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Le Jeu d'un Titan


Echo Atlas
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Plop,

 

voilà je me lance en présentant ma première fanfic. Elle est basée principalement sur la culture et les mythes grecs, en incorporant des combats fantastiques (^^) et des voyages à travers le temps.

 

J'espère que vous allez apprécier cette histoire, autant que moi j'ai aimé à l'écrire ; alors qu'en ce moment, un sentiment d'appréhension empêche mes doigts de taper correctement mon texte ^^ .

 

 

Le Jeu d'un Titan

 

 

En développant une mythologie qui lui est propre, chaque culture tendit à forger un caractère spécifique, et s’est ainsi procuré un moyen d’appréhender le monde qui l’entoure. Les récits hérités des anciennes civilisations traitent de divinités qui depuis longtemps font partie de l’antique histoire. L’influence de ces mythes acquis une influence si importante que pour certains êtres humains, elle ne pouvait qu’être réelle. Elle majora alors leur vie et conduisit leurs actions.

 

Mais, cette culture, considérée comme révolue ou inexistante par le commun des mortels, l’était telle vraiment ?

 

 

Chapitre I : Un simple commencement

 

 

- Ô Apollon, par quoi ton regard est-il attiré pour que tu ne daignes même plus t’occuper des offrandes versées en ton nom ?

- Huuuumm … le guerrier … cet être imparfait, aux actions non coordonnées, dénuées de sens. C’est étrange, car bien qu’il « évolue », il est toujours dépourvue de raison ; et n’est guidé que par son instinct de survie qui lui commande de trouver une solution pour éviter ou retarder le moment inévitable de sa mort. Il est capable de s’enrichir, de tuer, de convoiter, ou même d’inventer pour échapper à ce moment fatidique. Sa logique est incongrue. Elle est capable de remettre en question celle des Dieux ; le fonctionnement et même l’existence des Dieux … un jour il croit durablement en nous et dans la seconde qui suit, croit en une autre croyance qui lui permettrait d’échapper à la mort ... vraiment pitoyable !

- Peut être pitoyable, mais ces hommes nous permettent, nous Dieux respectés, de nous divertir et pour une fois de ne pas se quereller entre nous. Heureusement que ton père Zeus a mis en place ce jeu, ou notre immortalité ne serait alors que synonyme d’ennui profond et morbide.

- Incertain sont tes propos … mais pour l’instant seul lui en tient les rênes ; et seul lui peut véritablement s’amuser.

 

En l’année 209 avant J-C., dans une forêt d’olivier près de la cité de Delphes, un vieil homme, assis sur une pierre à flanc de colline, contemple un tapis vert foncé. Fait d’olivier, ce tapis moussu était fendu par deux chemins sinueux qui se jetaient dans le village de pêcheur appelé Itea. L’air était doux en cette saison d’automne. Le vent, venant de la mer, rafraîchissait la vallée et se heurtait au pied des montagnes qui l’entourait. Assis sur sa pierre, un vieil homme profitait du paysage et du calme qu’offrait cette vallée. Dans une longue face, sortait du vieil homme un long nez courbé mais toutefois fin. Une fine moustache blanche cachait des lèvres minces, et chevauchait une barbichette peu touffue ; laissant apparaître un menton qui attentait de rejoindre le nez. Le cuir du visage, caramel et ridé, démontrait ses origines méditerranéennes avec un soleil marqueur. Même ses oreilles avaient été burinées tant par le soleil que par le vent iodé de la mer. Le front ample, l’œil petit et vif, le geste prompt de l’homme rompu au combat malgré son âge, il n’était pas grand, ni fort physiquement même s’il dégageait une aura inquiétante. Ses jambes paraissaient trop courtes pour son tronc, mais elles le portaient infatigablement malgré leurs minceurs.

Le vieillard aux cheveux de reflet blanc, tenait dans sa main frêle et ridée une coupole d’eau. Son poids l’incommodant il la posait avec peine mais précaution entre ses pieds. Mais tandis qu’il se redressait, une voix troubla la quiétude de l’homme à la peau ridée.

 

- Alors c’était donc vrai !! … il existe bien un jeu créé par les Dieux révolus.

Tu es le premier Titan que je contemple … mais je ne pensais pas que le dieu suprême de la mythologie grecque choisissait des vieillards comme guerriers immortels. C’est d’un pathétique ! Un vieil homme qui est à peine capable de tenir sur ses jambes et de porter une coupole … puis-je au moins savoir quel est ton nom le vieux ?

- Nectarius.

- Et ? …

- Je suis las de ces apprentis titans à l’air hautain ; qui ne connaissent même pas le fonctionnement de ce jeu. Ces jeunes pensent détenir le pouvoir suprême des dieux, soit la force de l’immortalité. Mais ils ne comprennent pas les subtilités qui accompagnent cette immortalité éphémère. Sais-tu que pour pouvoir survivre éternellement tu dois tuer tous les 6 mois un autre titan ? Et cela en parcourant aussi bien le monde géographiquement que temporellement. Ton existence se réduit à une chasse à l’homme sans fin, alimentée par la soif de pouvoir pour les uns et la peur de mourir pour les autres. Ta vie reste à jamais dans la balance du fils de Cronos. Tu ne …

- Hey !! et si on commençait tout de suite ?

 

Le vieil homme, coupé dans son élan, laissa échapper un profond soupir lorsqu’il se releva avec difficulté. Son corps craquant comme du bois sec qu’on écrase. Dans l’intérieur de sa main gauche, un tatouage se laissait entrevoir.

Tout en se retournant pour faire face à son adversaire, il prononçât un seul mot : « Océan ». Alors un brouillard obscur s’empara de la vallée. Les deux hommes disparurent dans ce manteau épais et étouffant. On ne distinguait plus rien autour de soit. Le brouillard avait enlevé en un instant le décor si apaisant de la vallée, créant un monde lourd, désagréable et sourd. Et pourtant le jeune homme arrogant entendit :

 

- Tu vois petit, tu n’as pas su profiter de la faveur que ta offerte Zeus. Ton arrogance n’a fait que te mener à ta propre fin. Regarde bien, Les portes d’Hadès s’ouvrent pour toi !

 

Le brouillard disparut aussi vite qu’il était apparut, et on aperçut alors le corps du jeune homme avachit par terre. Nectarius contemplait son adversaire. Le coup qu’il lui avait porté avait broyé son visage ; les dents furent arrachées et ses yeux s’emplirent de sang. De sa bouche et de ses narines  jaillissait un sang noir. Le combat n’avait duré qu’un instant et pourtant le jeune homme portait des marques de fatigue extrême sur tout le corps.

Le vieil homme s’empara d’une petite gourde attachée à sa ceinture et jeta quelques gouttes sur le corps du malheureux. Il déchira ensuite un bout de tissu de la chemise du mort et l’enroulât autour de sa main gauche.

 

 

Chapitre II : le Vieil Homme et le Traître.

 

 

- Alors Nectarius, tu captures les proies des autres.

- Que fais-tu là Sinon, dit le vieil homme tout en mettant sa main ouverte en arrière de lui.

- Du calme mon ami. J’étais sur les traces du jeune imbécile étendu à tes pieds. Je n’en ai pas après toi.

- Je ne suis pas ton ami, Sinon, rétorqua avec force Nectarius

- Ho ! Quel frileux accueil tu me fais là, répondit avec un hardi sourire l’intrus. Moi qui voulait te féliciter pour avoir allonger ta vie en tuant la proie que je convoitait. Un voleur de ton espèce devrait modérer ses paroles tu ne crois pas ?

- Arrête !

 

Nectarius laissa un moment le silence s’imposer dans cette discussion, qui selon lui finirait par un combat. Après avoir longuement fixer son possible futur adversaire il reprit : « Sinon, que viens-tu faire dans ces contrées reculées de Grèce ? Quelle sombre besogne viens-tu accomplir ; et ne viens pas me dire que tu chassais ce jeune chien, il vient d’entrer sur l’axe du jeu il y a seulement deux heures. »

 

- En vérité, il est vrai que ma présence ici n’est pas uniquement pour ce cadavre.

 

Il disait cela tout en jouant de sa bouche. Ses lèvres montaient vers ses larges yeux noirs et devenaient aussi fines que les lames de Tolède ; imposant tel un chef d’orchestre le ton a ses paroles. La menace d’un combat ne semblait pas l’effrayer. On aurait même dit qu’il se serait réjoui d’un tel conflit. Il était las des batailles stériles qui s’étaient peu à peu installées au sein du jeu des Titans. Seuls les faibles Titans traversaient les portes d’Hadès. Quand aux plus forts, ils évitaient de se battre entre eux. Tel était devenu le « Jeu ».

 

- Je suis ici pour retrouver les Titans « frondeurs ».

 

Nectarius marqua à ces paroles un soubresaut qui n’échappa pas à son interlocuteur. Un court silence laissa entendre le bruit du vent venant de la mer dans les oliviers de la vallée. Sinon se retourna et regarda le tapis verdâtre se penché sous la volonté du vent.

 

- Allons Nectarius tu n’es pas au courant ? 15 Titans ont trahi la confiance qu’avait placé en eux Zeus. Ils formaient une ligue visant à rassembler des Titans assez fort, et de surcroît assez fou, pour défier son autorité …

 

Laissant un instant la fin de sa phrase en suspend, Sinon finit par ajouter : « des Titans comme toi Nectarius ! ». Le vieil homme ne bougea pas à cette remarque.

         

- Dans quel camp es-tu Sinon ? demanda le vieil homme

- Je n’ai bien évident pas de parti mon vieil ami, répondit-il avec le même sourire hardi. Je ne suis qu’un simple Titan qui ère à la recherche de proies. D’ailleurs on dit qu’un jeune garçon aurait gagné son entrée hier dans le jeu. Il aurait déjà tué 3 Titans dont Barlocs, un Titan moyen mais cependant redouté. La force de ce jeune garçon est exceptionnelle et il semble doué pour tuer avec intelligence. Ce qui, aujourd’hui, devient rare, jugea-t-il avec des yeux noirs devenant soudainement pétillants et dangereux. J’espère qu’il servira au moins à enlever la rouille de mon épée …

- Quel est son nom ?

- Echo, dit Sinon. Si tu le rencontres Nectarius tu ne pourras pas le manquer ! Son âme est aussi noire que ton dégoût l’est pour ce jeu.

 

Il ajouta ces dernières paroles avec un sourire si narquois que le vieil homme était à la parfin près à engager le combat. Tout en s’éloignant l’intrus ajouta sans se retourner : « Prends bien soin de toi vieillard, je ne voudrais pas que quelqu’un te tue à ma place ! ».

 

On ne s’en rendit compte que plus tard, mais cette discussion devait être à l’origine d’un bouleversement gigantesque au sein du jeu des Titans. Elle fût le facteur déclenchant de la destruction de l’ancien temps des Guerriers Immortels.

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  • 1 month later...

Yop, tout de suite la suite, j'essayes de toujours rester en rapport avec la mythologie grecque en incorporant au fur et à mesure des indices, renvois, allusions ...

 

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Chapitre III : On se rencontre, mais on repart rarement ensemble.

 

 

« Malgré le fait que je me réveille à chaque fois d’un enfer, un inéprouvé apparaît irrémédiablement. Peut être même encore plus noir, plus froid. Celui-ci m’inflige une douleur peut commune, sans bruit et sans intensité. C’est une douleur continue qui s’installe au fond de ma poitrine, s’abritant dessous mes côtes. Blottie en rond à cet endroit, elle se creuse un trou doucement mais sûrement. Son poids s’alourdit à chaque fois, faisant naître ses enfants : tristesse, mélancolie, austérité, désolation, souffrance … Un serrement de coeur s’intensifie et emprisonne mon corps et mon esprit par ses chaînes aux maillons grandissant peu plus. Le cadenas qui maintient ces chaînes est un être haineux, rageux qui s’est finalement réveillé. Est-ce seulement pour ma propre survie que j’ai été prêt à ces actes. Aurais-je fait preuve de violence et non d’agressivité. Je veux m’en convaincre moi-même. Je veux le croire, pouvoir l’affirmer à haute voie afin que cela devienne vérité ! … mais non. Impossible de penser à cela lorsque je vois les corps de mes ennemis. Si violence induit survie, alors je n’ai fait preuve que d’agressivité. Il est vrai que j’ai tué pour me protéger mais c’est le plaisir qui en découlait qui a révélé le loup sombre et haineux de mon cœur. J’aurais pu très bien m’enfuir mais au lieu de ça je l’ai nourri ... Non ! « Tuer » est un mot trop doux, trop curateur. « Massacrer » convient mieux. J’ai peine à reprendre mon souffle. Je ne tiens pas à respirer l’odeur du sang frais. Je me replis sur moi-même comme si le temps ne changeait pas, comme si les choses autour de moi n’existaient pas. Mais je ne peux me tirer de cette torpeur. Au lendemain d’un combat je regarde la pluie tombée ... bientôt elle se mélange au sang de mes ennemis.

C’est une pluie froide et bruyante qui me transperce le corps comme des flèches. Son intensité ne cesse de se décupler, comme si elle tenait à laver rapidement les actes que j’ai commis. »

 

            - Hey gamin ! tu veux mourir ou quoi ?

 

La voix criarde réveilla le jeune garçon de ses pensées. Deux hommes apparurent alors entre les arbres de la forêt. Habillés de cuir noir, la pluie illuminait par à coups leur long manteau.

 

            - Tu recherches quoi là, dit le plus grand. Tu ne sais pas qu’il est dangereux de rester près d’un champ de bataille. L’énergie qui s’en dégage attire obligatoirement des Titans comme nous, avides de trancher du faiblard dans ton genre. Remarque t’inquiète pas, tu sentiras rien quand on t’auras ouvert le torse en deux.

 

Un large sourire se dessinait sur le visage émacié de cet homme aux épaules pointues. Elles étaient orientées vers l’arrière accentuant sa démarche inquiétante. Il avançait à pas lents, les mains dans les poches, la tête rentrée sursautant à chaque mouvement de ses jambes, à l’image d’un vautour. L’homme métronome s’arrêtât à quelques mètres du jeune Titan. Son sourire grandit encore plus.

 

            - On meurt toujours à douleur, connard.

 

Ayant dit, Echo fit une pause. Le bruit de la pluie se fit alors l’invité neutre mais non apaisant dans cette conversation. Par ce silence le jeune Titan saisi pleinement l’attention de son interlocuteur. Il eut le temps de se lever et reprit sur un ton plus cinglant :

 

            - Et maintenant, tu veux que je te montre ?

 

Lorsque Echo partit de cette forêt on comptait deux corps de plus jonchés sur la terre trempée.

Ne sachant où aller, fatigué par la pluie et par ses combats, le jeune homme erra un long moment dans la forêt. Il traînait derrière lui sa large épée, balayant ainsi le sol. Le tapis de feuilles mortes se déchirait progressivement face à la pointe de l’arme. La pluie forte était devenue fine ; et restaient inarrêtée par les arbres dénudés.

Les cheveux d’Echo semblaient fins. Ils s’agglutinaient formant des bandes de pics souples. Les yeux plongés dans le vague, Echo ne s’en souciait même pas. Il marchait droit devant lui, la face grise et la tête baissée. Soudain, il s’arrêtât. Immobile, il dit d’une voix sourde :

 

            - Qui que tu sois montres toi si tu ne veux pas que je te tue.

 

Un vieil homme sortit de derrière un arbre par sa gauche. Une capuche, recouvrant la tête du mystérieux inconnu, laissait entrevoir des yeux vifs et scintillants. La main droite posée sur le tronc de l’arbre, son autre main, ouverte, était positionnée en abduction.

 

            - Tes sens sont remarquables mon garçon. Il y a longtemps que tu as décelé ma présence.

            - Qui es-tu ? coupa Echo.

            - Mon nom ne te dirait rien, reprit lentement le vieil homme. Je cherche à créer un énorme projet ... et j’aurais justement besoin de toi.

            - Je n’ai été, et ne saurait, l’esclave de personne, retourne d’où tu viens si tu ne veux pas mourir.

            - Calme toi petit, tu viens seulement d’arriver dans ce jeu. Ne te crois pas supérieur juste parce que tu as trucider 5 ou 6 imbéciles de bas étages. Le nouveau né a autant de choses de mourir que le moribond, rappelle toi de ça … c’est ma première leçon. Ma deuxième, ajouta-t-il en fléchissant légèrement les jambes, sera l’humilité.

 

       Mais laissons cette partie de, ce que Zeus nommera plus tard, l’Age de révolte des Titans, pour nous concentrer sur un autre fait marquant du début de cette période.

 

 

Chapitre IV : Ferme la porte, la mort arrive …

 

 

« Il fait beau. Le fouillis des feuilles endormies mélange une ombre tiède au jour chaud. Elles dessinent avec imprécision des ombres sur mon visage. Quelques fois, une lumière vivante m’aveugle durant un instant. Le parc résonne comme une cloche aux sons bruyants des enfants qui profitent des derniers jours de l’automne. Ces derniers courent à travers les pelouses et rient à gorge déployée. Ils vont mouiller leurs doigts tendus aux arrosages, se sauvent avec de petits cris et vivent si fort dans le grand calme qu’ils encombrent le bel après-midi de leur bonheur simple. Je suis tout baigné du soleil. Il touche aux fleurs, à l’herbe, se reflète dans l’étang du parc provoquant une lumière aveuglante et clignotante à la manière d’un far. Des millions de petites feuilles vertes argentées et foncées papillonnent devant moi au gré du vent vif mais si rassurant. L’air chaud, gonflé et tendre m’englobe dans un bonheur intense qui semble être éternel à mes yeux fatigués. Une sérénité lointaine m’emplie. Je sais que cette étrangère est dangereuse, mais pourtant mon âme ne peut s’empêcher de la retenir. Elle voudrait la retrouver comme l’amoureux « largué » tient à se remémorer des meilleurs souvenirs qu’il a eus avec son aimé. Je ressent qu’un tel bonheur est trop conséquent pour être goûter tout entier en une fois. Je voudrais n’en rien perdre et je tourne la tête. Je me répète comme pour en jouir davantage : « Il fait beau … » et puis je me le répète encore. Ces mots misérables et insuffisants trahissent un cœur humble et des regards étroits, incompatibles à ma condition. Soudain un bruit m’alerte et dérange ma quiétude nostalgique. Survenant de par derrière mon dos, c’est un son aigu, rapide et oppressant qui se fait entendre. Je n’ai même pas le temps de l’identifier que déjà … je ne suis plus. ».

 

 

Chapitre V : … c’est Zeus qui la guide.

 

Assis sur un banc d’un jardin public, un homme retombe en enfance en créant de petits objets avec le sable mouillé à ses pieds. Tout le monde s’intéresse à l’agilité de l’homme d’une quarantaine d’année, qui s’en se préoccuper de ce qui l’entoure, continue ses travaux de construction. Sa concentration émerveille les enfants du petit parc, qui, peu à peu, cessent leurs activités bruyantes pour contempler une table, un livre, un cheval, un taureau et un marteau de sable. Bientôt Cogito Prius est entouré d’une muraille d’enfants. Sans parler, ils étudient tous la précision et la technique du maître. Quelques uns s’aventurent à monter sur le banc, avec pour objectif de mieux contempler d’un point de vue, qui leur semble si haut, les créations de l’homme barbu. Prius, impassible ne leur prête aucune attention, il continue avec la même dextérité un autre ouvrage. Celle-ci comporte un tronc en reliefs soutenus par deux tiges qu’il recouvre de sable. Au tronc, il ajoute, tout en prenant soin de retenir sa respiration pour ne pas briser le début de l’œuvre, deux autres tiges horizontales. Tout en les recouvrant de la même manière, il pense à ajouter une boule de terre enrobée de sable. Les enfants poussent alors, à des rythmes non conformes, des gazouillis de stupéfaction et d’ébaudissement. Bientôt de petits rires se font entendre. L’un crie : « Sieh an ! » à son camarade. Prius sort de sa poche un petit couteau et de son sac un pot d’argile et un gourde. De ses mains rugueuses, il enduit l’objet délicatement, tirant la pointe de sa langue lorsqu’il doit passer ses gros doigts sur les tiges de sables horizontales. Tous les yeux des spectateurs enfantins restent rivés sur le couteau s’enfonçant dans la boule. L’homme décrit ainsi deux petits trous symétriques, un trait fin en dessous. Des clappements de joie se font alors entendre ; les enfants pensant que le dernier mouvement clôturant la réalisation venait de s’opérer. Mais Prius ne semble pas encore satisfait. Il examine l’objet sous toutes les coutures, posant sa lourde main sur sa barbe et la serrant comme si elle allait s’échapper. Ses sourcils se froncent ; et soudain, il se remet au travail. Il prend un peu d’argile dans sa main et la malaxe jusqu’à ce qu’elle devienne une petite boule minuscule. Après l’avoir modelé en une sorte de triangle inégal, il colle le plus grand côté entre les deux trous. Les enfants n’ont pas l’air de comprendre, ils auraient volontiers donné leur désaccord et poser leur veto à cette modification qui leur semblait désuète. Elle ne faisait que désembellir une œuvre qu’ils avaient spontanément applaudie plus tôt. Pourtant, ils se turent, de peur de vexer le « génie ».

 

      - Encore avec ça, Prius ? plaisanta Phanéon, arrête de te faire mousser auprès de ces gosses.

      - Hein ?! Quels gosses, répondit avec une nonchalance mêlée d’une pointe de naïveté le créateur réfléchit.

 

        A peine dit et il replongea dans son œuvre. Phanéon, les mains dans les poches tourna brusquement la tête en direction du trottoir opposé au petit parc. Marquant un temps, il dit : « Deux hommes nous suivent. L’un est grand et mat de peau ; l’autre est petit et porte des habits blancs. »

 

       - Oui j’ai senti leur présence. Ils sont là depuis 2 heures environ, prononça tranquillement Prius, ses yeux restant fixés sur sa réalisation. Où est mon frère Phanéon ? reprit Prius.

       - A l’intérieur du magasin derrière moi, il achète de quoi manger.

       - Il va encore acheter du sucré, tu aurais du y aller toi-même, reprocha le Titan barbu.

       - Bah ! Ton frère est toujours insouciant, je ne suis pas là pour le garder.

       - J’ai bientôt fini, on va pouvoir y aller.

 

     Ses mains continuèrent machinalement le travail, sans se soucier du reste du corps. Toujours ardemment scrutées par les yeux émerveillés des enfants, leurs mouvements d’indépendance étaient fascinants.

 

       - Prius, ils bougent, souffla Phanéon.

 

Le Titan barbu ne répondit pas.

 

       - Ils ont passé le coin de la rue, je ne les vois plus, commentait Phanéon.

 

Soudain, Prius claqua ses larges mains sur ses cuisses et essuya, tant bien que mal, l’argile presque sèche. Les mains encore enduites de cette matière, si glaireuses et repoussantes lorsqu’elle est mouillée mais si agréable à l’œil quand elle devient sèche et est, avant tout, bien modelée, Prius caressa sa large barbe. Ses yeux pétillants démontraient la satisfaction du travail accompli. Il regarda autour de lui et constata la muraille d’enfants. Il ne dit pas un mot et la traversa avec lenteur. Les enfants surpris, finirent par s’écarter. Le Titan les dépassa et s’arrêta à un pas d’eux. Il s’étira bruyamment ce qui n’eut pour effet que de susciter l’envol des enfants rôdeurs accompagnés d’hurlements stridents.

Prius était grand et robuste. De grande taille il dépassait d’une tête ses compagnons. Sa barbe grisâtre, tirant plus sur le noir que sur le blanc, cachait sa bouche aux lèvres charnues. La forme de son visage était ronde, et à y bien penser elle ne coïncidait pas avec ce corps inégalement. En effet, ses épaules étaient larges et charpentées ; ses bras longs et solides ; ses pectoraux formaient une cuirasse de chair que la plus forte des lances auraient eu du mal à transpercer. Tandis que la partie basse, masquant le haut, se définissait par un énorme ventre qui avait, sûrement, poussé doucement mais formait un bouclier mou ; avec au milieu une terrible faille pour cette pseudo arme de guerre : le nombril. Après avoir réajusté sa veste, Prius finit par : « Allons-y Phanéon. »

Les deux hommes traversèrent le parc et la rue pour atteindre le magasin d’où sortit Cogito Postea, le frère de Prius. De nature lente, Postea s’arrêta à l’entrée du magasin. Les bras chargé, la bouche ouverte, il regardait ses camarades avancés d’un pas décidé.

 

         - Depêche toi Postea, on s’en va, cria Prius.

 

Phanéon coura pour se placer entre les deux hommes et commença à réciter les paroles : « Ô, Dieu des Dieux, Zeus ! Prête nous le pouvoir du temps et permet nous de voyager à travers les siècles pour te divertir. Ceux qui sont fait pour mourir te supplient ! » De sa main gauche il fit apparaître une lance à deux piques et decrit un cercle sur le sol, éclatant le bitume de la route. Les trois hommes s’installèrent à l’intérieur de ce cercle, et soudain un flash éblouit les passants aux alentours. Les trois Titans disparurent de cette époque.

 

 

Chapitre VI : Le dernier survivant.

 

Une route à l’ouest du Japon, en direction de la ville d’Hiroshima dans la région de Chûgoku. Un homme d’une soixante d’année parcourt le pays depuis 5 mois. D’origine grecque, il contemple un Japon changeant et bouillant. Il est suivit par un jeune garçon lui aussi occidental.

Fatigué de marcher, Nectarius s’arrêta. Il resta debout la tête penchée en arrière, admiratif du ciel bleu en ce début de printemps.

Quand il fut assis, le vieil homme pris un morceau de pain et un oignon qu’il tira de son sac. Il en sortit également un gobelet minutieux en fer, et le rempli d’eau jusqu’à la moitié. Le couteau en main il se mit à manger avec lenteur, muet entre chaque prise, l’œil fixé sur le gobelet. Echo avala sa salive.

Au bout d’un moment, sentant sur lui le regard de l’adolescent, Nectarius se retourna vers lui et le considéra.

 

         - Tu as donc faim, demanda-t-il ?

         - Oui.

         - Tu as une langue, petit ! Il fallait le dire tout de suite !

 

Nectarius coupa son pain et son oignon en deux, puis tendit les deux moitiés au jeune garçon, lequel les pris dans ses mains avec une telle avidité qu’il en oublia presque de dire merci.

Après les avoir engloutit en un rien de temps, il ne pu s’empêcher de dire : « J’ai bien cru que j’allais mourir de faim… Bien que cela ne soit pas possible. ».

 

         - Pourquoi, s’exclama le vieillard ? Tu crois que ton immortalité te permet de ne pas te nourrir. Si tu ne manges pas, il est certain que tu mourras. Sous quelque forme qu’elle soit, la mort est inévitable, elle touche chaque homme ici bas, que l’on soit mendiant ou roi … Personne ne peut s’y soustraire, ce serait contraire aux règles fixées par les Dieux … ce serait remettre en question l’éternité des Dieux, et la banalisé aux yeux des mortels. Telle est la condition humaine, petit !

 

Le vieil homme s’arrêta de parler un instant afin de donner plus de gravité à son discours. Tout en  mâchant le pain qu’il venait de se couper, il regardait droit devant lui, l’œil fixé sur la lointaine route. Puis tout en laissant bien entendre à son jeune disciple qu’il était préférable qu’il l’écoute, il reprit sur un ton marqué d’intonations aiguës et/ou graves : « C’est folie de penser que l’homme peut braver la mort. Les Titans ne sont pas véritablement des êtres immortels comme le prétend Zeus ; mais plus des êtres humains qui se sauvent de l’inévitable mortalité imposée par le fils de Cronos, en gageant que celui-ci existe. »

 

N’osant encore s’exprimer pleinement devant son maître, Echo n’osa de prime prendre la parole. Avec une naïveté qui le rendait si différent de l’être sombre qu’il avait été auparavant, il se risqua à dire :

 

           - Mais maître, si la mort de l’homme est irrémédiable, et ne se limite qu’à un peu de terre sur la tête du défunt, à quoi peut bien servir la vie ? Comment à la pensée de la mort peut-on construire sa vie ?

 

   Le vieil homme pris son temps pour répondre. Il mâchait lentement, comme si chaque fois qu’il brouillait sa nourriture, ce fut une idée de plus. Il cessa toutefois de manger et délicatement pris son verre d’eau posé sur un caillou ; le rapprocha de son torse, puis resta immobile.

 

           - La mort envisagée dans sa forme grave, sérieuse est une source en elle-même. Elle rend l’homme vigilant comme rien d’autre, influençant ou allant jusqu’à conduire l’individu à agir d’une certaine manière. Elle devient une source d’énergie qui stimule l’action d’un guerrier lors d’une bataille ; se transformant en une pensée qui lui permet de tuer son adversaire en toute bonne conscience. Seul l’instinct de survie prime.

Chaque action que tu entreprends se confronte à l’idée de la mort. Elle est une barrière, un mur que certains parviennent à franchir, tandis que d’autres restent inéluctablement au pied cet obstacle. Pour eux le temps se fige, les sentiments et les plaisirs qu’ils éprouvaient auparavant s’évanouissent, et disparaissent complètement quand leur lien de vie est coupé et qu’ils sont emmenés par Hermès, le conducteur de l’âme des morts.

Par conséquent seul l’homme animé de sérieux sait que la mort est un stimulant de la vie. Il se répète chaque jour les mots latins : « Carpe Diem » … Quoi tu ne connaît pas le latin ?...

 

Nectarius bu une gorgée, reposa son verre et conclu par : « Il faudra t’apprendre le latin et le grec ancien. ».

Les deux hommes marchèrent jusqu’à la tombée du jour ; Nyx tirant déjà son rideau de nuit sur le pays du Japon. Au moment où ils allèrent s’arrêter, un bruit de tambourin se fit entendre dans la pénombre de la nuit. Un moine apparut alors, la tête baissée il marchait à petit pas. Arrivé au niveau des deux Titans il s’arrêtât sur la gauche de Nectarius. D’une voix sourde il demanda au vieil homme s’il comprenait le japonais, ce à quoi Nectarius lui répondit oui, non sans son habituel calme.

 

          - On rencontre de plus en plus d’hommes blancs aux Japon, enchaînât le moine d’une voix faible mais ferme, et ce, tout en gardant les yeux fixés sur l’horizon du chemin. Je me demande ce qui peut bien attirer les hommes à abandonner leur pays pour envahir celui des autres.

          - On ne quitte sa maison que pour trouver ce qui ne si trouve pas.

          - J’ai rencontré un autre homme blanc aujourd’hui près du temple reculé que j’entretiens, dit le moine. Il possède un tatouage dans l’intérieur de la main gauche. Fait-il parti de ce qui ne se trouve pas dans ta maison ?

          - Cet homme je le recherche, répondit le vieillard.

          - Alors suis moi.

 

Le moine marqua un bref silence et ajouta avec le même ton sourd : « Mon destin était peut-être de vous faire rencontrer ».

 

          - Oui sûrement …

 

Les deux hommes restèrent dos à dos seulement le temps d’un souffle de vent. On aurait pu dire qu’il se protégeait l’un l’autre, chacun assurant ses arrières. L’herbe haute du champ s’affaissa et lorsqu’elle se fut relevée sans peine, le moine reprit son chemin indiquant au vieil homme et à son disciple la direction du temple reculé.

Arrivés aux abords du temple, ils y trouvèrent l’homme en question. De taille assez grande il portait un habit de cuir noir abîmé qui contrastait avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds bouclés. Son visage aurait pu être parfait si l’os de son nez ne s’était pas transformé au fil du temps en une minuscule colline qui ne le rendait pas moche mais ne l’embellissait pas pour autant. Il ressemblait au portrait dessiné par les maîtres italiens du XVIème siècle. De beaux traits réguliers qui délimitait un visage angélique innocent, mais aussi froid que ceux des statues grecques. Il était toujours vivant et vibrant, ne pouvant tenir une seconde en place. Ses mains cherchaient toujours à s’occuper, trouvant répétitivement une nouvelle occupation dès qu’elles avaient épuisé la précédente.

 

           - Alors tu portes encore ce tatouage, Hipponous ? C’est étonnant, j’aurais pensé que depuis le temps tu l’aurais détruit.

           - Pourquoi est-ce que j’aurais fait une telle chose Nectarius ? il faut bien garder une trace de notre passé. Je prends plaisir à regarder ce tatouage tout en pensant qu’il ne signifie plus rien. Car comme tu le sais mon vieux camarade, nous ne sommes plus que deux. Edepion est mort … je lui ai personnellement coupé la tête. Cet imbécile se prélassait dans un jardin d’enfant, se prêtant à rêver à une vie paisible.

           - Hipponous !!

 

Nectarius s’irrita d’un seul coup. De son calme coutumier il passa soudainement à une rage écrasante. Il sentit son sang bouillir. Ses mots, signal d’alarme, trahissaient une envie pressante de passer à l’action. Le poing droit serré et la main gauche ouverte, il parlait avec force et colère. Echo, stupéfait de la réaction de son maître, regardait la scène sans bouger. Seul le moine continua son chemin, montant les marches du temple.

 

           - Comment un traître de ton espèce peut-il encore vivre, toi qui as tué le chef de tes compagnons d’armes. Aujourd’hui et ici, en souvenir de ce tu as fait à Corinthe tu mourras !!

 

Courbant une tête aux cheveux hérissés, les yeux menaçants et injectés de sang Nectarius abaissa son buste et écarta ses jambes légèrement pliées afin d’y laisser un écart d’une soixantaine de centimètres. Le bras gauche en arrière gardant sa main ouverte, il prononçât les mots : « Océan ! Onde de la Mer Egée !! »

D’un seul coup, les trois hommes se retrouvèrent les pieds dans l’eau. Ne sachant s’il devait ne pas bouger pour éviter de perturber son maître ou au contraire se réfugier en hauteur devant cette étonnante et dangereuse montée des eaux, Echo décida à la parfin de s’enfuir en grimpant dans un arbre.

La bouche ouverte, Nectarius se concentrait au maximum. Les traits de son visage s’accentuaient. De sa bouche sortait un son rauque et continu, symbole de la puissance de son attaque. D’un être habituellement tranquille et posé il se métamorphosa en un être rempli de colère n’aspirant qu’à la vengeance. Son visage était devenu fougueux. Ses cheveux hirsutes et indisciplinés, voguaient au gré de la puissance dégagée par la préparation de l’attaque. Ses sourcils froncés masquaient en partie des yeux ténébreux. Et alors que le vieil homme refermait ses lèvres sèches et usées par le temps, l’eau monta en l’air de façon fulgurante pour former un mur. L’eau bouillait, bougeait et tourbillonnait telle un torrent impétueux. A la stupéfaction d’Echo qui avait déjà vu cette prouesse de la part de son maître, le mur d’eau prit bientôt la forme d’un carré. Au dessus de cet étrange carré, des vagues énormes rugissaient en direction d’Hipponous. À leur bout elles se transformèrent en de géants Hippocampes dorés ; étincelants le jeune disciple et le moine.

 

            - Tu ne peux rien contre moi Nectarius ! Et cela tu le sais depuis le premier jour que nous nous sommes rencontrés, cria Hipponous tout en se protégeant la figure du bras. Je suis Bellerophon, le seul homme capable de dompter Pégase. Or pégase est un des favoris de Poséidon. Me tuer entraînera sur toi le courroux du Dieu des mers et des océans. Ton titan protecteur ne peut pas s’opposer à son maître. Rends toi à l’évidence, tes efforts sont vains ! Tu remues la poussière que pour ne mieux tousser.

            - Bellerophon ?!? … Ce que tu viens de dire ne fais que me réjouir d’avantage ! Si toi-même tu l’admets, je n’aurais donc aucun doute te concernant.

 

A la fin de cette phrase, Nectarius projeta sa main gauche en avant. Les vagues suivirent cet ordre de leur créateur et déferlèrent sur leur adversaire. Un mur d’eau s’abattit alors sur Hipponous. Sa réaction fut immédiate. Il battit des bras comme si elles furent des ailes, bloquant ainsi les hippocampes menaçants. L’attaque semblait avoir échouée. Bellerophon voulut avec hardiesse les repoussés, mais il sentit un picotement au niveau du ventre. Quelque chose l’avait déjà stoppé dans son élan. Il sentit alors le poids des hippocampes, si légers au départ, devenir énorme, trop lourd pour ses faibles bras. Leur taille et leur nombre n’avait pourtant pas grandit. Nan ! C’était quelque chose d’autres … une autre attaque qu’il n’avait pas vu. Une épée colorée d’un sang rouge écarlate émergeait de sa poitrine gauche.

 

            - Eh bien mon camarade, il semble que Phôbos est jeté le trouble en toi, déclara Nectarius. Le Dieu de la lumière t’a empêché de voir ma deuxième attaque. Où est donc ta hardiesse maintenant !

            - Ha ! peut-être t’a-t-il aidé sur cette bataille, mais rappelle toi le sort d’Ilion. Aujourd’hui tu triomphes mais n’oublie pas que ta victoire n’est due qu’à l’intervention des Dieux. C’est le sort funeste et le roi Appollon qui ont pris ma vie. Tu ne vivras pas longtemps non plus ; près de toi se dresse déjà la mort, prête à dompter ta vie.

 

Tout en disant cela, le sang avait commencer à jaillir de sa bouche et coulait déjà le long de ses lèvres ; la vie l’abandonnait. Ses yeux se révulsèrent et il tomba à jamais dans l’antre d’Hadès.

 

            - Pour l’instant celui qui goûte au gouffre de la mort c’est toi gamin, murmura Nectarius à l’oreille du jeune homme.

 

Au lendemain du combat, le vieux et le jeune partirent pour une autre époque. Nectarius avait passé sa nuit juste à côté du cadavre, refoulant toute nourriture et eau. Lorsqu’il se réveilla, il regardait une dernière fois son ancien adversaire ; fit une grimace et cracha avec force sur la dépouille froide et bleuté. Il salua le prêtre et dessina un large cercle dans le vide autour de lui et de son disciple.

 

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  Ah, tiens... encore un truc que j'avais loupé. Grands Dieux, tant de choses à lire et si peu de temps pour le faire. Ha-hem, bref, revenons au sujet : ton histoire !

  Choisir les Titans et la mythologie grecque est une idée sympa, pour commencer. Je ne m'y connais pas trop, mais quelques noms m'ont fait tilter (Bon Appolon tout le monde le connait, okay^^). Après je ne sais pas si tu suis exactement les histories de cette mythologie, mais bon personnellement ça ne va pas me gêner.

  J'ai bien aimé les réflexions philosophique sur la mort, la vie, la futilité de la vie du guerrier, l'ennui de l'immortalité... Le tout au travers de discussions, comme le faisaient justement les philosophes de la Grece antique. Autant dire que ça cadre bien ^^.

  Le récit est agréable, avec de bonnes descripitions qui n'en rendent pas pour autant le déroulement plus lourd. Pour ce qui est du scénario, ça m'a l'air prometteur : luttes de Titans, avec peut-être plus tard cette histoire de révolte des 15 Titans "frondeurs", sans parler du fait qu'apparemment on va voir du pays au fil de ton récit. Grêce, Japon, et sûrement bien d'autre, sur plusieurs époques.

   Autre point : Les combats. Bien mis en scène, pas trop confus, on arrive à suivre du début à la fin (même si j'ai dû relire le passage avec le carré d'eau et les hyppocampes). Chaque Titan semble en outre avoir une capacité propre, comme c'est le cas pour Nectarius et sa capacité à contrôler l'eau. Sacrément balèze le pépé d'ailleurs ^^

 

  Passons aux cotés négatifs : j'ai l'impression que tu as sauté le passage où Nectarius prend Echo sous son aile. D'un coup, pof, on se retrouve avec le gamin devenu apprenti du pépé. Bon bien sûr je me doute qu'en croisant le gosse et sa noirceur d'âme Nectarius a du vouloir lui apprendre à se contrôler, à devenir plus mûr. Ce n'est pas très choquant, mais j'aurais aimé que tu décrives le moment de leur rencontre. J'imagine qu'Echo a voulu tuer Nectarius, etc...

Bon, c'est juste un avis personnel hein ^^ Et puis, reflexion faite, si tu ne l'as pas fait ici, c'est peut être parce que tu réserve cette scène pour un flash-back.

   

  Autre chose, j'ai un problème avec le rythme de certaines de tes phrases. Là encore c'est quelque chose de strictement personnel, mais je ne peux m'empêcher de tiquer quand je lis ça, par exemple :

   " - Alors Nectarius tu captures les proies des autres."

   ou encore :

   " - Je ne suis pas ton ami Sinon"

   Le fait est que sans virgule, j'ai tendance à lire la phrase d'une seule traite, sans faire de pause. Voilà comment je ménagerais les phrases suivantes, en rajoutant des virgules :

  " Alors, Nectarius, tu captures la proie des autres ?" ou "Alors Nectarius, tu captures la proie des autres ? "

  " je ne suis pas ton ami, Sinon" : ici la virgule permet d'accentuer le dernier mot en plus de ménager une pause.

 

  Voilà, j'ai rencontré ça à quelques reprises dans tes posts. Je le redis ceci est un avis strictement personnel et subjectif ^^ En gros, mon conseil de pseudo-écrivain adolescent serait de relire tes dialogues à haute voix (je sais tu risques d'avoir l'air con si ya du monde, alors fais le plutôt quand t'es tout seul^^) et, à chaque fois que tu fais une pause, rajouter une virgule.

Si ça peut t'aider, j'ai constaté que ça arrivait fréquemment pendant des phrases interrogatives ou exclamatives dans lesquelles le nom d'un personnage était placé à la fin (Ex : "- Alors tu portes encore ce tatouage Hipponous ?" ou "- Je ne suis pas ton ami Sinon").

 

 

 

  Heu... je crois que j'ai tout dit. Niveau orthographe aucun problème notable (du moins rien que j'ai pu remarquer). Donc woilà, j'espère que ce post te sera utile. Après tout il est normal qu'il y ait des choses à améliorer si c'est ta première fanfic. Faut pas se décourager, on est tous passés par là, tu peux me croire ^^

  Quoi qu'il en soit, moi j'attends d'ores et déjà la suite, hein ! J'ai hâte de savoir si Poseidon va laisser passer le meurtre de Bellerophon ou bien châtier pépé Nectarius  :P

  Bonne continuation  ;)

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@ Daemon : Merci pour cette critique positive (tu effaces la connotation négative associé généralement à ce mot), elle va permettre de m'améliorer en particulier au niveau de, comme tu disais, certaines phrases de dialogue (déjà corrigé par ailleurs).

Non je ne parcourt pas chronologiquement l'histoire mythologique (d'ailleurs je suis pas sûr que l'on puisse fidèlement en établir une) ; je reprendrais juste quelques grands traits ou évènements nécessaires à mon scénario.

Pour ce qui est du combat Echo Vs Nectarius, oui ça sera un flash-back ^^

En tout cas merci pour ces remarques  ;D je mettrais la suite dans quelques temps (une ou deux semaines) et la relirais cette fois ci.

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  • 1 month later...

YoP,

 

j'ajoute une suite, après quelques modifications : présence de chapitre, et rajout d'une partie retraçant la rencontre Nectarius/Echo annoncée par le chapitre III

 

---------------

 

 

Chapitre VII : L’alliance commence.

 

 

Place du docteur Antoine Bedere, en face l’hôpital public de Saint-Antoine, à gauche un troqué en longueur du début du XXème siècle, qui contrastait avec l’autre café à droite, retapé moderne. Le vigile, au coin de la porte d’entrée de l’hôpital, restait debout les bras croisés ; regardant le soleil aveuglant de ce début d’avril. Echo n’en revenait pas. C’était la première fois qu’il assistait à un tel spectacle. « Spectacle » ? Oui, c’en était un ! Parce que l’atmosphère était lourde, remplie de bruits nouveaux, de lumières bizarres crées par des bidules, des trucs, des choses qui lui étaient encore étrangères. Nectarius ne l’avait jamais emmené plus loin que le XIXème siècle ; et encore, dans des pays reculés, en froid avec cette montée du progrès. Ce mot que les notables et politiciens utilisent dans toutes les soirée mondaines : « industrialisé ».

Entre les deux cafés, une minuscule place, composée de deux arbres, servait de pivot pour entrer et sortir de l’hôpital. Un marchand de marron, de la même couleur que ses marchandises, suait à grosses gouttes. Une multitude de personnes se promenaient sur les trottoirs. Echo remarquait les vêtements des filles. Bien que plus courts, ces demoiselles paraissaient un tantinet plus dénudées que celles de son époque ; mais c’était principalement leur allure qui accentuait la désinvolture de ces vêtements. Etais-ce là aussi le progrès se demanda-t-il ?

Des groupes d’étrangers parcouraient les rues inégales du 12ème arrondissement. On apercevait des anglais, des allemands. Leur posture, leur façon de marcher, ou même de s’arrêter pour regarder un bâtiment, contrastait avec la course des parisiens pressés.

Echo ne perdait pas une miette de ce ballet inédit. Tout semblait bouger autour de lui. Rien ne restait en place. Une voiture succédait à une autre, et ainsi de suite. Un bus s’arrêta soudainement, provoquant un coup de klaxon strident, venant se glisser entre les autres bruits de la ville.

Attentivement, il scrutait la vitesse du garçon du café de gauche. Ce dernier semblait se dédoubler grâce à sa vitesse extraordinaire. En effet, le garçon naviguait entre des rochers ovales au dessus plat ; posant des verres puis en reprenant au passage. Et cela, tout en se faisant payer et en prenant soin de remettre en place une chaise, laissée sans respect en travers par un client. Sa voile de bateau, un tablier blanc recouvrant la partie haute de ses jambes, était sans cesse choquée par ses genoux, vent accélérateur qui imposait le rythme effréné au bâtiment. Un bruit sourd de tintement de pièces se faisait entendre à chaque choc ; tandis que les clients, impatients, attendaient assis le retour du serveur essoufflé. De l’autre côté, c’était une autre voilure ; pas celle d’une goélette, mais d’un galion. La foule était abondante, énormément plus bruyante et plus changeante. Les garçons, car ici ils étaient plusieurs, glapissaient au-dessus des bourdonnements. Le bras levé, ils poussaient les rochers, effritant ainsi leur coque et salissant leur voile.

Nectarius s’avança vers l’immense porte de l’hôpital. Cette dernière était composée au centre d’une ouverture faite pour les calèches, et de deux ouvertures à ses côtés pour le passage des piétons. Echo marchait derrière son maître. Il n’osa pas prendre la tête, tant le paysage lui était si peu familier. Ses yeux n’avaient pas le temps de tout analyser. Il regarda principalement les visages. Il y en avait des visages par ici ! Des dizaines, des centaines. Une foule innombrable sortait et entrait de ce bâtiment. Passé la porte, Echo resta choqué. Un miroir éblouissant de fenêtres se présenta face à lui. Celui-ci n’étant pas visible de l’extérieur, il l’admirait sans bouger, se demandant comment les hommes pouvaient construire de telles choses ? Nectarius impatient, le saisit par la manche et le tira de son admiration, qu’il jugeait désuète et inapproprié.

Des femmes très jolies, de tous âges, de toutes sortes croisaient Echo. Elles ne le remarquaient même pas, ce garçon de vingt ans aux yeux verts, aux cheveux couleur châtain. Elles n’avaient d’attention que pour leur conversation. Un groupe rata même de le renverser. Les hommes, eux, étaient plus tristes. Se baladant rarement à plusieurs, ils avaient le visage pâle et morne. On pouvait facilement jouer à deviner leur profession. L’endroit étant un hôpital, il était aisé de savoir que les femmes vêtues de blanc furent des infirmières ou des aides soignantes. La plupart du temps, elles avaient les yeux fatigués et ridés. La belle couleur de leur pupille était atténuée, diminuée par leurs cernes. Elles étaient de « matin » comme on dit ; soit arrivé à 6H50 au plus tard, pour le moment des transmissions. Les femmes, habillées de petit tailleur discret, faisaient parties des postes plus ou moins importants dans la direction ou l’administration hospitalière. Enfin, celles vêtues de jeans et de simples T-shirt étaient les petites employés de postes inconnus et bien souvent non reconnus. Echo ne différencia pas encore ces personnes. Il était fasciné par les groupes de famille endimanchés avec une pelleté de marmots courants et bruyants. Des couples qui ne voyaient pas la foule travailleuse, blanche et grisâtre ; marchant lentement comme lors d’une promenade dans un bois désert. Ils entraient dans le premier bâtiment, s’arrêtaient comme pour le visiter. Ils cherchaient un service dont ils ignoraient le nom. « On nous a dit de venir », voilà ce qu’ils répondirent quand le personnel les questionnait.

Echo suivait son vieux maître qui traversa naturellement la première construction. Il continuait d’avancer jusqu’à entrer dans la seconde. L’entrée était plus petite. Il y avait toujours des familles qui attendaient mollement l’arrivée d’un ascenseur. L’endroit était bondé. Il se nommait « Urgences ». Nectarius maintenait la même allure, comme si de rien n’était. Ils entrèrent dans un immense couloir vitré. Le haut plafond permettait une luminosité débordante ; mais la chaleur était insupportable. Le vieil homme s’arrêta près d’une porte en verre ouverte.

 

            - Bien Echo, profitons en pour réviser, dit le vieux maître cherchant un moyen de retrouver l’attention de son élève. Tu sais pratiquement lire et écrire ta langue natale et comprend quelques mots en latin. Mais le plus dur sera le grec. Désormais, utilises tes nouvelles connaissances pour éveiller ton esprit et ton intellect. Tu connais tous les mythes grecques ; mais ne restes pas borner à ces simples mythes. Tu dois tout savoir de la mythologie. Elle te sera utile durant tes combats pour analyser les faiblesses de tes adversaires.

 

Le jeune élève regardait Nectarius dans les yeux. Il buvait chacune de ces paroles. Son air concentré flattait l’orgueil du vieux maître qui se complaisait à rallonger ses explications.

 

            - Le Jeu débuta par l’apparition de cinq guerriers issus des plus grandes batailles gréco-romaines. Ils furent choisis par Zeus pour participer à une lutte ultime, qui verrait le gagnant se voir remettre une place au sein de l’Olympe. Parmi ces guerriers, on notait Hotarius, gardien de Rome ; Horace, vainqueur du combat des Curiaces d’Albe ; Marcus Curtius, le dévoué ; Créon, roi de Thèbes ; et Léos, le Héraut fidèle. Les cinq Titans se battirent en même temps. Le combat fut rude, il dura une journée entière. A la fin, trois Titans restaient debout, essoufflés mais encore suffisamment alertes pour attaquer et se défendre. Hotarius faisait partie de ces trois guerriers.

            - Comment savez-vous cela maître ?

            - Il y a une dizaine d’année, j’ai rencontré l’un de ces trois Titans. Ce n’est que lorsque je le toucha mortellement qu’il m’avoua son identité et me raconta le peu de ce que je sais. Son nom était Horace. Il était resté pendant toute sa vie de guerrier immortel à Corinthe en Grèce.

            - Maître, est-ce que beaucoup de Titans restent dans la même époque ? demanda l’élève avide de connaissances.

            - Je ne sais pas. Il existe tellement de Titans que leur nombre ne peut et n’est donc pas spécifié à chaque fois que tu commences le Jeu. Je sais que certains changent d’espace temporel pour tuer une proie et revienne ensuite dans l’époque où ils étaient au départ ; tandis que d’autres obtiennent le pouvoir, d’une divinité, de n’avoir pas besoin à restaurer leur énergie, moyennant des services rendus. Mais globalement, ces Titans ont souvent la capacité de n’utiliser que de très peu de leur énergie. On ne les connaît pas beaucoup, car ils se cachent ; et c’est souvent par hasard que l’on tombe sur eux.

            - Et pourquoi vous ne restez pas dans une époque « type » maître ?

            - A quoi bon voir toujours la même chose à un temps donné ! Il est plus agréable de visiter un monument à différents siècles, afin de voir son évolution et voir ce qu’en font ces utilisateurs, ajouta Nectarius.

 

Jugeant qu’il était bon de finir cette discussion il enchaîna sur un autre sujet.

 

            - Avant que je ne te rencontre, j’ai planifié une multitude de rendez-vous. J’en attends un ici, à 12 heures pile. L’homme s’appelle Caedes. Il est un Titan marginal qui se bat contre des adversaires qu’il a, au préalable, choisi en début d’année. Il vit principalement dans l’Antiquité, en tant que mercenaire. Facile pour lui … Tu verras, nous nous en ferons un allié à double tranchant.

            - Pourquoi, il pourrait nous trahir ?

            - Non, je ne pense pas. C’est un très bon combattant, mais il n’a malheureusement aucunes stratégies d’attaque. Il fonce dans le combat dès qu’il voit un adversaire, en misant sur des offensives violentes, dit Nectarius.

 

Puis tournant la tête, il ajouta : « Bientôt midi, il ne va pas tarder. Reste en arrière et ne dit pas un mot. ». En effet, l’homme ne tarda pas à arriver. Il surgit de la foule, jouant des épaules pour passer. Echo n’en croyait ses yeux. Le Titan en question n’était pas plus haut qu’un nain. Il n’avait aucunes déformations physiques, mais était simplement petit.

 

            - Comme toujours, tu es à l’heure Caedes.

            - Héhé, le meurtre se doit d’être à l’heure s’il veut frapper correctement, répliqua-t-il avec un petit sourire malicieux au coin des lèvres. Que veux-tu de moi, encore des informations ?

            - Non, pas cette fois.

 

Caedes lança un regard dubitatif en direction de Nectarius.

 

            - Alors le temps est venu, dit-il.

            - Toujours aussi prompt à comprendre ce que l’on veut de toi. Oui, je voudrais que tu me rejoignes cette fois-ci. Nous sommes deux pour l’instant mais bientôt, si tout ce passe comme je l’ai planifié, nous serons près de dix-sept hommes. Le but est la suprématie, l’ennemi est l’Olympe. Mais si tu trouves que le danger est trop grand, tu peux refuser tout de suite et t’en aller librement ; je ne t’en tiendrais pas rigueur.

            - Tu m’as toujours considéré comme ton égal, enchaîna aussitôt le petit homme. Et juste pour cette raison, je devrais te rejoindre sans hésiter un instant. De plus, ma rage envers Zeus est toujours aussi forte qu’au premier jour. J’accepte de faire équipe avec toi.

            - Bien, alors nous attendrons deux heures et nous partirons pour le sud de la France au moment de la relève.

 

Les trois hommes s’appuyèrent sur les côtés de la porte vitrée. Des « soignants » discutaient et fumaient debout au devant de celle-ci. Ils parlaient des nouvelles réformes de la ministre de la Santé sorties dernièrement. Chacun contempla à son tour un papier syndical vert pâle, qui indiquait les nouveaux projets du Ministère. Un homme malmena le papier, en le frappant plusieurs fois du revers de la main. Les coups répétés étaient renforcés par une voix grave et coléreuse. L’homme semblait crier au scandale et qualifia ces lois de « anti-santé », de « ramasserie de conneries ».

Echo regardait attentivement ces soignants. Leur comportement était réellement différent des travailleurs qu’il avait connu lorsqu’il était mortel. Leur façon de se tenir, de parler ne ressemblait en rien à ce qu’il avait connu. Son étude fut vite coupée par le nouvel arrivant.

 

            - Nectarius, s’imposa Caedes, il y a quelque chose que je voudrais te demander. Avant que je vienne te rencontrer, je suis passé dans une forêt en Macédoine. Le spectacle que j’y vis me laissa béant. Deux frères jumeaux étaient postés dans des fourrés, guettant l’arrivée d’une proie. Je restais caché en arrière, fasciné par leur capacité, pour de simples mortels, à dissimuler leur puissance face au vent. Soudain, un cerf imposant fit son entrée. La bête était robuste. Ses bois, majestueux et compliqués, traversaient les rayons de lumière laissés passés par les branches, gardienne d’une certaine pénombre au sein de cette forêt. Nullement impressionné par l’animal, les frères lui décochèrent tous deux au même instant une flèche en plein cou. Terrassé, le cerf tomba lourdement dans la mousse verdâtre. Un cercle rouge grandissant lui dessinait un lit éternel, alors que les deux chasseurs s’approchaient le sourire aux lèvres devant cette belle prise. Je croyais la chasse finie et était sur le point de m’en aller te retrouver, mais le plus surprenant arriva. Au lieu de se réjouir davantage et de partager la bête, les jumeaux commencèrent à se disputer, revendiquant chacun l’exploit. Les cris se firent de plus en plus fort ; et bientôt, l’aîné des frères saisit son double au cou et le projeta en arrière. Il lui fit comprendre qu’il devait renoncer à cette bête, qu’elle était sienne et que si d’aventures, il lui prenait l’envie de contester à nouveau sa décision, c’est au Dieu des Enfers qu’il ferait part de ses jérémiades. Le jumeau bousculé ne voulut perdre la face. Il bondit d’un seul pas sur son frère aîné et le poignarda au ventre, dans le foie. Mais les coups ne furent pas assez violents, et le jumeau attaqué riposta. Il le poussa une seconde et une dernière fois en arrière sur les bois de l’animal. Aucun des deux frères ne gagna ainsi la bête. L’un mourut empaler et l’autre des suites de ses blessures au ventre. Chasseurs et chassé finir par pourrir dans ce bois reculé.

            - Etrange, mais toutefois intéressante histoire, qui montre bien les limites de l’être humain dans la nature, commenta Nectarius. Mais que voudrais-tu savoir ?

            - Eh bien, pourquoi ces deux frères se sont entretués au lieu de partager simplement la bête ?

            - Echo, pourrais-tu répondre à cette question, s’adressa le vieux maître à son disciple sans pour autant le regarder.

 

Le jeune élève, n’ont déconcerté par la soudaine attention qu’on lui porta, continua encore un moment à rester silencieux. Il prenait le temps de bien ajuster ses idées, en les mettant dans un ordre parfait ; puis conclut par un «  Oui, je peux » assuré.

 

            - Cette histoire nous montre, qu’à l’état de nature, les hommes sont égaux en tout point, enchaîna Echo. Et j’entends par cet état de nature une notion de fiction théorique, qui se caractérise par une violence et un sentiment de menace permanent, bien connue par nous Titans. En effet, si tu analyses notre situation et celle que tu as exposée, l’agression et le danger sont nos principales compagnes, nous assurant notre sécurité. Ainsi, ces deux frères sont dotant plus cirant de vérité que notre exemple, puisqu’à la fois leur faculté d’esprit et de corps sont pratiquement identiques ; et ce surtout au niveau de leurs aptitudes physiques. Leurs gênes prouvent que, de cette égalité de compétences, découle une volonté d’atteindre les mêmes fins ; ce qui les a poussé à s’entretuer. Tout est parti de trois éléments. En premier, d’une soif de dominer l’autre, d’une rivalité qui induit l’acte de l’offensive aux hommes en vue de leur profit. Parce que c’est en étant maître de la violence qu’on se rend supérieur. Certaines personnes vont ainsi prendre plaisir à conquérir les autres. En second, la méfiance. Les jumeaux ont commencé à se disputer sans se tuer, ce qui souligne leur volonté d’instaurer des limites de sécurité. En se battant avec les mains, alors qu’ils auraient pu utiliser leurs armes, ils ont fait preuve d’une résolution de construire leur défense. Enfin, et ce n’est pas le moins important, la fierté. Souvent regrouper à tort avec le premier, cet élément conduit l’homme à utiliser une puissance déchaînée qui force l’autre à l’adhésion, en vue de sa réputation. C’est un égoïsme lointain qui ressort et pervertit l’homme. Elle noircit son cœur, ses membres, son cerveau et jusqu’à son âme. Voilà trois causes développées, notamment par Hobbes, qui entraîne la guerre entre les hommes. Tes jumeaux se sont entretués car ils étaient privés d’un pouvoir commun les tenant en respect. Chacun était convaincue d’être trompé, ou le craignait seulement à un moment. C’est essentiellement leur manque de confiance réciproque qui les conduisit à leur funeste destin.

            - Ouah ! On voit bien que ton maître est le célèbre Nectarius, s’exclama Caedes.

 

Laissant entendre le crépitement du feu pendant un instant, il repris avec la même interrogation naïve que durant sa première question : « Mais alors, comment font les hommes pour sortir de cet état. Tu as dit que seul le pouvoir d’une civilisation pouvait régir les pulsions naturelles des hommes. Hors, ces jumeaux faisaient partis d’une cité macédoine, réputée pour ses lois strictes, voire autoritaires.

 

            - Attention, il ne faut pas confondre société et tyrannie. Tyrannie n’est que l’évolution absolue de l’état de nature d’un point de vue négatif. Tant que chacun voudra la mort de son prochain, par souci de sécurité, de fierté ou autre, et ce passant par la force et l’ingéniosité dont les a dotées la nature, l’homme restera son principal prédateur pour l’éternité.

            - « Eternité », sourit Nectarius. Tu ne crois pas pousser le pessimisme de la situation un peu trop loin.

            - Non, au contraire, je reste réaliste. L’homme, aussi bien quand j’étais mortel que maintenant en tant que semi-mortel, ne cesse de se battre inlassablement. La civilisation, sans cet état primitif qu’est la guerre sera impossible ; puisque contaminé elle ne pourra éclore et s’épanouir. Au contraire, elle deviendra un jouet négatif de l’état de nature, pervertissant l’homme et l’enfermant dans une prison d’avilissement et de guerre. Je parle de tyrannie. Selon Hobbes, et je suit pleinement son raisonnement allant même jusqu’à le pousser sur certains points, l’homme n’aura de recours qu’à travers un dessaisissement de ses droits naturels. Mutuellement, ils doivent accepter de renoncer à l’agression, afin d’atteindre la « béatitude évangélique » ; ou simplement établir la paix par la conclusion d’un contrat collectif. Tel est l’objectif optimiste de l’homme.

            - Par conséquent, la civilisation serait le remède, la pilule miracle capable d’anéantir les pulsions de l’homme.

            - Oui, car elle instaure un contrat honnête, démocratique pour chacun. Si les hommes instaurent un contrat de lois, reposant sur l’égalité d’une paix durable, ils parviendront naturellement à un bonheur universel.

            - Haha ! Une république ! s’exclama Nectarius.

            - Démocratique, finit Echo.

 

Nectarius tourna la tête du côté de son élève pour la première fois depuis l’arrivé de Caedes. Sans dire un mot il caressa sa barbe blanche, puis dit : « l’élève dépasserait-il le maître ». Ce à quoi Caedes éclata de rire. Un son fort et enivrant, qu’il coupa d’un seul coup comme il l’avait commencé.

 

            - Magnifique ! Nectarius, y a-t-il une antithèse à cette théorie, s’enthousiasma le petit Titan.

            - Je n’en ai pas réellement Caedes, car je suis en grande partie d’accord avec ce raisonnement, même si le pessimisme trop fort qui s’en dégage m’effraie. J’aborderais les limites de cet état de société dont parle Hobbes. Selon moi, l’état de société est insuffisant. Il n’est pas l’évolution finale, mais simplement une étape vers un autre état ; plus savant, plus constructif et fiable. Quoi de plus naturel de penser que l’homme de société sera inéluctablement perverti ; et ce, même s’il renonce à l’état de nature et se dessaisit de ses envies de guerre. Il restera toujours en proie à des tendances de meurtre, assouvissant ses souhaits par intermittence. L’exemple le plus révélateur est celui des sociétés du XIX et du XXème siècle. Même si elle prône une égalité pour tous et une paix universelle, des guerres continuent d’éclater, de ravager les terres. Au-delà de la simple destruction directe de l’homme, c’est une autre destruction qui s’est opérée : celle de la planète. L’homme déçu par le fait qu’il ne réussirait jamais à dominer entièrement ses semblables, s’est rabattu sur la planète pour le commander indirectement. Du Moyen Age au début du monde contemporain, la notion de sauvegarde de l’environnement était totalement inconnue. L’importance de la place de la Terre, au sans être vivant, n’existait pas. Sa destruction ne posait donc pas de problème. On pouvait à loisir envahir ce territoire vierge et le domestiquer comme on avait su le faire avec une grande partie des hommes. Mais à partir de la fin du XXème siècle, la question de l’écologie se pose. L’homme se rendit compte que la planète souffrait et que sa patte dominatrice la détruisait chaque jour un peu plus. Hors, pensez-vous qu’il arrêtât immédiatement son opiniâtreté destructive ? Non, au contraire, il travailla d’arrache pied pour exterminer tous ce qui pouvait rester de l’antique nature. Ce qui montre bien la faiblesse, la limite de l’état de société. Il manque à l’être humain un autre état, celui-ci final, qui saurait les sensibiliser et les conduire à repousser complètement leurs pulsions naturelles. Une combinaison surpuissante qui allierait raison et paix. Je n’ai cherché de trouver le merveilleux état. D’abord passant par celui de démocrate, mais ses aspirations politiques restent encore trop emplies de lois naturelles dissimulées derrière l’état de société. Finalement, il m’apparut la solution de l’état de philosophe. Un état pure, dénué d’ambition, mais simplement orienté par la raison, maîtresse des actions. Pour réaliser la Paix juste, il faut que tous les hommes deviennent philosophes, sans aucune exception, et ce, qu’importent le temps et le lieu. Alors seulement, l’harmonie s’effectuera, voyant l’être humain vivre paisiblement avec ses congénères et la Terre.

            - Cela ressemble à du stoïcisme, repris Caedes avec un air renfrogné, comme si suivre cette dernière partie lui fut plus difficile que celle d’Echo.

            - Approximativement. Très approximativement, dit Nectarius un petit sourire survenant la seconde fois qu’il répéta ce mot. Pour les stoïciens, la philosophie est un art, qui nous permet d’acquérir toutes les compétences nécessaires à une bonne conduite conforme à la nature.

 

La conversation se termina sur cette présentation sommaire du stoïcisme et les trois hommes restèrent muets jusqu’au changement d’équipe.

Ils partirent donc pour le sud de la France. Retraversant les deux bâtiments, et placer au milieu de la place pivot, Nectarius traça un simple petit cercle d’un diamètre de 10 cm entre ses pieds à l’aide d’une pierre. Les trois hommes disparurent aussitôt, emporté par le flot d’énergie dégagé le cercle.

 

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Je dois dire que je bois tes paroles. Je suis admiratif tant à la qualité de ton récit, les débats philopsophiques me semble quand même un peu dur à suivre mais ton histoire est bien construite avec des combats, de la philosophie, de la mythologie.

J'ai n'ai en moins une question :

 

Comment on entre dans ce jeu ?

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  Aaaaaah, v'la un moment que j'attendais la suite... et je ne suis pas déçu !

  Nectarius prépare donc une espèce de vengeance contre Zeus et l'Olympe, à la manière de cette légende qui veut que les Titans aient tenté de forcer les portes du Mont. Il commence donc son recrutement. J'aime bien l'idée que les Titans puissent passer d'une époque à une autre, et je trouve ça crédible, même. Après tout, les Dieux ne sont-ils pas immortels et donc présent depuis la nuit des temps jusqu'à leur fin ?

  Et puis, le fait que tu distilles un peu de philosophie à travers ton histoire... excellent ! La reflexion par la discussion, comme le faisaient les Grecs de l'Antiquité, mais en utilisant toute la gamme de penseurs que permettent les voyages dans le temps.

 

  Eh bien, mis à part quelques petites fautes par-ci par là, je dois dire que j'aime beaucoup ce que tu fais. Continue comme ça, j'attends déjà la suite  :P

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