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Alestan - La légende des sept sabres


Alestan
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Un chapitre fort intéressant et prenant !

 

Comme d'habitude chaque nouveau lieu décrit par tes soins est toujours bien détaillés, et laisse toujours rêveur. Et quand au Roi, je me demandais quand on allait découvrir un personnage d'une telle personnalité et le voici en tant que Roi d'Osten, entre lui et son frère c'est le jour et la nuit. Aida prendra le trône à la fin de cet arc enfin si il ne meurt pas.

 

En un seul chapitre, il s'est montré aussi détestable que Geoffrey dans GOT :P, bref il a tout d'un personnage que tout le monde souhaite sa mort et dont personne ne pleura.

 

Bref j'attends la suite et surtout ce que Al a prévu 8).

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ARTHMAR

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Le soleil se couchait sur Abal ö Bhel, ses rayons projetant les ombres de la pyramide royale sur la cité mère d'Elnath, les ramures du pommier de Maponos dressées fièrement au sommet des jardins suspendues, formant une couronne sylvestre sur l'édifice millénaire. Sur le balcon de l'avant dernier niveau, Klein promenait son regard du Mont Salamandre aux toits multiples de la ville de Nera, ses rues de pierre désertées depuis l'arrivé des soldats d'Ademar deux jours plus tôt. L'armée rouge avait investit les lieux sans la moindre résistance, la majorité des guerriers fidèles à la reine l'ayant rejoint à la forteresse de Lugnasad peu après la mort de Tarvos Garanus. Ceux restant étaient soit mort, soit sous les ordres de Klein Elesias, qui délectait la fumée de sa pipe en attendant l'arrivé du roi Arthmar. Le visage habituellement serein du général parjure était marqué par la fatigue et l'anxiété, à la fois par l'inquiétude qu'il éprouvait pour sa femme et ses deux filles résidant à Elaris, et également par l'étrange perspicacité de la reine qui était parvenue à lire ses intentions. Le fait qu'elle lui ait échappé allait considérablement compliquer sa mission, et Klein regrettait d'avoir à tenir un siège pour capturer la souveraine. Il se félicita cependant d'avoir éloigner William et Alestan du royaume, deux menaces qui pouvaient à elles seules changer l'issue de la bataille à venir. Non pas que Klein pensait perdre contre l'un ou l'autre, la question ne lui traversait même pas l'esprit, mais les dégâts du premier pouvait aisément anéantir la moitié de l'armée d'Ademar et le deuxième disposait d'un pouvoir que le général redoutait. L'autre problématique se trouvait en la personne de Glared, chef de la Vieille Garde, plus connue comme étant les Dragons de la Reine. Cette division ne se battait qu'en dernier recours, et la centaine de guerriers qui la composait faisaient partit des hommes les plus forts et talentueux d'Elnath. Pour les avoir déjà vu à l’œuvre à Rougepierre, Klein craignait que les hommes de Glared soient en mesure de décourager l'armée d'Ademar. Sans compter Alderan, qui après avoir réalisé que Daëdra n'interviendrait pas dans la guerre à venir, s'empressera de rejoindre Yilda avec ses cinq milles cavaliers, les célèbres Chasseurs d'Urkab. Arthmar devait frapper vite et avec toutes les forces en sa disposition pour prendre la forteresse, sans quoi la victoire risquait de leur échapper. Klein cracha un nuage de fumée en caressant sa barbe grisonnante, mettant de côtés ses réflexions pour détailler le convoi qui remontait désormais l'allée blanche de Nera. Le roi d'Ademar se dirigeait vers Abal ö Bhel dans son char doré et surmonté d'une figure d'aigle, entouré de ses gardes du corps et ses portes étendards. Depuis sa position, Klein pouvait également distinguer les innombrables tentes de l'armée rouge à la périphérie de la cité, comme une deuxième ville de toiles éphémères, en pleine effervescence.

 

Tout se déroulait selon les plans d'Icare, dont chaque détail avait été soigneusement élaboré et perfectionné durant de longues années. Cet homme, si on pouvait encore le nommer ainsi, avait orchestré une guerre meurtrière sans jamais se salir les mains. La première fois qu'il l'avait rencontré, Klein sût au premier regard qu'il était impossible de s'opposer au sénateur. Le don le plus effrayant de ce dernier était de deviner ce à quoi sa proie tenait le plus, et de parvenir à s'en emparer. Son charisme et son intelligence imposaient le respect, tout comme sa volonté infaillible et la peur qu'il inspirait par sa simple présence. Avec le temps, Klein comprit ce que représentait le fardeau du Néant. Icare ne ressentait aucune émotion, chacune de ses expressions n'étant que le fruit d'un jeu d'acteur perfectionné au fil des ans. Ses objectifs de débarrasser Alesta des injustices et de la corruption, raser les fondations de la société pour en créer une nouvelle, étaient de l'avis de Klein qu'une tentative désespérée pour remplir le vide de son âme. Une simple raison de vivre, le souvenir embrumé de l'homme qu'il fut par le passé. L'aboutissement de ses plans mènerait alors à un monde épuré, sans doute meilleur, ou tout simplement à la destruction. Le roi Arthmar fut accueilli par Klein devant les portes d'Abal ö Bhel, affichant une expression triomphante sous les rides qui parcouraient son visage replet et sa barbe grise soigneusement taillée. Le souverain fut un grand guerrier en son temps, et il gardait par nostalgie son armure de cuir pourpre sous son manteau bordé d'hermine, une hache de guerre à sa ceinture.  Bien que son addiction à l'alcool et aux festins avait considérablement altéré son physique, Arthmar gardait des yeux vifs et une noblesse propre aux rois des anciennes lignées.

 

- Je rêvais de ce jour. Se félicita-t-il en frottant ses mains garnis de bagues. Qui aurait crû qu'un roi étranger s'empare de la capitale Elnaë sans combattre ?

- Nous vous l'avions promis. Lui rappela Klein, le visage impassible. Cependant vous ne pouvez pas crier victoire tant que la reine Yilda n'aura pas capituler.

- Ce n'est qu'une question de temps. Lui assura Arthmar. Elle se prosternera devant moi lorsque mes cinquante milles soldats marcheront sur Lugnasad.

 

Le roi n'avait pas lésiné sur les effectifs, et tandis qu'ils montaient les vingt et un étages d'Abal ö Bhel, étrangement vide depuis la prise de Nera, le souverain d'Ademar lui exposa sa stratégie militaire. Klein l'écouta d'une oreille distraite en marchant le long des couloirs blancs et des colonnes de marbres délicatement ciselées, toujours aussi charmé par l'architecture du palais, dont la beauté resplendissait par sa simplicité. Le pouvoir, l'argent et la guerre ne l'intéressaient pas, et les hommes puissants avaient tendance à l'irrité par leurs paroles insipides et leur égo surdimensionné. Klein s'imaginait alors leur aspirer chaque particule d'eau jusqu'à les dessécher comme de vieux raisins secs, le laissant avec un regard vide que ses interlocuteurs prenaient pour de la sérénité.

 

- Nos alchimistes ont également préparé une surprise de taille au cas où nous rencontrons un peu trop de résistance.

 

Arthmar venait d'éveiller l'intérêt de Klein alors qu'ils franchissaient les portes de bronze pour pénétrer dans la salle du trône. Les sculptures des anciens rois et reines d'Elnath les jugeaient silencieusement du regard, comme pour les mettre au défis de s'installer sur les racines noueuses du pommier, entortillées de sorte à former le siège royale de Maponos.

 

- Cela aurait-il un rapport avec les recherches menées sur le Sautherenerom ?

- Vous me semblez bien informé. Répondit gravement Arthmar en le dévisageant.

 

Klein avait en effet entendu parlé de ce livre dont il n'existait plus que des copies partielles, l'original ayant été depuis longtemps perdu, dont la légende voulait que sa couverture soit en peau de dragon. Il s'agissait d'un recueil de contes et une encyclopédie réunissant toutes les connaissances de l'Ancien monde, dans des domaines aussi variés que la botanique, l'agriculture, l'alchimie, la guerre, la philosophie, ainsi qu'un bestiaire des créatures ayant autrefois peuplées Alesta, bien avant l'arrivé des premiers hommes. Klein soupçonnait le royaume d'Albieros de détenir un exemplaire presque complet du Sautherenerom, comme pouvait en témoigner leur avance spectaculaire sur les autres royaumes.

 

- J'étais général des opérations spéciales sous les ordres de la reine. Le renseignement est mon domaine.

 

Mais par dessus tout, Klein s'était penché sur le sujet afin d'en apprendre plus sur les créations de Masamune, en particulier sur le moyen de se défaire de leurs malédictions sans passer par la mort.

 

- Je dois par ailleurs vous avertir que la forteresse de Lugnasad possède un secret étroitement gardé par la lignée de Maponos. Si la reine est poussée dans ses derniers retranchements, elle pourrait réveiller celui qui dort dans les profondeurs d'Urkab.

- Simple rumeur. Rétorqua Arthmar en chassant l'air devant son nez bosselé.

- Neriamar n'était pas la seule menace du temps des Fondateurs. Ajouta Klein. Avant la grande guerre et le règne d'Azaël, les hommes formaient des alliances pour combattre les créatures de l'Age obscur. Bien qu'elles soient dans l'esprit de tous qu'un mythe oublié, certaines ont survécus.

 

Ses mots jetèrent un froid dans l'atmosphère chaleureuse de la salle du trône, et le roi sembla douter de sa victoire l'espace d'une seconde. Il se reprit rapidement, sans doute rattrapé par sa raison qui refusait de croire à une telle fable.

 

- Restons sérieux, Yilda n'est plus que l'ombre d'elle-même. Assura-t-il. Depuis la mort d'Abelion elle ne cherche plus qu'à assouvir sa soif de vengeance. D'ailleurs, avoir utilisé cet enfant fut une idée brillante, comme souvent avec ce cher sénateur.

- Qu'est-il advenu de sa sœur ?

 

La question franchit les lèvres de Klein sans qu'il ne s'en rende compte. Il réalisa avec regret qu'il éprouvait toujours de la sympathie pour William, qu'il risquait tôt ou tard d'affronter, lorsque son ancien élève apprendra la trahison de son instructeur.

 

- Elle est morte. Trancha Arthmar sans la moindre émotion. Pourquoi s’intéresser à son sort ? Ce n'était qu'un outil.

- Simple curiosité.

 

Le chevalier de la princesse risquait de ne pas apprécier la nouvelle. Au fond de son coeur, Klein en fut attristé. Ce garçon était destiné à perdre tout ce qu'il chérissait. Le roi caressait sa hache en s'approchant du trône sous le pommier, le regard pétillant en contemplant le symbole de la monarchie d'Elnath.

 

- Lorsque les guerriers pourpres de l'aigle se déverseront par millier dans les champs de Lug, que les canons cracheront leurs flammes et que la peur brisera la volonté de nos adversaires, la reine goûtera au désespoir. Le même que j'ai ressenti, lorsque la Lame Ténébreuse m'enleva mes deux fils.

 

La haine du roi envers le royaume d'Elnath était en grande partie alimentée par ce coup du sort, lorsque l'adolescent qu'Yilda recueillit dix ans plus tôt se trouvait être le meurtrier des héritiers d'Ademar. La vengeance d'Alestan fut ainsi l'un des leviers de cette guerre, résultat d'une suite d'évènements intimement liés et orchestrés d'une main de maître par Icare. Arthmar empoigna sa hache pour la planter dans les racines du trône, mais contrairement à l'effet attendue, la lame d'acier se brisa subitement contre l'écorce, comme si un charme protégeait le pommier. Une brise surnaturelle balaya la salle, et Klein eût la désagréable impression d'être observé.

 

- On le dit indestructible tant que vivra la lignée de Maponos.

 

Le souverain d'Ademar détailla le manche de son arme avec lassitude, le jetant au loin avant de s'installer avec suffisance sur le siège d'Yilda.

 

- Alors je la brûlerais ici-même, elle et sa fille.

 

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Super chapitre !

 

On retourne à Abal o Bel au côté de Klein. Malgré sa trahison, il arrive quand même à être un personnage que j'apprécie quand même du fait qu'il n'est pas si mauvais, au fond de lui il veut juste changer la face du monde et protéger sa femme et sa fille.

 

Dans ce chapitre on fait allusion à pas mal de choses, comme ce livre ancestrale en peaux de Dragon et qu'on parle de créatures oubliés. Je m'attends déjà à en voir une de ses bêtes mythique :P

 

Je dirai même qu'il doit en rester dans les terres inconnus de ce monde.

 

On apprend aussi que Will avait une soeur morte et quand encore une fois Icare est derrière ce qui se trame en ce moment dans le royaume à cause du pion qu'a été Alestan.

 

Bref j'ai hâte de voir où ce siège mènera.

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A L'OMBRE DES MONTAGNES

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Les premières lueurs de l'aurore perçaient les ombres menaçantes des montagnes d'Urkab, et Yin se réveilla au contact d'un rayon chaleureux sur son visage. Enveloppé dans son sac de couchage, il s'étira avec un long bâillement avant de se lever, découvrant son maître affairé depuis maintenant trois jours à l'élaboration d'un étrange disque. Installé près des braises de leur campement, l'expression concentré de Masamune était un spectacle saisissant. Les yeux gris du vieil homme brillaient d'intelligence et de savoir faire tandis qu'il comparait le mécanisme du bâton d'Eyleen à celui qu'il élaborait, s'accordant une pause pour caresser sa barbe tressée et saluer joyeusement son élève.

 

- Vous n'avez pas dormi ? L'interrogea Yin.

- J'aimerais terminer ce petit projet avant de retrouver la reine. Répondit Masamune avec un sourire.

 

Yin jeta un oeil au bâton couvert de runes, qui dévoilait désormais son immense réseau de compartiments miniatures, chacun renfermant dans ses parois un ensemble de bulbes végétales ou minérales, des rainures semblables à des veines reliant les différents éléments pour sécréter une sève mystérieuse. Son maître tentait de reproduire une version simplifiée de cet étonnant dispositif, usant de l'incroyable diversité de composants alchimiques qu'il transportait dans sa sacoche. Chaque poche comportait une collection d'herbes, de cristaux, d'instruments miniatures en pierre précieuse, de sels minéraux et autres poudres mystérieuses que Yin s'efforçait de connaître jour après jour.

 

- Eyleen est réveillée ?

- Notre amie est partie s'exercer avant l'aube. L'informa Masamune avant de reprendre son travail.

- Elle est impressionnante. Ses blessures n'ont pas l'air de la ralentir.

- Les pires blessures sont celles que l'on ne voit pas. Prononça gravement le maître. Va la rejoindre mon garçon, nous partirons dès que j'en aurais fini avec cette prothèse.

 

Yin coiffa rapidement ses cheveux sombres, qui devenaient un peu trop long à son goût, enfilant la veste de son kimono pour explorer les environs. La fraîcheur de ce début de matinée laissa rapidement place à une atmosphère chaleureuse, et la quiétude de cette région d'Elnath ne présageait en rien les terribles évènements qui s'y préparaient. Il marcha plusieurs minutes jusqu'à l'orée d'une forêt aux pieds des montagnes, dont les arbres faisaient parti des plus grands que Yin ait vu de sa vie. Leur tronc gigantesque s'élevait si haut dans le ciel qu'il lui était impossible d'en voir la cime, leur écorce sombre et le sol couvert d'épines sous leurs branches les rapprochant de la famille des conifères. Une silhouette mince et athlétique enchaînait des mouvements gracieux sous l'un des géants, ses cheveux flamboyants retombant en pointes sur ses épaules nues. Yin fut assez gêné de voir que la jeune femme s'entraînait avec pour simples vêtements des bandages couvrant sa poitrine, son corset et sa veste reposant contre les racines de l'arbre. Eyleen était une belle femme au charme naturelle, loin d'être aussi mignonne que sa Sora, bien qu'il était inutile de comparer celle qu'il aimait à la guerrière se trouvant devant lui. Masamune semblait la porter en haute estime, ayant même confié à Yin qu'elle jouerait un rôle décisif dans la guerre à venir, bien qu'il ignorait si c'était en bien ou en mal, comme toujours avec le maître. Elle stoppa ses gestes en l'apercevant, rejetant sa chevelure en arrière avant de masser son bras amputé.

 

- On lève le camp ?

- Bientôt. Pardon de t'avoir interrompue, tu avais l'air très concentré.

- Oh ça ? Pas de problème. Le rassura-t-elle. Au contraire tu as bien fait, je ne sais jamais quand m'arrêter.

 

Elle essaya d'étirer ses lèvres sans y parvenir, et Yin réalisa qu'il ne l'avait encore jamais vu sourire depuis leur rencontre. Eyleen demeurait la plupart du temps silencieuse, perdue dans ses pensées en regardant vers l'Ouest, là où se trouvait la cité d'Elaris. D'après ce qu'il avait comprit, elle se trouvait avec l'un des Sept lorsqu'ils tombèrent dans un piège mortel. Si Masamune n'avait pas pressé Yin de se rendre au plus vite à la porte Sud de la ville cette nuit-là, elle aurait péri par la lame des soldats, voir même de sa terrible blessure. Tandis qu'elle s'habillait, désormais habituée à n'utiliser qu'un seul bras, il tenta d'en apprendre un peu plus sur celle qui avait affronté Icare en face à face, et l'une des seules à y avoir survécus.

 

- Où tu as appris tous ces mouvements ?

 

Eyleen prit son temps avant de répondre, comme si la question lui évoquait un souvenir douloureux.

 

- Un ami me les a enseigné. Celui pour qui j'ai accepté de vous suivre.

- On est prêt à tout pour les gens que nous aimons.

 

Elle demeura silencieuse, et voyant qu'elle ne souhaitait pas s'étaler sur le sujet ils rentrèrent au campement pour rejoindre Masamune. Après quelques pas Eyleen le surpris en s'adressant à lui, une première depuis leur départ d'Yildun.

 

- J'ai cru comprendre que tu avais une femme, comment s'appelle-t-elle ?

- Sora. Répondit Yin avec fierté. Je vais la demander en mariage une fois cette guerre terminée.

- Elle a de la chance d'avoir un garçon aussi gentil que toi. Le complimenta-t-elle. Elle doit certainement attendre ton retour avec impatience.

- En fait tu vas bientôt la rencontrer. Elle est déjà auprès de la reine Yilda avec le convoi du maître.

- Le convoi ?

 

Ils n'avaient pas encore eût l'occasion d'évoquer ce point depuis leur départ, en grande partie dû au fait que Yin et Masamune tenaient à respecter le désir de solitude de la jeune femme. L'intérêt soudain de cette dernière était plutôt encourageant, et il la mit au courant des plans du maître.

 

- Étant donné notre position nous avons été obligé d'emporter une partie de la forge de Shura avec nous. Je pense que l'armée d'Ademar risque d'avoir une mauvaise surprise quand ils feront face au forgeron légendaire.

- Je te trouve bien optimiste. Remarqua Eyleen. J'ai appris à mes dépends que les meilleures stratégies peuvent être facilement déjouées.

- J'ai confiance en mon maître. Après tout... Il s'agit de son dernier combat.

 

Le visage de Yin s'assombrit en évoquant cette terrible vérité. Masamune avait tout misé sur la victoire d'Elnath, jusqu'à sa propre vie. Et quelque que soit l'issue de la bataille, Icare était désormais en possession du cœur du vieil homme. Zagan avait également été rendu à son propriétaire en échange du bâton d'Eyleen, le sabre reforgé par le maître et son élève après la visite du sénateur. Yin ignorait alors que le fruit de leur travail allait servir de monnaie d'échange.

 

- Il s'agit peut-être du nôtre aussi. Lui rappela-t-elle. En terme d'effectifs le royaume d'Elnath est largement désavantagé. Si Ren et Alestan étaient avec nous... Alors peut-être nous aurions une chance de vaincre.

- Est-ce qu'ils se ressemblent ?

 

Il avait posé la question sans réfléchir, ne prenant qu'après coup conscience de la situation critique dans laquelle se trouvait l'un d'eux, dont Eyleen s'attribuait à tord l'entière responsabilité. Mais contrairement à ce qu'il pensait, elle sembla éprouver un léger réconfort en évoquant deux compagnons qu'elle tenait en grande estime.

 

- Tu connais Alestan donc tu dois savoir qu'il n'y en a pas deux comme lui. Plaisanta-t-elle. D'une certaine manière ils ont beaucoup de points communs, mais Ren est très réservé et si sérieux que ça frise le ridicule.

 

Elle marqua une pause et ses yeux, d'un bleu saisissant, brillèrent dans un mélange de fierté et de chagrin, si bien que Yin n'eût aucun mal à deviner les sentiments qu'elle éprouvait à l'égard de l'homme.

 

- Il m'a sauvé. Souffla-t-elle. Malgré qu'il soit un assassin impitoyable et solitaire, je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi honnête et fidèle. Que ce soit lui ou Alestan, les créations de ton maître leur ont causé des souffrances indescriptibles. Elles leur ont enlevé leur humanité, et pourtant ils continuent de se battre pour ce qu'ils estiment être juste. C'est pour cette raison et de nombreuses autres que l'arme d'Elaris doit être anéantie. Cette chose n'aurait jamais dû exister.

 

Yin ne pouvait qu'être d'accord avec ses mots, même si les véritables raisons ayant pousser Masamune à créer un tel fléau demeuraient floues. Il connaissait l'histoire d'Azaël et des guerres qui déchiraient autrefois Alesta, mais son maître ne lui avait jamais expliqué pourquoi lui et deux autres alchimistes avaient accepté de concevoir une arme aussi terrifiante. Après tout, cela remontait à tant de siècles qu'il était possible que le vieil homme ait oublié ses anciennes motivations. De plus, en dépit de ses erreurs, il faisait parti de ceux ayant empêché une catastrophe de se produire en mettant fin au règne du Faux-dieu.

 

- Je pense... Je crois que de tous, Masamune est celui qui en souffre le plus.

 

Eyleen le dévisagea sans dire mot, et il sût qu'elle partageait son avis. Ils avaient rejoints leur campement et regroupèrent toutes leurs affaires pour parcourir le chemin restant jusqu'à Lugnasad. Masamune ne leur prêta pas un regard jusqu'à ce qu'ils aient terminé de plier bagages, ce qui coïncida avec la fin de son invention.

 

- J'ai terminé. Se félicita-t-il en contemplant son étrange disque, qu'il présenta aux rayons du soleil. Approches-toi Ely.

 

La jeune femme s'agenouilla près du vieil homme pour examiner l'objet sans comprendre, avant de porter son regard sur son bâton dénudé, ce qui renfrogna son expression.

 

- J'espère que vous n'avez pas touché au mécanisme de mon père. Le menaça-t-elle.

- Je ne me serais jamais permis. Sourit Masamune, avant d'ajouter, j'ai rarement eût autant de difficultés à reproduire la création d'un confrère.

 

Eyleen écarquilla les yeux, abasourdis par l'exploit du maître. Yin avait pour sa part rapidement abandonné l'idée de comprendre les explications du forgeron concernant ce sceptre, qui dépassaient de loin ses connaissances.

 

- Des années m'ont été nécessaire pour en découvrir le fonctionnement ! S'exclama la jeune femme. Et avec les plans ! Vous voulez me faire croire que vous l'avez reproduit en trois jours ?

- Trois jours, trois ans ou trois siècles, c'est la même chose pour le vieil homme que je suis. La taquina Masamune.

 

Elle échangea un regard avec Yin qui se contenta de hausser les épaules, une fois de plus dépassé par l'incroyable génie de son maître. Ce dernier fouilla dans sa sacoche pour en sortir une attelle en cuir, sur laquelle il fixa le disque qu'il venait de concevoir. Masamune invita ensuite Eyleen à placer l'attirail sur son membre amputé, avant de lui présenter une simple graine.

 

- Un petit cadeau de ce cher Apolys.

 

Il plaça la semence au centre du disque pour ensuite demander à Eyleen d'effectuer une simple rotation des palets qui le composait. Yin observa alors avec admiration une tige croître sur l'objet, de multiples ramifications s'entortillant le long de cette dernière pour former peu à peu un avant-bras à l'écorce lisse et clair. L'aspect grossier de la plante se précisait à vue d’œil, dessinant l'ossature d'une main avant de se recouvrir d'un réseau végétal de muscles et de veines, qui se solidifia en doigts fins et solides. Voilà ce que Masamune entendait par prothèse, une imitation d'un bras humain entièrement composé de matières vivantes. Un miracle alchimique. Eyleen plia et déplia son nouveau membre, examinant chaque détails de celui-ci comme s'il s'agissait d'un rêve éveillé.

 

- Je... Je ne sais pas comment vous remerciez. Balbutia-t-elle en s'adressant au maître avec reconnaissance.

- C'est loin d'être aussi pratique qu'un bras de chair et d'os, mais je suis certain que tu sauras en tirer avantage. Lui assura Masamune. Ce serait amusant que Yin perde également un membre pour que je le remplace par une prothèse minérale.

- Je préfère éviter.

 

Eyleen gloussa en cachant son sourire derrière sa nouvelle main, et les deux hommes furent rassurés de la voir ainsi détendue, agréablement surpris par la féminité dont elle pouvait faire preuve. Ils recouvrirent les traces de leur feu et se dirigèrent vers l'Est en longeant les Montagnes d'Urkab, apercevant au milieu de l'après-midi les remparts d'une forteresse collée au pan d'une falaise abrupte, comme si elle fut taillée à même la roche. Il s'agissait de Lugnasad, nichée dans un renfoncement du Col de Néphèse, dont les pics s'élevaient telles des aiguilles blanches dans le ciel. Yin comprit rapidement pourquoi la reine Yilda s'était réfugiée en ce lieu, dont les trois murs en arc de cercle, chacun plus haut que le précédent, étaient d'une épaisseur aujourd'hui impossible à reproduire. Les constructions du passé donnaient toujours l'impression d'avoir été réalisé par des mains de géants, et la forteresse de Lugnasad ne faisait pas exception à la règle. Le bastion principal, derrière le troisième et dernier mur, fusionnait avec la montagne pour offrir une vue imprenable sur les plaines environnantes. Les murailles de l'édifice ainsi que ses galeries creusées à l'intérieure de la falaise pouvait facilement accueillir la population de Shura, soit près de sept mille soldats, ajouté à cela les canons d'artilleries positionnés aux emplacements stratégiques.

 

- Ukab ëh ûenem, Bhel ö Lug tahem ath Ëol. Récita Masamune.

- Ce qui veux dire ? Questionna Yin, qui ne parlait pas un mot d'Elnaë.

- Devant les Ombres, Lug l'Etincelant se tient comme le soleil. Traduisit Eyleen. Lug était le père de Beli Maponos, le fondateur de ce royaume. Selon nos légendes, il chassait les descendants des Innommables.

- Les innommables ?

- Des êtres du Cycle précédent. L'éclaira le maître. Si anciens que les évoquer me donne l'impression d'être un enfant. Les pouvoirs conférés par mes créations peuvent te donner une idée de la peur qu'inspirait ces créatures. L'emblème d'Elnath, la Salamandre à trois têtes, étaient l'une d'elle. J'ai participé à sa traque avec le roi Beli, et je dois avouer qu'elle m'inspira une terreur sans nom.

 

Yin sentit les poils de sa nuque se hérisser à l'évocation d'un monstre capable d'effrayer Masamune. Il aurait aimé ne pas s'attarder sur le sujet mais Eyleen sembla au contraire émerveillée par l’anecdote de son maître. Après tout, celui-ci avait connu la création de son royaume, et son témoignage valait plus que n'importe quel ouvrage.

 

- Comment était-il ? Demanda-t-elle avec avidité. Est-ce qu'il a eût l'occasion de voir l'achèvement d'Abal ö Bhel ?

- La construction a prit fin au début de son règne. Révéla-t-il. Ce fut en réalité son père, Lug, qui en fit les plans. Contrairement aux croyances, Neriamar passait plus de temps à hiberner dans son volcan qu'à attaquer les populations. Mais quand il le faisait... Je préfère vous passer les horreurs de ses carnages. Lug a perdu la vie au cours de l'une de ses attaques, ce qui poussa son fils à venger sa mort. Mais la Salamandre n'était pas la seule menace à cette époque. Les montagnes d'Urkab abritaient leurs lots d'Innommables.

 

Masamune avait l'air aussi heureux qu'un grand père racontant ses histoires de jeunesses à ses petits enfants. Sauf que les récits se rapprochaient plus d'un cauchemars qu'à un fait amusant de son passé. Alors qu'ils approchaient de la première ligne des trois remparts, ils remarquèrent que ces derniers n'étaient pas composés d'un entassement de pierres soudées les unes aux autres comme la plupart des murailles d'Alesta, mais d'un seule et unique bloc de roche brut, confirmant l'impossible. Lugnasad avait bel et bien été taillée à même la montagne, et la falaise abrupte se trouvait être de nature artificielle, résultat des travaux incommensurables des anciens artisans d'Elnath.

 

- Impressionnant... Murmura Yin pour lui-même.

- Malgré les apparences, cette forteresse n'a pas été conçue pour protéger ce qui venait vers les montagnes. Leur apprit Masamune. Mais plutôt pour ce qu'elles abritaient.

 

Méditant sur les paroles du maître, ils se dirigèrent vers les portes massives de Lugnasad, qui allait devenir le siège de l'une des plus grandes batailles de l'histoire des Cinq Royaumes.

 

 

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Bon chapitre !

 

Retour sur Ely, Yin et Masamune sama  8).

 

Pendant que Masamune est en pleine concentration intellectuelle. Yin va retrouver Ely un peu plus en forme que la dernière fois, elle continue à suivre les entraînements de Ren de son côté, elle reste forte c'est l'essentiel.

 

Masamune a fait preuve de nouveau par son génie en recréant le mécanisme du père d'Ely pour que cette dernière est de nouveau un membre et ce fait de plante, pas mal du tout.

 

Les voilà arrivés à Lugnadad, une forteresse exceptionnelle et pleine de mystère et enchanteur.

 

J'aime bien les histoires à son sujet et celle de Masamune au côté du premier Roi :).

 

Je me dis qu'à force de parler de ces anciennes créatures on en verra forcément une dans une nouvelle aventure dans des contrées inexplorées ou carrément lors de cette guerre.

 

C'est peut-être le motif pour avoir crée l'arme ultime.

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LUGNASAD

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Parmi les soldats qui s'affairaient à consolider les défenses de la forteresse se trouvait également un grand nombre de citoyens, la plupart ayant abandonné les villages bordant les plaines de Karn Caëdros à l'arrivé des troupes d'Ademar. Ces derniers participaient à l'effort de guerre, et Yin ressentit un pincement au coeur en croisant vieillards, femmes et enfants planter des pieux devant l'épaisse muraille de Lugnasad. Masamune en tête, ils passèrent les portes massives devant les regards étonnés des guerriers Elnaë, dont les motifs de leurs armures imitaient en couleur et en forme la flore de leurs forêts. Certains saluaient respectueusement le maître, et il n'était pas rare de voir des groupes les pointer du doigts en chuchotant. Si Yin était embarrassé par tant d'attention, il n'en était rien pour Eyleen qui gardait une expression impassible en détaillant l'architecture des lieux. L'espace entre les murs du premier niveau était assez large pour permettre à deux bataillons de se croiser, et de nombreux trous percés dans le second rempart ressemblait à un système d'évacuation des eaux, visiblement inutilisé depuis des siècles. Des escaliers permettaient de rejoindre le chemin de ronde sur la muraille principale, côtoyant un mécanisme de poulies pour transporter l'artillerie, et plusieurs ateliers à ciel ouvert tournaient à plein régime pour produire en urgence une grande diversité d'armes. Yin jeta un oeil aux épées, beaucoup plus lourdes que les sabres de Shura et sans aucun doute moins efficaces. Une pente grimpait à l'Ouest de Lugnasad pour atteindre la deuxième porte, fondue en bronze, et tandis qu'ils s'apprêtaient à la franchir un enfant les dépassa à grands éclats de rire. Il tenait dans ses mains un casque imitant la tête d'un dragon, et Yin ne put s'empêcher d'être fasciné par l'homme qui le poursuivait.

 

- Revient ici l'asticot !

 

Le garçon se cacha derrière l'un des battants de la porte, plaçant son index devant les lèvres pour leur intimer de ne pas dévoiler sa cachette. A sa place, Yin aurait prit ses jambes à son cou étant donné la carrure monstrueuse du propriétaire du heaume, dont l'armure de plates sombres peinaient à contenir les dimensions extraordinaires de ses muscles. Ses bras devaient à eux seuls faire le tour de taille d'Eyleen, et la hache à double tranchant qui pendait dans son dos était aussi grande que Masamune. Comme si elle ne suffisait pas, une épée ainsi qu'une machette complétaient son arsenal, mais cette vision inquiétante fut aussitôt balayé par les traits chaleureux du colosse, aux courts cheveux bruns et à la barbe finement taillée qui encadraient un visage jovial.

 

- Glared de la Vieille Garde ! L'interpella Masamune.

 

Le guerrier se tourna vers eux, et son expression s'illumina en reconnaissant le forgeron légendaire de Shura.

 

- Le maître en personne ! S'exclama-t-il, avant de s'incliner brusquement. Je veux dire, votre Honneur ! Enfin...C'est un honneur de vous rencontrer... Seigneur ?

- Masamune suffira amplement, ou grand père éventuellement.

 

L'imposant soldat éclata d'un rire bruyant avant de les dévisager, s'attardant sur Eyleen comme si elle lui évoquait un souvenir. Le maître en profita pour les présenter, et Glared frappa le poing dans sa paume en découvrant l'identité de la jeune femme.

 

- J'en étais sûr ! Ces cheveux rouges... L'alchimiste écarlate ! Quelle honte que les rumeurs sur la protectrice d'Hekario ne décrivent pas sa beauté. Je promet de corriger cet oubli.

 

Bien qu'elle essaya de demeurer imperturbable, les joues d'Eyleen se colorèrent légèrement. Yin avait entendu parlé de ses faits d'armes, mais il n'imaginait pas qu'elle avait gagné une si grande réputation dans son royaume.

 

- Vous semblez me connaître mais j'ignore tout de vous. S'excusa-t-elle. Glared de la Vieille Garde ?

- Il n'y a pas grand chose à savoir à mon sujet. Assura-t-il humblement. Nous parlerons ce soir autour de la table de ma Reine, elle vous attend avec une invitée aussi ravissante et délicate qu'une fleur de cerisier.

- Il doit s'agir de ma fiancée. L'éclaira fièrement Yin.

- Par Neriamar ! Vous avez trouvé la perle rare ! Le félicita Glared. Maintenant que nous sommes présentés, auriez-vous vu par hasard un garnement filer avec mon heaume ?

 

Avant qu'ils ne puissent lui répondre, l'enfant émergea de sa cachette pour redescendre la pente à toute vitesse, tenant la tête de dragon à bout de bras comme un appât pour le géant. Glared s'élança à sa suite après leur avoir adressé un signe de la main, et Yin put détailler sur le dos de sa cape une étrange inscription en lettre d'or, " Nenya ö Dagär aroë nava elmë doem." Il en demanda la traduction à Eyleen tandis qu'ils reprenaient leur chemin sur le second niveau de la forteresse, et sa réponse le laissa à la fois pensif et admiratif.

 

- " Les Dragons de la Reine meurent, ils ne se rendent pas." En tout cas il m'a l'air d'être un sacré personnage.

- Si on enlève le chevalier de la princesse, Glared est considéré comme le guerrier le plus fort d'Elnath. Les informa Masamune. Il est le capitaine des Dragons de la Reine, dont la réputation s'étend au-delà du royaume.

- C'est plutôt rassurant. Avoua Yin.

 

Il reconnu d'autres soldats appartenant à ce fameux bataillon, tous aussi impressionnant les uns que les autres sans pour autant parvenir au niveau de leur chef. Les pavés du second niveau de Lugnasad se trouvaient à hauteur des remparts, et bien que moins large, plusieurs minutes leurs furent nécessaire pour atteindre la porte du troisième mur, qui donnait accès à un long couloir taillé dans son ossature, grimpant jusqu'au dernier niveau. Si des ennemis parvenaient jusqu'ici, la défense de la forteresse pouvait encore tenir longtemps avant d'être débordée. Ils débouchèrent ainsi sur la plus haute muraille, apercevant les différents passages creusés dans la falaise, qui conduisaient aux cavernes d'Urkab. Un dernier effort les mena jusqu'au bastion de la forteresse, dont la terrasse offrait une vue saisissante sur le paysage de Danaë Laëdros, que l'on appelait les Champs de Lug. Malgré son aspect inquiétant, le coeur de Lugnasad n'en demeurait pas moins impressionnant avec son édifice principale en demi cercle, sculpté dans les montagnes et flanqué de deux tours couvertes de figures monstrueuses, que Yin assimila aux récits des Innommables. Le bastion se terminait par une statue monumentale dont le buste faisait office de toit, sa figure noble tournée vers le Sud avec une expression sévère. Dans l'une de ses mains se trouvait une couronne de flammes, l'autre tendue avec la paume ouverte, comme un avertissement envers ceux qui osaient s'aventurer dans les montagnes. Leur contemplation fut interrompue par l'arrivée de Sora, dont les yeux mauves pétillèrent en croisant ceux de Yin. Il sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine lorsqu'elle approcha, sa chevelure de jais coiffée en chignon pour dévoiler la peau satinée de son cou, sa voix mélodieuse agissant sur lui comme un charme lorsqu'elle salua Masamune et Eyleen, avant de finir par l'enlacer tendrement. Yin n'arrivait toujours pas à croire qu'une femme aussi parfaite puisse l'aimer, frissonnant de plaisir lorsqu'elle lui murmura quelques mots doux avant de relâcher son étreinte.

 

- Comment s'est passé votre voyage ? Demanda-t-elle en les invitant à la suivre.

- Il fut remarquablement ordinaire ma chère. Répondit Masamune avec légèreté. Je m'attendais à quelques embuscades mais il faut croire que notre présence suffit à dissuader les bandits.

- Et de ton côté ? L'interrogea Yin.

- Bien qu'il ont été surpris de me voir arriver avec toutes les affaires de la forge, la reine m'a traité comme une princesse. C'est une personne incroyable, j'ai hâte que tu la rencontres. Si les autres souverains d'Alesta prenaient exemple sur elle le monde se porterait beaucoup mieux.

- Je suis surprise.

 

Yin et Sora se tournèrent vers Eyleen, qui affichait un sourire en prononçant ces mots. Elle avait fixé la jeune Daër avec une expression énigmatique, et seul Masamune sût à quoi elle faisait allusion.

 

- Surprise ? Répéta Yin sans comprendre.

- Que tu ne l'es pas déjà épousé.

 

Il rougit jusqu'aux deux oreilles, sans défense face à une réplique que seul Alestan aurait été capable de formuler à un tel moment. Le rire du vieux maître dégringola sur eux comme une cascade de lumière, réchauffant leurs coeurs malgré l'immense et froide salle dans laquelle ils venaient de pénétrer, charriant une odeur d'eau croupie et de moisissure impossible à définir. Le grand renfort de torches et de chandelles qui parsemaient les colonnes des voûtes en berceau ainsi que les lustres en fer forgé ne parvenaient pas à faire disparaître l'atmosphère inquiétante des lieux, dont les coins plongés dans l'ombre abritait parfois une gravure sinistre, ou encore une inscription dans un langage oublié, qui surplombait des stèles éparses, semblable à des tombeaux. De grandes tables avaient été dressé au centre du bastion, un groupe d'hommes et de femmes s'entretenant bruyamment autour d'un plan de la forteresse et plusieurs cartes des environs, intimés au silence par l'une des femmes les plus respectable que Yin n'ait jamais contemplé. Yilda Maponos possédait la grâce des reines légendaires, celles dont la beauté était inaltérable et dont l'aura pouvait être observé à l'oeil nu. Vêtue à la manière des guerrières, ses longs cheveux noués retombaient en mèches grises et cuivrées sur son visage noble et fier. La flamme qui brillait dans ses yeux laissa Yin admiratif, et malgré ses traits tirés par la fatigue et l'anxiété, sa prestance lui imposa un silence respectueux.

 

- Bienvenue à Lugnasad.

- Reine Yilda.

 

Yin et Eyleen imitèrent Masamune lorsque celui-ci la salua avec révérence, légèrement surpris en le voyant saisir la main de la souveraine pour l'embrasser.

 

- Voici donc votre élève et conjoint de cette charmante émissaire. Fit-elle en examinant Yin de son regard perçant. Quand à vous, Eyleen Tarimiel, je tiens à vous remercier du fond du coeur pour avoir défendu notre peuple. Maith arië.

 

La jeune alchimiste ne sût que répondre, se contentant de poser la main sur son coeur, un signe de reconnaissance que la reine lui retourna. Plusieurs soldats tendaient le cou pour voir celle qui avait si courageusement défendu un petit village de la frontière, écarquillant les yeux en remarquant son étrange bras à l'écorce lisse.

 

- Votre venue est un symbole d'espoir pour mon peuple. Souffla Yilda avec gravité. Le moral des Elnaë est au plus bas depuis que la capitale est tombée. La traîtrise de l'un de mes généraux prouvent que mon royaume est la cible d'un complot soigneusement préparé. Mais si nos ennemis espèrent nous voir capituler, ils risquent d'être déçu.

- Je crains que ce complot dépasse l'entendement ma reine. Regretta Masamune. La corruption qui sévit à Elaris a joué un rôle essentiel dans cette guerre, et je suis navré d'en être indirectement le responsable.

 

Le maître s'apprêta à s'agenouiller pour s'excuser selon la coutume Daër, mais Yilda le stoppa en posant une main sur la joue du vieil homme.

 

- Je ne juge que par les actes, et les vôtres ont toujours été en faveur de mon peuple.

 

Masamune demeura silencieux, soutenant le regard de la reine jusqu'à ce qu'elle les invite à rejoindre son conseil de guerre. Yin et Sora demeurèrent légèrement en retrait, loin de comprendre les détails de la stratégie mise en place par Yilda et ses officiers, contrairement à Eyleen qui écoutait avec intérêt les différents positionnements des troupes. Il préféra de loin discuter avec celle qu'il aimait des évènements survenus durant leur courte séparation, mais la joie des retrouvailles s'estompa dès que la reine évoqua le rapport de ses éclaireurs.

 

- Arthmar a réuni près de cinquante mille soldats aux abords de Nera. Les têtes de ceux qui nous sont restés fidèles sont exposés sur des piques devant leurs tentes... Y comprit celle de Tarvos. Ajouta-t-elle après avoir marqué une pause, les traits crispés par la colère. Nous devons ajouter à cet effectif une flotte de perce-nuages allant de la classe frégate à la classe galion, les tours de sièges, l'artillerie au sol et les cavaliers de Nevirnum, estimés à deux mille lances.

- Qu'en est-il de la garnison de Lugnasad ? Interrogea Masamune, qui semblait avoir considérablement vieilli en apprenant l'ampleur des forces ennemis.

- Nous avons pu réunir trois mille guerriers et autant de réfugier. La moitié de mes émissaires parcours le royaume pour grossir nos rangs, mais si nous parvenons à obtenir un quart d'hommes supplémentaires avant l'arrivé de l'armée rouge nous pourrons nous estimer chanceux.

 

L'un des officiers prit alors la parole, un jeune homme aux cheveux blonds et frisés, dont l'un des blasons représentait un phare face au lever de soleil. Un tatouage aux motifs runiques remontaient le long de son cou pour dessiner un serpent se mordant la queue, son corps élancé et son regard perçant se mariant parfaitement avec l'arc en bois d'if qui reposait dans son dos.

 

- Trois cents archers en provenance du phare d'Akurgal nous rejoindrons avant l'aube. Même si ce n'est que la moitié de ce que j'espérais, chaque guerrier d'Aëth en vaut dix de l'armée d'Ademar.

- Votre père se devait de garder suffisamment d'hommes pour protéger nos cités côtières Judam. Me confier son fils unique suffit à prouver son allégeance.

- Arthmar regrettera d'avoir profané nos terres.

 

Son optimisme ne parvînt pas à ôter l'ombre des visages du maître et de la reine, qui tout comme Yin, semblaient ne voir aucune issue face à l'écrasante supériorité de l'ennemi. Eyleen s'exprima alors pour la première fois, évoquant le sujet que la souveraine avait jusqu'ici gardé sous silence.

 

- Qu'en est-il de l'alliance avec Albieros ?

 

Un silence de mort s'abattit sur l'assemblée et Yilda pinça ses lèvres, donnant l'impression de ressentir un profond remord. Pour sa part Yin ne s'était pas rendu compte qu'il serrait la main de Sora, réalisant qu'aucun de ceux présents n'avait évoqué jusqu'ici la possibilité d'une victoire. Ils comptaient au contraire se battre jusqu'à leur dernier souffle, et l'inscription au dos de Glared prit soudain tout son sens. Le peuple d'Elnath préférait mourir plutôt que se rendre.

 

- Ma fille...

 

La reine déglutit, et la flamme dans ses yeux ne fut plus qu'une étincelle fébrile, nouant la gorge de Yin. Elle parvînt cependant à reprendre contenance, et parmi ceux qui savaient à quel point Yilda souffrait depuis le départ de la princesse, aucun ne douta de la volonté exceptionnelle dont elle fit preuve pour passer outre ses sentiments envers son unique enfant.

 

- La mission était un piège tendu par le général parjure. Annonça-t-elle froidement. Klein Elesias, que son nom soit maudit, a communiqué le trajet du perce-nuage à la flotte d'Ademar. Notre dernier contact avec la princesse est un message confirmant l'existence d'un traitre dans nos rangs. D'après nos informations, la carcasse de l'Hansa a été retrouvé avec le corps de son pilote aux abords de la forêt d'Orcynie. Aucune nouvelle nous est parvenue depuis l'incident.

- De qui était le message ?

 

La question de Masamune sembla déplacée après que la reine ait dévoilé l'inquiétude qui la rongeait depuis plusieurs jours, mais la réponse éclaira le visage du vieil homme, comme si l'espoir venait brusquement de renaître.

 

- Alestan.

- Dans ce cas nous avons une chance de voir les voiles du Cygne pointer à l'horizon, avec ou sans l'accord du roi Östen. Affirma le maître.

- Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? Rétorqua Yilda, qui ne voyait pas pourquoi Masamune était aussi confiant.

- N'oubliez pas Alderan et les Chasseurs d'Urkab !

 

Tous les regards se portèrent vers la silhouette imposante qui se découpait dans les ombres du bastion. Son heaume sous le bras, Glared s'avança d'un pas assuré pour rejoindre le conseil. Ses grands yeux verts pétillaient dangereusement, et Yin imagina sans mal la terreur qu'il devait inspirer à ses adversaires.

 

- Que l'ennemi nous soit dix ou cent fois supérieur, la Vieille Garde tiendra cette forteresse jusqu'à l'arrivé des renforts. J'en fais le serment.

- Il en est de même pour les archers des Rivages d'Argent. Ajouta Judam en saisissant son arc.

 

Une femme aux longs cheveux noirs, qui arborait une mèche grise mise en valeur sur sa frange, frappa sa lance sur le sol pour attirer l'attention. Dans son armure aux feuilles d'acier, Emilia Vaëlios descendait de Nuada la Salamandre, celle qui fut la première femme à être nommée chevalier d'Elnath, une des propriétaires de Berham, comme l'apprit Yin de la bouche de son maître.

 

- Les Lanciers de Ferudia perceront l'armée rouge ma reine ! Clama-t-elle fièrement.

 

Ainsi prêtèrent allégeance les neuf chefs et capitaines de l'armée d'Elnath, parmis lesquels se trouvaient également Leorad des Montagnards de Gildun, dont la barbe hirsute dissmulait une grande partie de son visage ; La fiévreuse Seïka des épéïstes d'Orblanc, dont les traits harmonieux et la voix doucereuse contrastaient avec le sadisme de celle que l'on surnommait la Vipère d'Elkêom ; Puis se fut au tour du jeune Filëis des Traqueurs de la forêt d'Encre, suivit par Aëlios et Maëdros, les deux frères jumeaux de Rougepierre, qui avaient affronté les troupes d'Ademar dès les premières heures de la guerre. Chacun d'eux étaient prêt à se sacrifier sur l'ordre de leur reine, et malgré la trahison du général Elesias, qui brisa le coeur d'Yilda, la souveraine savait qu'elle pouvait leur confier sa vie sans l'ombre d'un doute. Les discussions sur la bataille reprirent de plus belle, et lorsque le soleil disparu derrière les sommets enneigés d'Urkab, les hommes et femmes de Lugnasad se réunirent au dernier niveau de la forteresse pour partager un grand festin. Installé à côté de Sora, Yin eût l'honneur de se trouver à la table de la reine en compagnie d'Eyleen et des hauts gradés de l'armée. Yilda n'évoqua plus la bataille à venir, préférant bavarder de sujets moins graves avec Masamune, qui lui présenta au milieu du dîner une bague sertie d'un rubis.

 

- J'aimerais vous offrir ce présent.

 

Alors qu'Yilda présenta sa main, il laissa malencontreusement le bijou tomber dans son verre de vin, qui s'entortilla avec son contenu pour se changer en une rose magnifique, fait d'un cristal rouge si détaillé que la plante semblait vivante. La reine ne put s'empêcher de sourire lorsque le maître lui tendit la fleur, écarquillant les yeux lorsque celui-ci souffla sur les pétales, qui s'écartèrent pour laisser apparaître la bague originelle.

 

- Je ne vous savais pas aussi charmeur.

- Disons que j'ai eût le temps de perfectionner mes techniques de séduction.

 

Malgré l'atmosphère peu rassurante de Lugnasad, chacun apprécia ce moment de détente, en profitant pour apprendre à mieux se connaître. Eyleen s'entendait particulièrement bien avec Glared et Judam, ce dernier ayant un peu trop forcé sur la boisson. L'archer aux boucles dorées entreprit même d'aguicher Seïka, dont le sourire innocent demeura même après qu'elle ait enflammé le pantalon du capitaine, qui se retrouva en sous vêtements jusqu'à la fin de la soirée. Sora écouta les histoires d'Emilia sur les prouesses de ses ancêtres, et Yin décrivait quand à lui les us et coutumes de Daëdra aux jumeaux, incapable de différencier Aëlios de Maëdros entre leurs longues crinières rouges et leurs yeux de fauves parfaitement identiques. Le dîner se termina à une heure tardive, et chacun regagna les couchettes aménagées dans les cavernes d'Urkab avec le ventre plein. La reine et ses invités de marques résidaient quand à eux dans les appartements du bastion, et avant de rejoindre leurs lits respectifs, Masamune prit Yin et Eyleen à part pour leur donner rendez-vous à l'extérieur de la forteresse au lever du soleil.

 

- J'aurais besoin de vous pour mettre en place le matériel de la forge. Essayez de vous reposer, une longue journée nous attend.

 

Ils trouvèrent leurs chambres aux étages, dans le buste de la statue qui trônait au sommet de la forteresse, et Yin eût la chance que Sora ait déjà aménagé la sienne pour la rendre un peu plus agréable. Elle se recroquevilla contre lui, la douce chaleur de son corps le plongeant rapidement dans un agréable sommeil. Au cours de la nuit Yin se réveilla pourtant en sursaut, des sueurs froides causées par une peur inexplicable, qui contractait douloureusement son estomac. Prenant soin de ne pas réveiller Sora, il décida de prendre l'air quelques minutes afin de calmer le battement incontrôlable de son coeur, regagnant la salle principale du bastion, désormais déserte. Il passa devant une arche incrustée dans le mur, qu'il n'avait pas remarqué à son arrivé. Des symboles sinistres étaient gravés sur la pierre noire, et des gonds tordus indiquaient autrefois l'existence d'une porte. Yin jeta un oeil par l'ouverture, découvrant des marches grossières qui s'enfonçaient dans les profondeurs, ainsi qu'une étrange lueur, pâle et verdâtre, qui luisaient faiblement dans les ténèbres de l'escalier. Alors qu'il envisageait de s'éloigner, un murmure s'éleva dans l'obscurité, comme si la montagne s'était mise à fredonner. La mélodie donnait l'impression d'être chanté la bouche fermée mais n'en demeurait pas moins belle et envoûtante, comme si elle invitait Yin à en trouver la source. Il avait d'ailleurs retrouver son calme, et son pied se posa sur la première marche sans qu'il ne le réalise. Son esprit s'embrumait tandis que la musique gagnait en intensité, dont il parvenait à saisir quelques mots.

 

" Viens à moi... Jeune et tendre... Tendre et beau. Viens à moi... J'ai un secret. Veux-tu l'entendre ? "

 

Yin fit un nouveau pas lorsqu'une main puissante le tira brusquement en arrière, rompant le charme qui l'attirait irrésistiblement vers les abîmes des montagnes. Il se retourna pour faire face au visage renfrogné de Glared, dont la voix grave et sévère le fit immédiatement revenir à la réalité.

 

- Je ne descendrais pas si j'étais toi.

 

Le guerrier tenait un verre de vin dans la main, comme si lui aussi n'était pas parvenu à trouver le sommeil. Yin se toucha le front, frissonnant au contact brûlant de sa peau.

 

- Qu'est-ce qu'il y a en bas ? Balbutia-t-il en évitant le regard du chef de la Vieille Garde.

- L'une des raisons qui a poussé mon peuple à construire cette forteresse. Répondit sombrement Glared, avant de s'adoucir. Evites de trainer dans le coin et va retrouver ta femme, profites d'être à ses côtés.

 

Alors qu'il s'éloignait, Yin ne put retenir plus longtemps la question qui lui brûlait les lèvres depuis son arrivé à Lugnasad, la raison qui le fit se réveiller en sursaut, la peur aux entrailles.

 

- Que se passera-t-il si...

- Si nous échouons ? Termina Glared en étirant ses lèvres avec assurance. L'idée ne m'a pas traversé l'esprit.

 

Il disparut sur ces mots, et Yin ne sût dire si le guerrier se jouait de lui ou si son excès de confiance l'empêchait de voir la vérité en face. Laissant l'inquiétante arche derrière lui il s'empressa de rejoindre Sora, déposant un baiser sur la peau tendre de son cou avant de se jurer de la protéger, quelque soit l'issue de la bataille.

 

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Un chapitre bien riche !

 

On découvre encore une fois Lugnasad un peu plus dans son coeur. Et elle contient toujours bon nombre de secret et de mystère.

 

La reine aux côtés de ces chefs tous plus charismatique les un que les autres se donnent tous les moyens pour se préparer avant le début de la guerre. Dans le même temps on découvre de nouvelles richesse dans ton monde.

 

Glared me plaît bien déjà 8).

 

Je sais pas pourquoi mais Sora je pense qu'elle n'est pas vraiment ce qu'elle laisse paraître. Je commence à me méfier d'elle, c'est louche quand même. Elle est peut-être de mèche avec Icare :P.

 

Et la fin du chapitre est fort bizarre. Cette chose qui a appelé Yin, on risque de la découvrir quand Lugnasad sera au bord de l'échec.

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ENLÈVEMENT

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- Il a dit quoi ?

 

William n'en revenait pas. Après tout ce qu'ils avaient traversé pour rencontrer le roi Östen, celui-ci se révélait être l'un des hommes les plus haïssables que la chevalier ait connu. Les expressions déconfites de Caëlis et Loreleï, après leur sortie de la salle du trône, se muèrent en sentiment de rage lorsque la princesse rapporta le comportement du souverain d'Albieros. William sentit ses poings se serrer lorsqu'elle évoqua le traitement qu'Östen fit subir à Loreleï, mais le pire fut d'apprendre la proposition de mariage, contractant douloureusement l'estomac du chevalier qui ne pouvait tout simplement pas accepter un tel compromis.

 

- Je dois l'épouser. Répondit sombrement Caëlis. C'est le seule moyen de former une alliance entre nos deux royaumes.

- On peut encore réfléchir à une autre solution. Tenta William sans parvenir à dissimuler son écœurement. Tu ne peux pas devenir la femme de cette ordure...

- Mon royaume passe avant tout. Tu le sais Will.

 

Il se retînt de répondre, incapable d'argumenter sur ce point avec la princesse. Ils avaient laissé la porte ronde derrière eux pour descendre les douze étages du dôme, regagnant le hall du palais avec ses colonnes dorées incrustées de pierres précieuses et ses impressionnantes peintures murales. Loreleï marchait en regardant le sol depuis qu'elle avait quitté la salle du trône, sa chevelure ambré encore mouillée après que le roi l'ait obligé à prendre un bain parmi ses servantes. Caëlis n'avait qu'un ordre à donner pour que le chevalier enseigne les bonnes manières à Östen,  bien que cela signifiait l'échec de leur mission. Ils franchirent les portes du palais sous les regards pesant des sentinelles, l'air frais caressant leurs visages fatigués en retrouvant les jardins démesurés de la résidence royale. Ils effectuèrent encore quelques pas avant de s'arrêter, réalisant qu'ils n'avaient aucun endroit pour dormir.

 

- On fait quoi maintenant ? Demanda William.

- On peut regagner la ville pour trouver une auberge. Proposa Caëlis.

 

Un léger sifflement les interpella, et ils se tournèrent pour découvrir l'élégante silhouette de Nëa adossée contre l'une des tours du dôme. Ils se dirigèrent vers la femme aux cheveux d'or, dont les traits se renfrognèrent en voyant leurs sombres expressions.

 

- Désolé que vous ayez fait ce voyage pour rien. S'excusa-t-elle.

- Où se trouve Alestan ? L'interrogea Caëlis en ignorant la remarque.

- Suivez-moi.

 

La tension palpable entre les deux femmes avait le don d’embarrassé William, déchiré entre l'envie de soutenir la méfiance de la princesse et sa propre raison, qui lui assurait que Nëa était digne de confiance. Bien qu'il se gardait de le lui dire, l'antipathie de Caëlis prenait racine dans sa jalousie, et le fait qu'elles possédaient un caractère semblable n'arrangeait pas la situation. Ils passèrent devant deux des douze tours du Dîom Dorea, sur lesquelles figuraient les constellations du zodiaque, un diamant pour chaque étoile, s'arrêtant face à l'entrée de la troisième, celle des Gémeaux. Nëa les guida jusqu'au sommet de l'édifice, un complexe d'appartements réservés aux gardes du palais, s'arrêtant devant la dernière porte où figurait son nom. Loin d'être aussi luxueuse que la salle du trône, sa résidence n'en demeurait pas moins somptueuse, au même niveau que les appartements royaux d'Abal ö Bhel. La pièce principale regorgeait de peintures, d'objets antiques et de meubles en bois précieux, débouchant sur un balcon qui offrait une vue imprenable sur les dômes d'argent de Dürkador. Affalé dans un divan de velour, Alestan les salua tout en compressant un tissu imbibé d'alcool sur son arcade sourcilière, qui continuait de saigner après les coups infligés par Nëa.

 

- Tu n'as pas fait semblant. Plaisanta William en frappant son avant-bras contre celui du vagabond, qui esquissa un sourire navré.

- Elle n'est pas du genre à se retenir.

- Tu m'as dit que ça devait avoir l'air réel. Se défendit Nëa.

 

Elle les pria de s'installer confortablement avant de revenir avec des boissons et de quoi grignoter, laissant de côté sa cape sombre et son sabre blanc afin d'assurer son rôle d'hôte. Elle leur proposa également d'utiliser son bain, et même Caëlis s'adoucit face à tant d'attention.

 

- Si ça ne te dérange pas.

- Bien sûr que non ! S'exclama Nëa. La règle d'or ici est ce qui est à moi est à toi.

- Comment s'est passé l'entretien avec le roi ? Demanda Alestan en se remplissant un verre d'hydromel.

 

La princesse leur conta alors en détail l'extrême médisance d'Östen, terminant par la proposition de mariage qui scellerait l'alliance entre Elnath et Albieros. Chacun demeura silencieux après son récit, et William se mordit la langue pour ne pas hurler son mépris face à une offre aussi écœurante. Nëa posa sa main sur celle de Loreleï, qui lui assura d'un simple regard qu'elle était remise de son humiliation. Le chevalier croisa alors les yeux d'Alestan qui, sous l'ombre de ses cheveux d'encre, brillait d'une malfaisance meurtrière. William fronça les sourcils et son ami se ressaisit, conscient que perdre son calme dans de telles circonstances n'étaient pas le meilleur remède.

 

- Tu comptes faire quoi Caë ? Demanda-t-il en replaçant le linge humide sur son œil enflé.

- J'ai une semaine pour y réfléchir... Mais notre armée ne tiendra pas jusque là. Plus j'y pense et plus je me dis que je dois accepter sa proposition.

- Je ne peux pas te laisser faire ça.

 

William ne put tenir plus longtemps, laissant son cœur s'exprimer malgré ses efforts pour l'en empêcher. Il devait forcément y avoir un autre moyen pour convaincre le roi de les aider, autre que laisser la femme qu'il aimait épouser un homme aussi détestable.

 

- Tu n'y penses pas sérieusement ? S'offusqua Alestan, ce qui gonfla le cœur du chevalier. Imagine la réaction de ta mère avec un beau-fils pareil.

- T'es bête... Soupira Caëlis en étirant tristement ses lèvres. Je ne serais jamais arrivé jusqu'ici sans votre aide. Donc maintenant... Après tout ce qu'on a vécu, je veux pas que vos efforts soient réduit à néant à cause de mon égoïsme.

- Vous avez entendu parlé de l'Alfarïn ? Intervînt alors Nëa.

 

Seule Loreleï acquiesça, les autres se contentant d'hocher négativement la tête en attendant la suite avec curiosité.

 

- Il s'agit du plus grand vaisseau de l'armada d'Albieros. Les renseigna-t-elle. Une forteresse volante incomparable. Il se trouve que l'Alfarïn est actuellement stationné au port de Dürkador.

- Tu voudrais qu'on s'en empare ? Fit William, perplexe face à une telle entreprise.

- A part nous mettre un royaume de plus à dos je ne vois pas l'intérêt. Contra Caëlis.

- Östen n'a pas que des amis dans cette ville. Précisa Nëa. Je connais un capitaine qui pourrait nous aider.

 

Chacun vit dans cette information une lueur d'espoir, mais un simple équipage n'était qu'une maigre compensation comparé au pouvoir de la flotte d'Albieros. Pouvoir qui ne pouvait s'obtenir que par le mariage de la princesse et du roi.

 

- Admettons que nous parvenons à voler ce perce-nuage, exposa Caëlis, qu'est-ce qui nous garantit que Östen ne se lancera pas à notre poursuite ? On ne ferait qu'empirer la situation.

- On a qu'à le tuer. Répondit simplement Nëa.

- Et le pouvoir reviendra à Flora. En déduit Alestan.

- Aïda. Le corrigea-t-elle.

- Vous pensez vraiment qu'il va nous laisser filer après l'assassina de son frère ? Lança la princesse, de moins en moins convaincue.

- C'est possible.

 

Alestan vida son verre d'une traite, passant la main dans ses cheveux décoiffés avant de se resservir. L'expression sereine du vagabond indiqua à William qu'il avait élaboré un plan.

 

- On va enlever la sœur du roi.

- Le frère. Lui souffla Nëa.

- C'est ça, poursuivit Alestan, nous devons le capturer pour l'emmener à Svarog, où les ingénieurs d'Albieros produisent leur Mercure. Si Nëa dit vrai et que les disparitions de masses sont liées à sa conception, c'est que ce royaume nous cache quelque chose. Si ce n'est pas beau à voir on à une chance de convaincre Lora de se dresser contre son frère.

- Et s'il est déjà au courant ? Releva Caëlis.

- Espérons qu'il ne le soit pas... Soupira Nëa.

- Je n'aime pas ça.

 

La princesse tourna ses yeux d'émeraude vers William, cherchant à obtenir son avis sur une stratégie aussi instable. Même si son devoir l'obligeait à demeurer objectif et agir avant tout pour la sécurité de Caëlis, il refusait catégoriquement de la laisser épouser Östen. Le chevalier saisit instinctivement la pièce d'or d'Abelion sur sa poitrine, se demandant ce que l'ancien roi d'Elnath aurait souhaité pour sa fille. La réponse était la même que William : Son bonheur.

 

- Trois des Sept lames légendaires sont réunies ici. Rappela-t-il. Rien est impossible.

- Je vois... Souffla Caëlis, prenant sa décision. Dans ce cas nous devons agir vite.

- Cette nuit. Les informa Alestan. Je vais m'occuper de l'enlèvement de Julia vu que je suis sencé être mort. Je retrouverais ensuite Will en ville pour partir à Svarog avant le lever du jour. Nëa gardera sa couverture en nous prenant en chasse. Pendant notre absence, Caë et Lili vont rencontrer ce capitaine pour préparer notre fuite.

- Et si on ne trouve rien à Svarog ? L'interrogea William, qui songeait à cette éventualité.

- En fait c'est pour ça que les filles doivent préparer notre fuite. Précisa Alestan.

 

En raison de son urgence, la stratégie comportait énormément de failles. Caëlis approuva cependant l'idée, à la condition que les retombées en cas d'échec ne mettent pas Elnath en péril. C'était la raison pour laquelle la princesse devait demeurer près du Dîom Dorea, afin de ne pas éveiller les soupçons.

 

- Ta rencontre avec le capitaine doit être la plus discrète possible. Lui conseilla Nëa. J'irais le voir tout à l'heure pour vous donner rendez-vous au vieux port demain soir. Avec de la chance il pourrait rallier quelques pirates à ta cause.

- Quelques pirates ? Répéta Caëlis avec méfiance.

- C'est vrai que je n'ai pas précisé. Réalisa Nëa avec une moue innocente. Il s'agit d'un ancien général de l'armada sous le règne d'Önund, répudié pour avoir traité Östen de vermine indigne de souiller le trône de son père en y posant ses fesses crasseuses. Il a été rétrogradé sous officier et a préféré démissionner pour devenir un corsaire indépendant.  Vous en avez peut-être déjà entendu parler, il s'appelle Reis Wigbold.

 

Le nom ne leur disait rien hormis Loreleï, dont le visage s'éclaira tandis qu'elle écartait les doigts pour mouvoir sa main de haut en bas devant sa poitrine, avant de se désigner avec un sourire.

 

- C'était ton instructeur ? Devina Caëlis, la seule à comprendre sans problème le langage de leur amie.

 

Loreleï confirma et ils furent stimulés par la nouvelle, qui allait considérablement simplifier leur plan.

 

- Il devait t'adorer vu que tu es une prodige. Se réjouit Alestan.

- Sans compter qu'il était général, ajouta William, ce qui peut se révéler utile.

 

Encouragés, ils développèrent leur stratégie afin de corriger un maximum de défauts, allant même jusqu'à s'imaginer dérober la flotte entière d'Albieros. Plusieurs bouteilles d'hydromel avaient été vidé lorsque Caëlis décida de prendre un bain, ce qui poussa Nëa à partir en ville pour retrouver ce fameux Reis. William, Alestan et Loreleï patientèrent en jouant aux cartes, le chevalier laissant sa place à la princesse pour utiliser à son tour la salle de bain. Lorsqu'il croisa son reflet dans le miroir de la pièce, entièrement couverte de faïences, William mit plusieurs secondes avant de se reconnaître, choqué par son apparence sauvage et les cernes noires sous ses yeux fatigués. Il trouva également dans la corbeille des bandages tâchés de sang, sa poitrine se compressant en devinant qu'ils appartenaient à Caëlis. La blessure de cette dernière avait du se ré-ouvrir après les efforts de la journée, et le fait qu'elle ne se soit pas plaint une seule fois gonfla d'admiration le coeur du chevalier. Nëa était de retour lorsqu'il regagna le salon, et William la soupçonna d'avoir utiliser les déplacements éclairs de son sabre pour effectuer le trajet en si peu de temps. Ils dînèrent tous ensemble en évitant soigneusement d'évoquer la guerre, préférant de loin écouter les récits de voyages d'Alestan et ceux de Nëa, qui manquèrent de se croiser à plusieurs occasions. Cette dernière leur joua ensuite un morceau énergique à la flute, et tandis que les deux hommes l'accompagnaient en battant le rythme, Caëlis et Loreleï se déhanchèrent avec fougue, leur danse raccourcie par la blessure de la princesse qui préféra accuser la fatigue plutôt que d'inquiéter ses compagnons. Nëa invita alors les filles à découvrir sa garde robe, laissant William et Alestan contempler la cité de Dürkador depuis le balcon. Ils restèrent un moment silencieux, chacun perdu dans ses pensées en imaginant la suite des évènements, sans réellement y parvenir.

 

- On n'a pas eût l'occasion de parler seul à seul depuis que tu l'as retrouvé.

- Jaloux ? Plaisanta le vagabond.

- Un peu. Enchérit William, étirant les lèvres en croisant le regard étonné de son ami.

- J'ai encore du mal à croire qu'elle est là, avec moi. Avoua-t-il. C'est comme si j'étais dans un rêve... Comme si on avait jamais été séparé.

- C'est une bonne chose, non ?

 

Alestan entrouvrit les lèvres avant de les refermer, comme s'il redoutait la réponse qu'il voulait formuler. William fut légèrement surpris par ce comportement, pensant jusqu'ici que les retrouvailles avec Nëa était de loin la chose que le vagabond attendait le plus. Ce dernier se reprit, et le chevalier ne put deviner ce qui fit hésiter son ami quelques secondes plus tôt.

 

- Elle est la raison qui m'a maintenue en vie jusqu'ici. Confia-t-il avec gravité, comme si l'avouer était douloureux. J'ai fais des choses horribles pour avoir ne serait-ce qu'un indice sur son emplacement... J'ai torturé des gens pour ça Will. Alors pourquoi j'ai l'impression que le sang se fige dans mes veines quand je croise son regard ? Pourquoi je frissonne quand sa peau touche la mienne ?

 

L'air sembla brusquement se rafraîchir, et le regard torturé d'Alestan fit comprendre à William que le vagabond était incapable de ressentir de la joie. Cette incapacité était telle qu'elle parvenait même à angoisser son ami, habituellement imperturbable. C'est alors que le chevalier trouva l'explication à ce comportement irrationnel, une chose qu'Alestan avait oublié depuis si longtemps qu'il ne savait plus comment réagir face à l'émotion qu'elle provoquait. L'atmosphère s'adoucit, et William passa son bras musclé autour des épaules du vagabond pour le rapprocher de lui.

 

- C'est parce que tu l'aimes mon vieux.

 

Alestan écarquilla les yeux, l'oeil argenté brillant comme la lune dans le ciel et l'autre à moitié dissimulé sous la chair enflée. Il sembla à cet instant comme un enfant aux yeux du chevalier, un garçon qui venait de découvrir une chose infiniment précieuse, dont il avait toujours entendu parlé sans jamais en saisir pleinement le sens. Il esquissa un sourire en repoussant amicalement William, levant son regard vers les constellations comme s'il les contemplait pour la première fois.

 

- C'est donc ça. Murmura-t-il. Je crois que je comprends pourquoi les gens en font tout un plat.

- De quoi qui fait tout un plat ?

 

Ils sursautèrent pour découvrir Nëa dans une longue robe noire, celle-ci enlaçant étroitement ses courbes généreuses pour leur offrir une vision enchanteresse, si proche de la perfection que leurs expressions incrédules provoquèrent le rire de la jeune femme. Sa chevelure dorée avait été rehaussé pour dégager sa nuque, et William s'attendit à la voir briller de mille feux, telle une étoile prête à regagner les cieux.

 

- Le poulet. Lâcha subitement Alestan, hors de propos.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Le taquina-t-elle.

- Je comprend pourquoi les gens font tout un plat du poulet. Se rattrapa-t-il. Je veux dire... Bien cuisiné c'est un délice. Un peu comme toi.

- Tu veux dire que je ressemble à un poulet ? Tenta de comprendre Nëa en haussant un sourcil.

- Bien sûr que non ! S'offusqua le vagabond. On parlait de nos plats préférés avant que tu arrives, et pour rebondir je voulais dire que comme un plat bien cuisiné, tu es délicieuse dans cette robe.

- Donc j'ai l'air d'un poulet, mais bien cuisiné. Comprit-elle avant de se tourner pour interpeller Loreleï et Caëlis. Les filles ! Alestan trouve que je ressemble à une volaille rôtie dans ma robe !

 

William fut prit d'un fou rire si violent qu'il faillit s'étouffer, les larmes aux yeux. Sa crise se stoppa nette lorsque Caëlis fit son apparition, un ensemble assorti à ses yeux dont la jupe révélait ses longues jambes à la peau de pêche. Ses cheveux aux teintes de fleurs de cerisiers retombaient en boucle sur ses épaules nues, laissant le chevalier pantois d'admiration face à tant de grâce. Les deux hommes furent finalement comblés avec l'arrivé de Loreleï et sa robe aux couleurs de l'océan, cette dernière dévoilant l'intégralité de son dos et une grande partie de sa poitrine plantureuse, leur donnant l'impression de faire face à une sirène des îles enchantées. Alestan s'avança pour tendre les deux mains vers les seins de Nëa et Loreleï, les palpant sous le regard outré de Caëlis avant de s'adresser à William.

 

- Ce n'est pas un mirage. Déclara-t-il.

 

Sa remarque fut suivit par la gifle de Nëa, qui précéda celle de la princesse, celle-ci agissant à la place de Loreleï, trop timide pour le faire elle-même. Le vagabond lâcha sa prise pour se frotter les joues.

 

- Je confirme, c'est bien réel.

 

Ils retournèrent à l'intérieur pour ouvrir de nouvelles bouteilles, et Nëa pardonna rapidement le comportement d'Alestan pour s'endormir sur ses genoux. William endossa le rôle du paternel pour ordonner à tout le monde de se coucher, rappelant la mission qui les attendait le lendemain, voir même dans quelques heures pour lui et le vagabond. Ils se répartirent ainsi dans les deux chambres et le salon, les deux hommes ayant hérité des deux canapés par galanterie. William eût la désagréable impression d'avoir à peine fermé les yeux lorsque Alestan le réveilla au milieu de la nuit.

 

- C'est l'heure. Attends moi près de la porte du Cygne avec Lawi et Iyo.

- Avec qui ? Marmonna-t-il.

- Les deux chevaux. Lui rappela le vagabond en accrochant Kusanagi à sa ceinture. J'ai déjà prévenu les filles donc pars dès que tu es prêt, je serais rapide.

- Ne te fais pas repérer surtout. L'avertit William.

- Pour qui tu me prends ? Un novice ?

 

Alestan quitta l'appartement pour procéder à l'enlèvement du frère du roi, et le chevalier s'empressa de revêtir son armure avant de partir à son tour vers les écuries du palais. Ensommeillé, il ne remarqua pas tout de suite la sentinelle qui gardait les lieux et qui s'empressa de l'interroger sur la raison de sa présence. Pour toute réponse William l'assomma, espérant que le choc soit assez violent pour lui faire perdre la mémoire. Bien qu'il n'ait pas eût l'occasion de le constater, le chevalier lui avait fracturé le crâne sans s'en rendre compte. Il chercha ensuite les montures avec lesquelles ils avaient voyagé, trouvant Iyo dans un premier temps, son étalon blanc, pour finalement tomber sur Lawi, la jument à la robe grise de Caëlis et Loreleï. William trouva une veste à capuche qu'il enfila pour dissimuler son visage, tirant les chevaux à travers les rues de Dürkador jusqu'à atteindre la gigantesque porte du Cygne. Ses traits se décomposèrent en la découvrant close, un détail qu'ils n'avaient pas évoqué lors de l'élaboration de leur stratégie. William jura, scrutant les remparts pour tenter de trouver le mécanisme d'ouverture.

 

- Qui va là ?

 

Quatre gardes en armures étincelantes l'observaient sur le chemin de ronde de la muraille, deux d'entre eux pointant leur arme à feu dans sa direction. Le chevalier n'y prêta pas attention, découvrant derrière l'imposante sculpture du Cygne une roue permettant d'ouvrir les portes de la ville.

 

- Déclinez votre identité ! Ajouta l'un soldat sur un ton menaçant.

- Restez où vous êtes. Rétorqua calmement William. J'arrive.

- Ne bougez pas !

 

Alors qu'il s'apprêtait à ignorer l'ordre pour les rejoindre, des cloches résonnèrent dans la cité, se répercutant dans les rues pour en déclencher de nouvelles, à chaque fois plus proche de sa position. William jeta un oeil derrière lui pour observer les lumières des bâtiments diffuser leur éclat bleuté, percevant les tintements métalliques d'une foule en mouvement gagner en intensité, suivit de cris brisant le silence de la nuit.

 

- L'alerte !

 

La sentinelle dévoila l'origine de tout ce vacarme à William, dont le mauvais pressentiment se confirma en voyant Alestan déboucher en toute hâte d'un carrefour, le frère du roi sur l'épaule. Les foyers s'éclairèrent pour laisser apparaître leurs habitants aux fenêtres, et se fut au tour d'une multitude de soldats d'apparaître dans l'avenue pour s'élancer à la suite du vagabond. William aurait dû s'en douter, la discrétion n'avait jamais été le point fort d'Alestan. Il s'empressa de grimper les marches qui menait au mécanisme de la porte, projetant un premier garde dans le vide pour saisir le poignet d'un autre, déviant son tir dans les airs. Le chevalier l'utilisa comme bouclier lorsque retentit une nouvelle détonation, le projetant ensuite sur le tireur pour les charger de tout son poids. William devina  leurs os se briser contre l'une des pattes du cygne, stoppant de justesse l'estocade du garde restant à l'aide de sa main écailleuse. Ses doigts se ressérèrent sur l'acier pour briser la lame, avant de rencontrer le visage abasourdis du malheureux qui s'écroula lourdement sur les remparts. Alestan approchait des portes tandis que la distance avec ses poursuivants s'amenuisait dangereusement, et le temps que William comprenne comment actionner la roue, son ami se trouva encerclé autour de leurs montures.

 

- Lâchez le prince ! Scandèrent les guerriers de Dürkador.

- Quel prince ? Leur retourna-t-il.

 

Alors qu'Alestan tentait de gagner du temps, William gonfla ses muscles pour entrouvrir les deux battants de la porte, suffisamment pour permettre à un cheval de s'y glisser. Dans la confusion qui suivit, il dégaina son sabre avant de prendre son élan, s'élançant dans un cri du haut de la muraille pour amortir sa chute au milieu des soldats. Les flammes de Berham s'échappèrent de la lame écarlate dans les airs, et le chaos dispersa les rangs adverses lorsqu'un torrent de feu se répandit au hasard autour du chevalier.

 

- Will !

 

Sur la selle de Lawi, Alestan tenait le corps inconscient du prince Aïda devant lui, prêt à s'enfuir de la cité. William rengaina son sabre pour s'élancer sur Iyo, et les deux compagnons se glissèrent par l'ouverture de la porte pour galoper le long de la route du Nord, bifurquant vers l'Ouest après plus centaines de mètres afin de couper à travers les plaines. Ils chevauchèrent ainsi un temps indéfinis avant de ralentir, et William s'autorisa un soupir de soulagement.

 

- On s'en sort plutôt bien jusque là. Se félicita Alestan.

- Plutôt bien ? La ville entière doit être en train de nous traquer à l'heure qu'il est. Qu'est-ce que tu as fichu ?

- Elle s'est mise à crier dès l'instant où j'ai mis un pied dans sa chambre. Se défendit-il. Le temps que je l’assomme les sentinelles m'attendaient déjà.

- C'est un mec. Le corrigea William. Enfin... On a plus qu'à attendre Nëa maintenant.

 

Ils reprirent leur chemin vers Svarog sous les premières lueurs de l'aube, conscient qu'ils venaient de commettre un crime impardonnable envers le royaume d'Albieros. La suite de leur plan dépendait désormais de la réaction du prince Aïda face aux méthodes de production du Mercure, si les hypothèses de Nëa se confirmaient, ainsi que de la rencontre entre Caëlis et Reis Wigbold, dont l'aide s'avérait inestimable après leurs actions contre le roi Östen.

 

 

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Un chapitre fort fort agréable :).

 

Ce chapitre ci fait office de transition et de calme pour finir sur la naissance d'un grand problème.

 

William démontre à quel point il aime Cae et j'ai vraiment bien aimé la discussion entre les deux amis surtout avec la venue des filles bien habillé, une touche d'humour et de petits moments qui sont toujours aussi intéressant.

 

Leur nouveau plan est bien réfléchi cependant tout se jouera sur la connaissance ou non du frère du Roi sur la filière humaine.

 

Bref j'attends la suite qui promet des rebondissements.

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  • 2 weeks later...

 

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LE CHAT ERRANT

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Une sonnerie grave et régulière tira Caëlis hors de son sommeil,  ses yeux d'émeraudes s'ouvrant lentement dans l'obscurité. Allongée aux côtés de Loreleï, qui s'était déjà redressée, la princesse devina sans mal l'origine du son des cloches, répercuté aux quatre coins de la ville.

 

- L'alarme...

 

La disparition du prince Aïda n'était pas passé inaperçu. Caëlis tira les draps en soie qui la recouvraient, s'installant en tailleur avant de faire craquer les articulations de ses doigts. La porte de la chambre s'entrouvrit, laissant apparaître une chevelure dorée. Sa cape noire sur les épaules, Nëa avait revêtu une tunique blanche de guerrière et semblait sur le point de sortir.

 

- Il est incapable de faire quelque chose discrètement... Soupira-t-elle, avant de leur adresser un sourire. Soyez prudentes les filles.

 

Elle s’éclipsa avant que Caëlis n'ait pu lui répondre, rejoignant la garde du palais afin de poursuivre William et Alestan, ce dernier étant désormais l'homme le plus recherché d'Albieros. La princesse avait entendu dire qu'il possédait également une prime faramineuse à Daëdra et Ademar, pouvant ainsi prétendre au titre de fugitif numéro un d'Alesta. Et dire qu'elle s'était laissée séduire par un tel phénomène. Bien que le soleil ne se levait pas avant quelques heures, Caëlis et Loreleï se changèrent pour grignoter dans le salon, ce dernier laissé dans le même état que la veille. Elles s'occupèrent en rangeant le désordre des bouteilles vides, assiettes sales et autres robes traînant sur le sol. Le vacarme des cloches cessa peu avant l'aube, et la princesse sentit un poid lui peser sur l'estomac, de moins en moins optimiste quand à la réussite de leur plan. Ils auraient dû se préparer plus soigneusement, et Caëlis commençait à regretter d'avoir donné aussi facilement son accord. Malgré l'engouement de ses compagnons, elle savait que le choix le plus judicieux aurait été d'épouser Östen. Avait-elle commis une erreur ? Que diraient ses ancêtres en la voyant miser l'avenir de son royaume sur une stratégie aussi hasardeuse ? Que dirait son père ?

 

" Les conséquences de ce que l'on ne fait pas sont les plus graves. "

 

La voix réconfortante d'Abelion Maponos allégea le cœur de Caëlis, murmure d'un souvenir lointain et embrumé, que la princesse chérissait précieusement. Lorsqu'elle fermait les paupières et qu'elle se concentrait, elle pouvait revoir son père la tenir dans ses bras, lui faire la lecture avant de dormir, la gronder après qu'elle ait fait une bêtise, puis l'embrasser la seconde suivante pour se faire pardonner. Il lui arrivait également de se remémorer le jour où un petit garçon enfonça un poignard dans le cœur de son père. Les cris, les larmes de sa mère et les siennes, un sentiment de désespoir qui se passait de mots. Lorsque Caëlis se trouva face à William pour la première fois, sa haine glissa sur elle comme les larmes sur le visage du jeune meurtrier. Il s'était agenouillé, sa main monstrueuse cramponnée sur une pièce d'or, jurant de la protéger jusqu'à sa mort. La princesse songea à plusieurs reprises de se venger, mais plus les mois passaient, et plus elle réalisait à quel point le coeur du garçon était pur et généreux. Caëlis avait comprit que la gentillesse et le dévouement de William n'étaient pas le fruit du remord, mais de sa nature respectueuse et attentionnée. Elle avait perdu un père, mais en échange, elle avait gagné un frère. Son chevalier. Les premières lueurs du jour perçaient à travers les vitres du balcon, inondant le salon de lumière. La main de Loreleï se posa délicatement sur l'épaule de Caëlis, la tirant hors de ses pensées. La légère inquiétude de son amie lui indiqua que son anxiété pouvait se lire sur son visage, la poussant à se reprendre.

 

- Nous allons partir d'ici avec des renforts, souffla-t-elle, tous ensemble.

 

Loreleï étira ses lèvres, lui indiquant par quelques signes que son ancien maître allait certainement les aider. Nëa avait fixé un rendez-vous avec le corsaire à la taverne du Chat Errant, dans le quartier du vieux port. Caëlis craignait que le roi Östen cherche à la revoir après la disparition du prince, l'enlèvement pouvant lui être attribué à juste titre. Nëa lui avait cependant assuré qu'elle mentait suffisamment bien pour faire croire au souverain que William l'accompagnait dans sa traque, écartant ainsi la princesse et son chevalier de leur implication dans l'affaire. Caëlis était certaine que leur guide ne les trahirait pas pour Östen, mais quelque chose l'empêchait de lui faire totalement confiance. Malgré tout, la princesse commençait à apprécier la compagnie de Nëa, allant même jusqu'à envier son caractère indomptable. Lorsqu'elle en parla à Loreleï, cette dernière semblait partager son avis jusqu'à ce qu'elle évoque Alestan, en barrant son œil avec l'index, la désignant ensuite pour former un cœur avec ses mains. Caëlis sentit ses joues s'embraser, terrifiée à l'idée que ses sentiments se devinent aussi facilement.

 

- Comment tu... Arrête ça !

 

Loreleï passa les doigts dans sa chevelure tigrée, imitant à la perfection les mimiques du vagabond en lui adressant un clin d'oeil lourd de sens. Souhaitant paraître en colère dans un premier temps, Caëlis finit par glousser, entraînant sans s'en rendre compte la discussion vers les garçons qu'elles avaient fréquenté. Malgré son mutisme, Loreleï savait parfaitement se faire comprendre aux yeux de la princesse. L'heure de l'entrevue avec Reis Wigbold arriva sans qu'elles ne s'en aperçoivent, et les deux femmes se dissimulèrent sous des châles pour s'éloigner discrètement du palais. La tâche ne se révéla pas aisé en raison du nombre impressionnant de soldats qui patrouillaient près du Diôm Dorea, mais les deux amies finirent par rejoindre les rues dynamiques de Dûrkador sans rencontrer de difficulté. Caëlis se laissa guider par Loreleï à travers la cité, les coupoles d'argent se faisant rare à mesure qu'elles approchaient de la mer. Bien que la ville semblait délivrée de toutes traces de pauvreté, le quartier du Vieux Port se démarquait par son aspect ancien et négligé. Alors que les lumières bleutées s'allumaient dans la plupart des avenues, les cristaux du coin avaient été remplacé par des chandelles et des torches, accentuant les ombres des ruelles à la nuit tombée. Beaucoup moins animé que le centre de Dûrkador, le Vieux Port en devenait presque inquiétant, en particulier lorsque les deux jeunes femmes croisèrent un groupe de marins armés jusqu'aux dents, qui se rendaient à l'aéroplace des perces-nuages. Ces derniers décollaient régulièrement dans un bruit assourdissant, passant parfois si près du quartier que les vitres des maisons semblaient sur le point de se briser. Loreleï se trompa de route à plusieurs reprises dans le dédales des allées de plus en plus étroites, forçant Caëlis à demander son chemin à un curieux commerçant, qui exposait des objets précieux à l'origine douteuse.

 

- Vous cherchez l'Chat mes minettes ? Continuez au Sud jusqu'aux quais, l'voiles du Maradeur sont d'vant.

 

Elles refusèrent poliment d'essayer les boucles d'oreilles qu'il tentait de leur vendre pour reprendre leur trajet jusqu'à la taverne, empruntant un passage à la forte odeur d'urine avant de marcher devant des boutiques toutes plus étranges les unes que les autres. Une en particulier attira l'attention de Caëlis, qui ne put détacher son regard des squelettes d'espèces inconnues qui trônaient derrière la vitrine. Certains noms sur les écriteaux évoquaient des créatures légendaires, comme le Baku de Nakatsu ou encore l'Eale des Montagnes Boréales. La princesse lisait une pancarte indiquant la présence d'un " Qilin à l'arrière boutique (véritable) " lorsque Loreleï la pressa de continuer. Elles débouchèrent finalement sur les quais du Vieux Port pour faire face à un nombre impressionnant de navires amarrés le long de la jetée. Bien que le lieu avait perdu de sa notoriété depuis l’essor des perces-nuages, certains édifices gardaient leur majesté d'antan, tel le phare de Dûkardor, qui s'élevait encore plus haut que le palais royale, avec son dôme de bronze surplombé d'un cygne en or.

 

- Le vendeur a parlé du Maraudeur. Murmura Caëlis, comme si elle avait peur d'être entendu. Tu penses qu'il pourrait s'agir du navire de notre homme ?

 

Loreleï acquiesça avant de l'inviter à parcourir les différents bars et auberges qui longeaient les quais. Arrivée devant une frégate à trois mâts, elle lui indiqua qu'il s'agissait du bateau qu'elles recherchaient. La coque usée et fissurée par endroit témoignait des nombreux périples que le vaisseau avait accomplit, et bien que ses voiles sombres étaient repliée, le crâne de félin qui apparaissait sur les drapeaux noirs du Maraudeur ne laissaient aucun doute quand à la véritable nature du corsaire. Près du navire, des rires et des violons résonnaient derrières les murs d'une vieille bâtisse en pierre. Caëlis sût qu'elles étaient arrivé à destination en détaillant l'enseigne de la taverne, un matou courbé aux poils hérissés.

 

- Le Chat Errant... Lut la princesse à haute voix. Je me demande si Nëa fréquente ce genre d'endroit.

 

Elles furent accueillit par un épais nuage de fumée et une forte odeur d'alcool, suffisante pour faire leur tourner la tête. La salle principale était noir de monde, si serré les uns contre les autres que l'atmosphère aurait put être étouffante sans la bonne humeur qui y régnait. L'ambiance rappelait celle du Repaire des Noctambules à Nera, avec en plus la sueur côtoyant le tabac, et la friture qui sortait par panier du bar, consommée allègrement par la clientèle éméchée. L'entrée de Caëlis et Loreleï fut à peine remarqué, la plupart des hommes étant occupés à jouer aux cartes ou aux dés, les autres en compagnie des filles de joies et des serveuses, qui animaient la soirée en dansant sur la musique effrénée d'un groupe itinérant. Les deux jeunes femmes se dirigèrent vers le comptoir, attendant patiemment que le gérant au crâne dégarni termine d'essuyer sa vaisselle avant de leur prêter attention. Ce dernier se retourna pour les dévisager, révélant une barbe broussailleuse tandis qu'il replaçait l'objet qu'il nettoyait dans son orbite vide. Caëlis déglutit en observant l’œil de verre se glisser dans l'orifice, haussant le ton pour se faire entendre au milieu de la foule.

 

- Bonsoir, je cherche un homme au nom de Reis Wigbold.

- Quoi ? Brailla le tavernier, sourd d'oreille.

- Reis Wigbold ! Répéta-t-elle en articulant chaque syllabe. Nous avions fixé un rendez-vous dans votre établissement.

- Nous quoi ?

- JE DOIS VOIR REIS WIGBOLD !

- Fallait l'dire tout'suite mam'zelle. L'chat dans l'fond là-bas.

 

Caëlis ôta le châle de ses cheveux d’églantine pour se rendre à l'endroit indiqué par le borgne, se frayant un passage avec Loreleï parmi les ivrognes et les bandits de la taverne. Installé dans un coin, seul autour de sa table ronde, un homme faisait face à sa pinte, son regard dissimulé sous les bords de son chapeau de corsaire. Son immobilité avait quelque chose d'étrange au milieu de toute l'agitation, mais sa cape de l'armée d'Albieros, qui couvrait ses vêtements rafistolés et agrémentés d'accessoires provenant des quatre coins du monde, ne laissait aucun doute quand à son identité. Sa barbe grisonnante dissimulant des cicatrices de guerre, une moustache élégante affirmant son statut de capitaine, Reis Wigbold ne bougea pas d'un cil lorsque Caëlis et Loreleï se présentèrent devant lui. Après un court silence passablement gênant, la princesse décida d'engager la conversation.

 

- Je suis...

- Je sais qui vous êtes.

 

La voix grave qui venait de l'interrompre ne provenait pas de l'homme lui faisant face. Quelque chose clochait. Caëlis en était désormais persuadée. Loreleï semblait tout aussi perplexe, fixant les lèvres closes du pirate bien qu'il s'exprima à nouveau.

 

- Nëa m'a déjà exposé les grandes lignes. Installez-vous.

 

Elles demeurèrent immobiles, incapable d’obéir à une voix sans en connaître l'origine. L'homme saisit maladroitement sa pinte pour la lever au niveau du menton, déversant la moitié de son contenu sur ses vêtements sans en boire une seule goutte.

 

- Bordel ! Jura brusquement leur interlocuteur.

 

Caëlis avait vu des choses étonnantes au cours de sa jeune vie, que ce soit dans les souterrains du palais d'Abal ö Bhel ou les forêts mystérieuses d'Elnath. Tout comme son peuple, elle croyait aux fées et à la magie, des créatures mythiques jusqu’aux monstres de l'ancien monde, mais jamais elle n'aurait imaginé avoir un jour une discussion avec un chat, comme celui au pelage noir qui sauta des genoux du corsaire pour se lécher les pattes sur la table de la taverne. Un petit foulard autour de son cou arborait l’emblème du Maraudeur, et la princesse sursauta lorsque le félin interrompit sa toilette pour lever son museau vers Loreleï.

 

- Lili ! S'exclama-t-il. Ma petite Lili !

 

Il bondit pour se frotter contre les jambes de Loreleï, cette dernière encore sous le choc de voir son ancien instructeur transformé en animal domestique. Voyant son amie prête à donner un coup de pied, Caëlis rassembla ses esprits pour pouvoir prononcer une phrase cohérente.

 

- Excusez-moi... Mais qui êtes-vous ?

 

Le chat sauta à nouveau sur la table pour s'assoir devant le pirate, ronronnant de plaisir après avoir montrer son affection à Loreleï.

 

- Reis Wigbold.

- Et lui ? Rétorqua-t-elle en désignant la silhouette au grand chapeau.

- Mon autre moi.

- Je ne comprend pas. Avoua Caëlis d'une petite voix.

- C'est une longue histoire... Fit le félin sur un ton ennuyé. Pour faire court, je reviens d'une expédition à l'Ouest de l'Ile des Larmes. Nous avons eût quelques ennuis avec des sirènes, et l'une d'elle a permuté mon âme avec Skvader.

- Avec quoi ?

- Skvader. L'éclaira-t-il. La mascotte du Maraudeur.

 

Caëlis ne savait pas si elle devait rire ou se mettre en colère. Il s'agissait de l'une des histoires les plus extravagantes qu'elle eût l'occasion d'entendre, se demandant quel genre de pirate pouvait emmener un chat en expédition au milieu de l'océan, rencontrer des êtres légendaires, et finir transformé en boule de poil.

 

- Pourquoi une sirène vous aurait fait une chose pareil ? L'interrogea Caëlis, curieuse et méfiante.

- J'en ai peut-être offensé une ou deux. Révéla Reis après avoir fait ses griffes sur la table. Ce sont des créatures insaisissables, aguicheuses et trompeuses. Tous ceux qui croisent des sirènes n'en ressortent pas indemne, Lili peut en témoigner.

 

Caëlis se tourna vers Loreleï, qui pointa un doigt vers ses cordes vocales. La princesse n'avait jamais réfléchit au mutisme de son amie, mais de là à imaginer qu'une sirène en était la cause, personne n'aurait été en mesure de le deviner. William n'allait pas en croire ses oreilles à son retour, lui qui redevenait un enfant dès qu'une personne évoquait les peuples féeriques.

 

- Elle n'était qu'une gamine lorsque je l'ai trouvé sur les rivages d'Argos. Développa Reis le chat. J'imagine que le navire sur lequel elle se trouvait a coulé, et que des sirènes l'ont sauvé en échange de sa voix. Ces morues aux seins nues ne sont pas du genre charitable.

- Et du coup... Réfléchit Caëlis, l'âme de votre chat est dans votre vrai corps ?

- Aucune idée. Lâcha sombrement le corsaire. Je peux encore contrôler mon enveloppe quand je suis à proximité, mais il arrive parfois que mon corps agisse bizarrement. Je me suis retrouvé en train de me purger avec de l'herbe pas plus tard qu'hier.

 

Partagée entre la surprise et la déception d'un allié aussi inattendu, Caëlis se mit à rire nerveusement. Bien que le panel d'expressions de Reis le chat était limité, il sembla vexé par son attitude et celle de Loreleï, qui faisait de son mieux pour ne pas se moquer ouvertement de son ancien instructeur. L'embarras de la situation fut balayé par l'arrivé d'une serveuse, qui déposa une coupole de lait sur leur table avant de caresser le petit corsaire.

 

- Vous attendez quoi pour vous assoir ? Leur lança-t-il avant de déguster son breuvage.

 

Elles se décidèrent à prendre place après avoir commandé deux verres d'hydromel, et Caëlis ne put s'empêcher d'exprimer ce que Loreleï et la serveuse pensaient tout bas.

 

- Trop mignon.

- Répétez ça une fois que vous m'aurez vu cracher des boules de poils. Grinça Reis. Maintenant parlons affaires. J'ai cru comprendre que le roi vous a laissé une mauvaise impression ?

- Cet homme ne mérite pas de diriger un royaume.

 

D'un ton froid et calme, Caëlis rapporta en détail sa rencontre avec Östen avant d'exposer les raisons l'ayant poussé à venir former une alliance avec Albieros. Elle débuta par les tensions entre Elnath et Ademar, puis de l'arrivé des mercenaires qui s'en prenaient aux villages des frontières. Elle décrivit la façon dont Daëdra s'immisça dans le conflit, usant du traité de libre échange rejeté par sa mère afin de justifier une vague d'attaques ayant coûté la vie à de nombreux soldats et tout autant de citoyens. Une flamme brûlait dans les yeux de Caëlis tandis qu'elle rapportait les raisons de cette guerre inutile, fruit d'un complot odieux contre son peuple. Arriva alors la décision de former une alliance avec le royaume du Nord, mission qu'elle décida d'honoré avec l'aide de son chevalier et de leur meilleur ami. Elle décrivit sa rencontre avec Royngär et Loreleï, leur départ et la trahison de l'un des généraux d'Elnath, qui coûta la vie au pilote de l'Hansa, pour terminer par leur voyage jusqu'à Dûrkador en compagnie de Nëa. Dans le silence qui suivit son récit, Reis Wigbold fut forcé d'admettre la prestance de la princesse, dont la volonté inébranlable en faisait une digne héritière de la lignée des Maponos.

 

- Roy... Souffla-t-il, les oreilles affaissées sur son crâne. C'est une terrible perte pour tous les navigateurs d'Alesta. Que la peste emporte Arthmar.

- Pouvez-vous nous aider capitaine ?

 

Caëlis décida d'être franche et directe, ne souhaitant pas se perdre dans des négociations au milieu d'une taverne sale et bruyante. Reis semblait du même avis, bien que son état l'empêchait d'être utile au milieu d'une bataille. Elle lui présenta le plan élaboré dans l'appartement de Nëa, incluant l'enlèvement du prince Aïda et du vol d'une partie de l'armada d'Albieros.

 

- Je me doutais bien que cette femme enquêtait sur le Mercure. Devina sans mal le corsaire. Elle a tendance à manipuler ceux qui l'entourent pour parvenir à ses fins... Enfin, même sans ça, on ne peut rien lui refuser.

 

Reis étira ses pattes en avant, courbant son dos pour se rapprocher de Caëlis, son regard jaune de félin plongeant dans le sien.

 

- Ce plan est une idiotie sans nom. Dit-il sèchement. Tout comme l'idée d'une alliance avec Östen. Le traitre dont vous m'avez parlé à simplement trouvé un moyen d'éloigner deux guerriers potentiellement dangereux de la bataille qui s'annonce. Si vous refusez d'épouser le roi, votre situation est sans espoir.

 

Les mots étaient dur et leur vérité cruelle. Caëlis regretta d'avoir espéré trouver de l'aide dans un lieu aussi sordide, mais ce n'était rien comparé au chagrin de savoir son royaume condamné si elle n'acceptait pas la proposition d'Östen.

 

- Néanmoins, c'est une raison suffisante pour que je sois à vos côtés. Termina Reis. En échange d'un peu d'or et de gloire, je pourrais convaincre suffisamment de canailles pour nous aider à s'emparer d'une dizaine de perces-nuages. Je peux obtenir le double si mes anciennes connaissances de l'armée sont toujours aussi remontés contre le roi.

 

Un élan de reconnaissance réchauffa agréablement le cœur de Caëlis, qui étira ses lèvres en voyant Loreleï gratter les oreilles du chat corsaire, se dernier ronronnant de plaisir tout en essayant de garder une attitude digne.

 

- Merci capitaine. Je vous nommerais général d'Elnath si nous sortons victorieux de cette épreuve. Promit-elle.

- J'en suis honoré, mais je préfère la proposition que vous m'avez transmise afin que j'accepte de devenir votre allié.

- La proposition ? Répéta Caëlis, légèrement refroidit.

- Ce que Nëa m'a dit hier. Développa Reis, comme si tout était déjà réglé. Votre royaume possède un élixir capable de me rendre mon apparence.

 

Caëlis avait l'impression d'avoir reçu un seau de glace sur la tête, maudissant intérieurement Nëa et son mensonge éhonté, qui avait cependant convaincu leur homme. A sa connaissance, Elnath ne détenait aucun remède contre les malédictions des sirènes, mais la princesse ne souhaitait pas perdre sa seule et unique chance de rejoindre sa mère avec des renforts.

 

- Ah oui ! S'exclama-t-elle un peu trop brusquement. Oui l'élixir... Celui que nous gardons dans la salle secrète d'Abal ö Bhel.

 

Caëlis n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle racontait, et elle évita le regard perçant de Loreleï qui pesait sur sa conscience. Le mieux était de changer rapidement le sujet de conversation, qu'elle comptait aborder dès le retour de Nëa.

 

- Vous pensez que les gens vous suivront ? Je veux dire... Dans votre situation.

- J'aime à penser qu'ils préfèreront écouter un chat plutôt que suivre un porc.

 

Reis leur assura que l'équipage du Maradeur était prêt à le suivre jusqu'au royaume des morts, et qu'ils connaissaient d'autres marins digne de confiance, la plupart étant d'anciens membres de l'armée d'Albieros ayant perdu leur statut après avoir contredit Östen. Avec son passé de général, il gardait également quelques contacts parmi les hauts gradés de l'armada du Cygne, dont certains leur permettraient d'entrer dans l'aéroplace sans rencontrer de résistance.

 

- On ne dirait pas comme ça, mais j'étais une légende vivante dans l'armée d'Önund. Étoffa-t-il avec fierté.

 

Caëlis se dit qu'un pilote aussi célèbre ne pouvait pas tomber plus bas après avoir été changé en chat. Cela n'empêchait pas Reis de garder son aplomb de capitaine, bien qu'il devait être beaucoup plus impressionnant avec son ancienne apparence. Le corps du corsaire émergea de sa torpeur pour se lécher distraitement la main, aussitôt stoppé par son propriétaire qui grimpa le long du bras pour se perché sur le chapeau. La vision était singulièrement comique, mais Caëlis éprouvait trop de gratitude envers Reis Wigbold pour oser se moquer de lui.

 

- Que puis-je faire pour vous aider ? Demanda-t-elle d'une voix pressante, prête à débuter l'opération dès la fin de leur discussion.

- Gardez les yeux du roi rivés sur vous pendant deux jours. Le matin du troisième jour, nous embarquerons pour Lugnasad.

 

Ils terminèrent leur boisson avant de sceller définitivement leur alliance, puis après que Reis conta ses aventures à Loreleï depuis leur dernière séparation, les deux jeunes femmes prirent congé du corsaire pour rejoindre l'appartement de Nëa. Sur le trajet Caëlis partagea ses impressions du capitaine à son amie, encore déstabilisée par son apparence unique. Les réactions de William et Alestan risquaient de valoir leur pesant d'or en apprenant que leur atout était un chat. Elles laissèrent la taverne et le Vieux Port derrière elles, remontant les rues calmes de Dûrkador jusqu'à atteinte les vastes jardins du palais royale. La tour des Gémeaux était à porté de vue lorsqu'un groupe de sentinelles les encercla, leur chef interpellant Caëlis sur un ton menaçant.

 

- Princesse Caëlis, le seigneur Östen souhaite s'entretenir avec vous.

 

Caëlis comprit qu'il ne s'agissait pas d'une demande mais d'un ordre, et le fait que les soldats gardaient une main sur leurs armes dissuada la princesse de s'y opposer.

 

- A-t-il précisez l'objet de cet... Entretien ? Fit-elle avec sarcasme.

- Veuillez nous suivre je vous prie. Seule. Ajouta le garde en remarquant le regard glacial que lui jetait Loreleï.

- Je te rejoindrais plus tard. Lui promit Caëlis.

 

Le visage de son amie exprimait clairement son inquiétude, mais la princesse se doutait qu'une telle chose arriverait tôt ou tard. Sans parler de l'enlèvement de son frère, Östen avait mal prit sa décision de réfléchir à la proposition de mariage, et ce dernier souhaitait sans doute la convaincre à nouveau. Caëlis allait profiter de cette rencontre pour détourner l'attention du roi, bien qu'elle aurait préféré avoir Loreleï à ses côtés. Celle-ci l'observa être escorter par les sentinelles jusqu'au palais, avant de rebrousser chemin vers le Vieux Port. Les deux prochains jours allaient déterminer la réussite, ou bien l'échec, de leur mission, dont le fardeau reposait à fois sur les épaules des cinq compagnons, et celles d'un chat noir, l'étonnant capitaine Reis Wigbold.

 

 

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Un chapitre étonnant !

 

Le plan et tout s'enchaîne, Lorelei et Caelis sont les personnages centraux de ce chapitre. On les suit à travers les rues du vieux qui est décrit comme il le faut.

 

Tu as de nouveaux fait référence aux créatures légendaires via l'étrange magasin, peut être une aide plus tard provenant de cette boutique.

 

Mais ce qui fut plus étonnant dans ce chapitre est la rencontre avec le fameux capitaine qui se retrouve dans le corps d'un chat, tel le chat botté.

 

Je m'y attendais et c'est très bien  8). On a même la raison pour laquelle Lorelei a perdu sa voix tout s'explique et de plus, on apprend que les sirènes existent.

 

Bref l'alliance s'est établi cependant au prix d'un mensonge, reste à savoir comment ça finira.

 

J'attends la suite et ce qui attend Caelis.

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  • 5 weeks later...

Yo, Jimbox !

 

Alors, par où commencer... Je suis ton histoire depuis ses débuts, mais sans compte, il était difficile d'y poster un avis, ah, ah. Une chose révolue, désormais. Il y a vraiment beaucoup à dire sur tes quatre arcs. Tout d'abord, c'est parti pour les personnages. C'est du très bon ! Parlons d'Alestan, ce vagabond empli de mystère. Pour faire court, j'adore. Ton héros détient ce petit quelque chose qui le rend unique, je ne me lasse jamais de son attitude, ses répliques et de ses tics. Au début, j'arrivais même à me demander ce qu'il faisait dans l'histoire tellement je le trouvais complètement paumé. Cependant, plus l'histoire avance plus on découvre qu'il cache un terrible passé. C'est à la fin du premier arc qui m'a forgé un avis définitif sur le héros. Je voulais à tout prix savoir la suite et je n'ai pas été déçu.

 

Icare, Icare, Icare, mais quel personnage ! Ce grand manipulateur, intelligent, il utilise le cœur noir des Hommes avec une telle adresse. Ses raisons sont encore un peu floues, néanmoins j'ai hâte de connaître son passé qui risque d'être fort intéressant ! Icare est sûr de lui et j'ai envie de voir jusqu'où il pourra y aller. Bon, au final, je n'ai parlé que ceux qui provoqueront la fin du Cycle. Ce n'est pas plus mal parce que je crois que j'en aurais pas fini avec tous tes personnages ! Et, c'est ça que j'aime chez toi, aucun n'est négligé, même si d'autres sont plus mis en avant, c'est normal.

 

D'ailleurs, Masamune a dit : « l'un des deux provoquera la fin de notre Cycle, et encore aujourd'hui, j'ignore lequel. »

 

Je me pose donc une question. La fin du Cycle, est-ce quelque chose de mal ? Pour l'instant, je suis encore assez indécis sur la question. Quelque chose me dit que la clé de l'histoire se trouve dans la tête de ce bon vieux Masamune qui d'ailleurs ne semble pas très emballé par l'inévitable confrontation entre Al et Icare. Personnellement, j'ai hâte de voir leurs « retrouvailles » et les réactions de ce cher Alestan.

 

Un petit détail me chiffonne. Lors du premier chapitre du troisième arc, on apprend que Brawen, l'ancien possesseur Berham, est mort. Pourtant, il détient toujours son sabre. Tu ne nous as donné aucun détail sur sa mort, mais avec ce qu'on sait, le tueur aurait certainement pris le sabre avec lui, à moins que ce ne soit l'un des sept qui le tuèrent. Peut-être Icare ou bien Klein. Si j'ai raison, cela veut dire que dans la guerre à venir ce pauvre William ne pourra pas abattre l'un des deux, le moment venu. Ce n'est vraiment pas impossible. Avec un type comme Icare en antagoniste, je préfère n'égarer aucune possibilité.

 

Concernant le dernier chapitre, je suis du même avis que Kyojin, sauf que contrairement à lui je ne m'attendais pas à le voir dans le corps d'un chat !

 

Au final, l'alliance fut facilement établie, mais à quel prix ? Neä a mis Caëlis dans une mauvaise situation. Je me demande ce qu'en pensera le capitaine lorsqu'il l'apprendra.

 

Le plus dur reste à venir pour la princesse avec le roi Östen qui désire s'entretenir avec. Les dés sont jetés, et chacun devra correctement jouer son rôle, le bon déroulement de cette guerre dont l'enjeu est énorme en dépens.

 

Ah, tu fais de bonne description, j'en suis bouche bée parfois. Bon, j'exagère un peu mes éloges, mais c'est pour montrer que tu t'en sors comme un chef.  ;D

Je ne suis encore qu'un débutant face aux histoires de cette section. J'ai encore beaucoup à apprendre. C'est pour ça que la lecture des fictions du coin m'a été nettement bénéfique.

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Merci Atsuki ! Ton commentaire me touche beaucoup et m'encourage à poursuivre l'aventure d'Alestan avec encore plus d'entrain  :)

 

Je suis heureux et soulagé de voir que mes personnages ont un impact sur le lecteur, surtout concernant Alestan, qui est le pilier de l'histoire malgré son caractère très "détaché". Pour être honnête il a rapidement échappé à mon contrôle pour filer à son propre tempo, et certaines de ses actions ont le don de m'étonner ! En effet son passé est jonché de drames, dont le point culminant est lié à Elya, la mère de Nëa, et par conséquent... Icare.

 

Icare qui maîtrise en effet à la perfection l'art de la manipulation, renforcé par le fragment de Zagan et sa capacité à deviner les désirs les plus secrets de ses semblables. Il est écœuré par la façon dont les hommes puissants dominent le destin des faibles, et de manière générale sa cause est philosophiquement "juste". A mon sens il est le personnage ayant la plus forte volonté, il a rejeté ses émotions pour se dévouer à son objectif, sacrifiant des vies innocentes au prix d'une guerre, jusqu'à arracher son propre cœur. Est-il réellement un antagoniste ? C'est au lecteur d'en décider. Car comme la phrase de Masamune que tu as cité : On ne sait pas encore qui, d'Icare ou Alestan, sera le réel déclencheur de la fin du Cycle. Alestan possède une part de ténèbres capable de l'engloutir.

 

Concernant les Cycles, on peut regarder notre propre histoire afin de voir comment ils se sont terminé la plupart du temps : La chute d'une Civilisation, une catastrophe naturelle, une découverte, etc... Ce n'est pas toujours une mauvaise chose, mais généralement la transition entre deux cycles se fait dans la douleur. Certaines espèces n'y ont pas survécu.

 

 

Quelque chose me dit que la clé de l'histoire se trouve dans la tête de ce bon vieux Masamune...

 

En effet ^^ Il est le seul avec moi à savoir comment la Légende des Sept Sabres se terminera.

 

Concernant le détail qui te chiffonne, je suis impressionné que tu es pu lire les intentions d'Icare avec la mort par "empoisonnement" de Brawen ! Effectivement, William risque d'être confronté à un problème de taille dans les batailles à venir. Ne pas envisager toutes les possibilités avec un adversaire comme le Sénateur est synonyme de défaite.

 

En tout cas encore merci Atsuki ! En effet la meilleure façon d'écrire c'est de lire  :)

 

La suite de l'histoire arrivera dans les prochaines semaines, le plan du quatrième arc est organisé et approuvé dans mon esprit. Je souhaite terminé un projet musical avant de me plonger à nouveau dans l'univers d'Alestan, surtout qu'on vient de franchir le cap de la moitié du récit !

 

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  • 3 months later...

Oui j'ai fait commencé à dessiner l'histoire ! Le premier chapitre sera sur le site de la MFT en Février dans le cadre du projet " Mangas Français" avec une petite interview.

 

Il fera une vingtaine de pages et reprend les deux premiers chapitres de ce sujet.

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Oui j'ai fait commencé à dessiner l'histoire ! Le premier chapitre sera sur le site de la MFT en Février dans le cadre du projet " Mangas Français" avec une petite interview.

 

Il fera une vingtaine de pages et reprend les deux premiers chapitres de ce sujet.

 

Ah c'est super ça, j'ai hâte de voir tes premières planches, moi il me faudrait un dessinateur pour Last Heart ><. Bonne continuation !

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Oui j'ai fait commencé à dessiner l'histoire ! Le premier chapitre sera sur le site de la MFT en Février dans le cadre du projet " Mangas Français" avec une petite interview.

 

Il fera une vingtaine de pages et reprend les deux premiers chapitres de ce sujet.

 

cool bonne chance

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Hop, me revoilà ! Il y a trois jours, j'ai décidé de relire ton histoire, à la recherche d'indice que tu as soigneusement caché, car plusieurs questions me trottent la tête. Franchement, c'est toujours un plaisir de lire les aventures d'Alestan. Me replonger dans ton univers fut vraiment sympathique, et je n'hésiterais pas à le refaire s'il m'arriverait de manquer d'inspiration.

Le vagabond est un sacré comique, ses réactions/blagues m'ont toujours arraché un sourire, et parfois, il m'arrivait même de rire devant mon écran. Je comprends désormais pourquoi il a échappé à ton contrôle. Un personnage comme lui doit être amusant à écrire, je me trompe ? J'ai eu l'occasion d'écrire un personnage au style « détaché », et les répliques, ses actions, ses réactions, fusaient. Elles venaient presque d'elle-même.

 

Entrons dans le vif du sujet, je suis venu avec plusieurs hypothèses. La première, l'identité de la conscience dans Berham qui murmure aux oreilles du brave chevalier de Caëlis. Oui, je crois que c'est une personne bien précise qui s'adressa à William lorsqu'il utilise son sabre. Tu nous as expliqué que les sabres se nourrissent des âmes de leurs victimes, et que ces dernières les hantent lorsqu'ils relâchent leur vigilance. Puis, dans le troisième arc, on apprend que le fondateur du royaume d'Elnath fut le premier détenteur de la lame de feu pour plus tard apprendre dans l'arc suivant qu'il ôta la vie à Neriamar, un descendant des innommables.

 

Avec ces éléments, je crois que cette voix est la salamandre. Avoir l'âme d'un innommable ( voire plusieurs, car selon les légendes, Beli les chassait ) dans son sabre explique certainement comment il arrive à communiquer avec son porteur. Ce n'est pas n'importe qui. Enfin, après peut-être que n'importe quelle âme pourrait communiquer avec le porteur, mais pour l'instant, on a que ce cas de figure avec William et je crois que c'est volontaire de ta part.

 

Parlons du rêve commun des neuf qui est vraiment énigmatique. Les géants de pierre sont des innommables. Les guerriers avec des tigres à dent de sabre comme monture, des Jelaks. Je ne sais pas ce que veut dire cette partie là de la vision. Une bataille du passé ou bien celle à venir ? La montage inversée surplombant la bataille, Elaris. On constate que l'activation de l'arme qui sommeille dans les profondeurs de cette cité provoquera la fin de ce cycle comme le représente la grande vague engloutissant le monde.

 

La disparition d'Alesta est inévitable... Si on relit ton tout premier chapitre, on remarque cette triste vérité. Il ne reste que le pont d'Agashita comme souvenir du peuple d'Alesta. L'histoire trouvera sa conclusion au même endroit où elle démarra, tout comme lorsque Yin fit ses adieux à la lame ténébreuse sur le même pont, là où ils se rencontrèrent. Cette idée me plaît bien, c'est symbolique. Connaissant ton attrait pour les symboles, ça ne m'étonnerait pas !

 

J'aimerais aussi parler de la conclusion de la guerre à venir ( oui, oui, je sais, je vois loin ).

Je crois que peu importe le déroulement de cette guerre, rien ne contrariera les plans d'Icare dont le génie stratégique n'est plus à prouver.

 

En effet, je pense même que ça l'arrangerait de voir Elnath gagner en faisant tomber la tête d'Arthmar. Pourquoi ? C'est simple. Ses deux fils sont mort à cause d'Alestan. Il n'y a plus de descendance directe pouvant le succéder à sa mort, ce qui veut dire que le trône reviendrait à un membre de la famille. Qui est le plus apte à reprendre le royaume ? Nëa, bien sûr. Comme par hasard, la petite fille de Masamune reçut Serah de la main d'Icare pour s'assurer de son allégeance. Après, j'avoue que je ne vois pas encore clairement en quoi cela pourrait lui être utile, mais avoir un royaume de son côté, ce n'est pas rien.

 

Ce qui renforce ma théorie, c'est l'assurance d'Icare, surtout que personne ne semble savoir une chose importante. Ren pense que le sénateur possède trois sabres ( en comptant le sien ) et que sa prochaine cible est Berham. Sauf que j'ai réussi à lire dans son jeu et je sais qu'il le possède déjà, à l'insu du royaume d'Elnath qui ne se doute de rien, pensant qu'Ademar est derrière la mort du chevalier de la reine Yilda. Et si... La guerre fut déclenché spécialement pour que le roi d'Ademar laisse son trône ? Bon, j'avoue que je vais très loin, mais j'ai prévenu ! Je préfère n'égarer aucune possibilité avec lui.

 

En outre, il ne semble pas avoir hésité à retirer Daëdra du conflit, tout en s'assurant de la mort du créateur de son sabre, comme s'il savait que le vieux ne pouvait rester les bras croisés à attendre la mort. Si je devais comparer avec un mouvement d'échecs, je le ferai avec le coup du berger, aussi surnommé mat du berger, une technique qui consiste à mettre fin à la partie en protégeant un pion pour permettre l'échec et mat. En gros, le sénateur a déjà couvert ses arrières et cela pourrait bien signer la fin de la partie pour le maître. Toutefois, notre vieux fou n'est pas un débutant et a sûrement prévu quelque chose pour contrer/atténuer cette offensive, bien qu'il va y laisser sa reine, lui.

 

La haine entre les deux royaumes orchestrée par les soins de l’illusionniste à cause de la mort de Brawen et de la mort des deux fils d'Arthmar, la mort du roi Abelion. Il tire parfaitement les ficelles. C'en est... effrayant. Ma deuxième relecture m'a permis d'encore mieux cerner le personnage. Je vois mieux pourquoi il est le personnage ayant la plus forte volonté, et je crois que cette même volonté l'empêchera de tomber dans la folie comme le faux-dieu qui, je rappelle, avait de bonne intentions.

 

Alestan vit un rêve éveillé, et Icare se fera une joie de lui arracher la femme qui l'aime. Ce sera comme une punition pour lui avoir « volé » Kusanagi. Le contraire serait trop beau, ce qui à mes yeux renforce les faits énoncés plus haut.

 

D'ailleurs, parlons un peu du rôle d'Alestan dans l'histoire. Comme je l'ai déjà énoncé, son passé est très mystérieux et il me tarde d'en apprendre plus sur notre vagabond préféré. Je sens qu'on va bientôt en reparler, le mystère du mercure étant étroitement liée avec la mort des habitants du village d'Alestan. Ses origines m'intriguent beaucoup, surtout son œil argenté où se trouve sa cicatrice. Je vais peut-être un peu trop loin, mais se pourrait-il qu'Al ait du sang d'Argos en lui, voire être un descendant lointain du roi Azaël ? Ou peut-être avoir été maudit par son esprit ou je ne sais quoi ?

En plus, on sait que Masamune a bridé une partie de lui pour ralentir le processus. Quel processus ? À mon avis, c'est lié. Maintenant que j'y pense, l’œil d'argent représenterait sa partie bridée et l'autre représenterait son vrai « lui ». La part de ténèbres du vagabond semble être craint par le légendaire forgeron lui-même. En fait, peut-être qu'une rencontre avec Icare accélérait ce processus, et donc réveillera cette partie d'Al qui est celui pouvant provoquer la fin du cycle avec Icare. 

 

Malheureusement, ce dernier mourra à la fin de l'arc, et je suis sûr, en lâchant de vague réponse. Une bonne façon de garder les mystères bien au chaud, salaud.

 

Ah ! Je n'en peux plus !

 

Un petit chapitre pour la nouvelle année ?  ;D

 

Oui j'ai fait commencé à dessiner l'histoire ! Le premier chapitre sera sur le site de la MFT en Février dans le cadre du projet " Mangas Français" avec une petite interview.

 

Il fera une vingtaine de pages et reprend les deux premiers chapitres de ce sujet.

 

Très bonne nouvelle, vivement Février que je vois tout ça ! Je ne m'y attendais pas. Ça va être cool de pouvoir voir l'histoire d'Alestan avec ton coup de crayon. Dire que j'ai encore du chemin avant de commencer une planche.

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Je suis agréablement surpris ! Déjà très fier que tu es lu une nouvelle fois les aventures d'Alestan, et impressionné par tes déductions qui sont très pertinentes !

 

Je comprends désormais pourquoi il a échappé à ton contrôle. Un personnage comme lui doit être amusant à écrire, je me trompe ? J'ai eu l'occasion d'écrire un personnage au style « détaché », et les répliques, ses actions, ses réactions, fusaient. Elles venaient presque d'elle-même.

 

Et oui ! et c'est encore mieux quand on peut décrire le personnage de l'extérieur. Tu remarqueras que l'on est jamais dans la peau d'Alestan.

 

Avec ces éléments, je crois que cette voix est la salamandre. Avoir l'âme d'un innommable ( voire plusieurs, car selon les légendes, Beli les chassait ) dans son sabre explique certainement comment il arrive à communiquer avec son porteur. Ce n'est pas n'importe qui. Enfin, après peut-être que n'importe quelle âme pourrait communiquer avec le porteur, mais pour l'instant, on a que ce cas de figure avec William et je crois que c'est volontaire de ta part.

 

Tout à fait, tu as bien vu les indices =) Et son rôle sera plus que déterminant pour la suite, particulièrement dans les évènements actuels.

 

Parlons du rêve commun des neuf qui est vraiment énigmatique. Les géants de pierre sont des innommables. Les guerriers avec des tigres à dent de sabre comme monture, des Jelaks. Je ne sais pas ce que veut dire cette partie là de la vision. Une bataille du passé ou bien celle à venir ? La montage inversée surplombant la bataille, Elaris. On constate que l'activation de l'arme qui sommeille dans les profondeurs de cette cité provoquera la fin de ce cycle comme le représente la grande vague engloutissant le monde.

 

Alors les géants ne sont pas des Innommables, car ils ont été "crée" de toutes pièces. En fait on les a déjà vu, en sommeil. Mais pour le reste tu tapes dans le mille mon ami ! Impressionnant.

 

 

J'aimerais aussi parler de la conclusion de la guerre à venir ( oui, oui, je sais, je vois loin ).

Je crois que peu importe le déroulement de cette guerre, rien ne contrariera les plans d'Icare dont le génie stratégique n'est plus à prouver.

 

En effet, je pense même que ça l'arrangerait de voir Elnath gagner en faisant tomber la tête d'Arthmar. Pourquoi ? C'est simple. Ses deux fils sont mort à cause d'Alestan. Il n'y a plus de descendance directe pouvant le succéder à sa mort, ce qui veut dire que le trône reviendrait à un membre de la famille. Qui est le plus apte à reprendre le royaume ? Nëa, bien sûr. Comme par hasard, la petite fille de Masamune reçut Serah de la main d'Icare pour s'assurer de son allégeance. Après, j'avoue que je ne vois pas encore clairement en quoi cela pourrait lui être utile, mais avoir un royaume de son côté, ce n'est pas rien.

 

Ce qui renforce ma théorie, c'est l'assurance d'Icare, surtout que personne ne semble savoir une chose importante. Ren pense que le sénateur possède trois sabres ( en comptant le sien ) et que sa prochaine cible est Berham. Sauf que j'ai réussi à lire dans son jeu et je sais qu'il le possède déjà, à l'insu du royaume d'Elnath qui ne se doute de rien, pensant qu'Ademar est derrière la mort du chevalier de la reine Yilda. Et si... La guerre fut déclenché spécialement pour que le roi d'Ademar laisse son trône ? Bon, j'avoue que je vais très loin, mais j'ai prévenu ! Je préfère n'égarer aucune possibilité avec lui.

 

En outre, il ne semble pas avoir hésité à retirer Daëdra du conflit, tout en s'assurant de la mort du créateur de son sabre, comme s'il savait que le vieux ne pouvait rester les bras croisés à attendre la mort. Si je devais comparer avec un mouvement d'échecs, je le ferai avec le coup du berger, aussi surnommé mat du berger, une technique qui consiste à mettre fin à la partie en protégeant un pion pour permettre l'échec et mat. En gros, le sénateur a déjà couvert ses arrières et cela pourrait bien signer la fin de la partie pour le maître. Toutefois, notre vieux fou n'est pas un débutant et a sûrement prévu quelque chose pour contrer/atténuer cette offensive, bien qu'il va y laisser sa reine, lui.

 

Les plans d'Icare ^^. Tu arrives à analyser ses mouvements mieux que la plupart des personnages ! En même temps c'est plus simple en ayant une vision d'ensemble ! Ce que Masamune, Ren et Yilda n'ont pas. C'est vrai que si on compare à une partie d'échec, Icare maîtrise non seulement ses pions à la perfection, mais également ceux de l'adversaire. Après il reste un homme, et possède également des faiblesses  :)

 

Pour ce qui est d'Alestan et ses origines, je pense qu'il y a un mystère bien plus épais que ce à quoi tu t'attends. Je l'ai évoqué très rapidement et encore... L'indice ressemble à une simple anecdote dans le 4ème arc. En même temps il y a pas mal de choses que je n'ai pas dévoilé le concernant. Son oeil par exemple, qui est lié à sa lame. Un ami me faisait justement remarqué qu'Alestan est au final le plus faible des 7 ^^. Comparé à Ren qui est un sabreur hors pair, William qui possède le pouvoir le plus destructeur, Nëa et sa vitesse lumière, Valdir l'indestructible, Klein et sa capacité effrayante... Cependant le plus "faible" est Icare. Après comme tu l'as remarqué, Alestan est "bridé" par Masamune, car le pouvoir de Kusanagi peut corrompre son utilisateur au-delà de l'imagination. J'y reviendrais par rapport au meurtre des fils du roi d'Ademar. Tout comme l'Oeil du Mort. Car si Alestan peut ôter l'âme d'un homme, c'est qu'il est en mesure de voir quelque chose que les autres ignorent.

 

En tout cas merci pour ce commentaire Atsuki ! Mon temps est dédié à la finalisation du chapitre pour Février, mais je reviendrais bien évidemment sur l'histoire ! Ce sera l'occasion de voir Yin, Sora et Alestan en action !

 

 

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  • 2 weeks later...

Je suis agréablement surpris ! Déjà très fier que tu es lu une nouvelle fois les aventures d'Alestan, et impressionné par tes déductions qui sont très pertinentes !

 

J'ai carrément dévoré les chapitres les uns après les autres. Je me souviens avoir enchaîné deux arcs en une journée ! Vraiment, tu m'as beaucoup inspiré, ça sera toujours un plaisir de relire les aventures d'Alestan. De plus, les fictions du coin sont intéressantes, une vraie mine d'inspiration ( je suis encore en train de les lire, mais certaines sont pas mal avancées que c'est difficile de tout rattraper en travaillant sur son histoire à côté ). Si je ne n'avais jamais lu des fictions, je crois que jamais je ne me serais remis en question sur la qualité de mon histoire. 

Je ne compte pas m'arrêter là, l'ami. Tu en auras droit à d'autres quand l'histoire reprendra.  ;D

 

 

Et oui ! et c'est encore mieux quand on peut décrire le personnage de l'extérieur. Tu remarqueras que l'on est jamais dans la peau d'Alestan.

 

En effet, et c'est ta grande force avec ce personnage. C'est bien géré, c'est ce qui m'a charmé. Impossible de totalement le cerner celui-là. Je comprends son succès auprès de la gente féminine malgré ses nombreux mystères qui l'entourent.

 

Tout à fait, tu as bien vu les indices =) Et son rôle sera plus que déterminant pour la suite, particulièrement dans les événements actuels.

 

AH ! Content de l'apprendre ! Je me doutais bien que le chevalier serait une pièce maîtresse pour la suite. William possède le sabre le plus destructeur, et la salamandre ayant certainement des pouvoirs similaires doit savoir comment les exploiter. Mais à quel prix ? J'ai remarqué qu'utiliser les pouvoirs des lames au maximum n'étaient pas toujours sans prix. On a pu le voir à plusieurs reprises avec notre vagabond préféré ou bien le chevalier de la princesse d'Elnath. Les seules personnes où je n'ai pas lu de contrecoup sont Valdir, Klein, Nëa, et ce bon vieux Icare qui n'ont pas encore eu de combat les poussant dans leurs derniers retranchements.

 

 

Alors les géants ne sont pas des Innommables, car ils ont été "crée" de toutes pièces. En fait on les a déjà vu, en sommeil. Mais pour le reste tu tapes dans le mille mon ami ! Impressionnant.

 

Merci d'éclairer ma lanterne. Maintenant que tu le dis, je me souviens bien de les avoir vus en sommeil lors du troisième arc quand on suivait Ren et Ely, faudrait que je me relise les passages à Elaris pour savoir exactement quand et où. Je savais que j'étais un très bon tireur. Prends garde, rien ne m'échappe. Je n'ai plus trop d'élément à disposition, mais comme dit plus haut, lorsqu'on avancera dans l'histoire, attends-toi à d'autres hypothèses.  :P

 

 

Les plans d'Icare ^^. Tu arrives à analyser ses mouvements mieux que la plupart des personnages ! En même temps c'est plus simple en ayant une vision d'ensemble ! Ce que Masamune, Ren et Yilda n'ont pas. C'est vrai que si on compare à une partie d'échec, Icare maîtrise non seulement ses pions à la perfection, mais également ceux de l'adversaire. Après il reste un homme, et possède également des faiblesses  :)

 

Je vois que tu confirmes ni ne dénie mes hypothèses, ah, ah ! L'avantage de n'être qu'un lecteur entraîné par le courant de l'histoire.  8)

Bien sûr, mais il semble si imbattable, inatteignable. C'est comme s'il avait tout fait pour ne pas avoir de faiblesse. Cette impression de mur incassable, c'est ce qu'il me fait ressentir. Mais il possède un ennemi capable de changer le destin : Alestan, comme le souligna Yin. Seulement, ses actions changeront peut-être le destin... en mal.

 

Pour ce qui est d'Alestan et ses origines, je pense qu'il y a un mystère bien plus épais que ce à quoi tu t'attends. Je l'ai évoqué très rapidement et encore... L'indice ressemble à une simple anecdote dans le 4ème arc. En même temps il y a pas mal de choses que je n'ai pas dévoilé le concernant. Son oeil par exemple, qui est lié à sa lame. Un ami me faisait justement remarqué qu'Alestan est au final le plus faible des 7 ^^. Comparé à Ren qui est un sabreur hors pair, William qui possède le pouvoir le plus destructeur, Nëa et sa vitesse lumière, Valdir l'indestructible, Klein et sa capacité effrayante... Cependant le plus "faible" est Icare. Après comme tu l'as remarqué, Alestan est "bridé" par Masamune, car le pouvoir de Kusanagi peut corrompre son utilisateur au-delà de l'imagination. J'y reviendrais par rapport au meurtre des fils du roi d'Ademar. Tout comme l'Oeil du Mort. Car si Alestan peut ôter l'âme d'un homme, c'est qu'il est en mesure de voir quelque chose que les autres ignorent.

 

Ça change tout, ça change tout... En fait, je ne pensais pas que son œil avait un rapport avec sa lame. J'aurais dû faire le rapprochement puisque les sept ont toujours un truc qui les change, comme Ren avec ses ailes, William avec sa main d'écaille, Icare dénué de sentiment. Tu m'as induit en erreur. Au début, je pensais que le changement de couleur était dû à sa lame, puis on apprend que son œil avait déjà cette teinte argenté avant d'obtenir la lame ténébreuse lors du premier chapitre du quatrième arc. En fait, Kusanagi agit bel et bien là-dessus, lui permettant de voir des choses que personne d'autre n'est en mesure d'observer.

 

Oui, tu l'as bel et bien évoqué, je m'en souviens parfaitement. Il a été retrouvé par des gens qui l'ont vendu à Gaïk, le marchand d'esclaves. Grâce à ce passage, on sait qu'il vivait dans un village près des Terres Gelées, seul survivant d'une terrible tragédie. C'est pour ça que j'ai dit qu'on risque d'en savoir un peu plus si les accusations de Nëa se révèle être vrai, enfin je l'espère ! Ça colle pile poil à l’anecdote racontée lors du premier chapitre du quatrième arc.

 

Ton ami n'a pas totalement tort. C'est compréhensible, mais je ne suis pas d'accord. J'ai toujours eu cette impression qu'Alestan ne se bat pas à 100%, et ça doit être lié au fait qu'il est justement « bridé ». C'est pour ça qu'Al a toujours été hors classement pour moi. Lors de la bataille d'Hekario, il a quand même enlevé l'âme de plusieurs personnes en un coup grâce à son attaque. C'était terrifiant. Si je me trouvais sur le champ de bataille, j'aurais également été paralysé par la peur. C'est un sort pire que la mort. Depuis ce passage, je me suis dit que Kusanagi détenait un pouvoir monstrueux, autant pour ses adversaires que pour son utilisateur. C'est vrai que face à ces monstres Icare pourrait être considéré comme le plus faible. Tu as eu raison de mettre ce mot entre parenthèses, car tu as beau détenir un puissant pouvoir, si tu ne sais pas t'en servir, c'est inutile. C'est la façon de l'utiliser qui compte le plus, un point où je ne me fais point de soucis pour le sénateur.

 

En tout cas, tu as dévoilé une bien intéressante information. J'en prends note pour mes prochaines théories. J'imagine qu'à cette époque Alestan — quand il vivait chez la reine Hilda — n'était pas encore bridé par Masamune, et que sa lame était à deux doigts de l'engloutir dans un océan noir et glacial. 

 

 

En tout cas merci pour ce commentaire Atsuki ! Mon temps est dédié à la finalisation du chapitre pour Février, mais je reviendrais bien évidemment sur l'histoire ! Ce sera l'occasion de voir Yin, Sora et Alestan en action !

 

De rien ! J'ai hâte de voir tout ça, tout comme je suis impatient de lire la suite de l'histoire pour voir à quel point j'ai pu lire dans les plans d'Icare. Ça va être intéressant, je ne manquerai pas le rendez-vous !

 

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  • 1 month later...

Tu as dépassé la deadline !

 

C'est que j'aurais dit si j'étais ton éditeur en plus de te remonter les bretelles. Mais je ne suis qu'un lecteur alors j'ai envie de dire : " mieux vaut tard que jamais " ! Ça a dû te demander un sacré boulot, je ne peux que féliciter en avance ton travail. Ah, qu'est-ce que c'est bon de voir Al et Yin sur le pont d'Agashita sur une planche. Je ne sais pas pourquoi je pensais notre forgeron un poil plus jeune au niveau de l'apparence. Son design me plaît bien. Hâte de voir l'illustre Masamune. Quant à Alestan, tu as réussi à illustrer cet air "sauvage" et sombre dans ses yeux, j'adore. J'attends le chapitre avec autant d'enthousiasme que lorsque tu l'as annoncé !

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Yep  ;D j'ai retouché des détails encore et encore et...

 

Du coup il y a quelques différences par rapport au récit original, histoire que ça rende plus " manga" si j'ose dire. C'est pas grand chose mais disons qu'on en apprend un peu plus en moins de temps. Il y aura 28 pages, du coup Masamune apparait uniquement via les paroles de Yin. Je bosse sur le deuxième chapitre, qui au final formera avec celui-ci un premier chapitre typique (50pages).

 

Mais ça demande du temps, et mon coup de crayon est encore hésitant !

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