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[One Shot] Les Cinq Stades


Red Hood
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Petite bêtise. En attendant de trouver le courage de poursuivre LGME.

 

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Les Cinq Stades

 

La première fois que j'ai entendu parler des cinq stades, je devais avoir quelque chose comme onze ou douze ans. Mais même à cet âge là, je n'ai pas eu trop de mal à réaliser que c'était de la connerie en barre. Ma vieille avait à peine commencé à agoniser dans sa propre chiasse sanglante que toute une armada de nains chauves à lunettes et de pétasses en tailleur bon marché lui tombaient déjà sur le râble pour lui expliquer ce par quoi elle allait "théoriquement" passer, avant de finalement rendre les armes.

 

Déni. Colère. Marchandage. Dépression. Acceptation.

 

Apparemment, les cinq étapes obligées, le parcours mental typique du péquin lambda qui apprend qu'il va finir ses jours d'ici peu, au fin fond d'une chambre d'hosto, avec une cuillerée de purée de pois industrielle au fond du gosier en guise de dernier repas du condamné.

 

Déni, Colère, Marchandage, Dépression, Acceptation... Effectivement, quand tu es cloué au lit avec des tuyaux qui te sortent de tous les orifices, t'as probablement rien de mieux à foutre que broyer du noir ou te foutre en rogne. Mais ce qui s'est passé dernièrement montre bien que c'est pas forcément ce qu'il te vient à l'esprit quand il te reste l'usage de tes jambes, un bon vieux crédit, ta bite et un couteau. Ou alors faut croire qu'un monde entier qui meurt se paye le luxe d'un petit parcours bien plus extravagant que celui du gus tout seul avec ses cachetons.

 

Stade Un : La Panique Totale.

 

C'est marrant, j'aurais toujours imaginé que le jour où le Monde découvrirait sa propre date d'expiration, le petit peuple serait prévenu deux minutes avant par un flash spécial à la télé, ou par SMS, va savoir, mais en tout cas que les grosses huiles mettraient tout en œuvre pour que ça ne s'ébruite pas, histoire de pas trop mettre le feu aux poudres. Faut croire que j'ai été sacrément naïf de sous-estimer les merveilles du zèle journalistique. 10h30, le chef de la NSA se fait faire une petite gâterie par une pouf de Fox News quand un communiqué du nerd en chef chargé de la surveillance de l'activité géo-sismique du Yellowstone atterrit sur son bureau. Sa teneur est quelque chose du style "Excusez-moi, monsieur, pouvez-vous me dire où se situe le bunker le plus proche ?". 11h15, breaking news sur 121 chaînes publiques comme privées : On va tous crever. Pas maintenant, rassurez-vous, dans quelques semaines. Du moins c'est ce que dit la note de suicide du ministre de l'environnement. Midi pétantes : Boston, Chicago, Denver, Seattle et Miami sont à feu et à sang. Pas trop de place pour le déni, pour le coup, ça faisait quand même une bonne décennie que les navets cinématographiques et la presse de bas-étage s'étaient fait un devoir d'expliquer aux gens les mille et une façons de partir en sucette si ce genre de chose devait arriver. On court dans les rues, on rentre les chiens et les enfants, et on s'entasse dans des voitures. Pour aller où ? Difficile à dire, la speakerine de la télé a pourtant été claire : quand le super volcan pètera, le monde entier sera noyé sous la poussière ardente. Et ça, les plus malins l'ont vite compris.

 

Ce qui nous amène au stade deux : la Désinhibition.

 

Pas le temps de s'énerver, de négocier, ou de déprimer, il nous reste plus beaucoup de temps à vivre alors autant accepter direct. Deux semaines ? Ca sera assez pour faire ce que je veux faire ? Et puis d'abord, qu'est-ce que je VEUX faire, au juste ? On se rend rapidement compte de tout ce champ de possibilité qu'on a jamais pris le temps ne serait-ce que d'envisager, parce qu'il y aurait des dettes à rembourser, parce que ça aurait mit le couple en danger, parce qu'on avait peur de mourir ou d'aller en prison, ou plus généralement parce qu'on avait un Avenir. On se demande forcément quel est son rêve le plus fou. Pour ces dizaines de milliers de raclures qu'on appelle aujourd'hui les R.A.Ps, "Rien à Perdre", ou "Rien à Péter" selon les sources, ça devait être des rêves sacrément corsés. Au départ, on restait dans le classique. Style "j'ai toujours rêvé de me taper telle ou telle cover girl, qu'est-ce qui m'en empêche aujourd'hui ?" Je me suis longtemps demandé quelle était la dernière chose à être passé par la tête de Rihanna quand cette centaine de fous furieux à poil a investi sa villa, histoire de tourner leur propre version de son dernier clip... apparemment, c'était le sperme de son propre garde du corps. Et c'est pas seulement la black bimbo qui y est passée. Toutes les célébrités globales ou locales qui avaient pas vu le vent tourner y ont eu droit, hommes comme femmes, de Jessica Alba à Johnny Depp, en passant par Hilary Clinton et Morgan Freeman. Certaines s'étaient carrément mises à disposition d'entrée de jeu. Faut pas croire, être millionnaire et ultra-sexy empêche pas s'interroger sur sa propre condamnation à mort.

Tous ces gens entassés nus sur les mêmes carcasses de sex-symbol ont vite réalisé qu'ils avaient le même genre d'esprit d'entreprise et qu'ils avaient probablement beaucoup de choses intéressantes à faire ensemble. Tout va toujours très vite dans la tête d'un R.A.P, ce qui se comprend assez bien quand on a un minuteur à la place du cortex. Si au bout de trois jours, ceux qui croyaient encore avoir à gagner avaient déjà monté des associations de fortune bancales pour voir si "quelques semaines" suffisaient à construire un abri anti-atomique, les R.A.P, eux, en étaient à énumérer les derniers fantasmes qu'ils n'avaient pas encore réussi à assouvir. Sauter Scarlet J. dans un tas de fumier, check. Sodomiser l'intégralité d'un zoo, check. Tuer ma belle-mère, check. Mais la plupart avaient eu une productivité tellement fulgurante qu'ils commençaient déjà à se demander comment ils pourraient occuper le temps qu'il leur restait.

 

Ce qui nous amène au stade 3 : l'Expérimentation.

 

S'être rendu maître de tout ce qui était intéressant a probablement aidé à débrider leur imagination. Vous avez probablement entendu des choses sur les R.A.Ps, moi, je les ai vues. Les deux types enduits de saindoux en train de copuler pendant qu'un troisième les fait tourner à la broche au-dessus d'un vieillard hilare en plein brasero ? Véridique. Le jeu de dé qui décide de quel membre tu vas violemment te faire amputer à la machette, et où on va te le recoudre au barbelé ? Je confirme. La pièce dont on a refait la tapisserie en peau de bébés tannés avec le mobilier confectionné à partir de leurs crânes ? Ouais, je l'ai vu aussi. Comme j'ai vu le type qui mangeait son propre estomac, le hammam de pisse et de LSD, et ces concours décadents où t'es les yeux bandés, et tu dois reconnaître qui t'enfourne ou te chie dans le palais, juste au goût et à l'odeur. Mais au final, même l'imagination d'un condamné à mort à ses limites. Au bout de "quelques semaines", quand on a finit de massacrer tous les types qui espéraient encore s'en sortir pour en faire du bricolage ou de l'origami, et qu'on a été au bout du bout de tout ce que le cerveau peut concevoir d'amusant et de cruel, on commence à se demande ce que peut bien branler le Yellowstone.

 

Alors apparait le quatrième stade : L'Attente.

 

On en remet une couche. On a un peu de temps à tuer, on recouvre la Tour Eiffel de chiasse et de de pigeons morts, on organise des combats à mort médiévaux en mode survival ring entre gamines de six ans, on vérifie combien de temps il faut à deux millions de types pour boire l'intégralité de la mer Caspienne... Au passage : trois jours. Et quand on a plus d'idée, on se pose dans un coin, on regarde les autres faire en souriant, et on attend le cinquième stade.

 

Et le cinquième stade... bah, c'est Moi.

 

Moi et le bouton rouge sur le bureau juste en face. A me demander si finalement, le Déni, ç’aurait pas été une si mauvaise idée. Parce que bon, le Yellowstone a peut-être eu un petit rhume, mais c'était pas encore la tuberculose, hein. Capricieuse Dame Nature, va. Les restes du gouvernement américain, béni soient-ils, lui et les cent mètres de béton qui le protègent, m'ont demandé de discrètement mettre un terme à toute cette merde, histoire de pas trop perdre la face. Ha! Cela dit quand je vois tout ce que mes collègues ont réussi à faire en l'espace de deux mois, je me dis qu'il y a pas beaucoup de regrets à avoir. Au final, la seule chose qui sépare l'homme du pot de yaourt, c'est sa date d'expiration.

 

Sayonara l'Humanité, je doute que tu manqueras à qui que ce soit.

 

*Clic!*

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depuis que j'ai vu une video sur les theorie de zelda majoramask ÇA FAIT TROIS FOIS QUE J'ENTEND ET JE VOIS PARLER DES 5 ETAPES DU DEUIL !!

 

mais ptdr ton truc ça me fait penser a jurasik world que je viens de voir , on change ton truc de volcan qui pete  par une invasion de dinosaure

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Ah ! Quelle vision ! Homme de peu de foi ! Ah l'animal ! Le fauve ! Criez au Loup lorsque l'un d'eux sort du troupeau ! Criez et chassez le ! Ignorance ! Ne croisez point ces yeux perçants ! Ne lisez pas ces lignes impies !

 

Red Hood récidive, divaguant avec une vulgarité vagabonde, véridique dans ce message vivifiant issu de son imagination ténébreuse et débordante.

 

C'est franc, incisif, de l'anticipation tranchante pour la plus probable des probabilités du vaste panel des fins du monde. Bien qu'il n'y ait pas de fin, ce qui renforce le côté cynique de ta petite bêtise.

 

Au final, la seule chose qui sépare l'homme du pot de yaourt, c'est sa date d'expiration.

 

Que feriez-vous dans une telle situation ?

 

Mmmm... Question d'esprit, de grandeur d'âme. D'après moi ça marchait avant nous, ça marchera après. Voir la fin, c'est un privilège. J'essayerai de trouver la meilleure place pour en profiter. Mais la fin n'est qu'illusion, concept humain, qui est à la fois le centre et les contours. La fin est comme l'infini, elle est et n'existe pas. Ce qui est fut et sera. Mais ce qui est est avant tout. L'avant est passé et l'après imprévisible.

 

Merci pour la réflexion Red Hood =)

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Ah ! Quelle vision ! Homme de peu de foi ! Ah l'animal ! Le fauve ! Criez au Loup lorsque l'un d'eux sort du troupeau ! Criez et chassez le ! Ignorance ! Ne croisez point ces yeux perçants ! Ne lisez pas ces lignes impies !

 

Quels doux mots à mes oreilles !

 

Red Hood récidive, divaguant avec une vulgarité vagabonde, véridique dans ce message vivifiant issu de son imagination ténébreuse et débordante.

 

Ténébreuse... Merde, je vais passer pour un gothique.

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