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Sangsuel


orion
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Il y a quelques années, plus précisément, il y a environ 11 ans pour être exact, j'ai commencé à écrire une histoire. Comme pas mal de monde j'avais la fibre en ce temps pour réaliser des histoires avec les références de cette époque. J'avais un véritable petit monde dans ma tête d'étudiant et le scénario ficelé pour... Quelques tomes à suite... Bref, j'avais vraiment l'envie et le temps et pourtant en 2 ans je n'ai pu qu'écrire que le premier tome qui représente tout de même 232 pages A4. Pour le moment il n'y a pas de fin et je n'ai jamais pu réellement me remettre dedans.

 

Je vais tout de même vous faire partager le début de cette aventure qui m'a valu de prendre quelques extraits pour le canard de la fac à cette époque. Le style, je ne saurais pas trop le décrire mais à cette époque, j'adorai faire des descriptions pour imager le plus les choses afin que le lecteur puisse s'immerger dans l'histoire.

 

Le début de l'histoire et même une bonne partie se déroule à New York. Vous pourrez lire à certain moment le nom de momuments qui existaient encore à l'époque où je l'ai écrit. Pour les lieux, je me suis servi du guide du routard et en aucun cas je n'ai fait de voyage là bas. De ce fait pour des personnes connaissant NY, il peut y avoir pas mal d'incohérences... A cette époque, je n'avais clairement pas l'argent pour m'y rendre.

Quant au titre, c'est un jeu de mot dont vous comprendrez le sens si vous plébiscitez la suite.

 

Une dernière petite chose: cette histoire a été écrite il y a 11 ans et de ce fait je ne la changerai pas selon ce que vous pensez. Je ferai uniquement que des petites adapations ou changerai la tournure de certaine phrase, voire censurait certain passage qui pourrait choquer.

Maintenant place à cette histoire:

 

 

Chapitre 1: Une rose rouge

 

 

 

 

Un samedi de février

USA- New York

 

La nuit, une nuit fraîche et stressante, s'était imposée au- dessus de Manhattan depuis bien longtemps...

La lune devenait mystérieuse, presque cynique dans sa tenture d'albâtre. Elle transperçait violemment la voûte, enflammée de lumières synthétiques et blafardes. Quelquefois, elle disparaissait... Elle disparaissait derrière d'immenses turbulences obscures qui se tintaient doucement de beige frissonnant et onirique...

Toute la baie clignotait féériquement dans l'apocalypse glaciale de l'hiver agonisant... Une pléiade de reflets argentés effleurait les immenses colosses de verre, se déformaient en d'immondes sourires ironiques et finissaient par mourir... Et puis il y avait aussi les milliards d'hologrammes déjantés qui se désarticulaient follement au- dessus des serpents d'asphalte...

Plus qu'un rêve, un envoûtement incontrôlable vous attirait inexorablement vers le chaos de cette métropole...

 

« Ce soir... quelque chose doit se passer au City Cinéma... »

Quelqu’un raccrocha un téléphone public au coin de la dix- septième rue et de la seconde avenue... Son regard trahissait un puissant maléfice satanique et sa voix grave, presque digitale, était plus que diabolique...

 

East Village

Webster Hall- 21h01

Un taxi doré, une ancienne Mercedes à boîte manuelle, était stationné à l'angle de la quatrième avenue. Son conducteur, un homme de la quarantaine d’année, était assis sur le capot avant de son véhicule. Il profitait du calme superficiel entre deux averses pour fumer une cigarette... Il écoutait sommairement les annonces de la speakerine et tendait l'oreille seulement si elle prononçait East Village...

Il inspira un peu plus brutalement pour faire rougir une dernière fois les cendres de son mégot... Il manqua de s'étouffer lorsqu'une voix chaude et sensuelle lui demanda:

- Eh Chéri tu m'emmènes faire un tour?!...

Il toussa plusieurs fois et, d'un revers rapide de la main, essuya les quelques larmes qui naissaient sur le rebord de ses paupières... Il fit glisser son regard vers le trottoir et écarquilla légèrement les yeux. Une fille qui ne devait certainement pas avoir plus de vingt- cinq ans, était accotée contre un viel horodateur, sur lequel plusieurs affiches de sites Web y étaient collées n'importe comment...

La jeune fille avait une pose lancinante et sa bouche entrouverte suggérait vaguement les gigotements de sa langue... Ses lèvres démesurément roses caressaient ses dents blanches avec un érotisme provocateur; ses yeux bleus étaient tellement immenses que n'importe qui s'y noyait sans espoir de pouvoir survivre au charme mélancolique de ses iris...

Ses cheveux blonds, fins et fantastiques ondulaient doucement contre ses épaules. Elle crut bon de passer ses doigts dans quelques mèches pour dévoiler le petit tatouage dessiné sur son cou, juste dessous le lob de son oreille droite... C'était une rose; une rose aux pétales écarlates.

Elle portait des vêtements psychédéliques; son pantalon blanc et moulant devait avoir la fâcheuse tendance de découvrir ses mollets lorsqu'elle devait s'assoir. Son chemisier jaune en polyamide épousait parfaitement les formes de sa poitrine pour la rendre encore plus féminine...

Le chauffeur ne savait pas trop quoi dire. Il se contenta d'enfoncer un peu plus sa casquette bleue marine dans son crâne, pour cacher un peu plus sa calvitie ou pour dissimuler la honte qui commençait à inonder son visage mal rasé. Il tâta maladroitement les poches de son jean pour s'assurer qu'il y avait un ou deux billets froissés qui y sommeillaient tranquillement.

Elle le dévisagea une dernière fois comme pour boire sa peur jusqu'à la dernière goutte puis elle décida de s'enfuir dans la foule qui passait et repassait sur les gigantesques trottoirs grisâtres et jonchés de détritus ou de papiers déchirés...

Lui, il scotcha ses pupilles dilatées sur les formidables petites fesses qui disparaissaient de plus en plus. Il eut du mal à arracher son regard de la foule et à dissiper le désir qui tressaillait dans son dos, tout à coup, brûlant comme les braises de l'enfer...

Il savait pertinemment que ce n'était pas une prostituée comme certaines femmes qui arpentaient les rues de Manhattan. Quelque chose d'étrange pétillait dans ses yeux de saphir... Une immense frustration le submergea lorsqu'il effleura, de la paume, le capot métallique de son taxi. Il se rendit, alors, compte de la misérable vie monotone qu'il menait depuis des années et des années...

Pour accentuer son malaise, il sentit deux ou trois gouttes perfides lui dégouliner le long de la joue gauche. Il leva légèrement la tête vers le ciel perdu au milieu des méandres des immeubles. Il fronça les sourcils et fixa un court instant la lumière diffuse du lampadaire qui le dominait... Il entrevit plusieurs larmes luisantes qui dégringolaient  d'on ne savait où...

Il pleuvait à nouveau...

Il ne tarda pas trop à rejoindre son véhicule et à s'y enfermer... Son excitation s'était complètement effacée... Il manipula les touches digitales de son autoradio et augmenta légèrement le volume afin que la voix grave de l'animateur puisse couvrir celle de la speakerine émanant de la C.B...

« New York Fire FM vous emporte dans les limbes nocturnes jusqu'à l'aube et nous commençons le festival avec une sublime musique de U2 extraite de leur album Zooropa: Daddy’s gonna pay your crashed car »...

De l'autre côté de la rue, un club vidéo retransmettait depuis un bon quart d'heure un match de hockey sur un écran de télévision et un film d'horreur sur un autre. Juste à côté du magasin, un vieil homme était emprisonné au milieu de son kiosque à journaux et il était entrain de feuilleter un magazine pour adultes... Quelques fois, celui- ci jetait plusieurs coups d'œil en direction du vieux van d'un mexicain qui criait n'importe quoi jusqu'à s'en décrocher la mâchoire pour vendre ses plats à emporter...

 

Malgré le mauvais temps qui menaçait chaque seconde, la cité new- yorkaise était vraiment très bondée voire surpeuplée... Personne ne se préoccupait de personne; les visages étaient figés comme de la cire à croire que rien ne les intéressait...

 

Elle sentait les quelques gouttes de pluie à travers son chemisier en polyamide... Elle aimait; non, elle adorait jouer avec les gens comme elle venait de le faire avec le taxidriver. Elle ressentait quelque chose d'intense et d'incontrôlable qui lui titillait les hormones...  Elle adorait vraiment ça... et c'était même assez faible pour décrire son plaisir...

Elle posa ses yeux merveilleux vers le trottoir en face et scruta les ténèbres d'une petite impasse. Elle savait que plusieurs drogués venaient se faire quelques fix... Les patrouilles policières passaient faire régulièrement le ménage et embarquaient les junkies pour une garde à vue d'une quarantaine d’heures avant de les relâcher. En fait, ils venaient surtout confisquer l'héroïne, la cocaïne ou les LSDs; certains, des ripoux, s'arrangeaient pour fouiner dans les stocks de la police afin de revendre la  came au noir...

Elle inclina la tête et lut les inscriptions fluorescentes qui défilaient le long d'un énorme écran digital... C'était le Webster Hall, une gigantesque boîte de nuit... Elle travaillait ici depuis deux ans à présent; elle était barman dans l'immense salle techno...

Elle était tombée sous le choc des lasers, des projections de films sur des écrans géants et des danseurs et danseuses sado-maso qui se déambulaient follement sur la scène surélevée...

Elle se planta devant les trois videurs qui gardaient patiemment l'entrée du dôme, illuminé de spots aveuglants et violents. C'étaient des asiatiques de Chinatown qui affichaient fièrement leur carrure imposante dessous un costume cravate noir plutôt étriqué; leurs lunettes sombres ne faisaient qu'accentuer leur antipathie destructrice.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, elle les avait vaguement vus à l'œuvre face à plusieurs adolescents qui avaient un peu forcé sur l'alcool. Les videurs les avaient amicalement calmé grâce à quelques figures de styles bien placées. Les ambulances étaient arrivées un quart d'heure plus tard pour récupérer les jeunes corps étendus sur les trottoirs détrempés et imbibés, ici et là, d'hémoglobine...

Elle fit un large sourire aux videurs en jetant de longs regards vers la queue d'attente qui enflait de plus en plus. Elle recherchait des habitués, des nouveaux et surtout de beaux garçons...

Elle n'attendit pas plus longtemps d'autant plus que la pluie redoublait de violence. Un brouhaha bruyant lui percuta violemment les oreilles à la limite de lui éclater les tympans. C'était un amalgame de disco, de rap, de techno et de rock. Le sol vibrait furieusement au rythme effréné des basses . Elle traversa un couloir extrêmement éclairé où les distributeurs de préservatifs, les téléphones et les dernières affiches de films s'entassaient maladroitement...

Elle déboucha dans l'une des immenses salles enfumées par quelques vapeurs opaques de nicotines. Des spots diffus tranchaient, décapitaient et transperçaient l'atmosphère lourde; les diverses boules à facettes s'illuminaient d'étranges faisceaux argentés et légèrement aveuglants; le stroboscope venait quelque fois éclater les rétines des milliers de personnes qui dansaient depuis déjà un bon moment... La musique était extrêmement violente; les enceintes  crachaient Ain’t My Bitch de Metallica...

Elle se rua aussitôt vers un escalier bondé qui l'emmenait vers l'enfer du Webster Hall. Plusieurs mains lui caressèrent les fesses ou les hanches mais elle s'en moquait... Elle répondait aux regards masculins par des regards enflammés et enivrants sans s'attarder trop dans ces discussions visuelle; il y en aurait encore des dizaines et des dizaines pendant toute la nuit et elle pourrait s'en délecter...

Elle pénétra dans le dôme techno, noir de monde. Les énormes baffles tambourinaient violemment et des clips décapants s'enchaînaient les uns après les autres sur les écrans géants entreposés un peu partout. La musique était splendide; c'était  Da Funk  de Daft Punk...

Elle traversa toute la piste en se frayant un passage et s'approcha de l'immense comptoir marbré le long duquel une sorte de halo poussiéreux et doré s'en extirpait. Elle s'assit sur un tabouret écarlate et dévisagea plusieurs fois le barman. C'était un portoricain baraqué et habillé complètement en noir. Il était entrain de noyer du sirop de fraise dans de la bière blonde et pétillante. Il posa les verres devant un couple d'une bonne vingtaine d'années et en profita pour attraper un des shakers luisants entreposés dessous les éviers...

Il versa rapidement plusieurs liquides dans le récipient et s'approcha enfin de la blonde tatouée. Il cessa, un instant, d'agiter le shaker et se baissa pour ouvrir un petit frigo. En se relevant, il fit claquer une bière mexicaine sur le comptoir et dit:

- Tiens ma belle, je l'ai gardé spécialement pour toi...

- Hmm... Merci Marco.

Elle lui fit un clin d'œil, caressa la bouteille du bout des doigts, embrassa doucement le goulot et but trois ou quatre gorgées... Elle garda quelques filets dorés le long de son palais et finit par les avaler voluptueusement.

- Je vais... Commença-t'elle puis elle se lécha la lèvre supérieure et poursuivit: je vais voir un film au City Cinema. Tu pourras t'en sortir seul jusqu'à minuit?...

Marco consulta brièvement sa montre et répondit en souriant:

- Pas de problème Jane... Qu'est- ce que tu vas voir ?...

- Oh! Une rediffusion de Seven avec Brad Pitt... Dit elle d'une voix chaude, entre deux gorgées.

- Excellent... Il est vraiment excellent...

Marco ouvrit le shaker et vida rapidement son contenu dans un immense verre. Elle s'amusa un moment avec le citron vert coincé dans le goulot et se suréleva avec ses coudes. Elle mit la bouteille à moitié vide de l'autre côté du comptoir et attrapa une casquette bleu- marine à l'effigie des Knicks.  Elle s'arracha de son siège et se fondit dans la masse en mouvement pour traverser à nouveau la piste de danse... La mélodie Chemical Beats  des Chemical Brothers imprimait un rythme effréné à toute la salle...

Elle remonta difficilement l'escalier sur lequel certains fumaient n'importe quoi tandis que d'autres tentaient de faire l'amour...

Quand elle déboucha dans l'immense couloir, elle en profita pour enrouler ses cheveux dorés et pour les emprisonner dessous sa casquette. Seules quelques mèches glissaient encore sensuellement contre son cou...

Dehors la pluie était redevenue fine et légère comme la rosée... Elle leva un instant ses yeux bleutés vers les néons des enseignes lumineuses des magasins toujours ouverts. La fraîcheur de la nuit commença à l'étreindre lentement et elle eut un spasme incontrôlable qui lui taillada la colonne vertébrale...

Elle s'arracha  à l'immobilité et remonta la onzième rue en direction de l'est...

 

Assis derrière son volant et le visage caché par un épais nuage grisâtre, le taxidriver regarda Jane qui s'éloignait vers l'East River. Il inspira une nouvelle fois sa cigarette, l'écrasa dans la trappe du cendrier et baissa la vitre de sa portière pour lancer le mégot à l'aveuglette... Avec un ton hargneux, il murmura en bavant quelques fumerolles de nicotine:

-  Eh Chéri tu m'emmènes faire un tour!... P’tite ******...

Il éteignit la C.B. et consulta son autoradio bloqué sur le fréquence de New York Fire FM. La station diffusait pour le moment  Who is it  de Michael Jackson. Il démarra son véhicule et laissa passer une Buick décapotable et une Ferrari 308 avant de s'engager...

Les yeux rivés vers le corps sublime de Jane, il roula lentement pour ne pas la perdre à travers la foule. Les essuie-glaces couinaient maladroitement sur le pare-brise et la boîte de vitesses accrochait quelques fois. Il ne faisait pas trop attention à sa conduite et fantasmait sur les cuisses fuselées de la blonde en marmonnant des obscénités... Il manqua d'emboutir une voiture de police garée en double file...

 

Elle avait les mains perdues dans les poches de son pantalon moulant et le visage bien coincé entre ses épaules. Elle faisait toujours tourner les têtes mais les yeux s'attardaient souvent sur son tatouage. Encore une fois, elle s'en moquait éperdument en continuant à observer les diverses vitrines éclairées... Elle traversa la troisième avenue pour changer de trottoir et passa à côté de deux adolescents qui faisaient le guet devant une épicerie. Ils attendaient le bon moment pour dérober quelque chose et pour s'enfuir...

Elle s'arrêta un instant devant une galerie d'art qui venait d'ouvrir la semaine dernière et prit le petit paquet de cigarettes emprisonné dans l'une de ses poches. Avant qu'elle n'ait eu le temps de sortir son briquet, une flamme dorée se dressa sous son nez. Elle embrasa sa cigarette et leva ses yeux vers le visage d'un garçon coiffé également d'une casquette des Knicks. Il avait l'allure d'un play-boy californien.

- Merci... Murmura-t'elle d'une voix neutre puis elle se détourna.

Il écarquilla les yeux et demanda:

- Eh!... Eh!... tu t'appelles comment?...

Voyant qu'elle ne lui répondait pas, il se rua vers elle. Tout en lui pinçant les fesses, il lui souffla dans le creux de l'oreille:

- Tu prends combien pour une...

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase; une main le gifla violemment. Il resta pétrifié pendant quelques secondes en laissant partir Jane et il cria ensuite une obscénité comme savent si bien le faire les hommes frustrés.

Il la regarda se déhancher et se décida à la suivre à distance...

La pluie était toujours aussi mélancolique...

 

Le taxidriver ne manqua pas une miette de la scène qui venait de se dérouler. Il sourit cyniquement tout en tapotant le volant du bout des doigts au rythme de  Who Is it . Il marmonna avec sadisme:

- C'est vraiment une p’tite allumeuse... J'vais lui montrer qu'il ne faut pas jouer comme ça avec moi...

Il souffla doucement en tournant dans la douzième rue et fronça les sourcils pour distinguer Jane. Elle était devant le City Cinema et finissait sa cigarette avant d'entrer. Il chercha rapidement une place libre...

- Ouais chéri, tu vas voir je vais t'emmener faire un tour quelque part...

 

Jane écrasa son mégot avec ses chaussures à talons aiguilles et s'infiltra dans l'antre du cinéma. Elle s'avança vers l'un des guichets où déjà plusieurs personnes attendaient. Alors qu'elle arrachait la casquette bleu-marine de sa tête, quelqu'un la bouscula. Elle émit une exclamation de surprise et d'énervement.

Elle jeta un bref coup d'œil par dessus son épaule gauche et remarqua un vieil homme d'une cinquantaine d'années. Il avait une antipathie perverse qui collait à son visage mal rasé. Il portait un imperméable sombre et légèrement crasseux...

Soudain une voix masculine l'interpella:

- Mademoiselle... Ah! Jane. Continua la voix avec euphorie.

- Salut Steve... Je voudrai une entrée pour Seven... Répondit elle en posant un billet vert. Tu passes au Webster après minuit?...

- Ouais certainement!...

Elle quitta le guichet en adressant un dernier clin d'oeil à Steve. L'homme de cinquante ans s'empressa de dire, sans prendre le temps de regarder le vendeur:

- La même chose!

 

Après qu'un employé du cinéma lui ait pris le talon de son ticket, elle entra rapidement dans la pénombre d'une des immenses salles; seuls des halogènes l'éclairaient ici et là. Un faible fond musical murmurait les paroles de Calling Elvis  des Dire Straits.

Elle s'assit directement dans la partie gauche à peu près au milieu pour être à l'écart des autres spectateurs. Les publicités et les bandes d'annonce des prochains films défilaient déjà sur l'écran...

Le visage à-demi caché par sa casquette, le play-boy californien la dévisagea, hésita à s'installer à côté d'elle et s'assit finalement trois rangs plus bas. Il se mit de façon à pouvoir la voir sans qu'il se retourne avec une sauvage indiscrétion...

Le taxidriver souriait en la regardant à distance. Lui, il pensait fermement jouer avec elle sur la banquette arrière de son véhicule de fonction...

 

Soudain les profonds ténèbres s'installèrent dans la salle...

 

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  * Première pensée en arrivant sur le topic *

  Ah, tiens, un nouvel écrivain. Orion, celui qui a fait les théories ? Mmmmm, ben allons y alors, ça ne peut pas être mauvais.

 

* Finit de lire le début du post *

Il y a 11 ans ? O_o Mais ça te fait quel âge, tout ça ? (comment ça, c'est une question malpolie et indiscrète ? Mais je suis malpoli et indiscrêt. Ou juste curieux^^). Premier tome fini avec 232 pages ? Et en plus, il a été publié dans un journal de fac. Bon ben lançons nous !

 

* Finit de lire le chapitre *

  Hum, ben j'ai pas eu tort ! Le style en lui-même est assez impressionnant, tu arrives à faire dégager de ton texte une ambiance trouble et obscure, comme dans ces vieux films noirs. Dès les premières phrases tu donnes le ton.

  Orthographe ? ben rien à dire, hein, rien de rien. Chapeau (en même temps je n'en attendais pas moins de ta part^^).

  Pour l'histoire en elle même, je ne peux trop rien dire étant donné que ça se limite pour l'instant à deux stalkers qui suivent une super nana dans un cinéma ; cinéma dans lequel il est censé "se passer quelque chose". Etrange, vraiment étrange. Bon, j'ai un pronostic tout de même, au vu du titre et de quelques éléments, je verrais bien une histoire de vampires, ou bien un polar plein de mysticisme.

  Que dire de plus ? Ah, oui, j'ai noté quelques petits problèmes de mise en forme, notamment au niveau des tirets (New- York, par exemple), mais rien de de grave.

 

Donc je finirais par conclure que cet avant-goût m'a fortement mis en appétit. Je suis très friand de ce genre de roman, si c'est bien le genre de récit auquel je pense ^^. Quoi qu'il en soit, l'ambiance seule suffit à me charmer, et il me tarde vraiment de savoir ce que ce mystérieux appel cache. A mon avis, il va y avoir du sang ^^

  En bref, et pour couper pour à mes élucubrations, je dirais simplement que j'attend la suite de pied ferme  ;)

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Merci Daemon pour tes remarques, c'est intéressant d'avoir une opinion constructive pour savoir ce que pensent les lecteurs. Pour le moment tes critiques me sont favorables alors je vais tenter qu'elles le soient encore.  ;)

Ta curiosité de perdra mais bon je ne suis pas non plus cachotié. Mon âge si tu tiens réellement à le savoir est de 30 ans. Eh oui, je suis un petit vieux parmi tous ces jeunes sur le forum, quoi qu'il y a tout de même pas mal de personnes qui ont entre 25 et 30 balaies sur ce forum.

 

Comme je l'ai écrit dans mon premier message, j'adore donner une ambiance assez précise dans mes récits et c'est pourquoi je fais pas mal de descriptions. Pourtant, je me suis rendu compte que c'était peut être ce qu'il y avait de plus difficile lorsque l'on voulait écrire une petite histoire ou une plus longue. En effet, il est très souvent barbant de lire des descriptions car ça ralentit d'autant plus le fil de l'action. A partir de là, j'ai fait la constatation que le choix des mots et la formulations des phrases pouvaient réellement aider à faire "passer la pilule" au lecteur, si je puis dire. Un choix précis des mots permet de faire mouche et la formulation des phrases apportent une certaine fluidité dans la lecture qui permet aux lecteurs de ne pas être étouffés véritablement par ces descriptions.

Cependant, seule des descriptions de lieux ou de personnes permettent de donner l'ampleur que je voulais à l'histoire: l'atmosphère, les émotions ou même encore les réactions des personnages...

Bref, passons à la suite... Ton analyse sur ce qu'il va se passer est plutôt dans le mille devrais je dire mais.... Il y a certaines choses qui devrait te surprendre. En revanche, j'ai axé le premier chapitre sur la technique du leurre et normalement, ça devrait être assez déroutant. On aime ou on aime pas mais c'est la première chose que j'ai trouvé pour mettre le lecteur dans l'erreur au point de se poser la question mais à quoi servait le premier chapitre...

 

 

 

Jane se détendit complètement en s'enfonçant un peu dans son siège moelleux. Quelqu'un venait de s'asseoir juste derrière elle. Elle pensa d'abord que c'était ce vieux pervers qui l'avait bousculé mais celui qui mâchouillait du pop corn dans son dos ne portait pas cette eau de toilette rance et piquante qu'elle avait senti à proximité de l'homme de cinquante ans...

C'était un parfum doux et exotique; presque enivrant... Elle le trouvait même excitant...

 

Le film commença dans une atmosphère glauque comme sait très bien le faire David Fincher...

 

... La pellicule avait tourné pendant un bon quart d'heure. Elle bougea légèrement, posa son avant-bras gauche sur l'accoudoir et pencha sa tête. Elle offrit toute la splendeur de son tatouage à l'obscurité violée par quelques diodes...

La personne qui grignotait bruyamment son pop corn s'arrêta un instant. Elle n'y prêta pas attention, captivée par le film. Subitement un spasme courut le long des muscles de son cou. Elle avala un filet de salive et caressa doucement son front qui devenait de plus en plus douloureux. Un mal de crâne violent et insurmontable la submergea...

Elle sentit sa respiration s'accélérer et une étrange fraîcheur l'enveloppa d'un seul coup. Elle ferma les yeux pendant de longues secondes avant de rouvrir ses paupières. Quelque chose d'écarlate dégoulina le long de ses iris puis disparut instantanément... Elle décida de se lever et de quitter l'immense salle sombre...

 

Elle poussa l'un des battants de la porte de sortie et se dirigea directement vers les WC. La lumière jaunâtre était baveuse et assez faible... Les box s'alignaient sur sa droite tandis que les lavabos étaient juste en face dessous des miroirs. Elle fronça légèrement les sourcils car elle ne parvenait pas à se voir correctement dans ceux-ci... Un début de vertige s'empara d'elle mais elle secoua plusieurs fois la tête et s'approcha des lavabos...

Les murs étaient tapissés de carrelages blanchâtres et brillants. Tout semblait grandiose... Elle se dévisagea dans les miroirs et son reflet était légèrement flou. C'était peut-être un défaut de ceux-ci pourtant il lui sembla qu'à travers son corps, elle parvenait à distinguer la porte derrière elle...

Elle se planta face au miroir, prête à le toucher du bout du nez. Elle murmura alors:

- Eh bien Jane, tu es vraiment pâle...

Elle posa le pot en carton bleu à demi-plein de pop corn. Quelques cheveux blonds recouvraient les pépites de maïs éclatées. Elle tourna le robinet d'eau chaude, consulta le filet translucide qui disparaissait dans le siphon et eut une sorte d'appréhension comme une phobie exagérée de l'eau... Finalement, elle se mouilla les mains...

Elle passa ses paumes le long de ses joues et s'essuya ensuite le visage. Elle prit le pot en carton et se retourna...

 

La porte claqua une puis deux fois dans son dos. Elle jeta un bref coup d'oeil vers la porte de la salle mais elle se dirigea directement vers la sortie du City Cinema. Soudain une voix familière résonna:

- Jane!... Jane!... Tu pars déjà...

Elle s'immobilisa aussitôt comme foudroyée sur place. Elle sentit un poids lui compresser le ventre. Elle avait peur!

- Oui... Oui, je ne me sens pas très bien, je crois... Elle réfléchit un instant et poursuivit: je crois que j'ai attrapé la grippe...

Elle regarda le moins possible Steve qui était toujours dans sa cabine... Elle s'avança vers le trottoir luisant de pluie en mangeant son pop corn pour tenter de faire fuir son mal de crâne et regarda brièvement le ciel nuageux...

 

 

Chelsea

En face, il y avait le Stuyvesant Town... Elle continuait de grignoter sans s'en apercevoir. Elle était complètement absente comme si son esprit se trouvait dans une autre dimension. Ses yeux bleus semblaient désespérément vides et sans vie.

Elle était pâle presque comateuse; de quoi vous donnez la nausée...

Une puis deux sirènes stridentes hurlèrent dans la First Avenue; elle entrevit la voiture de police qui passa en trombe en remontant vers le Bellevue Hospital. Les gyrophares illuminèrent encore quelques secondes l'artère d'asphalte avant de mourir parmi les autres lumières synthétiques...

Ce soir, la dix-huitième rue était assez sombre presque glauque. Enfin, elle n'était pas vraiment attirante. Il y avait bien quelques néons qui clignotaient avec nostalgie mais c'était tout... Depuis deux semaines, la carcasse à demi calcinée d'une voiture dormait le long du trottoir. Dans une sortes de minuscule impasse, des poubelles métalliques s'amoncelaient de plus en plus jusqu'au prochain passage des éboueurs...

Elle était devant une porte en bois; une porte d'hôtel miteux et sans grande prétention, pensa-t'elle... Elle alluma une cigarette dans l'espoir de détruire son mal de crâne et la mélancolie psychotique qui l'envahissaient quelques fois mais elle ne put inspirer qu'une seule bouffée avant de tousser violemment...

La lune apparut subitement et éclaira toute la rue... Un nuage la cacha aussitôt...Une bourrasque poussa violemment plusieurs papiers noirâtres sur la route... Des gouttes recommencèrent à tinter sur les pavés...

Elle écrasa son mégot à peine brûlé, pressa un bouton et poussa fortement l'énorme porte en bois, une porte qu'elle avait trouvé quelques secondes auparavant, sans prétention. Elle évita d'allumer la puissante lumière du hall; elle ne voulait pas attirer l'attention du concierge qui devait certainement regarder du sport sur une chaîne câblée. Elle s'approcha tout de suite de l'unique téléphone qui juxtaposait les diverses boîtes aux lettres.

Elle décrocha et composa le numéro privé du Webster Hall. Elle allait tomber sur le répondeur; elle en était plus que sûre. Elle attendit quelques secondes puis débita d'une traite:

- Je ne me sens pas très bien. Je crois que j'ai attrapé la grippe. Je viendrai travailler demain soir.

Elle raccrocha en soufflant et resta un long moment le visage baissé pour réfléchir à tout et à rien. Elle regarda machinalement le pot de pop corn sans prêter attention aux quelques mèches blondes qui entouraient les grains de maïs explosés...

Elle se dirigea vers l'ascenseur. C'était une petite cage en acier pour quatre personnes maximum. Les murs étaient souillés de tags plus ou moins obscènes... Les diodes des numéros s'allumaient puis s'éteignaient...

La machine s'immobilisa au troisième étage dans un bruit d'agonie bestiale. Le couloir était obscur. A l'autre extrémité de celui-ci, une large fenêtre donnait sur le Stuyvesant Square... Un lampadaire crachait sa lumière blafarde et ajoutait une touche cauchemardesque et inquiétante aux ténèbres... Tout était calme; trop calme... Et elle avait des frissons dans le dos... Des frissons étranges...

Elle habitait le premier studio sur sa gauche. Elle enfonça la clef dans la serrure et ouvrit la porte. Elle chercha l'interrupteur et des rayons doux et dorés s'infiltrèrent dans la noirceur de l'appartement. La lumière était étrangement tamisée et éclairait juste assez pour se déplacer...

Elle posa aussitôt le pot de pop corn sur le premier meuble qu'elle rencontra. Elle arracha ses talons aiguilles en les laissant dans l'allée; elle se dirigea ensuite vers la cuisine et ouvrit plusieurs placards avant de trouver un tube d'aspirines. Elle en mit une dans un grand verre en le remplissant jusqu’à le faire déborder sans réellement s'en apercevoir...

Pendant la dissolution du cachet, elle se rendit dans l'immense salle qui lui servait de salon et de chambre. Il y avait une baie vitrée qui donnait sur la dix-huitième rue. Elle s'approcha de la console hifi, l'alluma et y inséra un disque digital...

Quelques secondes après, la mélodie de Heaven Help de Lenny Kravitz se diffusa dans toute la pièce... La pluie tombait à nouveau et des milliards de gouttelettes pleuraient fébrilement le long de l'immense baie glaciale...

Elle ferma les yeux en écoutant la voix de Lenny. Elle adorait cette chanson; elle la trouvait sensuelle et mélancolique... Elle déboutonna langoureusement son chemisier jaune et son soutien gorge sexy en dentelles noires apparut aussitôt... Elle consulta ses bras et découvrit avec stupéfaction sa peau étrangement pâle et blanche.

Elle s’observa avec suspicion et revint dans la cuisine pour prendre son verre. Elle en profita pour faire un tour dans la salle de bain. Elle se regarda longuement dans le miroir tout en déglutissant les dernières gorgées de son aspirine. Elle rangea le rasoir, le blaireau et la mousse à raser dans l'armoire de toilette...

Elle se pencha un peu plus comme pour tenter de lire quelque chose au fond de ses iris. Dans cette position elle aurait pu faire craquer plus d'un homme; le miroir dessinait un décolleté magnifique et excitant...

Tout en posant son verre vide, sur le rebord de l’évier, elle s'ébouriffa les cheveux. Elle se trouvait vraiment pâle et son tatouage paraissait bien fade, presque dénudé de sa couleur écarlate!

Elle sortit de la salle de bain et marcha félinement dans le salon jusque devant son lit où elle enleva lentement son pantalon moulant. Elle aimait lorsque le tissu lui caressait les cuisses. La petite culotte noire assortie au soutien gorge apparut à son tour. Elle se retourna et regarda la rue obscure...

Elle s'amusa avec son reflet translucide dans l'immense baie vitrée. Elle prenait des poses très subjectives; elle aurait aimé faire des photos pour des magazines... Tout en ondulant, elle scotcha son regard sur une enseigne lumineuse magenta qui clignotait faiblement...

 

La mélodie de Heaven Help agonisa lentement et un silence morbide s'installa aussitôt...

 

 

La chambre était petite et un peu sordide. Des nuages de nicotine s'enroulaient autour de la lampe orangée et poussiéreuse accrochée au plafond. Il y avait plusieurs posters des films de Quentin Tarantino et des étagères remplies de disques compacts, de livres de poche et de cassettes vidéo.

Sur un bureau délabré, s'empilaient des tonnes et des tonnes de dossiers, de revues et de magazines. La télévision fonctionnait depuis pas mal de temps. Elle diffusait Dirty Harry avec Clint Eastwood.

Sur un lit une place, un homme était allongé et quelque fois il s'amusait à répéter cyniquement une célèbre réplique du Clint. Après, il rigolait toujours jusqu'à s'en décrocher la mâchoire...

Il était torse nu et habillé d'un jean bleu et extrêmement usagé. Son visage était caché par un livre de poche. Il lisait Le fantôme de Détroit d'Elmore Leonard. Il adorait ce style de romans noirs à suspense...

Il posa un instant le livre sur son ventre et son visage mal rasé apparut. Il bailla longuement et bruyamment en jetant un bref coup d'oeil par la fenêtre sale et mouillée. Il écarquilla les yeux de surprise en lâchant son livre. Il se leva aussitôt et s'approcha de la fenêtre...

Son regard plongea vers l'immeuble en face. Il resta hébété par la vue imprenable qu'il avait sous les yeux. Une magnifique blonde venait d'enlever son chemisier jaune... Elle avait disparu ensuite mais il espérait bien la revoir...

Il venait de passer deux jours à Long Island à l'enterrement de sa pauvre mère et c'était la première belle chose qui lui arrivait pendant ce week end pourri. Il n'avait même pas pu faire du wind surf pendant ses congés forcés, pour se changer les idées; les gardes de côtes avaient interdit l'accès aux plages pour cause de violente tempête et de forte houle...

Il s'était ennuyé à mourir d'autant plus que sa petite copine l'avait quitté, il y avait trois semaines en raison de son job. Il travaillait dans la police et elle détestait les appels téléphoniques au milieu de la nuit, ses horaires amovibles et tout le reste...

Et là, il avait une superbe fille sous les yeux qui s'amusait à se dévêtir avec sensualité. Elle enleva ensuite son soutien gorge avant de s'allonger sur son lit...

Il approcha un peu plus son visage de la fenêtre en fronçant les sourcils pour distinguer une quelconque silhouette.

Il n'était pas un voyeur, enfin c'est ce qu'il pensait, mais il ne parvenait pas à détacher son regard du spectacle qu'il percevait à travers les lames d'eau qui se déversaient sur New York... Subitement, la lumière qui envahissait l'immense salle dans l'immeuble d'en face s'éteignit.

 

Il détourna la tête et consulta l'écran de la télévision. De rage, il arrêta le magnétoscope qui retransmettait un épisode de Dirty Harry. Il n'aimait pas les reality show énervants, les séries médiocres ou les autres émissions qui passaient sur les différents canaux à ces heures là... Il avait une grande panoplie de cassettes vidéo qui ne demandait qu'à être regardées...

Il appuya fortement sur la télécommande et l'écran crépita de plaisir avant d'afficher un voile noir...

Une faible voix masculine sortie d'une petite baffle à côté du lit murmura plusieurs mots incompréhensibles. Il cria un peu plus  New York Fire FM . Une musique grunge suivit aussitôt; c'était  Come as you are de Nirvana...

Il marmonna entre ses dents:

- Pourtant c'est un vieux qui habite cet appartement... Il aurait donc une fille?... Ou serait-elle nouvelle dans le quartier?... C'est bizarre que je n'y ai pas fait attention avant... Il faut que j’essaye de me renseigner...

Il resta debout pendant de longues minutes le regard rivé vers le réveil digital qui indiquait plus de vingt trois heures... Il enleva son jean et se vautra dans son lit en tentant de continuer son livre mais sans grande conviction. Il pensait trop à cette fille blonde qui dormait de l'autre côté de la rue...

Il s'allongea complètement, remit les couvertures sur lui, posa le livre ouvert sur son visage et croisa ses bras derrière sa nuque...

Il commença fatalement à s'endormir sans s'en rendre compte...

 

Il était 01h23 et le téléphone crut bon de hurler dans la petite chambre... Il se réveilla en sursaut, se recoucha en clignant plusieurs fois des yeux et bailla... Le répondeur annonça uniformément:  « Je ne suis pas là pour le moment, laissez moi un message... ». Un son suivit et une voix surexcitée cria:

- Jack!! on vient d'avoir un énorme problème au City Cinema... Habille-toi et amène-toi!!... C'est un meurtre!...

Jack se leva aussitôt et chercha quelque chose pour se couvrir Il en profita pour jeter un bref regard vers l'immense baie vitrée en face mais l'obscurité était totale. La radio était toujours allumée et la voix de Chris Isaak en émanait pour chanter Blue Spanish Sky...

Il enfila rapidement un tee shirt blanc, un sweat et un veston de cuir. Il mit ses Doc Martens sans prendre le temps de les lacer et se planta devant un miroir. Il se donna deux ou trois coups de peigne dans ses cheveux châtains et passa plusieurs fois le revers de sa main gauche contre ses joues mal rasées. Il dit alors:

- Encore une sale journée en perspective...

Il sortit en claquant violemment la porte. Les voisins s'étaient déjà plaints de son indiscrétion...

 

 

 

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  Bon, ben, puisque personne d'autre pour le moment semble se décider à poster un commentaire, je vais continuer sur ma lancée (à force, je vais finir par m'établir définitivement dans la section fanfic du fofo  :D).

  Soyons bref, ça prend bel et bien la tournure que j'avais imaginée. Pas de vampires pour l'instant (:P), mais le mystiscisme est bien là. Il y a un meurtre dans le Cinema, et Jane en ressort toute pâle, toute troublée. Il y a aussi cette histoire de voile sanglant qui passe devant ses yeux à un moment. Vraiment bizarre.

  Serait-elle la victime ? Serait-elle morte sans s'en rendre compte ? Heu... maintenant que j'y pense, Steve l'a vu sortir du cinoche et le flic la voit par la fenêtre. Alors à moins qu'elle soit un fantôme du genre pas transclucide, je me suis complètement gourré xD.

 

  Pour résumer, on est encore complètement dans le brouillard. Tu as dit que ton premier chapitre expérimentait la technique du leurre, est-ce parce qu'on pouvait penser que Jane allait se faire trucider, alors qu'en fait elle ressort indemne du cinoche ? Si oui, je me suis fait leurrer en beauté^^

  Reste cette histoire de peau très pale... Si je poursuis dans mon hypothèse vampirique, je dirais qu'un vampire était présent dans la salle, et qu'il a massacré une personne (genre le taxi ou le play-boy) avant de contaminer la petite Jane. Mais je peux me tromper ^^

 

Sur ce, cher monsieur (ben oui, trente berges ça mérite le respect... Non ? * se fait tout petit * Pas taper !^^), je vous dis merci pour cette histoire qui commence très bien, autant au niveau de l'ambiance que du suspense, et à bientôt pour la suite !

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Daemon, visiblement, il n'y a que toi qui semble être attiré par l'histoire. ;)

Cela dit, je conçois que pour le moment, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. J'ai juste planté le décor par des descriptions précises en mettant en avant une certaine ambiance. D'ailleurs, si tu as remarqué, j'insère ça et là des références musicales. En effet, je trouve que lire un bouquin avec comme fond sonore, certaines musiques ou certaines mélodies, peut accentuer l'ambiance même que l'on désire transmettre.

 

Je vois que tu commences déjà à te poser des questions. Il y a du vrai ou tout du moins penser au vampirisme à ce stade c'est parfait et c'est l'effet recherché... Mais la question c'est: est ce vraiment du vampirisme?

Pour terminer la technique du leurre, si je puis dire tourne autour de Jane, certes mais là encore cela va au delà du personnage. Petit à petit je pense que tu verras exactement ce que je voulais dire par le mot leurre.

 

Dans le prochaine extrait, j'engage un autre aspect délicat dans l'écriture d'une histoire: le dialogue. C'est quelque chose qui me semble assez difficile encore plus qu'une description. En effet, les paroles des personnages permettent de mettre en place le caractère de chacun et de se faire une idée assez précise. Néanmoins, faire un dialogue fluide me semble assez difficile au bout du compte...

 


 

East Village

City Cinema- 01h51

Jack gara tranquillement sa vieille Ford cabossée de toutes parts derrière un taxi. Il ouvrit négligemment la boîte à gants et saisit machinalement son arme. Il observa un paquet de cigarettes, en se pinçant d’envie la lèvre inférieure. La nervosité, l’exitation et l’angoisse reveillaient son manque de nicotine. Serrant fermement ses machoires, il s’abstint finalement. Il tentait d'arrêter de fumer...

Il descendit de la voiture et s'avança vers la foule qui s'amassait déjà autour de l'entrée du cinéma. Les badauds faisaient de grands gestes, discutaient bruyamment et racontaient un peu n'importe quoi.

Jack sourit mécaniquement. Il trouvait l’être humain pathétique dans ces moments là. A travers les girophares qui venaient, par intermitences, tranpercer ses iris, il chercha son équipier des yeux. Derrière quelques voitures banalisées, garées sommairement devant le cinéma, il entrevit une silhouette immobile. Une sihouette familière qui affichait un masque plus qu’inquiètant...

Il se fraya un passage à travers la foule et passa dessous les banderoles qui délimitaient un périmètre de sécurité. Il montra son badge et se rua ensuite vers le perron du City cinéma.

- Salut Jack.

- Michael, qu'est-ce que tu fais à m'appeler si tôt ?... Je viens de rentrer de Long Island! Tu ne pouvais pas attendre lundi, j'avais encore une journée de congé...

- Désolé mon vieux mais on a une sale affaire qui nous tombe sur les bras et le boss veut que tu sois sur l'enquête...

Jack souffla bruyamment en se sentant exploité abusivement... Michael continua son explication somaire en entraînant son collègue vers l’antre du cinéma :

- C'est un meurtre bizarre... Pas de témoin et pourtant une soixantaine de spectateurs regardait le film... Personne n'a rien vu. Personne n’a rien entendu d'ailleurs personne n'a remarqué le cadavre coincé entre deux rangées de sièges... C'est le jeune du guichet qui a découvert le corps alors qu'il ramassait les pots de pop corn vides...

- C'est quoi cette mascarade...

- Je ne sais pas trop… Les conditions du meurtre sont étranges, vraiment étranges... J'en ai presque vomi en regardant le cadavre... Même le légiste trouve ça bizarre et écœurant...

Jack poussa avec détermination un battant de porte pour entrer dans une immense salle. Elle n’avait plus rien d’obscur et présentait, à la lumière de puissants projecteurs, la mise en scène rodée d’une équipe d’experts récoltant des indices. En parcourant minutieusement le spectacle, Jack demanda alors :

- Et qu'est-ce qu’il en dit... Le légiste?...

- Eh bien... Commença Michael avec une certaine gêne indescriptible. Il s'arrêta à la recherche de ses mots et finalement ne répondit rien en avalant difficilement sa salive, une salive brûlante et glaciale à la fois...

Il pensait que Jack n'avait qu'à soulever la couverture isotherme pour être fixé. Celui-ci, les mains dans les poches, consulta avec incompréhension le visage blême et silencieux de Michael et y décela presque de l’effroi...

Devant le mutisme pesant de son collègue, il se pencha au-dessus du brancard mobile et regarda d'abord l'étiquette attachée à la fermeture éclair. Il lut alors à haute voix:

- Individu inconnu de sexe féminin, âgé de vingt cinq, vingt six ans...

Il ne s'attarda pas sur la suite. Il tira violemment la fermeture mais stoppa aussitôt son geste. Ses doigts se cripèrent d’un coup et il ouvrit sa bouche de terreur. Il sentit un flot de bile lui remontait des entrailles. Un spasme incontrôlable l’arracha de sa stupeur et il ravala le liquide âcre en affichant une moue de dégoût...

- Mais elle est décapitée... Parvint-il à dire.

- Oui... Approuva faiblement le médecin légiste. Mais je dirais plutôt qu'on lui a arraché la tête...

Michael restait définitivement muet. Il manqua de tomber sous l’emprise d’un vertige soudain. Il décida alors de s'asseoir dans l'un des fauteuils écarlates en respirant bruyamment... Un silence oppressant s'installa  pendant quelques secondes et Jack le rompit d'une voix grave qui trahissait néanmoins un malaise indescriptible:

- Et la tête?... Je ne vois pas la tête dans la couverture... Et le sang?... Il n'y a pas de sang!! Et ses vêtements... Elle n'est pas venue à poil!...

- Nous... Nous avons cherché la tête dans toute la salle... Répondit Michael le visage tendu. Et... Nous n’avons rien trouvé… Pas plus que ses vêtements...

- Quoi!!... Cette tête doit être en quelque part... Dans cette salle... Je ne vois pas comment le tueur a pu sortir d'ici avec le crâne de la fille sans attirer l'attention des autres  spectateurs... Jack commença à s'énerver en faisant de grands gestes. Il ne contrôlait plus ses émotions et une colère stéréotypée cachait tant bien que mal son trouble.

- C'est peut-être un fétichiste... Marmonna le médecin légiste.

- Non mais écoutez le!... Et il l'aurait mis où?... Dans sa poche?... Faut arrêter de déconner les gars!! Répondit Jack de plus en plus irritable. Le cynisme prenait le pas sur le reste de ses sentiments. Je le vois mal transporter une tête en dehors d'un lieu public comme celui-ci sans éveiller les soupçons de quelqu'un!... D'autant qu'un corps décapité laisse de bonnes giclées d'hémoglobine derrière lui... Et là, nous n’avons rien pas même une goutte... Il consulta un instant les sièges où la victime avait été étendue et continua: ni sur le corps, ni sur la moquette et encore moins sur les sièges!

- Pour le sang... Commença le légiste décontenancé. Pour le sang je crois avoir une explication rationnelle...

Jack le regarda gravement en refermant la fermeture éclair de la couverture isotherme et haussa la tête pour l'inciter à poursuivre.

- Eh bien... Il a dû lui enlever le sang avant de la décapiter...

- Quoi?!!... J'n'ai pas bien entendu! Tu peux répéter... Coupa sarcastiquement Jack.

- Elle... Elle a dû perdre son sang avant d'être décapitée...

- Tu rigoles!... Et t'appelles ça une explication rationnelle... T'as dû te réveiller un beau matin en ayant accouché de ton brevet de médecin... Jack se tourna vers Michael muet et lui dit: c'est où que tu as déniché ce guignol...

Michael se contenta de répondre:

- Laisse le continuer...Au début je n'y croyais pas moi-même mais ce n'est pas si bête que ça en a l'air...

Jack regarda à nouveau le légiste. Le médecin n'osait pas lever les yeux vers son interlocuteur excité.

- Alors... Alors, j'attends... Dit Jack avec impatience.

- L'observation des tissus musculaires au niveau du cou confirme ma théorie... Et...

- Haaa!!! S'exclama bruyamment Jack. Et ta théorie serait donc la suivante... Nerveux et exaspéré, le policier s'engagea dans l'une des rangées de sièges et poursuivit. Si j'étais le tueur je me serais mis derrière ma victime comme ça!... Si j'étais devant, elle m'aurait certainement vu lorsque je me serais retourner pour lui enlever le sang... Bon alors je suis derrière elle, tranquillement assis. Le film commence et là je sors de mon chapeau magique quelque chose que je lui plante... Jack regarda le légiste et continua: D'ailleurs je lui plante où?...

Le médecin fit mine de ne pas savoir mais répondit néanmoins:

- Il n'y a aucune blessure apparente sur le corps... Alors peut-être au niveau de la tête...

- Bon... Dit Jack avec scepticisme. Bon je lui plante quelque chose dans la tête, je ne sais pas où encore mais je lui plante quelque chose dans la tête... Ensuite je lui pompe tout le sang que je mets... Ha et je le mets où?... Dans mon chapeau magique peut-être... Jack se releva en arrêtant son histoire à dormir debout... Non, non, ta théorie ne tient pas la route et puis elle aurait eu le temps de crier mille fois avant que je lui ôte les cinq litres de sang...

Michael se leva à son tour et dit finalement:

- On en reste là pour ce soir. Le légiste va l'emmener à la morgue pour l'autopsie et pour la recherche de l'identité et nous, nous allons attendre neuf heures pour commencer à visionner les cassettes des caméras de surveillance...

- Ouaaais... Murmura ironiquement Jack en enfonçant ses poings dans les poches de son jean.

Les deux policiers sortirent de l'immense salle et Michael enflamma une cigarette dans l’espoir de supprimer l’affreux goût désagréable qu’il avait encore au fond de la gorge.

- Donne moi en une!... Dit Jack en fixant la foule devant l'entrée.

- Je croyais que tu avais arrêté...

- Non!

Il coinça à son tour le filtre jaune entre ses deux lèvres et attendit que Michael ait fini de s'amuser à ouvrir son zippo. Quand la cigarette s'enflamma enfin, Jack inspira une longue bouffée et annonça finalement:

- Y a une espèce de blonde en face de chez moi... Bien excitante... Ouais j'ai bien envie de faire sa connaissance et plus s'il y a affinité...

- Hmm... Généralement tu fais souvent plus sans savoir avec qui tu couches... Ha!...Ha!...Ha!...

Michael rigola et s'engagea dans la rue. Déjà des flashs aveuglants le mitraillèrent. Les journalistes de divers médias étaient là. Les caméras cherchaient tout et n'importe quoi mais surtout de l'inédit, du sanglant et du choquant; enfin de quoi pulvériser l'audimat...

Jack marmonna de rage entre ses dents:

- Ouais, j'allais te le dire...

Il rejoignit Michael et lui demanda:

- Et avec tous ces vautours qu’envisageons nous?...

- Le seul témoin, le jeune du guichet, a été embarqué avant qu'ils n'arrivent et nous devons l'interroger maintenant... Nous leur dirons le strict minimum... Un meurtre par strangulation et rien d'autre.

- Attends... Attends un peu, on va faire un interrogatoire maintenant... Mais tu as vu l'heure... Cria Jack.

- Eh alors ça te pose un problème?...

- Ouais... Ouais... Je reviens de Long Island et ça fait deux jours que je n'ai pas dormi correctement... Mon père n'arrêtait pas de se plaindre...

- Ok... Vas dormir mais je te veux dans mon bureau à neuf heures et demi avec ton rapport!...

 

Jack claqua la portière de sa Ford et ouvrit la boîte à gants dans laquelle il lança son Magnum. Il en profita pour prendre son paquet de cigarettes et pour en allumer une. Il avait définitivement jeté aux oubliettes ses résolutions sur le tabac. Il regarda un instant les gens qui continuaient de tourner autour de l'entrée du cinéma et démarra finalement son véhicule sans vraiment s’en rendre compte...

- Je ne sais pas ce que c'est que cette histoire mais ça pue...Ca pue l'embrouille.

Des affaires glauques comme celle-ci, il en avait eu une ou deux mais les conditions du meurtre étaient simples et claires. Ca ne se résumait pas à cette mascarade malsaine. Et surtout, aucun mobile précis et crédible n’apparaissait nettenement sinon la disparition du sang de la victime; une victime décapitée et encore inconnue.

 

Jack gara sa voiture devant son immeuble. Il regarda à nouveau l'immense baie vitrée mais aucune lumière même frêle ne s'en échappait... Il expira de frustration et sortit de son véhicule en fumant une nouvelle cigarette...

 

Il entra dans sa petite chambre miteuse et se rendit compte qu'il avait oublié d'éteindre la lumière et la radio. Il n'attendit pas plus longtemps pour se coucher et pour rejoindre Morphée...

 

 

« Il est 09h46... C'est dommage que tu dormes encore... Vas à la morgue et parle leur du cadavre d'un clochard retrouvé au Garment Center près du Madison Square Garden... »

Soudain quelqu'un décrocha le téléphone et répéta rapidement:

- Attendez, attendez...

Mais un son répétitif ponctua sa phrase...

 

 

La sonnerie stridente du téléphone déchira la petite chambre et une voix hurla après le bip du répondeur:

- Jack!... Jack! Mais qu'est- ce que tu fais?!!! Il est plus de dix heures ... Il y a du nouveau!... Appelle moi sur mon portable!...

- Merde, merde... Répéta Jack en se levant comme un dératé. J'ai oublié de mettre le réveil...

Il ne prit pas le temps de se laver ou de sa raser et sortit aussitôt de sa chambre. Hier soir, il était tellement accablé par la fatigue qu'il n'avait pas eu la force de se déshabiller... Il dégringola les escaliers à toute vitesse et déboucha dans la rue, complètement essoufflé. Il ne pleuvait pas mais le ciel était plus que maussade, presque noir...

En démarrant, il alluma la radio comme il le faisait tous les matins; New York Fire FM passait la mélodie de Fire  de Jimi Hendrix... Il composa ensuite un numéro sur son téléphone cellulaire et dit aussitôt:

- Michael?... Ouais c'est Jack...

- Tu as manqué l'heure!

- Ouaaais... Murmura Jack entre ses dents.

- Nous avons un nouveau cadavre décapité qui vient d'arriver à la morgue... Même topo... Pas de tête, pas de sang, pas de vêtement... Rien!...

- Quoi?... Deux meurtres similaires en une seule nuit...

- Non, non... Répéta Michael en avalant un filet de salive. Il a été découvert par des éboueurs derrière des poubelles. C'est l'odeur de décomposition qui les a attirés... Il a dû être tué depuis pas mal de temps!

- Hmm, je vois... Et pour hier soir... On a des suspects?...

- Non, aucun... En revanche nous avons trois... Ou plutôt deux candidates qui pourraient correspondre au profil de la victime...

- Et la troisième?... Demanda Jack.

- C'était une blonde mais le jeune du guichet me certifie qu'elle est sortie un quart d'heure après le début du film... Je n'ai pas eu encore le temps de visionner toute la cassette de surveillance pour savoir si c'était vrai...

- Hmmm... Fit Jack en écrasant son mégot dans le cendrier.

- Rejoins moi à la morgue... Ca pourrait être intéressant...

Michael raccrocha aussitôt. En consultant son rétroviseur, Jack marmona d’une voix neutre:

- Encore un tueur en série. Je hais ces gars là... Ce sont de vrais psychopathes sans éthique...

 

 

Nouvelle morgue de Chinatown

Assis sur le capot avant d'une voiture aussi jeune que celle de son coéquipier, Michael mâchouillait mécaniquement un chewing-gum en tentant de faire le vide dans son esprit... Jack freina violemment en faisant hurler les pneus et se précipita vers son collègue.

- Alors?...

- Je n'en sais rien... Répondit Michael. Je t'attendais...

Les deux hommes montèrent quelques marches et entrèrent dans l'immense morgue. Une odeur glacée et oppressante semblait remplir le hall. L'air vous rappelait vaguement celui d'un cimetière comme s'il y avait une atmosphère particulière qui collait à la mort. C'était morbide et cela vous le faisait savoir...

Jack sentit plusieurs frissons jouaient avec la peau tendue de son dos. Ils s'avancèrent ensuite vers un guichet et Michael demanda à une charmante hôtesse rousse aux yeux verts:

- Le médecin légiste Peter Kurtin...

En montrant de l'index sa gauche, elle répondit:

- Dans la deuxième salle de dépôt, là-bas...

- Je vous remercie...

Michael lui sourit et se retourna en murmurant cyniquement:

- Une salle de dépôt... Elle n'y connaît vraiment rien... Elle parle comme si elle faisait du business sur le dos des morts...

- Mignonne... Dit Jack en s'approchant de son collègue.

- Ouais, mais moi je suis marié... Alors je ne réfléchis pas trop à ça lorsque je rencontre une fille...

- Quoi... Qu'est-ce que t'insinues...

- Crois ce que tu veux; moi j'en ai vraiment rien à faire!...

- Je ne sais pas ce qui me retient de te mettre un coup poing...

- Derrière les barreaux, on a du mal à faire plus ample connaissance avec une femme... C'est certainement pour ça que tu ne frapperas pas un flic en service... Répondit Michael en souriant avec provocation.

Jack sentit un excès de colère et de frustration le submerger mais il ne répondit rien; il ne pouvait plus rien dire!

Michael se dirigea vers une petite porte métallique suivi comme son ombre par son collègue. Ils entrèrent dans une pièce peu commune où des dizaines de box s'empilaient les uns sur les autres. Deux étaient ouverts et une forte odeur insupportable embaumait toute la salle.

C'était horrible et irrespirable...

Le légiste était assis sur une chaise banale, les jambes croisées. Il semblait attendre l'arrivée des agents et se délecta de leur gêne. Il adorait contempler ses contemporains mal alaise face à la puanteur de la mort. Il se sentait redoutable dans ce genre de situation au point d’afficher un sourire presque cynique. Il se leva et s'avança avec une assurance presque dérangeante vers les policiers. Il n'y avait aucun rictus de dégoût sur son visage comme si la fétidité ne l'affectait pas. Il était impassible et totalement hermétique.

- Bonjour messieurs...

Ils répondirent tous les deux par un haussement de la tête qui trahissait leur aversion et restèrent à une distance respectable des cadavres. Le médecin, quant à lui, s'avança vers le cadavre noir et en décomposition de l'homme, étendu sur une plaque métallique:

- A première vue, il est décédé depuis cinq... Peut-être six jours... Il est décapité, nu et sans une goutte de sang à l'intérieur du corps. Vous allez certainement me dire que c'est normal après autant de temps passer dans les ordures et sous une tonne de cartons ou de poubelles mais en ouvrant le corps, j'ai décelé des similitudes par rapport à l'autre victime...

Le médecin qui était à présent penché au-dessus des entrailles du mort, jeta un bref coup d'oeil par-dessus son épaule gauche. Il semblait presque avoir un regard de carnacier ou de nécrophage ou tout du moins, un regard inquiétant pour le commun des mortels. Face à cette assurance malsaine,  Michael marmonna difficilement:

- Quoi?....

- Eh bien, il semble que quelqu'un ait aspiré tout leur sang par un subterfuge que j'ignore encore. Il n'y a aucune blessure sur le corps et j'en déduis donc que l'entaille qui permettait de retirer l'hémoglobine a été réalisée au niveau de la tête et très certainement au niveau de la jugulaire...

Le légiste se retourna à nouveau et demanda:

- Vous voulez savoir ma conclusion sur la disparition du crâne?...

- Ouais, tu vas encore nous dire que c'est un fétichiste! Répliqua Jack avec cynisme.

- Peut-être que oui, peut-être que non... En tous les cas, notre tueur ne veut pas montrer de quelle manière il procède c'est pourquoi il fait disparaître les têtes!...

Le médecin poussa le cadavre dans son cercueil et referma le couvercle en acier en prenant soin de le faire claquer sinistrement. L'odeur nauséabonde s'atténua peu à peu et les deux policiers commencèrent à s'approcher du légiste qui annonça:

- En ce qui concerne notre deuxième victime, il y a quelque chose de bizarre...

- Tout est bizarre... Coupa violemment Jack.

Le médecin lança un regard noir et méprisant en direction de ses interlocuteurs et continua:

- J'ai tenté de faire son identification par les moyens habituels... Mais elle n'avait plus d'empreintes digitales et encore moins de dents...

- Quoi... Elle n'avait pas d'empreintes digitales! Répéta Michael avec incompréhension. Mais c'est impossible...

- Regardez par vous même!... Le légiste prit l'une des mains du cadavre et la présenta aux deux agents. On le voit nettement à l'œil nu, elle n'a plus d'empreintes digitales... La peau est totalement lisse... Je n'ai pas pu le remarquer sur l'autre cadavre du fait de sa décomposition mais je le vérifierais certainement sur la prochaine victime...

- La prochaine victime... Dit Jack en fronçant les sourcils.

- Oui, il s'agit sûrement d'un tueur en série et il a peut-être encore tué à l'heure où je vous parle... Répondit le légiste un peu énervé.

- Hmm... Emit Michael qui ne pouvait qu'adhérer à la version du médecin.

Avant que les policiers ne lui posent la question, Peter enchaîna:

- On passe dans ces cas là par des voies moins traditionnelles... On effectue un relevé génétique et on dresse un portrait robot de la victime ensuite il est très facile de trouver la personne si elle est déjà connue des autorités... Le seul problème c'est la durée des tests... On ne sait pas encore combien d'affaires attendent avant que la notre passe aux laboratoires...

- Tu n'as pas une petite idée?... Demanda aussitôt Jack.

- Quarante huit heures, peut-être moins, peut-être plus...

- Vingt quatre heures! Coupa Michael. Nous avons à faire à un tueur psychopathe, plutôt dangereux...Et on ne peut pas attendre plus de vingt quatre heures...

Kurtin regarda Michael dans les yeux et ne répondit rien; il ne pouvait que se plier à ses exigences. Les deux agents firent mine de partir mais Michael se retourna rapidement et demanda:

- Ha, une dernière chose... A votre avis, c'était une brune, une blonde?... Ou une rousse?...

- Une blonde! Dit promptement le légiste.

- Vous en êtes sûr?...

- Certain, c'est l'épiderme d'une blonde... En plus c'est une vraie blonde...

Les deux policiers n'insistèrent pas et sortirent de l'immense pièce résonnante.

- Il nous cache quelque chose... Dit Jack.

- Oui j'en ai bien l'impression... Répondit Michael. Il s'est retenu de tout nous dire à propos de la disparition du sang. Il nous a dévoilé qu'une partie de ce qu'il pensait comme si le reste était invraisemblable...

- De toutes les manières les légistes sont tous un peu tarés... Murmura Jack en poussant la porte vitrée du hall.

- Pas plus que toi...

Ils descendirent les quelques marches quand plusieurs journalistes s'avancèrent vers eux en criant. Ces derniers présentèrent des micros à Michael qui recula légèrement la tête. Une caméra pointa le bout de son objectif... Soudain une voix féminine s'extirpa du lot en hurlant plusieurs questions:

- Pourquoi le tueur décapite ses victimes?... Qui étaient les cadavres du City Cinema et le clochard retrouvé dans le Garment Center près du Madison Square Garden? Avez-vous un profil de l'assassin?... Demanderez vous de l'aide au FBI?...

Micheal et Jack s'interrogèrent du regard sans répondre quoique ce soit. Michael se demandait comment la nouvelle de la mort du clochard avait pu arriver aux oreilles des journalistes... Ils se frayèrent difficilement un chemin jusqu'à leur voiture respective...

 

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Il n'y pas que deamon qui est attire par l'histoire personellement j'adore le style assez noir genre polar mais je suis pas assez calé littérature pour pouvoir te faire un commentaire precis.

Cette section et l'une de mes préférée dans ce forum et j'adore y lire les fictions  ( d'ailleurs je te recommande celles de ravhin j'ai bien aime )

Pour en revenir à l'histoire dont je n'ai pas encore lut le dernier chapitre mais je vais pas tarder il me semble qu'un vampire n'as pas de reflet hors notre chere blonde commence a se trouver pale dans le miroir

Premiers signes d'une metamophose?

Bon je m'y met

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  @ jonas : Tu sais, c'est pas parce que tu n'es pas "assez calé littérature" que ton avis ne nous intéresse pas. Si tous les lecteurs avaient un doctorat en littérature, on aurait plus de problèmes pour remplir les chaires des universités!

  Et, en tant qu'amateurs, nous ne demandons pas non plus une critique poussée. Simplement, savoir ce que tu penses de l'histoire, du style, etc. Si ça te plait ou pas, pourquoi. Pas la peine d'écrire des pages et des pages ;) Enfin, du moins est-ce mon avis, mais j'imagine qu'Orion est d'accord ^^

 

 

  @ Orion : Aaaaah, les dialogues. Je vois que toi aussi tu éprouves des "difficultés" à ce niveau là. Est-ce que c'est assez fluide, est ce que mes personnages parlent trop, pas assez, est-ce qu'ils parlent pour ne rien dire ? Est-ce que j'arrive bien à retranscrire le caractère du personnage par le biais de ses paroles ? Autant de questions qui doivent te tourmenter autant que moi, je présume.

  Pour le compte, je trouve que tu t'en sors fort bien. Le caractère de Jack est cerné dès les premières répliques, il y a ce "ouaaaaaais" récurrent qui nous aide à nous identifier au personnage. Je trouve qu'il n'y a rien de superflu, et que rien ne nuit à la fluidité et au naturel du dialogue.

  Pour parler du scénario en lui-même, la mystère s'epaissit (à l'inverse de la tache de sang qu'auraient du laisser les cadavres derrières eux^^). Une espèce de tueur en série sévit, décapitant ses victimes et les vidant mystérieusement de leur sang... Je dois l'avouer, on est bien loin de la façon de faire d'un vampire. Ca ressemble plus à des crimes rituels, très étranges au demeurant. Comment le corps nu et décapité est-il arrivé au cinéma sans que personne ne remarque rien ? Pourquoi les victimes n'ont elles aucune empreintes digitales ?

Et surtout, quel rôle Jane tient-elle dans tout ça ? Est-elle meurtrière à son corps défendant, ou alors simplement médium et affectée par la mort violente des victimes du tueur ? A-t-elle vraiment quelque chose à voir avec tout ça ? ^^

  Un premier chapitre (ou trois premiers extraits, c'est selon^^) qui nous mets dans le bain sans attendre et nous plonge directement dans le mystère et l'horreur les plus complets. Diantre, je me languis déjà de la suite  :D

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Merci Deamon pour le scenario j'ai vraiment accroche à l'histoire et j'ai même quelque hypothèse intéressante l'ambiance de la morgue est bien retrancrit et ajoute un cote sordide de plus avec l'histoire des têtes décapités.

Néanmoins j'ai du mal a cerne qui du flic ou de la fille fait vraiment le personnage principal de l'intrigue et bien que je m'interesse souvent plus au personnage secondaires qu'au principaux je ressent toujours le besoin quand je lis un roman de voir qui l'auteur met le plus en avant cependant c'est un sentiment personnel .

Pour ma théorie le tueur (vampires) à décapité les victimes pour éviter qu'on ne remarque les trace de crocs au niveau du coup aprés avoir sucé tout leur sang mais bon faudrais expliquer  comment un vampire peut s'envoyer 6 litres de sang d'un coup

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Les trois premiers extraits plantaient plus ou moins le décor. Le prochain va prendre une tournure un peu plus polard, si je puis dire. A l'époque, je n'avais pas de notions pour qu'une enquête soit crédible et d'ailleurs aujourd'hui je n'ai clairement pas les ficelles. C'est un exercice que je fais au feeling en essayant d'être le plus crédible possible. Je reste le plus simple pour ne pas montrer mon peu de connaissances sur le sujet c'est pourquoi j'axe plutôt l'ensemble sur des dialogues afin de faire avancer l'histoire... et l'histoire va prendre une autre voie... celle de l'enquête si je puis dire. Et sans un petit coup de pouce du destin que devrait arriver un peu plus tard, la technique du leurre comme je l'appelle va prendre le pas... En faite, c'est pour jeter le trouble dans l'esprit du lecteur au point qu'il soit "frustré". Soit cela plait, soit non..

 

En tous les cas, lorsque je lis vos réactions, pour le moment je dois avouer que je suis assez content de l'effet produit car pour le moment ça suit exactement ce que je désirais provoquer chez le lecteur. Des questions, des interrogations et surtout la recherche des personnages principaux. Le prochain extrait devrait vous donner un semblant de réponse... Mais un nouveau personnage devrait attirer votre attention...

 


 

 

Lower East Side – Commissariat de police

Le bureau en bois était plus que banal. Une petite lampe rouge et poussièreuse était posée dans l’un des angles. Elle bavait une lumière blafarde et insignifiante à travers un nuage presque opaque de nicotine. Le cendrier était plein depuis des jours et des jours et des mégots s'entassaient déjà autour. Une odeur rance de tabac froid se mélangeait aux vapeurs de café chaud.

Les néons avaient la fâcheuse tendance de s'éteindre tous les quarts d'heure et de se rallumer après quelques secondes de sommeil...

Un immense tableau rempli de pense-bêtes et de cartes postales étaient plaqués contre le mur en face de la porte en verre translucide. Une des cartes était mise un peu à l'écart des autres. Elle représentait une fille nue sur une plage de Californie. Michael l'avait reçu pendant l'été dernier de la part de Jack.

Ils étaient tous les deux assis sur le rebord du bureau en bois et visionner la cassette de surveillance. Ils venaient de recevoir la confirmation concernant les deux femmes suspectées d’être la défunte : elles étaient toujours saines et sauves. Micheal s'en était douté après le verdict du légiste qui lui certifiait que la victime était blonde mais cet état de fait ne rendait pas l’affaire plus simple pour autant. Les premières incohérences observaient au cinéma pesaient déjà lourd et les deux policiers savaient qu’ils n’étaient pas au bout de leur surprise…

- D'après le légiste la morte est une blonde... Commença Michael en se pinçant un de ses lobes avec ses doigts. Mais il y a quelque chose qui ne colle pas. La seule fille blonde est celle qui est partie un quart d'heure après le début du film. Ce n'est pas logique...

- Je n'y comprends rien... Je n'y comprends vraiment rien... Répéta Jack qui passa rageusement une main dans ses cheveux. J'ai beau compté et recompté et... Il y a un problème avec le recensement des spectateurs...

- Quoi! Lâcha Michael absorbé par ses profondes pensées.

- Eh bien j'ai soixante deux personnes entrées et soixante deux personnes sorties...

- Et...

- Ce n'est pas normal... Le compte serait bon mais voilà j'ai un cadavre sur les bras et donc une personne de trop...

Jack s'arracha de sa place, se dirigea vers la cafetière et demanda:

- Tu veux une tasse?...

Visiblement Michael était trop absorbé pour répondre quoi que soit. Il s'assit dans son fauteuil en cuir et pensa tout haut en observant le plafond crasseux:

- ... Bon… s'il y a une personne de plus… cela signifie que quelqu'un est entré sans être passé par le guichet... Il acheva sa phrase pensivement en se touchant l'arête du nez.

Il se racla le fond de la gorge et décrocha le téléphone noir installé devant la petite lampe écarlate. Il tapota rapidement les touches en consultant un numéro qu'il avait écrit sur un bout de son calepin. Quelques secondes après une voix féminine émana du haut-parleur:

-  City Cinema, bonjour...

- J’aimerai parler au directeur de la part de l'agent Michael Red!...

Il n'eut pour seule réponse qu'une sonnerie répétitive et énervante. Soudain une voix grave hurla presque:

- Bighouses!!... J'écoute!

- Monsieur Bighouses... Je suis Michael Red de la criminelle et j'ai une ou deux questions à vous poser...

- Ha...

- On a un problème avec l'enregistrement...

- On a rien touché, on a rien coupé... Dit instantanément le directeur avec un ton énervé et susceptible.

- Nooon... Ce n'est pas là dessus que je vous appelle... Je me demandais seulement s'il était possible d'accéder aux salles de cinéma sans passer par le guichet...

- C'est impossible!! Répondit Bighouses automatiquement. En tous les cas aucune personne ne peut pénétrer dans ces salles sans être vue par les caméras de surveillance...

- Il y a pourtant des entrées de part et d'autre de l'écran...

- … mais… elles ne sont réservées qu'au personnel...

- Il se peut donc qu'un de vos employés ait pu regarder le film sans avoir acheté de ticket au guichet...

- Hmmm... Le directeur marqua un temps d'arrêt et continua: C'est possible, on leur offre deux places gratuites par semaine...

- Haa, ça change tout... Répondit Michael d'une voix enjouée.

Jack qui sirotait son café s'approcha du combiné pour tenter de voler quelques phrases du directeur mais Michael lui fit signe de reculer en faisant des gestes rapides puis il demanda:

- Et... Et, vous n'aurez pas... Comment dire... Vous n'emploierez pas une blonde par hasard?...

- Une blonde?...Répéta le directeur un peu décontenancé. Pourquoi?... Voyant qu'il n'obtenait pas de réponse il continua: oui... Nous avons Caroline qui s'occupe de la vente des tickets pendant les nuits.

- Caroline vous dites... Caroline comment?... Demanda Michael en faisant signe à Jack de lui donner un stylo et un papier.

- Caroline Orb... Mais ça m'étonnerait qu'elle ait pu être là hier soir puisqu'elle est en vacances dans le Montana pendant deux semaines...

- Où exactement, vous n'avez pas une adresse?...

- Non, elle n'a laissé aucune coordonnée...

Michael qui n'avait pas vraiment fait attention à ce que venait de dire le directeur demanda à nouveau:

- Et qui s'occupe de l'ensemble de la billetterie?...

- Hmm, c'est Steve... Il tient tous les comptes... Mais je lui ai donné sa journée et...

- C'est bien lui qui était au guichet pendant le soir du meurtre. Coupa Michael.

- Oui… Effectivement, il remplaçait Caroline et...

- C'est parfait merci Monsieur Bighouses... Nous vous rappelerons…

Assez fier de sa prestation, Michael raccrocha aussitôt. Il pensait déjà avoir fait la majorité du travail en ayant trouvé une identité possible ou probable pour cette superbe blonde décapitée. Une exitation indescriptible pouvait se lire sur son visage mais il s’agissait surtout d’un subterfuge pour éradiquer le mal être qui s’était emparé de lui cette nuit là. Cette nuit sanglante ou plutôt écoeurante avait eu un impact bien plus important sur son moral qu’il ne le croyait mais il refusait de se l’avouer réellement. C’est pourquoi, un simple échange téléphonique presque futile et sans informations fiables le rendait presque paisible voire même naïf. Il ne le savait pas encore mais cette erreur de jugement allait lui procurait une frustration indescriptible… Pourtant, il étala, de satisfaction, tout son dos dans le creux de son siège. Il ouvrit un tiroir, prit une cigarette, l’alluma sereinement et se délecta de la première bouffée en fermant les yeux comme un junky en extase...

- Alors?... Interrogea Jack en se resservant une tasse de café.

- Alors... Bighouses n'est pas clair. Souffla Michael en sentant toute la tension accumulée la nuit dernière s’évacuer d’un seul coup. Il me paraît trop nerveux pour être crédible. On dirait qu'il s'attendait à ce meurtre mais certainement pas à une telle mise en scène...

- Le sang et la tête... Répondit Jack plutôt incrédule devant la soudaine quiétude de son collègue.

- Exact...

- Tu voudrais dire qu'il pourrait être mêlé de près ou de loin au meurtre?... Demanda Jack en déglutissant une gorgée de café.

- Non, je ne le pense pas. Mais… Mais, j'ai la très nette impression qu'il était terrorisé comme si ce meurtre représentait un exemple ou un avertissement...

- Un avertissement?... Pourquoi?... Demanda Jack en haussant le menton... Et surtout de qui ?...

Michael écarta les bras pour montrer qu'il n'en savait rien et enchaîna avec conviction:

- On a peut-être un nom sur le cadavre... Caroline Orb, employée du City Cinema... Le problème c'est que nous n’avons aucun moyen de savoir si elle était toujours dans le Montana le soir du meurtre ou si elle était dans cette salle... C'est seulement une supposition...

- En clair, on n'a rien... Murmura Jack... Et le tueur encore moins...

- Le tueur... Le tueur... Répéta Michael presque décontenancé par la réponse cinglante de son équipier. Ces derniers mots l’avaient fait redescendre de son petit nuage mais vexé il continua d’une voix agacée : C'est certainement un des spectateurs ou peut-être un employé du ciné... Il faut dresser un portrait de tout le monde... Micheal s’excitait devant la mauvaise foi de son coéquipier sans faire attention à sa propre ingénuité.

- Bien. Dit ironiquement Jack en souriant. Mais tu sais, je crois que n’importe qui aurait pu parvenir à cette conclusion!...

Michael regarda haineusement son collègue:

- Je pense que quelqu'un va pouvoir nous renseigner un peu plus... Steve, le type du guichet...

- Pourquoi?... Insista Jack qui jouait avec les lames jaunâtres des stores.

- Eh bien… Il s'occupe de l'administration du cinéma et si Caroline était là hier soir elle a dû signer quelque chose ou je ne sais pas mais...

Michael se leva et s'approcha aussitôt de la fenêtre. Dehors, il pleuvait bruyamment. Le temps était exécrable et les bourrasques de vent léchaient violemment les immenses tours de verre et de métal... Les voitures défilaient sur les serpents d'asphaltes. Des parapluies bougeaient un peu n'importe comment sur les trottoirs...

- Je déteste cette affaire, elle me fout la trouille... Il y a trop d'incohérences... Marmonna Jack.

- Je sais... Je sais Répéta Michael d'un ton songeur. Mais les tueurs en série ne font jamais comme les autres... Ils sont complètement dingues!...

- Et puis il y a aussi ce temps de chiotte...

- Arrête de te plaindre, je suis dans la même galère que toi... Dit aussitôt Michael qui s'assit à nouveau sur son bureau.

Il regarda les cendres écarlates au bout de son mégot et inspira longuement. En bavant des filets de fumée, il annonça:

- Je vais appeler ce cher Steve, il pourra nous éclaircir sur bien des points...

- Cette fois tu l'avertis que s'il dit quoique ce soit aux journalistes, on le met en taule jusqu'à la fin de l'enquête... Je n'ai pas envie d'avoir une population de cloportes sur mon dos qui me crie sans cesse des questions débiles! Ajouta Jack en haussant le ton.

- Hmm... Marmonna Micheal en collant le combiné contre son oreille gauche. Il n'en pensait pas moins.

Alors que Micheal attendait désespérément entendre Steve, une voix électronique annonça:

- Le numéro de votre correspondant est suspendu... Veuillez contacter les renseignements!

- Quoi!... Il est en dérangement...  Dit Micheal en regardant Jack avec surprise.

Celui-ci fit une moue d'incompréhension tout en avalant une gorgée de café noir. Micheal recolla le combiné contre son oreille, tapota rapidement les touches et tomba sur une voix féminine...

- Je voudrai savoir pour quelles raisons le numéro de Steve Seavers est en dérangement?...

- Patientez un peu s'il vous plaît!...

Michael souffla d'impatience en consultant la pendule en face de lui. Elle indiquait plus de midi depuis presque dix minutes et il commençait à sentir ses intestins se tordre dans tous les sens en criant famine...

- Il a demandé la suspension de sa ligne pendant un mois suite à des harcèlements...

- Des harcèlements?!! Répéta Michael décontenancé... Et vous pouvez me donner un autre numéro où je pourrais le joindre?...

- Je suis vraiment navrée mais il n'a pas demandé à être admis sur liste rouge...

Michael n'attendit pas la fin de la phrase de la speakerine et raccrocha en marmonnant des mots incompréhensibles...

- Alors! Hurla Jack en haussant le menton.

- Eh bien... Eh bien Steve est injoignable... Il faudra se déplacer chez lui pour obtenir des renseignements...

- Ce n'est pas bon pour lui tout ça... Commença Jack. Il pourrait-être un suspect ou un complice potentiel. Il est le seul au guichet, il s'occupe de la billetterie et des enregistrements de surveillance et il aurait très bien pu faire un montage avant de nous remettre la cassette...

- J'y ai bien pensé mais c'est impossible... Il n'avait pas de mobile précis et nous l’avons embarqué trop tôt pour qu'il ait pu faire quoique ce soit sur les enregistrements... Et puis c'est Bighouses qui nous a remis les cassettes... Non, pour moi il n'a rien à voir dans le meurtre... Et n'oublie pas le clochard ! Pour quelles raisons aurait-il décapité un clochard...

- Je n'en sais rien... Répondit pensivement Jack.... On a beau visionné plusieurs fois le film de surveillance et personne n'a le profil d'un tueur en série...En plus, on a aucune emprunte… Ni du meurtrier ni des victimes et je n'aime vraiment pas ça!

Micheal se leva en griffonnant une adresse sur un Post-it et dit en enfilant un blouson en cuir:

- Bon, on réglera ça un peu plus tard... Je t'invite, je meurs de faim!

Les deux hommes sortirent du bureau en désordre et traversèrent une immense salle... Plusieurs policiers parlaient, discutaient, rigolaient, travaillaient, tapaient sur leur ordinateur, buvaient des cafés tièdes, marquaient n'importe quoi sur des calepins, s'insultaient, jouaient au basket avec des boules de papier, répondaient au téléphone, consultaient des rapports d'autopsie ou des archives...

Des sonneries de téléphones ou de fax se mélaient aux des cris des détenus; certains punks ou prostituées légèrement défoncés hurlaient leur innocence... Enfin, c'était un jour comme un autre avec quelques extravagances...

 

Les gouttes de pluie serpentaient le long du pare-brise et la climatisation défectueuse ronflait comme un dragon à l'agonie.  Losing My Religion  de REM ajoutait encore plus de mélancolie; la mélodie était douce et tellement belle... Les énormes nuages balayaient rapidement le ciel en ondulant monstrueusement au rythme du vent froid et pétrifiant...

Elle fumait depuis pas mal de temps des cigarettes au menthol... Elle entassait les mégots dorés dans un petit cendrier amovible. La fumée s'échappait de ses lèvres écarlates et luisantes. Quelque fois, elle prenait un crayon et un calepin pour écrire des idées ou des phrases...

Soudain la portière du mort s'ouvrit et un homme entra précipitamment dans le véhicule en jurant:

- Quel sale temps! Quel sale temps! Et merde!... Tiens voilà ton hot dog Isa...

Sans détacher son regard de l'antre de l'immeuble de la police, elle attrapa son sandwich et en arracha un morceau... En mâchouillant lentement, elle dit d'une voix neutre:

- La prochaine fois, tu demandes plus de moutarde!

- T'aimes bien ce qui est épicé... Ma chérie... Hmm. Il avala un énorme bout de hot dog et se rinça le gosier avec du Sprite.

En jetant un regard méprisant à l'homme assis à côté d'elle, elle murmura rageusement:

- Arrête de dire n'importe quoi et contente toi de faire ton job... Si t'as des problèmes avec ta petite copine, vas voir des professionnelles mais ne m'en parle pas!

- Ok...Ok... Mais je ne faisais aucune allusion...

- Oh! Oh!... Gémit Isabelle en posant son sandwich sur le tableau de bord. Elle prit les jumelles posées sur ses cuisses et continua: ils sortent enfin de leur taudis... Ils vont certainement bouffer...

Elle jeta les jumelles sur la banquette arrière et demanda en démarrant la voiture:

- Tu as tout préparé... Les appareils, la caméra,  le micro...

- Ouais... Coupa Scott avec énervement... j’ai tout vérifié!

- Je ne voudrai pas que ça foire... D'après les messages sur mon répondeur, c'est l'affaire du siècle...

- Biensûr... Répondit-il sans grande conviction. Et qui te donne de telles informations...

Elle ne répondit pas et se contenta de dépasser un van pour suivre la voiture des policiers...

 

East Village

Katz's- 13h06

Finalement Jack était parvenu à décider Michael de venir au Katz’s. Ils étaient assis à une table ronde, dans un coin plutôt sombre et juste en face du comptoir. Jack s'était mis de manière à pouvoir dévisager les superbes serveuses tout en dégustant ses hamburgers...

- Bon... Le tueur... Je lui donne la quarantaine bien sonnée... Seul et célibataire... éventuellement au chômage... Vivant dans le Bronx ou au nord de l'Uptown... Un appartement délabré et une vie assez minable... Dit Jack en mâchouillant mécaniquement...

Michael inclina la tête en faisant la moue et dit à son tour:

- Costard-cravate, marié, un ou deux enfants, une maîtresse... Un vaste studio à Central Park... Un job à deux ou trois briques par mois et un esprit déjanté... Non, franchement je n'en sais rien... Ca peut être n'importe qui et notre homme doit vraiment être immoral pour décapité ses victimes... Il a tué deux personnes de sexes différents, de classes sociales différentes et dans des lieux complètement différents... Il n'y a aucun lien entre les deux victimes. Rien qui puisse nous mettre sur une véritable piste... A part la disparition du sang, des empruntes et des têtes…

- Ouais, ouais... Marmonna Jack un peu déçu par cette réponse. Et les victimes sont inconnues...

- Je n'en sais rien mais la blonde... La fille... C'est peut-être Caroline Orb... Je l'espère...

- J'n'en suis pas si sûr... Coupa Jack en sirotant sa boisson glacée. Je ne l'imagine  pas faire plus de cinq mille kilomètres pour voir un film...

- Je t'avoue que moi non plus mais si ce n'est pas le cas alors on a un sérieux problème... Le légiste a certifié que c'était une blonde et la seule de la séance de dix heures et toujours vivante...

- Une blonde! Répéta Jack en jetant un regard furtif à la table d'à côté.

- Il était plus que catégorique sur sa réponse...

- Ouais... Mais il nous cache quelque chose alors, moi, je serai vraiment fixé qu’au moment où nous aurons le résultat des tests génétiques...

Jack tourna complètement la tête vers la femme qui mangeait à côté d'eux. Elle était brune et ses yeux bleu-clairs, très clairs effaçaient le reste de son visage... Elle avait posé un petit sac noir sur la table comme pour cacher ce qu'elle dégustait. Il resta de longues minutes le regard braqué vers elle sans vraiment écouter ce que disait Michael...

Elle leva enfin la tête et essuya ses lèvres écarlates avec une petite serviette blanche. Apparemment, elle avait un rouge à lèvres qui ne laissait aucune trace.

- Bonjour... Dit Jack d'une voix douce.

- Bonjour. Répondit- elle en s'efforçant à sourire.

- Tu t'appelles comment?... Il aimait tutoyer les personnes qu'il ne connaissait pas. Ca jetait toujours une gêne sur son interlocuteur.

- Isabelle! Dit-elle d'une voix sérieuse et grave.

- Hmm... C'est mignon...

Elle jeta un bref coup d'oeil en direction de Michael qui ne cessait plus d'appeler Jack. Soudain, il cria un peu plus fort:

- Jack!!!... On a du boulot alors arrête de draguer!... Ok!

- Ouais!... Répondit-il avec un certain énervement non dissimulé. En se relevant, il se pencha légèrement vers la jeune femme et lui dit: Ce soir à huit heure et demi, au Planet Hollywood...

Elle le regarda sans rien dire et avec mépris niché au fond de ses yeux clairs. Elle se leva à son tour et s'approcha du comptoir en posant son sac sur le comptoir luisant. Elle tourna la tête vers un homme juché sur un tabouret, passa sa main dans ses cheveux fins et marmona:

- Quel p’tit con...

- C'est ce que tu voulais!... Non... Et puis t'es plutôt habillé avec un tailleur excitant! Lui répondit Scott en déglutissant une gorgée de bière.

Elle ne savait pas si elle devait le gifler ou sourire. Son ironie légendaire pris le dessus sur tout autre réaction :

- Ouais mais lui... C'n'est pas un romantique... Il a l'archétype du flic macho!... Tu les as filmé...

- Biensûr, ma chérie... Répondit Scott en haussant le menton vers une serviette posée sur le tabouret, à côté de lui...

- J't'ai déjà dit de ne pas me parler comme ça!!

- Comme tu es susceptible...

Elle alluma rapidement une cigarette qu'elle écrasa aussitôt dans le hamburger à moitié entamé de Scott.

- Remue toi, on a un article à écrire avant la publication du soir!... Sa phrase fut pimentée d'un regard noir presque haineux...

 

 

Jack était au volant de sa vieille Ford noire. Il fumait encore mais il essayait les cigarillos. Il avait entendu dans une émission que c'était un bon moyen d'arrêter pour ceux qui aimaient avaler la fumée. Il savait pertinemment que c’était loin d’être un argument fiable mais cela lui offrait le luxe de lui donnait du courage. Au début, il avait bien cru s'étouffer mais il s'était rapidement habitué au goût fort et particulier de ce tabac de La Havane... Michael détestait l'odeur et les nuages opaques qui remplissaient la voiture. Il trouvait ça immonde...

Jack avait déposé son collègue au City Cinema et il remontait actuellement vers le Theater Distric. Il longeait à présent l'Hudson River en roulant raisonnablement dans la onzième avenue... Il évitait les divers taxis garaient un peu n'importe comment tout en cherchant l'adresse qui était inscrite sur le post-it collé au dessus du cendrier...

- Il est marrant... Il me refile toujours le sale boulot... Pendant que môssieur va jouer les détectives au cinéma, il faut que j'interroge ce Steve... Dit-il cyniquement. Quand je reviendrai, je lui f’rais bouffer mon rapport!

Le Javits Convention Center était maintenant dans son dos et il approchait du De Witt Clinton Park... La pluie était encore plus forte et les essuie-glaces qui grinçaient horriblement avaient du mal à effacer l'eau qui recouvrait le pare-brise. Il avait juste New York Fire FM pour apaiser son esprit... My Friends  des Red Hot Chili Peppers se mariait difficilement aux bruits roques de la ventilation.

Il tourna dans la cinquante huitième rue et arrêta sa voiture juste à côté d'une petite pizzeria. En face, l'imposant Roosevelt Hospital s’errigeait avec la danse incessante de ses ambulances... Il descendit du véhicule en camouflant la flamme de son briquet pour allumer un autre cigarillo... Les gouttes froides et perfides lui dégoulinaient le long du visage. Le temps était exécrable...

Il tentait de se réchauffer un peu en inspirant des bouffées chaudes de tabac... Il poussa une porte taguée et trouée par quelques balles... Le hall de l'hôtel était sombre et délabré... Plusieurs boîtes aux lettres n'avaient plus de portes... En s'approchant de l'ascenseur, Jack grogna en lâchant:

- ... Il est en panne...

Il prit alors un petit escalier grinçant et eut une moue d'écœurement lorsque son regard se porta sur une aiguille laissée à l'abandon dans un coin...

Il atteint rapidement le deuxième étage où la plupart des néons avaient explosé. Ceux encore état de fonctionnement grésillaient en crachant une faible lumière trop pâle pour éclairer quoique ce soit... Au bout du couloir ténébreux, quelqu'un dansait et chantait au rythme de  You should be dancin'des Bee Gees.

- Du Disco... Du disco... Répéta Jack en avalant sa salive.

Il se racla le fond de la gorge en s'immobilisant devant une porte sur laquelle était inscrit Seavers Steve. Il frappa plusieurs fois et attendit avec impatience une quelconque réponse... Après plusieurs secondes, il recommença mais aucun bruit ne se fit entendre à l'intérieur de l'appartement.

- Il n'est pas là... Dit soudainement une voix aiguë et fluette dans son dos.

Jack se retourna et vit une jeune fille de dix-huit ans qui lui souriait... Ses yeux étaient plutôt étranges. Elle devait certainement porter des lentilles qui tintaient ceux-ci en mauve...

- Il n'est pas là... Répéta- t’elle en jouant avec les mèches de ses cheveux...

- Et... Et tu sais s'il reviendra ce soir?...

- J'sais pas... En tous les cas il est certainement parti chez son frangin pour la journée...

- Hmm... Et il habite où?... Son frangin...

- J'sais pas... Au sud du Bronx, ils jouent souvent sur un terrain de basket près de l'Expressway...

- Ha... Murmura Jack en baissant la tête. Il se voyait déjà faire le chemin pour remonter New York.

- Tu t'intéresses aux mecs! Dit la jeune fille en rigolant.

- Quoi?! Répondit Jack en dévisageant son interlocutrice avec un regard surpris.

- Non, t'es plutôt un type qui aime bien les... commença t’elle d’une voix féline et elle continua : je suis sûr que si j't'proposais de un truc là, maintenant, comme ça, tu n'refuserais pas...

- Allez arrête un peu de délirer et rentre chez toi... Dit Jack d'une voix sérieuse. J'n'fais pas dans le détournement de mineurs...

- Les flics sont toujours aussi susceptibles... Dit la jeune fille en rigolant encore plus.

- J'suis pas un flic! Cria aussitôt Jack en fronçant les sourcils.

- Tsss… tu n'as pas l'allure d'un de ces journalistes qui tournent autour de Steve depuis ce matin...

- Des journalistes?... Répéta Jack.

- Ouais, il y en a pas mal qui sont venus dans le quartier et qui cherchaient Steve... Mais il n'y en a que deux qui sont montés jusqu'ici... Il y avait une brunette et un baraqué...

- Elle était comment la fille?... Demanda aussitôt Jack.

- J'sais pas, elle était de dos quand je l'ai vu et c'n'était pas elle que je matais mais plutôt le mec!...

Soudain une voix grave cria:

- Ally ferme cette porte! J'ai froid et m’man va encore gueuler!!...

Des bruits de pas se firent aussitôt entendre et un adolescent, apparut dans l'encadrement de la porte. Avec un ton moqueur, il dit:

- Oh un flic!... Il jeta un bref coup d'oeil à sa sœur et continua: Tu dragues les flics maintenant...

- Il affirme qu'il n'est pas flic... Commença Ally.

- Arrête, il pue le keuf de bureau!! Ajouta-t'il en rigolant.

- Bon, bon... J'vous remercie de votre coopération... Marmonna Jack en partant.

- Eh pour ton rapport tu mettras que j'suis Malcom X... et elle Janet Jackson...

Il claqua violemment la porte en poussant sa sœur dans l'appartement.

- Mais oui, biensûr... Murmura Jack... Quelle sale journée!

 

 

 

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Les 30 000 caractères étant dépassés je suis obligé de faire un autre message.

Je voulais mettre un passage un peu plus long pour commencer le prochain par le nouveau personnage dont je vous parlais dans le début de mon précédent message. De plus comme je l'ai déjà dit, je pense qu'il est plus facile de faire passer d'une traite ce genre de passage. Donc, voilà la suite:

 


 

East Village

City Cinema - 14h16

Michael avait pris un ticket pour la séance de quatorze heures en prenant soin de demander le film qui était diffusé dans la salle du meurtre. Il s'était assis à la place de la victime, à l'endroit où elle était certainement hier soir... Il était tout de même impressionné par la rapidité avec la salle avait été réouverte au public. Il sentait que le business passait avant tout et cela collait parfaitement avec la première impression qu’il s’était faite du gérant, Bighouses.

Avant que la lumière ne s'éteigne, il consulta un peu partout, à la recherche de gouttes de sang, de cheveux ou de morceaux de tissus restés accrochés à un siège... Mais rien, rien ne laissait présager du meurtre survenu la veille, la police scientifique avait vraiment fait un travail remarquable.

Il avait beau y penser et y repenser, rien ne collait pas finalement et il se trouva pathétique lorsqu’il repensa à la sensation qu’il avait eu après son entretien téléphonique avec Bighouses...

 

Comment le tueur aurait-il pu vider tout le sang du corps de sa victime avant de la décapiter ? Et puis elle aurait certainement crié à s'en décrocher la mâchoire… Personne n'a rien vu, rien entendu... C'est affreusement bizarre... Et les empruntes digitales qui avaient disparu comme par enchantement...

 

Michael ne regardait plus le film...Il n’avait clairement pas l’esprit à prendre du plaisir à suivre l’intrigue. Il tentait de mettre en ordre toutes ses pensées, toutes ses idées et surtout il espérait trouver une solution... Il avait le regard fixé vers les portes qui étaient de chaque côté de l'immense écran... Son dernier espoir rationnel résidait en Caroline Orb... Si elle n'était pas la défunte alors il n'aurait plus qu'à s'arracher les cheveux jusqu'au dernier; du moins c'était ce qu'il se répétait!

Il se décida à sortir de la salle sombre pour rencontrer Bighouses. En poussant la porte à bâtants, il s'arrêta et plissa les yeux.

- Attends un peu... Attends un peu... Il y a quelque chose qui ne va pas sur l'enregistrement... Il baissa ses yeux vers le bâtant qui couiner encore un peu et il lut lentement:

- Room three... Non, c'n'est pas possible... J'ai dû rêver... Hmm tout de même c'est bizarre... Non, non, c'est certainement un problème sur la pellicule.

Il regarda ensuite la porte des WC pour dames et resta de longues secondes immobile, le visage pensif.

- Et l'heure du meurtre... Le légiste nous l'a pas encore communiqué; mais qu'est-ce qu'il fabrique?...

Tout en se dirigeant vers le guichet, il se rongea les ongles en marmonnant:

- Elle ne peut tout de même pas être le tueur... Non, c'est impossible. On pense tous à un homme et Kurtin aussi... Enfin on pense à quelqu'un de fort, de vraiment très fort...

Une conversation le sortit de sa profonde torpeur. Il fixa, un instant, un couple qui traversait la rue juste en face et il se rua vers un escalier qui le menait vers les étages du bâtiment. Il marcha directement vers le bureau du directeur du cinéma. La porte de celui-ci était déjà ouverte et Michael y pénétra aussitôt sans frapper d'autant plus que le siège en cuir était vide...

Les claquements de mocassins résonnèrent dans le couloir et Michael dit d'une voix neutre sans se retourner:

- Bonjour monsieur Bighouses!...

L'ombre du directeur alors immobile, bougea ensuite et il répondit d'une voix angoissée sans savoir à qui il avait affaire:

- Bonjour...

- Je suis Michael Red de la criminelle... Dit aussitôt le policier en sentant la peur de son interlocuteur... Je suis celui qui vous a appelé ce matin...

- Je vois. Murmura Bighouses d'un ton rageur puis il se jeta sur les dossiers et les feuilles en désordre sur son bureau.

Il les rangea rapidement dans des tiroirs et Michael fronça les sourcils lorsqu'il distingua le reflet pâle d'une arme à feu sur la vitre derrière le directeur...

- Qu'est-ce que je peux faire pour vous?... Demanda Bighouses en s'asseyant sur son confortable siège.

Michael enfonça, un peu plus dans la poche intérieure de son blouson, trois ou quatre feuilles qu'il avait dérobées sur le bureau de l'homme en face de lui. Il ne savait pas encore ce qu'il y avait dessus mais, vue de l'attitude suspecte de Bighouses, cela ne pouvait être que très intéressant - Bon... Commença Michael... Je voudrais un autre enregistrement... Celui des WC des dames...

- Quoi! Vous rigolez!

- J'ai l'air de rigoler! Dit Michael sur le même ton irritant que celui qu'employait son interlocuteur.

Bighouses souffla et avala un filet de salive.

- Je vais voir ce que je peux faire mais je ne vous promets rien... C'est Steve qui s'occupe de tout ça et la cassette peut être détruite à cette heure- ci...

- Comment ça, elle est peut-être détruite?... Mais vous m'aviez dit que vous aviez donné un jour de congé à Seavers... Dit Michael, d'une voix soupçonneuse...

- Oui... Mais... Mais il est passé ici, juste après son interrogatoire vers quatre heures du matin pour préparer les cassettes de surveillance...

- Hmm, je vois... En sortant une cigarette de son paquet presque vide, Michael demanda: Ca n'vous gène pas!

- Non, non... Mais vous n'êtes pas venu ici seulement pour une histoire de cassettes?...

Michael jeta son regard dans celui de Bighouses et répondit promptement en expirant dans le visage de son interlocuteur:

- Exact... On a un sérieux problème sur l'identification du cadavre...

- C'n'est pas le mien... Coupa Bighouses, nerveux.

- Oh... Vous ne croyez pas si bien dire... En attendant, les résultats des tests génétiques, on peut croire que la défunte est Caroline Orb, une de vos employées...

- Mais c'est impossible... Elle est dans le Montana et...

- Et personne ne peut certifier si elle était ici hier soir ou toujours dans le Montana... Coupa Michael en observant le visage de son interlocuteur sous toutes les coutures...Vous ne nous avez pas donné les cassettes de surveillances des entrées réservées au personnel!! Ce qui m'étonne le plus, monsieur Bighouses... Ce qui m'étonne le plus... C'est qu'elle ne vous ait pas laissé un numéro de téléphone ou une adresse pour la joindre... Vous savez, le Montana c'est vaste, très vaste et elle pourrait être n'importe où dans cet état... Alors, j'aimerai bien savoir où elle est!!! Hurla Michael en fronçant les sourcils...

- Mais j'en sais rien! Répondit violemment Bighouses.

- Vous n'en savez rien!! Répéta ironiquement Michael... J'n'sais pas pourquoi mais vous me mentez, monsieur Bighouses!!

- Quoi!! C'est quoi ces insinuations!!

- Des insinuations... Alors si vous ne mentez pas vous me cachez beaucoup de choses et votre attitude est vraiment bizarre quand un flic se trouve à côté de vous!!

Le directeur du cinéma, décontenancé et le visage écarlate, ouvrit la bouche pour répondre mais le policier ordonna:

- Parlez moi de Steve...

- Steve?!... Y a pas grand chose à dire!... Bighouses reprit son souffle et ajouta: Il travaille bien, il est compétent et c'est tout!...

- ... Vous n'jouerez pas un peu avec moi... J'ai l'impression que vous m'prenez pour un con!... Lança Michael avec sévérité.

- Mais non!!... Non!... Répondit  faiblement Bighouses.

En se levant, Michael ajouta:

- Quand vous êtes entré dans votre bureau et que vous m'avez vu ici, j'ai eu la sensation que vous m'aviez pris pour un autre qui, apparemment, vous fait peur...Je ne sais pas dans quoi vous trempez et si vous avez un lien avec le meurtre d'hier soir mais je connais par choeur les types comme vous... Vous êtes un p’tit directeur véreux qui baigne dans la corruption et qui paye ses employés au lance- pierres...

Le policier sortit du bureau en disparaissant rapidement dans les couloirs sombres... Il ne chercha pas à continuer son interrogatoire. Il savait déjà que Bighouses lui mentirait ou camouflerait la vérité. Et puis s'il avait besoin de son témoignage, il le ferait convoqué au commissariat...

Bighouses s'enfonça dans son siège en cuir en haletant de peur. Il avait le visage ruisselant de sueur, une sueur glaciale et tétanisante.

 

En descendant les escaliers, Michael consulta les quelques feuilles qu'il avait dérobées et écarquilla les yeux de surprise. Il marmonna alors:

- Eh bien... Ce Bighouses traficotait avec la mafia... J'n'sais pas encore pour quoi mais on dirait un marché noir... Peut-être des copies de films...

Dans le hall, il rencontra un homme flanqué d’un badge du cinéma et il lui demanda:

- Vous pouvez m'amener à la salle des caméras de surveillance?...

Avant que l'homme ne lui demande quoique ce soit, Michael montra son insigne et reçut pour réponse:

- Ouais, c'est possible...

 

Ils traversèrent d'abord une étrange pièce où s'entassaient plusieurs pellicules de films. Michael les regarda, fasciné tout en suivant son guide de circonstance. Ils pénétrèrent ensuite dans une petite pièce où une bonne dizaine d'écrans et de magnétoscopes s'affrontaient sur une énorme console métallique.

- Alors c'est ça... Marmonna Michael en consultant toutes les télévisions.

Il inspecta minutieusement la petite pièce et remarqua une caméra de surveillance coincée au dessus d'une armoire. Il l'observa pendant quelques secondes et demanda:

- Elle n'est pas mobile celle-ci?...

- J'n'en sais rien je ne m'occupe pas de ça?...J'suis projectionniste. Bon, il faut que je parte...

- Attends, attends un peu...Coupa le policier.

Il s'approcha d'une porte dissimulée dans un coin et dit:

- C'est quoi?!

- Aucune idée... J'n'ai pas envie d'avoir des ennuies avec le patron. Continua le projectionniste.

- C'est Steve qui a la clef ?... Demanda Michael.

- J n'sais pas, j'n'sais pas... Répéta l'homme angoissé. Il faut que je parte...

- Ton trousseau doit bien l'ouvrir... Tu permets! Ordonna presque le policier. Tu n'voudrais pas être inculpé pour complicité de meurtre...

- Quoi?... Complicité de meurtre?... Dit le projectionniste hébété.

- Au cas où tu ne le saurais pas, il y a eu un meurtre hier soir et j'ai l'impression que ton boss n'est pas tout rose là d’dans. Ha... S'exclama Michael en ouvrant la porte.

Il entra un peu dans les ténèbres en cherchant l'interrupteur et il siffla lorsque la lumière apparut.

- Eh bien... On dirait que l'on a affaire à un petit trafic... En se retournant vers le projectionniste, il demanda: tu le savais?... Steve et ton Patron faisaient des copies illicites des films qu'ils recevaient... C'est intéressant tout ça!

Michael ferma précautionneusement la porte et fixa un instant la caméra de surveillance. Il demanda ensuite:

- C'est quoi le magnéto de cette caméra?...

- J'n'sais pas... Il y a le numéro de série dessus...

- Hmmm... Seize... Dit Michael qui s'approcha ensuite de la console de contrôle.

Il arrêta tout le système vidéo de la caméra seize et enleva la cassette du magnétoscope associé...

- Mais qu'est-ce que vous faites?...

- Un p’tit montage... Tu n'voudrais pas être licencié avant ce soir... Répondit le policier en souriant.

Il se dirigea ensuite vers une table de mixage et commença à faire une copie de l'enregistrement. Il enleva toute la scène pendant laquelle les deux hommes se trouvaient dans la salle de surveillance. Il mit la nouvelle cassette dans le lecteur et programma celui-ci pour que la caméra recommence à filmer dans deux minutes...

Avant de sortir de la pièce Michael fouilla dans la poubelle et prit un papier froissé. En fait c'était un emballage pour hot dog. Il mit la cassette originale dans celui ci et ne resta pas plus longtemps...

 

Michael dévala les marches du City Cinema et jeta un regard en direction de la voiture noire qui venait de démarrer. Il reconnut le crâne de Bighouses...

- Hmm... Bighouses...

Le policier ne put que suivre des yeux le véhicule qui s'éloignait sans pouvoir le prendre en filature...

 

South Bronx- Sur les rives de l'Harlem River

Entre Third Avenue Bridge et Willis Avenue Bridge

15h32

La pluie avait cessé depuis quelques minutes. Le ciel semblait se dégager.

Garée devant un bar délabré et tagué, la porte de la vieille Ford couina un peu. Jack, un cigarillo entre les lèvres, se dirigea vers l'arrière de sa voiture. Il s'assit un moment sur le capot du coffre et tâta lentement son Magum 44 tout en regardant le terrain de basket en face de lui. Un peu plus loin, il y avait le fleuve qui s'écoulait sereinement.

Plusieurs jeunes jouaient sur un macadam vieux de cinquante ans. Des flaques d'eau légèrement huileuses tentaient de survivre dans cette mer de goudron obscur. Quelques brindilles d'herbes se balançaient follement au rythme du vent frissonnant...

Une énorme sono crachait une vieille mélodie... Des adolescents ou de jeunes adultes se disputaient un ballon en s'injuriant amicalement.

Soudain, un des joueurs smasha et resta suspendu quelques secondes à l'arceau légèrement rouillé. Jack reconnut aussitôt Steve. Il traversa alors la rue entourée de quelques entrepôts dont certains étaient désaffectés... L'immense bruit strident d'un remorqueur hurla dans le lointain de la mégalopole. Une vieille Chevrolet verte des seventies passa rapidement devant le policier en se dirigeant vers Harlem...

Jack poussa la porte grillagée et pénétra dans le terrain. Déjà des regards le dévisagèrent avec un mépris farouche. Il sentit un étrange malaise incontrôlable l'étreindre de toutes parts. Ils étaient une petite vingtaine, tous baraqués et il était seul, complètement seul...

Soudain une voix, presque libératrice, transperça ce silence inquiétant alourdi par le sifflement du vent et les lourdes basses de la sono:

- Ok, les gars, j'l'connais...

Steve, essoufflé, s'approcha du policier en courant. Jack, les mains dans ses poches laissait son cigarillo se consumer sans inspirer quoique ce soit. Lorsque Seavers parvint à sa hauteur, il le cracha et l'écrasa...

- Alors... Alors tu coupes ton téléphone! Dit Jack d'une voix neutre.

- humm... Ils n'arrêtent plus de m'appeler...

- Qui?...

- Les journalistes... Répondit Steve d'un ton cynique.

- C'est ça le succès... J'ai quelques questions à te poser... Jack avala sa salive. Tu connais Caroline Orb?...

- Caroline! Biensûr, elle s'occupe de la vente des tickets...

- Elle était là hier soir...

- Hier soir... Répéta Steve, un peu décontenancé. Peut-être mais ça m'étonnerait beaucoup. Elle est dans le Montana jusqu'à vendredi prochain...

- Mais il est possible qu'elle soit venue à New York et plus particulièrement au City hier soir...

- C'est possible... Mais je ne la vois pas faire l'aller-retour pour voir Seven...

- Qui t'a dit qu'elle était venue pour voir ce film?... Demanda aussitôt Jack.

- Personne, mais je m'en doute et...

- Et... Commença Jack

- Et vous voulez savoir si je l'ai vu hier soir?... Continua Steve.

- Perspicace... Mais je n't'en demande pas tant, je sais déjà que tu ne l'as pas vue... Non, je voulais juste savoir si elle t'avait demandé un ticket pour Seven avant de partir en vacances...

- Ouais, elle en a pris un mais je crois que c'est pour la séance de samedi prochain...

- Mais... Coupa Jack... Mais elle aurait très bien pu être dans la salle hier soir...

- Oui, c'est possible, je voulais déjà dit...

- Et elle serait entrée par où?... Coupa Jack

- Derrière le cinéma, il y a un parking privé pour le personnel et une entrée qui donne directement vers les salles... Mais j'vois pas où vous voulez en venir...

- Eh bien moi non plus... Répondit Jack sans savoir dissimuler un énorme mensonge. Il ajouta ensuite : C'est juste pour les formalités de l'enquête... Ha, autre chose... Ton boss nous a dit que tu pouvais nous donner l'adresse de Caroline dans le Montana...

Jack présenta un stylo et un petit carnet à Steve qui s'empressa d'écrire un numéro de téléphone et l'adresse d'un hôtel... Alors que le policier faisait mine de partir, Seavers demanda:

- Qu'est-ce que vous avez après elle?...

- Oh rien... C'est mon collègue qui tente de mettre un nom sur le cadavre...

- Non ce n'est pas elle... Ca ne peut pas être elle...

- Ha et comment tu peux en être aussi sûr... Tu l'as vue toute nue...

Steve ne répondit pas mais son sourire parlait pour lui...

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Un chapitre une peu long a avaler on sent que l'avancement de l'intrigue passe dorénavant par l'avancé de Jack dans l'intrigue on sent que l'histoire est concentré sur lui qu'il devient le personnag e principal.

On pourrait toujours ire que le rythme semble s'être et que les revelations se feront au compte gouttes maintenant mais c'est normal dans une longue histoire.

Maintenant passons au theorie j'ai déja émis celle que les victimes pourrait être vidée de leur sang trés rapidement les vampires je pense aussi que put être  la personne morte est Jane elle serait donc MORTE VIVANTE enfin c'est compliqué

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   Hum, les flics nagent toujours autant dans la tambouille... On abandonne donc Jane pour le moment pour se concentrer sur Jack et Michael. Je commence à comprendre cette histoire de leurre, et c'est en effet assez frustrant de rester dans le doute concernant la jeune femme. Bien joué !

  Quoi qu'il en soit, je trouve que Michael à des méthodes assez peu orthodoxes. Il frôle même l'illégalité, et semble assez impulsif : il est persuadé que Bighouses cache quelque chose, et le fait de trouver le traffic de copies de films ne va que l'encourager à continue sur cette voie. Attention, inspecteur Red, cette voie est dangereuse ^^

  Jack, en revanche, en dépit de son caractère de cochon, m'a l'air un peu plus intègre. Je suis sûr qu'à sa place, Michael n'aurait pas hésité à entrer par effraction dans l'appart de Steve, or Jack n'en a rien fait. Par contre je pressens un futur accrochage avec les journaliste, Isabelle et Scott.

  Bon, étant donné qu'on a pas vraiment d'éléments nouveaux concernant le meutre, à part que la blonde est peut-être Caroline, (et encore, vu la réaction de Steve, j'en doute fortement) vais me contenter de te dire merci pour ce passage supplémentaire, et pourquoi pas quémander une suite ?  :D

 

  Autrement, j'ai noté quelques problème d'accord et de conjugaison : des "aient" à la place de "és" ou de "er", parfois inversement. Des problèmes sans doute dûs à un correcteur Word un peu trop zêlé, j'imagine.

A part ça, rien à dire.

 

A bientôt  ;)

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En effet, le correcteur orthographique de Word peut vraiment jouer de mauvais tours.  ;D

 

Le prochaine extrait va à nouveau s'intéresser aux policiers sur l'avancement de leur enquêtes et mettre en avant un peu plus la journaliste. De plus, vous allez pouvoir lire ou tout du moins comprendre ce que représentait les mystérieux appels téléphoniques qui jalonnaient les premiers extraits. Ce sera l'avant dernier extrait avant la fin du premier chapitre et certaines choses vont commencer à se préciser. Je ne vous en dit pas plus mais je suis assez content d'avoir pu démarquer l'attitude des deux flics. Je voulais un flic avec un peu plus d'expérience mais qui n'a que faire des règles et l'autre un peu plus jeune qui suit ses instincts sans réfléchir aux premiers abords à ce qu'il fait. Mais pendant toute l'histoire, il devrait y avoir des changements dans leur comportement.

 

Pour le moment, je laisse de côté l'aspect morbide pour dérouler l'intrigue mais au début du prochain chapitre...

 


 

Chelsea- Environs du Stuyvesant Square

16h23

Il faisait plutôt sombre... D'épais nuages obscurs envahissaient tout le ciel depuis quelques heures et déversaient, par intermittences, des tonnes d'eau sur la ville qui s'illuminait déjà ici et là de lumières diffuses...

Elle fumait cigarette sur cigarette comme pour emmagasiner le plus de nicotine possible. Elle travaillait seule avec Scott dans une immense salle assez ténébreuse et un peu morbide. Ce lieu reflétait presque son état d'esprit... Elle était assise devant l'écran de son ordinateur braqué vers la baie vitrée, complètement détrempée...

Elle tapait nerveusement sur le clavier pour rédiger plusieurs articles et comptes rendus. Quelque fois, le filtre doré embrassait ses lèvres; quelque fois, il était coincé entre son index et son majeur droit mais la plupart du temps, il était posé sur le coin d'un cendrier rempli plus qu'à ras bord...

Elle vivait dans une atmosphère lourde et enfumée et elle aimait plutôt ça. Son visage se perdait derrière des fumerolles qui s'élevaient vers le plafond de l'appartement. Ca jetait un malaise sombre et énigmatique qu'elle affectionnait tout particulièrement... Tous les quarts d'heures, elle consultait les messages de son répondeur dans l'espoir d'un nouvel appel.  Elle maudissait mais adorait également cette personne mystérieuse qui la renseignait sur le tueur en série et ses agissements... Elle pensait fermement que c'était le tueur lui-même qui lui téléphonait. La voix bizarre et synthétique de cet informateur était pétrifiante et angoissante... Elle ressentait une sorte de satanisme dans le timbre de cette voix et, à la fin de la communication, un effroi incontrôlable s'emparait d'elle à chaque fois...

Elle se sentait presque traquée par un psychopathe qui jouait avec elle, avec ses victimes, avec les policiers et avec la presse et les médias... Elle le trouvait terrifiant mais elle se délectait de cette situation à risque. Cette tension extrême la sublimait et la rendait encore plus antipathique et machiavélique... Elle en souriait presque!...

Scott était dans son appartement, à côté... Il développait les photos et faisait le montage des films et des bandes sonores... Mais pour l'édition du soir, elle voulait simplement un article sans image, ni photo pour ne pas éveiller les soupçons de Jack... Elle gardait les clichés pour le feu d'artifices final...

Elle alluma une nouvelle cigarette et inspira longuement en relisant les dernières phrases qu'elle venait d'inscrire sur son écran... Elle tira ensuite violemment un tiroir, saisit la crosse d'une arme et la consulta sous toutes les coutures... Elle plissa les yeux en signe de confiance puis rangea le pistolet parmi la douzaine de chargeurs éparpillés sur des dossiers...

Depuis qu'elle travaillait comme reporter indépendant, elle avait besoin d'une arme pour se protéger si quelqu'un devait mettre ses menaces à exécution. Elle recevait tous les jours des lettres de détraqués qui la verraient bien dans un cercueil mais elle ne l'entendait pas de cette façon...

Elle se leva et se dirigea vers la baie vitrée... Elle plongea son regard vers le petit parc inanimé suite à une forte averse qui avait noyé les arbres et les pelouses verdoyantes sous des trombes d’eau... Elle inspira à nouveau et murmura:

- On verra bien qui gagnera... Michael Red, Jack Eyes... Le tueur... Ou Moi... Mais je ne me fais pas trop de soucis sur le dénouement... Elle sourit cyniquement lorsque le téléphone rugit violemment dans l'immense salle ténébreuse...

Elle resta immobile en attendant que son répondeur se mette en marche puis elle s'approcha de lui tout en fumant voluptueusement. Elle s'assit dans un canapé noir et écouta sa voix enregistrée...

« - Vous êtes bien chez Isabelle Darks. Laissez moi un message et je vous rappellerai... »

« - Bonjour ma chérie... Je sais que tu détestes que l'on t'appelle comme ça... »

Assise dans son canapé, elle grogna légèrement mais resta impassible. La voix synthétique et digitale reprit:

« - Je sais que tu es là et que tu écris tes articles pour ce soir. Je dois avouer que ton  travail est plutôt intéressant... Tu es vraiment la meilleure, je l'ai toujours su... Tu sais que tu m’offres une position vraiment très favorable en mettant la pression sur Red et Eyes... Une dernière chose : demande le rapport d'autopsie de la défunte du City Hall, tu verras que les flics cachent beaucoup de choses au public... »

L'interlocuteur raccrocha aussitôt et Isabelle sourit de triomphe et de domination en écrasant son mégot dans un petit cendrier...

- Tu ne crois pas si bien dire...Mon chéri... Marmonna- t'elle avec une ambition démesurée dans le timbre de sa voix...

 

Lower East Side- Commissariat de police

17h02

Jack débarqua dans le bureau de Michael et la pendule affichait péniblement dix-sept heures... Il trouva son collègue devant l'écran de télévision, la télécommande au bout de la main droite. Il était complètement absorbé par l'enregistrement.

- Tu as vu Seavers! Parvint à dire Michael.

- Ouais... Et il confirme que ce n'est pas le cadavre de Caroline...

- Caroline... Répéta aussitôt Michael. Ca aurait pu être elle...

- Pourquoi?... Demanda Jack en enlevant son blouson.

- Imagine que Bighouses et Steve sont des petits corrompus. Ils ont monté un petit commerce illicite de cassettes vidéo. Caroline a certainement dû voir le manège et elle a était victime d'un contrat...

- Un contrat bizarre! Cria presque Jack... Les tueurs à gage ne s'encombrent pas de couper la tête de leurs victimes. Ils les flinguent et repartent aussi sec...Et puis ils ne leur enlèvent pas le sang et les vêtements... Et tu oublies aussi le clochard.

- C’est sûr... Il y a des incohérences mais en y réfléchissant un peu plus on peut tout expliquer... Je suis sûr que c'était Bighouses qui a proposé des vacances à Caroline. Il savait qu'elle voulait voir Seven et c'est pourquoi elle a demandé un ticket pour samedi prochain...

- Ouais… Un peu tiré par les cheveux… Ton explication… Comment sais tu qu'il y a une autre projection samedi prochain?... Demanda Jack

- Je me suis renseigné... Et Steve a dû délibérément lui donner un billet pour ce week- end. Voyant la date sur son billet, elle s'empresse de revenir à New York...

- Ouais, ouais, mais la tête... Coupa Jack en se courbant vers son collège avec un air dubitatif. Et la théorie du tueur en série! Tu l'aurais oublié... Ajouta t’il sans comprendre l'histoire tordue de son collègue.

- Non... Mais il est fort possible que l'on ait maquillé le crime... Si tu te souviens c'est Steve qui nous a appelé et il a attendu pas mal de temps pour nous avertir.

- Ha, et tu vas me dire qu'il a eu tout le temps de lui enlever le sang et de lui couper la tête remplie de plomb... Et comment il aurait effacé les empruntes digitales?...Non franchement ça ne tient pas debout! répondit Jack en haussant le ton.

- Je sais, je sais... C'est impossible mais ça AURAIT pu être le scénario du meurtre s'il n'y avait pas tant d'incohérences dans cette histoire... Jette un coup d'oeil aux quelques feuilles sur mon bureau et tu verras le trafic que faisait Bighouses... A l'heure où je te parle, la brigade des fraudes est entrain de faire une descente à son bureau...Mais, même si je n’y crois pas trop, il vaudrait mieux que ce soit Caroline la victime, sinon...

- Crois ce que tu veux... Murmura Jack en s'asseyant dans le fauteuil de son collègue.

Il prit les feuilles mises en évidence sur le bureau et les consulta rapidement.

- Hmm c'est intéressant, ils arrondissaient bien leur fin de mois... On a des virements, des numéros de comptes, des noms de clients et de sociétés... Enfin beaucoup de monde en profitait apparemment...

- Regarde la lettre... C'est une lettre de menaces...

- Ouais... Ouais... Répéta Jack en commençant à la lire.

- Bighouses ne reversait plus un pourcentage assez raisonnable à un gars qui le protégeait du fisc et de la police; il devenait trop gourmand... Ca ne devait pas être la première fois qu'il faisait ça...

- Attends, ça pourrait être n'importe qui l'auteur de cette lettre?...

- Biensûr mais regarde qui est sur l'écran... Dit Michael en pointant son doigt vers un homme en imperméable... Je l'avais déjà remarqué quand on avait visionné le premier enregistrement mais je n'étais pas sûr de son identité...

Jack s'approcha du téléviseur en fronçant les sourcils et sembla chercher le nom de l'individu. Michael qui souriait répondit alors:

- C'est Sparks...

- Ouais, ouais, j'n'l'avais pas reconnu mais sa tête me disait quelque chose... Un tueur à gage. Mais qu'est-ce qu'il foutait là?...

- Il n'était pas là pour notre victime en tous les cas et ça c'est sûr; il ne procède pas en arrachant les têtes... Dit Michael en avançant le film.

- Alors?...

- Alors... J'pense qu'il doit liquider Bighouses et Steve dans les prochains jours et il était certainement venu pour tâter le terrain...

- Ouais... Mais il était peut-être là par hasard...

- Par Hasard, laisse moi rire... Lundi, le FBI l'avait photographié à Houston et mardi soir, un des radars des flics du Wyoming l'a flashé à bord d'une voiture de location. J'ai vérifié dans les fichiers avant que tu n'arrives. Je ne pense pas qu'il soit venu à New York pour prendre des vacances ou même faire du tourisme... Dit Michael en scrutant l'enregistrement. Soudain, il s'exclama: Mais c'est quoi ça?...

Il arrêta la cassette et approcha son visage de l'écran...

- Mais qu'est-ce qu'il fait?...

- Qui? Demanda Jack en s'approchant à son tour.

- Regarde... Steve semble donner un ticket à quelqu'un mais il n'y a personne sur la bande comme si on l'avait effacé... C'est bizarre...

- Un trucage!... Coupa Jack

- Ouais j'en ai bien l'impression... Et ça expliquerait pourquoi on a une personne qui manque dans le recensement...

- Ouais mais ta théorie avec Caroline s'écroule lamentablement... Dit Jack.

- Caroline?... Murmura Michael en pâlissant. Pensivement il passa ses mains dans ses cheveux. Ca ne colle pas... Il y a quelque chose de vraiment bizarre dans cette histoire...

- Tiens... Dit Jack en tendant un bout de papier à Michael. Appelle son hôtel tu verras que ce n'est pas la victime... Sincèrement, je n'ai jamais cru qu'elle était là hier soir...

Michael dévisagea son collègue et s'approcha ensuite du téléphone. Il composa le numéro et attendit quelques secondes avant d'obtenir la communication. Il eut un jeune homme à la réception d'un hôtel du Montana et il demanda:

- Je suis Michael Red de la police criminelle de New York et j'aimerais savoir si madame Caroline Orb était bien dans votre hôtel hier soir...

- Hmm, attendez.... Michael entendit plusieurs froissements de pages et le jeune homme annonça: elle est morte, il y a trois jours au volant de sa voiture...

- Quoi?... Comment?...

- Le rapport d'autopsie de la morgue d'Helena révèle la présence d'une balle au niveau de la tempe gauche...

Michael souffla doucement et remercia le standardiste... Lorsqu'il raccrocha complètement le téléphone, il cria:

- Merde!

- Elle était bien là-bas... Murmura Jack

- Ouais mais on l'a flingué, il y a trois jours... Son corps est à la morgue d'Helena...

- Ils l'on liquidé. C'était un contrat... Dit aussitôt Jack.

- Ca m'en a tout l'air. Mais qui l'a tué?...

- Eh bien Bighouses et Steve...

- Ouais peut-être, mais ça peut être Sparks; il était dans le Wyoming mardi soir... Je comprends pour quelles raisons Bighouses n’était pas tranquille. S’il savait déjà pour le meurtre de son employée, il devait déjà être terrorisé… Terrifié à tel point que le cadavre dans son Cinéma ne l’importait peu… Répondit Michael... Il souffla et ajouta plus bas en regardant le sol: ça relance inévitablement notre terrible question sur la victime blonde...

- Et ça... Tu l'as vu? Demanda Jack en s'écartant de l'écran...

Le film était arrêté sur une image précise qui représentait Jane lorsqu'elle sortait de la salle obscure.

- Ouais, je savais qu'il y avait un problème à cet endroit... Lorsque je suis allé au cinéma tout à l'heure ce détail m'avait interloqué... C'est peut-être un trucage encore une fois...

- C'est un trucage très difficile à réaliser tout de même; on voit assez nettement Room Three à travers son corps... Elle est pratiquement transparente...

- Il y a un quelque chose que je ne comprends pas... Commença Michael. Pour quelles raisons, Seavers aurait trafiqué cette bande à moins qu'il ne soit payé... Il ne peut pas trafiquer avec Bighouses, s'associer avec les employeurs de Sparks pour éliminer ce même Bighouses et avoir un rôle dans notre meurtre... Cette histoire va me rendre dingue!...

-  S'il trahissait Bighouses, je pense que Steve aurait plutôt effacé Sparks... Franchement, je ne vois pas ce que représentent réellement ces trucages... Il faut envoyer cette cassette au labo, tout de suite si l'on veut un résultat avant dix-neuf heures... Dit Jack en consultant la pendule...

- J'aimerais avoir un portrait détailler de cette fille... Je suis sûr qu'elle joue un rôle dans le meurtre... Je ne sais pas encore quoi mais elle connaissait Steve et juste pour ça je la mets dans les points d'interrogation de l'enquête...

- Oh! T'y vas un peu fort... Répondit Jack en enlevant la cassette noire du magnétoscope. Si on devait t'écouter, tout le monde serait suspecté...

- Avoue que c'est bizarre que quelqu un soit effacé sur le film et qu'elle ait un corps translucide... J'avais demandé un autre enregistrement à Bighouses et il m'a dit qu'il fallait le demander à Steve...

- Hmm... J'irais chez lui après le service... Murmura Jack en inscrivant quelque chose sur une enveloppe grand format.

Soudain la sonnerie du téléphone hurla à travers la pièce. Michael qui était assis sur le bord de son bureau décrocha et écouta le bref message qui lui était adressé. Il écarquilla les yeux et ouvrit la bouche de surprise... En reposant le combiné, il marmonna:

- Bighouses est mort, d'une balle dans la tête... A première vue c'est un suicide mais selon la balistique, c'est un crime maquillé...

- Ha... S'esclaffa Jack qui s'en moquait complètement.

- J'vais aller faire un tour au City même si cette histoire n'a plus rien à voir avec la notre... Pour le principe... Ajouta faiblement Michael.

- Pour le principe, laisse moi rire... Dit Jack en refermant la porte vitrée du bureau de Michael.

Il traversa la grande salle de la police, saisit au passage une paire de jumelles et se dirigea directement vers l'ascenseur qui s'ouvrit automatiquement. Tout en tenant fermement la cassette noire emprisonnée dans l'enveloppe, Jack pressa le bouton pour se rendre au premier sous-sol du bâtiment.

 

Les deux mâchoires d'acier s'ouvrirent en grinçant sinistrement et dévoilèrent un formidable monde souterrain et futuriste... Le sous-sol était un immense laboratoire qui planait à quelques siècles au dessus de l'âge de l'humanité... La connaissance semblait effleurer tous ces murs blancs comme un venin fulgurant ou comme un parfum envoûtant...

Jack resta immobile durant plusieurs secondes. Il commença ensuite à s'aventurer dans ce temple scientifique, la bouche ouverte. Il passa à côté des salles de biologie et de génétique... Le bureau de Peter Kurtin était vide et sombre; il était certainement encore à la morgue...

Le policier marcha quelques instants dans ce dédale de pièces en cherchant la salle de montage vidéo. Il la trouva au détour d'un couloir suréclairé...

Le laboratoire était infesté d'ordinateurs, de banques de données, de serveurs, de stations de travail, de scanners, d'imprimantes et d'une panoplie de matériels sophistiqués... Les murs étaient placardés d'affiches et de posters de films de sciences fictions ou de fantastiques...

Au sommet d'une étagère, un vieux transistor poussiéreux essayait d'imposer la mélodie de Jailhouse Rock d'Elvis à travers les grésillements, les bourdonnements et les autres sons synthétiques...

Un jeune homme d'une bonne trentaine d'années s'amusait à pianoter frénétiquement sur son clavier en bougeant la tête. Il murmurait quelques bribes de paroles. Jack se racla le fond de la gorge et balança l'enveloppe devant le scientifique...

- J'ai besoin de plusieurs détails au sujet de cette cassette et maintenant!

Le policier inclina la tête en fronçant les sourcils et mit un cigarillo entre ses lèvres.

- Hmm... Emit le jeune homme en haussant le menton vers la porte ouverte dans le dos de Jack

Celui ci jeta un bref coup d'oeil par dessus son épaule et lut « No Smoking » sur une petite pancarte écarlate. Il baissa les yeux et alluma tout de même son cigarillo. Il se tourna en inspirant longuement et écrasa ensuite le cigarillo contre une table métallique...

- Autant que je sois clair avec toi!... Dit-il en expirant dans le visage du jeune homme. Je ne suis pas là pour rigoler!...

Le scientifique sourit en saisissant l'enveloppe et répondit:

- Qu'est ce que je peux faire pour toi?...

- Je veux savoir si cet enregistrement est une copie, s'il y a un quelconque trucage ou montage et j'aimerais quelques identifications...

Le jeune homme leva ses yeux vers les caméras de surveillance installées au plafond juste au- dessus de Jack.

- On me paie pour ça!... Il consulta  la cassette sous toutes les coutures et dit faiblement: C'est un film de surveillance... Non?

- Exact... Répondit succinctement Jack en bougeant ses doigts avec impatience.

Le jeune homme s'approcha d'une étrange machine et inséra la cassette dans un genre de magnétoscope perfectionné...Un bruit de blocage suivit d'un faible crissement de la bande se firent sournoisement entendre...

Au bout de quelques secondes, le jeune homme tourna son visage vers le policier le fixant comme un fauve affamé. Ce dernier avait les mains emprisonnées profondément dans les poches de son jean et le regard sombre braqué vers le magnétoscope...

- Tu travailles sur le meurtre du City Cinema!

Jack fronça les sourcils devant cette affirmation en ne sachant pas quoi répondre. Il était surtout surpris par le ton grave et suspicieux de son interlocuteur... Il s'avança légèrement vers le scientifique afin de lire le prénom inscrit sur le badge attaché au revers de la blouse blanche et, d'une voix sévère, débita:

- Ecoute... Tud ou Tod... Tu t'occupes de ton job et tu oublies le reste... Ok!!

- Oh... Je disais ça pour ta photo dans le journal de midi!... Marmonna Tud avec un sourire sarcastique au coin des lèvres...

- Quoi!! Hurla Jack en ouvrant largement la bouche.

- Hmm, apparemment on vous attendait à la sortie de la morgue et vous avez été lamentables... Ils mettent même exécrables... Pour eux, vous êtes incompétents pour enquêter sur un tueur en série... Continua Tud en s'efforçant de ne pas rigoler... Et puis vous allez avoir du renfort, ils demandent aux fédéraux de se mêler à l'affaire...

Jack avala un filet de salive amère et hésita à répondre quoi que ce soit. Il attendit quelques secondes, le temps que sa colère s'estompât légèrement et répondit avec autorité:

- J'n'ai rien à faire de  toutes leurs conneries... Et puis tu vas être très gentil de la fermer et de me donner le résultat de ce que j't'ai demandé!!

- Hmm... Marmonna Tud en observant les diverses informations qui défilaient sur un moniteur. Non, il n'y a rien de spécial sur la bande...

- Pas de trucage, pas de montage... Coupa Jack en sentant des sueurs froides lui brûler la peau du dos...

- Non, rien, vraiment rien...

- Et c'n'est pas une copie...

- J'n'pense pas... Enfin ça m'étonnerait beaucoup...L'enregistrement est parfait et il n'y a aucun bruit laissé par une quelconque copie traditionnelle... A moins qu'il y ait eu une retouche informatique ce qui est impossible puisque que mon p’tit joujou n'a rien détecté... Dit Tud en tapotant paternellement son matériel...

- Attends... Attends un peu. Murmura Jack en commençant à s'énerver... Arrête la lecture rapide et passe le film sur un écran...

- Si tu veux mais on ne verra rien de plus... Se lamenta Tud en soupirant.

Le policier se saisit de la télécommande et chercha d'abord le passage lorsque Jane sortait de la salle obscure. Il stoppa l'enregistrement en écrasant les boutons de la télécommande et cria:

- Tiens, regarde ça... Si ce n'est pas un trucage dis moi ce que c'est!!...

Le scientifique avança son visage vers l'écran en plissant les yeux et dit faiblement:

- Bizarre, c'est vraiment bizarre... C'est d'autant plus bizarre que l'inscription que l'on voit à travers son corps n'a pas été retravaillée par ordinateur... On dirait que c'est naturel... C'est peut  être un défaut de l'enregistrement quoique ce phénomène se répète sur plusieurs images d'affilées... Hmm... C'est bizarre mais extrêmement intéressant... Murmura t'il en faisant claquer ses lèvres sèches. Ha ouais ça va être cool... Marmonna Tud en commençant à taper frénétiquement sur son clavier...

Il manipula les diverses consoles qui l'entouraient pour isoler Jane et effectua plusieurs filtrages dans un silence inquiétant et morbide... Jack était complètement muet en attendant le verdict du scientifique... Après plusieurs minutes qui paraissèrent un éternité, Tud annonça avec dépis :

- Non, je ne vois vraiment pas comment ça peut être possible... Il n'y a aucun trucage, aucun défaut sur les pixels, aucun bruit parasite, la bande n'est pas endommagée... Non, ce qui est étrange c'est le spectre de la fille...

- Quoi... Parvint à émettre Jack en grimaçant d'incompréhension...

- Eh bien... Commença Tud en se grattant le sourcil gauche... Ce n’est pas évident à expliquer mais le corps de cette fille est anormalement froid et il semble manquer de consistance ou de matière... Appelle ça comme tu veux... Enfin il semble qu'elle manque de masse musculaire ou quelque chose dans le genre...

- Et ça veut dire quoi?...

- Je ne sais pas trop mais on peut expliquer ça par... On dirait qu'elle fait des sortes d'interférences magnétiques ou électriques sur la bande qui se résument par un effacement plus ou moins prononcé de son corps...

Les yeux exorbités, Jack écoutait vaguement les commentaires de Tud et le coupa sauvagement pour dire:

- J'n'y comprends rien... Tu mettras les détails sur ton rapport... Mais finalement ce que je dois retenir c'est que ce film ne contient aucune anomalie...

- Du moins aucune anomalie matérielle!... Ajouta Tud. Pour le reste, je n'en sais pas plus que toi...

- Ouais... Bizarre... Bizarre... Répéta pensivement Jack... Je voudrai une fiche d'identité d'elle!!... Marmonna Jack en pressant son index contre l'écran qui crépitait.

- Hmm... Souffla le scientifique en s'asseyant en face de son ordinateur.

Il jeta plusieurs coups d'oeil au policier qui était prostré et tapota rapidement sur son clavier pour obtenir un agrandissement du visage de Jane. Il se connecta ensuite dans les archives de la police et attendit quelques secondes avant d'annoncer:

- Bien... Elle s'appelle Jane Eddlinger, d'origine suédoise, vingt six ans, blonde, les yeux bleus, un mètre soixante douze, cinquante quatre kilogrammes ... Elle habite dans la vingt-sixième avenue en face du Fashion Institut Technologie... Elle travaille comme Barman au Webster Hall...

Le bruit d'une imprimante rugit dans la salle et cracha une feuille sur laquelle figurait toutes les informations concernant Jane... Jack l'arracha violemment et la consulta:

- C'est intéressant... Elle a un tatouage sur le cou... Une rose aux pétales rouges...

Soudain une sonnerie, celle de la pendule, annonça six heures et demi... Jack plia rapidement la feuille d'identité et lâcha:

- ... Faut que j'aille chez Seavers...

Alors que le policier sortait de la pièce, il s'immobilisa un instant, se retourna et dit:

- Ha, j'oubliais quelque chose... Tu regarderas le film lorsque les spectateurs passent au guichet et tu verras une autre anomalie... Quelqu'un est complètement effacé... Et... Et j'aimerai savoir s'il y a un lien avec cette fille... C'est important... Tu envoies ton rapport à Micheal Red avant neuf heures demain!

- Bien sûr... Bien sûr... Murmura cyniquement Tud... J'ai l'impression que j'vais encore faire des heures sups cette nuit...

 

 

 


 

Bon j'ai dû enlever une partie pour ne pas dépasser les 30 000 caractères mais je pense qu'elle pourra s'intégrer au prochain extrait, seulement je ne sais pas si cela tiendra en un seul message... On verra bien...

 

Il y a certains passages qui ne sont pas réellement nécessaires pour l'histoire en elle même mais j'ai voulu un peu épaissir le scénario en montrant la manière dont s'en sortaient les deux policiers. Cela permet de mettre un peu plus en valeur chacun d'entre eux et peut être  d'établir certaines bases. J'ai tenté d'éviter que ce soit trop rébarbatif en tentant de faire des dialogues attractifs. J'espère néanmoins que ça n'alourdit pas trop l'histoire.  :-\

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  Hum, je n'ai rien trouvé de trop lourd dans ce passage. La partie avec la journaliste (quelle espèce de b***ch celle-là :P) est niquel, surtout quand on a confirmation que son mystérieux informateur est celui qui a passé le coup de téléphone tout au début. Est-il le tueur, ou pas ? Et je le trouve bien familier avec Isabelle... A moins d'être vraiment un psychopathe fini, il doit faire partie de son entourage.

  Pour ce qui est du labo, c'est sûr que si tu avais fait une ellipse à ce moment et que Jack s'était rapidement précipité dans le bureau de Michael avec les résulats, ç'aurait été plus fluide. Mais force est de constater qu'insister sur ce passage n'était pas un mauvais choix. Personnellement, je ne me suis pas ennuyé à le lire, et le fait d'avoir les résultats du scientifique de la police en direct m'a bien plu.

Surtout que ça nous fait nous poser encore plus de questions à propos de Jane... Dérèglement électromagnétique dû à un manque de masse musculaire ? Tu parles, c'est un fantôme, c'est tout ! ;p Blague à part, tu sais très bien entretenir le mystère de ce côté là. On hésite entre le paranormal et l'explication scientifique du policier.

  Bighouses est mort, hein ? Semblerait bien que le protecteur du gros type ait mis ses menaces à éxécution en envoyant un tueur à gages, très certainement ce Sparks. Visiblement ça n'a rien à voir avec ce qui nous préoccupe, mais bon... on sait jamais  ;D

 

  En tout cas, je suis curieux de savoir comment Jack et Michael vont s'en sortir face à leur supérieurs après l'article incendiaires publié dans le journal. M'est avis que ça va chauffer pour leur matricule  :D

  Eh bien voilà, encore une fois tu me gardes sous la coupe de ton suspens, et je veux définitivement en saboir plus sur toute cette obscure histoire. Alors, sur ce, merci et à bientôt pour la suite !

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Humm... Concernant les supérieurs de nos deux flics, d'après ce que je me souviens, il y a des allusions et certaines dialogues mais je ne me souviens pas que cela soit réellement mis sur le devant de la scène. Autre chose devrait apparaître au début du prochain chapitre...

 

Concernant la journaliste, j'ai voulu qu'elle soit une femme psychologiquement forte, du moins en apparence, qu'elle puisse tenir tête à des "mecs" quels qu'ils soient. Cela passe évidemment par un caractère atypique qui est presque un cliché mais j'ai essayé de travailler sa personnalité pour quelle soit décapante si je puis dire et surtout attractive. Je voulais autre chose qu'une bimbo et obtenir une manipulatrice croyant manipuler avec ses charmes et ses phrases mais étant toujours sur le fil au point de tomber de haut...

 

Concernant la scène du labo, au départ, c'était une scène que je pouvais omettre mais j'ai trouvé qu'au final, elle pouvait apporter quelques réponses ou pistes mais surtout augmenter le nombre de questions et les remarques que tu as faites là dessus me rassurent car tu as su percevoir ce que je voulais donner avec cet extrait. Cela me semble alors assez limpide quant à son intégration que je redoutais au départ...

 

Je rajoute un nouvel extrait qui ne fait pas avancer réellement l'intrigue mais pose un peu plus les bases psychologiques des personnages mais également entre eux.

 


 

Theater Distric

19h16

Il pleuvait une douce pluie fine comme celles qui tombent quelques fois en été...

La nuit était là depuis une heure, peut être deux... Les enseignes lumineuses, les néons, les hologrammes et tout ce monde féerique s'animaient depuis pas mal de temps en jouant avec les gouttes scintillantes et multicolores...

Jack était assis dans sa voiture et rêvassait à tout et à rien... Il était bien!... Il fumait lentement, la tête contre le dossier et les yeux levés vers le ciel dénudé d'étoiles... L'autoradio soufflait doucement la mélodie de  Creep des TLC... Il repensait aussi à toute cette sombre affaire de meurtres étranges et de tueur en série... Rien n'était logique...

C'était dimanche, un dimanche pourri... Pensa t'il en écrasant son mégot sans y faire attention...

Il se décida à sortir en regardant le Roosevelt Hospital et il se dirigea vers l'immeuble de Steve... Il poussa la porte taguée et trouée de balles et grimpa rapidement les marches sales et dégoûtantes...

Quelqu'un était assis dans le couloir sombre où quelques timides néons vacillaient... C'était Ally... Elle leva la tête vers le policier et dit:

- Tu viens voir Steve...

- Ouais... Répondit seulement Jack en inclinant légèrement la tête...

- Quelqu'un est venu le voir dans l'après midi... Je ne sais plus quand mais il avait l'air très nerveux... On aurait dit qu'on voulait le flinguer...

- Et... Il ressemblait à quoi?... Demanda Jack sans attendre la fin de la phrase d'Ally.

- Gros, costard cravate... Moche comme un pou... Il avait un air mafieux, comme les siciliens... Tu vois ce que j'veux dire...

- Ouais... Bighouses, certainement... Et tu sais ce qu'il disait?...

- Il criait... Il hurlait et il frappait comme un fou contre la porte... Elle haussa le menton et continua... Il disait seulement « Steve, aide moi, je suis dans la merde »... Et puis il a marqué qu'que chose sur un papier et l'a poussé sous la porte...

Jack approuva de la tête sans rien dire.

- Et... Tu te fais bien lyncher dans les journaux!...Pourquoi, ils disent que tu es incompétent?... Demanda Ally en tendant le journal au policier...

Celui ci lut rapidement le titre: « Le profil du tueur est toujours inconnu »... Il parcourut rapidement l'article de quatre colonnes...

- Les salauds... Les salauds Répéta t'il en serrant les dents. Ils racontent n'importe quoi!...

Il plia le journal et le redonna à Ally. Il se tourna vers la porte de Seavers quand la jeune fille dit d'une voix étrange:

- Ca t'dit là, maintenant...

Jack jeta un coup d'oeil par dessus son épaule et entrevit un sachet bleu et rectangulaire au bout des doigts d'Ally... Elle souriait malicieusement et murmura:

- Elles sont à la framboise...

- Tu joues à quoi! Dit il sévèrement.

- A rien...

- J'vous vois venir, toi et ton frère... Un chantage avec un flic...

- Ouais, c'est une bonne idée!... Dit elle en rigolant. Non en fait j't'trouve sexy et j'aimerai bien me taper un keuf...

- Allez arrête de dire n'importe quoi... J't'ai déjà dit que j'n'faisais pas dans le détournement de mineurs...

- Ouais mais j'n'suis pas mineur... Ajouta elle en faisant un clin d'oeil à Jack.

- Ouais... Allez retourne chez toi... Janet Jackson!! Dit cyniquement Jack en se souvenant de ce que lui avait dit le frère d'Ally.

Il se retourna aussitôt et frappa fortement contre la porte de Seavers. Ally, frustrée, grogna et descendit rapidement les marches...

Quelqu'un s'approcha de la porte et un cliquetis de clefs couina doucement... Steve ouvrit... Il était torse nu et le corps ruisselant d'eau; il venait certainement de prendre une douche... Ses cheveux s'hérissaient maladroitement sur son crâne...

- Je suis Jack Eyes de la criminelle...

- J'sais parfaitement qui vous êtes!... Ne jouez pas au flic de série Z, ça n'vous va vraiment pas!...

Jack sourit en faisant la moue.

- Tu sais peut être que Bighouses est mort dans l'après midi...

Steve ne répondit pas et se contenta de plisser les yeux. Jack ajouta d'un ton autoritaire:

- Il était véreux jusqu'à l'os... Lui et toi vous trempaient dans une salle affaire de cassettes  pirates et la brigade des fraudes va te tomber dessus dans quelques heures tout au plus...

- Non, il y a une p’tite erreur... Dans la version originale le numéro deux était Caroline... Quelques projectionnistes étaient aussi entrés dans le jeu... Mais moi j'n'ai jamais franchi la ligne de la corruption... Je connaissais leur manège depuis bien longtemps et ils le savaient pertinemment mais on n'en a jamais parlé et c'était mieux ainsi... Depuis deux ou trois mois, Caroline prenait des vacances pour vendre des stocks dans d'autres états...

- C'n'est pas mon problème, tu raconteras tout ça à la brigade des fraudes... Coupa Jack... J'ai eu plusieurs surprises imprévues avec la bande que tu nous remis...

- Que Bighouses vous a remis... Rectifia Steve

- Que Bighouses nous a remis... Répéta amèrement Jack. D'après notre labo, il n'y a rien d'anormal sur l'enregistrement...

- J'espère bien, j'n'ai pas envie d'avoir des emmerdes avec les flics... Mon casier judiciaire est vierge et j'n'ai pas l'intention de le charger...

- Ouais... Le problème... C'est l'effacement d'un client et...

- Je ne vois pas de quoi vous parlez... A moins que Bighouses n'ait trafiqué le film...

- La bande n'a pas été trafiquée... Coupa fermement le policier.

- Elle n'a pas été trafiquée. Répéta Steve... Alors là, je ne sais pas ce qui c'est passé. Mais ce que je sais c'est que je n'ai pas touché cet enregistrement...

- Ouais... Articula Jack avec lenteur... Et c'est pour ça que je suis là. On a une personne complètement effacée et tu pourrais nous aider à l'identifier.

-  J'vous ai déjà tout dit dans ma déposition. Annonça Steve sur la défensive. Et je ne pense pas en faire davantage pour vous aider!...

- Ah non...Dis moi, ton témoignage sur le trafic au noir de Bighouses ne va certainement pas convaincre la brigade des fraudes de ton innocence et tu iras en taule. Mais si tu te montres coopératif je pourrais faire quelque chose en ta faveur. Alors tu vas te souvenir d'hier soir et me dire si quelqu'un était peut être habillé bizarrement... Un regard, un visage... Je ne sais pas... Suggéra Jack...

- J'n'ai pas trop le temps de voir en détail tous ceux qui passent devant le guichet et de toutes les manières je m'en moque un peu...

- Ouais, je vois... Murmura rageusement Jack... Mais sache que ta p’tite amie, Jane, a subi aussi un léger effacement et j'ai l'impression qu'il y a un lien entre elle et ce que je viens de te parler... Dit Jack pour faire réagir un peu plus Steve. Il ne savait pas s'il y avait un réel lien entre ces deux anomalies mais il espérait bien dénouer la langue de Seavers...

- Jane... Jane... Répéta Steve... Je ne sais pas... Je vous ai dit qu'elle m'avait l'air très malade et affreusement pâle comme si elle agonisait mais elle...

- Et elle ne t'a rien dit de spécial... Coupa Jack

- Non... Marmonna Steve en se plongeant dans ses profonds souvenirs...

- J'n'insisterai donc pas mais demain matin je veux tous les autres enregistrements avant, après et pendant le meurtre...

- J'verrai ce que je peux faire mais je ne vous garantis rien. Marmonna Steve.

- Et je veux te voir dans notre bureau pour identifier la personne effacée... Ha, Jane travaille dans quelle salle du Webster?...Demanda Jack

- A la salle techno, au sous sol... Répondit faiblement Steve.

Jack recula de deux ou trois pas avant de se retourner pour descendre les marches... Seavers était toujours dans l'encadrement de sa porte et resta un long moment, le visage baissé et absent...

Le policier descendit les marches de l'escalier sombre et sordide en pensant à cet entretien. Il n'avait rien appris et se trouvait toujours au point mort avec un peu plus d'aberrations qu'avant d'être venu. Il avait la confirmation officieuse que l'enregistrement n'avait subi aucune retouche...

Le policier était maintenant dans la cinquantième rue. Elle était très animée avec la proximité du Roosevelt Hospital. Des dizaines et des dizaines d'ambulances défilaient un peu partout en hurlant frénétiquement...

Ally était assise sur le capot avant de la vieille Ford de Jack et l'attendait patiemment. Elle le dévisagea plusieurs fois lorsqu'il traversa le hall ténébreux de l'immeuble et elle dit:

- Ecoute, j'aimerai vraiment qu'on sorte un soir ensemble...

- Mais tu rêves un peu trop... Et puis d'ailleurs, j'ai plein de boulot ces temps ci au cas où tu ne l'aurais pas remarqué alors je crois que tu devrais plutôt t'intéresser à quelqu'un d'autre... Ce serait préférable...

- Oh que non... J'ai décidé que j'coucherai avec toi et j'y arriverai!...

Jack qui était sur le point d'entrer dans son véhicule s'immobilisa et regarda la vitrine située à côté de l'immeuble où habitait Seavers... Il y avait un tabac presse et le policier se dirigea vers le kiosque à journaux. Il acheta le journal du soir qu'Ally lui avait montré un peu plus tôt et visionna une nouvelle fois la première page. Il ne comprenait pas comment autant d'informations aussi précises avaient pu être dévoilées. Michael et lui n'avaient pas encore eu le rapport complet d'autopsie que déjà des informations confidentielles étaient diffusées dans la presse...

Il lut quelques lignes et ouvrit la portière de sa voiture. Ally n'arrêtait plus de parler pour tenter de convaincre Jack de l'emmener avec lui mais il ne l'écoutait plus... Il avait la tête ailleurs... Il démarra violemment son véhicule et fit rugir le moteur. La jeune fille suivit alors des yeux la vieille Ford se faufilait dans le trafic intense de la cinquantième rue

 

East Village

Webster Hall - 20h02

La pluie avait disparu pour quelques minutes, peut être quelques heures... Le froid et le vent s'étaient installés fermement et la nuit écrasait, de ses mains noires, toute la cité illuminée...

La mélodie étrange, Glory Box des Portishead, accentuait un peu plus l'irréel de cette nuit new- yorkaise...

Jack venait de passer devant le van d'un mexicain qui scandait en anglais et en espagnol des phrases incompréhensibles... Le bruit du Webster devenait de plus en plus assourdissant et déjà plein de jeunes se massaient autour de l'entrée pour pénétrer dans les dômes obscurs...

Le policier eut du mal à trouver une place et il décida de s'arrêter  juste en face d'un opticien... Il mit son gyrophare en marche et s'extirpa de son véhicule enfoncé... Il traversa la onzième rue et s'approcha des videurs asiatiques en montrant fièrement sa carte et son insigne de police... Il pénétra dans le large couloir bondé en jouant des coudes pour se frayer un passage.

Dans l'immense salle rock, juste en face, il crut entendre la voix Jimmy Page. Tout le monde criait les paroles en se balançant n'importe comment. Les spots désarticulés tourbillonnaient follement et un clip défilait sur l'immense écran qui surplombait le bar presque enfumé...

Jack se précipita ensuite dans les profondeurs ténébreuses et étranges du Webster. Les murs de l'escalier étaient hantés de posters de groupes de techno, de transe, de goa et de dream... Il aperçut ensuite plusieurs moniteurs accrochés au plafond par des bras pivotants. Ils présentaient des figures étranges et synthétiques qui se déformaient à chaque seconde...

La musique était différente de la première salle... Ici, on dansait sur Smack My Bitch Up des Prodigy mais l'ambiance était aussi explosive et encore plus folle...

Le policier traversa la marée humaine qui se déambulait frénétiquement... Il s'assit sur un tabouret du comptoir et scotcha son regard sombre sur le barman qui décapsulait rapidement une bonne douzaine de bières... Jack était complètement immobile. Seuls ses yeux bougeaient dans cet enfer sonore et lumineux. Il claqua des doigts pour attirer l'attention de Marco et présenta sa carte de police. Le barman plissa les yeux en se saisissant d'un shaker luisant et métallique.

- Tu dois certainement connaître Jane Eddlinger... Marmonna  sourdement Jack.

- Biensûr... Répondit Marco, surpris et méfiant.

- Elle a travaillé hier soir?... Demanda le policier en sachant déjà la réponse qu'il obtiendrait.

- Non... Elle a appelé pour nous prévenir qu'elle avait la grippe... Pourquoi?...

- ... Hmm... Eh bien, elle peut jouer un rôle dans un meurtre...

- Dans celui du City!... Coupa Marco en arrêtant d'agiter son shaker. Il devint pâle.

- Effectivement... Elle passe dans le camp des suspects...

- C'est impossible... C'est impossible, elle ne pourrait jamais tuer quelqu'un surtout de cette manière...

- La tête coupée... Dit Jack en cherchant sa boîte de cigarillos dans ses poches.

Le barman, voyant ce qu'il cherchait, lui présenta un paquet de cigarettes mais le policier fit un signe négatif du visage et coinça le bout de son cigarillo entre ses dents et sa joue comme le faisait Clint Eastwood dans ses westerns...

- Ouais... Ouais... Je sais que c'est impossible qu'elle soit la tueuse mais pour d'autres raisons que des problèmes d'éthiques... Un tueur en série, homme ou femme, peut réaliser des miracles de monstruosité quand il passe à l'acte...

Alors que Jack enflammait les feuilles de tabac roulé, Marco demanda:

- Mais pourquoi vous la soupçonnez alors que vous dites vous- même que c'est impossible qu'elle soit la meurtrière?...

- Le problème c'est qu'elle ait sorti du City comme une voleuse, un quart d'heure après le début du film et l'heure du meurtre se situe à peu près à cet horaire... Commença Jack sans savoir exactement l'heure du décès... Et puis, il y a l'autopsie du légiste qui certifie que la défunte est une blonde... Or, la seule blonde de la séance de dix heures c’est Jane...

- Mais ce ne peut pas être elle la victime, elle nous a appelé vers onze heures et quart...

- C'est pour ça que c'est délicat. Elle est le point d'interrogation de l'enquête. Elle peut- être la victime ou la tueuse...

- Qu'est ce que vous envisagez de faire avec elle?...

- L'interroger!!... Répondit promptement Jack... Et c'est pour ça que je suis là...

- Ha...S'exclama Marco en baissant les yeux... Elle commence à travailler normalement  vers vingt deux heures... Mais vous auriez pu aller la voir chez elle, non ?

- Ouais, tu es un mec perspicace. J’aurai dû, j’aurai pu. Nous l’interrogerons quand nous l’aurons décidé. Répondit Jack, agacé par cette remarque plus que sensée... Et, elle t'a appelé depuis hier soir?...

- Non... Pas enco...

- Si jamais elle ne vient pas, téléphone à ce numéro dès que tu finis ton job... Tu tomberas certainement sur le répondeur de mon collègue, Michael Red...

Jack s'arracha de son siège en écrasant son cigarillo qu'il n'avait pratiquement pas fumé et se démena pour traverser les danseurs transpirants qui s'agitaient...

 

Theater Distric-

Planet Hollywood- 20h47

Le restaurant était bondé et très animé à cette heure ci... Il y avait plusieurs cadres d'entreprises qui mangeaient goulûment des hamburgers en visionnant le match des Knicks contre les Magics d'Orlando. Ils avaient tous enlevé leur veste et criaient en pronostiquant des scores, des smashs ou des rebonds de certains joueurs...

Elle était assise à une petite table et sirotait pour le moment un Coca cola en regardant les véhicules qui défilaient derrière les vitres suintantes... Elle était nerveuse et commençait réellement à ne plus supporter son manque de tabac... Elle avait fini sa dernière cigarette depuis un bon quart d'heure et attendait impatiemment Jack... Elle savait qu'il fumait et elle espérait bien un petit geste de sa part...

Elle avait consulté son répondeur un peu plus tôt et un nouvel appel annonçait un autre meurtre pour ce soir... Elle ne cessait plus de se le repasser:

« Salut ma chérie... Je sais que tu n'es pas là... Il est 20h14 et ce soir, il y aura quelque chose d'intéressant dans le Downtown... C'est très astucieux de ta part de manger avec Jack Eyes de la criminelle mais fais attention de ne pas allez trop loin si tu ne veux pas qu'il découvre que tu es une journaliste... »

Ce qui la surprenait le plus était la familiarité que ce mystérieux interlocuteur employait. Il savait exactement où elle habitait, qui elle fréquentait et surtout son agenda... Elle pensait que cet interlocuteur était le tueur en série mais elle ne parvenait pas à être angoissée comme si elle savait qu'elle ne serait jamais une de ses victimes...

 

Et puis elle pensait beaucoup à cette étrange voix roque et synthétique qui ne paraissait pas humaine!...

 

- Bonsoir... Je suis désolé d'être en retard...

Isabelle leva ses yeux vers l'homme qu'elle avait en face d'elle et reconnut Jack. Il était trempé de la tête aux pieds. Ses cheveux collaient à ses tempes et quelques gouttes perfides dévalaient le long de ses joues. Il était impressionnant et plutôt musclé... Son regard sombre ajoutait une sorte de supériorité dans sa prestance machiste. Son Magnum 44 était coincé dans son étui à l’abri derrière son blouson de cuir humide. Il s'assit à son tour en jetant un long coup d'oeil à l'animation de la rue de l'autre côté de la vitre du Planet Hollywood...

- Vous êtes un flic! Dit elle promptement.

- Hmm... Grogna Jack en sortant sa boîte de cigarillos et en la posant sur la table...

Soudain une voix féminine demanda:

- Qu'est ce que je vous sers?...

Le policier fit un signe bref du menton en direction d'Isabelle et elle répondit sans regarder la serveuse:

- Je prendrai un steak frites avec un Sprite...

- La même chose... Ajouta aussitôt Jack en allumant un cigarillo.

Sans attendre une quelconque invitation du policier, elle enflamma à son tour un cigarillo... Alors qu'elle inspirait maladroitement, il lui demanda:

- Tu fais quoi?...

Elle toussa légèrement en expirant. Son visage se dissimula momentanément derrière un nuage opaque et elle murmura difficilement:

- Je suis secrétaire dans une banque...

Elle cligna légèrement des yeux comme pour prolonger son mensonge...

- C'n'est pas très facile... Marmonna t'elle à nouveau... C'n'est pas facile de travailler sur des affaires de meurtres?...

Jack fronça les sourcils et la dévisagea un instant avant de dire quoi que ce soit...

- Ouais biensûr et c'est peu de le dire...

- Surtout sur une affaire aussi tordue que celle ci... Coupa t'elle en inspirant longuement.

Il afficha un masque soupçonneux sur son visage et se contenta de répondre:

- Ouais... C'est une affaire vraiment bizarre...

- S'en prendre à une jeune femme, lui couper la tête et... Elle n'acheva pas sa phrase pour ne pas dévoiler tout ce qu'elle savait et inspira à nouveau en larmoyant un peu...

- Hmm... Marmonna Jack légèrement agacé.

- On dit... On dit dans les journaux que le profil du tueur n'est pas encore établi...

- Au contraire!... Coupa violemment Jack qui se sentait blessé dans son amour propre. On fait des recherches psychologiques et elles portent leurs fruits...

Il ne savait pas mentir et elle le perçut aussitôt. Elle sourit presque et continua:

- En tous les cas, ça fait vraiment peur de savoir qu'un dangereux psychopathe court dans les rues et peut vous agresser à n'importe quel moment...

- Ouais... Et ça pourrait aussi bien t'arriver... Répondit fermement Jack et il ajouta pour se déculpabiliser de son agressivité: comme à moi...

Elle crut bon ne pas enchaîner trop loin son petit interrogatoire farouche et dit seulement en écrasant son cigarillo à moitié consumé:

- Quel sale temps...

- C'est un week end vraiment pourri... Ouais vraiment pourri... Répéta Jack en soufflant une longue colonne de fumée piquante et brûlante.

- C'est dur de bosser dans des conditions pareilles. Ajouta t'elle en posant son menton dans sa paume gauche... Tout à coup son regard se fit mélancolique comme pour amadouer son interlocuteur...

Jack passa lentement une manche de son blouson contre son front encore trempé et dit:

- Surtout lorsque l'on travaille dehors...

Soudain la serveuse s'approcha de la petite table et déposa deux plateaux...

- Ca pourrait être demain... Ou même ce soir... Dit faiblement Isabelle en prenant ses couverts...

- Quoi?...

- Le prochain meurtre...

Il leva les yeux vers elle tout en mâchouillant un bout de son steak et répondit:

- Il est peut être même déjà fait...

Isabelle sentit un ton lugubre dans le timbre de sa voix et elle eut un long frisson dans son dos qui lui paralysa les mains durant une seconde éternelle.

- Et tu... Tu gardes ton sang froid... Murmura t'elle en tentant de le faire craquer.

Elle avait fini par tutoyer son interlocuteur comme pour le mettre mal alaise. Elle le testait de plus en plus pour trouver son point de rupture. Elle se répétait qu'il allait bientôt se confier à elle et elle n'aurait plus qu'à récolter les informations.

- Quand tu traînes des journées entières dans une morgue en regardant des cadavres affreusement mutilés, en observant leurs entrailles pour découvrir un soupçon de vérité ou une piste quelconque, tu n'as plus vraiment le temps de faire gaffe à ce que tu vois ou à ce que tu ressens réellement... Tu entres dans le jeu du tueur... Enfin c'est comme ça que je vois la chose...

Elle en fut dégoûtée et lâcha sa fourchette en déglutissant difficilement. Elle but rapidement une gorgée de Sprite et demanda:

- Et qu'est ce que vous avez découvert sur les victimes?...

- Rien! répondit fermement Jack...

- Rien?... Répéta Isabelle, désappointée...

Agacé par ces questions, il jeta un bref coup d'oeil vers la pendule accrochée au dessus du bar et lut 21h21. Il consulta ensuite l'addition coincée dessous un verre et balança deux ou trois billets sur la table. Il se leva en enfouissant son paquet de cigarillos dans l'une des poches de sa veste.

Elle avala un filet de salive en marmonnant amèrement:

- Merde...

Elle avait la nette impression qu'il faudrait qu'elle aille plus loin avec lui pour obtenir des informations beaucoup plus précises... Ca ne lui faisait pas peur, elle savait toujours tourner la situation à son avantage et lorsque les hommes croyaient être les vainqueurs, elle finissait par les dominer farouchement. Elle sourit en se levant à son tour...

 

Dehors la pluie tombait assez violemment... Quelques fois des bourrasques de vent venaient fouetter bruyamment les colosses de verre... Les rues scintillaient de milles feux tandis que plusieurs personnes couraient sur les trottoirs pour traverser les serpents d'asphalte  ou pour s'abriter un peu sous un porche ou devant une vitrine éclairée...

Ils venaient juste de monter dans la voiture du policier. Elle l'avait informé qu'elle était venue en taxi et elle espérait bien lui soutirer quelques mots ou quelques phrases... Jack était intrigué par l'attitude de cette femme et se méfiait de plus en plus d'elle. Il commençait à comprendre son jeu et il voyait nettement où elle voulait en venir...

En claquant sa portière, il demanda:

- Tu habites où?...

- Près de Stuyvesant Park... Mais j'n'ai pas encore envie de rentrer!... Répondit elle fermement.

- Je vois... Murmura le policier en avalant sa salive.

- Le tueur est complètement déjanté... Prononça t'elle rapidement:

En démarrant son véhicule, il sourit cyniquement et dit d'une voix neutre:

- Ouais, il est complètement déjanté... Je parie qu'il s'enferme dans un immeuble malfamé du nord de Manhattan ou du Bronx, qu'il est au chômage et qu'il a besoin de ces meurtres pour survivre... C'est... Ca doit être vital pour lui.

Il s'arrêta à un feu rouge et regarda Isabelle du coin de l'œil. Il savait qu'elle faisait un effort pour mémoriser tout ce qu'il disait et qu'à la moindre occasion, elle écrirait tout ça sur une feuille ou sur un calepin. Il espérait aussi retrouver tout ce qu'il venait de débiter dans l'édition du lendemain matin. Il en rigolait presque... Il commençait à jouer avec elle sans savoir jusqu'où ça pourrait aller...

Elle était immobile, les yeux rivés droit devant... Elle écoutait sans répondre en se posant quelques questions sur ce policier mystérieux qui ne voulait rien lui révéler au Planet Hollywood et qui, soudainement, décide de lui dévoiler pas mal de choses...  Elle le croyait minable mais elle se rendit compte qu'il était beaucoup plus malin qu'elle ne l'avait pensé... Elle voyait bien qu'il s'amusait à lui balancer tout et n'importe quoi...

Il accéléra un peu plus et dit en souriant légèrement:

- On pense que c'est un fétichiste, enfin surtout le légiste... Le tueur collectionne les têtes de ses victimes alors on peut s'attendre à tout de sa part...

Elle fit une moue de dégoût devant un tel cynisme et finalement répondit:

- Fétichiste... Vous pensez à une catégorie d'hommes en particulier...

- Par forcément, mais il peut y avoir des connotations religieuses ou extrémistes... Ou bien ça peut être des rituels... Enfin c'est peut être de la magie noire et le tueur peut se livrer à des messes malsaines avec ses trophées...

Il était sur le point d'éclater de rire mais il se retint de toutes ses forces en détournant légèrement son visage. Il essayait d'être le plus naturel possible... Elle ne le regardait pas mais se rendait bien compte qu'il se moquait d'elle... Elle se sentait de plus en plus aigrie et elle aurait bien voulu l'étrangler sur place!

Il s'arrêta derrière une vieille Corvette Sting Ray de couleur grise... Juste en face, il y avait Stuyvesant Town... En coupant le contact, il lui demanda:

- Tu veux prendre un verre...

- Pourquoi pas... Répondit elle amèrement...

En descendant de sa Ford, il jeta un bref coup d'oeil en direction de la large baie vitrée éclairée par une douce lumière tamisée. Il afficha un léger sourire sur ses lèvres roses et se dirigea vers la porte de son hôtel avec les jumelles qu'il avait prises au commissariat...

La journaliste sentit ses muscles se crisper; quelque chose sembla l'inquiéter tout à coup... Plus elle pensait plus elle se disait qu'elle réagissait comme l'attendait ce mystérieux personnage qui lui laissait des messages étranges sur son répondeur. Elle se sentait comme manipulée et un grand désarroi s'empara d'elle. Elle croyait commander le scénario mais pour le moment c'était le tueur, le maître du jeu et il jouait avec tout le monde et plus particulièrement avec elle...

Elle n'osait pas lever les yeux vers Jack qui disparaissait dans le hall de son immeubles et elle avala difficilement un filet de salive amère...

 

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Je fais encore un double poste car cette restriction des 30 000 caractères a encore frappée.

Je voulais ajouter ce dernier paragraphe qui clos le premier chapitre.

 


 

 

Chelsea-

22h36...

La radio de la petite chambre était toujours sur la fréquence de New York Fire FM... Oasis chantait Wonderwall et la pluie mélancolique continuait de dégouliner le long des vitres sales et poussiéreuses... Le chauffage fonctionnait difficilement depuis quelques minutes pour tempérer l'atmosphère glaciale et électrique...

La lampe commençait un peu à s'essouffler et diffusait de faibles rayons pâles dans toutes la pièces. Les divers posters accrochés un peu partout empruntaient un étrange cynisme inhabituel et cruel... Des reflets agressifs et argentés couraient et s'amusaient sur les murs... Des sirènes stridentes et agonisantes hurlaient à travers le dédale métallique de la métropole... Le monde nocturne et fabuleux de Manhattan sombrait irrémédiablement dans un caveau de plus en plus obscur... Les lumières devenaient timides, fébriles et incertaines...

Le vent cognait violemment contre les immeubles de verre tandis que son souffle chevauchait l'asphalte avec domination...

Isabelle s'était directement dirigée vers la salle de bain... Elle prenait une douche dans un silence morbide, presque mortel... Elle était lasse et impatiente d'en finir avec cette journée pitoyable... Les filets brûlants de la douche perlaient contre sa peau fine et tendue. Elle avait du mal à retenir les nombreux spasmes qui devenaient maintenant incontrôlable et énervants... Elle entendait vaguement la douce mélodie nostalgique du groupe de Manchester qui envahissait fébrilement la petite chambre...

Jack, torse nu, avait ses yeux collés contre ses jumelles et il scrutait la baie vitrée de l'autre côté de la rue... L'éclairage était très faible et il avait de la peine pour distinguer les mouvements de la blonde... Il se mordait les lèvres de frustration et fronçait les sourcils tout en murmurant rageusement quelques injures...

Il devinait qu'elle était entrain de s'habiller en prenant des poses provoquantes. Il était complètement fasciné par ce spectacle farouche qu'il percevait à défaut de voir. Il était mal alaise et quelque chose lui faisait peur... Il contemplait le corps de cette fille depuis plusieurs minutes à présent et des sensations révulsives s'entrechoquaient dans son esprit... Il était à la fois excité et écœuré par la peau bizarrement blanche et comateuse de cette blonde... A une ou deux reprise, il avait eu une irrésistible envie de vomir mais son désir parvenait à reprendre le dessus...

Soudain, la blonde disparut dans les profonds ténèbres de son appartement... Jack arracha les jumelles de ses yeux et souffla longuement à la recherche de son calme et de son sang froid. Il s'assit ensuite sur son lit tout en continuant à scruter la baie vitrée... Il entendait toujours le jet de la douche mais ne faisait plus attention aux musiques diffusées sur sa radio...

 

« Il est 22h43 et tu es certainement chez le policier Jack Eyes pour tenter de lui soutirer quelques informations sur les deux premiers meurtres... Mais sache qu'il n'en sait pas plus que toi... Je sais qu'il va tuer à nouveau. Il est là, je le vois très bien et il est déjà entrain de traquer sa victime... Comme je te l’ai dit, il va sûrement la décapiter dans le Downtown... »

 

La télévision était allumée, elle aussi mais Jack avait volontairement coupé le son... Des crépitements d'électricité statiques venaient rappeler quelque fois qu'elle fonctionnait... A présent, le rythme cardiaque de Jack était redevenu lent et normal. Son excitation et son dégoût avaient aussitôt disparu comme par enchantement... Il semblait sortir d'un rêve cauchemardesque!...

Subitement, la blonde s'approcha contre la baie vitrée, jusqu'à la toucher du bout du nez... Le policier eut juste le temps d'entrevoir parfaitement son visage avant qu'elle ne se retourne. Il s'était rapidement levé et avait enfoncé ses jumelles dans ses orbites oculaires...

Jack eut d'abord une moue d'étonnement puis il plissa le front pour se plonger au plus profond de sa mémoire... Il était certain d'avoir déjà vu ce visage et récemment, très récemment... Il ouvrit à nouveau la bouche avec étonnement et inquiétude... Il sentit ses cheveux se dresser sur son crâne et il murmura faiblement:

-  Mais c'est Jane Eddlinger...C'est impossible... Non, c'est impossible... Ca ne peut pas être elle...Normalement, elle habite dans la vingtième avenue en face du Fashion  Institut Technologie... Mais pourtant ce tatouage... Cette rose rouge, c'est son tatouage...

Elle était à présent face à sa chaîne hi- fi et visait sa casquette des Knicks sur sa tête. Elle enfila ensuite un coupe vent noir des chaussures de basketteur et des lunettes noires... Quelques secondes plus tard, la faible lumière diffuse s'éclipsa totalement...

Surpris et décontenancé, Jack respira bruyamment et jeta ses jumelles sur son lit. Il passa plusieurs fois les paumes de ses mains sur son visage et chercha rapidement des yeux ses vêtements déposés sur une chaise dans un coin de la petite chambre... Il mit maladroitement une chemise et son blouson complètement trempé... Alors qu'il saisissait la poignée de la porte, une voix troublée et pertinente demanda:

- Tu pars?!...

Il écarquilla les yeux en s'immobilisant automatiquement Il avait oublié la présence d'Isabelle et il eut un moment d'hésitation avant de répondre simplement:

- Non... Non... J'ai simplement oublié quelque chose dans ma voiture

Elle sentit la gêne mêlée à la peur dans le timbre de la voix du policier. Elle arrêta de s'essuyer les cheveux et leva ses yeux vers l'homme debout face à elle... Quelque chose d'inimaginable semblait inquiéter Jack... Il était vraiment terrifié...

Jane Eddlinger qu'il avait eu sous les yeux dégageait quelque chose de bizarre... C'était quelque chose de démoniaque et d'attirant à la fois!

Sans dire quoi que ce soit de plus à Isabelle, il s'engouffra dans les couloirs sombres et se précipita vers la cage d'ascenseur en appuyant violemment sur tous les boutons... Il répéta plusieurs fois avec rage:

- ... Dépêche toi!...

Après une dizaine de seconde d'attente, il décida de dévaler rapidement les escaliers ténébreux et manqua de tomber lourdement en loupant une marche. Il courut comme un dératé dans le hall et ouvrit la porte d’entrée...

Une bourrasque de vent puissante et glaciale pénétra dans l'immeuble et pétrifia le policier. Il était dans l'encadrement de la porte et regardait celle qui se refermait lentement en face de lui... Il écarquilla les yeux et chercha Jane dans la foule qui marchait sur les trottoirs. Il sortit à son tour en observant un peu partout mais il ne la vit pas...

Il soupira de frustration et se dirigea vers l'entrée de l'immeuble en face. Il consulta les divers noms écrits en face des boutons de sonnettes et ne vit nulle part le nom de Jane Eddlinger. Il pressa fortement chaque bouton dans l'espoir d'ouvrir la porte puis finit par frapper cette dernière à grands coups de poings...

Bientôt, il entendit des bruits de pas rapides sur les dalles du sol de l'immeuble et quelqu'un ouvrit en bougonnant:

- Vous allez arrêter de taper sur cette porte sinon j'appelle les flics!!

Jack vit ensuite un vieil homme gros et petit qui brandissait un fusil de chasse.

- Je suis flic... Dit rapidement Jack et il ajouta: je voudrais un renseignement...

- Moi, je veux d'abord voir vos papiers... Coupa le concierge en bougeant nerveusement son arme.

Jack tâta un peu toutes ses poches et montra ensuite son insigne et sa carte. Il recula de quelques pas et pointa son index vers le troisième étage. Il demanda alors:

- Qui habite au troisième...

- C'est un antiquaire qui s'appelle Szekerland...

- Un antiquaire?... Répéta Jack en fronçant les sourcils.

- Oui, mais pour le moment il est en vacances... Il est parti hier...

- Il a une fille?... Demanda le policier, le visage toujours braqué vers la baie vitrée.

- Non... Il est toujours célibataire...

- Mais pourtant, j'ai vu une fille blonde chez lui...

- C'est purement impossible... Dit fermement le concierge.

Jack daigna baisser les yeux et interrogea du regard son interlocuteur.

- C'est simple... Je me suis muni d'un système de sécurité ultra perfectionné... En montrant du doigt les divers boutons de sonnettes, il continua: On peut ouvrir la porte avec un simple trousseau de clefs mais il faut aussi appliquer une empunte digitale sur le détecteur…là... Seuls les locataires et certains de leurs amis sont habilités à pénétrer..

- Je vois... Soupira Jack... Faites vous un recensement quotidien des personnes qui entrent  et sourtout vous ne connaîtriez pas Jane Eddlinger?...

- Non il n’y a plus de fichier indiquant les va et vient des personnes après un procès qui m’a opposé aux locataires et non, je n'ai jamais entendu parlé d’elle...

Le policier recula encore de quelques pas et consulta la baie vitrée. Il se retourna ensuite et chercha une cabine téléphonique; il y en avait une au coin de la seconde avenue... Il entra précipitamment dans celle ci et introduisit une carte magnétique usagée. Il composa un numéro tout en murmurant:

- Décroche, décroche...

Il tomba finalement sur un répondeur et il cria:

- Michael, si tu es là, décroche!... Il attendit un peu puis débita: je viens de voir Jane Eddlinger et elle va certainement embaucher au Webster Hall. Mais le plus surprenant c'est qu'elle ne sort pas de chez elle mais de l'immeuble en face de chez moi... C'n'est pas normal et il faut l'interroger le plus vite possible...

 

Isabelle avait remis un soutien gorge rouge en satin et une petite culotte de la même couleur. Elle était juste derrière la vitre détrempée et regardait activement la scène en griffonnant plusieurs mots sur une feuille qu'elle avait déchiré d'un cahier posé sur le bureau de Jack.

- Mais à quoi joue t'il?... Elle jeta ensuite un bref regard vers l'ordinateur du policier encastré dans un coin de la petite salle et ajouta: De toutes les manières je le saurais bientôt...

Elle sourit ensuite avec domination

 


 

 

J'espère que ce premier chapitre vous aura plu à le lire autant que moi lorsque je l'ai écrit.

Mis à part quelques reformulations ou modifications sur certains mots, à 99% c'est la version originale que j'ai écrite il y a 11 ans maintenant.

 

J'espère également que la fin de ce premier chapitre vous incitera à vouloir connaître la suite.

Le début du prochain chapitre sera dans la même atmosphère que le début du premier chapitre. Il y aura le retour d'un personnage secondaire...

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   Fin du premier chapitre, et bien entendu nous nous posons toujours autant de questions. Jack s'est finalement rendu compte que la blonde en face de chez lui était Isabelle, cependant pourquoi habite-t-elle là alors qu'elle est sensée résider ailleurs ? Et qu'est il arrivé à l'habitant légitime, l'antiquaire ? Nous le saurons sans doute plus tard (et ce sera pas forcément joli joli^^).

   Isabelle, toujours aussi sûre d'elle, va jusqu'à s'accoquiner avec Jack. Seulement, aucun des deux ne dupe l'autre. Qui finira par sortir son épingle du jeu ? Et puis, il y a toujours ce mystérieux informateur... S'il sait autant de choses sur le meurtrier, pourquoi ne l'arrête-t-il pas ? Est-ce le meurtrier lui-même ? Et pourquoi tant de familiarité avec la journaliste, hein ? ^^

 

  Donc, un premier chapitre qui donne le ton avec efficacité, et nous embrouille la tête avec un nombre conséquent d'interrogations... Du grand art ! Eh bien, je ne sais pas pour les autres, mais personnellement la suite m'intéresse fortement  :) Encore bravo et merci pour cette histoire.

  A bientôt !

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Le premier chapitre a présenté pas mal de personnages mais également a mis en place l'intrigue autour d'un puis deux meurtres étranges. Une histoire parallèle a été écrite concernant le cinéma et ses membres pour jeter une fausse piste. J'ai tenté de l'intégrer au scénario global en évitant les longueurs et surtout de faire des parties rébarbatives. Les dialogues me semblaient la meilleure option qui a permis de mettre à jour les diverses personnalités.

La technique du leurre comme je l'ai appelé était en partie sur cette mini histoire qui n'apporte rien au final à l'intrigue globale.

Le chapitre s'achève sur plusieurs interrogations que Daemon a su déceler et répertorier. L'un des personnages que tu as mis en avant devrait apparaître dans ce chapitre ou du moins devenir plus présent: l'antiquaire.

 

Le prochain extrait est tout dans les descriptions afin de donner des frissons au lecteur. Il y a le retour d'un personnage secondaire vu dans le premier chapitre mais également une petite part d'intimité supplémentaire sur l'un des policiers. Je ne vous en dis pas plus et j'espère que cet extrait sera plaisant à lire.

 

En tout cas merci de lire cette histoire et merci également à ceux qui me laissent un petit commentaire. Ca permet de savoir si l'on retransmet exactement ce que l'on désire.

 


 

Un Reflet Manquant

 

East Village-

Webster Hall- 23h38

Le ciel nuageux laissait une petite saignée obscure entre les immeubles de la onzième rue. Une pluie fine dégringolait doucement sur les serpents d'asphalte en se colorant au contact des néons psychédéliques. Des Limousines, des Ferraris ou des Porsches s'arrêtaient quelques fois devant l'immense hall de la boîte de nuit et repartaient dans l'agitation de New York...

Jane était juste en face de l'entrée bondée et regardait les longues files d'attente qui se prolongeaient sur les trottoirs trempés. Ses lunettes noires et sa casquette bleu marine lui cachaient en partie son visage blanchâtre et maladif. Elle ne souriait pas et une sorte de masque étrange et effrayant se collait à ses joues luisantes de gouttelettes...

Elle avait ses mains enfoncées dans les poches de son coupe vent. Elle s'arracha à l'immobilité et se dirigea lentement vers la troisième avenue. Elle s'approcha du van d'un mexicain qui hurlait comme un fou et elle demanda d'une voix platonique et sans émotion:

- Un chawarma pitta!...

Le vendeur consulta le visage caché de la jeune fille tout en préparant son sandwich. Une forte odeur épicée et enivrante se dégageait de l'intérieur de la petite camionnette. Des morceaux de viande fumée tournaient lentement autour de plaques chauffantes; dans des bacs en plastique, des légumes frais attendaient patiemment les mâchoires d'acier qui viendraient les prendre. Des sauces plus ou moins fortes baignaient dans des pots sur lesquels divers motifs y étaient peints... Et, dans un coin du van, au dessus d'un frigo, un transistor grésillait lamentablement en hurlant le commentaire d'un match de basket... Ce soir les Lakers de Los Angeles affrontait les Bulls de Chicago sur les bords du lac Michigan...

Le mexicain avait une petite moustache grisonnante et une joie de vivre qui pétillait dans le fond de ses yeux noirs... Jane était toujours muette et semblait complètement absente comme absorbée par autre chose beaucoup plus importante...

Après quelques minutes, elle attrapa son sandwich arrosé d'harissa et commença à mordre dedans. Elle se retourna vers la large rue animée et découvrit le véhicule du taxi driver qu'elle avait accosté hier soir. La voiture était toujours garée à proximité d'un horodateur et l'homme fumait lentement une cigarette sans filtre. Quelques fois, il jetait rapidement son bras dehors pour éparpiller les cendres brûlantes... Il avait le regard braqué vers les téléviseurs du club vidéo qui retransmettait les oiseaux d'Hitchcok.

Jane traversa la rue en slalomant entre les diverses voitures et s'approcha du taxi. Elle mâcha la dernière bouchée de son sandwich, ouvrit la portière arrière du véhicule et se jeta sur la banquette en cuir...

Le conducteur, surpris, avala malgré lui une bouffé de nicotine qui le fit tousser. Il balança ensuite sa cigarette presque totalement consumée et tourna la tête vers la jeune fille. Il lui demanda en reprenant son souffle:

- Où je vous amène?...

A la fin de sa phrase, il plissa le front en reconnaissant ce visage camouflé. Il ne parvenait pas à mettre un nom sur cette fille avec des mèches blondes qui lui caressaient la nuque mais lorsque ses yeux se portèrent sur le tatouage écarlate, pratiquement effacé, il comprit qu'il avait affaire à l'allumeuse de la veille...

- Au East River Park... Répondit Jane en tournant son visage vers le trottoir.

Le conducteur sourit en démarrant son taxi et alluma la radio. La voix de Shirley Mansar s'extirpa des vieux hauts parleurs pour chanter  Queer ...

Alberto Pantanillo, le taxi driver, quitta la quatrième avenue pour s'engager dans la dixième rue en direction de l'East River. Il était nerveux et excité à l'idée d'avoir dans son dos, cette belle blonde qui avait joué honteusement avec lui la nuit dernière. Et puis, il ne l'avait pas vu sortir du City Cinema tellement le film de David Fincher avait été captivant. Il voulait alors prendre une petite revanche sur le destin.

Il avait la main droite posée sur le levier de vitesses et ses doigts étaient extrêmement crispés sur le pommeau... Ses joues étaient ruisselantes de sueur et il tentait de retrouver son calme et son sang froid en se forçant à expirer et à inspirer sur un rythme apaisant.

En passant devant le Second Avenue Deli, il jeta un bref coup d'oeil dans son rétroviseur intérieur et écarquilla les yeux avec surprise. Il bougea ses iris rapidement le long du miroir rectangulaire à la recherche de sa passagère mystérieuse.

Une sorte d'angoisse indescriptible s'empara de lui et, en arrêtant doucement son véhicule au carrefour de la First Avenue et de la dixième rue, il se retourna et vit Jane assise juste derrière lui. Il sentait son cœur cogner violemment dans sa cage thoracique et sa bouche ouverte trahissait une peur de plus en plus aiguë. Jane haussa la tête pour indiquer que le feu tricolore venait de virer au vert et Alberto empoigna son volant en soufflant longuement.

Il démarra en clignant des yeux et traversa la First Avenue en déclenchant un amalgame de Klaxons... Au contraire, un silence tenace et inquiétant, s'installait fermement dans l'habitacle de la voiture. Quelques fois le clapotis des gouttes le long du pare brise résonnaient un peu plus lugubrement que d'habitude et rappelaient que la pluie arrosait toute la métropole. Et puis il y avait les faibles mélodies qui s'arrachaient maladroitement des baffles...

Ils s'approchaient à présent du Tompkins Square Park et Alberto était toujours aussi tendu; tellement tendu qu'il avait des douleurs farouches dans le dos. Il jeta à nouveau un coup d'oeil imperceptible dans le rétroviseur à la recherche de Jane mais il ne la voyait pas; ni sa casquette, ni ses mèches blondes, ni ses lunettes noires. Il avait l'impression qu’elle s'était volatilisée sans qu'il s'en aperçoive.

Du coin de l'œil, il entrevit la visière de la casquette bleue posée sur la banquette arrière. Il soupira de soulagement sans pouvoir dissiper sa peur qui muait en effroi. Depuis que Jane était montée dans le taxi une étrange odeur douceâtre mais repoussante avait envahi tout l'intérieur de l'habitacle. Il ne pouvait pas décrire ce qu’il ressentait réellement. Il ne percevait que des vapeurs de parfum enivrant mêlées à une fraîcheur glaciale et morbide.

La bouche du conducteur était sèche et un goût âcre de vomissement lui titillait le fond de la gorge.  Il avait la sensation de transporter un cadavre vivant. Il jetait de plus en plus de coups d'oeil dans son rétroviseur mais il n'y voyait jamais Jane; comme si son reflet n'existait pas... Il frissonna de dégoût et traversa le Jacob Riis Houses. Il tourna ensuite à droite pour prendre l'East River Drive et longea le fleuve. Des remorqueurs ou des cargos illuminés glissaient sur l'eau en hurlant quelques fois une sirène stridente...

Jane enleva ses lunettes noires et découvrit ses yeux bleus, extrêmement pâle et sans vie. Quelques pigments écarlates tachetaient ses pupilles. Elle s'ébouriffa les cheveux et colla sa joue contre la vitre perlée de filets d’eau. Elle regardait les passants qui marchaient sous la pluie sans vraiment y faire attention. Elle fixait aussi les mouvements du conducteur en souriant cyniquement. Elle se délectait de la peur d'Alberto et semblait impatiente...

Les arbres de l'East River Park commençaient à s'arracher de cette marée de bitume et de verre. Lorsqu'ils passèrent dessous le Williamsburg Bridge, Jane posa une main glaciale sur l'épaule du chauffeur. Celui ci sursauta en gémissant de frayeur. Elle dit simplement:

- C'est bon... Arrête toi ici...

Alors qu'il mettait son clignotant, il consulta son rétroviseur mais il n'y voyait rien sinon les quelques phares de voitures ou les lampadaires bavant une lumière dorée. Jane semblait invisible mais pourtant elle était belle et bien là. Il était complètement angoissé.

Il arrêta difficilement son véhicule à côté du Corlears Hook Park. La mélodie de Toxygene de The Orb transperça subitement l'atmosphère troublante du taxi... La porte arrière s'ouvrit puis se referma en grinçant sinistrement. Jane passa devant le conducteur en lui adressant un petit sourire diabolique. Son regard bleuté lançait d'étranges sensations dominatrices et démoniaques...

Alberto resta pétrifié comme une statue, les yeux collés sur le corps superbe de Jane. Elle traversait la large avenue en passant par une passerelle. Ses cheveux ondulaient sensuellement dans la nuit illuminée. A travers les premiers arbres du parc, Alberto devinait les lumières diffuses de Brooklyn...

Elle se déhanchait avec provocation sur la passerelle mouillée. La pluie semblait avoir cessé mais un voile mélancolique recouvrait toute la cité et annonçait une prochaine averse d'ici peu...

Alberto coupa le contact de sa voiture et arracha les clefs du némane. Il jeta un bref regard vers la banquette arrière et découvrit les lunettes noires, la casquette des Knicks et deux ou trois billets posés sur le cuir usagé du siège... Il avala un filet brûlant de salive en attrapant l'argent. Il prit l'émetteur de sa C.B. et dit aussitôt:

- Ouais, c'est Alberto...

- Qu'est ce que t'as mon vieux?... Demanda une voix féminine qui mâchouillait un chewing gum.

- Je viens de déposer une blonde au East River Park et je vais prendre une pause d'un quart d'heure...

- Ok... Mais ne fantasme pas trop...

- Hmm... Emit il avec rage...

Alberto balança l'émetteur sur le siège du mort et prit un blouson marron; un blouson d'aviateur avec des écussons un peu partout;  une broche dorée de la base militaire de San Diego y était même épinglée... Il sortit précipitamment de son véhicule.

Lorsqu'il se retourna, il fronça les sourcils à la recherche de Jane. Elle était déjà devenue une ombre parmi les ténèbres nocturnes. Il traversa à son tour l'East River Drive en passant par la passerelle... Il avait un pas assez rapide mais lourd et angoissé et surtout les talons de ses chaussures résonnaient maladroitement. Il tourna un instant la tête en direction du sud et aperçut vaguement, à travers des filets de brumes, le Manhattan Bridge et le Brooklyn Bridge. Un long spasme courut violemment le long de sa colonne vertébrale et lui intima l'ordre de secouer la tête de gauche à droite.

Il pénétra dans l'East River Park en déglutissant sa salive. Jane était devant lui à plusieurs dizaines de mètres et elle se dirigeait directement vers le fleuve. Le vent s'engouffra tout à coup sous les arbres et souleva quelques fumeroles au dessus d’une plaque d’égoût. La piqûre du froid fit larmoyer Alberto qui marchait désormais avec une extrême prudence.

La brume envahissait, elle aussi, les sous bois en serpentant entre les troncs. Les branches dénudées et encore squelettiques à cette saison frétillaient en craquant sournoisement. Des ombres étranges et mystérieuses couraient le long du parc détrempé en scintillant furtivement.  Une atmosphère lugubre se répandait peu à peu...

Alberto s'immobilisa et regarda la blonde s'asseoir sur un banc public face face à l'East River. Elle avait les mains enfouies profondément dans les poches de son coupe vent. Sa chevelure dorée ondulait magnifiquement dans les ténèbres brumeux et oniriques...

Soudain une fraîcheur venue du fleuve réussit à passer dessous le pantalon du taxi driver et il sentit ses jambes se raidirent d'un seul coup. Ses dents claquèrent quelques instants mais il parvint à contrôler ses nerfs dans un effort surhumain... Un bruit strident venu du sud, depuis le Manhattan Bridge, le fit sursauter. Quelque chose craqua derrière lui et il jeta un long coup d'oeil par dessus son épaule droite tremblante. Il ne vit rien sinon deux lampadaires qui diffusaient une lumière cotonneuse. Son pouls s'accéléra et son angoisse s'accentua... Un silence morbide l'entourait tandis que le sifflement du vent couinait, s'arrêtait et s’amplifiait démesurément en le tétanisant d’effroi...

Après quelques secondes de terreur, il pointa son regard vers le banc mais celui ci était vide. Jane avait disparu comme par enchantement. Un rayon lunaire éclaira un court moment les berges du fleuve et Alberto distingua vaguement la silhouette d'un chien qui s'enfuyait dans la brume de plus en plus épaisse. Ici et là, celle-ci se tintait de rouge pâle ou d'orange délavé... Un nuage cacha la lune et les ténèbres resurgirent encore plus violemment... Quelques flocons de neige, presque fondus, se déposèrent un peu partout mais bientôt une pluie fine et vicieuse vint dégouliner le long des tempes et des joues d'Alberto...

Un hurlement plus qu'un aboiement transperça la nuit glaciale et terrorisa le conducteur, seul, désespérément seul, dans cet immense parc obscur... Il ne parvenait plus à bouger et il se sentait comme isolé du reste du monde. Il ne comprenait pas comment Jane avait pu partir sans qu'il s'en aperçoive. Il avait tourné la tête pendant quelques secondes seulement...

Soudain quelque chose remua dans l'arbuste qui se trouvait à sa droite...

 

La pluie était devenue, d'un coup, beaucoup plus forte et de grosses gouttes perfides tapaient violemment le macadam de l'East River Drive. Alberto, complètement trempé, souleva sa manche pour consulter sa montre mais apparemment, il l'avait perdu dans le parc. Il serra les dents et s'arrêta au milieu de la passerelle qui l'amenait vers le Corlears Hook Park. Un semi-remorque passa juste en dessous de lui. Il tourna ensuite la tête vers L'East River Park et il eut un rictus de dégoût plus que de peur. Il n'attendit pas plus longtemps en se disant qu'il pourrait en acheter une autre dans quelques jours tout au plus...

Dans la main gauche, il tenait un sac poubelle de couleur noire.

Son taxi était toujours garé au même endroit au bord de la route. Il s'empressa de grimper à l'intérieur et de jeter le sac à la place du mort, sous la boîte à gants. Il s'enfonça un peu plus dans son siège en soufflant. Il était maintenant impassible et son regard ténébreux fixait haineusement le sommet la tour de l’Empire State Building...

Il attendit de longues minutes pour scruter les environs et jeta ensuite ses yeux vers la petite horloge digitale coincée au dessus de la trappe de l'allume cigare.

Il était 00h59.

Il démarra son véhicule. Il prit ensuite le microphone de sa C.B. et dit :

- Ouais, c'est Alberto et j'arrête... J'rentre chez moi...

- Ok! Lui répondit une speakerine.

Il alluma sa radio en douceur, la voix de Nick Cave s'échappa des hauts parleurs et la mélodie de Lovely Creature se diffusa dans tout l'habitacle. Les puissants phares transpercèrent la nuit brumeuse et Alberto chercha un endroit pour faire demi tour afin de remonter vers le nord...

Son regard suivait le fleuve qui s'écoulait à sa droite, il consultait les pancartes d'indication de direction pour ne pas louper la quatorzième rue qui le ramènerait vers le nord d'East Village...

 

Chelsea- Stuyvesant Square

Une sonnerie stridente et répétitive hurla dans tout le studio. Le répondeur se mit en marche et la voix digitale annonça ensuite:

« - Voilà, il vient de tuer pour la troisième fois... Demain tu en sauras plus... »

La voix s'évanouit aussitôt et Isabelle n'eut pas le temps de décrocher et de dire quoique ce soit à son interlocuteur. Depuis plus d'une heure elle attendait cet appel. En fait, elle le désirait plus qu'elle ne l'attendait! Elle s'assit dans son canapé et alluma une cigarette avec rage. Un halo rougeoyant apparut dans les profonds ténèbres de l'appartement et quelques fois, les sirènes des voitures de police déchiraient le quartier.

Elle croisa ses jambes tout en inspirant et en expirant bruyamment de longues bouffées de nicotine. Elle était complètement nue... Elle sourit avec domination... Elle prit un cendrier à l'aveuglette et y jeta les cendres de sa cigarette. Elle l'écrasa ensuite et tourna son regard vers le répondeur. Juste à côté, le réveil indiquait 01h23...

Elle alluma une nouvelle cigarette, coinça le filtre entre ses lèvres roses, saisit le pistolet posé à côté d'elle et se leva enfin pour se diriger vers son lit... Elle s'immobilisa pendant un instant interminable. Dans une main, elle avait son arme automatique et dans l'autre le filtre doré de sa cigarette. En balançant de droite à gauche son pistolet, elle inspira et expira deux ou trois fois et jeta un long coup d'oeil par dessus son épaule gauche...

Elle fixa un long moment son répondeur et sourit étrangement. Elle revint félinement vers son canapé noir. Les reflets argentés et tranchants de la lune glissaient rapidement sur ses seins, le long de son ventre plat et disparaissaient lorsqu'ils atteignaient ses cuisses. Elle s'accroupit au dessus du répondeur, le rembobina et appuya fermement sur la touche record...

Le filtre de sa cigarette coincé entre ses deux lèvres roses, elle dit d'une voix roque et légèrement méprisante:

- Salut mon chéri! Ca te fait jouir de m'appeler pour me déballer toutes tes conneries obscènes... Mais y a un truc que j'n'pige pas? Pourquoi me racontes tu tous tes meurtres, c'n'est pas dans la logique des tueurs en série? Elle consulta un instant son ordinateur et continua: et ils ne prennent pas autant de temps pour décrire la manière dont ils s'y prennent en l'écrivant dans par e-mail et surtout en l’envoyant à une journaliste... Je vois où tu veux en venir mais sache que si je joue à ton manège sadique c'est parce que j'le veux bien!...

Elle retira son index de la touche qui claqua sinistrement dans l'immense pièce sombre. En se relevant avec satisfaction, elle tourna son visage vers la baie vitrée qui surplombait le parc et regarda un long moment une enseigne lumineuse qui clignotait faiblement...

 

Brooklyn Heights-

Lundi 25 février- 5h55

La sonnerie du réveil couina deux fois puis une lourde main masculine appuya sur l'énorme bouton qui surmontait le réveil... Un gémissement suivi d'une douce voix se fit entendre:

- Tu pars déjà?....

- Humm... J'n'ai pas le choix, ma chérie... J'attends des coups de fils... Répondit Michael en s'allongeant complètement sur le dos. Il en profita pour s'étirer et fixa le plafond presque invisible de la chambre.

- Tu travailles dure sur cette affaire de meurtres et... Elle acheva sa phrase par un long soupir.

Michael s'assit aussitôt sur le rebord du lit pour ne pas avoir à supporter le regard de sa femme. Depuis samedi soir, il était aigri et nerveux... Et puis cette nuit, il n'avait pas fait l'amour avec sa femme mais il l'avait plutôt baisé comme s'il l'avait rencontré sur le coin d'un trottoir et qu'il l'avait embarqué faire un tour dans sa vieille voiture... Il était dégoûté rien qu'en y pensant et il n'aurait jamais cru que cette histoire l'aurait touché à ce point là. La vision des corps nus et décapités hantaient ses pensées et ses cauchemars en devant de plus en plus intense d’heure en heure. Ca le rendait malade et il avait une moue d'écœurement rien qu'en revivant la scène du City Cinema lorsque Steve l'avait amené dans la salle de projection... Il était tombé à l'arrêt devant le cadavre...

- Ecoute... Commença t'il en passant ses mains dans ses cheveux. Ecoute, quand j'aurai fini cette enquête on prendra une bonne semaine de vacances... Je ne sais pas encore où mais loin d'ici...

Michael avala un filet de salive en se levant et resta quelques secondes immobile dans l'obscurité. Il entendit un gémissement dans son dos et il ne trouva rien à répondre. Il prit ensuite le paquet de cigarettes posé sur la table de chevet. Un cercle rougeoyant apparut dans les ténèbres et disparut dans une pièce à côté...

Michael appuya, à l'aveuglette, sur un interrupteur et le néon qui surplombait un miroir rectangulaire s'alluma subitement; il plissa les yeux pour ne pas être ébloui. Il inclina le visage, coinça le filtre dans sa bouche et fouilla activement dans l'armoire de toilette. Il en sortit un blaireau, une mousse à raser et un rasoir. Il inspira une dernière fois sur sa cigarette et l'écrasa sur le rebord de l'évier avant de la mettre dans la petite poubelle... Il ramena les cendres vers l'intérieur de l'évier et les noya dans l'eau.

Il mouilla son blaireau et commença à spéculer en murmurant lentement:

- Mais pourquoi il leur retire d'abord le sang et les décapite ensuite... Je ne comprends pas sa démarche... Hmm

Il étala rapidement la mousse contre son cou et ses joues et continua:

- A mon avis, le sang joue une plus grande place qu’on ne le pense... hmm...

Il commença à se raser juste au dessus de lèvre supérieure en faisant quelques grimaces.

- Hmm... Le sang, d'abord le sang... C'est ça la clef... L'identité de ses victimes l'importe peu... Peut-être que je me plante sur ce point mais je ne vois aucun lien entre le clochard et la blonde...

Il se tut quelques secondes  pour passer les doubles lames le long de son menton puis continua:

- Mais je suis d'accord avec le légiste sur un point. Le fait qu'il arrache la tête lui permet de ne pas nous dévoiler la manière qu’il utilise pour... Hmm... Tout de même, il faut sacrement être fort pour arracher une tête à mains nues...

Il eut un mauvais spasme de dégoût et il plongea l'extrémité de son rasoir dans l'eau qu'il venait d'emprisonner au fond de l'évier.

- Ca fait froid dans le dos...

Il se lava ensuite le visage pour effacer la mousse encore visible sur sa peau et se rua aussitôt sous la douche... Un jet glacial jaillit d'abord puis devint de plus en plus chaud. Une épaisse buée brûlante envahit la salle de bain...

 

Il s'habillait en regardant sa femme allongée dans le lit. Elle le regardait aussi, sans rien dire... Seule la faible lumière de la lampe de chevet les séparait mais il avait l'impression qu'ils étaient à des centaines de kilomètres loin de l'autre...

Finalement, Micheal, s'approcha d'elle et l'embrassa. Lorsque ses lèvres touchèrent celles de sa femme, il ne put retenir un long frisson de douceur. Elle plongea sa langue dans sa bouche et lui attrapa vigoureusement la nuque. Elle joua un instant avec les cheveux de son mari, juste derrière son crâne; elle savait que ça l'excitait... Elle recula ensuite en se léchant la lèvre supérieure et murmura:

- Ce soir, je te veux un peu plus convainquant qu'hier soir...

Elle acheva sa phrase par un long regard enflammé. La sonnerie du four micro-onde rugit et elle ajouta en souriant:

- Il y a toujours quelque chose qui te sauve, Michael Red!!

En s'arrachant de l'étreinte de sa femme, il répondit en inclinant la tête avec provocation:

- Tu verras... Rachel Red!...

Il sourit sans pouvoir finir sa phrase et laissa son regard glisser sur le corps de sa femme à moitié nu et tellement désirable. Il voulait se jeter tout de suite dans ces draps qui l'attendaient mais il préféra fermer les yeux

- Bon... J'ai du job pendant toute la journée mais ce soir... Oh ce soir....

Il souffla longuement comme pour évacuer un air suffoquant qui stagnait dans le fond de sa bouche. Il finit de boutonner sa chemise et se dirigea vers la cuisine où des milliards d'odeurs familières se répandaient... Il ouvrit le four et un panache de fumée s'en extirpa. Il attrapa sa tasse de café noir et souffla dessus pour le refroidir. Il en profita pour consulter la pendule accrochée à côté du frigo. Il but son café tout en pensant à son enquête et murmura:

- L'identité du cadavre... Il ne veut pas... Ou plutôt, il veut que nous le sachions le plus tard possible… et ça expliquerait pourquoi il n'y a plus d'empreintes... Mais je ne vois pas comment il peut enlever ces empruntes... D'ailleurs je ne vois pas comment il peut arriver à faire tant d'horreurs... Ha et ça m'écœure!!... Cria t'il de rage.

Il posa violemment la tasse sur la table et sortit aussitôt de son appartement. Il dégringola les marches tout en piochant une cigarette dans son paquet. Il jeta un coup d'oeil dans sa boîte aux lettres mais elle était vide. En sortant, la morsure du froid lui trancha les joues; un froid étrange et glacial; un froid de tempête de neige.

Sa vieille voiture, une Cadillac noire, était en face, dans la Plymouth Street. Une pellicule de verglas s'était collée tout autour comme une véritable gangue. Il jura en échappant de sa bouche, d'épais panaches de nicotine et de buée. Par chance, sa serrure n'était pas gelée et ça lui éviterait de remonter chercher l'antigel.

Il enfonça rageusement les clefs et ouvrit précipitamment la portière. Il démarra difficilement et alluma la radio... Elegantly wasted d'Inxs s'arracha des hauts parleurs engourdis...

Michael prit un racloir dans les vides poches de sa portière et s'activa pendant quelques minutes à enlever le verglas qui tapissait le pare-brise...

Soudain une voix, celle d'un animateur de la radio, l'interpella; il grimpa aussitôt dans son véhicule et augmenta le volume:

«- ... Les deux meurtres sont assez similaires; disparition du sang, décapitation, effacement des empruntes digitales... Tout porte à croire que le tueur cherche à ne pas dévoiler l'identité de ses victimes... »

- Ce n’est pas possible… Ce n’est pas possible... Répéta Michael avec rage.

« -  La police est impuissante face à ce psychopathe et... »

Michael éteignit la radio et donna un coup de poing dans son volant:

- Ils en savent autant que nous sur les victimes!... Mais qui leur fournit tant d'informations?!!... Je ne sais pas mais si je le trouve je le fous en taule!!...

Il claqua violemment sa portière dans un étrange grincement sinistre. Alors qu'il faisait ronfler bruyamment le moteur, une légère pluie cotonneuse vint frapper la carrosserie obscure de la Cadillac...

 

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  Hula, ça devient de plus en plus étrange avec Jane oO La voilà qui disparait maintenant des surfaces réfléchissantes, ici le retro du taxi-drvier... Taxi driver qui, en plus d'être obsédé par cette nana étrange, semble complètement perdre les pédales... Et puis c'est quoi, ce sac poubelle, hein ? La tête d'une autre victime ?

  Ouais, ça devient vraiment bizarre, d'autant qu'on ne sait pas du tout ce qu'Alberto a bien pu faire dans le parc entre le moment où quelque chose remue sur sa droite et le moment où il revient à son taxi... Une espèce de possession ? Un rituel vaudou ? Des expériences d'extraterrestres ? xD

  Il y a toujours ce jeu entre la journaliste et le mystérieux informateur également, et j'ai bien aimé le passage avec Red, où tu nous montres l'impact de l'enquète sur sa vie privée, avec sa femme etc...

 

  Le mystère est toujours aussi épais, et j'ai toujours envie d'en savoir plus... Alors j'attendrais patiemment (ou pas) la suite ^^

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Un nouvel extrait un peu moins intense mais qui montrent tous les protagonistes après le troisième meurtre. Une petite information supplémentaire et quelques détails sont distillés dans cette partie. Cela ne donne pas véritablement d'explications mais peut être une piste sinon des questions supplémentaires.

Le prochain extrait devrait faire basculer l'histoire vers un nouvel horizon. soit vous aimerez la tournure des évènements, soit...

 


 

Lower East Side- Commissariat de police

6h55

Le commissariat était presque vide. Seuls quelques employés d'une boîte d'entretien s'activaient dans les couloirs ténébreux. Il y avait aussi une dizaine d'hommes qui s'occupaient de la maintenance informatique et trois ou quatre policiers de garde. Les autres étaient certainement en patrouille dans New-York... Les machines à café fonctionnaient déjà en émettant des bruits synthétiques; le chauffage rugissait comme une bête à l'agonie et la lumière se diffusait dans l'immense salle en désordre et emplie de vapeurs de caféine, de nicotine et de d'autres odeurs du même acabit...

Michael, le visage légèrement mouillé par la pluie, entra précipitamment dans son bureau ténébreux et pressa aussitôt l'interrupteur... Un voile doré et poussiéreux inonda toute la pièce... L'écran de la télévision crépitait comme une ruche d'abeilles; il avait oublié de l'éteindre avant de partir au City Cinema, hier dans la soirée...

Il avait vu beaucoup d'agents de la brigade des fraudes qui fouinaient un peu partout dans les armoires, dans les tiroirs et dans les dossiers de Bighouses. Ils avaient fini par découvrir le commerce illicite de ce dernier et la salle qui servait à leur piratage... Mais ce qui le surprenait le plus était la présence de la police des douanes et des fédéraux; apparemment cette affaire allait encore plus loin qu'il ne le pensait... Il avait entendu vaguement des bribes de conversation qui mentionnait un lourd trafic en Californie, dans l'Orégon, au Texas et dans l'état de Washington...

A présent, il se moquait de cette histoire mafieuse qui appartenait à une autre juridiction que la sienne et il avait assez de travail avec ses meurtres en série... Il enleva son imperméable et le lança en direction d'un porte-manteau métallique et luisant... Il s'assit ensuite dans son fauteuil, derrière son bureau et consulta rapidement tout ce qui était éparpillé dessus ce dernier. Il y avait en vrac des tonnes de dossiers, des feuilles, quelques cassettes vidéo, des stylos, un cendrier plein, des dizaines de mégots dorés, une lampe rougeâtre et poisseuse et un répondeur qui affichait quatre messages...

Michael s'empressa de le rembobiner et appuya sur la touche play. En s'enfonçant un peu plus dans son fauteuil, il croisa ses mains derrière sa nuque et écouta...

« - Oui... C'est Peter Kurtin, le légiste... J'ai quelques nouvelles assez intéressantes pour vous... Tout d'abord l'heure du décès se situe vers les vingt deux heures vingt ou vingt-cinq... J'ai examiné en détails les cadavres des deux morts et il y a plusieurs choses très curieuses... La première concerne la disparition du sang... Eh bien comment vous expliquez... Les cinq litres de sang ont été retiré du corps en l'espace d'une minute maximum ce qui est vraiment incroyable à moins qu'il existe un subterfuge que j'ignore totalement... Mais le plus troublant, c'est que ça me rappelle vaguement une sorte de la momification en plus accéléré... La deuxième chose important est la disparition des empruntes digitales; elle n'a pas été causée par un moyen artificiel ou mécanique mais plutôt pas une sorte de chimie bizarre... Lorsque j'ai consulté les cellules au niveau des doigts des victimes, j'y ai décelé d'étranges mutations. Je ne peux rien vous dire de plus sur celles-ci, pour le moment… mais j'ai l'impression que notre tueur emploie des méthodes vraiment bizarres pour assassiner ses victimes... L'éxamination de l'ensemble du système nerveux des cadavres dénotent une libération anormale et excessive d'endorphine et d'hormones comme si elles ressentaient une excitation ou quelque chose qui s'en rapproche et ça c'est plus que troublant; c'est un peu comme la  jouissance sexuelle... Ceci signifie que pendant leur mort, les victimes n'ont ressenti aucune peur mais plutôt une sorte de bien-être ou d'euphorie...  Ha! Une dernière chose, les résultats des tests génétiques nous parviendront un peu avant neuf heures... »

Le légiste raccrocha et le crissement de la bande magnétique couina dans le lecteur avant de libérer une nouvelle voix; c'était celle de Jack et apparemment, il était angoissé et affolé:

« - Michael, si tu es là, décroche!... Je viens de voir Jane Eddlinger et elle va certainement embaucher au Webster Hall. Mais le plus surprenant c'est qu'elle ne sort pas de chez elle mais de l'immeuble en face de chez moi... C’n'est pas normal et il faut l'interroger le plus vite possible... »

Michael se dressa sur son siège et s'approcha du bureau en murmurant:

- Hmm, c'est intéressant... Elle devient notre suspect numéro un surtout qu'elle est sortie du cinéma à peu près au moment du meurtre... Ouais, elle pourrait être notre tueuse en série finalement même si c'est dur d'y croire... Elle n'a certainement pas la force nécessaire pour arracher la tête de ses victimes, mais... Mais le plus intriguant, c'est notre deuxième victime... C'était une blonde et...

Avant qu'il puisse terminer sa phrase, une nouvelle voix émana du répondeur gris et usagé:

« - Euh... Bonjour, je suis Marco Lorenzo du Webster Hall... Je suis barman et je vous appelle pour vous signaler que Jane... Jane Eddlinger n'est pas venue travailler cette nuit... »

- Jane Eddlinger, encore elle... Soupira Michael en souriant. Eh bien, tout est contre elle et il va falloir l'interroger au plus vite pour qu'elle s'explique sur les dernières quarante huit heures...

Sur l'enregistrement, quelqu'un toussa et dit finalement:

« - Je suis Tud Morjan du centre de recherches informatiques de la police et j'ai quelques informations à vous communiquer... Je resterai toute la nuit dans mon labo pour continuer l'expertise du film de surveillance alors si vous avez un peu de temps venez au plus vite car ce que je découvre est stupéfiant et je n'y crois pas moi-même... »

La cassette du répondeur se bloqua aussitôt et le bouton play claqua sournoisement. Avant qu'un silence inquiétant ne s'installe dans la petite pièce, Michael souffla longuement. Il avait la très nette impression que son enquête faisait un énorme bond et que la meurtrière, c'est à dire Jane Eddlinger selon ses dernières conviction, serait derrière les barreaux avant ce soir...

Tout en se dirigeant vers la porte vitrée, il sourit avec satisfaction...

 

Chelsea- Stuyvesant Square

7h06

La sonnerie du téléphone hurla trois fois dans l'immense appartement obscur puis la voix enregistrée d'Isabelle émana du répondeur:

« -  Salut mon chéri! Ca te fait jouir de m'appeler pour me déballer toutes tes conneries obscènes... Mais y a un truc que j'n'pige pas? Pourquoi me racontes tu tous tes meurtres, c'n'est pas dans la logique des tueurs en série? Elle consulta un instant son ordinateur et continua: et ils ne prennent pas autant de temps pour décrire la manière dont ils s'y prennent en l'écrivant dans par e-mail et surtout en l’envoyant à une journaliste... Je vois où tu veux en venir mais sache que si je joue à ton manège sadique c'est parce que j'le veux bien!... »

Un silence tenace et oppressant envahit les ténèbres éclairées quelques fois par des enseignes lumineuses de l'autre côté de la baie vitrée. Quelqu'un se déplaça rapidement dans cette profonde noirceur comme un félin et vint s'asseoir sur le canapé. Totalement nue, Isabelle caressa ses cuisses tout en souriant avec défi. A l'autre bout du téléphone, elle entendait l'énervement de son interlocuteur et la pluie qui battait contre les vitres d'une cabine publique.

« - Hmm... Tu es vraiment très maligne! Dit amèrement la voix synthétique et roque. Mais pour le moment ne crois pas que c'est toi qui décides de ton sort. Si je te préviens de tout ce qui se passe ce n’est que par intérêt... Et puis tu ne t'imagines même pas jusqu'où tous ces meurtres en série peuvent aller alors ne joue pas trop avec moi et le tueur sinon tu pourrais vraiment le regretter!... J'aurai dû me douter de tes réactions mais il n'y avait que toi pour ce que j'ai à faire!... J'ai fini de rire et je te propose une petite balade dans l'East River Park... »

Celle ou celui qui était à l'autre bout du téléphone raccrocha violemment et le répondeur s'arrêta automatiquement.

- Tu joues avec moi! Marmonna Isabelle entre ses dents. Elle alluma une cigarette et croisa ses jambes rageusement. Elle inspira un grand coup et continua: Oh que non, je ne rentrerai pas dans cette machination et je suis libre d'arrêter maintenant si je le souhaite. Ce n'est ni toi ni le tueur qui me dicteront ce que je dois faire et si jamais je devais te rencontrer crois moi que je n'hésiterai pas trop à te flinguer!... Je déteste les individus de ton espèce qui se pense intouchable!!!

Elle écrasa haineusement sa cigarette dans la montagne de mégots qui recouvrait la poussière grisâtre enfouie dans le cendrier. Elle se leva en passant ses mains dans ses cheveux bruns et affronta les ténèbres avec un regard noir qui effaçait le bleu énigmatique de ses iris...

- Au East River Park... Je n'y vais que pour mon plaisir personnel et non pour le tien!! Hurla cyniquement Isabelle avant de disparaître entièrement dans l'obscurité...

 

Lower East Side- Commissariat de police

7h19

Les sous-sols du commissariat semblaient vides, à priori. Les puissants néons des couloirs étaient allumés pour diffuser une lumière aveuglante et brûlante... Le silence, quant à lui, était synthétique et surtout superficiel aucun bruit ne semblait perturbé les laboratoires. Michael marchait dans ce dédale futuriste, le visage calme et confiant comme s'il savait que la victoire était proche... Maintenant, il pensait tenir son meurtrier, enfin sa meurtrière et tous les détails étranges qui étaient survenus dans toute cette folle histoire lui paraissaient bien anodins tout à coup...

Il parvenait maintenant au laboratoire de Tud Morjan. Ce dernier était effondré sur le clavier de son ordinateur, complètement fatigué par sa nuit blanche. Michael s'approcha du scientifique, lui tapota l'épaule jusqu'à ce qu'il se réveille...

Tud grogna légèrement et se dressa d'un seul coup lorsqu'il vit le visage du policier au-dessus de lui... Il cligna plusieurs fois les yeux et bailla une fois avant de demander à son interlocuteur:

- Micheal Red?...

- Hmm... Répondit le policier.

- ... Il y a plusieurs anomalies que vous avez détecté mais... Ce ne sont ni des trucages, ni quoique ce soit de la sorte... Non, en fait l'effacement d'une personne et la transparence d'une autre semblent bel et bien normaux... Normaux d'un point de vue matériel mais anormaux d'un point de vue organique...

- Et… Et... Répéta avec impatience Michael qui attendait quelque chose de plus concret.

- J'ai repassé plusieurs fois la bande au spectroscope et à d'autres machines de décomposition d'images et j'ai découvert pas mal de choses... D'abord les deux personnes suspectes présentent une température corporelle basse voire très basse... Trente trois degrés pour Jane Eddlinger lorsqu'elle sort du cinéma alors qu'elle faisait un peu plus de trente sept avant d'entrer. Mais le plus bizarre est la température de l'individu effacé... Accrochez vous bien, je n'en suis pas revenu moi-même… Il ne faisait que dix-huit degrés!!... Vous vous rendez compte. A cette température, n'importe quel humain normalement constitué est mort depuis bien longtemps...

- Attends un peu!... Coupa Michael dont le visage s'assombrissait de plus en plus. Mais c'est quoi cette histoire à dormir debout. Non, non, ça ne peut pas allez, c'est impossible tout ça...

- Et pourtant c'est vrai!... Dit promptement Tud. J'ai réussi à digitaliser la personne effacée et à remodeler son corps par des textures synthétiques et j'ai obtenu ça...

Tud tapa fièrement sur quelques touches de son clavier et un portrait robot, accompagné d'une fiche d'identité apparut sur l'écran. Le  scientifique annonça ensuite:

- J'ai son identification et notre homme est Georges Chillman... Au chômage depuis plus de deux ans à présent. Marié, deux enfants mais apparemment sa femme n'a pas accepté la perte de son job et l'a foutu dehors. Il habitait un appartement dans le quartier d'El Bario, près de Jefferson Park... On n'entend plus parlé de lui pendant ces deux dernières années, excepté il y a un mois de ça. Il était sur le point de clapser sur un trottoir dans le Garment Center...

- Dans le Garment Center!... Répéta Michael qui fixait la photo sur l'écran.

- Je vous fais un tirage de ce type?... Demanda Tud en tapant sur le clavier.

- Hmm... Donne-moi aussi la fiche d'identité de Jane Eddlinger...

Soudain une faible sonnerie couina dans le laboratoire. Michael sentit quelque chose gigoter dans l'une des poches de son pantalon et il plongea rapidement sa main dans celle-ci pour prendre une sorte de bipper... Il consulta l'afficheur digital qui lui indiquait un numéro et saisit ensuite son téléphone portable...

Il tapa frénétiquement les touches et quelqu'un décrocha aussitôt. Une voix légèrement angoissée demanda:

- Vous êtes Michael Red de la criminelle?...

- Hmm... Répondit succinctement le policier en baissant la tête.

- On... On vient de nous prévenir d'un nouveau meurtre par décapitation...

- Quoi!!... Cria Michael sans attendre la fin de la phrase de son interlocuteur. Et où ça s'est passé?...

- Au sud de l'East River Park, pendant la nuit... C'est un jogger qui a découvert le cadavre qui dérivait sur les berges du fleuve...

- Hmm... Emit amèrement Michael. Et qui est-ce qui est sur le coup pour le moment?...

- Euh... Il y a la patrouille trente cinq  mais le légiste Peter Kurtin était déjà sur les lieux du meurtre à son arrivée...

- Quoi, Kurtin a déjà été prévenu! Dit Michael avec suspicion... Il ajouta plus bas. Comment ce fait-il qu'il est au courant avant nous?...

Le policier coupa la communication et emprisonna lentement son téléphone dans l'une des poches de son pantalon. Le visage prostré et le regard complètement vide, Michael répéta:

- Mais qui a prévenu Kurtin?... Normalement, il aurait dû arriver après la première patrouille... J'suis sûr que ce salaud nous cache quelque chose mais quoi...

Il avala sa salive avec un profond dégoût et dit à nouveau:

- Il n'y a que lui qui puisse fournir toutes les informations au sujet des cadavres... C’est certain… Il n'y a que lui qui aurait pu avertir la presse sur la disparition du sang et des empruntes. Je ne sais pas à quel jeu il joue mais si c'est pour du pognon je vais le mettre en taule pour corruption!...

Michael resta deux ou trois minutes, le regard perdu dans les dalles blanches du sol. Il était furieux et désabusé. Jack trouvait Kurtin bien mystérieux et maintenant, Michael pensait que son coéquipier n'avait pas forcément tort. La voix de Tud le délivra de sa profonde concentration:

- C'était qui?...

- Rien... Personne!... Répondit fermement le policier en jetant un regard noir et méprisant en direction du scientifique.

Michael s'approcha finalement de Tud et demanda d'une voix subitement roque:

- Donne moi les fiches signalétiques de Chillman et de la blonde!...

Le scientifique ne se fit pas prier et lança aussitôt l'impression. Il voulait se débarrasser de la présence de Michael le plus rapidement possible. Il détestait cette attitude hautaine qu'employaient Michael et Jack en se croyant au-dessus de tout...

En arrachant les feuilles crachées par l'imprimante, Michael se précipita vers la sortie. Il n'aimait pas la tournure que prenaient les événements. Il avait la nette impression d'être mêlé à un sombre complot. Rien n'était plausible et tout se défaisait lorsqu’il croyait enfin tutoyer la vérité.

Il s'immobilisa devant les deux énormes portes de l'ascenseur et attendit la cage métallique qui l'emmènerait vers le rez-de-chaussée. Le temps lui paraissait subitement long et insoutenable. Ses idées s’entrechoquaient et il ne parvenait pas à se concentrer sur quoi que ce soit. Il en profita pour passer un nouvel appel téléphonique:

- C'est Micheal! On a une troisième victime au East River Park!

- Hmm... Fit une voix pâteuse à l'autre bout du téléphone. Ouais et qu'est qu'on a?... Demanda Jack en bayant bruyamment.

- J'n'en sais rien... J'y vais mais on a un problème... Kurtin est déjà là-bas...

- Et alors...

- C'n'est pas normal... Quelqu'un l'a prévenu avant nous... Il était déjà arrivé avant la première patrouille...

- Quoi!... Dit Jack en haussant la voix. Mais c’est quoi cette histoire!

- J'n'en sais trop rien mais j'm'demande qui aurait intérêt à prévenir le légiste avant nous?... Murmura Michael qui consultait chaque mur de l'ascenseur.

- Le tueur... Suggéra Jack sans vraiment y croire.

- Non... Non, certainement pas le tueur; il fait tout pour retarder l'identification des victimes et le légiste représente l'un de ses pires ennemis. Non, pour moi, il y a autre chose derrière cette histoire... J'ai l'impression que l'on est dans un complot...

- Oh... T'es un peu parano!... Coupa Jack.

- Nooon... Il y a trop de choses incohérentes... Les victimes, le tueur, l'attitude de Kurtin et puis il y a aussi toutes ces informations divulguées à la presse et aux médias comme si cela était fait exprès... Je me sens comme un pion au milieu d'un jeu d'échec; on est manipulé, on est toujours les derniers au courant et on nous cache pas mal de choses...

- Ouais… En y réfléchissant, tu as peut-être raison...

- J'ai raison!... Dit fermement Michael qui sortait à présent de l'ascenseur.

- Mais la balance?... Demanda Jack.

- Moi, j'opte pour Kurtin. Répondit aussitôt Michael.

- J'n'sais pas. Même s'il nous cache une partie de son rapport sur l'autopsie des victimes, il n'a aucune motivation pour dire n'importe quoi...

- Oh que si!... Il le fait pour l'argent...  Coupa Michael.

- Hmm...

 

Chelsea-

7h53

Jack venait de raccrocher son téléphone dans une agitation farouche. Il s'était réveillé en sursaut lorsque Michael l'avait appelé. Il faisait un formidable rêve. Il avait saisi maladroitement le combiné et l'avait ensuite collé contre son oreille gauche. La voix surexcitée de son collègue lui avait presque éclaté les tympans...

Il enfilait à présent son jean d'hier encore légèrement humide, un tee-shirt couleur crème, son blouson de cuir et ses Doc Martens. La petite chambre était en désordre et l'écran de télévision en face du lit présentait quelques clips. Une cassette noire était à demi sortie du magnétoscope...

De l'autre côté de la vitre, la nuit devenait plus frêle et agonisait peu à peu. La lune avait disparu mais les rafales sournoises du vent régniaient en maître depuis plusieurs jours. Un climat particulièrement glauque flottait au-dessus de la ville illuminée.

Jack claqua bruyamment la porte et dégringola les marches sans prendre la peine d'allumer la lumière des couloirs. Il pensait trop à la nuit qu'il venait de passer avec Isabelle. Il la trouvait mystérieuse. Elle posait des questions légèrement indiscrètes sur son travail et sur l'histoire de cadavres décapités sans pourtant donner l'impression de chercher à en savoir trop. 

En sortant du hall de l'immeuble, Jack plongea un cigarillo entre ses lèvres et le mordilla quelques instants avant de l'allumer avec volupté. Il inspira longuement, prit les feuilles de tabac roulées entre son pouce et son index et regarda mystérieusement celles-ci tout en expirant.

Le ciel était menaçant et d'énormes nuages obscurs se baladaient rapidement en descendant vers le sud; un vent mauvais les poussait en direction de l'Océan Atlantique, mais une brume tenace et polluée serpentait dans les longues avenues délavées et mélancoliques...

Il ouvrit sa vieille Ford et s'assit face à son volant en soupirant. Il tira d'un seul coup la trappe du cendrier et lança les cendres consumées à l'intérieur. Il démarra sa voiture en murmurant faiblement:

- Ouais, ça a l'air d'être assez mafieux cette histoire... Je ne sais pas où ça nous mènera mais il y a trop de paramètres que nous ne parvenons pas à éclaircir...

En déboîtant dans la dix-huitième rue, il jeta un bref coup d'oeil vers l'immense baie vitrée de l'antiquaire mais les rideaux métalliques camouflaient l'intérieur de l'appartement.

- Je ne sais pas pourquoi mais ce Szek... ce Szekermachin ne m'inspire pas confiance et j'ai bien envie d'aller voir chez lui après le service...

 

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  Mmmmmh, un troisième meurtre, un legiste trop vite sur les lieux, un homme effacé d'une bande magnétique qui présente une température de 18 degré... On continue dans l'étrange et l'incohérent. Quand à penser que le légiste soit la balance ou le meurtrier, je ne crois pas ^^ A mon avis Michael tient une mauvaise piste ^^

  Je reste persuadé, comme Jack d'ailleurs, que l'antiquaire a un truc pas net à nous avouer... Va falloir aller le cuisiner lui.

  Et Isabelle qui continue de jouer au chat et à la souris avec son informateur... M'est avis que ça va mal dinir pour elle un de ces jours ; elle l'aura bien cherché entre nous uhuh.

 

  Eh ben, ça continue dans l'étrange... Ce mec invisible à 18°C, et Jane qui ne se réfléchit plus et qui sort du cinoche avec 30°C... Sans parler de l'informateur qui apparemment n'est pas le tueur, etc... Diantre, ça fait beaucoup de question tout ça ! Plutôt que de torturer mes pauvres neurones, je vais patiemment attendre la suite ^^

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Si vous posiez des questions (enfin Daemon surtout  ;) ) , l'extrait suivant ne risque pas de répondre à vos questions mais va certainement apporter encore plus de confusions. Dans cet extrait, il y a une relation entre deux personnages qui est suspicieuses (orchestrée??). Comme je l'ai écrit dans mon précédent message, un nouvel élément devrait encore plus vous perturber et il se situe à la fin de cet extrait. Cela deviendra un élément de plus en plus présent dans la suite de l'histoire.

L'antiquaire jouera un rôle, c'est clair et net mais honnêtement je ne me souviens plus si sa première intervention est si loin de cet extrait. Ce qui est sûr c'est qu'il n'apparaîtra pas tel que l'on peut le penser.  ;D

Concernant Isabelle, il lui arrivera quelque chose mais certainement à 1000 lieues de ce que vous vous imaginez.

Très prochainement, un personnage tirera sa révérence...

 

 


 

Lower East Side- East River Park

8h01

La brume dense et froide étouffait tout le parc. Le fleuve échappait des milliards de fumeroles qui dansaient follement au-dessus de l'eau. Le vent tourbillonnait en sifflant sournoisement entre les arbres squelettiques. Un périmètre de sécurité avait été installé sur le bord de la rive ouest de l'East River...

Le cadavre ruisselant de gouttelettes glaciales venait d'être sorti du fleuve depuis plusieurs minutes et était, à présent, enfermé dans une couverture isotherme. Accroupi au dessus du défunt, le médecin légiste, Peter Kurtin, consultait le corps tout en le palpant rapidement. Il constata les mêmes détails macabres que sur les deux autres victimes... La disparition de la tête, du sang et des empruntes digitales...

- Hmm... Murmura-t'il avec dégoût. Il regarda tout le corps une dernière fois et tira violemment la fermeture éclair. Il n'y a encore rien pour l'identifier... Le meurtrier prend le soin d'effacer tous les indices et j'ai bien l'impression qu'il faudra avoir recours aux tests génétiques...

En se relevant, il arracha ses gants en latex et les jeta dans une poubelle publique. Il se tourna vers deux ou trois agents et leur commanda:

- Vous pouvez l'emballer... Emmenez le à la morgue de Chinatown.

Peter se racla la gorge et visionna les sous-bois encore sombres. Des boules lumineuses tentaient bien de transpercer les ténèbres enfumés sans vraiment y parvenir.

- … Cet endroit est bien lugubre... Il me donne la chaire de poule...

Alors qu'il se courbait pour passer dessous les banderoles de délimitation, une voix féminine mais légèrement dominatrice lui demanda:

- Vous êtes bien le légiste Peter Kurtin qui s'occupe des meurtres en série?...

Le médecin leva la tête en direction de son interlocutrice et écarquilla les yeux de surprise lorsqu'il découvrit la personne qu'il avait face à lui; il marmonna seulement:

- Isabelle Darks...

Elle fronça les sourcils et dit avec suspicion:

- Vous me connaissez?...

- En quelques sortes... Répondit succinctement Kurtin qui devint subitement embarrassé.

- J'ai deux ou trois questions à vous poser... Voyant que Peter ne disait rien, elle ajouta: Vous connaissez l'identité des deux morts?...

- Non, pas encore... Dit le légiste d'une voix neutre et ferme.

- Vous avez une thèse sur la disparition du sang et des empruntes...

- Pour le sang, je n'en sais vraiment rien... Pour les empruntes, je crois que le tueur a utilisé un acide puissant pour détériorer la peau des doigts...

Isabelle sentit qu'il lui mentait délibérément. En fait ce qui la troublait c'était la manière dont il mentait; il ne mentait pas pour conserver le secret médical mais par peur. Il était complètement angoissé et il faisait énormément attention à ce qu'il disait.

- Bon... Et vous avez décelé la cause de tous ses meurtres?...

- Comment ça?... Demanda Peter en jetant un regard noir et déroutant à Isabelle.

- Eh bien... Qu'est ce qui a causé leur mort?... Le problème c'est que chaque victime est décapitée et pourtant il n'y a aucune goutte de sang à proximité des cadavres...

- Ouais... Le médecin se gratta derrière l'oreille à la recherche d'une réponse et finalement il dit: c'est difficile à déterminer et pour le moment... J'avoue que je ne sais pas...

Il avala un long filet de salive. Isabelle sourit en comprenant son mensonge. Il était plus que mal alaise...

Soudain, la sonnerie d'un téléphone portable rugit dans le parc. Isabelle tira l'antenne télescopique et appuya sur un bouton... Le légiste, quant à lui, disparut en se dirigeant vers les dizaines de gyrophares qui éclairaient le South Street Viaduct... Une voix masculine s'extirpa aussitôt du microphone et annonça:

- Il arrive!...

- Lequel?... Demanda Isabelle.

- Red, c'est Red et il a l'air furax!...

- Ok... J'vais remonter vers le nord, tu viendras me prendre dans cinq minutes... Pour le moment, prends des photos, écoute un peu les conversations et surtout regarde le légiste; il a une attitude bizarre...

Elle appuya sur un bouton et se dirigea vers le Williamsburg Bridge.

 

Michael écrasa violemment la pédale de frein de sa Cadillac. Il sortit de son véhicule en claquant sinistrement la portière. Il y avait déjà trois voitures de police, une ambulance et un véhicule de la morgue de Chinatown.

Tout en brandissant sa carte et son insigne, il se dirigea vers le chariot métallique sur lequel reposait le mort. Il chercha des yeux le médecin légiste et secoua la tête en le voyant sortir du parc.

- Lui! Il va m'entendre gueuler!!...

Il s'approcha du véhicule de la morgue et se pencha au-dessus de la couverture isotherme. Il l'entrouvrit en prenant soin de ne pas l'exposer aux flashs des journalistes. En baissant les yeux vers le cadavre décapité, il émit un son roque de dégoût même s'il s'attendait à voir cet affreux spectacle. Il referma aussitôt la couverture en se passant la paume de la main droite sur l'arête du nez et marmonna:

- Mêmes symptômes... Va falloir vérifier l'alibi de la blonde...

Il se tourna et marcha en direction de Peter Kurtin. Il s'arrêta juste devant lui et haussa la tête en murmurant hargneusement:

- A quoi tu joues?...

Le médecin, hébété, resta immobile et muet.

- Comment as tu su qu'il y avait un mort ici?...Demanda Micheal

- Mais... Commença le légiste d'une voix incertaine. Mais on m'a appelé! Dit-il plus fermement. Je ne vois pas où est le problème.

- Le problème... Répéta cyniquement Michael. Le problème c'est que tu sois ici avant nous!...

- Et, je ne sais pas où vous voulez en venir?...

- Haaa... S'exclama le policier en plissant les yeux... Eh bien je doute fort que ce soit quelqu'un de notre brigade qui t'ait prévenu... Devant le mutisme de son interlocuteur, il ajouta: et, tu vois je me demande si tu ne tenterais pas de nous doubler pour le compte de quelqu'un d'autre!...

Kurtin recula d'un pas et consulta le visage du policier pour mesurer toute la colère qui s'en dégageait. Il sentait tout le poids du monde s'abattre un peu plus sur ses épaules et une étrange sueur brûlante lui ravagea tout l'épiderme.

- Vous dites n'importe quoi... Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. J'ai reçu un coup de fil depuis mon appartement et il venait de votre commissariat. Le reste je m'en moque complètement mais si vous continuez à me parler de cette manière, je porte plainte pour harcèlement...

- Laisse-moi rire... Répondit Michael en souriant avec arrogance. Si tu ne te sens pas capable de supporter une telle pression je demanderai à un autre légiste te remplacer...

- Faites ce que vous voulez mais j'ai l'exclusivité des autopsies... Le FBI vient d'ouvrir une contre-enquête!

Le médecin dépassa le policier et commença à se diriger vers sa voiture mais Michael jeta sa main sur l'épaule de Kurtin et dit:

- Les fédéraux?... C'est quoi cette histoire?...

- J'n'en sais rien... Un fax nous est parvenu à la morgue ce matin...

Devant ce ton plutôt mensonger, Michael commença à s'énerver et répondit durement:

- Moi!! J'n'ai rien reçu! J'n'sais pas à quoi tu joues au juste mais dis-toi bien que ton attitude ne t'empêchera pas de nous donner les résultats de l'autopsie et de tous les tests...

- De toutes les manières, je n'ai rien à cacher!

- Hmm... Alors j'aimerai savoir tes conclusions sur ce troisième meurtre...

Les yeux braqués vers le policier qui piaffait d'impatience dans son dos, le légiste annonça:

- Nous avons exactement les mêmes détails que pour les deux autres victimes... J'estime l'heure de la mort aux environs de minuit et je ne peux rien affirmer d'autres...

- Et qu'est-ce que tu as trouvé sur le clochard et la blonde?...

- Vous n'aurez qu'à passer à la morgue... Dit amèrement Kurtin en se défaisant de l'étreinte du policier.

- Ouais... Murmura Michael en le regardant partir. Compte la dessus!...

Jack venait d'arriver à son tour et courait en direction de son coéquipier. Il interrogea Michael du regard pendant qu'il reprenait son souffle. Tout en se dirigeant vers l'intérieur du parc, Michael dit:

- Tu avais raison, Kurtin est un beau salaud... Il bosse pour les fédéraux et avant ce soir, il y en aura un qui viendra fouiner dans nos dossiers...

- Mais pourquoi le FBI enverrait un agent?... C'est une affaire de routine.

- De routine... Oh non, je ne le pense pas; enfin je ne le pense plus. Il y a trop de détails déments à commencer par les médias. Je ne comprends pas comment autant d'informations tenues secrètes ont été divulguées. Et puis maintenant, le légiste joue l'homme au-dessus des lois qui demande une autorisation des fédéraux... Pour moi, tout ça cache quelque chose de pas très nette!...

- Ouais mais tout ceci ne nous donne aucune piste sur notre tueur...

- Je crois avoir une petite idée... Plus j'y pense et plus je me dis que c'est Jane Eddlinger notre meurtrière...

- Je pensais la même chose... Quand je l'ai vu sortir de l'immeuble en face de chez moi, j'ai trouvé ça vraiment louche! J’ai voulu la suivre mais elle avait déjà disparu au moment où je sortais de mon immeuble. J’ai demandé au barman de la salle techno du Webster de nous appeler s’il la voyait ou non dans la nuit...

- Hmm… Il a laissé un message sur notre répondeur du bureau en nous indiquant que la miss avait mystérieusement déserté sa boîte… Du moins, elle n’y a pas mis les pieds de toute la nuit…Et puis tout concorde... Elle sort du cinéma juste après le meurtre du City; elle n'est pas venue travailler hier soir et elle habite dans le Garmen Center à proximité du premier meurtre... Le seul problème c'est la victime du cinéma... Elle vient de tuer une troisième personne et il va falloir la mettre en garde à vue le plus vite possible...

- Je demanderai un mandat pour l'antiquaire qui habite en face de chez moi. Si elle était dans son appartement alors il doit forcément la connaître... Ajouta Jack.

Les deux policiers étaient à présent sur les lieux où le corps venait d'être repêché. Plusieurs agents continuaient d'inspecter le secteur pour retrouver des empruntes de pas ou des indices... Michael s'approcha d'un jogger qui tenait son chien au bout d'une laisse. Il mit ses mains dans ses poches et demanda d'une voix neutre:

- C'est vous qui avez découvert le corps?...

- Hmm... En fait c'est mon chien... D'abord, il a été attiré par l'odeur des détritus de cette poubelle...

L'homme se retourna et désigna de l'index une poubelle métallique renversée sur la pelouse. Apparemment le sac plastique avait disparu mais Michael ne s'attarda pas trop sur ce détail anodin... Il se contenta de dire:

- Et le corps...

- Le corps... Je l'ai découvert un peu après, lorsque je me suis assis un instant sur ce banc pour me reposer... Il était là... Il flottait sur l'eau...

- Et il était quelle heure?... Demanda à son tour Jack...

- Je ne sais pas très bien... Sept heures trente, peut-être un peu moins mais je n'étais pas seul...

- Quoi, vous n'étiez pas seul!... Hurla Michael.

- Ouais, il y avait une fille qui prenait des photos sur la berge et c'est comme ça que j'ai découvert le corps...

- Quoi, quoi, quoi... répéta Michael en tournant la tête vers le fleuve. Il y avait quelqu'un qui prenait des photos du cadavre et... C'était une journaliste?...

- Je ne sais pas; elle prenait des photos...Dit l'homme sur la défensive.

- Et après qu'est-ce qui s'est passé?... Qui est arrivé après?... Insista Michael en regardant son interlocuteur dans les yeux.

- J'ai vu un fourgon de le morgue et une voiture de police arriver...

- Le fourgon est arrivé avant ou après la voiture?... Coupa Michael.

- Je ne sais pas... Avant je crois... Répondit maladroitement l'homme de plus en plus oppressé...

- Et la fille... Elle était comment?... Demanda Jack en s'approchant du témoin.

- Brune, jolie... La trentaine...

Michael posa une de ses mains sur  l'épaule de Jack et lui fit un signe de la tête pour qu'il le suive à l'écart. Les deux agents s'approchèrent du banc en bois et Michael mit son pied droit dessus...

- Je crois... Je crois que quelqu'un joue avec nous. J'ai l'impression que l'on prévient la presse et le légiste avant nous mais pourquoi je ne sais pas...

- Le tueur... C'est peut-être le tueur qui joue avec nous... Suggéra Jack.

- La tueuse, tu veux dire... Rectifia Michael. Non, je te l'ai déjà dit. La tueuse efface toutes les traces de son passage et aimerait mieux que cette enquête piétine le plus longtemps possible.

- Alors...

-  Il faut aller chez le légiste et regardez ses archives; il nous cache trop de choses à mon goût... Et puis on doit trouver l'identité de celle qui prenait les photos et le plus vite, pour éviter qu'elle ne balance n'importe quoi!... Mais pour le moment, on va chez Eddlinger pour la mettre en garde à vue!...

 

 

Au nord de l'East River Park

8h43

Quelqu'un fumait à travers la brume... C'était une femme qui attendait à la lisière du parc... La voiture s'arrêta en bordure de la voie express et Isabelle se précipita à l'intérieur en demandant avec  impatience:

- Qu'est-ce que t'as appris?...

- Alors... Ca ne va pas très fort entre Red et Kurtin... Apparemment, il y a une sombre histoire de manipulation fédérale ou qu’que chose dans le genre...

        -Hmm... J'ai bien vu que le légiste n'était pas clair quand je l'ai interrogé...

- Tu as réussi à l'interroger! Hurla Scott avec surprise. Je ne sais pas comment tu as fait mais nos confrères n'ont pas eu cette chance. Il leur a refusé tout commentaire et il ne s'est pas ménagé pour se frayer un passage jusqu'à sa voiture...

- Ha... A moi, il m'a répondu sans discuter... J'ai senti qu'il me mentait et qu'il me cachait beaucoup de choses mais quand je suis arrivé, il m'a reconnu tout de suite... J'avais l'impression qu'il attendait ma venue et qu'il la redoutait à la fois... Le plus troublant, c'est qu'à chaque réponse, il réfléchissait comme s'il triait ce qu'il voulait me dire...

Isabelle alluma une nouvelle cigarette et jeta son regard vers le fleuve enfumé et presque invisible... 

 

 

Une main gantée effleura la bordure métallique de la portière d'un véhicule noir. Un homme était assis dans celle-ci et scrutait tranquillement le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Il avait un costume noir, une cravate de la même couleur et une chemise blanche. Des lunettes noires cachaient ses yeux.

Un téléphone portable était collé contre son oreille droite et il parlait lentement avec une voix platonique:

- Le légiste vient de partir... Il croît travailler pour la législation fédérale...

- Parfait... Répondit une voix perfide et dominatrice. Et tu l'as mis au courant des risques s'il trahissait le secret de cette affaire.

- Biensûr... Il connaît les règles; s'il dit quoique ce soit, lui et sa p’tite famille y passeront...

- De toutes les manières, il faudra se débarrasser de lui à la fin de cette histoire!... Il pourrait devenir gênant dans les années à venir... Dit la voix perfide puis elle raccrocha...

- Cela va de soi... Murmura l'homme dans la voiture, tout en consultant minutieusement une étrange montre. Elle était légèrement mouillée et son cadran était à moitié cassé. Sur le bracelet métallique, un nom y était gravé: Alberto Pantanillo...

 

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  • 5 weeks later...

Il n'y a pas beaucoup de commentaires mis à part ceux de Daemon. Je vous mets cependant un nouvel extrait de cette histoire en espérant que cela vous plaise.

 

 

 

Au nord ouest de Chelsea, près du Garment Center

Vingt-sixième avenue en face du Fashion Institut Technologie

9h28

La pluie était revenue pour pourrir un peu plus cette journée dégoûtante, pensa vivement Michael. Il consulta son rétroviseur et vit les phares aveuglants de la voiture de Jack qui le suivait. La nuit s'envolait à présent mais les énormes nuages presque carbonisés retenaient l'obscurité.

Le Fashion Institute Technology était juste de l'autre côté de la huitième avenue. Michael stationna sa Cadillac devant un immeuble plutôt luxueux et vérifia l'adresse inscrite sur la fiche d'identité qu'il avait posée soigneusement à la place du mort.

- Très bien Jane... Tu vas nous expliquer tout ça!...

Il tâta un instant son arme dessous son blouson et sortit de sa voiture. Jack était déjà là et enflammait un cigarillo.

- Oh écrase-moi cette sal’té... Ca pue... Marmonna Michael avec dégoût.

Voyant que Jack ne répondait pas et se contentait de fumer avec arrogance, Michael attrapa le cigarillo, le jeta sur le trottoir et dit:

- Tu vas me faire le plaisir de les jeter et d'acheter un paquet de clopes...

- Eh t'es pas ma mère pour me dire ce que je dois fumer! Répondit rageusement Jack en s'approchant de son coéquipier.

- Non mais je bosse avec toi alors maintenant tu arrêtes tes conneries... On reparlera de ça plus tard, on a une suspecte qui nous attend.

- Ouais... Emit amèrement Jack en se mordant la lèvre inférieure.

Michael ouvrit l'énorme porte en bois de l'immeuble et s'avança dans le hall encore ténébreux. Jack le suivit avec furie en le fixant avec un regard noir. Ils se dirigèrent vers la loge du concierge qui se situait juste en face d'un grand escalier luisant...

Michael frappa deux ou trois fois d'une main ferme tout en préparant son insigne. Les gens étaient toujours impressionnés lorsqu'ils voyaient une carte officielle. Et puis ça mettait de l'ambiance, ça déliait les langues...

Un cliquetis de clefs résonna et les gonds couinèrent. Une vieille femme bailla en plissant les yeux. D'un ton aigri et peu amical, elle dit:

- C'est quoi encore!...

Elle marqua un temps d'arrêt en écarquillant les yeux. Son regard venait de se poser sur les deux cartes brandies face à elle. Elle dévisagea les deux policiers et murmura imperceptiblement:

- Des flics...

- Y a un problème madame!... Répondit sournoisement Michael qui avait bien entendu ce qu'elle venait de dire.

Elle avala sa salive avec regret et commença à devenir écarlate. Jack la délivra de son calvaire en demandant:

- Vous connaissez Jane Eddlinger?...

- Ha la blonde!... Dit-elle avec dégoût. Vous venez l'embarquer; tant mieux je la détestais... Elle bossait dans un night club et elle ramenait des types défoncés ou...

- Très bien madame mais on n'en a rien à faire... Articula Michael, exaspéré... Vous l'avez vu durant les dernières quarante huit heures?...

- Non... Répondit-elle promptement en s'agrippant à sa porte. Elle ajouta ensuite en pouffant de rire: elle a peut-être fait une overdose...

Jack pencha la tête et dit à défaut de lui mettre une bonne claque:

- Ecoutez, on vous l'a déjà dit, on n’en a rien à foutre!... Mais ça serait vraiment très sympathique de nous donner les clefs de son appartement...

- Ouais... Dit amèrement la concierge en faisant semblant de mâchouiller un chewing-gum. Elle déplaça plusieurs trousseaux et ajouta en présentant les clefs à Jack: Et mettez-la en taule!...

Elle claqua aussitôt la porte. Michael regarda son collègue et murmura:

- Eh bien, ce n'est pas la politesse qui l'étouffe...

- J'ai vraiment eu envie de l'étrangler sur place... Dit Jack en se dirigeant vers l'escalier.

- En tous les cas, elle n'était pas là hier soir...

- Je te l'ai dit... Elle était en face de chez moi!...

- Et ça conforte un peu plus sa position de suspect numéro un... Dit Michael avec enthousiasme. Il attrapa le bras de Jack et lui dit en haussant la voix: Mais range moi ce flingue, t'es pas au stand de tir!...

- J'ai pas envie de finir décapité... Répondit-il aussitôt en arrachant son bras. Il en profita pour enlever la sécurité de son arme.

- Si tu lui exploses le caisson, tu te débrouilles avec le rapport!... Ok!...

- Hmm... Grogna Jack qui s'en moquait éperdument.

- C'est quelle chambre?... Demanda Michael.

Jack consulta la clef en la tournant vers les néons plutôt pâles et murmura:

- La cent trois... Il désigna ensuite la porte qui se trouvait à sa gauche et ajouta: C'est là...

Michael s'approcha le premier et frappa contre la porte. Il attendit quelques secondes et recommença. Finalement, il jeta un bref regard vers son collègue et marmonna:

- Elle n'est pas là...

Jack glissa la clef dans la serrure et la tourna deux fois avant de saisir la poignée légèrement dorée. D'un coup, il ouvrit la porte en pointant son Magnum vers l'intérieur...

Michael poussa un peu plus la porte et dit d'une voix neutre en pénétrant dans l'appartement:

- Quand tu auras fini de jouer les paranos de la gâchette...

En mettant son arme dans son étui, Jack dévisagea son coéquipier et répondit:

- Arrête, t'angoissais autant que moi... Bon... Qu'est qu'on cherche au juste?...

- Je ne sais pas trop... Des indices, des adresses, des numéros de téléphones, des têtes, des couteaux... N'importe quoi... Suggéra Michael en se dirigeant vers la cuisine. En tous les cas de quoi la trouver avant qu'elle ne commette un quatrième meurtre...

Jack s'assit dans la canapé de la salle à manger en écartant les bras. Il regarda tous les murs et chaque meuble; enfin, il dit avec cynisme:

- Et bien, elle devait être sacrement riche… C'était peut-être une fille de bourgeois pour se payer toutes ces merveilles...

- Quoi!! Hurla Michael qui ouvrait les placards de la cuisine, les uns après les autres.

Tout à coup, il réapparut dans la vaste salle à manger et grogna lorsqu'il vit son collègue allongé. Il s'approcha du téléphone tout en annonçant:

- Elle n'a pas mangé chez elle depuis deux, peut-être trois jours...

Jack haussa le menton vers quelques tableaux accrochés à côté d'un splendide buffet.

- Regarde, j'ai l'impression que c'est du Van Gogh...

Michael jeta un rapide coup d'oeil et dit:

- Non, c'est une pâle copie... Il baissa les yeux vers le répondeur et murmura: aucun appel... Il prit le carnet d'adresses et le feuilleta rapidement. En se tournant vers Jack, il continua: On aura un bon nombre de noms à éplucher!...

- Tu sais... Plus je regarde tous ces trucs plus je me dis que c'est l'antiquaire qui lui a vendu tout ça...

- Tu disais comment... Szeker... Commença Michael en ouvrant le carnet à la lettre S.

- Ouais, un nom comme ça... Un peu bizarre...

- Ha, Szekerland... Vlad Szekerland. Répéta Michael d'une voix enjouée. Il va pouvoir nous parler d'elle...

- Je ne crois pas... Coupa Jack. Enfin par pour le moment. Il est parti à une brocante depuis samedi. Mais il nous reste Steve et le type de Webster, un dénommé Marco...

- Ouais... Mais, j'aimerai savoir ce qu'elle faisait chez ce Se... Michael regarda à nouveau le carnet et acheva: chez ce Szekerland. Elle aurait très bien pu mettre les têtes dans l'appartement du vieux!...

- Fort possible... Et il vaut mieux enlever toutes ces cochonneries avant qu'il ne revienne sinon on le retrouvera à la morgue pour infarctus... Dit Jack en se levant.

- Attends... Attends, j'ai une deuxième adresse pour l'antiquaire; ça doit certainement être l'adresse de sa boutique. Elle est dans la vingt-huitième, en face du Chelsea Park. On pourrait aller y faire un tour....

- Ouais mais il n'est pas à New-York alors ça nous servirait à rien... Dit Jack en se dirigeant vers la chambre.

       - Biensûr mais si elle a pu aller chez l'antiquaire, elle peut aussi aller à sa boutique… pour cacher les têtes par exemple…

Michael lui emboîta le pas et les deux hommes entrèrent dans une petite pièce très bien aménagée. En face du lit deux places, il y avait une chaîne hi-fi, une télévision, un magnétoscope et une énorme croix en or...

- Hmm, ca m'aurait bien donné envie de passer une nuit avec elle... Lâcha Jack.

Michael bouscula son coéquipier et dit:

- Allez on s'en va, c'est évident qu'elle n'a laissé aucune trace de ses meurtres. En tous les cas pas ici... Elle savait déjà que nous viendrons chez elle tôt ou tard...

 

Les baffles de l'autoradio murmuraient vaguement une mélodie qui passait sur New-York Fire FM. Ses gants noirs posés le long du volant, le mystérieux homme regardait patiemment les deux policiers qui sortaient de l'immeuble. Il avait encore son téléphone portable collé à son oreille et marmonnait sombrement:

- Les deux flics viennent de fouiller l'appartement de Jane Eddlinger, la fille du City Cinema... Je les trouve trop curieux à mon goût...

- Je n'ai pas envi que deux minables cloportes d'un commissariat de district découvrent les dessous de l'affaire; ça pourrait faire très mauvaise impression en haut-lieux... Annonça une voie perfide.

- Il faut... Il faut que je consulte leurs rapports pour savoir jusqu'où ils sont allés. Dans une heure, peut-être moins, ils auront l'identité des premières victimes et ils vont commencer à se poser de sérieuses questions... Dit l'homme dans la voiture en posant son regard vers les deux dossiers installés sur le siège à côté de lui. Sur chacun, il y avait écrit: Autopsie faite par Peter Kurtin...

- Et, nous ne pouvons pas repousser les résultats des tests... Demanda ou plutôt exigea la voix perfide.

- Non... Red, l'un des flics, pense très bien et très vite... Il a automatiquement soupçonné que le légiste travaillait pour quelqu'un d'autre... Et ça serait une grave erreur de repousser les résultats, même d'une demi-journée. Il pourrait demander une contre-expertise à un autre institut, sans que nous le sachions...

- Ils tiennent une place prépondérante dans notre équation mais en aucun cas ils ne doivent dépasser les limites de nos objectifs... S'ils deviennent trop dangereux nous improviserons… Annonça la voix perfide

- Hmm... J'ai fait falsifier les autopsies et ils ne découvriront pas grand chose sinon un casse-tête...

- J'ai entendu parlé d'une cassette de surveillance... Une cassette du cinéma et il y a des choses compromettantes qui y figurent... Il faut la détruire et nettoyer si cela s'avère nécessaire!

Une sonnerie répétitive s'échappa du téléphone portable. L'homme le jeta sur les dossiers et démarra sa voiture...

 

Chelsea- Au coin de la seizième rue et du Stuyvesant Square

Des larmes de pluie dessinaient des arabesques le long de la grande baie vitrée. Une lumière tamisée et légèrement orangée éclairait l'immense appartement d'Isabelle. Elle était face à son ordinateur et écrivait plusieurs articles sur le meurtre de la veille en tapant frénétiquement sur son clavier. Elle s'arrêtait quelques fois pour fumer une cigarette...

Elle jetait plusieurs coups d'oeil vers son répondeur. Son mystérieux interlocuteur lui avait laissé un nouveau message pendant qu'elle était dans l'East River Park. Il lui disait que le tueur avait encore trois meurtres à effectuer avant de disparaître pendant plusieurs années... Et ceci la laissait plutôt perplexe.

Elle en savait beaucoup sur le tueur et peu à la fois mais ce qui la rendait furieuse était l'attitude bizarre du médecin légiste qui lui racontait n'importe quoi juste pour qu'elle parle de l'affaire dans ses articles... Il n'avait pas été trop clair, ce matin dans le parc, et il lui avait menti délibérément...

Et puis, il y avait autre chose qui la préoccupait... Celui qui l'appelait avait une personnalité insaisissable... Au début, elle croyait que c'était le tueur qui lui téléphonait pour lui raconter ses crimes mais au fil des appels, elle avait l'impression que c'était une autre personne qui parlait du meurtrier comme si elle le traquait...

Soudain la sonnerie du téléphone rugit dans la vaste pièce. Isabelle resta assise sur sa chaise tout en fumant voluptueusement et écouta le message...

       - C'est Scott... Je viens de développer les pellicules et il faut que tu viennes voir ça!...

Avant qu'elle n'ait pu se saisir du combiné, Scott avait raccroché...

- Hmm... Emit-elle en écrasant son mégot dans le cendrier toujours plein, à côté de son répondeur.

Elle se leva ensuite. Elle n'avait juste qu'à traverser le couloir pour être chez Scott. Elle l'avait rencontré lorsqu'elle avait démissionné de son poste de reporter au New-York Times. Elle leur fournissait toujours quelques articles mais elle voulait écrire sur les affaires et les faits-divers qui l'intéressaient en priorité...

Elle pénétra dans un appartement quasiment identique au sien. Scott était dans la cuisine, juste à côté et buvait une canette de soda. En déglutissant sa gorgée, il fit signe à Isabelle de le suivre et il dit faiblement:

- Il y a des photos plutôt intéressantes...

Ils entrèrent dans le laboratoire de développement et Scott présenta les dizaines de photos accrochées à des petites cordes...

- Regarde celle que t'a prise sur le cadavre... Tu vois rien d'anormal hormis la tête manquante...

Isabelle approcha son visage du cliché et inspecta le corps du défunt sous toutes les coutures et dit finalement en faisant la moue:

- Non, non, je ne vois pas...

- Eh bien regarde son poignet... Dit Scott en mettant son index sur la photo... Regarde bien, il y a des marques...

- Et... Murmura Isabelle qui ne savait pas où il voulait en venir.

- Tu vas voir tout de suite de quoi je veux parler... J'ai fait un agrandissement de son bras et voilà ce que ça donne... Dit-il en montrant une autre photo... Au début, je pensais que c'était peut-être des marques laissées par le tueur... Mais plus je les regardais et plus je me disais que c'était impossible et... Après plusieurs minutes d'observation je suis arrivé à la conclusion suivante... La victime portait une montre et pas n'importe quelle montre, un bracelet montre. L'hypothèse la plus probante est que le meurtrier ait retiré la montre du cadavre pour éviter que nous puissions l’identifier la victime...Et puis... Il n'acheva pas sa phrase et se déplaça vers la gauche du laboratoire.

- Et quoi?...Demanda Isabelle, impatiente.

- Et, plus tard, ça m'amenait d'abord à cette photo...

Scott désigna à présent un cliché montrant le fourgon de la morgue qui partait.

- Et alors... Je ne vois rien... Dit-elle d'un ton légèrement rageur.

- C'est vrai qu'il faut un sacré coup d'oeil mais regarde cette voiture noire arrêtée sur le bas-côté. Elle me paraissait suspecte et c'est pourquoi j'en ai fait plusieurs agrandissements. D'abord de la plaque minéralogique... Figure toi qu'elle est de Washington et qu'elle appartient au FBI...

- Au FBI!! Répéta Isabelle décontenancée.

- Parfaitement. Mais le plus intéressant reste à venir... Regarde l'homme à l'intérieur. Il a une montre dans la main gauche...

- Hmm... Effectivement et tu voudrais me dire que c'est celle du mort... Je crois que tu rêves un peu trop, Scott. Dit-elle d'une voix ironique.

- Oh que non ma chérie...

Elle lui lança un regard noir et méprisant et il continua:

- Il portait déjà une montre à son poignet et c'était illogique qu'il en ait une autre... J'ai alors scanérisé les clichés du mort et celui-ci et j'ai comparé les marques sur le poignet du cadavre et le bracelet de cette montre et il s'est avéré que ça pourrait être la montre de la victime!...

Isabelle resta muette quelques secondes en fixant les photos puis murmura:

- Mais si c'est vraiment la montre du mort alors pourquoi cet agent fédéral l'aurait prise... Je ne comprends pas...

       - Moi non plus... Avoue que c'est étrange... Peut-être que le FBI fait une contre-enquête...

- En dissimulant des preuves à la police... Non ça ne tient pas debout!... Coupa Isabelle. Non c'est pour autre chose. J'ai l'impression que le FBI veut freiner l'enquête officielle, la manipuler ou mieux qu'elle n'aboutisse jamais...

-Tu y vas un peu fort… Ce n’est qu’une montre après tout… Tes histoires te montent à la tête, ma chérie. Lança Scott avec une certainement moquerie.

Il s’attendait déjà à la réaction stéréotypée d’Isabelle mais il écarquilla les yeux et resta muet lorsqu’il découvrit une étrange lueur de plaisir au fond de ses yeux. Elle passa lentement sa langue sur sa lèvre supérieure et marmonna d’une voix presque langoureuse :

-J’adore ça… Tu ne peux pas savoir comme j’adore ça… La situation devient extrêmement dangereuse…

Elle ponctua sa phrase par un clin d’œil qui mit mal alaise Scott. Il ne l’avait jamais vu comme ça. Elle jouait avec le feu et plus elle se brûlait plus elle aimait ça.

 

 

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Je viens de finir la lecture de tous les extraits. Je vais donc te répondre, comme promis.

 

Comme tu le sais déjà, j'ai immédiatement accroché dès le premier extrait, et je dois dire que la suite ne ma pas déçu, au contraire.

En effet, ça commence à s'accélérer, mais je ne vais pas rentrer dans les détails de l'histoire, pour le moment en tout cas...

 

Tout d'abord, je dois dire que ta fiction est très travaillée, surtout au niveau cette l'atmosphère sombre et mystérieuse, qui rentre parfaitement dans la définition même du genre fantastique: encrage du récit dans un cadre spatio-temporel réel et rationnel avec intrusion de faits paranormaux ou incohérents. Le début de ton histoire fait effectivement planer ce doute majeur: ce crime pour le moins bizarre dans le cinéma aura-t-il une explication rationnelle ? Ensuite viens une succession d'interrogations: qui est ce mystérieux informateur ? Comment sait-il tant de choses sur le meurtrier ? N'est-ce pas le meurtrier lui-même qui fait un flirt avec les journalistes ?

Finalement certaines de ces questions ont vite une réponse, notamment avec l'informateur qui semble ne plus être les meurtrier, mais aussitôt de nouvelles questions nous tourmentent sur le statut de l'antiquaire. Bref tu as vraiment bien fignolé cette ambiance glauque, morbide et troublante, puisqu'après trois meurtres on est toujours dans le brouillard, et je dirais même que ce dernier s'épaissit.

 

De plus, le style repose sur des bases solides: des dialogues prenant et assez rythmés, une description très précise, un suspens bien entretenu entre chaque extrait... Bref, ton récit se déroule avec une certaine fluidité, qui rend la lecture agréable. J'ai d'ailleurs une petite question à propos des lieux que tu nous donnes, sont-ils tous réels ? En effet j'ai pu constater que de nombreux sites comme le Fashion Institut of Technologie existaient réellement à New York, et j'aimerais savoir s'il faudrait reproduire parfaitement ces lieux pour le projet dont je t'ai parlé...

 

Enfin je tiens à te tirer mon chapeau pour la scène d'exposition que je trouve particulièrement réussie: j'ai sincèrement aimé le déroulement du premier crime... Bravo pour ces premiers extraits, j'essayerais de mener avec autant de classe le projet que je t'ai exposé en restant le plus fidèle possible au fond de ta pensée, et pour cela je te questionnerais dans ce topic si cela ne te dérange pas, surtout que j'ai déjà commencé à propos des lieux que tu as choisi. 9_9

 

Au fait, j'oubliais de signaler que ton orthographe est irréprochable (puisque c'est un texte tapé: on est jamais à l'abri de quelques coquilles d'accords ;)) , et que tu utilises fort bien le bagage de vocabulaire que tu portes. En effet tu élargit les champs lexicaux de façon à éviter les répétitions, ce qui est remarquable.

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Merci TheDemonKing. Ton message me fait plaisir. Il permet de voir ce qui accroche ou non le lecteur et de pouvoir modifier le cas échéant certaines choses qui ne sont pas parfaites.

Pour le moment, tes commentaires me rassurent quant à ce que je voulais mettre en avant dans cette histoire à savoir l'ambiance d'une part et les dialogues d'autre part. Ensuite, le gros morceau si je puis dire est l'entretien de l'intrigue et surtout du suspense. Mon objectif était de tenir en haleine le plus longtemps possible le lecteur en mettant un nouvel élément (ou plusieurs) dès qu'un autre était résolu ou sur le point d'être résolu par l'imagination de ce même lecteur. D'ailleurs, je n'ai pas trouvé mieux que de répondre à des questions par d'autres questions et surtout de semer la confusion.

 

Concernant les lieux que j'ai choisis, en faite, je me suis tout bonnement servi d'un guide du routard pour pouvoir mettre des noms sur ceux ci. J'avoue clairement que je ne suis jamais allé à New York et les sensations que j'ai de cette ville ne se font qu'au travers des films ou séries que j'ai pu regarder. En soi, que le lieu soit identique fidèlement n'est pas réellement important puisque qu'au bout du compte, chaque bâtiment que j'ai pensé ou décrit sort de mon imagination mais j'ai voulu qu'ils restent dans l'esprit même de cette ville, cet esprit que j'ai découvert à travers les films. Le nom des rues ou des monuments que je site est là pour exercer une emprise sur le réel.

 

Le prochain extrait promet deux rencontres musclées entre plusieurs protagonistes. L'une d'entre elle va paraître assez tôt dans le récit mais pour monter d'un cran l'adrénaline du lecteur, elle était nécessaire surtout qu'à partir de maintenant l'action va devenir plus rythmée que la première partie du scénario.

L'intrigue va doucement glisser vers autre chose quant à l'ambiance du début. Peut être que cette nouvelle orientation ne plaira pas et celle ci va dépendre de deux choses: la première sur la qualité que j'aurai pu mettre pour concevoir le caractère et l'épaisseur de chaque personnage principal et la deuxième sur le rythme effréné de la prochaine partie qui alternera dialogues et actions.

 


 

Nouvelle morgue de Chinatown

10h22

Une pluie épaisse et drue s'abattait sur Manhattan. Un grondement sourd et moribond l'accompagnait inlassablement. Le quartier asiatique était plutôt mystérieux; il mariait magnifiquement des coutumes et des motifs ancestraux avec des gratte-ciels à l'effigie capitaliste. Les enseignes lumineuses étaient ornées d'idéogrammes kanjis ou de quelques mots anglais; mais bien souvent des néons psychédéliques vantaient des produits d'hifi ou d'électroménager. Des écrans géants, installés sur les toits de certains immeubles, montraient des clips ou des publicités cosmopolites.

Michael et Jack venaient de grimper la dizaine de marches de la morgue. C'était un bâtiment futuriste avec du béton et du verre à volonté. Une immense pancarte surmontée l'entrée et annonçait « Morgue de Chinatown »...

Deux ou trois échafaudages étaient suspendus le long des parois luisantes de l'immeuble. Il y avait des employés de l'entretien qui bravaient les intempéries pour nettoyer ou réparer quelques plaques de verre...

Les deux policiers pénétrèrent dans l'immense hall suréclairé et restèrent un instant immobiles. Plusieurs familles attendaient pour voir une dernière fois le cadavre d'un de leurs proches. Des queues d'attente se formaient déjà aux guichets...

Michael claqua des doigts et se dirigea vers une femme qui se limait les ongles. Un écriteau indiquait qu'elle s'occupait des relations publiques avec la police, le FBI, la CIA et même la NSA. Elle mâchouillait monstrueusement un chewing-gum; une petite allumette dépassait de sa bouche écarlate. Elle s'était passée un rouge à lèvres luisant qui lui donnait un air niais.

Michael posa sa carte contre le comptoir elle ne trouva qu'à lui dire:

- Et le reste...

Le policier eut une moue de mépris et il claqua violemment l'insigne métallique contre le comptoir. Elle arracha son attention de ses ongles et daigna porter un regard antipathique à ses interlocuteurs. Elle ajouta d'une voix nonchalante en haussant le menton vers Jack:

- Lui aussi il est flic alors il me montre ses papiers!

- Ouais... Murmura hargneusement Jack en collant son insigne et sa carte contre le visage de l'hôtesse. Il dit ensuite: Où trouvons nous Peter Kurtin?...

- Salle numéro deux... Répondit-elle et elle se remit à limer ses ongles sans se soucier des policiers.

Michael s'enfuit le plus rapidement pour ne plus à avoir à supporter l'attitude désinvolte de cette femme. Il marmonna tout de même:

- Tss… désagréable...

- Tu l'as dit... Elle est payée autant que nous pour dire n'importe quoi... Ragea  Jack en enfouissant sa carte et son insigne dans la poche arrière de son jean.

Le plafond des couloirs était perché assez haut et donnait l'illusion d’être dans une cathédrale... Des niches abritaient des statues antiques et des fresques grecques ou romaines enfin beaucoup  d’anachronismes contrastaient avec les façades extérieures...

Les deux policiers pénétrèrent dans une salle sinistre et lugubre où des dizaines de cercueils provisoires s'entassaient en d'énormes blocs luisants. Kurtin était là, au-dessus d'un macabé; il était habillé en conséquence; il portait une sorte de blouse verdâtre et des gants en latex.

Micheal se racla la gorge pour attirer l'attention du légiste. Peter jeta un bref coup d'oeil par dessus son épaule gauche puis se retourna en expirant. Il dit dédaigneusement en bougeant ses doigts:

- Je vous attendais...

Michael sourit étrangement en adressant un regard ironique à son collègue et il murmura:

- Il se fout vraiment de nous...

Jack fit la moue sans rien répondre. Michael s'avança alors vers le médecin en inclinant la tête et demanda en haussant le menton vers le cadavre derrière Kurtin.

- C'est notre mort de l'East River Park.

- Ouais... La quarantaine bien passée; à part ça il n'y a pas grand chose à dire...

- Ha... Il n'y a pas grand chose à dire! Répéta cyniquement Michael qui coinça une cigarette entre ses lèvres...Bon... Peut-être qu'un autre légiste pourra nous en dire d'avantage... Il se tourna vers Jack et acheva: tu ne crois pas!...

Il alluma ensuite sa cigarette.

- Et attendez un peu... C'est quoi cette magouille?... Vous voulez me retirer de l'affaire... Dit Peter, affolé.

- Oh non... Qui a parlé de te retirer de l'affaire?... Personne. Tu as dû rêver... Dit Michael d'une voix grave. Tu as une couverture fédérale qui te donne l'autorisation de consulter tous ces cadavres à ce que je sache. Mais rien ne nous retient de demander une contre-autopsie à un autre légiste... Ce n'est pas que nous remettons en cause tes compétences mais tu vois j'ai l'impression que tu es obligé de nous cacher pas mal de choses... Dit-il sournoisement.

- Mais... Mais je ne vois pas de quoi vous voulez parler?.... Débita difficilement Kurtin.

- Mais biensûr, tu vois exactement de quoi nous voulons parler... Dit Jack en s'approchant à son tour. Normalement un légiste ne prend pas autant de précautions lorsqu'il s'agit de meurtres en série; il sait déjà que tous les cadavres liés à la même enquête passeront entre ses mains... Alors pourquoi aurais-tu demandé une couverture fédérale?...

Kurtin resta bouche-bée sans savoir quoi répondre.

- Je vais te le dire!... Dit sèchement Michael. Quelqu'un du FBI est venu pour t'ordonner de les tenir au courant de la progression de l'enquête...

- Non!!... C'n'sont que des conneries!... Hurla le légiste.

- Arrête de dire n'importe quoi; si j't'faisais passer au détecteurs de mensonges tu f’rais exploser la machine à chaque question! Coupa Michael. J'ai très bien saisi ton p’tit manège ce matin... C'est le FBI qui t'a averti sur le décès de la troisième victime et tu t'es rendu au parc sans nous prévenir pour faire disparaître le maximum d'indices qui auraient pu nous aider...

- Non... Non ce n'est pas du tout ça!! Cria Kurtin qui transpirait abondamment.

- Le problème c'est que j'n't'crois pas! Je ne sais pas quel rôle tu joues mais je le découvrirai tôt ou tard et j't'mettrai en taule pour dissimulation de preuves! Dit fermement Michael en collant presque son visage contre celui du légiste. Alors maintenant, je veux plus d'informations!!...

Kurtin recula d'un pas et se cogna contre la plaque métallique derrière lui... Il marmonna tant bien que mal:

- Je... Je ne peux rien vous dire de plus sur le mort de ce matin... Il y a toujours les mêmes détails que sur les deux autres victimes et c'est tout ce que j'ai pu voir.

Michael regarda par dessus l'épaule du légiste et dit avec un faux air amical:

- Alors qu'est-ce que tu fais avec lui?... Tu sais déjà ce que tu vas découvrir dans ses entrailles alors pourquoi tu le découpes?!!...

- Par principes... Répondit succinctement le médecin.

- Par principes, je vois...Répéta Michael sans trop y croire.

Il écarta le légiste d'un large mouvement du bras et tira violemment le drap qui recouvrait partiellement le corps décapité. Ensuite, il jeta un regard noir vers le médecin et cria:

- Par principes, tu disais!... Alors tu vas gentiment m'expliquer pourquoi tu remplis un formulaire pour le FBI... Un formulaire top-secret dont nous n'aurions jamais vu la couleur pas plus que les résultats des tests du contenu de ces tubes de verre.

Michael prit quelques éprouvettes et les agita nerveusement devant les yeux de Kurtin. Il en tourna une dans le sens de la longueur afin de lire ce qui était inscrit sur l'étiquette autocollante:

- Institut spécialisé du FBI; Washington DC...

Michael serra les dents de rage et balança les éprouvettes à l'aveuglette. Celles-ci se fracassèrent contre les dalles du sol en libérant quelques gouttes de sang ou des fragments de tissus. Le policier saisit le docteur à deux mains, le souleva fermement et le plaqua contre le mur.

- J'ai assez rigolé alors maintenant tu vas nous dire ce que tu sais sur ces cadavres et vite!!

- Lâchez moi... Marmonna difficilement le légiste qui gigotait ses pieds dans le vide.

Jack s'approcha des deux hommes et dit:

- Calme toi...

Michael lâcha son étreinte et le médecin tomba lourdement; il était tellement effrayé que ses jambes ne purent pas supporter le poids de son corps.

- Je ne sais rien, je ne sais rien...Répéta Le légiste désappointé et assis contre le mur. Ils ne veulent pas que nous fassions des tests ici... Les seuls tests qu'ils nous autorisent sont des tests génétiques pour l'identification et encore c'est eux qui les font; ils nous envoient seulement les résultats. Ils disent que c'est amplement suffisant pour l'enquête officielle...

- Pour l'enquête officielle... Répéta Jack en se penchant au dessus de Kurtin. Ce qui veut dire que nous ne connaitrons qu'une partie de la vérité. Ajouta-il en jetant un coup d'oeil vers son coéquipier qui tournait dans la vaste salle en fixant furieusement le plafond.

- Admettons que ce que tu viens de nous dire soit vrai. Commença Michael. Qu'est-ce qu'ils auraient intérêt à cacher?... Demanda-t'il en plongeant subitement son regard autoritaire dans celui, apeuré, de Peter.

- Je ne sais pas trop...

- Eh bien tu réfléchis un peu!... Hurla Michael. Tu as dû remarquer des choses anormales sur les autopsies des cadavres... Tu me parlais des empruntes, d'endorphines et de trucs comme ça dans le message que tu m'as laissé sur mon répondeur.

- Hmm... Kurtin regarda rapidement tous les coins de la pièce et murmura faiblement: ils sont là, ils nous observent et ils me tueront si je vous parle de ça...

- De quoi?... Demanda Jack...

- J'avais... Commença Kurtin puis il continua encore plus bas: J'avais écris un dossier d'autopsie sur les deux premières victimes mais un agent du FBI est venu hier soir chez moi pour les falsifier...

- Et qu’ont ils ont falsifié?... Demanda à nouveau Jack.

- Tout ce qui concernait les détails organiques ou biologiques...

- Ouais, mais toi, tu dois te souvenir de quelque chose... Tu me parlais des empruntes et d'endorphines dans ton message sur mon répondeur... Répéta à nouveau Michael en dévisageant Kurtin avec domination.

- Eh bien en faisant les tests génétiques pour l'identification j'ai découvert pas mal de choses bizarres...

- Et... Dit Michael lorsque le légiste s'arrêta de parler.

- Et je n'en sais pas plus... Après un gars du FBI m'ait tombé dessus pour mettre des sceaux sur les deux premières victimes...

- Quoi!! Hurla Michael, surpris. Ils ont mis des sceaux. Et les corps sont toujours ici?...

- Non, il n'y a que celui de ce matin... Les deux autres on été embarqués dans la nuit et transférés à Washington...

- Quoi!! Hurla à nouveau Michael. Il visionna toute la salle et demanda: Où sont les dossiers d'autopsie?...

Le légiste angoissé leva son bras et indiqua l'autre côté de la pièce. Il ne cessait plus de répéter:

- Il va me tuer... Il va me tuer...

Jack observa son coéquipier qui se dirigeait vers l'endroit indiqué et en profita pour demander:

- Et... Et, il ressemble à quoi celui qui veut te tuer?...

- ... Il se fait appeler Le Black ou un truc comme ça... Répondit Peter complètement terrifié.

- Hmm... Un nettoyeur... Marmonna sourdement Jack en se relevant complètement.

Les dossiers ouverts entre les mains, Micheal les consulta rapidement et resta complètement abasourdi par ce qu'il venait de découvrir. Il s'assit sur une chaise tellement il n'en revenait pas. Après quelques secondes, il se couvrit la bouche avec l'une de ses mains et étouffa une injure. Il demanda ensuite d'une voix lointaine et tremblante:

- Les noms... Les noms des victimes ont été modifiées?...

Le légiste fronça les sourcils et tarda à répondre avant de dire finalement:

- Non, non pourquoi?...

Michael se leva et se tourna vers les deux hommes. Il dit ensuite:

- Alors tu me confirmes que le clochard était Georges Chillman et la blonde Jane Eddlinger...

- Quoi!!... Hurla Jack. Qu'est-ce que tu racontes?... Mais c'est impossible!

- Tu me confirmes que c'est l'identité des deux premiers cadavres!! Cria encore Michael.

- Oui... Pourquoi?... Demanda Kurtin qui ne comprenait pas cette folie subite chez les deux policiers.

Michael écarquilla les yeux et fit signe à Jack de s'approcher de lui. Ce dernier s'exécuta en répétant:

- C'est impossible, c'est impossible!...

- Je ne sais pas ce que c'est que cette histoire mais elle me plaît de moins en moins... Murmura Michael. Si c'est exact alors nous sommes confrontés à un très grave problème!... D'après ce qui est marqué ici, Eddlinger était déjà morte lorsqu'elle a quitté le cinéma... Et, attends, regarde cette photo!... Michael lui montra la fiche d'identité qu'il avait récupéré au laboratoire du commissariat. C'est Georges Chillman, notre premier macabé décapité... Mais c'est aussi le gars qui était effacé sur la bande de surveillance...

- C'est impossible!! Hurla Jack, ahuri.

- Ce qui est impossible c'est que samedi dernier, peut-être quatre ou cinq jours après son décès, il ait assisté à la projection d'un film!

Les deux policiers restèrent un instant muets et Michael dit:

- Il faut partir et tirer tout ça au clair... Le légiste est manipulé et il ne nous dira rien même s'il en savait plus...

- Il y a quelque chose que je n'arrive pas à comprendre?... Commença Jack qui suivait son collègue vers la sortie sans faire attention à Kurtin prostré contre un mur. Je suis sûr qu'hier soir j'ai vu Jane dans l'appartement en face de chez moi... Son tatouage, je l'ai reconnu... Je suis sûr que c'était le sien!...

- Je ne sais pas... Ca aurait pu être une autre fille avec le même tatouage... Suggéra Michael qui s'engageait dans l'immense couloir.

- Oh non, je ne crois pas.... Et puis, tu oublies le carnet d'adresse, elle connaissait l'antiquaire...

- Ouais, mais l'autre victime?... Tu en fais quoi?... Demanda Michael. Nous n’avons rien, nous revennons au point mort!... Il faut éclaircir le mystère qui plane au-dessus de ces morts

- Attends... Tu crois vraiment que... Non...Non... A mon avis c'est le FBI qui veut nous faire croire l'impossible pour nous dégoûter. Il tente de nous faire lâcher le morceau... Dit Jack en souriant nerveusement malgré lui...

 

Lower East Side- Commissariat de police

11h34

Les deux policiers étaient seuls dans l'ascenseur qui les amenait vers les étages supérieurs. Jack consultait les dossiers des autopsies qu'il n'avait pas vues et il n'arrivait pas à se faire à l'idée que Jane Eddlinger pouvait être la victime.

- Il savait que nous la soupçonnions... Murmura-t’il.

- Qui?... Demanda Micheal qui fixait les diodes numérotées.

- Le FBI savait que nous soupçonnions Eddlinger d'être le suspect numéro un de l'enquête...

- Et comment, ils auraient pu le savoir?...

- Je ne sais pas, une taupe peut-être... Répondit Jack. Voyant que Michael souriait, il ajouta: Avoue tout de même que voir son nom sur ce dossier est étrange...

- … Biensûr mais elle était la seule blonde à la séance de dix heures alors...

- Tu oublies l'enregistrement du cinéma et puis le légiste n'a pas mentionné que la victime était blonde dans le dossier... Coupa Jack.

- Quand je lui ai posé la question, il a été catégorique...

Les deux mâchoires de l'ascenseur s'ouvrirent en grinçant légèrement et une immense salle surpeuplée apparut sous les yeux des deux policiers. L'effervescence y était à son comble... En sortant, de la cage d'acier Jack jeta un coup d'oeil vers son coéquipier et dit:

- Je l'ai vu hier soir chez l'antiquaire... Alors je ne crois pas trop à sa mort...

- Je ne sais plus... Murmura Michael.

- Ecoute, nous prenons un mandat et nous allons chez ce Szekerland. Ca ne nous coûte rien...

Michael tourna la poignée de la porte de son bureau et s'immobilisa lorsqu'il découvrit les deux personnes assises à l'intérieur. Il jeta un bref regard vers Jack et celui-ci était aussi surpris que lui, non pas de voir Steve mais de voir un homme noir en costume-cravate installé sur la chaise de Michael. En plus, cet homme mystérieux feuilletait tranquillement les archives de l'affaire de meurtre en série.

Furieux, Michael cria:

- Qu'est-ce que vous foutez là?!!

Sans regarder ses interlocuteurs, il répondit d'une voix dominatrice:

- Je suis du FBI alors on se calme les gars.

Les deux policiers pénétrèrent dans la petite pièce et Jack claqua la porte. Michael s'approcha de l'agent fédéral et lui arracha les dossiers des mains.

- Vous vous croyez au-dessus des lois!! Vous n'avez aucun droit de regarder ces rapports.

L'agent se leva violemment et hurla:

- Au contraire, j'ai tous les droits sur cette affaire alors ce ne sont pas deux flics de district qui vont me dicter ma conduite!...

Dans un accès de folie, Michael dégaina son arme et la pointa vers l'agent. Jack l’imita dans la seconde qui suivit en déglutissant difficilement sa salive. Des milliards de gouttelettes de sueur perlaient le long de tout son épiderme. Il avait très rarement ressenti une telle invasion d’adrénaline ! La voix de Micheal rugit subitement dans le bureau :

- Ici, c'est moi qui commande!! Alors tu vas reposer ces dossiers! OK!

L'homme inclina la tête en souriant et répondit avec mépris:

- Tu ne sais pas jusqu'où cette affaire peut aller et tu es entrain de commettre une grave erreur de jugement en me menaçant!!...

Michael recula tout en dévisageant son interlocuteur. Steve, complètement hébété par la scène, écarquillait les yeux de terreur. Alors que Micheal sortait du bureau, l'agent fédéral brandit de dessous sa veste noire, un revolver accouplé à un silencieux. Jack se précipita vers l'homme et appliqua le canon de son arme sur la tempe de celui-ci. Ensuite, il dit rageusement:

- Je te le déconseille fortement si tu ne veux pas te retrouver toi aussi à la morgue!

Voyant que la situation semblait sous contrôle, Micheal ouvrit la porte et, avant de sortir, jeta un regard par dessus son épaule gauche tandis que Jack désarmait l'agent fédéral. Celui-ci observa haineusement Jack et lui marmonna cyniquement:

- C'est toi qui te retrouvera à la morgue et plus vite que tu ne le penses!... Annonça l’homme.

Après cette phrase, il se dirigea à son tour vers la porte. Jack lui répondit:

- Et tu vas où comme ça!!

- Je n'ai plus rien à faire ici. Je sais ce que je voulais savoir!...

- Nous!! Nous voulons te poser quelques questions alors tu vas poser ton cul sur cette chaise et attendre le retour de l'inspecteur Red!

L'agent fixa avec mépris son interlocuteur et répondit d'une voix neutre pour montrer qu'il se moquait éperdument de ce que venait de dire Jack:

- Arrête de dire n'importe quoi, tu n'es pas à la hauteur de tes ambitions pour me menacer. Vous êtes à cent lieux d'imaginer les dessous de cette affaire...

- C'est pour ça que tu vas rester calmement ici et nous expliquer...

- Je n'ai rien à expliquer!! Hurla l'agent qui commença à ouvrir la porte.

Jack se rua vers celui-ci et lui attrapa vigoureusement le bras pour le tirer vers l'intérieur de la pièce. Avant que l'agent ait pu faire quoique ce soit, Jack pointa son revolver vers le front de sa victime et ordonna ensuite:

- Si tu ne veux pas que j'utilise mon jouet tu t’ASSOIES!!

L'agent ne répondit rien et se contenta de regarder haineusement le policier. Il fronça les sourcils en avalant sa salive tandis que Jack demanda hargneusement:

- Tu connais Peter Kurtin?!!

- Jamais entendu parlé!

- Et Jane Eddlinger?!!

L'agent continuait à fixer le policier. Une sorte de concentration surhumaine gagnait tout son corps et il répondit en détachant chaque mot:

- Jamais… entendu… parlé!

A la fin de sa phrase, d'un mouvement rapide, il saisit fermement les poignets de Jack et lui tira ensuite les cheveux. En un éclair, l'agent fédéral fracassa la tête du policier contre le coin du bureau. La lampe rougeâtre et poisseuse glissa et se cassa contre le sol. Alors que Jack s'effondrait, l'agent lui asséna un violent coup de pied dans les côtes.

Tout en arrangeant la veste de son costume, il dit rageusement au policier allongé:

- Vous n'êtes que deux minables et faites moi confiance vous entendrez parler de moi!!... L'histoire ne va pas s'arrêter comme ça!!

L'agent sortit rapidement du bureau. D'ici peu Micheal reviendrait et lui jouerait la même scène. Il se dirigea directement vers l'ascenseur. Il fouilla dans les poches intérieures de son costume et en sortit son téléphone portable. Il pianota mécaniquement un numéro tout en pénétrant dans la petite cage...

Michael sortit d'un autre bureau et courut vers les deux portes métalliques en criant:

- Arrêtes!... Arrêtes!...

Mais déjà le visage souriant, arrogant et sarcastique de l'agent fédéral disparut derrière les bâtants blindés de l'ascenseur.

Michael asséna un violent coup de poing contre ceux-ci en hurlant une injure. Ensuite, il leva les yeux vers le plafond et chercha rapidement les caméras de surveillance qui étaient accrochées un peu partout. Il murmura rageusement:

- Tu ne t'en tireras pas comme ça...

 

L'agent dévisageait Michael, face à lui tout en murmurant dans son portable:

- Ils ne savent rien encore mais vu les méthodes qu'ils emploient ils vont devenir dangereux... Il va falloir les liquider tôt ou tard!...

La voix perfide à l'autre bout du téléphone répondit:

- Ceci est déjà prévu au menu mais nous verrons plus tard!... Le légiste a parlé! Il faut le  faire disparaître et je ne veux plus aucune trace de lui! Il n'a jamais existé, suis-je clair!...

 

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