu'il faut que tu relises un peu le premier chapitre ^^ Il y a quelques infos qui t'ont échappé

 

Enfin, voici le second chapitre :

 

Chapitre II : Entre Hypérion et feux gaussiens...

 

Huit mois standards après sa visite sur le vaisseau-arbre, le sociologue et néo-historien Titus Solenius dirigeait finalement une nouvelle expédition visant à localiser Gaïa, la planète des origines. Le temps s'était écoulé à une vitesse vertigineuse.

 

Juste après la rencontre entre le Logos et le Véziria, le capitaine Dolessius avait envoyé un rapport sur la situation au gouvernement central de la Fédération par liaison mégatrans. Le réseau mégatrans permettait de faire parvenir des données d'un bout à l'autre des territoires haniatiens instantanément par transcription quantique. Quelques jours galactiques plus tard, le Véziria a reçu de nouveaux ordres : il devait amener le jeune Solenius sur la planète de Daharia qui abritait le gouvernement. Les membres de la haute classe politique s'étaient intéressés de très près au dossier. Suite à des entretiens et des discussions interminables, ils ont fini par charger le sociologue de retrouver la lointaine planète mère de l'humanité.

 

Titus était très satisfait de cette décision. Depuis sa brève rencontre avec Andréas Hermite, il s'était juré de retrouver la Terre. C'était devenu sa raison de vivre. Il en était si obsédé qu'il y pensait le jour et en rêvait la nuit. Ses songes l'emmenaient souvent dans les profondeurs de magnifiques forêts dotées d'orchidées de toutes les formes, couleurs ou senteurs imaginables. Des animaux, inconnus aux planète de la Fédération, y vivaient paisiblement. Il voyait des rivières d'argent qui écoulaient furieusement leur eau pure sur les flancs d'une montagne démeraude, reflétant avec une intensité sans pareil les rayons de l'astre solaire d'Hélios.

 

Peu de temps après sa nomination, il s'était plongé avec acharnement dans la lecture de documents, récents ou anciens, à la recherche d'indices sur Gaïa. Mais mis à part trois à quatre textes antiques décrivant sa faune et sa flore, toute autre information scientifique sur la Terre avait mystérieusement disparu des archives haniatiennes. Les seuls renseignements qu'il put collecter furent de nombreux mythes et rumeurs. Titus les recueillit tous. Mais au bout de huit mois standards, son enquête commença à piétiner. Il lui manquait certaines connaissances primordiales pour décrypter les données à travers les textes mythiques.

 

Pour compléter son malheur, il n'existait aucun spécialiste sérieux ayant pour domaine d'expertise les mythes et légendes qui se rapportaient à la planète des origines au sein de la Fédération de Hania. S'il voulait poursuivre sa quête, il lui faudrait quitter les territoires protecteurs hanatiens et rencontrer des experts étrangers. L'un des plus célèbres et des plus compétents était le docteur Strauss, résidant sur la planète Aqua dans le système d'Hypérion.

 

Comme le réseau mégatrans ne s'étendait pas au-delà des frontières de la Fédération, Titus ne pouvait le contacter qu'en se rendant directement sur place. Il lui fallait un vaisseau et un équipage qui devraient le conduire en territoire étranger, chose qui était interdite en cette période de guerre. Seuls les navires militaires dotés d'une autorisation spéciale du haut commandement pouvaient traverser les frontières. Pourtant, à son plus grand étonnement, le gouvernement lui mit à disposition un vaisseau de patrouille dés qu'il en fit la demande. En prime, il reçut de nombreux capitaux provenant d'importantes compagnies privées qui désiraient participer d'une manière ou d'une autre au projet.

 

Solenius ne s'expliquait pas cet énorme intérêt du gouvernement et des entreprises haniatiens. Toutes ces faveurs le rendaient mal à l'aise. Aussi, quelle ne fut sa surprise lorsqu'il reconnut l'homme qui l'accueillit au spatioport.

          Alors, Titus, on rempile comme en quarante, pas vrai ?

          J'ai toujours apprécié vos expressions d'une autre époque mon capitaine, répondit le néo-historien en souriant.

 

Dolessius arqua un sourcil, amusé, mais ne répliqua pas. A une allure rapide, il conduisit Solenius à l'astronef qui devait l'amener à bord du Véziria. Une horde de journalistes, accompagnés de leurs drone-caméras, les poursuivirent sans répit jusqu'à la porte de la navette. Il faut dire que l'expédition à la recherche de la Terre était au centre de l'attention médiatique. Des milliers de curieux, venus pour l'occasion, poussèrent des exclamations lorsque l'astronef décolla en direction du patrouilleur en orbite basse. 

 

Deux jours plus tard, le navire spatial traversa le saudec pour un voyage qui devrait durer dix huit jours dans l'univers plan. Une fois les frontières dépassées, le centre de commandement était sans cesse en activité et constamment sur le qui-vive. Il est vrai que les combats dans ce monde à deux dimensions spatiales étaient fréquents et le capitaine du vaisseau redoutait une attaque.

 

Alors que le Véziria progressait dans les territoires de l'Empire Humain des Abh, Dolessius fit mander le sociologue, qui, pour le coup, ne travaillait plus en salle des machines mais se reposait dans l'une des cabines destinés aux invités de marque.

          Mon cher Titus, nous avons un petit problème, commença le commandant.

          Vous avez absolument besoin de moi en salle des machines ? répliqua avec ironie le jeune néo-historien.

          Heu, non... Ou tout du moins, pas encore, ajouta en souriant Dolessius. En revanche, nous avons quelques nouvelles du système d'Hypérion. Il y a quelques heures, j'ai discuté avec un commandant Abh de la frégate d'assaut nommé le Tyria. Il nous avait repéré deux jours auparavant et nous surveillait à distance respectueuse. Au bout du compte, j'ai préféré lui envoyer une balise de communication dans sa bulle spatio-temporelle pour entamer le dialogue.

          Et que vous a-t-il dit ? Normalement, nous avons eu l'autorisation de traverser leurs territoires par l'un de leurs amiraux.

          Là n'est pas le problème, Solenius. Vous n'êtes pas sans savoir que le système d'Hypérion appartient à l'Humanité Unie, l'une des faction en guerre contre l'Empire.

          En effet.

          Il va falloir réviser votre carte galactique, mon ami... Hypérion est désormais un protectorat de l'Empire Humain des Abh et ce, depuis deux semaines standards. La zone est toujours sous étroite surveillance et des escarmouches ont encore lieu ici et là dans le système.

          On pourra tout de même y accéder ? S'inquiéta le sociologue.

          Oui, mais le voyage jusqu'à Aqua deviendra risquer. Sans compter qu'au sol, l'instabilité politique a atteint un stade critique. Vous savez que les Abh ne se mêlent jamais des affaires internes d'une planète. Ce qui les intéresse, ce sont uniquement les richesses spatiales. Celles d'Hypérion sont très importantes, entre parenthèses...

          Nous devons quand même tenter de retrouver le professeur Strauss. Sans lui, nous ne pourrons pas poursuivre nos recherches.

          J'en suis bien conscient, Titus. Je voulais vous informer de la situation, rien de plus. Vous pouvez retourner à vos occupations à présent, conclut Dolessius.

 

Cependant, malgré les craintes du capitaine, le Véziria arriva sans encombre au saudec du système d'Hypérion. A peine avait-il traverser le portail quantique qu'une flottille de frégates d'assaut accompagnées d'un croiseur vint l'accueillir. D'abord inquiété par ce déballage de force, le commandant du patrouilleur haniatien se rappela que ces quarante trois vaisseaux devaient les escorter jusqu'au terminal damarrage, en orbite autour de la seule planète habitable du système. Les membres d'équipage tentaient d'apercevoir les navires de guerre à travers les hublots. Mais il était impossible de les distinguer à lil nu. En effet, la flottille formait une sphère discrète de deux cents kilomètres de rayon autour du Véziria, rendant tout abordage du vaisseau de patrouille impossible.

 

Alors que le convoi s'apprêtait à passer en vitesse de croisière à 0,5 c* (voir note à la fin), ce qui sembla être une attaque cybernétique arrêta le processus.

          Que se passe-t-il ? Demanda Solenius à son Second.

          Nous sommes la cible d'un virus holographique, monsieur. Les compensateurs inertiels ne fonctionnent plus. Les télécommunications ont été interrompues. Les moteurs trois à huit ne répondent plus à nos injonctions.

 

La panique gagna les personnes présentes dans le centre de commandement. Soudain, un officier de liaison poussa un cri épouvantable avant de s'avachir dans son fauteuil holographique, la bouche ouverte, les yeux en sang et le cerveau liquéfié. Reliés à lI. A. du vaisseau et aux autres systèmes informatiques par implants et câbles cybernétiques, les cyberlinkers étaient devenus indispensables sur tout navire qui se respecte. Malheureusement, ils étaient davantage exposés face aux attaques cybernétiques que les autres membres d'équipage lors des guerres électroniques. En revanche, bien que ces attaques pouvaient infliger des handicaps aux cyberlinkers, elles ne tuaient jamais, en principe.

 

Dans les secondes qui suivirent, d'autres officiers de liaison mais aussi quelques cyber-mécaniciens subirent le même sort.

          Bordel de Dieu ! Mettez immédiatement les systèmes touchés en quarantaine ! Exécution ! cria le capitaine

          L'I. A. du Véziria a déjà entamé les procédures, monsieur. Mais vu l'ampleur de l'attaque, elle ne sera peut-être pas en mesure d'empêcher le virus d'atteindre les systèmes électroniques du noyau à fusion du réacteur, lui répondit précipitamment le Second.

 

Le visage de Dolessius se crispa. Si le virus réussissait à contourner les défenses informatiques du noyau, c'en était fini de son précieux patrouilleur...

          Nos programmes ont mis le virus en quarantaine, monsieur ! rapporta un officier de liaison survivant. Il faudra cependant trois à quatre heures pour récupérer le contrôle des systèmes touchés.

          Merci, lieutenant, lui répondit le capitaine avec un profond soupir de soulagement.

 

Entre temps, le Véziria était bloqué. Le radar mégatrans, qui n'avait pas été corrompu par l'attaque cybernétique, indiquait que le reste de la flottille avait été durement touché. Une frégate d'assaut avait même fini par exploser. Les systèmes de contrôle de son noyau ont sans doute été atteints par le holo-virus.

          Situation ? demanda Dolessius.

          Tous les autres navires de notre escorte semblent immobilisés, annonça le Second. L'attaque, quant à elle, provient d'un vaisseau situé à 0,02 U. A.** de notre position. Le radar l'a analysé.

          Passez-le en visuel.

 

Tandis que l'hologramme central retranscrivait lentement l'image en bidim du navire spatial, les membres d'équipage présents dans le centre de commandement poussèrent une exclamation. Les dimensions de ce qui semblait être un destroyer étaient immenses. Cent kilomètres de long sur quinze de large et trente de haut. Il était en train de déployer un formidable arsenal.

          Qu'est ce qu'ils ont en tête ? S'exclama un officier de liaison. Les faisceaux de lumière cohérente n'ont pas d'impact à cette portée. De même pour les canons à protons et à positrons.

 

Le capitaine regarda les holos avec inquiétude. Il ne reconnaissait pas la facture de ce vaisseau. Il était certain que ce bâtiment de guerre n'appartenait pas à l'Humanité Unie. En vérité, il n'en avait jamais vu de semblable. Il fronça les sourcils

          Lancez le brouilleur de positionnement, si ce n'est pas déjà fait, ordonna-t-il

          Il est déjà fonctionnel depuis le début de l'attaque, lui répondit un cyberlinker.

 

Tout à coup, le Second s'écria d'une voix paniquée :

          Flashs de déflagration détectés ! Il y en a des milliers.

 

En effet, l'une des faces du gigantesque destroyer se recouvrit d'un manteau d'étoiles scintillantes bleutées. On aurait dit que ce navire transportait littéralement des pulsars.

          Ils nous envoient des mines ? Mais elles mettront des heures voir des jours à atteindre notre position, remarqua un officier de liaison.

          Je ne suis pas sûr que ce soient de simples mines... répondit le capitaine.

 

Le Second, le souffle court, coupa la conversation :

          Détection de projectiles par le radar mégatrans. Vitesse : trois milles kilomètres par seconde. Ils seront sur nous dans une quinzaine de minutes environ.

          Mais ils suivent une trajectoire droite, mon capitaine, compléta un autre membre d'équipage. La plupart passeront à des centaines voir à des milliers de kilomètres de nous. Il est pratiquement impossible qu'un tir nous touche directement.

 

Dolessius regarda un long moment l'hologramme du vaisseau ennemi. Il contempla avec anxiété les milliers de canons de Gauss qui lançaient sans discontinuer leurs obus aimantés grâce à des champs électromagnétiques surpuissants. Mais il fut rapidement tiré de sa rêverie par un son strident.

          Alarme radiologique : détection de rayons gamma, déclara le Second.

          Par l'espace ! Ce n'est pas un tir de barrage classique ! Ce sont des projectiles cycloniques ! S'écria le capitaine du Véziria.

 

Les bombes cycloniques comptaient parmi les armes les plus destructrices jamais mis au point par l'humanité. Leurs détonations étaient si puissantes qu'elles créaient des boules de plasma semblables à des mini-étoiles de cent à deux cents kilomètres de diamètre. Pour ces raisons, elles furent interdites d'utilisation au sein de la Fédération de Hania. Les obus du destroyer ont sans doute été programmés pour exploser lorsqu'ils passeraient à proximité de la flotille et du Véziria.

          Technocybrides, concentrez vos efforts en priorité sur la récupération des systèmes des propulseurs et des compensateurs inertiels, ordonna Dolessius. Le rétablissement des télécommunications et du système d'armement peuvent attendre. C'est un ordre !

 

Tout l'équipage s'activa. La lutte contre le holo-virus s'était transformée en course contre la montre. Cela dit, les minutes défilèrent sans qu'il n'y eut la moindre amélioration significative. La tension et la peur qui s'accumulaient rendirent l'atmosphère du centre de commandement insupportable.

 

A cause de cette ambiance, personne ne remarqua la détection d'une flotte de cinq cents vaisseaux Abh par le radar mégatrans. Il fallut une bonne vingtaine de secondes au commandant pour s'en apercevoir. Les bâtiments de guerre s'étaient approcher du destroyer en vitesse de croisière. A une seconde-lumière de distance du navire ennemi, ils avaient commencer à déployer leur incroyable armement : lance-plasmas, canons à positrons, canons à graviton, lance-mines thermonucléaires ou encore batteries de lasers à faisceaux cohérents.

 

Les humains présents dans le centre de commandement du Véziria retinrent leur souffle. Ils s'attendaient à voir le destroyer faire feu de toute pièce. Pourtant, il avait arrêté ses tirs longue portée au canon de Gauss.

 

Soudain, une lumière éblouissante l'enveloppa entièrement. Quelques millisecondes plus tard, l'énorme destroyer disparut, laissant derrière lui une large projection plasmatique de couleur violette. Le radar mégatrans ne capta plus aucun signe de sa présence dans le système.

 

Les hommes et les femmes du Véziria poussèrent des exclamations de joie. Ce fut à ce moment précis que le premier projectile cyclomatique explosa en plein sur le plus grand navire de la flottille accompagnant le patrouilleur. La déflagration fut si intense que les hublots durent se polariser afin de filtrer l'intensité lumineuse qui en résultait. Le croiseur Théodius et ses deux milles têtes d'équipages furent vaporisés sous l'effet d'une température s'élevant à plusieurs centaine de millions de degrés Celsius.

 

Sous les yeux horrifiés de Dolessius, l'enfer se déchaîna. Les innombrables explosions plasmatiques aveuglèrent les capteurs de son navire. De véritables mini-étoiles se formèrent autour de sa position, détruisant tout dans leur champ d'action avant de disparaître après quelques secondes.

          Poussez les boucliers à leur maximum ! Dressez les champs thermiques électromagnétiques et dérivez toute la puissance disponible vers leurs générateurs ! hurla le commandant du vaisseau haniatien.

 

Pendant ce temps, les autres vaisseaux de la flottille disparurent les uns après les autres, engloutis par les boules de fusion. Tout à coup, les boucliers et barrière cinétiques du Véziria diminuèrent de quarante pour cent. Un obus cyclomatique a explosé à soixante dix kilomètres de là. L'onde de choc fut ressentie à travers tout le patrouilleur, les compensateurs et champs de confinement étant hors service.

          Je ne crois pas que nous résisterons à une nouvelle déflagration si elle se produit à moins de soixante kilomètres de notre position, annonça le Second d'une voix complètement paniquée.

 

La plupart des autres membres d'équipage marmonnait des prières dans les langues de leur planète natale. Certains n'étaient même plus capables de faire le moindre le geste. D'autres, les larmes aux yeux, s'étaient résignés à redevenir poussière d'étoile. Plusieurs minutes s'écoulèrent ainsi. A chaque seconde, la mort pouvait tous les faucher.

 

Cependant, la tempête plasmatique finit par se calmer. Par miracle, le Véziria n'a subi que des dommages minimes. L'holo-virus l'empêchait toujours de se déplacer mais ses membres d'équipage étaient encore vivants.

 

Le capitaine Dolessius jeta un coup dil au radar mégatrans et murmura avec émotion, tout en effectuant le salut militaire :

          Soyez en paix, braves Abh.

 

Seuls deux frégates, en plus du Véziria, avaient survécu au tir de barrage.

 

Notes :

* c: vitesse de la lumière dans le vide c=300 000 km/s

* U.A. : unité astronomique. Une unité astronomique représente la distance de cent cinquante millions de kilomètres (la distance entre la Terre et le Soleil). Dans la Fédération de Hania, cette unité est fréquement utilisée mais son origine est inconnue.

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@Hou son mei tong : Ok, je vois pas de problème.

 

Très bon chapitre sinon :).

 

On a une ellipse de huit mois. On apprend de chose encore dans ce chapitre :o, ton univers est super riche et on connait même un peu plus le passé de Titus et son rêve de retrouver la terre originelle est vraiment forte. Il y a beaucoup de mystères sur sa disparition *o*.

 

Et j'ai adoré la fin du chapitre, avec l'immense flotte inconnu qui face au convoi accompagnant Dolessius, c'était super bien décrit et les mots SF que tu emplois rend le tout encore plus prenant et immersif, bref j'ai aimé. Et les obus cyclonique, ce sont des armes surcheate xD, purée cette arme fait très mal.

 

Ce vaisseau inconnu est vraiment intrigant, mais qui sont ils ? Et d'où vient il ?

 

J'attends la suite !

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Merci Kyo pour ton commentaire !

 

En tout cas, j'espère que cette fiction te donnera l'envie de lire ou de regarder la série Crest of the Stars et Banner of the Stars, mangas de space opéra que j'ai beaucoup aimé.

 

Je pense aussi introduire des références à d'autres titres du genre Aria.. Mais je te laisserai les découvrir par toi-même !  :D

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  • 1 month later...

Chapitre III : Terribles perspectives

 

Trois jours s'étaient écoulés depuis l'attaque. Le Véziria avait perdu douze de ses cyberlinkers et le blindage de son côté bâbord menaçait de lâcher à tout moment. Titus Solenius aida à réparer les dégâts. Il sortit même dans l'espace pour remettre en état de marche certains spatio-retransmetteurs sur la coque. Il travailla près de trente heures d'affilé sans se reposer. Pourtant il n'avait reçu aucun ordre.

 

Il souhaitait à tout prix oublier la peine qui commençait à le submerger. Son ami d'enfance, Paul Déretto, cyber-mécanicien, faisait parti des victimes. Ils se connaissaient depuis qu'il avait fêté ses six années standards. C'était à cause de Paul que le jeune sociologue avait été obligé de travailler dans la salle des machines du patrouilleur, quelques mois auparavant. Titus Solenius l'avait aidé à réparer un générateur de champs spatio-temporel. Le capitaine, reconnaissant son talent inné avec les machines, l'avait affecté immédiatement à un poste de mécano. Il sourit en repensant à ces souvenirs.

 

Alors qu'il allait s'atteler à une nouvelle tâche au niveau des propulseurs, une jeune fille de vingt cinq ans vint à sa rencontre. Titus, les yeux cernés par la fatigue, ne la reconnut pas tout de suite. C'était Titania, la fiancée de Paul. Elle faisait aussi partie des mécaniciens du vaisseau. Elle avait voulu faire son service militaire aux côté de Déretto. Belle et dynamique, Titus s'était arraché plusieurs fois les cheveux face aux tâches qu'elle lui avait confié, lorsqu'il était encore sous les ordres de Dolessius. Mais cette fois là, elle n'était pas venue lui demander son aide.

          -  La cérémonie va bientôt débuter dans le hall principal, Titus, annonça-t-elle d'une voix troublée.

 

Le jeune homme l'observa un petit moment avant de répondre. Il voyait qu'elle faisait de gros efforts pour s'empêcher de pleurer.

          -  Très bien, je ne serai pas en retard. Le temps de me préparer convenablement et je ferai mes adieux à Paul...

 

Titania ne répondit pas. Elle regarda dans le vague, semblant plongée dans des souvenirs d'un temps heureux.

          -  Si je peux faire quoique ce soit pour toi, dis le moi...

          -  Merci Titus, mais je voudrais être seule un petit moment.

 

A ces mots, le néo-historien partit en direction de ses quartier. Il ne lui fallut qu'une dizaine de minutes pour revêtir l'uniforme militaire qu'on lui avait donné lors de son tout premier embarquement sur le Véziria.

 

Lorsqu'il pénétra dans le grand hall, tout l'équipage était déjà réuni et au garde-à-vous, formant quatorze colonnes. Les douze cercueils étaient alignés les uns à côté des autres devant le sas principal du patrouilleur. Un drapeau de la Fédération de Hania couvrait chacun d'entre eux. Il régnait un silence de mort. La cérémonie allait débuter d'une minute à l'autre. Le premier homme de chaque colonne portait un uniforme composé d'un kilt vert et d'une chemise blanche, arborant un instrument datant de la période près-spatiale : la cornemuse.

 

Soudain, le capitaine fit son apparition au devant des douze cercueils. Il avait revêtu son habit d’apparat où figuraient ses innombrables médailles et rubans militaires. Lui aussi portait une cornemuse. Le Véziria était l'un des rares vaisseaux dont le capitaine savait jouer de cet instrument complexe et antique.

 

Avec émotion, Dolessius commença son solo d'Amazing Grace, air traditionnel de l'époque pré-spatiale datant de plus de deux mille cent ans qui est devenu l'hymne de l'Agence Spatiale Militaire. Le son puissant emplit le hall et bouleversa l'âme des hommes et des femmes présents au gré de la mélodie. Certains versèrent des larmes en silence puis, répondant au solo et appel de leur commandant, les quatorze cornemuses reprirent en cœur le refrain. Les murs de titane et de néo-polymères de plastique résonnèrent. On aurait dit que le patrouilleur lui-même pleurait la perte de ses douze cyberlinkers.

 

Enfin, l'équipage en entier chanta les paroles d'Amazing Grace de toutes les fibres de leur être. Même si les mots étaient en anglais, langue antique sur laquelle s'était développée le galactique standard, ils dégageaient une force et une émotion d'une rare intensité. Titus lui aussi chanta de tout son cœur :

 

Amazing Grace, how sweet the sound,

That saved a wretch like me...

I once was lost but now am found,

Was blind, but now, I see.

 

T'was Grace that taught my heart to fear.

And Grace, my fears relieved.

How precious did that Grace appear...

The hour I firts believed.

 

Through many dangers, toils and snares...

We have already come.

T'was Grace that brought us safe thus far...

And Grace will lead us home.

 

The Lord has promised good to me...

His word my hope secures.

He will my shield and portion be...

As long as life endures.

 

Yea, when this flesh and heart shall fail,

And mortal life shall cease,

I shall possess within the veil,

A life of joy and peace.

 

When we've been here ten thousand years...

Bright shining as the sun.

We've no less days to sing God's praise...

Then we first begun.

 

(pour ceux qui ne connaissent pas cet air traditionnel)

 

Durant les cinq couplets, les douze cercueils furent placés un par un dans le sas principal par quatre hommes. Lorsque les paroles cessèrent et que les cornemuses se turent, le capitaine Dolessius ordonna à l'I.A. du Véziria de verrouiller le sas côté hall avant d'ouvrir la porte blindé d'accès à l'espace. Les morts et leur sépulture furent propulsés dans les ténèbres glacés dans un silence quasi-absolu.

 

Titus, toujours au garde-à-vous, continua de suivre du regard le cercueil de son ami s'enfonçant dans l'espace à grande vitesse. Lorsque le sas se referma, tout le monde se mit au repos avant de repartir dans leur cabine, de se changer puis de regagner leurs postes respectifs. Le  sociologue jeta un coup d’œil à Titania. La jeune femme semblait effondrée même si elle essayait de faire bonne figure. Elle se dirigeait en silence vers ses quartiers.

 

Alors que Solenius s'apprêtait à la suivre, le capitaine Dolessius l'apostropha avec force :

          -  Titus, j'aimerais vous avoir au centre de commandement dans cinq minutes au plus tard. Nous devons discuter des procédures à suivre lorsque nous nous poserons sur Aqua.

          -  Bien, mon capitaine, répondit le jeune homme.

 

Il fallut plus de dix minutes au néo-historien pour se changer et se présenter au centre. A peine eut-il poser un pied dans la salle éclairée de mille feux par les projections holographiques que le commandant du patrouilleur lui adressa un regard foudroyant de reproche. Sans être décontenancé en aucune mesure, le jeune homme s'approcha du capitaine du Véziria.

          -  Nous atteindrons la station d'arrimage d'Aqua dans trois heures, commença Dolessius. Nous avons réussi à contacter le docteur Strauss par transcription interplanétaire. Il s'est montré très enthousiaste vis à vis de vos recherches et nous a donné rendez-vous à 14h30, heure locale à sa résidence privée de Néo-Venezia.

          -  C'est dans combien de temps ? demanda Solenius

          -  Dans dix-sept heures. D'ici là, profitez-en pour vous reposer un peu. Vous avez une mine affreuse, vous savez.

 

Le néo-historien haussa des épaules. Son teint fatigué et ses cernes marqués l'avaient vieilli d'une dizaine d'années. Mais il n'y accordait aucune importance. Il n'avait pratiquement pas dormis depuis l'attaque et ses pensées étaient toujours hantés par le visage de souffrance de son ami Déretto.

          -  Néo-Venezia... Cela ne m'étonne pas que le docteur Strauss y réside, commenta le jeune homme

          -  C'est vrai qu'on pouvait s'y attendre. Cette cité est la réplique dans une plus grande mesure d'une ville bien célèbre de l'Ancienne Terre nommé Venezia ou Venise en galactique standard. En tant que telle, elle doit certainement regorger de mythes et légendes liés à la planète des origines, sans compter l'architecture et les arts antiques qu'elle a su préserver. En revanche, Titus, je dois vous avertir : Néo-Venezia ne dispose d'aucune technologie de communication moderne. Ses habitants ont souhaité garder une certaine authenticité. Les vols de V.E.M.* sont strictement réglementés et il y existe toujours un service postal.

          -  Un service postal ? reprit Silenius, étonné. Vraiment ? Ce doit être la seule ville de toute la galaxie qui en bénéficie encore de nos jours !

          -  Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises, mon ami. Le seul moyen de transport efficace reste la gondole pour naviguer dans les méandres des canaux fluviaux. Il va falloir prévoir des créneaux horaires larges pour arriver à l'heure au point de rendez-vous. Au moins deux heures de navigation, s'il n'y a pas d'embouteillage entre le spatioport et la résidence de Strauss.

          -  Parfait, s'écria le jeune homme. On pourra ainsi admirer une architecture typique de la Terre. Quant aux embouteillages, je doute qu'il y en ait. La plupart des touristes ont certainement fui les combats spatiaux.

          -  Nous verrons, Titus, nous verrons... En attendant, essayez de vous reposer. Ce sera tout.

 

Le néo-historien repartit en direction de sa cabine pour tenter de piquer un somme de quelques heures. Entre temps, le Véziria atteignit la station d’amarrage sans encombre. Cet immense spatioport orbital pouvait abriter plus de deux cents vaisseaux gros porteurs à la fois. Plusieurs centaines de milliers d'employés le faisaient fonctionner à toute heure. Il décrivait une orbite large autour d'Aqua, à vingt huit mille kilomètres d'altitude. Vue du complexe, la planète brillait d'une lueur bleutée surnaturelle.

 

Recouverte à quatre-vingt deux pour cent par les océans, elle a été colonisée mille huit cent ans auparavant. A cette époque, ce n'était qu'une planète de poussière balayée par des vents violents. Mais son champs de gravité de 0,94g et la distance la séparant de son étoile de type G favorisaient sa terraformation. Contrairement à d'autres corps célestes, la vie ne s'y était jamais développée. En revanche, elle possédait d'immenses réservoirs d'eau dans son sous-sol et au niveau des pôles sous forme de glace. Par ailleurs, de gigantesques gisements de métaux en tout genre avaient été également découverts, ce qui enthousiasma de nombreuses compagnies pour lancer la terraformation. Il fallut deux siècles de dur labeur aux colons pour faire d'Aqua le paradis qu'elle est devenue.

 

Dix-huit siècles plus tard, Aqua était devenue célèbre dans toute la galaxie pour ses magnifiques cités, sa douceur de vivre et sa puissante industrie. En plus des huit milliards de résidents permanents, elle accueillit chaque année standard plusieurs centaines de millions de touristes. Au cours des siècles, elle était passée sous la domination de différentes grandes puissances lors des guerres interstellaires. Son gouvernement planétaire a donc mené des politiques qui l'ont rendu auto-suffisante. Au sein de l'économie galactique, Aqua ne fait qu'exporter (principalement de la haute technologie et des matières premières tirées du système d'Hypérion), devenant ainsi une puissance économique âprement disputée.

 

Pourtant, rien n'aurait pu préparer l'équipage du Véziria aux épisodes qui allaient suivre sur cette planète où il y fait si bon vivre...

 

**********

 

Alors que Titus Solenius dort toujours d'un sommeil profond dans sa cabine en orbite...

 

          -  Merde

 

Je dois me dépêcher. Le point de rendez-vous est tout juste devant moi, à cinquante six klicks au nord-est de la mégalopole d'Esthéria, sur l'île du Léviathan, un petit bout de continent appartenant à l'archipel Maori. Volant au raz du sol à une vitesse de cent trente nœuds sur mon V.E.M.*, j'aperçois rapidement la mer des hautes herbes où se tient la rencontre avec mes deux camarades.

 

Au bout de quelques minutes, je les repère au milieu de cet immense champ verdâtre dont les végétaux ne dépassent pas le mètre de hauteur. L'un d'eux me fait un signe. Rapidement, mais sans élégance, je fais rugir mes pulso-réacteurs pour faire décroître ma vitesse avant d'atterrir.

 

Alors que je descends prudemment de l'aéronef, Andréas Hermite et Mei Woo Tang se précipitent à ma rencontre.

          -  Des nouvelles du sud ? Demande la jeune femme d'une voix inquiète.

          -  Aucune trace de l'archange. On a dû louper son point de chute de plusieurs jours, répondis-je.

          -  Moi non plus, je n'ai rien détecté d'inhabituel au nord de notre position, renchérit Hermite.

 

Je regarde tour à tour mes deux compatriotes gaïaciens. Si on ne retrouve pas rapidement ce biocybride, l'avenir de cette planète sera sérieusement compromis. Soudain, je vois la jeune femme aux origines asiatiques activer des senseurs psioniques.

          -  Il ne s'est pas encore déphasé sur ce monde.

 

Fronçant les sourcils, je lui rétorque sur un ton presque insolent :

          -  Normal, il fait tout pour que les psykers pro-gaïaciens ne le repèrent pas. Il a une mission à accomplir et il fera tout son possible pour rester discret.

          -  Quelle charmante perspective, rajoute l'homme blond aux yeux bleus. Lorsque nous détecterons les premières mutations nano-génétiques, il sera trop tard.

          -  Vous baissez les bras bien vite, Andréas. Cela ne vous ressemble pas, lui répond la psyker.

 

Je soupire profondément. Une fois de plus, les Spatiaux vont mener une terrible expérience sur les humains qui ne font pas parti de l'Alliance Terrienne. Et je ne peux pas les en empêcher. Je suis toujours aussi impuissant.

 

Alors que je commence à sombrer peu à peu dans le désespoir, la peau de Mei Woo Tang se couvre soudainement d'une texture dorée. Brillant de mille feux grâce aux rayons de l'astre couchant, elle regarde fixement dans le lointain. D'un geste rapide de la main, elle fait apparaître un champs de confinement de classe douze tout autour de nous.

          -  Qu'est ce que..., commence Hermite

          -  Merde, lui répondis-je.

 

A peine ai-je fini de prononcer l'injure que toute la zone est scorifiée. Autour du bouclier biotique, les herbes sont vaporisées et la terre sableuse se transforme en magma liquide et se vitrifie. Mon V.E.M.*, que j'ai obtenu avec difficulté à Esthéria, commence à fondre comme neige au soleil avant de disparaître dans une formidable explosion.

 

Par réflexe, je m'accroupis et prends ma tête entre mes bras. Le vacarme est si intense qu'il nous rend presque sourd. Je jette un coup d’œil à mon supérieur gaïacien. Andréas est dans une position similaire. Je suppose que dans une telle situation, les humains dont les gènes n'ont pas été modifié réagissent tous de la même façon... Mei, quant à elle, reste inébranlable et imperturbable.

 

Le calme revient au bout d'une minute. Andréas et moi, nous nous relevons, encore sous le choc de l'attaque. Les yeux mi clos à cause de la lueur des incendies restants, je demande :

          -  L'archange ?

          -  Bien évidemment, me réponds la psyker. D'ailleurs, il ne va pas tarder à se déphaser. Dois-je le poursuivre, superviseur Hermite ?

 

L'homme blond ne met qu'une seconde à réfléchir.

          -  Seulement si tu penses le vaincre, Mei.

          -  Ça sera difficile, mais faisable, lui rétorque-t-elle d'une voix pleine d'assurance.

          -  Très bien, dans ce cas, vas !

 

Alors qu'elle s'apprête à poursuivre sa cible, la jeune femme désactive brutalement le champs de confinement. Andréas et moi ressentons violemment la chaleur des incendies alentours et du magma relativement proche.

 

Au loin, à quinze kilomètres de là, sur la petite montagne surplombant la mer des hautes herbes, nous entendons des bangs supersoniques. Et merde. Ce putain d'enfoiré s'est déphasé. Mei aura beaucoup de difficulté à le rattraper, même si elle se déphase à son tour. Les archanges sont passés maîtres dans l'art de se déplacer avec rapidité et efficacité.

 

La psyker s'éloigne de nous avant d'augmenter la vitesse de ses mouvements au point de provoquer des bangs supersoniques. Quant à nous, nous nous protégeons vite de la chaleur dégagée par l'attaque en activant nos propres champs de confinement personnels, bien plus faibles que le bouclier biotique de Mei.

          -  Je ne comprends pas, dis-je. Je croyais qu'il devait rester discret pour continuer son projet.

          -  Cela ne peut signifier qu'une chose, me réplique mon supérieur. La première phase de sa mission est à présent terminée. Il doit maintenant accomplir sa seconde tâche. Ce n'est vraiment pas réjouissant...

          -  Et quelle est-elle, cette seconde tâche ?

          -  Nous éliminer.

 

Notes :

*V.E.M. : Véhicule électromagnétique qui se sert du champ magnétique d’Hypérion pour se déplacer aussi efficacement dans les airs qu'un aéronef classique.

 

PS : Les prochains chapitres seront sans doute publiés après le 16 juillet (je passe des concours oraux jusque là ^^)

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Très bonne suite !

 

Dans ce chapitre on ressent vraiment la tristesse chez les soldats du vaisseaux suite à la perte de nombreux collègues, Titus a perdu un ami d'enfance et il ne sait pas quoi dire à la copine de son ami défunt.

J'ai bien aimé le texte et la musique de Youtube que t'a mis, je la connais bien ;).

 

Encore une fois tu offres beaucoup de richesse à travers tes descriptions et Venezio n'y manque pas, cette ville apportera un début aux réponses de Titus sur sa recherche sur la planète mère. En tout cas cette super-ville je l'aime déjà 8).

 

Et la fin, est juste très intriguant on découvre des personnages mystérieux qui se retrouvent dans une mauvaise situation dans une mission qui a mal tourné, de plus on découvre des capacités technologique que peuvent utiliser les humains, et Mei est celle qui m'a le plus surpris, elle me plait :), c'est une Psyker c'est qu'elle doit avoir des pouvoirs psychiques 8), ça annonce du lourd pour la suite avec la confrontation avec l'archange ce vaisseaux sacrément puissant.

 

J'attends la suite !

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  • 4 weeks later...

Chapitre IV : Néo-Venezia

 

 

Titus se réveilla en sursaut. On frappait des coups puissants à la porte de sa cabine personnelle.

          -  Monsieur Solenius ? Il est temps de vous préparer pour votre rendez-vous à la surface, fit une voix forte.

          -  Oui, sergent Kafka, je m'y mets de suite, lui répondit le jeune sociologue d'une voix pâteuse. Je serai prêt dans une vingtaine de minutes.

 

Tout en émettant un grognement, le néo-historien se leva pour prendre une douche sonique rapide avant de revêtir les plus beaux habits qu'il avait apporter avec lui. Peu de temps après, il se retrouvait à attendre en salle d'embarquement, propre comme un sous neuf. Le capitaine Dolessius fut la deuxième personne du groupe qui devait l'accompagner à le rejoindre. En vêtements civils, le commandant semblait être un autre homme. Il arborait un élégant chapeau noir, censé le protéger des rayons de l'étoile d'Hypérion. Seul un élément trahissait son appartenance à l'Agence Spatiale Militaire. Il avait avec lui son fusil polyvalent personnalisé. La crosse, finement sculptée par un habile artisan, était recouverte de feuilles d'or et représentait un phénix volant avec magnificence. La plus grande parties des quatre canons de l'arme était dissimulée par un cache lui aussi sculpté et recouvert par endroit d'or. On y distinguait deux dragons crachant du feu vers l'embouchure du fusil. Leurs yeux scintillaient. Ils étaient composés de petits rubis rouges et verts. Face à la tête étonnée du sociologue, Dolessius expliqua :

          -  Ça en jette, n'est ce pas ? On me l'a offert pour hauts faits d'armes lorsque j'ai repoussé avec un petit patrouilleur tout un assaut pirate sur la colonie de Biel' Qu'Tan. Cette arme est bien plus élégante que les fusils créés industriellement en série.

          -  Une telle merveille doit coûter une petite fortune, commenta le néo-historien

          -  Eh bien, pour vous dire la vérité, sa valeur est supérieure à celle de la navette qui nous amènera à la surface. Mais ce n'est pas qu'une arme d'apparat. Son tir anti-véhicule est capable de traverser le bouclier et le blindage d'un char E.M. T-24.

          -  Mais pourquoi emmener une telle puissance de feu ? Nous allons dans une ville fortement touristique et sécurisée. Je ne pense pas que les gardes du spatioport vous laisseront l'emporter avec vous, rétorqua Solenius.

          -  De ce point de vue là, j'ai les autorisations nécessaires pour passer la sécurité. Lorsque je suis en opération à la surface d'un monde, je l'emmène toujours avec moi, même dans les mégapoles. S'il y a bien une chose que j'ai apprise lors de mes nombreux voyages stellaires, c'est que l'on est en sécurité nul part...

 

Titus arqua un sourcil. Il restait dubitatif face aux arguments de son commandant. Il allait répliquer lorsqu'une troisième personne fit son apparition dans la salle d'embarquement. En robe blanche immaculée en dessous de laquelle elle avait enfilé une combinaison-peau, Titania était prête à partir. Le néo-historien resta pantois.

          -  Ah, vous voilà, fit le capitaine Dolessius.

 

Puis, se retournant vers le sociologue, il poursuivit :

          -  La technocybride Titania Starlone nous accompagne sur Aqua. Grâce à elle, nous serons constamment en liaison avec l'I. A. du Véziria et ce, même si tous les moyens de communication de la planète venaient à être coupés.

          -  Vous prévoyez toujours le pire, répliqua Titus.

          -  C'est grâce à cette prudence semblant être excessive que je suis toujours en vie... Par ailleurs, ajouta-t-il en faisant face à la jeune femme, je suis sûr que cette excursion sur Néo-Venezia vous changera les idées.

          -  Je vous remercie de votre sollicitude, mon capitaine, répondit la cyberlinker.

 

Quelques minutes plus tard, les trois derniers membres du groupe les rejoignirent au pas de course. Les sergents Boomer, Ernezo et Nathalia faisaient partis des commandos d'élite. Ils devaient assurer la sécurité du groupe. Leurs tenus de combat étaient impressionnantes. Elles étaient composées de carapaces en polymères renforcés et moulaient plus ou moins le corps qu'elles devaient protéger. De plus, elles disposaient d'un camouflage optique et infrarouge rendant les soldats invisibles et indétectables par la plupart des capteurs. Lorsque ces dispositifs étaient désactivés, les combattants dégageaient une impression de force brute intimidante.

 

          -  Je ne vois pas notre pilote, remarqua Titus.

          -  C'est moi, le pilote, répliqua le capitaine. Nous avons loué un emplacement au petit spatioport de Néo-Venezia pour toute la durée de notre séjour. Maintenant, montons à bord. L'espace aérien de la ville est très contrôlé et limité. Nous devrons effectuer un long itinéraire avant d'atterrir...

 

Une fois qu'ils eurent tous embarqués, la navette se sépara de la station d'amarrage en faisant rugir ses moteurs à impulsion. La désorbitation puis la rentrée dans l'atmosphère d'Aqua prit à peine une trentaine de minutes. Cependant, le groupe mit plus de quatre heures à atteindre l'emplacement du spatioport de Néo-Venezia qui lui était réservé. Entre les embouteillages et les instructions de vol données par les I.A de contrôle néo-vénitiennes, leur voyage s'éternisait. Lorsqu'ils sortirent enfin du petit vaisseau de descente, ils poussèrent tous un soupir de soulagement.

 

          -  On a bien fait de partir en avance, ironisa Titus.

          -  On m'avait prévenu de la durée de descente jusqu'à cette ville... J'ai juste pris mes précautions, lui répondit le capitaine du Véziria.

          -  Dire que sur ma planète, les embouteillages n'existent pas, commenta Ernezo. Tous les V.E.M. sont automatisés et les I.A, très performantes... J'pourrais me venter d'avoir connu une telle expérience lorsque je rentrerai chez moi.

          -  Une telle expérience ? renchérit Nathalia. Tu veux dire que tu es heureux d'avoir éprouvé un mélange profond d'ennui, de frustration, d'envie de tirer sur les aéronefs devant toi en attendant que ta route aérienne devienne praticable ?

          -  Euh... Ce n'est pas tout à fait ce que je voulais dire, balbutia le jeune sergent.

 

A ces mots, tous les membres du groupe se mirent à rire. Titus jeta un coup d’œil à Titania. Elle souriait. C'était la première fois depuis le combat spatial. Même si elle mettrait sans doute de longs mois à se remettre de la mort de son fiancé, elle n'avait pas pour autant abandonné l'envie de vivre. Le néo-historien fut rassuré.

 

Les six hanatiens quittèrent au pas de course le spatioport bouillonnant d'activité de Néo-Venezia pour pénétrer dans la ville même. Ils déboulèrent sur une grande place avec, au centre, un gigantesque obélisque qui dominait toute la surface. Les bâtiments sur le pourtour resplendissaient dans la lumière matinale. Le sociologue observa avec attention leur architecture si particulière, inspirée des palais vénitiens de la Terre. La plupart étaient construits dans un marbre blanc qui reflétait intensément les rayons d'Hypérion. Ils possédaient tous cinq ou six niveaux. L'accès au rez de chaussée se faisait par une loggia. Cette sorte de galerie à colonnes entourait presque tout le bâtiment, protégeant la façade du rez-de-chaussée des rayons d'Hypérion. La loggia formait ainsi un espace spacieux aux arcades très travaillées, sculptées à la main. Titus remarqua que les nombreux palais affichaient des styles architecturaux différents. Il pouvait y admirer le style roman, avec ses colonnes cylindriques caractéristiques dont les chapiteaux représentaient des créatures tirées des bestiaires moyenâgeux et antiques. L'habitation des bâtiments romans se situait aux étages supérieurs, où d'autres séries d'arcades formaient des loggias plus petites. Le rez-de-chaussée, quant à lui, semblait servir d'entrepôt. Le néo-historien discerna aussi des architectures de style renaissance d'inspiration classique, grecque ou romaine. Là aussi, les colonnes et leurs chapiteaux était particulièrement travaillés et finement sculptées, donnant à l'ensemble de la structure un charme la rendant unique. D'autres palais étaient de style gothique fleuri, reconnaissables à leurs ornementations incroyablement riches. Leurs arcades formaient des bouquets fleuris, des guirlandes de feuillages et de nombreuses dentelures si habilement réalisées qu'on eut peine à croire qu'elles eussent été faites à la main. Leurs fenêtres, elles aussi, reprenaient des motifs similaires.

 

Le néo-historien était toujours plongé dans leur contemplation lorsque Dolessius l'apostropha :

          -  Mon ami, vous comptez rester encore longtemps, planté là ? Nous avons encore une bonne trotte à faire et quelques heures de navigation avant de parvenir à notre point de rendez vous. 

 

Le sociologue consulta son bracelet holographique. Il était 9h48, heure locale.

          -  Nous avons encore un peu de temps, mon capitaine. Le rendez vous n'est prévu que dans quatre heures.

          -  Je le sais, Titus, je le sais. Mais j'ai tout de même réserver un tour sur une gondole à dix heures pour observer la ville avec les commentaires d'un guide aguerri.

          -  Tiens, on va faire du tourisme ? Je n'étais pas au courant, commenta Boomer.

          -  Profitons-en le plus possible dans ce cas, rajouta Nathalia. Ce n'est pas tous les jours que l'on puisse admirer une aussi belle cité. En plus, nous n'aurons pas à payer notre petite escapade touristique... N'est ce pas mon commandant ?

          -  Nous avons eu de nombreux capitaux pour cette expédition. Autant s'en servir, répondit Dolessius avec un sourire.

 

Traversant la place, ils s'engagèrent dans une ruelle étroite débouchant sur un petit canal. Tous les vingt ou trente mètres, un embarcadère était installé. De nombreuses gondoles sillonnaient les eaux tranquilles du canal. Elles étaient toutes manier par des femmes. Sur Néo-Venezia, seule la gente féminine avait le privilège de diriger ces embarcations emblématiques de la planète d'Aqua. Titus s'était renseigné sur cette particularité. On les appelait les ondines et il existait une dizaine d'écoles à l'enseignement stricte qui les formaient à ce métier d’exception.

 

          -  Ah, je crois que notre guide arrive, annonça Dolessius d'un air satisfait.

 

En effet, à l'embranchement du canal, une grande gondole blanche fit son apparition. Sa fero de prua ou figure de proue était magnifique et sa coque était entièrement peinte en blanc. Quatre personnes se trouvaient déjà à son bord : la ondine qui la conduisait et trois autres filles bien plus jeunes, portant l'uniforme des apprenties. Titus fronça les sourcils : il avait déjà vu la ravissante jeune femme blonde qui manœuvrait l'embarcation avec dextérité. Mais où ?

 

Remarquant sa réaction, le capitaine du Véziria commenta :

          -  Vous l'avez déjà vu, n'est ce pas Titus ? C'est tout à fait normal puisqu'elle est l'une des trois fées de l'eau d'Aqua. Alicia Florence est une célébrité interplanétaire, vous savez.

          -  Vous avez réussi à vous offrir ses services ?, répondit avec étonnement le sociologue. Ça a dû vous coûter une fortune !

          -  Que nenni, mon ami, que nenni... J'ai juste réservé la visite longtemps à l'avance.

 

Entre temps, la gondole s'était arrêté à l'embarcadère le plus proche du groupe. Gracieusement, l'ondine fit monter un à un les hanatiens à son bord. Une fois tous montés, elle se présenta avec un radieux sourire :

          -  Bonjour, chers visiteurs, je me nomme Alicia Florence et je serai votre guide pour les heures suivantes à travers cette magnifique cité qu'est Néo-Venezia.

 

Alors qu'elle parlait, Titus observa le jeune sergent Ernezo. L'homme semblait littéralement baver devant la belle Alicia et le sociologue retint un fou rire. La jeune femme poursuivit :

          -  J'ai ici avec moi trois apprenties ondines : Aika, Akari et Alice. Cela ne vous dérange pas qu'elles restent avec nous afin d'observer l'activité d'une ondine professionnelle ?

          -  Evidemment que cela ne nous dérange pas, répliqua d'un ton solennel Dolessius.

          -  Je vous remercie. Bien, nous allons maintenant débuter la visite.

 

D'un geste raffiné, elle dirigea la grande gondole au centre du canal avant d'accélérer vers l'embranchement le plus proche. Les jeunes apprenties ondines observaient en silence. Elles étaient intimidées par les armures de combat des trois militaires du groupe. Pour détendre l'atmosphère, le jeune Solenius s'approcha du sergent Ernezo avant de lui tapoter légèrement le casque avec son poing. Il ajouta en riant:

          -  Regardez, ils sont assez gentils. Ils ne vont pas vous mordre.

          -  Ah là là... renchérit Alicia en souriant.

 

Ernezo, toujours plongé dans sa contemplation, n'avait même pas remarqué le geste du sociologue. Face à cette scène, toutes les personnes présentes autres que le jeune sergent éclatèrent de rire. L'atmosphère se détendant, les hanatiens discutèrent plus librement avec les apprenties ondines. Celles-ci racontèrent leur parcours, les difficultés liées à ce métier si exigeant et leur amour pour Néo-Venezia.

 

Soudain, Alicia fit arrêter sa gondole devant deux palais resplendissants. Elle commenta :

          -  Voici les représentations fidèles de la Ca' Farsetti et de la Ca' Loredan. Comme vous pouvez le constater, ces deux bâtiments sont de style roman avec leurs colonnes cylindriques, leur arcades et leurs loggias caractéristiques. Ces reproductions sont parfaitement similaires aux originaux que l'on trouverait sur Terre. La Ca' Loredan fut construite comme fondouk vénitien-byzantin dans la Venise antique. Elle fut ensuite reprise puis modifiée par la famille Cornaro Piscopia, devenue célèbre par Elena Cornaro Piscopia. Celle-ci fut une philosophe et une mathématicienne connue de l'époque post-Renaissance et la première femme à obtenir un doctorat universitaire.

          -  Excusez-moi, Alicia, mais qu'est ce qu'un fondouk ? demanda Titus qui prenait de nombreuses notes sur son système holographique.

          -  Un fondouk est une sorte de caravansérail, un endroit où les caravanes de marchands faisaient halte. Il sert de lieu de repos et d'entrepôt.

 

Pour ceux qui souhaitent voir ces palais vénitiens :

http://www.google.fr/imgres?sa=X&hl=fr&rlz=1T4NNVC_frFR475FR475&biw=1607&bih=721&tbm=isch&tbnid=n2yRTgzeNjU1yM:&imgrefurl=http://www.venise1.com/loredan-farsetti-venise&docid=p4_7vG1zrbud-M&imgurl=http://www.venise1.com/wp-content/uploads/2012/08/palais4.jpg&w=684&h=440&ei=PwvoUd7jCYPpswa77ICYDw&zoom=1&iact=hc&vpx=198&vpy=223&dur=5240&hovh=180&hovw=280&tx=200.82354736328125&ty=119.35293579101562&page=1&tbnh=142&tbnw=216&start=0&ndsp=35&ved=1t:429,r:1,s:0,i:85

 

Tandis que la jeune femme finissait son explication, Titania regarda soudainement dans le vague, comme coupée du monde extérieur. Son expression trahissait une angoisse terrible.

          -  Qu'y a-t-il ? Demanda Dolessius.

          -  Mon capitaine, le Second souhaite s'entretenir de toute urgence avec vous, lui répondit la cyberlinker

          -  Très bien, connectez-moi.

 

L'échange rapide avait imposé le silence sur l'embarcation. Dolessius mit en place son collier holographique, composée de plusieurs ordinateurs quantiques amenant directement à son cerveau les informations. Titania, quant à elle, déploya un câble cybernétique de connexion depuis sa nuque. Hormis ce câble qui se déroulait depuis la base de son crâne, rien ne distinguait la technocybride d'un humain lambda ne possédant aucun cybercerveau. Grâce aux nanomachines et aux ordinateurs quantiques implantés dans son cortex cérébral, Titania était capable de surfer et de manipuler le cyberespace comme elle l'entendait.

 

Une fois que le capitaine se fut mis en liaison avec la cyberlinker, son expression posée vira à l’effroi, interloquant toutes les autres personnes présentes. Dolessius alluma alors sans un mot son bracelet holographique et projeta une image en bidim juste au dessus de l'avant de la gondole. Le son, issu de la traduction automatique en galactique standard, ne tarda pas à venir.

 

          -  Ici Sicilia, en direct de la mégapole d'Esthéria. Comme vous pouvez le constater, la panique est à son comble. L'armée a quadrillé plusieurs quartiers de la cité, y compris dans la ville basses et les sous-sols. Personne, pour l'instant, ne sait véritablement ce qu'il se passe. Des centaines d'aéronefs et de V.E.M. se sont encastrés dans différents gratte-ciels, entraînant des milliers de victimes.

          -  Et pouvez vous approcher des zones sinistrées ? demanda une autre voix, sans doute celle de la première présentatrice du journal holographique.

          -  Non, comme vous le voyez, l'armée nous interdit tout accès à ces zones. Des milliers de curieux se sont rassemblés devant le point de passage, derrière moi, et les soldats empêchent tout civil de le traverser. Au delà, on peut remarquer qu'un char E.M T-32 est stationné, accompagné de tout un détachement.

 

Soudain, une déflagration se fit entendre, causant un mouvement de panique parmi la foule. Le drone caméra s'éleva de plusieurs dizaines de mètres afin de filmer ce qui se déroulait au-delà du point de contrôle.

          -  Visiblement, les marines se sont mis en position de combat... Je crois que je vais m'éloigner aussi. Je laisse le drone-caméra filmer la scène et je commenterai tout en me mettant à l'abri.

          -  Oui, ne mettez pas votre vie en danger, Sici..

 

La présentatrice fut brusquement interrompu par un fracas assourdissant : un aéronef militaire venait d'être envoyé comme une vulgaire balle de tennis contre un building, juste en face du point de contrôle. L'explosion qui en résulta projeta des dizaines de débris à des centaines de mètres du point d'impact. Les soldats en armure lourde et le char E.M commencèrent à tirer sur quelque chose hors du champ du drone-caméra.

 

Tout d'un coup, tous les marines accompagnant le blindé furent littéralement coupés en plusieurs morceaux par un onde bleutée, envoyée à une vitesse supersonique. Le T-32, quant à lui, fut violemment propulsé contre un immeuble où il disparut dans une immense déflagration.

 

Les militaires situés au point de contrôle se mirent en position de tir, attendant avec angoisse ce qui allait venir au croisement juste devant eux. Dix secondes passèrent, puis vingt. Toujours rien. Puis une petite silhouette émergea de la poussière et des cendres. C'était une enfant. Elle ne devait pas avoir plus de dix ans. Mais quelque chose n'était pas normal. Une excroissance grosse comme le poing partait de la base de son crâne et pulsait de manière sinistre. Elle se mit à regarder les soldats pantois. Ses yeux étaient dilatés et de couleur rouge.

 

D'autres silhouettes fantomatiques surgirent. Par centaines. Par milliers. Cette fois, c'étaient des adultes. Ils avaient également les yeux rouges mais ne possédaient aucune excroissance. Leur visage exprimait une haine féroce. Ils restaient en retrait, derrière la petite fille.

 

Depuis cette nouvelle foule, quatre autres enfants âgés de huit à onze ans rejoignirent la fillette. Eux aussi avaient une excroissance pulsante et regardaient avec indifférence les soldats qui les visaient de leurs armes d'assaut.

 

Brusquement, ils étendirent leurs mains... et une onde bleutée fut lancée à grande vitesse. Les militaires n'eurent pas le temps de réagir. Au contact de cette projection biotique, ils furent démembrés en dépit de leur champ de confinement. Le point de contrôle ainsi que ses barricades furent éjectés dans les structures environnantes par l'onde de choc. Suite à l'attaque, l'avenue était devenue méconnaissable.

 

Quelques secondes plus tard, les adultes chargèrent en hurlant des grognements incompréhensibles. Ils rattrapèrent les civils survivants qui s'étaient éloignés et tentaient de les mordre par n'importe quel moyen. Le drone-caméra, toujours en stand-by, continuait de filmer les horreurs qui se déroulaient sous son objectif.

 

Entre le chaos, les cris, les incendies, les débris et les cendres, les corps commençaient à s'accumuler ici et là. Certains se relevaient, leurs yeux virant au rouge, d'autres non.

 

La première fillette qui était apparue au devant des marines leva alors la tête. Elle regarda le drone-caméra de ses yeux flamboyants. Elle pencha légèrement la tête et une petite onde bleutée fut projetée contre la machine, la réduisant en pièces métalliques.

 

L'image en bidim, au dessus de la gondole, se flouta puis disparut. Les néo-vénitiennes regardèrent le capitaine du Véziria avec effroi. Tout le monde était sous le choc.

          -  C'était quoi, ça ? On aurait dit un mauvais holo de série B... commença Boomer.

          -  Je n'en sais strictement rien, sergent. Mais la situation sur cette planète tourne au vinaigre, lui répondit Dolessius.

 

P.S.: N'hésitez pas à laisser un commentaire pour que je puisse améliorer cette histoire et mon style d'écriture ! A bientôt pour le prochain chapitre !

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Déjà avant de commencer, je tiens à te dire que tu n'as rien à changer, ton style est très bon comme il est ;).

 

Sinon pour en revenir au chapitre, il fut enchanteur !

 

J'ai voyagé à la lecture de ce chapitre. Encore une fois tu as bien géré les descriptions et les soucis des détails étaient très haut, franchement c'est très bon. On est vraiment à Venise dans cette immense cité 8).

 

Et que dire de l'équipe qui s'est constitué pour Néo-Venezia, ils sont intéressant. De plus j'ai bien aimé l'arme sur-mesure de Dolessius, elle a la classe 8). Et on apprend un peu plus sur lui via cette arme.

 

La célèbre Alicia, je suis sûr qu'elle jouera un rôle dans cette arc. La fin est très prenante avec la soudaine attaque survenue en ville. Puis les humains qui semblent être infectés et s'en prennent aux civils. Est ce dû à une arme biologique ?

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  • 2 weeks later...

Chapitre V : L'enfer d'Esthéria

 

Une odeur pestilentielle assaillit une fois de plus le groupe de Solenius. Quatre heures qu'ils arpentaient la cité souterraine dans un noir et un silence oppressant. Boomer et Ernezo ouvraient la voie, éclairant les sinistres corridors avec leurs bracelets holographiques. Ils étaient suivis du sociologue, de la technocybride et du capitaine hanatien. Nathalia surveillait leurs arrières. Tous les militaires du groupe tenaient leur fusil polyvalent avec appréhension. Il faut dire qu'ils découvraient de nouveaux cadavres dégageant un parfum de viande avariée à chaque embranchement.

 

La partie souterraine de la mégalopole d'Esthéria inspirait de l'effroi, surtout lorsque certaines de ses structures n'étaient plus alimentées en énergie. Les lumières plasmiques restaient désespérément éteintes et il fallait ouvrir manuellement les portes pour passer d'une salle à l'autre ou traverser un couloir. Dire qu'il y a moins d'un jour, Esthéria grouillait d'activité. Avec ses soixante deux millions d'habitants, cette mégalopole était devenue la capitale économique d'Aqua. A la surface, certains de ses buildings pouvaient atteindre plus d'un kilomètre de haut. Les routes aériennes étaient saturées en permanence de V.E.M et d'aéronefs en tout genre. Mais les deux tiers de ses résidents logeaient dans la cité souterraine.

 

Composée de plusieurs dizaines de niveaux dispersés sur deux kilomètres de profondeur, la partie souterraine de la ville disposait des plus récentes technologies. Des hologrammes décoratifs illuminaient chaque mur, chaque vitrine de toutes ses rues et avenues. Les zones résidentielles étaient disposées dans des loges troglodytiques d'une centaine de mètres de hauteur. Elles étaient composées de bâtiments en polymères ultra-résistants de plusieurs étages. Au centre de chaque loge, un espace vert avec des jardins sophistiqués offrait une bouffée d'air frais aux habitants. Par ailleurs ,de nombreux parcs plus importants étaient aménagés dans chaque secteur et les puissantes lampes plasmiques publiques jouant le rôle de l'étoile d'Hypérion respectaient le cycle solaire. Un important réseau monorail électromagnétique parcourrait la cité souterraine, horizontalement comme verticalement.

 

Maintenant, tout ceci n'était plus que ruine. Des millions de citoyens restaient prisonniers sous terre, à cause de la perte des transports en commun automatiques. Seules quelques zones disposaient encore d'énergie mais la plupart demeuraient dans une obscurité absolue. L'armée aquatienne avait bien tenté de contenir les infectés biotiques mais ils furent vite submergés. Ils ne pouvaient pas surveiller la multitude de couloirs, de passages, de corridors et de méandres de la cité souterraine. Quelques divisions protégeaient encore des espaces troglodytiques. Cependant, la majorité d'entre elles avaient soit été totalement anéanties, soit évacué à la surface.

 

Soudain, Titus perçut un bruit en face de lui.

          -  Attention, avertit Dolessius en chuchotant.

          -  Ce n'est pas l'armée aquatienne, informa Titania. Je ne repère aucune fréquence qu'ils utilisent.

          -  Ce sont peut-être des survivants civils, ajouta Nathalia. Après tout, nous sommes en plein milieux d'une zone résidentielle...

          -  Ou ce sont des infectés, renchérit Ernezo.

          -  Silence, ordonna le capitaine.

 

Dolessius était tendu. Tout sens déployés, il tentait de repérer le moindre signe de mouvement suspect. Le groupe se déplaçait dans un bâtiment d'habitation. Ils préféraient faire le pourtour de la loge troglodytique plutôt que de traverser son espace vert, en son centre. Ils auraient certainement été la cible d'embuscades s'ils avaient choisi cette dernière option. Ils progressaient lentement, constamment en alerte.

 

Des grognements lointains se firent entendre, suffisamment distants pour ne pas inquiéter le groupe. A chaque couloir qu'ils exploraient, à chaque salle qu'ils visitaient, ils découvrirent des corps. Encore et toujours des cadavres, à moitié décapités, éventrés ou démembrés. A la place des hologrammes décoratifs, des éclaboussures de sang perlaient sur les murs. Titus sentit une fois de plus la nausée l'envahir. Mais il ne pouvait plus régurgiter. Il avait déjà vomi tout son repas lors de la première demi-heure d'exploration de la cité souterraine.

 

Jamais. Oh non, jamais il n'aurait pu imaginer l'enfer dans lequel il se plongerait lorsque Dolessius avait accepté la requête du docteur Strauss. A peine son groupe avait-il été informé de la situation à Esthéria lorsqu'ils étaient encore à Néo-Venezia que cet expert des mythes et légendes terriennes les avait contacté, par le biais de Titania.

 

Il avait souhaité les rencontrer le plus tôt possible, compte tenue des événements. Cet homme de cinquante cinq ans vivait avec sa femme dans une villa plutôt cossue construite dans un style gothique fleuri, pourvue d'un rez de chaussée avec loggia. Disposant de deux étages embellis d'arcades habilement sculptées, la maison donnait sur la place d'Esperancia, dominée par le campanile San Maria, tour rectangulaire avec clocher d'une soixantaine de mètres de haut. L'habitat possédait également une petite cour intérieure avec un jardin. Une immense bibliothèque occupait entièrement le deuxième étage. Des livres datant de plus de mille ans y étaient entreposés. Dolessius et ses subordonnés militaires furent très surpris de retrouver des versions papiers dans un monde où les hologrammes étaient devenus le principale support du savoir.

 

Grâce au talent de navigatrice d'Alicia, le groupe de Solenius s'y rendit en moins d'une demi-heure. Titus aurait voulu disposer de plus de temps pour admirer l'architecture de la villa et consulter quelques livres antiques dont la valeur était inestimable. Mais, au vu des circonstances, il n'en aurait certainement pas le loisir...

 

Affolé, le couple vénitien les avait accueilli dans un salon magnifiquement décoré. Visiblement touché par l'émotion, le docteur Strauss avait paru dix ans de plus que son âge véritable.

          -  Messieurs, s'était-t-il exprimé dans un galactique standard légèrement accentué, je vous remercie d'être venu.

          -  C'est tout naturel, docteur, avait répondu le capitaine du Véziria. Mais ne tournons pas autour du pot. Il me semble que quelque chose vous préoccupe depuis l'annonce de la pandémie biotique d'Esthéria. Puisque nous allons travailler ensemble, autant s'entre-aider pour partir sur de bonnes bases. En quoi pouvons nous vous aider ?

 

Surpris du franc parler du commandant, le vieil homme avait froncé les sourcils avant d'exposer son problème sur un ton complètement paniqué :

          -  Vous êtes perspicace, capitaine... Voyez vous, mon fils, vingt ans, est un musicien talentueux. Il cherche à faire connaître la musique antique dans notre société où tout se fait désormais à partir de systèmes holographiques, sans support physique, y compris la musique. En jouant d'instruments capables de produire une infinité d'harmonique rendant un son incroyablement plus beau et plus complexe que les synthétiseurs quantiques, il espérait faire découvrir aux autres jeunes de sa génération une musique datant de plusieurs millénaires connue seulement des mélomanes.

          -  Jusqu'ici, je vous suis, docteur, avait répliqué Dolessius.

          -  Seulement voilà, il est parti faire un concert avec sa fiancé, lui au violon et elle au piano, à Esthéria. Ma fille de dix-sept ans les a également accompagné.

 

Un silence de mort avait suivi cette déclaration. Traversant la pièce de long en large à un pas rapide, le vieil homme avait fini par poursuivre :

          -  Cela dit, j'ai reçu il y a quarante minutes un message de mon fils : il est coincé avec une centaine de personnes dans une loge troglodytique du secteur 28-B-14, juste à côté des zones agricoles de la cité souterraine. Sa sœur et sa fiancé sont avec lui et deux escouades ont barricadé tous les accès menant à cette zone résidentielle. Tous ces survivants attendent des secours qui ne viendront certainement jamais, au vu de la situation...

 

A ce moment, Dolessius s'était levé puis avait regardé droit dans les yeux chaque membre du groupe avant de déclarer :

          -  Je crois que nous n'avons pas trop le choix... Monsieur et madame Strauss, nous allons partir chercher votre fils et votre fille à Esthéria. Nous aurons avec nous tout l'équipage d'un vaisseau en soutien. Je ne doute pas de nôtre succès.

 

Titus gardait encore en mémoire le visage illuminé du docteur Strauss exprimant une reconnaissance sans limite. Mais à présent, il ne souhaitait qu'une chose : sortir de cet enfer au plus vite. S'il avait accompagné Dolessius, les trois sergents et Titania, c'était uniquement en raison de sa formation militaire qu'il avait reçu lors de ses classes.

 

Grâce à la fée de l'eau de Néo-Venezia qui les avait attendue, ils avaient pu se déplacer rapidement à travers la cité pour regagner leur navette et partir en direction d'Esthéria. En chemin, ils avaient également promis de rechercher les parents d'Aika, l'apprentie undine, qui avait pleuré toutes les larmes de son corps. Mais il y avait peu d'espoir qu'ils s'en soient tirés. Lorsque la crise avait éclaté, ils se promenaient dans la galerie marchande souterraine du troisième niveau. Or, deux divisions qui avaient tentées de protéger cette zone furent totalement anéanties.

 

D'ailleurs, le groupe de Solenius avait parcouru ces lieux pour pouvoir accéder, plus tard, au secteur 28-B-14. Plus rien n'était reconnaissable. Un carnage sans nom s'y était déroulé : les hanatiens n'avait pas pu faire un pas sans écraser par inadvertance un bras, une jambe ou un tas de chaire putréfiée.

 

A présent, le groupe progressait dans les zones résidentielles situés près des champs souterrains. Ils étaient encore loin du secteur où étaient prisonniers les enfants de Strauss. Ils devaient encore traverser certaines de ces cultures intensifiées par manipulations génétiques et affronter des groupes d'infectés. S'ils tombaient sur un enfant biotique, leurs chances de survivre étaient quasi-nulles. Face aux ondes psychiques que ces petits êtres projetaient, même de lourds blindés avec leurs champs de confinement de classe douze étaient taillés en pièces.

 

Soudain, ils entendirent un nouveau bruit devant eux. Cette fois, le grognement était proche. Ils éteignirent en hâte les lumières dégagées par leurs bracelets holographiques et leurs armes. Nathalia, Ernezo et Boomer activèrent leurs senseurs et leurs capteurs nocturnes. Plus personne ne fit un geste. Tout le monde appréhendait ce qui allait suivre dans une obscurité absolue. Les trois sergents se mirent en position de tir en travers du petit corridor et activèrent discrètement leurs boucliers cinétiques. Ils avaient vu un groupe d'adultes infectés en train de traverser l'embranchement juste devant eux. Pas le moindre signe d'un enfant avec excroissance. C'était une bonne chose. Ils espéraient à présent que certains de ces infectés ne viendraient pas dans leur direction.

 

Vingt secondes passèrent dans une attente insupportable. Puis trente. Ces anciens êtres humains défilèrent toujours en face d'eux sans changer de direction. Dans ce noir absolu, le groupe de Dolessius n'avait pas encore été repéré.

 

Tout d'un coup, une partie des infectés bifurquèrent rapidement et convergèrent d'un seul corps vers les hanatiens. Les militaires rallumèrent les lumières et firent crépiter leurs armes d'assaut. Le capitaine du Véziria déploya son incroyable fusil polyvalent et tira des charges énergétiques à haute vélocité. Titus et Titania avaient rapidement dégainé leurs pistolets mitrailleurs à shurikens et déchargèrent des milliers de petites étoiles de titane à cinq kilomètres par seconde. Les différents projectiles et lasers à faisceaux cohérents transformèrent la foule qui se précipitaient vers eux en bouillie informe avec pour tout grumeaux quelques membres encore palpitants.

 

La fusillade dura moins d'une vingtaine de secondes. Les murs du corridor avaient partiellement fondu et menaçaient de s'effondrer à tout moment. La poussière des impacts commença à se disperser.

          -  Il ne faut pas rester là, avertit Nathalia. Ce boucan va rameuter tous les infectés de la zone.

 

Comme pour confirmer ses dires, de nombreux cris se rapprochaient à grande vitesse. Les hanatiens accélérèrent leurs pas. Ils devaient à tout prix éviter de se faire encercler. Gardant leurs lumières actives, ils évitaient avec agilité les corps et les gravats qu'ils ne manquaient pas de rencontrer.

          -  La zone agricole est juste devant nous. Il va falloir sortir de ce bâtiment et se précipiter au couloir C-8 juste après, annonça Dolessius.

          -  Sauf que nous n'avons plus la discrétion avec nous... ironisa Ernezo.

 

Ils courraient à en perdre haleine. Ils sortirent de la structure en polymères ultra-résistants avec appréhension. Une grande allée s'étendait devant eux à la lumière de leurs bracelets holographiques et de leurs armes. Elle joignait les différents bâtiments résidentielles et l'espace vert entre eux. Sur leur droite, elle tournait sur une large porte pare-feu dans la paroi rocheuse recouverte de permabéton de la loge troglodytique. C'était le chemin qu'ils devaient prendre. Les bruits derrière eux indiquaient que leurs poursuivants n'étaient plus très loin.

 

Ils s'engagèrent en vitesse sur l'allée. Dolessius fit alors vote face et tira une charge explosive sur la porte d'où il venait. La déflagration dévasta une bonne partie du rez de chaussée du bâtiment, bloquant tout passage vers l'extérieur. Satisfait, il rattrapa ses compatriotes à grandes enjambés.

 

Le groupe parvint à la supra-porte en moins d'une minute, après un sprint mémorable. Titus eut brusquement une sensation désagréable. Alors que ses compagnons d'armes franchissaient le passage, il se retourna lentement. Depuis l'espace vert, deux yeux flamboyants le clouaient sur place. Il ne pouvait pas discerner à qui ils appartenaient. Mais il en était certain. C'était un enfant biotique. Son adversaire était encore trop loin pour lui envoyer une onde meurtrière mais son regard  implacable le remplit d'effroi. Titus était incapable de faire le moindre geste. Il était comme hypnotisé.

 

L'ayant remarqué, Dolessius le tira par le bras et le traîna de force dans le passage. Une fois la supra-porte franchie, Titania entreprit de la refermer manuellement. L'entreprise ne dura qu'une dizaine de secondes. Dés que l'accès fut refermé, le groupe poussa un long soupir de soulagement.

 

************

 

Pendant ce temps, à la surface de la mégalopole...

 

Je ne reconnais plus la cité. Plusieurs de ses buildings ont perdu les trois quart de leur hauteur. Ses rues et ses avenues me sont devenues méconnaissables. En levant la tête, je m'aperçois qu'aucun aéronef ne parcourt ce ciel habituellement saturé. Et surtout, quel spectacle...

 

Des cadavres. Des corps partout. En entier comme en pièces détachées. Enfoirés de Spatiaux. Combien de personnes ont-elles payé le prix ultime aujourd'hui pour satisfaire leur soif de pouvoir ?

 

Dans une lueur dorée due au soleil couchant, je parcours les anciennes galeries commerçantes aux côtés de mon supérieur gaïacien, les yeux horrifiés. Après avoir récupéré son astronef à deux heures de marche de notre précédant lieux de rendez-vous dans la mer des Hautes Herbes, nous nous sommes hâtés de rejoindre l'épicentre des mutations nano-génétiques. Nous espérons mettre au point une contre-mesure des nano-biomachines.

 

Sur certains cadavres d'enfants, je tente de récupérer quelques agents infectieux. Mais ils sont tous inactifs. Pour pouvoir élaborer un techno-vaccin, il nous faut à tout prix des nano-biomachines de souche encore actives. L'entreprise s'annonce périlleuse. Seuls les enfants biotiques  en possèdent au sein de leur excroissance qui part de la base de leur tête. Et, à priori, ils doivent être encore vivants si je veux m'en procurer... Quel merdier !

 

La seconde option pour en récolter consiste à capturer ou à tuer l'archange responsable de leur dissémination puis d'effectuer un prélèvement directement sur lui. Autant dire mission impossible.

 

Brusquement, nous entendons des détonations lointaines. A deux kilomètres de là, l'armée aquatienne, soutenue par des tirs orbitaux localisés, est toujours prise à parti par les infectés. Sans baisser notre garde, nous reprenons notre exploration minutieuse des lieux lorsque, subitement, Andréas Hermite m’apostrophe :

          -  Sergent, on a un problème... Mei vient de m'avertir que les spatiaux envoient un détachement sur notre position. Elle est toujours engagée dans un duel avec l'archange. Malgré tout, il semble s'approcher lui aussi de la région.

          -  C'est génial comme nouvelles, superviseur, lui répondis-je d'un ton las.

 

Sans répliquer à ma remarque ironique, le gaïacien déploie son arme lourde et la pointe en direction du ciel. Il tire un premier projectile : un brouilleur quantique. Avec ça, ils ne pourront plus nous localiser ni utiliser leur aide à la visée holographique. Seulement, nous ne pourrons plus nous servir également de ces systèmes bien pratiques...

 

Peu après le lancement, nous nous mettons à couvert. Une vingtaine de minute plus tard, un vaisseau de descente tente de se poser dans notre secteur. Il a activé son système de camouflage mais le brouilleur l'a rendu inefficace. Au vu de sa structure, c'est un navire spatien. Sans autre forme de procès, Hermite tire avec la même arme lourde un projectile phasique. Celui-ci traverse sans difficulté la barrière cinétique de l'astronef avant d'entamer son blindage et d'exploser.

 

L'onde de choc provoque un nuage de poussière qui nous rend presque aveugles. Lorsque cette purée se disperse, le vaisseau s'est écrasé à près de trois cent mètres de notre position. Une dizaine de gugusses en armure de combat sortent péniblement de l'épave. Je me mets en position, déployant mon fusil polyvalent. Même à vue, je n'aurai aucun mal à en tuer la moitié avant qu'ils ne réagissent.

 

D'un commun accord, Hermite et moi ouvrons le feu. Six d'entre eux périssent dés les trois premières secondes de la fusillade. Les autres répliquent avec des tirs plasmatiques.

          -  Ah non, tu ne vas pas cracher ta merde voilette sur moi ! criai-je à tue-tête.

 

Mon superviseur recharge son arme lourde en prenant son temps. Il compte envoyer une mini-décharge cyclonique portative. Avec ça, toute la zone dans un rayon de soixante mètres autour du point d'impact sera annihilé. Pendant ce temps, je le couvre du mieux que je peux. Ces spatiaux, même sans leur aide technologique, ne visent pas trop mal.

          -  Surtout, prenez vôt' temps, lui dis-je en hurlant pour surmonter le capharnaüm environnant.

 

Finalement, sans un mot, il se met en position et lance son pruneau sur nos adversaire. L'explosion qui en résulte nous force à nous couvrir les yeux de nos mains et à nous protéger de l'onde de choc.

 

Lorsque nous relevons la tête, toute trace de leur passage a disparu. Nous pouvons désormais poursuivre nos opérations jusqu'à l'arrivée de l'archange.

 

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Très bonne suite !

 

Il s'en passe des choses dans ce chapitre.

 

J'ai adoré les passages dans les souterrains de la mégalopole, la tension, la peur, la terreur, tout y était. De plus avec ton incroyable talent à décrire les lieux, ce fut encore plus saisissant 8).

 

C'est vraiment l'apocalypse à la mégalopole, on est passé à une paix paisible, à la mort et au désespoir. Ces infectés donnent du fil à retordre à notre équipe.

 

Je me demande si, ils s'en sortiront tous...il aura un mort parmi mais qui ? Et cet Archange que va t'elle encore dévoilé ?

 

J'attends la suite.

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  • 2 weeks later...

Chapitre VI : Entre aquatiens, spatiens et infectés biotiques...

 

          -  J'ai verrouillé la porte, annonça la technocybride.

          -  Vous êtes sûre qu'ils ne pourront pas la franchir ? L'interrogea le jeune Ernezo.

          -  Ce secteur est encore alimenté en énergie. Les fermetures fonctionnent. Personne ne pourra passer par ici, à moins de disposer de charges plasmatiques. Je ne pense pas que l'enfant biotique qui nous poursuit dispose d'une telle puissance de feu, expliqua-t-elle.

 

Titus, quant à lui, était toujours légèrement paralysé. Il se remettait progressivement de l'attaque mentale perpétrée contre lui. Dolessius, qui l'avait quasiment porté sur ses épaules, l'avait posé contre le mur en permabéton une fois le passage franchi.

 

A présent, il s'était éloigné du groupe d'une dizaine de mètres. Les lumières plasmiques de cette zone agricole étaient toujours en état de marche et il lui avait fallu une vingtaine de secondes pour se réhabituer à leur lueur aveuglante. Devant lui s'étendaient plusieurs kilomètres carrés de surfaces cultivables. Pourtant, les fruits, légumes et salades qui poussaient ici n'enfonçaient pas leurs racines dans la terre. Ils puisaient leurs besoins dans une solution saline leur fournissant tous les minéraux et oligoéléments nécessaires à leur pleine croissance. Par ailleurs, leurs gènes avaient été modifiés pour qu'ils puissent être récoltés quatre jours après avoir été plantés. Grâce à cela, ces cultures très diversifiées nourrissaient l'importante population d'Esthéria. Des cyber-robots à huit bras pliables dotés de noyaux positroniques assuraient la maintenance des plantations. Ils se déplaçaient sur le plafond grâce à un réseau de monorails complexe. Malgré le grabuge extérieur, ils poursuivaient leurs tâches quotidiennes.

 

Dolessius explora les premières rangées de tomates et de salades juste devant lui. Il pouvait se déplacer entre toutes ces plantes grâce à des passerelles qui permettaient aux humains de circuler au dessus des solutions salines. Il espérait au plus profond de son cœur qu'aucun infecté n'était parvenu jusqu'ici. Cependant, la porte était ouverte...

 

Soudain, il aperçut plusieurs corps devant lui. Certains d'entre eux étaient clairement infectés. D'autres non. Tous avaient été abattus sans distinction. Des milliers de shurikens les avaient haché-menu. Il retourna en vitesse auprès de ses compatriotes hanatiens.

 

          -  Nathalia, Ernezo, Boomer, leur dit-il. Activez immédiatement vos brouilleurs de positionnement et des aides à la visée.

          -  Vous avez vu quelque chose, mon capitaine ? Lui demanda Ernezo

          -  Je n'en suis pas sûr... Et je préférerais avoir tord, répliqua le commandant du Véziria.

 

Entre temps, Titus s'était levé péniblement. Un marteau lui tambourinait le crâne. Il avait suivi de loin la conversation et n'avait d'ailleurs pas saisi tous les mots prononcés. Il détourna la tête en direction d'une passerelle qui se prolongeait sur plusieurs centaines de mètres entre une rangée de tomates et une rangée de pousses d'abricots. Tout au bout de cette allée, il vit une silhouette. Elle était seule mais se dirigeait vers lui à pas lent. Il plissa les yeux pour mieux la voir.

 

C'était un androïde de sécurité. La machine pointait une arme sur lui. Un paralyseur ? Non, trop petit. Un immobilisateur neural ? Non, toujours trop petit. Ces machines ne portaient en général que des armes non létales. Mais Titus écarquilla les yeux lorsqu'il reconnut enfin le modèle. Le robot le visait avec une petite mitraillette à shurikens.

 

Dés qu'il tenta de s'écarter pour se mettre hors de vue, l'androïde fit feu. Des milliers d'étoiles de titane sifflèrent aux oreilles du sociologue. A plus de cent cinquante mètres, cette arme n'était pas précise. Malgré cela, quelques projectiles se fichèrent dans son bras gauche, sa jambe droite et son torse. Le néo-historien tomba lourdement sur le sol, surpris par une douleur si aigu et si intense qu'il ne pouvait même plus penser. L'immense majorité des shurikens trouèrent le mur derrière lui dans un fracas métallique.

 

Dolessius fut le premier à réagir. En un éclair, il déploya son fusil polyvalent, fit une roulade au devant de son ami blessé, se mit en position en étant allongé et tira un faisceau laser à rayon cohérent hautement énergétique sans utiliser son système de visé. L'androïde s'écroula : sa moitié supérieure avait fondu comme neige au soleil.

 

Juste après, Titania se précipita aux côtés du blessé. Le jeune sociologue, à moitié conscient, marmonnait des choses incompréhensible. Il perdait beaucoup de sang. Les larmes aux yeux, la technocybride déploya son médipac d'urgence. Des nanites recouvrirent les blessures du néo-historien et arrêtèrent les hémorragies tant bien que mal. Les étoiles de titane avaient pénétré profondément dans les membres du blessé, déchirant la chair et les muscles. L'I. A. du médipac lui fit plusieurs injections mais recommanda de le placer de toute urgence dans un caisson chirurgical.

 

          -  On est super mal, s'affola Titania.

          -  Il n'y a pas de cyberchirurgien dans ce secteur ? Demanda Ernezo.

          -  C'est une zone agricole. On peut seulement espérer qu'il y ait des médipacs accrochés aux murs. Normalement, très peu d'humains circulent ici, lui répondit Nathalia.

          -  Où est ce qu'on peut en trouver un, alors ? S'écria la technocybride d'une voix complètement paniquée.

          -  Dans la prochaine zone résidentielle, le secteur 28-B-14, l'informa Dolessius. Il faut espérer qu'elle soit toujours alimentée en énergie...

 

Titania se retourna vers le sociologue. Elle lui prit la main avec attention.

          -  Titus, tu m'entends ? Je ne te laisserai pas mourir aujourd'hui. Accroche toi. Je ne veux pas perdre la même semaine mon fiancé et un de mes meilleurs amis.

 

Mais traverser une zone hostile avec un blessé compliquait passablement les choses.

          -  Bon sang, pourquoi les systèmes de sécurité font-ils feu sur des humains ? Ça ne s'est jamais vu ! Explosa le sergent Boomer.

          -  Je crois avoir une explication. Mais je n'ai aucune preuve de ce que j'avance, lui répondit le capitaine.

 

Il marqua un silence, regarda un moment dans le vague, puis reprit :

          -  Vous savez que dans les zones agricoles, l'I. A. qui gère la sécurité s'occupe également de la surveillance biologique des plantations. En d'autres termes, c'est le même réseau positronique qui dirige les méchas et androïdes de sécurité et qui a pour tâche d'éliminer tout agent pathogène pouvant détruire les plantations. En temps normal, des dispositifs de sûreté l'empêche de mener toute action à l'encontre des êtres humains... Mais les infectés ont peut-être changé la donne.

          -  Bref, on est dans la merde, renchérit Ernezo.

          -  J'espère encore que je me trompe. Les androïdes peuvent être facilement mis hors service... Mais les méchas, c'est une autre histoire.

 

Ces lourds automates blindés disposaient de puissants champs de confinement. Leurs barrières cinétiques étaient difficilement pénétrables. Quant à leur armement, ils disposaient de puissants fuseurs plasmatiques, de turbolasers à faisceaux cohérents et de canons d'assaut gaussiens à très haute cadence.  Ils sont activés uniquement lors de situations d'urgence. Contrôlés par l'I. A., ils sont difficilement piratables à distance. Dolessius était certain que le réseau positronique les  avait déployé. Face à de tels mastodontes, même avec les brouilleurs de visée, la bataille serait très risquée. Les hanatiens devaient donc à tout prix les éviter.

 

Titus avait à présent perdu conscience. Les soins de fortune avaient stabilisé son état. Pour cinq heures seulement. Au delà, les chances de survie du sociologue se réduiraient considérablement. Il fallait le placer dans un caisson dans les plus brefs délais.

 

Les membres du groupe se mirent à l’œuvre. Ils fabriquèrent un brancard relativement confortable avec les branches et les feuilles des pousses environnantes. Le néo-historien y fut placé très précautionneusement. Enfin, Titania et Boomer jouèrent le rôle de porteurs.

 

D'un murmure, Dolessius ordonna :

          -  Nathalia et Ernezo, partez en éclaireurs. Vous possédez des armures de combat avec une puissante barrière cinétique. Vous devriez peu craindre les shurikens.

          -  En supposant que ces androïdes n'aient que des armes de ce type, avertit la jeune militaire.

          -  C'est vrai, répondit le capitaine, mais on ne pourra pas se défendre convenablement si on tombe dans une embuscade alors que nous transportons un blessé. Si jamais vous avez un contact, j'accourrai aussitôt.

          -  Mais, mon commandant, vous ne disposez d'aucune protection, remarqua Ernezo.

 

Dolessius sourit. Il sortit d'une de ses poches une petite boule cybernétique. C'était un générateur de champs. Grâce à cela, il pouvait réaliser un champs de confinement de classe douze en forme de demi-sphère autour de lui. Quasiment impénétrable avec des armes portatives. En revanche, si le capitaine souhaitait riposter ou tirer, il devait impérativement le désactiver.

 

          -  Il va falloir jouer serré dans cette zone, commenta le capitaine du Véziria. Mais j'ai confiance en vos capacités. Nous nous en sortirons, vous verrez !

 

A peine eut-il fini de prononcer ces paroles que le groupe fut la cible d'une pluie mortelle de projectiles gaussiens.

 

***********

 

Ça n'en finira jamais. Entre les vagues d'infectés et les spatiens plongeurs, Hermite et moi n'avons eu d'autres choix que de nous retrancher dans les débris d'un ancien building. Notre emplacement est devenue une place forte improvisée.

 

Toutes les dix minutes, un commando de technocybrides et de cyborgs effectue un saut spatial, sans se faire repérer par les capteurs des vaisseaux Abh en orbite. Malgré nos brouilleurs, ils n'ont eu aucune difficulté à nous retrouver dans les ruines de la mégalopole. Cela dit, ils ne peuvent pas non plus utiliser leurs aides à la visée ni leurs missiles phasiques téléguidés. Du coup, ils arrosent copieusement notre position. Tirs de plasmas, faisceaux lasers cohérents, balles magnétiques à haute célérité. Nous ne pouvons pas mettre à découvert ne serait-ce qu'un petit doigt. Leur nombre ne cesse d'augmenter.

 

          -  On est dans de beaux draps, superviseur, commentai-je. Très réussie, notre mission.

          -  Oui...

 

Nous nous entendons à peine. A chaque seconde qui passe, des piles de gravats se transforment en boules de magmas ou sont réduites en poussières. En plus, ce foutu archange se rapproche d'ici.

 

De temps à autre, Hermite tire une charge explosive à l'aveuglette, stoppant net les tirs à notre encontre. Mais ceux-ci redoublent quelques temps après.

 

          -  Pourquoi est-ce qu'ils ne scorifient pas la zone, s'ils savent que nous sommes là ? Demandai-je.

          -  Je n'en sais trop rien... Ils veulent sans doute éviter que leurs vaisseaux en orbite soient repérer. Ils ne semblent pas souhaiter engager un nouveau combat spatial avec les Abh, me précise mon supérieur gaïacien.

 

Tout à coup, une déflagration nous force à nous enfoncer plus profondément dans les ruines.

          -  Voilà qu'ils nous envoient leurs pruneaux, maintenant... commenta Hermite.

 

Pourtant, peu après, les tirs cessent. Je regarde mon supérieur d'un air inquiet. Ils vont sans doute lancer un assaut. Tenant fermement mon fusil polyvalent, je surveille le seul accès à notre emplacement. Les secondes défilent lentement, mais aucun fantassin ne vient à notre rencontre.

          -  Écoutez, Will, écoutez donc ! me lance Hermite.

 

En tendant l'oreille, je distingue en effet des cris de surprise et des tirs plus lointains que tout à l'heure. Prudemment, mon superviseur et moi regagnons notre première position, d'où nous avons un visuel sur une ancienne avenue désormais dévastée.

 

En jetant discrètement un coup d’œil, je retiens un cri de surprise : il n'y a aucun spatien aux alentours de notre place forte. Je porte mon regard le long de l'avenue, en direction des bruits de combat qui s'éloignent de plus en plus. Le spectacle qui s'offre alors à moi faillit me déséquilibrer.

 

Les spatiens sont toujours dans la région. Seulement, ils sont pris à parti par une trentaines d'enfants biotiques. Même s'ils disposent de balles psioniques pouvant facilement traverser les boucliers biotiques de ces petits êtres, ils restent sensibles à leurs attaques. Face à cette menace létale des balles psioniques, les petits infectés ont développé une parade : ils se cachent derrière des montagnes de gravats qu'ils forment grâce à leurs nouveaux pouvoirs psychiques. Leurs ondes bleutées supersoniques font de nombreuses victimes parmi leurs adversaires. Les spatiens sont repoussés petit à petit. Ils sont obligés de détruire les protections physiques des enfants en tirant des charges explosives avant de cribler leurs petites cibles de balles psioniques.

 

Les idiots, ils n'avaient pas prévu d'intervenir directement sur la planète... Et maintenant, ils se font attaquer par leurs propres créations. C'est d'une bêtise sans nom...

 

          -  Vite, profitons-en pour filer en douce ! Informai-je Hermite.

 

Rapidement, nous quittons notre ancienne place forte. Courant dans la direction opposée, nous sommes vite hors de vue du massacre qui se déroule à l'autre bout de l'avenue. Nous prenons alors une petite ruelle, sur la gauche, à vive allure.

 

**********

 

Les balles magnétiques ricochèrent contre le champs de confinement verdâtre que Dolessius avait déployé à la hâte. Celui-ci était suffisamment étendu pour englober tout le groupe. Les milliers de projectiles n'en finirent pas de crépiter. Un canon d'assaut crachait sa pluie mortelle sans discontinuer, clouant sur place les hanatiens.

 

Ernezo leva la tête. A travers le bouclier cinétique, il aperçut l'énorme mastodonte qui les coinçait ainsi à deux cents mètres de là. Sous les tirs, certaines plantes furent hachés-menu. Des bouts de végétaux en tout genre commencèrent à emplir l'ensemble de la salle.

 

Le champ de confinement commença à montrer quelques signes de faiblesse. Les hanatiens n'en avaient plus pour très longtemps. Désemparés, les trois sergents cherchèrent du regard leur capitaine. Mais ils ne le trouvèrent nulle part. Seule la boule cybernétique était présente, pulsant comme une étoile à neutron au centre de la demi-sphère de protection.

 

Soudain, ils entendirent une forte détonation suivie d'une puissante déflagration. L'onde de choc arracha une bonne partie des plantes survivantes de la salle. Puis plus rien. Plusieurs lampes plasmiques furent détruites et le silence régna de nouveau dans les plantations. On entendait uniquement l'écoulement des solutions salines.

 

Rapidement, Ernezo désactiva la boule cybernétique.

          -  Capitaine ? Cria-t-il à tue-tête.

          -  Me voilà, me voilà ! lui répondit une voix à des dizaines de mètres de là.

 

Dolessius revenait avec prestance auprès de ses compatriotes. Il était en train de ranger son fusil personnalisé dont le canon principal fumait encore. Les cheveux ébouriffés par le souffle de l'explosion, il arborait un sourire de satisfaction. Nathalia l'observait avec étonnement.

          -  C'est donc ça la puissance du tir anti-véhicule de votre arme, commenta-t-elle avec respect

          -  Eh oui, répliqua le capitaine du Véziria avec fierté. Seulement, je n'ai plus que deux tirs en réserve. Visiblement, même un mécha ne peut y résister...

          -  Et maintenant, mon commandant ? Demanda brusquement Boomer.

          -  On ferait mieux de se dépêcher. D'autres automates ne vont pas tarder à rappliquer.

 

Titania avait suivit l'échange, bouche bée. Elle n'avait pas l'habitude des opérations militaires sur le terrain. Alors que les trois sergents avaient visiblement repris leurs esprits, elle regardait toujours dans le vague, suite au choc de la confrontation.

          -  Titania, il faut reprendre Titus, lui rappela Boomer. On n'est plus très loin de notre objectif.

          -  Oui, je... commença-t-elle.

          -  Ça va aller ?

          -  Oui, j'ai juste eu un petit moment d'égarement. Mais je vais bien. On va sauver notre sociologue.

 

A une allure rapide, le groupe se remit en marche. Traversant les plantations dévastées par l'escarmouche précédente, ils se retrouvèrent au devant du mur en permabéton gauche de la pièce, une dizaine de minutes plus tard. Une supra-porte leur faisait face. Elle était visiblement fermée, signe que la zone suivante était toujours alimentée en énergie.

 

          -  Où ce passage mène-t-il ? Demanda Ernezo.

          -  Si j'en crois mon plan holographique, le secteur 28-B-14 se trouve juste derrière, lui répondit Dolessius. Encore faut-il pouvoir forcer cette supra-porte. Elle ne s'ouvre pas malgré mes sollicitations. Elle a du être verrouillée.

          -  Dans ce cas, laissez moi faire, mon capitaine ! Déclara la technocybride.

 

Avec mille précautions, Boomer et Titania déposèrent le néo-historien. Puis la jeune femme déploya ses câbles cybernétiques qu'elle relia au panneau de contrôle de la porte. Trente secondes plus tard, les hanatiens entendirent des déclics et la supra-porte s'ouvrit, leur faisant découvrir un large corridor faiblement éclairé par des hologrammes défaillants.

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Chapitre toujours sous tension 8).

 

L'action, et le suspense sont toujours au rendez-vous. Notre team Dolessius ont pu trouvé un calme durant quelques secondes dans l'enceinte de plantation, enfin sauf pour Titus décidément il est malchanceux. Heureusement qu'on lui a donné les premiers soins.

 

Du côté de Hermit et Will  ce n'est pas mieux, je sens que les deux groupes vont pas tarder à se rencontrer, mais quand ?

 

Dolessius me plait énormément, il a vraiment tout d'un chef et son arme est incroyablement puissante, je comprends qu'il en soit fière 8).

Je ne sais pas ce qui les attends par la suite, mais ça sera pas la joie.

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Chapitre VII : In memoriam

 

Dolessius s'engagea en premier dans ce couloir menant au secteur 28-B-14. Des monceaux d'holo-papiers couvraient presque intégralement le sol. Des hologrammes publicitaires illuminaient l'allée de leur faible lueur. On pouvait y voir un homme qui pleurait : il semblait abattu de ne plus pouvoir manger de chocolat. Juste au dessus de la scène trônait en lettres illuminées : « Si vous n'avez pas de chocolat Nonka, n'en faites donc pas tout un plat ! ». Le capitaine du Véziria sourit. Décidément, qu'on soit publicitaire sur un monde ou sur un autre, on a toujours tendance à privilégier un humour douteux.

 

Il continua sa progression à pas lent dans le corridor. Le reste du groupe le suivit de près, aux aguets.

          -  Titania, ordonna le commandant hanatien, veuillez refermer la supra-porte. On ne sait jamais ce qui pourrait nous poursuivre.

 

Alors que la technocybride s'employait à condamner de nouveau le passage, Dolessius prit un peu d'avance sur ses compatriotes. Il observa avec attention le corridor qu'ils allaient emprunter. De part et d'autre de l'allée, des magasins aux vitrines brisées débordaient toujours de produits en tout genre. Mais ces biens de consommation étaient désormais étalés sur le sol. D'importantes perforations dans les murs et le plafond témoignaient de violents affrontements. Des corps, ici et là, avaient été charcutés par des armes énergétiques.

 

L'homme poursuivit son exploration. Les lieux paraissaient être abandonnés depuis plus d'un jour. Hormis les crissements constants des hologrammes mourants de la galerie, Dolessius ne perçut aucun bruit. Comme la faible lumière des publicités ne couvraient pas l'ensemble de l'allée, celle-ci se perdait dans les ténèbres.

 

La capitaine s'arrêta net. Il n'aimait vraiment pas cet endroit. On y respirait la terreur et la mort. Il regarda une énième fois son plan holographique. Oui. Le groupe était bien dans le secteur 28-B-14. Aucune erreur possible.

          -  Nathalia..., commença-t-il

          -  Je sais, mon capitaine, coupa la militaire.

 

La jeune femme s'avança. Son fusil d'assaut déployé, elle activa son système de camouflage optique. En une seconde, elle disparut de la vue de ses compatriotes. Seul le bruit de ses pas trahissait sa présence. Avec mille précautions, elle pénétra dans la partie obscure du corridor, bien décidée à ne pas se laisser surprendre. Ses senseurs biométriques la préviendraient de tout mouvement suspect aux alentours.

 

En quelques minutes, elle atteignit le bout de la galerie. Elle n'avait détecté aucune menace à proximité. Entre temps, Titania termina de condamner la supra-porte. Nathalia remarqua un fait étrange : les lumières plasmiques étaient éteintes, plongeant toute la loge troglodytique dans un noir quasi-absolu. Pourtant, l'énergie alimentait encore ce secteur.

 

Et merde se dit-elle.

Elle n'avait aucune idée des dimensions de la loge. Elle se demandait si elle devait prolonger son exploration à pieds ou envoyer ses sphère-drones. Tout dépendait de la taille du site.

          -  Capitaine ?, appela-t-elle par transmission holographique. Vous avez une idée de l'étendue de la zone ?

          -  Le secteur 28-B-14 est une des zones résidentielles les plus importantes d'Esthéria. Cent vingt kilomètres carrés pour une hauteur de trois cents mètres.

          -  C'est une blague ? Répliqua la jeune femme.

          -  Malheureusement non... On va devoir chercher dans ce quartier chic nos survivants, s'ils sont toujours là, et un caisson chirurgical pour notre camarade.

 

Sans rajouter un mot, Nathalia envoya ses sphère-drones explorateurs. Ces petites boules d'un diamètre de vingt centimètres voltigèrent dans les airs avant de commencer leur analyse des lieux. Grâce à leurs lasers, ils débutèrent la modélisation de la loge, repérant la moindre de ses aspérités et partageant leurs informations entre eux. Rapidement, ils s'éloignèrent de la jeune militaire à une vitesse de trente mètres par seconde.

 

En attendant qu'ils eurent terminé leur excursion, les hanatiens se regroupèrent à la position de Nathalia.

          -  Comment se porte Titus ? Se renseigna le capitaine

          -  Son état n'a pas empiré, lui répondit la technocybride. Il est toujours inconscient.

          -  Vous pouvez vous connecter à un panneau de contrôle pour repérer les caissons chirurgicaux en état de marche qui sont le plus proche d'ici ?

          -  Bien sûr, mon capitaine.

 

Après avoir délicatement déposé le brancard du néo-historien, Titania se précipita à l'ordinateur publique le plus proche. Déployant de nouveau ses câbles cybernétiques, elle repéra en quelques secondes le cyberchirurgien le plus près encore en état de marche. Alors qu'elle était encore connectée, la technocybride tourna la tête vers Titus avec tristesse.

          -  Qu'y a-t-il ? Demanda Dolessius

          -  Huit kilomètres... Les seuls caissons qui fonctionnent encore se trouvent à huit kilomètres au nord-ouest de notre emplacement... lui répondit Titania d'une voix tremblotante

          -  Mon Dieu, ça fait une sacré trotte, commenta Ernezo.

          -  Sergent, lui reprocha Nathalia en fronçant les sourcils.

          -  Désolé...

          -  Et pouvez vous localiser les survivants de la zone, s'il y en a toujours ? Rajouta le capitaine.

          -  Oui, ils se sont regroupés dans l'hôpital où sont localisés les cyberchirurgiens encore actifs, déclara la technocybride.

          -  Bien ! Nous allons faire d'une pierre deux coups, annonça Dolessius. Mais le temps nous est compté. N'attendons pas le retour des sphère-drones et mettons nous en route tout de suite.

          -  Compris, commandant, répliqua Boomer.

          -  Euh, poursuivit Titania, dois-je rétablir les lumières plasmiques ?

 

Le capitaine réfléchit quelques secondes avant de répondre :

          -  Non, ne le faites pas. Grâce à l'obscurité, nos mouvements seront dissimulés aux infectés de la zone. Avec un peu de chance, nous pourrons rejoindre l'hôpital et les survivants sans nous faire remarquer.

          -  Avec beaucoup de chance... renchérit Ernezo.

 

Le groupe se remit en route. Le brancard de Titus et ses porteurs prenaient la place du milieux. Dolessius et Ernezo ouvraient la marche et Nathalia surveillait leurs arrières. De peur d'être repérés, ils n'allumèrent pas les lumières de leurs bracelets holographiques et de leurs armes. Leur route était éclairé par la faible lueur des hologrammes publicitaires. Certaines zones étaient en revanche plongées dans un noir absolu et ils devaient les traverser en tâtonnant.

 

Durant deux heures harassantes, le groupe progressa péniblement dans les décombres, évitant les tas de gravats et les cadavres humains autant que possible. Ils faisaient le moins de bruit possible, n'échangeant aucune parole de peur d'être repérés. Petit à petit, ils se rapprochaient de l'hôpital du secteur.

 

Il leur restait neuf cent mètres à parcourir lorsqu'une terrible explosion les fit sursauter. L'éclat qui en résulta fut si intense qu'ils purent observer durant près de deux secondes l'ensemble de la loge troglodytique. La Grand Place positionnée juste devant le centre hospitalier venait d'être transformée en un immense cratère.

 

Ébranlé, Ernezo demanda :

          -  Bon sang, mais qu'est ce qu'il s'est pa...

 

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Une immense clameur, semblant remonter des profondeurs des enfers, couvrit entièrement sa voix. Des centaines, non, des milliers d'infectés étaient en train de prendre d'assaut l'hôpital. La première déflagration avait réduit d'un bon quart leur nombre.

 

Même à plus de neuf cents mètres, les hanatiens purent percevoir sans difficulté les bruits du combat qui venait de commencer. Les deux escouades aquatiennes tentaient une fois de plus de repousser les vagues des infectés. Barricadés dans le centre hospitalier, ils arrosaient copieusement leurs adversaires depuis les hauteurs avec toute sorte d'armes portatives.

 

Avec leurs systèmes d'aide à la visée, les trois sergents purent parfaitement observer le déroulement de l'escarmouche. Vraisemblablement, les aquatiens étaient au bout du rouleau et leurs escouades avaient subi de lourdes pertes. En y regardant plus en détail, Ernezo remarqua qu'un enfant biotique leur envoyait des débris de plusieurs dizaines de tonnes grâce à ses capacités télékinétiques.

 

Sans réfléchir, le jeune sergent déploya son arme lourde et se mit en position de tir.

          -  Ernezo, non ! Lui cria Dolessius.

 

Trop tard. La roquette R-2 partit avec un sifflement strident. Elle atteignit en un clin d’œil le petit être à l'excroissance pulsante. L'éclat de la détonation força les hanatiens à détourner le regard l'espace d'une seconde de la scène. Lorsque la lueur fut moins violente, ils reprirent leurs observations.

 

Le nuage de poussière les empêchait de voir quoique ce soit. Plus un bruit ne leur parvenait depuis l'ancienne Grand Place. Soudain, ils entendirent un sifflement suraigu qui se rapprochait de plus en plus, venant des hauteurs. Les hanatiens se regardèrent, ahuris. Puis Dolessius envoya un faisceau large et puissant vers le plafond de la loge troglodytique via son bracelet holographique. Quelque chose de gros, de très gros, venait sur eux.

 

Un wagon ? Se dit Ernezo.

Ce fut sa dernière pensée. L'énorme carcasse s'écrasa à sur lui dans un fracas épouvantable. L'onde de choc projeta ses compatriotes à terre. Fort heureusement, leurs champs de confinement les protégèrent des débris de métal et de néo-polymère. Titus émit un grognement plaintif lorsqu'il heurta le sol, éjecté hors son brancard.

 

Nathalia fut la première à redresser la tête.

          -  Ernezo !! cria-t-elle avec la force du désespoir.

          -  Dispersion ! Ordonna abruptement Dolessius.

 

D'autres projectiles de quelques dizaines de tonnes étaient lancés vers eux. L'infecté lilliputien souhaitait leur laisser aucune chance, même à cette distance considérable. Les hanatiens se mirent à couverts tant bien que mal. Titania traîna le sociologue du mieux qu'elle put. Boomer et Nathalia prirent position sur des hauteurs avant de déployer leurs armes lourdes. Le capitaine du Véziria, quant à lui, fut introuvable.

 

Le bombardement de débris en tout genre provoqua un tel vacarme que même un sourd en aurait pu ressentir les ondes sonores. Et il n'en finissait pas. Les deux sergents hanatiens survivants firent alors feu de toute pièce sur l'enfant biotique. Même si leur pluie mortelle n'atteignait pas sa cible, protégée par un champ psychique, elle eut au moins le mérite d'arrêter la projection des débris. En effet, la concentration du petit infecté était brisée.

 

Entre temps, les aquatiens tiraient de nouveau sur la foule d'infectés adultes, réduisant un peu plus leur nombre. Sans l'appuie du petit être, ceux-ci étaient incapables de briser les défenses de fortune des survivants. Nathalia, folle de rage, ne laissait aucun répit à l'enfant. Grâce à son support technologique, elle était capable de détruire un objectif à plus de dix kilomètres d'elle.

 

Les minutes défilèrent. L'infecté à l'excroissance recevait une telle concentration de tirs qu'il était cloué sur place. Les adultes aux yeux rouges, quant à eux, reprirent l'assaut de plus belle.

 

Tout d'un coup, un tir de fuseur continu et bleuté toucha le plafond de la loge troglodytique, juste au dessus de l'enfant biotique. La chaleur dégagée par le faisceau plasmatique fit fondre le permabéton, entraînant un fantastique éboulement. Des milliers de tonnes de roches déferlèrent sur le petit être qui, malgré ses capacités, fut totalement submergé.

 

Dépourvu de leur soutien stratégique, les autres infectés s'enfuirent sans demander leur reste. Visiblement, la nano-contamination ne les empêchait pas d'élaborer des stratégies et de réfléchir. Nathalia et Boomer restèrent bouche bée face à la scène qui se déroulait devant elles. En quelques dizaines de secondes, les infectés n'étaient plus présents.

 

Dolessius, à cent vingt mètres de là, rengainait son arme polyvalente encore fumante. Il avait réussit à détruire une entité psychique. Mais sa victoire était d'un goût amer. Un de ses subordonnés les plus talentueux était mort. Comment allait-il affronter la peine de Nathalia ?

 

Merde ! Et Titus ? Il l'avait complètement oublié. Repliés dans un coin, Titania et le sociologue s'étaient protégés de l'enfer qui les avait environné. Et à présent, la technocybride tentait vainement de soigner les blessures rouvertes de son ami. L'état du néo-historien s'empirait de seconde en seconde.

 

Titus souffrait horriblement. Il avait l'impression que mille lames acérés lui transperçaient le corps. Il sentit son esprit s'en aller progressivement. Puis il sombra dans le néant...

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Le danger est toujours présent.

 

Ce coup ci le chapitre fut centré uniquement sur l'équipe de Dolessius et l'action fut encore plus belle et époustouflante. La scène avec les drones spheres m'a rappelé Prometheus.

 

Par contre je retiens que les atteints gardent une certaine intelligence, Ernezo a quand-même bien joué même si il a failli tuer Titus.

 

Bref j'attends la suite. Je suis sûr que tout se compliquera par la suite.

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Par contre je retiens que les atteints gardent une certaine intelligence, Ernezo a quand-même bien joué même si il a failli tuer Titus

 

Eh bien, pour le pauvre Ernezo, il ne pourra plus faire grand chose de toute façon. Je te rappelle qu'il s'est fait joliment écrabouillé par un wagon. Il aurait dû réfléchir avant d'attaquer l'enfant biotique (mais bon, c'était un personnage un peu impulsif ^^)

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Chapitre VIII : La jeune fille et la mort

 

Titus Solenius se retrouva plongé dans le quartier de son enfance sur Thunderia, un monde du centre de la Fédération de Hania. Il revit sa maison, relativement grande et spacieuse par rapport aux autres logements du secteur. Son père et ses trois frères plus âgés n'étaient quasiment jamais présents. Toujours à sillonner l'espace en tant que mécaniciens pour le compte de l'Agence Spatiale Militaire ou des compagnies privées. Il repensa aux bandes d'enfants déboussolés qui arpentaient les rues de la capitale planétaire. Ces miséreux venaient des bidonvilles tout proches qui se faisaient et se défaisaient au grès des vagues d'immigrants venant sur la planète en quête d'une vie meilleure. Les lois sur Thunderia étant des plus laxistes, les entreprises n'hésitaient pas à exploiter cette main d’œuvre bon marché et remplaçable. Le sociologue se souvint de son premier contact avec Paul Déretto, membre d'une famille nombreuse habitant un taudis aux alentours du spatioport. Il revit la scène comme s'il y était. Le petit Déretto jouait avec une frégate qu'il avait fabriqué avec des matériaux de récupération. Il restait un peu à l'écart des autres enfants, la tête visiblement dans les nuages. Cela avait intrigué Titus qui s'était approché de lui sans aucune appréhension et l'avait abordé. De cette rencontre était née une amitié qui a poussée les deux hommes à aller au bout de leurs rêves et de leurs convictions. Solenius était alors devenu l'un des étudiants les plus talentueux dans le domaine de la sociologie et de la néo-histoire. Déretto, quant à lui, fut pris à l'une des plus grandes écoles de mécanique de la capitale et devint un technocybride.

 

Tout d'un coup, les images se floutèrent. Le néo-historien émergea petit à petit de ses souvenirs. L'hypermorphine faisait toujours effet. Il avait l'impression de planer en haute atmosphère.

Qu'est ce qu'il m'arrive ? Pensa-t-il

 

Il ouvrit péniblement les yeux. Ses paupières pesaient des tonnes. Il fut aveuglé par la lueur des lampes qui se trouvaient juste au-dessus de lui. Pourtant, celles-ci n'émettaient qu'une lumière tamisée mais Solenius avait l'impression qu'il regardait de face une étoile de type G à moins d'une U.A. de distance. Il tenta de se lever. Ses jambes ne réagirent pas. Mais au bout de plusieurs minutes d'effort et de concentration, les membres de son corps se mirent à bouger.

 

Avec difficulté, il s’extrada de son lit et se traîna en direction de la porte en s'appuyant largement sur les murs de sa chambre. Il ne voyait quasiment rien. Tout était flou et aveuglant. Il renversa par inadvertance une petite table. Les objets qui étaient déposés dessus firent un bruit matte lorsqu'ils percutèrent le sol. Titus n'en prêta pas la moindre attention. Il continua son avancée en haletant lourdement. Le sociologue ne sentait pas la présence de vêtements sur sa peau. Mais dans l'état où il se trouvait, son sens du toucher n'était plus fonctionnel. Il pouvait aussi bien être nu qu'avoir sur lui une armure de combat. En revanche, sous l'effet des produits médicaux, son ouïe était devenue hypersensible. Lorsqu'il parvint au petit couloir, il entendit tout ce qu'il se passait à des dizaines de mètres de lui.

 

Il perçut alors des voix et alla dans leur direction, toujours en s'aidant des murs du corridor. A mi-parcours, il trébucha. N'ayant plus la force de se relever, il tendit l'oreille pour capter les paroles d'une conversation qui semblait animée. Il reconnut aussitôt la voix de Dolessius.

 

          -  … ici et ici. Ce sera risqué mais je ne vois pas d'autres alternatives.

          -  Risqué ? Le mot est faible ! Je vous rappelle que nous avons deux cents vingt six civils avec nous : des femmes, des enfants et des vieux, répliqua une voix que le néo-historien n'identifia pas.

          -  Si vous avez une meilleure idée pour tous nous faire sortir de ce merdier, 'faut pas vous gêner ! Riposta la voix féminine de Nathalia.

          -  Du calme, sergent, lui rappela le capitaine hanatien.

 

Titus entendit alors la porte s'actionner : le jeune femme venait de quitter, en colère, la salle de réunion et se tenait à présent dans le même couloir que lui. Il perçut alors les pas de l'hanatienne qui se rapprochaient précipitamment.

          -  Titus ? Lui dit-elle. Titus ! Bon sang, vous n'auriez pas dû sortir de votre chambre !

          -  Gneuuh.... répondit le néo-historien, le visage contre le sol, avant de sombrer dans un sommeil sans rêve.

 

Trois heures plus tard, le sociologue se réveilla de nouveau dans un lit du centre hospitalier. Cette fois-ci, il était en pleine possession de ses moyens. Il se releva lentement, craignant un effet secondaire de l'hypermorphine.

          -  Tu te sens mieux, désormais ?

 

Il tourna la tête. Titania, la tête légèrement penchée, le regardait de ses yeux d'azur. Ses longs cheveux blonds retombaient avec magnificence sur sa poitrine. Sa peau légèrement bronzée et son nez arlequin lui donnait l'air d'une déesse antique vénérée par les anciens peuples de la Terre. Ses lèvres délicates mettaient en valeur un sourire que le néo-historien n'oublierait certainement jamais. Elle avait enlevé sa combinaison-peau qu'elle avait sur elle depuis qu'elle était sur Aqua. Elle portait également d'autres habits : un pantalon ample de couleur noir et un simple T-shirt.

          -  Je suis tellement contente que tu t'en sois sorti ! Reprit la jeune femme avec engouement

          -  Moi aussi...

 

Titus continua d'observer la technocybride. Il ne la quitta pas un instant du regard.

          -  J'ai quelque chose sur le visage ? Demanda l'intéressée

          -  Euh, non, pas du tout, lui répondit-il. Au fait, combien de temps suis-je resté endormis ?

          -  Après ton opération dans le caisson chirurgical, tu es resté dans les vapes une trentaine d'heures.

          -  Trente heures ?! Mais...

          -  Rassure-toi, nous n'avons pas chômé entre temps. Dolessius a mis au point un plan d'action pour tous nous faire sortir d'Esthéria.

          -  Et les enfants de Strauss, ils sont toujours vivants ?

          -  Oui, ils sont ici avec nous et plus de deux cents autres aquatiens survivants.

 

Elle lui expliqua alors ce qu'avait en tête le capitaine hanatien. Celui-ci avait contacté le Véziria, qui s'était mis en orbite géostationnaire juste au dessus de la mégalopole d'Esthéria. Il comptait utiliser la foreuse du navire spatial. En effet, les vaisseaux de patrouille hanatiens disposaient de ce type d'équipements afin de pouvoir réaliser des prospections minières pour le compte des entreprises et compagnies de la Fédération. Utilisée à pleine puissance, la foreuse pouvait engendrer un tunnel vertical de 80 mètres de diamètre pour une longueur maximal de plusieurs centaines de kilomètres. Dolessius espérait ainsi réaliser une jonction directe avec la surface et évacuer les civils avec les astronefs de son vaisseau.

 

Jusque là, c'était un bon plan. Cependant, les sphère-drones de Nathalia étaient revenues avec des nouvelles inquiétantes, quand elles étaient revenues... Au moins dix-huit groupes d'infectés furent repérés dans le secteur 28-B-14, chacun accompagné de quelques enfants biotiques. Les astronefs disposaient d'une puissance de feu suffisante pour occuper une trentaine de ces infectés à excroissance. Si les biotiques attaquaient en masse, l'opération risquerait de tourner au désastre. Elle débuterait dans une dizaine d'heures.

          -  Quant à Ernezo... poursuivit la technocybride.

          -  Eh bien quoi, Ernezo ?

 

Titania baissa le regard. Le sociologue, désemparé, comprit instantanément.

          -  Ça doit être dur pour Nathalia, dit-il. Elle était tout le temps avec lui sur le Véziria et en opération. Elle ne me l'a jamais avoué mais je pense qu'elle l'aimait profondément.

 

Les yeux de la technocybride se voilèrent :

          -  Oui, les conflits nous enlèvent toujours des êtres chers et irremplaçables...

 

Le sociologue préféra garder le silence. Après quelques instants, il fit une tentative pour s'extraire entièrement de son lit.

          -  Qu'est ce que tu fais ? Lui demanda Titania.

          -  Je pense rendre une petite visite aux enfants de Strauss. Je ne les ai pas encore rencontré.

          -  Dans ce cas, laisse-moi t'accompagner. Tu es encore un peu pataud et cet hôpital est immense. Tu risques de t'y perdre.

          -  Merci.

 

Les deux amis se rendirent dans le hall principal du centre hospitalier. Relativement épargné par les événements, les survivants en avaient fait leur lieux de repos. Chaque famille avait entassé des matelas et des bouts de tissu pour se concocter un endroit où dormir et où passer le temps. Titania guida le sociologue à travers cette marrée humaine désespérée, crasseuse et fatiguée. Au bout d'un petit moment, ils arrivèrent au pied d'un gigantesque pilier de soutien. Une sorte de tente de fortune y était érigée tout autour.

 

Alors qu'ils s'approchaient davantage, un jeune homme de vingt ans sortit la tête de l'abri de toile. Ses cheveux bruns en bataille et son teint légèrement pâle contrastaient avec ses yeux verts émeraude pétillant de malice et de ruse. Son visage radieux suscitait immédiatement la sympathie. D'une voix mélodieuse, il demanda en galactique standard :

          -  Bonjour ! Vous cherchez quelque chose ?

 

Alejandro accueillit les hanatiens le sourire aux lèvres et les fit entrer dans son logement de fortune où sa fiancé, du même âge que lui, préparait un thé léger et parfumé. Même dans cette situation de crise, le jeune homme avait aménagé un confortable endroit avec des matériaux de récupération et différents matelas. Sa jeune sœur, de trois ans sa cadette, était allongée dans un coin. Sa longue chevelure brune était ébouriffée, négligée depuis plusieurs jours. En revanche, on aurait dit que son visage eut été sculpté par des anges. Elle lisait un livre.

 

Un livre papier ? Se dit le sociologue. Oui, la fille de Strauss tenait entre ses mains un authentique bouquin. C'était une scène surréaliste. Mais connaissant la passion de la famille Strauss pour les antiquités, plus rien n'étonnait le néo-historien.

          -  Alors comme ça, c'est vous qui recherchez la Terre ? Demanda le fils de Strauss, tirant Titus de sa rêverie. Vous vous lancez dans une entreprise bien complexe. Mais je suis honoré de faire votre connaissance.

          -  Moi de même, répondit Solenius sur un ton solennel.

          -  Le thé est très réussi, complimenta la technocybride.

          -  Merci, répliqua Solaria, la fiancée d'Alejandro. Mais nous serons bientôt à court de provisions...

          -  Qu'importe ! déclara le jeune Strauss. De toute façon, nous sortirons de cette catacombe dans une dizaine d'heures, si on en croit le capitaine hanatien. J'espère que cette opération ne sera pas trop risquée...

 

Alejandro lança alors un regard au sociologue. Gêné, Titus garda le silence. Il n'avait pas le courage de lui avouer qu'une telle manœuvre coûterait certainement de nombreuses vies. Titania, comprenant l'embarras de son ami, tenta de lancer une nouvelle conversation :

          -  D'après ce que m'a dit votre père, vous êtes musicien ?

 

Les yeux du fils de Strauss s'illuminèrent :

          -  Exact ! Avec Solaria et quelques amis, j'essaie de remettre au goût du jour des musiques antiques dotées de leur vraie sonorité. Vous savez qu'aujourd'hui, pratiquement tous les morceaux sont perpétrés avec des ordinateurs quantiques et des instruments holographiques. Les instruments physiques produisant des harmoniques complexes et des sons infiniment plus beaux sont tombés en désuétude. J'aimerai faire découvrir au grand public la richesse de cette culture ancestrale.

          -  C'est intéressant ! Commenta Solenius. Vous jouez de quel instrument, dites moi ?

          -  Je joue du violon et du piano. Solaria, elle, joue du piano et du violoncelle. D'ailleurs, voici à quoi ressemble mon propre instrument à cordes.

 

Alejandro sortit alors son violon, vieux de plus d'un millénaire. Le magnifique instrument resplendissait même dans la lumière tamisée.

          -  Sa structure a été élaborée il y a plus de trois mille ans, expliqua le jeune homme. Elle n'a pratiquement pas changée depuis. Pour moi, ce violon est comme un ami avec qui je peux converser sans utiliser de mots. J'exprime mes sentiments et mes émotions grâce à la musique que je créé avec lui. Ainsi, j'élabore mon propre monde sonore, ma propre histoire à travers laquelle je fais évoluer tous mes auditeurs au grès de mes notes. La musique est vraiment un formidable langage universel qui me permet de m'exprimer avec tous les autres humains. Quand on songe à tous ces mondes créatifs que représente la musique, on en reste sans voix...

          -  Sauf toi, visiblement, ricana sa sœur.

 

La jeune fille se leva rapidement avant de se tourner vers les hanatiens :

          -  Faites attention : une fois que vous l'avez lancé sur sa passion, vous ne pourrez plus l'arrêter !

          -  Sonia... répliqua Alejandro en fronçant les sourcils.

          -  Ne te mets pas en colère, voyons ! Je plaisantais ! Précisa-t-elle avec précipitation.

 

Sans tenir compte de l'intervention de la sœur, la technocybride demanda :

          -  Et vous pouvez nous donner un aperçu de votre univers musical, Alejandro ?

 

Le fils de Strauss sourit. Il rencontrait enfin des personnes qui s'intéressaient à la musique antique.

          -  Bien sûr ! J'ai déjà une idée de ce que je vais vous faire écouter... Une œuvre si poignante et complexe qu'on dirait qu'elle nous transporte dans un véritable holo sonore.

 

Le jeune homme déploya son propre bracelet holographique qu'il tripota durant quelques minutes. Il activa ses diffuseurs de son qui retransmettraient la musique dans toute sa splendeur.

          -  Ce morceau a été composé il y a environ deux milles huit cents ans par un dénommé Schubert. Un petit génie terrien de la période Romantique de la musique antique.

          -  Vous êtes sacrément informés sur les dates que vous énoncez, remarqua Titus.

          -  En effet, mon père et moi avons mené de nombreuses recherches sur différents mondes pour nos domaines respectifs. Lui, les mythes et moi, la musique. Quoiqu'il en soit, il s'agit d'une œuvre écrite pour un quatuor à cordes. Elle se base sur un poème de Matthias Claudius, poète allemand de la même période. Je vais vous le réciter, pour vous donner une idée du contexte de ce morceau musical.

 

Prenant sa respiration, il énonça :

 

Der Tod und das Mädchen

 

(Das Mädchen)

Vorüber! Ach, vorüber!

Geh, wilder Knochenmann!

Ich bin noch jung, geh Lieber!

Und rühre mich nicht an.

 

(Der Tod)

Gib deine Hand, du schön und zart Gebild!

Bin Freund, und komme nicht, zu strafen.

Sei gutes Muts! ich bin nicht wild,

Sollst sanft in meinen Armen schlafen!

 

En galactique standard, ce poème signifie :

 

La jeune fille et la mort

 

(La jeune fille)

Va-t'en! Ah! va-t'en !

Disparais, odieux squelette !

Je suis encore jeune, va-t-en !

Et ne me touche pas.

 

(La Mort)

Donne-moi la main, douce et belle créature !

Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre.

Laisse-toi faire ! N'aie pas peur

Viens doucement dormir dans mes bras

 

Satisfait, Alejandro donna une nouvelle explication :

          -  Vous savez, ce thème de la jeune fille et de la mort puise ses origines dans les mythes gréco-romains et a de tout temps inspiré les artistes. La rencontre entre la jeune fille, symbole de fécondité et de vie, et la mort, souvent représentée par la grande faucheuse, a marqué durablement l'esprit humain.

 

Il lança alors le premier mouvement de la jeune fille et la mort de Schubert (

). La musique emplit l'intérieur de la tente de fortune avec violence. On aurait dit qu'une personne souffrait horriblement. Titus le fit remarquer et le fils de Strauss répondit :

          -  C'est tout à fait exact, monsieur Solenius. Ce premier mouvement allegro retrace l'agonie de la jeune fille face à une maladie. La fièvre la fait délirer. De temps à autre, elle revoit sa vie défiler dans sa tête. C'est du moins ce que l'on peut imaginer en entendant ce morceau. A la fin, la jeune fille est à deux doigts de mourir.

 

L'allegro, écouté attentivement par les hanatiens, se termina, faisant place à un silence religieux. Alejandro prit alors la parole :

          -  Le second mouvement, l'andante con moto, est mon préféré. On entend distinctement le dialogue entre la mort et la jeune fille décrit dans le poème. La faucheuse, qui cherche à apaiser sa victime, commence un chant rassurant et solennel mais qui reste morbide. La jeune fille, elle, lui répond avec l'énergie du désespoir. Elle semble dire « Non, non, non ! » avec les piques lancés par le premier violon avant d'entamer une véritable supplication pour convaincre la mort de ne pas l'emmener alors qu'elle est encore si jeune. Elle tente même de fuir. Mais la Mort, on l'entend toujours aussi distinctement, la poursuit à cheval et tente de faucher la jeune fille : on percevra ces actions à travers la musique. Ce mouvement est un vrai délice. A la fin, on peut même imaginer les battements de cœur de la jeune fille qui s'arrêtent progressivement jusqu'à ce qu'elle pousse son dernier souffle. Toutes ces scènes sont vraiment bien décrites par la musique et... je ferai mieux de vous laisser écouter.

 

(second mouvement)

 

Une nouvelle fois, la musique emplit l'abri de fortune sur un ton beaucoup plus lent et laconique. Toutes les actions décrites par Alejandro prirent soudainement vie dans l'imagination des auditeurs présents. Titus n'avait jamais entendu quelque chose d'aussi beau et triste.

 

Par la suite, le fils de Strauss présenta le troisième et quatrième mouvement qui retraçaient respectivement la valse funèbre de la jeune fille et de la mort puis la chevauchée de la Faucheuse qui accompagne l'âme de la jeune fille jusqu'à l'au-delà. Les hanatiens écoutèrent, l'âme bouleversée, la fin de ce quatuor de la jeune fille et la mort.

 

(troisième mouvement)

 

(quatrième mouvement)

 

L’œuvre venait à peine de s'achever qu'une gigantesque déflagration se fit entendre, faisant trembler les fondations même du centre hospitalier. Titus et Nathalia se regardèrent avec inquiétude avant de se précipiter au-dehors de la tente.

 

P.S.: les liens mènent à une interprétation du quatuor Prazak, dont les musiciens sont spécialisés dans les œuvres de Schubert. J'ai eu pas mal de difficultés à les retrouver sur le web pour vous les offrir ^^ Bonne écoute !

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Chapitre fort agréable !

 

J'ai bien aimé le début avec le réveil de Titus et une bribe sur son passé, il a pas eu une vie facile. Reverra t'on Paul un jour ?

 

La seconde de son réveil m'a bien fait rire, Titus a le béguin :P, mais est ce que Titania l'aimera par la suite ? Le plan de Dolessius est pas mal mais très risqué, mais c'est la meilleure solution.

 

Le passage sur le fils de Strauss et sa famille fut bien appréciable à lire, surtout le dialogue sur la musique, la narration était sacrément bonne chapeau  ;). Mais j'ai senti qu'au moment où il aurait jouer la dernière partie, il serait passé un truc et j'avais pas faux :P.

 

Ça annonce du lourd. Pour la musique, je l'écouterai plus tard, car je suis pas chez moi en ce moment.

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Merci Kyojin pour ton commentaire !

 

J'ai bien aimé le début avec le réveil de Titus et une bribe sur son passé, il a pas eu une vie facile. Reverra t'on Paul un jour ?

 

Ben non... vu que Paul Déretto, l'ex fiancé de Titania, a été tué lors de l'attaque du Véziria dans le chapitre deux et trois ^^

 

Ça annonce du lourd. Pour la musique, je l'écouterai plus tard, car je suis pas chez moi en ce moment.

 

Il faudra que tu m'en dises des nouvelles dés que tu les as écouté ! Ce chapitre prend tout son sens avec la musique !  ;)

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Voilà j'ai relu la partie qu'il faut avec la musique et j'avoue qu'il prend une tout autre envergure ce chapitre :o, merci de m'avoir fait découvrir cette musique, c'est vraiment grandiose. Quoique un peu long, mais ce n'est pas problème car la musique est très bonne 8).

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Voilà j'ai relu la partie qu'il faut avec la musique et j'avoue qu'il prend une tout autre envergure ce chapitre :o, merci de m'avoir fait découvrir cette musique, c'est vraiment grandiose. Quoique un peu long, mais ce n'est pas problème car la musique est très bonne 8).

 

Oui, c'est un morceau très "descriptif" en faisant marcher notre imagination. Surtout dans le second mouvement, où l'on peut suivre mentalement la scène au grès des notes. On repère les coups de faux de la Mort, on peut suivre la course poursuite à cheval. Et ce qui est assez magistral, c'est que lorsque la scène se focalise sur la jeune fille, on entend dans le fond la faucheuse qui la poursuit sur sa monture. On dirait un véritable film sonore ^^

 

Si tu cherches d'autres morceaux dans le genre, tu as la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak et la Mer de Debussy (pour la mer, ça m'a plus fait penser aux nappes de couleurs d'un tableau impressionniste)

 

En tout cas, je suis content que tu aies écouté jusqu'au bout. Surtout que cette œuvre conte une véritable histoire et la décrit avec génie !

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J'y suis, je viens de terminer tes huit premiers chapitres.  :)

 

Déjà je te félicite car tu gères cette univers et tu sais écrire de la science fiction, ce que je suis incapable de faire en tout cas pas à aussi bien. Bon je ne suis pas un adepte du genre, j'aime bien la science fiction mais je reste dans le classique donc mes commentaires sur le sujet seront ceux d'un nourrisson. ^^

 

Tu voulais des conseils niveau écriture.... ben, tu t'en sors vraiment bien, quelques mots vite fait qui sont écorchés mais personne n'est à l'abri d'une inattention ( à un moment tu as écris talent "tallent"). Mais ce ne sont que des broutilles qui n'enlève pas la qualité du contenu. Après j'ai été paumé dès le premier chapitre, mais ça je pense que c'est dû à mon ignorance du monde spatial. Dès le début, tu plombes ton récit de termes très pointus qui ne me parle vraiment pas du tout donc je me l'imagine que vaguement, à ma sauce. Cette enchère de vocabulaire poussé sur la technologie évoluée, m'avait un peu noyé et j'ai eu du mal à débroussailler pour en retenir l'essentiel, qui est surtout l'état politique de la galaxie. Les débutants dans le domaine spatial auront beaucoup de difficulté à commencer ta fiction.

Autre passage qui m'a confus, ce fut le début avec l'archange, Mei, Hermite et toi... Je trouvais que les personnages ( qui semblent être d'une extrême importance) sont arrivés les pieds dans le plat. Leur venue dans le récit m'a paru trop soudaine. Et toute l'intrigue au début avec l'archange me passait au dessus de ce que je pouvais comprendre.

 

L'histoire foisonne de détails, tu ne lésines pas sur la quantité des descriptions des lieux, et j'aime bien comment tu t'y prends. C'est très technique au début, et depuis Aqua, on a une plus grand part de suspens, des tragédies, de l'action et aussi du frisson avec ces enfants à excroissance. Les personnages sont réussis, tu traduis leurs sentiments de la bonne manière, et tu nous le fais ressentir. Forcément je suis bien plus intéressé par Titus qui a une quête, le fil rouge de la fiction. Hermite et Will auront aussi leur rôle à jouer, et ils seront sûrement ceux qui endigueront la menace sur Esthéria.   

 

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@bloody: Merci beaucoup pour ton commentaire, il va me permettre d'améliorer mon histoire. C'est vrai qu'il y a pas mal de points sur lesquels je dois retravailler.

 

Après j'ai été paumé dès le premier chapitre, mais ça je pense que c'est dû à mon ignorance du monde spatial. Dès le début, tu plombes ton récit de termes très pointus qui ne me parle vraiment pas du tout donc je me l'imagine que vaguement, à ma sauce. Cette enchère de vocabulaire poussé sur la technologie évoluée, m'avait un peu noyé et j'ai eu du mal à débroussailler pour en retenir l'essentiel, qui est surtout l'état politique de la galaxie. Les débutants dans le domaine spatial auront beaucoup de difficulté à commencer ta fiction.

 

C'est vrai... J'y avais pas pensé lorsque j'ai débuté cette fic. Je pense devoir étoffer les notes en fin de chapitre pour mieux décrire et expliquer certains termes SF (je pense notamment à la transcription quantique, ou des trucs dans ce genre là...)

 

Coté personnages, je pense que mes descriptions physiques ne sont pas assez fournies. J'essai d'améliorer ça aussi au fil des chapitres. Peut-être même que je reprendrais l'écriture des tout premiers chapitres.. Affaire à suivre ^^

 

Autre passage qui m'a confus, ce fut le début avec l'archange, Mei, Hermite et toi... Je trouvais que les personnages ( qui semblent être d'une extrême importance) sont arrivés les pieds dans le plat. Leur venue dans le récit m'a paru trop soudaine. Et toute l'intrigue au début avec l'archange me passait au dessus de ce que je pouvais comprendre.

 

Ah ça.. J'ai voulu tenter un effet de style en créant un point de vue complétement différent sur le conflit qui oppose spatiens et gaïaciens. Le problème, c'est que je n'avais pas trop d'idées pour introduire ce point de vue là (Mei et Hermite sont des perso présentés dés le début, au premier chapitre)

 

Pour le reste, tes compliments me vont droit au cœur ! :) J'essaierai d'améliorer les points que tu as soulignés et si tu as de nouvelles remarques à me faire, n'hésite surtout pas !

 

Bref, voici la suite :

 

Chapitre IX : Geste ultime

 

Terreur. Choc émotionnel. Titania ne pouvait plus faire un geste. Elle tremblait de tous ses membres. Elle regardait de l'autre côté du hall principal de l'hôpital. Un nuage de poussière s'engouffrait dans l'immense pièce. La technocybride tenta de s'emparer de son pistolet à shuriken avec difficulté. Mais sa main se referma sur du vide. Cela faisait longtemps qu'elle s'était désarmée.

 

Titus tourna la tête en direction du nuage qui commençait à se disperser. Deux yeux flamboyants perçaient l'épaisse purée. Au moment où le sociologue croisa ce regard de feu, il fut lui aussi tétaniser. Ses jambes ne lui obéissaient plus. Il avait déjà connu une fois cette horrible sensation de ne plus être maître de son propre corps, deux jours auparavant.

 

Oh non... pensa-t-il. Quasiment toutes les personnes présentes dans la salle étaient à présent immobilisées, soumises à une attaque psychique. La silhouette aux yeux de rubis en profita pour émerger du nuage. C'était une petite fille. Pas plus de dix ans. Ses longs cheveux bruns et crasseux claquaient sinistrement dans son sillage. Une seule de ses attaques biotiques suffirait à tuer les deux cent vingt réfugiés aquatiens du hall. D'ailleurs, l'atmosphère autour de la fillette se dilatait et la lumière était déviée. L'image que l'on percevait d'elle se déformait petit à petit. Elle se préparait à lancer une puissante onde bleutée.

 

Merde... Mourir maintenant, c'est vraiment trop bête ! Songea le sociologue. Personne ne pouvait crier ni appeler à l'aide. Personne ne pouvait s'enfuir. Le contrôle mental était implacable. Les respirations se firent de plus en plus rauques et rapides. L'air empestait la sueur et la peur.

 

          -  Emma ? 

 

La voix féminine se répercuta plusieurs fois sur les parois. Titus jeta un œil en direction de son point d'origine. Une jeune adolescente de quatorze ans tout au plus s'approchait de la fillette biotique, en dépit de l'attaque mentale. Elle avançait lentement, avec beaucoup de difficulté. Ses cheveux roux s'élevaient dans les airs à mesure qu'elle se rapprochait de la petite silhouette. Une volonté à toute épreuve transparaissait à travers ses yeux marrons.

 

          -  Emma, tu ne me reconnais pas ? C'est moi !

 

La biotique se tourna vers l'aquatienne. Elle fut totalement décontenancée par cette jeune rousse qui s'avançait vers elle sans appréhension. Enfin, elle la reconnut.

          -  Na... dia ? Murmura-t-elle.

 

Le contrôle mental cessa d'un coup. Quasiment toutes les personnes sous son emprise s'écroulèrent par terre, le souffle court et haletant. Titus repoussa l'irrésistible envie de s'endormir et se remit debout tant bien que mal. La scène qu'il observa était surréaliste. L'adolescente était désormais à une dizaine de mètres de l'enfant à excroissance. Elle versait silencieusement des larmes. La biotique, quant à elle, pleurait elle aussi. Ses yeux, autrefois flamboyants, viraient progressivement au jaune saphir. Alors que la jeune aquatienne fit un pas en avant :

          -  Ne t'approche pas ! Cria la petite infectée d'une voix aigu, mais qui n'avait rien d'humain.

          -  Emma...

          -  Je... suis désolée... tellement... désolée...

 

L'enfant se retourna. Elle serrait ses petits poings à s'en faire mal.

          -  Je.. ne pourrai... plus... me contrôler, dit-elle.

          -  Mais, tu.. répondit l'adolescente.

          -  Adieux

 

Tout d'un coup, l'enfant biotique se mit à courir et reprit le chemin d'où elle était venue. La jeune aquatienne la poursuivit.

          -  Non ! Lança Titus.

 

L'adolescente disparut dans le nuage de poussière. Le sociologue, désemparé, se tourna vers la technocybride. Titania n'avait pas perdu connaissance. Elle était en train de se relever en titubant. Le néo-historien l'aida à se maintenir debout.

          -  Ça va aller ? Demanda-t-il.

          -  Oui.. Je crois..

          -  Bien, dans ce cas, je vais les suivre, annonça-t-il, sûr de lui.

          -  Tu es complètement fou ? Répliqua Titania.

 

Le sociologue ne lui répondit pas. Il s'était déjà élancé dans le nuage de poussière.

          -  Et merde, pesta la technocybride. Quel impulsif, cet idiot !

 

A son tour, elle suivit le néo-historien en prenant soin d'éviter les réfugiés encore dans les vappes. A une vingtaine de mètres au devant d'elle, Titus sortit de l'épais amas de poussière. En regardant à sa gauche, il vit un corps complètement désarticulé et démembré. Le soldat aquatien avait été tué une dizaine de minutes auparavant. Le sociologue ramassa son fusil d'assaut et continua sa poursuite.

 

Malgré son léger retard, il ne perdit pas de vue l'adolescente qui courrait à un rythme soutenu. Il se rapprochait de plus en plus des barricades de fortune. Au bout d'un moment, il perçut même les bruits d'une importante fusillade, droit devant lui.

 

Tout d'un coup, l'aquatienne cessa de courir et le sociologue la rejoignit en quelques enjambés. Emma s'était elle aussi arrêtée, à douze mètres devant eux. En face d'elle, une trentaine d'infectés lui barraient le passage. Sur la gauche du corridor, un soldat aquatien était aux prises avec un adulte aux yeux rouges. Au corps à corps, il ne pouvait pas utiliser son lance plasma portatif. L'affligé tentait de le mordre par tous les moyens.

 

Rapidement, Titus se mit en position de tir. Il activa l'option turbolaser à faisceau cohérent de son arme avant de lancer ses systèmes d'aide à la visée. Il s'apprêtait à tirer lorsque l'enfant biotique généra une onde bleutée qui se propagea le long du couloir à une vitesse hallucinante. Tous les infectés adultes furent haché-menus. Leurs membres arrachés voltigèrent dans tous les sens. Les cages thoraciques volèrent dans les airs. Les têtes furent propulsées contre les parois et les murs se recouvrirent d'une teinte rouge dégoulinante. Le soldat aquatien, quant à lui, s'agenouilla. Il n'était pas blessé mais recouvert de sang et de viscères. Visiblement sous le choc, il avait le regard vide.

 

Sans un mot, la petite Emma reprit sa course en direction des barricades. Entre temps, Titania avait rattrapé son ami hanatien.

          -  Les infectés s'attaquent entre eux, maintenant ? S'étonna-t-elle.

          -  Je ne sais pas, répondit le néo-historien. Je pense que... Eh !!

 

L'adolescente rousse venait de reprendre la poursuite de l'enfant biotique. Solenius et la technocybride lui emboîtèrent le pas. Durant une bonne minute, ils pataugèrent dans les flaques de sang. Chaque fois qu'un groupe d'infectés leur faisait face, Emma les exterminait.

 

Bientôt ils se retrouvèrent dans le hall d'entrée du centre hospitalier. Moins grand que le hall principal, il était en principe condamné par d'imposantes barricades de fortune. Celles-ci avaient visiblement volées en éclat et des centaines d'infectés adultes envahissaient la salle. Une douzaine de soldats survivants, dont le capitaine du Véziria et Nathalia, s'étaient retranchés en hauteur sur des piles de gravats. Ils tentaient de contenir le flot interrompu d'adultes aux yeux de rubis par un feu soutenu.

 

La petite biotique prit alors une profonde respiration. L'atmosphère autour d'elle se dilata et la lumière dévia de nouveau. On aurait dit qu'elle était au centre d'une cascade d'eau. Puis elle libéra d'un coup l'énergie qu'elle avait accumulée en quelques secondes, taillant en mille morceaux la quasi totalité des infectés présents dans la pièce. Les affligés survivants firent retraite par l'immense embouchure pratiquée dans les barricades.

 

Emma marcha dés lors en direction de l'ouverture. Dolessius et ses compagnons d'arme restèrent cois. Ils regardèrent sans un mot la petite biotique sortir du centre hospitalier pour déboucher sur l'ancienne Grand Place qui n'était plus qu'un immense cratère.

 

Tous les aquatiens et hanatiens prirent position sur les places fortifiées des barricades restantes. Ils observèrent la scène depuis leur emplacement en attendant la suite des événements. L'adolescente Nadia, elle, courra jusqu'à l'embouchure avant de s'arrêter juste à l'entrée de l'hôpital. Ce qu'elle vit la terrifia. Des milliers d'infectés s'étaient regroupés derrière une vingtaine d'enfants biotiques. Ils faisaient tous face à la petite Emma dans un silence oppressant. Leurs yeux flamboyants brillaient dans la semi-obscurité.

 

Soudain, la petite fille tendit ses mains vers le haut. Elle y envoya une onde de choc biotique d'une rare violence. Le plafond en permabéton de la loge troglodytique se fissura dans un craquement sinistre. Des milliers de gravats et de rochers dégringolèrent sur elle et l'ensemble de la foule d'infectés. Avant qu'elle ne soit submerger par les blocs de dizaines de tonnes, elle se retourna vers l'adolescente aquatienne. Ses yeux avaient encore changé de couleur. Ils étaient orangés. On aurait dit deux petits soleils couchants. Emma pleurait. En une seconde, elle envoya un dernier message télépathique que tous les survivants du centre hospitalier reçurent.

 

Prends bien soin de toi, Nadia... Tu sais, grande sœur, je t'ai toujours aimé. J'espère que tu me pardonneras un jour...

 

          -  Emma, non !! cria l'intéressée.

 

L'éboulement qui suivit ébranla l'ensemble du centre hospitalier. Il fut si important que la terre elle même tremblait à mesure que des dizaines de mètres de terre, de roc et de permabéton s'entassèrent sur la foule d'infectés. Le souffle qui en résulta produisit un nuage de poussière extrêmement dense qui s'engouffra à grande vitesse dans l'hôpital. Aucune pièce ne fut épargnée. Les petites particules pénétrèrent dans chaque salle, rendant l'atmosphère difficilement respirable.

 

Les éboulis cessèrent au bout de quatre minutes. Dolessius, qui s'était remis de ses émotions bien plus vite que les autres, ordonna expressément de mettre les souffleries à leur puissance maximum.

 

Il fallut une dizaine de minutes aux différents systèmes pour purifier l'air, les turbines tournant à plein régime. Le capitaine du Véziria rassembla alors ses compatriotes hanatiens.

          -  Je pense que vous l'avez tous compris, anonça-t-il. Nous allons avancer l'heure du début de l'opération de sauvetage. Nous avons eu de la chance tout à l'heure et il est claire que nous ne résisterions pas au prochain groupe d'infectés qui donnera l'assaut. Nous devons partir de cet endroit dans les plus brefs délais.

          -  Bien, capitaine, répondit Nathalia.

          -  Dans ce cas, technocybride Titania, contactez le Véziria et ordonnez leur de débuter le forage. Que les équipes d'interventions se tiennent prêtes à agir, ordonna Dolessius.

          -  Ce sera fait, mon commandant, répliqua Titania.

 

Les deux heures qui suivirent furent marquées par une grande effervescence au centre hospitalier. Les deux cents vingt six civils ainsi que les militaires rangèrent leurs affaires et se tinrent prêts à évacuer. Pendant ce temps, Titus se prépara lui aussi. Il enfila une armure de combat aquatienne et garda son fusil d'assaut à portée de la main. Il en profita également pour rendre visite à l'adolescente de quatorze ans. Le regard vague, Nadia entassait tout ce qu'elle possédait dans son sac à dos. Personne n'était avec elle.

          -  Je peux me rendre utile ? Demanda le néo-historien d'une voix complaisante.

          -  Non, ça ira, merci bien monsieur, répliqua la petite rousse.

          -  Une fois que nous aurons regagner mon vaisseau, continua-t-il, il faudra que tu nous dises si tu as de la famille qui habite d'autres villes d'Aqua. Nous pourrons t'y amener directement.

          -  Je n'en ai plus, monsieur... Toute ma famille vivait ici, à Esthéria. Mes parents, mes frères, ma sœur, mes oncles, mes tentes et même mes grands parents. Je les ai tous perdu, tous... Et alors que je croyais revoir ma jeune sœur, elle se sacrifie pour me sauver... Je...

 

L'adolescente se remit à pleurer. Désemparé, Titus la prit doucement dans ses bras. La jeune fille sanglota un long moment contre sa poitrine. En la voyant ainsi, le sociologue se promit de veiller sur elle jusqu'à ce qu'elle trouverait une bonne famille d'accueil.

 

Tout d'un coup, la salle s'illumina. La lumière aveuglante venait de l'extérieur de l'hôpital. Durant une seconde, on se serait cru à la surface d'Aqua, alors que l'étoile d'Hypérion s'élevait haut dans le ciel. Puis la lueur disparut.

          -  Qu'est ce que c'était ? Demanda Nadia, paniquée.

          -  La foreuse de notre vaisseau. En moins d'une seconde, elle a créé un tunnel vertical de quatre vingt mètres de diamètres pour nous permettre de nous échapper. Nous allons enfin pouvoir sortir d'ici. Dépêchons nous, rejoignons les autres.

 

Au pas de course, Titus et Nadia retrouvèrent les survivants qui se rassemblaient au centre du cratère de l'ancienne Grand Place, juste devant le centre hospitalier. A neuf kilomètres de leur position, la lumière du soleil d'Hypérion perçait à travers le plafond. Dans la pénombre, les rais de lumière étaient bien visibles, même à cette distance considérable.

 

Brusquement, une centaine de missiles apparurent de la brèche et frappèrent douze endroits différents de la loge troglodytique dans un fracas épouvantable, dont un situé à moins de deux kilomètres de l'hôpital. La lueur si intense des déflagrations éclairait l'ensemble de la loge. Les survivants, impressionnés, regardèrent en silence le bombardement.

          -  Ils savent où envoyer leurs missiles ? Demanda le sociologue à Titania

          -  Oui, bien sûr, répondit-elle. Tout à l'heure, Nathalia a renvoyé ses sphère-drones qui sont en contact permanent avec nos forces. Ils ont repéré les groupes d'infectés les plus proches. Juste après les missiles, des drones et des astronefs de combat viendront pour sécuriser le passage aux transporteurs.

 

Au moment où la technocybride achevait sa phrase, les rugissements des pulso-réacteurs résonnèrent dans toute la loge. Deux dizaines de drones et d'astronefs surgirent du tunnel. Ils continuèrent le pilonnage des douze positions au laser, au lance plasma et au fuseur. Ils formèrent une sorte de barrière aérienne qui ouvrait le feu sans discontinuer sur les groupes d'infectés. Pour les survivants, c'était un véritable feu d'artifice.

 

Enfin, deux transporteurs de classe delta cinq émergèrent à leur tour du plafond. Ces vaisseaux de quarante cinq mètres de long pouvaient embarquer jusqu'à cent quatre-vingt personnes. En deux minutes, ils atterrirent près de l'ancienne Grand Place.

 

Avec hâte, les survivants montèrent à bord en un quart d'heure. Titus, Titania, Dolessius, Nathalia, les enfants de Strauss et Nadia se retrouvèrent dans le deuxième transporteur. Lorsqu'il décolla, le sociologue poussa un profond soupir de soulagement. Sans aucune difficulté, les deux vaisseaux ainsi que leur escorte repassèrent par le tunnel et remontèrent les mille huit cent mètres qui les séparaient de la surface.

 

Pourtant, alors qu'ils étaient à un kilomètre de profondeur, Dolessius fut appelé dans la cabine du pilote.

          -  Que se passe-t-il, caporal ? demanda le capitaine du Véziria.

          -  Eh bien, monsieur, notre vaisseau à repérer un objet non identifié en approche de notre position en surface. Il file à une vitesse hallucinante.

          -  C'est un missile ?

          -  Nos capteurs n'ont pas déterminé sa nature.

 

Avec inquiétude, le commandant hanatien regarda l'image en tridim de l'hologramme de bord avec ce point clignotant qui se rapprochait rapidement.

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