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Ordo ab Chao (Projet de manga SF)


Seigikirei
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Merci de porter a attention a mon premier projet de création posté sur ce forum.

Bon ce que je poste avait a pour objectif d’être adapté en manga un jour, c'est pourquoi j'ai fait une description très complète de l'univers, afin de le rendre plus "réel" pour le le lecteur.

Pour l'heure, il sera publié sous forme de chapitres-textes plus ou moins longs selon l'inspiration;)

 

Voici donc le tout premier chapitre d'Ordo ab Chao.

Je pensais poster le deuxième également, mais trop de texte pourrait décourager

 

Petit bonus: comme je fais ce que je veux, j'ai décidé qu'a chaque publication je proposerais une musique en lien avec l'ambiance du chapitre.

Pour cette fois, j'ai choisi: "Resurect the sun" du groupe Black Veil Brides.

http://www.youtube.com/watch?v=mWB8BtWhSVI

Musique très calme, presque mortuaire au début, mais par la suite...

 

 

Chapitre 1 d’Ordo ab chao: In tenebris

 

L'impression glaçante d'émerger d'un abyme, puis la douleur qui pulsait dans la moindre de ses veines. Ce furent là les premières sensations que ressenti Danilov quand il s'éveilla, face contre terre, balayé par les vents impitoyables du désert martien.

A mesure que ses facultés  lui revenaient, la souffrance s’imposait, s’intensifiait de seconde en seconde, à la façon d’une marée sanglante qui à chaque vague engloutit un peu plus le rivage d'une plage.

Le monde était voilé d'un linceul rougeâtre qui frémissait au rythme de sa respiration. A chaque battement de cœur, ses tempes manquaient d'éclater sous la pression de sa cervelle comprimée.

Il sut alors que si il ne bougeait pas, cette marée submergerait son être, sa conscience, jusqu’à son humanité, pour le livrer aux affres de la folie...

                                                                     

Le fait même de respirer était une torture. En portant la paume de sa main au coté droit de son visage, Danilov constata avec une horreur grandissante que la peau avait littéralement cuit sous les flammes, révélant une chair boursouflée de cloques.                                                               

Avec peine, il arracha sa tête a la poussière et, tant bien que mal, jeta un coup d’œil alentour, en essayant de fixer son esprit sur quelque détail qui pourrait lui rappeler pourquoi il était ici, allongé sur le sol, à moitié mort.

Le sable balayé par les rafales fouetta ses blessures et lui arracha une plainte.

Pourquoi il était il la? Ne devait-il pas veiller a la sécurité du convoi? Protéger la vie de ses hommes? Ses hommes...

Ces deux mots eurent l'effet d'une douche glacée sur son esprit embrumé par la douleur:

Quand le brouillard obscurcissant ses sens se dissipa quelque peu, il ne put retenir les larmes, qui lui montèrent aux yeux et vinrent bruler ses joues à vif:

Pas un n’avait survécu.

 

Les corps sans vie gisaient, éparpillés autour des colonnes de véhicules militaires en flammes. La tempête semblait hurler la souffrance de tous ces hommes et femmes qui avaient laissé leur vie en ce lieu désolé et stérile, qui serait a tous leur dernière demeure.

Combien étaient ils? Cent? Deux cents peut être.

Certains étaient méconnaissables tant leur visage était calciné. Les corps brisés formaient des angles grotesques, les membres arrachés jonchaient le sol.

Les fumées noires émanant des véhicules incendiés masquaient a moitié les restes du village écrasé sous les bombes.

Ils n'avaient pas tenu compte des civils. Tout avait été rasé.

 

Déjà, le sang souillait le sol, lui donnant une brillance sinistre, le rendant collant et fétide.

Danilov sentit ses forces l’abandonner devant cette simple constatation : ils avaient échoué. Non. Il avait échoué, sa naïveté les avait conduits à la mort.

Il pleura, pleura au milieu des cadavres, produisant le seul chant de vie au milieu de cette scène macabre.

Un grincement vient le tirer de ses mornes rêveries : Quelque chose de froid, et de métallique, approchait. Plissant les yeux pour percer les nuées de sable tourbillonnant, il entraperçut une abomination qui bien qu’il y était préparé, lui donna froid dans le dos :

                                                                                                                                                                             

Une masse mécanisée, équipée d’une mâchoire d’où sortaient des volutes de fumée grise, pourvue de bras articulés fins et agiles, munis de pinces capables de trainer au sol le plus fort des hommes, explorait méthodiquement le champs de bataille, et, a l’odeur de chair calcinée qui l’accompagnait, on devinait sans mal quelle était sa répugnante mission.                                                                                                                                                                               

Les nettoyeurs avaient commencés leur sale besogne.

Un cadavre fut saisi, puis un second, puis un troisième. Tous furent  portés à la mâchoire du charognard mécanisé, et avalés aussi sec. Le souffle des flammes et les cendres crachées par le monstre signifiait que déjà il ne restait plus rien des humains qui, il y a peu, respiraient encore.

Danilov restait là, horrifié par l’efficacité diabolique avec laquelle la créature digérait ses victimes, et il vit passer successivement dans les bras télescopiques du droides Stanislav, Tiago, Ellen, Ismaël, Stephan… autant de compagnons fidèles, qui l’auraient suivi jusque dans la mort, et ou lui n’avait pas pu les suivre…

Soudain, un autre visage familier vint achever de lui crever le cœur : Un des bras mécanisé de la créature, plongé dans la cabine d'une jeep, venait d'extraire une autre dépouille à moitié calcinée :

                                                                                                                                                           

Esteban. Son compagnon le plus ancien, et qui l’avait suivi jusque en ce lieu maudit ou ils avaient tant souffert, ou ils s’étaient battus avec rage, et tout cela pour finir allongé en sang a même la terre qu’ils s’étaient tant acharnés a défendre.

 

S’en fut trop pour Danilov. Se saisissant de son arme réglementaire qui jamais ne quittait sa ceinture, il en approcha le canon de sa tête, avec la ferme intention d’en finir avec ce monde, avec la guerre, avec la douleur.                                   

Regardant le ciel une dernière fois, il maudit de tout son être celui ou ceux qui y résidaient, et qui regardaient cette extermination sans bouger, avec la fascination perverse d’un enfant frappant dans une fourmilière pour le simple plaisir de voir ces innombrables insectes s’agiter en tous sens.

Il reporta son attention sur Esteban, qui bientôt, et dans l’indifférence, serait lui aussi consumé.                                     

Et ensuite viendrait son tour… 

                                                                                                                                                     

Ce fut a cet instant précis qu’il vit qu'Esteban remuait au bout du bras qui le tenait prisonnier, et aussi infime le mouvement soit il, Danilov vit son ami entrouvrir les paupières.

Il fit un geste pour viser le droide, malgré le fait qu’un homme blessé n’avait absolument aucune chance contre un adversaire spécialement conçu pour achever des hommes dans sa condition.                                                                     

Au moment ou son doigt pressait la détente,  un regard d'Esteban le figea sur place :                                                             

Ce regard n’était empli que de terreur pure, de celle que ressent un homme devant un fin imminente, et des plus douloureuse. Ce regard stoppa net Danilov. Comprendre a quel point Esteban devait souffrir pour avoir cette expression ralluma chez lui les derniers restes d’un sentiment qu’il pensait avoir oublié : la peur.

 

Lentement Il baissa son arme.

Et alors que son camarade était englouti par la gorge avide du droide, la peur, la colère et le désespoir de Danilov ranimèrent les ultimes forces qu’il gardait en lui. Il sentait les griffes de la mort de refermer sur sa gorge, et l'instinct de survie dirigea sa volonté vers une seule et même idée:                                                                 

Survivre

 

Péniblement, il tenta de s’aider de ses bras pour se lever, se retenant de hurler quand la douleur lui fit réaliser que son bras droit était en morceaux, et dont ce qui avait été l’humérus perçait la peau en deux endroits.

Poussant sur le gauche, moins touché, Danilov réussit à se mettre a genoux… pour comprendre à ses crachats sanglants que plusieurs de ses cotes étaient cassées.

Ses jambes, brulées, pouvaient encore le soutenir, bien que le monde vacilla autour de lui a chaque pas.

Il passa, lentement, derrière une carcasse de transporteur, puis accéléra jusqu’à atteindre les ruines écrasées sous les flammes.

Il n’eu pas un regard pour cette vielle femme qui agonisait adossée a un mur écroulé, vomissant son sang sur un ballot de linge d’où dépassait une minuscule main calcinée... Courir, fuir, survivre, sauver sa vie...                 

Traversant les restes de la barrière isolante qui conservait l’atmosphère du village, Danilov s’éloigna en boitillant dans la tempête de sable, s’enfonçant dans le désert. Déterminé à mettre la plus grande distance possible entre lui et les droides.

                                                                                                                                                                       

La tempête, qui avait empêché ses hommes de voir l’attaque surprise, devenait à présent son alliée :                     

Sans elle, cela ferait longtemps qu’un nettoyeur l’aurait repéré et avalé…

Rejoindre la base arrière était la priorité. Il devait profiter du répit offert par les conditions météorologiques pour rallier les derniers combattants qu’il restait… et encore, il y avait une chance pour que ceux-ci ait déjà fuit, ou pire encore.                                                                                                                                                                               

Il fut soudainement interrompu par un bruit de moteur venant de sur sa gauche : par réflexe, il sortit son blaster et se mit en position de tir, prêt a faire face a l’ennemi.

Des nuées de sable suffoquant surgi alors un P8M12, plus communément appelé « scarabée ». Dans un dérapage contrôlé qui manqua de le renverser, le véhicule s’immobilisa, et, a la vue de l’insigne cramoisi peint  sur la portière gauche, Danilov senti ses jambes céder sous lui.              Sauvé

 

Deux hommes en sortirent et le saisirent vigoureusement par l’épaule, l’empêchant d’aller à nouveau s’écraser face contre terre. 

Il fallut un moment à Danilov pour reconnaitre Allan et Lionel.                                                                                         

L’un comme l’autre souffraient de blessures graves depuis le dernier combat et ils venaient à peine de quitter le département médical.

A leurs lèvres, il devina qu’ils hurlaient, le pressaient de questions, mais il n’entendait plus clairement, sa vision commençait a s'obscurcir, ses jambes ne le portait plus... Il ne put saisir que les mots « guet apens », « repli » et « Zaheir726 ».

On l'allongea en hâte a l’arrière du véhicule militaire tout terrain, qui repartit en trombe.

Contemplant le ciel rougeâtre au dessus de lui, Danilov se répétait les mêmes phrases en boucle:

« Nous avons étés dupés, trompés, trahis », « Tous sont morts, moi je vis, et je vivrai pour les voir périr » « Ce n’est pas fini NAIMA, tu paieras ce crime »

 

Il avait froid a présent. Mais la douleur ne disparaissait pas. Il se surprit à penser que c'était tant mieux, car si il souffrait, c'est qu'il était en vie.

Son grand père, avec ce regard bleu glacé qu’encadrait un visage couvert de givre, lui avait souvent répété "Bats toi. Tant qu'il y a de la vie, il y a de la souffrance".  Et alors qu’on l’emmenait à l’abri, Danilov réalisa a quel point son grand père avait dit vrai.

                                                                                                                                                     

Avant de sombrer dans l‘inconscience, il lui sembla entendre, venu des tréfonds de la tempête, transporté par le vent, le cri déchirant d’un enfant.

 

 

FIN DU CHAPITRE 1

 

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Et voici le chapitre 2! Merci d'avance pour votre lecture :)

 

Thème du chapitre d'aujourd'hui:  Bad Company

http://www.youtube.com/watch?v=pNHlVo0cPa8

 

Chapitre 2: Anarchy

 

 

 

Orphelinat militaire de la cité d’Ezoam, au cœur de la Marineris valley, dans le secteur Ouest du plateau de Tharsis, sur la planète Mars.                                                                                                                                                             

Heure locale 7h48 AM.

 

- Mirail ! Lève-toi on va encore être en retard !

Au grognement étouffé qui sortit de sous la couverture, Zachary comprit que cette journée serait encore un véritable enfer pour les instructeurs :                                                                                                                                       

Quand son frère manquait de sommeil, il était encore plus ingérable…

Posant la main sur ce qu’il pensait être l’épaule, il donna une bonne secousse, qui eu l’effet escompté.

- Hummmmmfffflaisse moi dormir. ‘pas m’lever. Trop mort.

Forcément quand on avait passé deux nuits d’affilée à faire le mur… mais cette fois, Zachary n’allait laisser son frère s’en tirer aussi facilement :

Fort heureusement, il pouvait compter sur un physique assez avantageux, contrairement à son frère ainé…  Agrippant fermement le matelas, il le renversa d’une poussée et envoya voler tout ce qui trainait dessus. Le tout retomba au sol dans un mélange confus de bras et de draps emmêlés.

- Zack kestufous ?!!!!!

- Faut bien que je te fasse lever répondit Zachary sans se préoccuper de ces jérémiades.

- Et tu te sens obligé de faire ca pour que je me lève ? protesta Mirail en émergeant enfin de ses couvertures, révélant une cascade de cheveux bruns en désordre qui juraient magnifiquement avec ses yeux gris bleus.

 

S’étirant longuement, il jeta un regard navré sur son lit en désordre :

- Pfffff regarde le bordel que t’as foutu… si « double zéro » voit ça, se sera encore pour ma pomme.

- T’en fais pas, je vais t’arranger ça vite fait… à propos, je t’ai rapporté ta bouffe fit remarquer Zachary en tendant à son frère un sachet-repas. Ça m’étonnerait qu’on serve encore le petit déjeuner en bas.

- Enfin un peu de solidarité fraternelle ! S’esclaffa Mirail. C’est pas trop tôt !

Un regard noir lui répondit. Un regard qui contrastait étrangement avec le sourire mi-amusé mi-exaspéré que son jeune frère lui lançait:  Un regard qui n’avait de noir que la couleur. Ses yeux couleur d’encre, associés a des cheveux assortis noués en catogan lui donnaient un air mature qui faisaient mentir ses seize ans passés.

En même temps, quand on avait un grand frère comme le sien, on était obligé de grandir vite… Parfois, il se demandait qui était vraiment l’ainé.

 

- Tiens, on à cours d’Histoire politico-économique ce matin… remarqua Mirail en examinant son emploi du temps. Et avec cette chiffe molle de Stainmesk… merci l’administration pour ce grand moment de bonheur…

Il sortit une tartine de son sachet repas et y étala une bonne couche de beurre, qu’il agrémenta de confiture.

- Quand che pense que che co’ait déjà ‘out le prog’amme du trimechtre… soupira t-il en l’avalant.

- Console toi prétentieux : on a cours pratique de tactique militaire appliquée cet après midi : Simulation d’attaque de complexe souterrain annonça Zachary en lui balançant un tee shirt.

- C’est plus des trucs pour toi ça non ? répondit son frère en attrapant le vêtement.

- Sauf si cette attaque comprend une unité d’infiltration avec piratage direct des drones et défenses de la base.

- Dans ce cas évidemment…

 

Un appel vint interrompre leur discussion :

Au derniers retardataires ; vous êtes priés de rejoindre vos salles de visioconférence dans l’immédiat. Rappelez-vous que la ponctualité est une des valeurs les plus importantes des élèves, mais surtout des futurs soldats que vous êtes !

- Ouais ouais « double zéro »… fous nous la paix avec tes sermons à la noix. Si on t’écoutait, les meilleurs soldats, ben se serait les plus cons. Je me demande même si ton enseignement n’a pas déjà porté ses fruits d’ailleurs grommela Mirail.

Tout à sa remarque, Mirail ne vit pas le profond soupir que poussa Zackary.

                                                                                                                                                           

Une demi-heure plus tard, salle de visioconférence N*17, Heure locale 8h23 AM.

 

- Bien, après avoir étudié hier la première révolution spatiale, qui commença en 1957 avec le lancement du satellite Spoutnik par les russes, et dont les découvertes s’étalent de la deuxième moitié du vingtième siècle à l’an 2053, nous allons nous rapprocher un peu plus des événements qui aboutirent au contexte politico-économique qui est le notre.

Le bruissement des centaines de paires de mains parcourant les écrans tactiles des bureaux interactifs s’interrompirent quelques secondes, le temps que Stainmesk charge le nouveau programme de la séquence.       

Comme tous les élèves, Zachary vit apparaitre à son écran le nouveau dossier contenant les documents à étudier pour ce chapitre.

- Pour commencer reprit le professeur, quelqu’un à-t-il une idée de l’événement qui déclencha la deuxième grande révolution spatiale ?

                                                                                                             

Quelques mains hésitantes se levèrent.

- Mr Greenfield ?

- La troisième guerre mondiale monsieur, qui a…

- … qui a engendré, de par le traumatisme de la guerre nucléaire, l’émergence de nouvelles puissances comme le Brésil, l’Australie ou l’Union des États d’Afrique de l’Ouest,  et donc de nouveaux financements pour la recherche, mais aussi un esprit collectif axé sur la découverte spatiale, qui permettait de se détourner un peu du contexte tendu et peu engageant de l’époque, sans compter la découverte de minerais rares sur Mars lors de la première expédition  blablablabla… continua silencieusement Mirail tout en tapotant sur sa tablette holographique personnelle.

- Tu ne crois pas que tu devrais centrer ton attention sur ce qu’il se passe ? Chuchota Zachary, vu ton taux d’absence et tes derniers « exploits », il vaudrait mieux que tu te fasses un peu oublier.

- Pour l’instant Zack, c’est ce que je fais, mais dans à peu près… je dirais une minute, ce ne sera plus le cas.

- …  nous allons de prime abord nous pencher sur la technologie utilisée à l’époque, continua le professeur en allumant le projecteur holographique central. Observez la tenue d’exploration des premiers hommes à avoir foulé le sol de Mars.

 

L’immense éclat de rire général ponctué de sifflements admiratifs qui retentit dans la salle fit tout de suite comprendre à Fréderic Stainmesk que l’image apparue à l’écran dérivait quelque peu du projet initial.

Effectuant un demi-tour, il se retourna vers le projecteur, et, avisant le spectacle qui s’étalait devant toute la classe, devint plus rouge qu’une betterave qui aurait pris un coup de soleil.

La créature qui se trémoussait de manière languissante devant une centaine d’élèves en fin de puberté était certes humanoïde, mais un peu trop légèrement vêtue pour faire un bon astronaute.                                                           

Des applaudissements fusèrent quand un soutien gorge en 3 dimensions vola a travers la pièce.

- Mais qu’est que… balbutia le vieux Stainmesk en essayant d’éteindre le moniteur, QUI A FAIT CA ?!!!!

 

Zachary, dans un nouveau soupir, se retourna vers son frère. Il ne fut pas le seul : de nombreux regards convergeaient vers Mirail, toujours occupé à tapoter avec une rare dextérité sur sa tablette holographique.

- Piratage du système informatique, à partir du programme d’urgence de prise de contrôle des moniteurs de la base, système justement prévu en cas de cyberattaque. Ils sont vraiment pas au point…

- Et c’est tout ce que tu as trouvé à faire pour t’occuper ? Te donner autant de mal juste pour ça ? souffla Zachary en montrant le strip tease que Stainmesk s’évertuait à vouloir interrompre.   

- Primo petit frère, je ne me suis pas trop donné de mal, deuxio, tu te doutes bien que je n’ai pas fini, et tertio, il faut bien faire une distraction à même d’occuper le maximum de monde afin que le réel but de ma manœuvre puisse être atteint.

- Si j’en crois ma longue expérience, ce but serait que tu puisses encore sécher les cours en toute impunité ?

- Bingo. Bon, d’abord étendre mon joli cours d’anatomie humaine a toutes les salles…                         

On ne tarda pas à entendre les mêmes éclats de rire et sifflements en provenance de toutes les salles voisines.   

- … Couper les alarmes et augmenter à fond le son des hauts parleurs, puis pénétrer le registre d’appel des élèves, et enfin…

Au même instant, une voix tonitruante retentit dans les hauts parleurs :

Tous les professeurs et instructeurs sont attendus dans le bâtiment administratif. Je répète : tous les  professeurs sont attendus chez le capitaine de section Bacall.

   

Stainmesk, redressant le nez des écrans, grimaça, puis pris ses affaires et sorti en catastrophe de la salle.

- Consigne vous est donnée de rester ici jusqu'à mon retour !

- Compte là dessus petit. Ce cher Double zéro nous à été utile pour une fois. Synthétiser sa voix pour ce faux appel n’a pas été facile commenta Mirail. Décidément l’informatique est bien pratique ! Si les instructeurs ne s‘en remettaient pas a l’ordinateur pour éplucher les listes d’appel, et s'ils s’assuraient eux-mêmes de la présence des élèves, ce serait plus ardu pour moi de sortir. Mais avec une simple tablette et de la jugeote, effacer ou modifier cette liste devient un jeu d’enfant… de même que verrouiller les portes de façon a ce que les profs ne puissent sortir du bâtiment administratif.

 

Zachary regarda autour de lui : bien des élèves savaient qui avait fait le coup, mais ils ne parleraient pas, pour la simple raison que Mirail leur offrait du bon temps, et uniquement pour cette raison.                                                                                                 

Même si on pourrait penser qu’être un rebelle permettait de donner une image de soi plutôt cool, Mirail n’était guère aimé dans le pensionnat.

Il parlait peu, était de caractère froid, considérait tout ce qui l’entourait d’un œil cynique, il ne se montrait détaché qu’en présence de son frère et quelques rares amis.

Au fond de lui, Zachary le savait, son frère souffrait énormément du fait qu’il n’arrivait pas à approcher les gens. Mais il ne pouvait s’empêcher de haïr les règlements et tout ce qui s’y attachait, et sa méfiance envers les autres dissuadait ces derniers de nouer une vraie relation.                                                                                       

Quand on avait vécu ce qu’il avait enduré, on pouvait difficilement ne pas se méfier des autres.                             

Alors jour après jour, Zachary endossait le rôle du frère ainé, afin de montrer à Mirail qu’il pouvait compter sur quelqu’un.

- Bon. Il est temps d’y aller soupira Mirail en amassant à la va-vite ses affaires dans son sac.

- Ou est ce que tu vas encore ?

- ‘Besoin de voir Léo. Il parait qu’il va recevoir du nouveau matos aujourd’hui. Al va lui livrer le dernier cri en matière de processeurs, directement importé de chez B.H.V.

- Essaie au moins d’être là pour le déjeuner, ou ton absence va commencer à être remarquée.

 

Mirail ne donna pas de réponse. Signe chez lui que pour une fois il allait écouter ses conseils. A peine était il sorti de la salle que le brouhaha des conversations s’intensifia.

- Tu ne crois pas que tu devrais faire quelque chose ?

Il pivota sur sa chaise. Derrière lui se tenait Rémi.

- Et que veux tu que je fasse ? Je suis son frère, je ne peux le trahir auprès des instructeurs. Quant a l’empêcher d’aller et venir ou il veut… nul n’y est jamais parvenu, pas même moi.

 

Les commentaires de la classe les tirèrent de leur discussion :

- Franchement quel con !

- ‘Te plains pas. Au moins on a du temps libre.

- Toujours à faire son malin, a crâner en se croyant supérieur ! Il ne dit jamais bonjour ou au revoir, à personne !!

- C’est quoi son problème ?

- Il ne nous attire que des emmerdes !!!

Les conséquences de l’attitude de son frère se faisaient sentir…   

 

Dans le couloir a présent envahi d’élèves, Mirail suivait les réactions de ses camarades sur les caméras de la classe.

- Tchh. Pour commenter par derrière, ce sont eux les plus forts. Enfin bon, c’est le propre de toute société que de s’inventer des codes à respecter afin de juger si on est apte ou pas a en faire partie.  Il y a un temps, les religions servaient à ça, et maintenant, c’est double zéro et son manuel du parfait soldat lobotomisé…

Sur ces mots, il rangea sa tablette holographique et se dirigea vers une des sorties qu’il connaissait bien. Si tout allait bien, il pourrait rejoindre le vingt-septième niveau de la cité en deux fois moins de temps que par la voie conventionnelle, qui avait le fâcheux défaut d’être un peu trop surveillée à son gout.

 

 

 

FIN DU CHAPITRE 2

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