Virage à 180ºC de Tsutomu Nihei, mais pourquoi ?

[Toshio Sensei]

En vu de pouvoir participer au mieux que possible au tournoi seinen et parce que Nihei est un auteur qui me faisait de l'œil depuis un moment, je me suis procuré ses quatre œuvres phares, que j'ai lu dans l'ordre suivant :

 

La première c'est bien évidemment Blame, l'histoire est plutôt confuse au début, car sans réelle explication, on est directement plongé dans l'action (si on peut appeler ça de "l'action"). Malgré tout j'accroche énormément, déjà pour les faciès des personnages ainsi que les infrastructure chiadées, mais aussi l'ambiance noir, malsaine, sans réel protagoniste ni antagoniste. Blame est indéniablement une œuvre qui sort des sentiers battus, et ça j'aime beaucoup.

 

Biomega et Abara, je les mets ensemble car là où j'en suis j'ai vraiment l'impression de lire deux histoires parallèle mais qui se passe dans un univers totalement identique. Ces deux mangas représentent pour moi l'apogée de Nihei en quelque sorte, les dessins nous laissent sans voix, l'univers est vraiment très, très sombre, ça tue sans concession et de manière totalement désintéressée, et les dialogues sont bien sûr épurés au maximum pour laisser place à de l'action imagée superbement mise en scène. Indéniablement pour moi, de la très, très bonne lecture.

 

J'en viens maintenant au véritable sujet de ce topic : Sidonia no Kishi... Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

 

Alors, on peut reprocher à Blame, Biomega et Abara d'avoir de fortes ressemblances, même si dans le cas de Nihei, je vois vraiment plus ça comme quelqu'un qui a son univers bien à lui qu'il se plaît à développer de différente façon que comme un auteur sans inspiration. Là sur Sidonia no Kishi c'est changement à 90%, et pas en bien, alors là pas du tout ! Les dessins chiadés ont laissés place à des immondices qui auraient pu être dessinées par n'importe quel enfants de primaire, l'univers sombre, glauque et les personnages à l'aura mystérieuse, ben fuck là aussi, à la place on a un héros décervelé et des personnages féminins "faire-valoir", et les dialogues c'est le pire, ils ont largement été revu à la hausse, mais franchement si c'est pour entendre des énormités du genre "...on a créé un troisième sexe. Nous pouvons nous reproduire aussi bien avec un homme qu'avec une femme..." Non valait mieux rester muet, ah oui.

 

Voilà, je voulais donc savoir ce qu'en pensent les fans de Nihei, ce revirement qu'il a pris avec Sidonia no Kishi, bien, pas bien ?

 

Pour ma part moi qui vient à peine de m'initier à son œuvre, il ne fait aucun doute que Sidonia est purement une hérésie. À envoyer au bûcher !

[Red Hood]

Effectivement les premiers volumes de KoS sont troublant lorsqu'on connait le travail de Nihei.

 

Premièrement d'un point de vue graphique. Jusqu'au volume 6/7, il ne détaille pas vraiment ses décors et se contente de gros aplat de noir, sans la moindre nuance. Par la suite, il revient à ses premiers amours et fouille davantage ses dessins, comme il le faisait pour Blame!, Biomega ou Abara. Quelle en était la raison ? Aucune idée. Surement un essai graphique, un changement de style temporaire "pour voir, "tester", "explorer"... bref qu'importe, ce ne fut que passager, et les derniers volumes/chapitres sont de toutes beauté.

 

Ensuite, dans le fond, Nihei intègre quelques codes qui lui était étrangers jusqu'à maintenant. Il empreinte énormément au nekketsu pour écrire KoS, mais à la différence des si nombreux shonens à s'engouffrer dans cette voie, Nihei y ajoute des éléments propres au seinen, en plaçant l'histoire dans un contexte plus "adulte". Évidemment, ça ne percute pas à la première lecture et surtout dans les premiers instants de l'histoire, mais au fil du temps, cette dernière prend de l'épaisseur et se laisse lire avec plaisir.

 

Après, faut pas se mentir, on est à des années lumières du style narratif auquel Nihei nous avait habitué.

Mais je trouve ça sympa qu'il s'aventure dans un domaine qu'il ne maitrisait pas forcément. Et si au début de KoS on pouvait craindre qu'il se plante, l'évolution du manga m'enchante agréablement.

 

Continue ta lecture, à mon avis, tu ne le regrettera pas

[Toshio Sensei]

Oui clairement l'orientation de Nihei au début de KoS c'est de toucher large, très large. Dessins et histoire facilement compréhensible (et prévisible), accessible au plus grand public donc, et c'est vraiment dommage de la part d'un auteur qui avait un style si underground. Mais bon, je veux bien passer outre ma première déception et voir ce que réserve la suite.