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L'éternel voyage


Yaune
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Messages recommandés

Bonjour ou bonsoir,

La fiction qui suit est totalement mienne, ce qui veut dire que j'aimerais qu'elle ne subisse aucun plagiat, merci.

A part ça, j’espère avoir quelques lecteurs et quelques commentaires pour savoir si je dois encore affiner ma technique. J'accepte avec reconnaissance n'importe laquelle de vos critiques.

 

Préface

 

Je ne sais pas très bien par où commencer. Il y a tellement de choses que j'aimerais te raconter! Ah, je sais! Je pense qu'il serait plus sage de me présenter, tout d'abord! Je suis Maël, simplement Maël. Même si je te donnais mon titre, je doute que cela te dise quelque-chose. Je ne suis pas connu, pas officiellement. J'ai marché aux cotés d'une légende qui n'en était pas une et j'ai vécu d'incroyables aventures dans un lieu qui n'existe pas, mais je t'embrouille plus que je ne t'apprends quoi que ce soit. Je ne suis vraiment pas doué pour ce genre de chronique. Les vieux textes te parleront mieux que moi, j'en suis sûr. Imprègne-toi de ces lignes, car l'histoire que je vais te conter est longue et alambiquée, elle nécessite un apprentissage rigoureux des mythes de ce pays.

 

.... colère du Maître fut terrible. Des contrées barbares du nord aux forêts sombres du sud, des territoires prospères de l'est aux marécages de l'ouest, le monde entendit son cri de rage. Nombreux furent les sages qui conseillèrent aux rois de se préparer au pire, peu furent ceux qui les écoutèrent. Les armées du Maître déferlèrent, la Crevasse de Delra vomissant des légions de monstres. Les cinq Immortels, seigneurs du mal, résistèrent au sud grâce à leurs millénaires d'expérience, faisant combattre leurs béhémoths et autres serviteurs du néant. Moins chanceux, des centaines de peuples furent exterminés par la soif de vengeance du Maître. Octomae fut rasée en deux jours. Une semaine plus tard, la cité volante de Maze s'écrasait aux pieds du Maître lui-même. Le massacre ne s'arrêta pas à la chute des plus grandes civilisations. Delra ne cessa pas d'envoyer ses monstruosités, leur seigneur souhaitant anéantir jusqu'au dernier être vivant du monde.

 

L'ouest devint rapidement une étendue morbide et ravagée, éclairée par les lueurs malsaines de la Crevasse de Delra. Au nord, l'extermination fut plus lente, mais ne put être stoppée. Les barbares nordiques luttèrent vaillamment et furent les derniers à tomber, tandis que les lâches hommes-renards prirent la fuite, creusant des tunnels et disparaissant à jamais du monde connu. A l'est, privés d'Octomae et de Maze, les hommes ne pouvaient plus compter que sur les rois qui avaient écoutés les conseils des sages, et ils n'étaient qu'au nombre de trois: "Grand Amiral" Blast, Thundera et David . La Triple Alliance, bientôt rejointe par le fier peuple des Langues Percées, répondit immédiatement à la menace et combattit le Maître et ses légions aux portes de Brinthe.

 

La déroute fut totale. Le grand Amiral succomba et sa légendaire massue, Carnage, fut brisée. Brinthe perdue, la Triple Alliance fut réduite à deux royaumes, puis à un seul, après que le Maître eut invoqué une tempête qui détruisit Irradiance et élimina le rusé Thundera. Ne restait plus que le roi David, épaulé par les Langues Percées, mais acculé jusque dans sa capitale et cerné par l'ennemi. Alors que...

 

Extrait du Chapitre VII de "Histoire du Monde Connu"

 

"[...] ne vous parle pas ici en tant que Roi du Monde Connu, mais bien en tant que frère. Nous sommes tous liés, désormais, par la douleur, le sang et la peur. Je sais que ce sera dur, je ne prétends pas non plus que tout ira pour le mieux à partir de maintenant, mais je vous jure que si nous restons unis, un cataclysme pareil ne se reproduira pas! Qui êtes-vous? Que vois-je désormais, face à moi? Je ne vois pas des hommes de Dracolame, de Sinistra, de Brinthe, d'Octomae, de Maze ou d'Irradiance, ni des hommes-bêtes, qu'ils soient rats, loups, ours, chevaux ou corbeaux, ni des sauvages du peuple des Langues Percées ou des Aigles Blancs, ni des béhémoths, ni des goules, ni des cavaliers herbaliens, ni des gens du Petit Peuple ou du Grand Peuple... Non, je vois des êtres du Monde Connu, qui ont souffert ensemble et qui doivent rebâtir leurs maisons ensemble [...]

 

[...] Immortels, sans votre aide à la bataille finale contre le meurtrier qui se faisait appeler le Maître, nous aurions perdu. Le mal est profondément ancré dans vos coeurs, et nul ne peut effacer des millénaires de péchés, mais vous avez acceptés de m'écouter et de me laisser la couronne, c'est pourquoi je crois encore à une possible chance de rédemption de votre part. Vous qui êtes condamnés à l’existence éternelle, je vous propose un ultime marché. Si vous le refusez, vous pourrez retournez à la solitude de vos châteaux noirs, mais ne comptez pas sur la clémence de nos armées si vous tentez de dominer notre monde. Moi, David, Roi du Monde Connu, je vous donne le choix, Immortels.

Aux trois plus jeunes, commandants efficaces de Béhémoths et guerriers invincibles, je confie la garde de la Crevasse de Delra, pour que plus jamais un seul démon ne puisse poser le pied en ce monde.

Au plus vieux, qui a su lutter d'égal à égal avec les pouvoirs maudits du Maître, je donne le titre de Grand Mage et la tâche d'instruire aux arts mystiques ceux qui en détiennent le potentiel.

Quant au dernier, Pravel, je lui offre une place dans mon cercle de conseillers, pour que son immense expérience puisse me servir à mieux régner et que nos historiens puisse le questionner plus librement. [...]

 

[...] Je ne peux malheureusement pas diriger un peuple aussi vaste seul, bien qu'il ait été considérablement réduit par le cataclysme. Je fonde donc, ici et maintenant, devant les ruines de l'autrefois glorieuse Octomae, le Conseil des Chefs. Il sera composé d'un membre de chaque peuple, qui devra être élu à vie par son peuple en tant que dirigeant et, bien sûr, conseiller royal. Vous êtes tous ce qui reste des classes nobles des peuples du monde entier, c'est pourquoi le vote aura immédiatement lieu. Le Conseil des Chefs doit être formé de huit membres: Un homme de l'Est, un sauvage, un cavalier herbalien, un représentant du Petit Peuple, un autre du Grand Peuple et un homme-bête. Les deux derniers sont déjà nommés, puisqu'il s'agit de moi-même et de l'Immortel Pravel. Je place de grands espoirs en cette [...]"

 

Bribes du Discours du premier roi du Monde Connu, David le Survivant, à Octomae, au tout début de son règne et du calendrier connu

 

Mon oncle,

 

Les travaux avancent à une vitesse exceptionnelle, et je suis très fier de vous annoncer que nous avons déjà réussi à atteindre le Pic de Junas. Une fois qu'elle sera terminée, la route sera fabuleuse! Notre grand roi a bien fait d'ordonner sa construction. Cela fait des années que les marchands et les touristes attendent une voie sûre pour traverser le Monde Connu et rallier ses plus grandes villes en toute sécurité. Je suis si content d'être le responsable des travaux! Encore une fois, mille remerciements pour m'avoir recommandé au grand roi, mon oncle!

Quelles sont les nouvelles, à Brinthe? Je viens à peine de franchir la frontière du Royaume Estien, et déjà ma patrie me manque. Mais il est vrai que les paysages sont magnifiques, ici. On ne trouve pas de vallées pareilles dans les alentours de Brinthe, c'est certain! Il n'y a pas non plus de lucioles. Mes hommes disent que ce sont des fées, mais je sais très bien que ce ne sont que des insectes. Les véritables fées sont plus loin à l'ouest, dans leurs grandes forêts, et ne se montrent que rarement aux voyageurs. Je ne leur ai pas dit qu'ils avaient torts, après tout, ils ne sont pas stupides, juste moins cultivés que moi.

Je vous enverrais une autre lettre dans deux mois. D'ici là, nous devrions avoir atteint le territoire des géants. Faites savoir au grand roi, à la prochaine réunion du Conseil, que la route avance plus vite que prévue. Avec un peu de chance, elle sera finie dans moins de deux ans!

Avec tout mon respect,

 

Votre neveu, Darius

 

PS: Dites à Sandra que, malgré la distance, mes pensées sont tournées vers elle et que mon coeur lui appartient.

 

Lettre du noble Darius à son oncle Saturne, dirigeant du Royaume Estien de l'an 820 à 842.

 

Avant David, le Monde Connu était une terre sauvage, divisée et fragile. Aucune entente n'était possible entre les peuples, personne ne voulait entendre parler d'unification ou même d'alliance. Il avait fallu qu'ils passent tous prés de l'extermination totale pour que les esprits s'ouvrent et que la tolérance apparaisse. Et encore, même après David, notre histoire resta très mouvementée. Il ne faut pas se leurrer, le Monde Connu n'est pas fait pour être uni éternellement, ni même plus de trois siècles. En fait, je pense que son destin est d'alterner entre chaos complet et ordre parfait. Jusqu’à-ce qu'un autre "Maître" apparaisse et que cette fois aucun David ne soit là pour survivre.

Nous sommes au XIVème siècle. Il y a vingt ans, la grande Guerre Civile des Cygnes se terminait par le couronnement du vingt-troisième Roi du Monde Connu, Azur. Aujourd'hui, le roi est faible, le conseil est corrompu, la guerre est imminente. Je le sens. Et cela m'effraie. Est-ce ça l'héritage de David? Un éternel jeu entre l'ordre et le chaos? Et si David avait eu tort? Le Maître était peut-être notre véritable sauveur. Et nous ne l'avons pas choisi lui. Est-ce notre punition?

 

Extrait de "Analyses de l'Héritage" par Eureka Task.

 

As-tu bien appris? Je suis navré de toute cette lecture, mais c'était le seul moyen de réellement faire rentrer quelque chose dans ta charmante petite tête. Je ne suis pas sûr que tu ais bien tout compris, cependant. Peu importe! Tu dois maintenant savoir que le Monde Connu n'est pas un endroit très stable, n'est-ce pas? C'est là que l'histoire prends place. Il ne s'agit pas de ma propre histoire, du moins pas tout de suite. C'est un récit particulier, à propos d'un homme exceptionnel et de son long, très long voyage, dans une époque de troubles. Sans plus attendre, commençons!

 

(Pour ceux qui sont vraiment perdus, voilà un petit repère:

-Royaume Estien ---> Royaume des hommes, à l'est, composé de Brinthe (capitale), d'Octomae, de Maze, d'Irradiance et de Dracolame.

-Crevasse de Delra ---> A l'ouest, ouverture maudite sur les enfers.

-Sinistra ---> Au sud, là où se trouvaient autrefois les châteaux noirs des Immortels et désormais n'étant habité que par des hommes taciturnes.

-Herbaliens ---> Cavaliers nomades au service d'un dieu qu'ils nomment Herbal.

J'ajouterais le reste au fur et à mesure.)

 

 

 

Chapitre Premier

"Premiers pas sur la vieille route"

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Salut à toi.

 

Quelle surprise! Je m'attendais certainement à voir une fiction apparaître à une heure si... tardive??

En tout cas, je suis très agréablement surpris par ce prologue réunissant plusieurs textes et styles narratifs, afin de plonger directement dans les détails qui feront toute l'histoire.

 

On a donc là, une présentation des diverses régions, et forces importantes en présence, un enjeu mis qui est la route, dans laquelle je pense on aura quelques chapitres des plus intéressants.

 

J'ai hâte de voir ton premier chapitre. Tu as l'air là de nous proposer une fiction très bien travailler mêlant plusieurs références à des mythes. J'aime ça.

 

Bonne continuation.

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Alors Yaune !

Là, tu joues sur ma corde sensible ! Ce style d'univers fantastique/fantasy me plait, et c'est bien posé. L'Histoire de ces terres est bien faite, écrite avec diverses lettres et autres extraits. Mais c'est surtout bien agencé !

Après, on ne sait pas encore qui seront le ou les personnage(s) principaux, mais on devrait être vite fixé.

Particulièrement au début, j'ai ressenti une ressemblance avec le Seigneur des Anneaux.  8)

 

Vivement le premier chapitre, pour que je puisse mieux juger sur l'écriture !

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Un bon début de lecture !

 

Je n'ai rien à dire à part que tout est bien écrit, la lecture se lit très facilement et les descriptions sont vraiment bonne. On rentre assez vite dans l'univers, qui semble riche, et on découvre l'histoire de quelques personnages. Mais pour le moment on ne voit pas où l'histoire mènera donc je peux pas en dire plus, cependant ton histoire me plait déjà et j'attends de voir la suite !

 

Continue tu es bien parti ;) !

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  • 2 weeks later...

Chapitre Premier

"Premiers pas sur la vieille route"

 

Eko eut un soupir. Les lieux avaient bien changés depuis sa dernière visite. La forêt lui paraissait plus sombre, plus silencieuse, et surtout, plus épaisse. Les arbres eux-mêmes semblaient avoir doublé de volume. En face de cette masse végétale, Eko se sentait minuscule, avec sa piètre carrure. Il scruta les profondeurs insondables de la forêt pendant un bref instant, puis son regard se porta vers l'ouest. Une longue route poussiéreuse serpentait entre les collines, arpentée par des dizaines d'individus. Le jeune homme était trop loin pour identifier leur race, mais il savait déjà que cette route était empruntée par des commerçants et des voyageurs de tous les peuples, puisque qu'il s'agissait du Chemin Prospère. Entretenu par le Petit Peuple et protégé par des escouades entières de mercenaires, le Chemin Prospère était la voie la plus rapide et la plus sûre pour rejoindre les cités principales de l'est. Du moins, ça l'était il y a dix ans. Eko avait été éloigné de sa terre natale depuis tellement longtemps... Assez longtemps pour que les forêts s'étendent.

 

-"Alors, c'est ça, le Monde Connu, hein? Pas fameux." fit une voix profondément grave.

 

Eko se tourna vers son compagnon. Ce dernier, beaucoup plus grand et un peu plus vieux, eut un demi-sourire en voyant l'air outré du jeune homme. Il savait parfaitement que son contractant avait horreur que l'on manque de respect à son pays d'origine. Merak ne pouvait pas être plus sincère, de toute façon, il trouvait honnêtement que ce lieu était peu de choses, comparé à ce que lui avait décrit Eko de nombreuses fois.

 

-"Nous sommes à la frontière, c'est normal! Tu verras, quand on arrivera dans une vraie ville, tu trouveras cela merveilleux!"

 

-"J'en doute. Alors, que faisons-nous, contractant?"

 

-"Mais mon cher Merak, c'est évident! Nous allons prendre cette route que tu vois là-bas et rejoindre Brinthe, la capitale du Royaume Estien, le plus vite possible." répondit Eko en passant une main distraite dans ses cheveux cendrés.

 

-"Comme vous voulez, contractant, mais je ne le conseillerais pas."

 

-"Cesse d'être aussi prudent, par les Cinq Immortels! Nous avons laissé derrière nous les pays sauvages grouillant de coupes-gorges et de maraudeurs. Nous voici au Royaume Estien! L'Estien est civilisé. Personne ne vas nous sauter dessus en plein milieu de la route. Laisse ici tes tracas!"

 

-"Encore une fois, c'est comme vous le désirez, contractant."

 

Merak n'allait surtout pas baisser sa garde. Issu d'un peuple nomade qui voyageait de continent en continent, de pays en pays, il était un Rak et ne jurait que par sa lance. Pour lui, la vie d'un contractant était extrêmement importante. Les Rakas, au lieu d'être de simples guerriers, avaient une façon très particulière de vivre: le contrat. Après ses douze ans, un Rak pouvait quitter son peuple et offrir ses services à n'importe qui, sans rien demander en échange, si ce n'est de rester tout le temps aux cotés de la personne. Si le contractant n'avait plus besoin de lui, le Rak pouvait partir en quête d'un autre contractant, et ainsi de suite. En revanche, si le contractant mourrait, le Rak mourrait avec lui. Il n'y avait pas plus grande honte pour un Rak que de ne pas réussir à remplir un contrat. Merak avait déjà mené à bien quantités de contrats, mais celui-ci s'annonçait déjà comme le plus ardu de tous. Eko n'était pas un contractant facile, avec son insouciance.

 

Les deux hommes, après avoir longé l'épaisse forêt, arrivèrent bientôt jusqu'au Chemin Prospère. Merak vérifia que son habituelle cotte de mailles était correctement attachée, en-dessous de son large manteau en peau de fauve, tandis qu'Eko s'extasiait devant la diversité des passants. Avant tout territoire des hommes, l'Estien abritait une population importante d'humains, mais était également la destination favorite des commerçants du monde entier. Les gens du Petit Peuple avaient été parmi les premiers à négocier avec le peuple Estien, recevant de l'or et des joyaux en échange de leurs services. Néanmoins, il ne s'agissait que la plupart du temps de gnomes, de farfadets et de korrigans, le reste du Petit Peuple préférant ne pas se mêler aux hommes, et d'ailleurs adorant les tuer à vue pour certains: c'était le cas des lutins, seigneurs de la Flèche.

 

Le Petit Peuple n'était pas le seul à faire des affaires avec l'Estien, et Eko pouvait nettement le voir depuis la bordure du Chemin Prospère. Les petits êtres étaient légions, mais il avait aussi des hommes-bêtes tirant d'immenses chariots de marchandises, des sauvages poussant devant eux des troupeaux d'animaux étranges, des herbaliens chevauchant fièrement leurs étalons verdoyants, d'effrayants béhémoths lourdement armés et même un géant solitaire, aux cheveux roux, qui essayait de ne pas écraser un farfadet ou deux par inadvertance et transportant un sac plein d'énormes pierres. C'était la première fois qu'Eko voyait autant de personnes en dix ans d'exil. Il était revenu chez lui, et c'était réconfortant.

 

-"Avançons. Et fait attention à tes effets personnels, Merak, il pourrait y avoir quelques voleurs. Rien de dangereux, alors ne tue personne, s'il te plaît."

 

Le Rak acquiesça, la main crispée sur sa lance. Il n'aimait décidément pas les foules. Elles pouvaient facilement dissimuler un assassin... Eko, amusé par l'attitude de son garde du corps, était totalement à l'aise. Les campagnes infestées de vermines étaient loin derrière, à présent, il était sur une route magiquement nettoyée et bien protégée. Dans quelques jours, il serait à Brinthe, à profiter d'un retour mérité et du pardon de son père. Le jeune homme avait hâte!

 

___

 

Un sourire s'étira sur les lèvres violettes de Wakheart. Il n'existait pas de sourire plus hideux que celui d'un homme-rat, selon les chroniques, et pourtant, ce sourire-là était charmant. Wakheart pouvait se vanter d'être séduisant et élégant, en dépit de sa nature. Malheureusement, il n'était pas aussi angélique qu'il le paraissait. Ses yeux perçants se détournèrent du Chemin Prospère, qu'il observait depuis bientôt deux heures, et l'homme-rat appela ses lieutenants. C'était le meilleur moment pour lancer l'attaque. Wakheart n'avait rien de personnel contre l'Estien et le Chemin Prospère en lui-même, mais c'était ses ordres, et il ne désobéissait jamais à son supérieur. De plus, les massacres de masse étaient divertissants. Il lâcha un rire, puis lança un cri terrible. Aussitôt, un concert d'hurlements sauvages lui répondit. Wakheart s'élança, traînant sa longue queue annelée dans son sillage, sa longue chevelure noire soulevée par le vent, une faucille dans chaque main. Tonnant comme mille enfers, une véritable vague d'hors-la-loi déferla à sa suite.

 

___

 

Eko, inconscient du danger, discutait avec un marchand, cherchant à acheter des habits décents, pour quitter ses loques crasseuses. Habile, le marchand essayait d'embobiner le jeune homme, mais ce dernier était étonnamment doué en négociation et ne tombait pas dans le piège. Si bien qu'au final, il réussi à obtenir ce qu'il désirait à un très bon prix. Merak, observant du coin de l'oeil son contractant, se sentait de plus en plus mal à l'aise. Son sixième sens de Rak lui hurlait de s'éloigner le plus vite possible de cette route. Mais Eko ne voudrait absolument pas quitter le chemin le plus rapide jusqu'à Brinthe. Merak ne lui avait jamais demandé ce qu'il voulait tant faire à Brinthe, et il ne voulait pas spécialement le savoir, mais cela semblait vital pour le jeune homme.

 

-"Encore nerveux, hein?" lui lança Eko soudainement, son nouveau chapeau haut-de-forme sur le crâne.

 

-"Sauf votre respect, c'est la vue de votre immonde chapeau qui me préoccupe, contractant." rétorqua le Rak. "Les mouettes chient de plus belles parures."

 

-"Tu es jaloux, c'est tout. Ou tu n'as aucun goût."

 

-"Ecoutez, je... "

 

Merak ne termina pas sa phrase. Il pivota sur lui-même, les sens en éveil et brandissant sa lance. Le sang versé. Le Rak pouvait clairement le sentir. Un début de panique parcourut les voyageurs et les commerçants de la route, qui se mirent à courir dans tous les sens. Certains, confiants, ne s'agitaient pas beaucoup, car ils pensaient que les mercenaires étaient déjà sur le coup. Ce qui était le cas. Les mercenaires, humains et goules, hommes-bêtes et Béhémoths, se ruaient vers la source du grabuge, mais aucun n'en revenait. Les échos d'une féroce bataille remontaient peu à peu jusqu'aux oreilles d'Eko et Merak. Le jeune homme arborait un air choqué.

 

-"Des bandits?"

 

-"Non. Les mercenaires auraient réglé le problème depuis longtemps." répondit son garde du corps, ses yeux balayant les environs à la recherche d'une cachette sûre. "Probablement une attaque d'un pays voisin."

 

-"C'est impossible! Le Monde Connu est en paix, le Conseil des Chefs est soudé et les nations se soutiennent mutuellement! Il doit y avoir une autre explication."

 

-"Vous avez été absent de longues années, contractant, et vous parlez pour le Monde Connu d'il y a dix ans. Qui sait ce qui se passe actuellement? Aucun de nous deux. Alors cessez de trembler comme un lapin apeuré et dites-moi vers où pouvons-nous partir!"

 

Eko, déboussolé, essaya de mettre de l'ordre dans ses idées. Ils étaient trop loin de la frontière pour retourner se terrer dans les collines. La forêt n'était pas le meilleur des abris, et s'avancer à découvert dans les plaines serait du pur suicide. La clameur du combat se fit plus forte. Merak distinguait les silhouettes massives des béhémoths qui faisaient voltiger leurs assaillants. Avec leurs armures en acier démoniaque et leurs marteaux de guerre, ils étaient de formidables adversaires. Mais ils étaient trop peu nombreux comparé à la horde des attaquants, qui menaçait de les engloutir. Ceux qui n'étaient pas occupés à combattre les mercenaires se livraient à un massacre méthodique des voyageurs sans défenses, de la manière la plus horrible qui soit. Merak essaya de repérer le meneur de leurs ennemis, mais c'était une tâche trop ardue.

 

Soudain, alors qu'Eko cherchait toujours en vain un échappatoire et que Merak s'échauffait, prêt à combattre pour protéger son contractant, une ombre gigantesque les plongea dans le noir pendant quelques secondes, le temps d'une énorme enjambée. C'était le géant roux qu'ils avaient aperçut un peu plus tôt. Il avait abandonné son sac de pierres et, monumental, il fonçait calmement sur les mystérieux criminels. Le Grand Peuple se mêlait rarement aux conflits, mais lorsqu'il le faisait, c'était toujours un spectacle magnifique. Le géant entra dans la bataille, dévastant la troupe ennemie à coups de bras et de pieds.

 

____

 

Wakheart esquiva de justesse un poing gros comme une maison, mais ses subordonnés n'eurent pas cette chance. Ils finirent aplati comme des feuilles mortes. L'homme-rat, dansant froidement au milieu de la mêlée, était agacé. Il n'avait pas pensé que ce géant puisse faire marche arrière pour aider un royaume étranger au sien. Il avait prit la risque et l'avait chèrement payé, maintenant, il n'avait plus qu'à tuer le plus d'innocents possibles avant de battre en retraite. Wakheart trancha la carotide d'un béhémoth d'un coup de faucille, aussi rapide que le vent. Inutile de s'attarder plus longtemps sur ces grosses bestioles grises. Il se faufila à travers le mur d'armures et de corps, s'éloignant du centre de la bataille, où il serait mortel de rester, puisque le géant faisait un sacré ménage. Une longue distance séparait néanmoins Wakheart de ses cibles: tout le monde fuyait désormais loin sur la route, vers Brinthe, Octomae, Dracolame et les autres plus grandes cités de l'Est. Rectification, presque tout le monde. Les yeux mauves de l'homme-rat se plissèrent de satisfaction.

 

Deux hommes restaient immobiles, comme perdus. Le plus vieux des deux semblait un combattant, armé d'une lance et portant une cotte de maille sous son manteau, mais le plus jeune n'était que maigrichon et faible. Wakheart n'hésita pas une seule seconde et s'élança. Ses faucilles tournoyaient à une vitesse infernale, tandis qu'il se rapprochait de ses proies. Mais brusquement, le grand lancier fut devant lui. L'homme-rat recula aussitôt. Ce type n'était pas un débutant. Wakheart allait devoir être prudent. Ils se jaugèrent pendant un moment, puis le lancier attaqua. La pointe de son arme rata le visage de Wakheart d'un cheveu.

 

-"Pas mal!" murmura l'homme-rat, réellement impressionné.

 

Ses faucilles plongèrent, seulement pour rencontrer le vide. Il essaya à nouveau de trancher son adversaire, mais cette fois, ce fut le manche en métal renforcé de la lance qui bloqua l'assaut. Wakheart multiplia les coups. Le lancier tint bon, et trouva même la force de riposter. Les habiles coups de lance de l'homme étaient précis, mais la danse macabre de Wakheart avait toujours le dessus. L'homme-rat tourbillonna sur lui-même, sa queue annelée fouettant violemment le lancier au visage. Déstabilisé, il se prit deux coups en pleine poitrine, qui glissèrent sur sa cotte de maille. Wakheart avait pourtant visé sa gorge! Décidément, cet homme était doué. Il avait basculé en arrière au bon moment, pour éviter un coup mortel. Wakheart lança un regard admiratif à son adversaire, qui était en sueur.

 

-"J'ai déjà vu ta coiffure quelque part... Qui es-tu?"

 

Il eut pour seule réponse un silence obstiné et un coup de lance en direction du cou. L'homme-rat déjoua souplement sa tentative, sans effort.

 

-"Tu n'es pas bavard! Je suis Wakheart. Je te prie de délier ta langue avant que je ne te la coupe."

 

___

 

Merak resta silencieux. Il ne fallait surtout pas qu'il se fasse distraire. La vie de son contractant était en jeu. Ce Wakheart était trop fort pour qu'il puisse lui infliger la moindre blessure, mais si il le retenait assez longtemps pour que le géant et les béhémoths reviennent, Eko pourrait avoir une chance de survie. Le Rak tint sa lance prête. Wakheart était vif, gracieux et mortel. Il ne fallait pas lui donner l'occasion de le prendre par surprise. Merak allait encore tenter une attaque lorsqu'il entendit la voix familière d'Eko:

 

-"Merak! Je m'en souviens! Dans la forêt! Vite!"

 

Pas le temps de réfléchir. Merak arracha son manteau et le jeta à la figure de l'homme-rat, espérant le retenir ne serait-ce qu'une demi-seconde, puis il courut vers la forêt aussi vite qu'il le pouvait. Épuisé par son duel avec Wakheart, il réussi toutefois à gagner la lisière presque en même temps qu'Eko. Et l'homme-rat ne semblait pas les poursuivre. Ils ne se reposèrent pas pour autant et s’aventurèrent entre les arbres imposants. Eko menait la marche, se basant sur ses souvenirs et sur ce que lui avait autrefois raconté son père. Bientôt, au bout d'une heure, ils arrivèrent devant une grande arche de pierre, rongée par le lierre. Merak s'affala aussitôt au sol, tentant de reprendre son souffle, alors que son jeune contractant s'avançait sous l'édifice et regardait la vieille route dallée qui serpentait entre les arbres centenaires.

 

-"Alors la voilà... la vieille route de Darius...C'est toi qui me mènera jusqu'à Brinthe, jusqu'à mon père... et jusqu'à mon trône."

 

 

Chapitre Deuxième

"La confusion du Conseil des Chefs"

 

(En petit avant-goût, la constitution de l'actuel conseil:

Grand Peuple ---> Le Roi-Montagne, géant.

Petit Peuple ---> Anaëm, fée.

Hommes-bêtes ---> Vladislav, homme-corbeau.

Sauvages ----> Plume d'Hiver, sauvage du clan des Neiges.

Herbaliens ----> Braffin, cavalier herbalien du sud.

Hommes de l'Est ---> Tristan, homme de Brinthe.

+ le grand roi Azur et l'Immortel Pravel.)

 

 

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Très bon chapitre !

 

On découvre deux nouveaux personnages et à priori le héros est Eko. On ne sait pas grand chose sur lui sauf qu'il est peut être un prince et Merak on a déjà un petit détail sur ses origines. D'ailleurs la question que je me pose par rapport à Eko est pourquoi retourne à sa ville après 10 ans ? Il a été banni du moins je pense.

 

Sinon à travers tes descriptions on remarque vraiment la richesse de ton univers avec les différentes races et sur les quelques villes de ce monde.

L'attaque mené par Wakheart a été bien décrit et il semble être un personnage de grande importance, mais qui lui a ordonné cette attaque et pour quel raison ?

 

Le deuxième chapitre est bon et finit très bien avec les questions qu'on se pose. J'attends la suite !

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Joli chapitre !

J'attend pas mal de ta fic, et serai intransigeant lol.

Ca débute vraiment bien, ton écriture est clair, pas de complications dans les descriptions. Ca me plait.

Quant à l'histoire en elle-même, il semble que l'on va suivre les péripéties d'un prince et d'un Rak. Tout comme l'a soulevé Kyojin, la question qui me trotte dans la tête, est la raison pour laquelle Eko s'est fait exiler ?

Les nombreux peuples et races que tu as instauré, font que tu t'éloignes maintenant plus de Tolkien.

J'ai hâte de lire ce qu'il va leur arriver dans cette forêt, des plus envoûtantes !

 

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  • 3 weeks later...

Merci de vos commentaires!

 

Chapitre Deuxième

"La confusion du Conseil des Chefs"

 

Pravel était de mauvaise humeur. De très mauvaise humeur. L'immortalité n'était malheureusement pas le meilleur des cadeaux, pour quelqu'un avec un caractère pareil, puisqu'il ne pardonnait jamais et ne s'adoucissait pas avec l'âge, l'amertume le rongeant un peu plus chaque siècle. L'objet de son mécontentement du jour était bien évidemment l'interruption de sa sieste. Lui qui dormait depuis bientôt deux ans, un petit malin avait trouvé amusant de renverser un bac d'eau usagée sur son cercueil. Bon sang! Tout le monde avait oublié la terreur qu'il inspirait jadis, alors qu'il était encore un seigneur du mal. L'immortel avait prit soin de la leur rappeler en écartelant lui-même le plaisantin. Mais maintenant, Pravel n'avait plus du tout sommeil. Il arpentait avec fureur les couloirs de Primalys, l'invincible forteresse du Monde Connu, lorsqu'un messager malingre se porta à sa hauteur.

 

-"Sire, votre réveil ne m'étonne guère. Vous avez toujours le don de réapparaître en situation de crise." commenta calmement l'homme, les joues creuses, le regard fixe.

 

-"Ces deux années ont cruellement creusés ta chair, Xavier." répondit Pravel.

 

Il arrêta sa marche, ses bottes sombres claquant sur le sol impeccablement ciré. L'immortel, figé à jamais dans l'apparence d'un adolescent blafard, eut un de ses rares sourires. Pravel avait une excellente mémoire, et malgré le fait qu'il considérait les humains comme des êtres sans importance, certains étaient fascinants à ses yeux. En deux ans, Xavier n'avait que peu changé. Certes, il était plus maigre, plus vieux, mais son air à la fois nostalgique et noble était le même qu'il y a deux ans, qu'il y a dix ans, qu'il y a vingt ans. Le même lorsqu'il n'était encore qu'un nourrisson. Pravel admettait que l'espèce humaine était ennuyante, pathétique et facile à menacer, mais elle avait le mérite d'être parfois d'une originalité déconcertante. Xavier adressa à son tour un sourire à cet immortel qu'il connaissait depuis sa naissance.

 

-"J'aimerais discuter un peu plus de mes repas journaliers avec vous, sire, mais l'heure est grave. Le royaume commence à sombrer et vous le savez, j'en suis certain."

 

-"Bien sûr que je le sais. Et alors? Ce foutu royaume est une saleté de phénix. Il se fait réduire en cendres au bout de quelques temps pour renaître un peu plus tard, et ainsi de suite. Il ne fait que ça! Il arrive même que ces périodes passent pendant l'un de mes sommeils, et je ne vois pas la différence. Après un roi ou deux, il y a l'anarchie, puis un autre roi, puis l'anarchie, quatre rois, l'anarchie, dix rois, l'anarchie, un roi, l'anarchie!!! Par son geste d'unification, David a lancé une éternelle spirale de complots, de régicides et de guerres civiles. L'histoire n'est qu'une répétition."

 

-"Peut-être, mais cette fois, c'est différent."

 

L'immortel éclata d'un rire glacial qui n'avait rien de joyeux et reprit sa marche, le messager sur ses talons. Il glissa ses mains dans ses poches, son attitude de jeune rebelle contrastant avec ses millénaires d'expérience. Pravel avait autrefois compris que ne pas coller à l'image qu'on attendait de lui était la meilleure façon de ne pas s'ennuyer. Immortel... La pire des malédictions.

 

-"J'ai déjà entendu cette phrase. Depuis cinq mille ans, je suis condamné à l'écouter encore et encore. C'est sacrément ironique, tu ne trouve pas?"

 

-"Sire..." amorça Xavier.

 

-"Assez!" le coupa Pravel. "Laisse-moi deviner. Un des six territoires a été attaqué par un autre, sans doute. Comme de coutume. Le Conseil va tenter d'arranger le litige, mais tout va dégénérer à cause de la fragilité du Grand Roi, et tout le monde va finir par se trucider mutuellement dans la joie et la bonne humeur."

 

-"Vous avez presque touché juste, cependant, il y a un léger détail que vous n'avez pas encore mentionné..."

 

-"Que c'est amusant! Quel est ce détail?"

 

-"L'attaque a touché chacun des six territoires. Six groupes de combattants différents, hétéroclites, sortant de nulle part presque tous au même moment, très bien organisés et ayant disparu tout aussi vite. A la tête de chaque groupe, un être dont la race variait selon le territoire. Mais le nom, lui, ne changeait pas: Wakheart. Tous les six portaient le nom de Wakheart."

 

A nouveau, Pravel s'arrêta. Net. Plongé dans ses souvenirs. Ce n'était pas un nom commun. Ni un nom anodin. Xavier avait raison. Cette fois, c'était différent. L'immortel porta instinctivement la main à son pendentif, représentant un huit inversé, symbole de l'infini. C'était ce qu'il possédait de plus précieux, et il le triturait toujours lorsque quelque-chose le tracassait. Il se rappelait que Wakheart l'avait trouvé très joli, ce bijoux. Oui, il se rappelait avec une étonnante précision la brève discussion qu'il avait eu avec lui sur le champs de bataille, devant les Portes du Calvaire. Wakheart était donc encore en vie. Cela signifiait-t-il que tous les autres, toutes ces créatures de cauchemar, l'étaient aussi? C'était sidérant. Après tant de siècles, ils étaient de retour. Et ce n'était effectivement pas une bonne nouvelle.

 

                                                                                                          ____

 

-"Voici venir Tristan Blast Téméral, dit le Bouclier, fils aîné d'Ange Hammer Téméral, descendant du Grand Amiral Trafalgar Blast, dirigeant du Royaume Estien, gouverneur de Brinthe, pourfendeur du dernier des démons et représentant des hommes libres de l'est au Conseil des Chefs !!!"

 

Personne ne daigna faire attention à la voix fluette du petit page, ni au noble qui venait d'entrer dans la salle du trône. La discussion actuelle, très animée, semblait plus importante. Où était l'utilité de se faire annoncer si personne n'en avait rien à foutre? Tristan garda pour lui ses pensées tumultueuses et s'avança vers la table de pierre du conseil. Circulaire, incrustée de saphir, elle datait des temps anciens, relique du passé. Huit sièges l'entouraient, chacun avec une gemme enchâssée dans le dossier: un rubis pour l'Estien, un diamant pour le Grand Peuple, une émeraude pour le Petit Peuple, une opale pour les Clans Sauvages, une ambre pour les Tribus Animales, un lapis lazulis pour les Cavaliers Herbaliens, un onyx pour l'Immortel et un saphir pour le Grand Roi.

 

Tristan se dirigea naturellement vers le sien, en silence. Habitué à la politique, il s'installa et attendit avec patience que la tension retombe. Evidemment, l'incompréhension régnait, c'était naturel que tout le monde panique et se mette à accuser son voisin. Tristan lui-même ne savait plus qui croire, ni qui pointer du doigt. Après tout, l'ennemi avait massacré impunément ses sujets sur la plus importante des routes commerciales de l'Estien. Il avait autant de raisons que les autres qui pourraient le pousser à s'énerver et à chercher la vérité par l'agressivité. Mais Tristan était un homme impassible. Pour gouverner, il fallait être de fer. Ce n'était pas en hurlant qu'il aurait des réponses à ses questions.

 

Au bout d'un bon moment de vacarme insupportable, où la majorité des membres du conseil réclamaient la parole, s'insultaient, donnaient leurs avis avec véhémence, une voix caverneuse s'éleva, faisant taire le brouhaha.

 

-"SILENCE."

 

Cela avait le mérite d'être clair et efficace. Tristan réprima un sourire amusé. Le Roi-Montagne avait toujours détesté les complications et ne s'exprimaient que par des phrases simples qui allaient droit au but. C'était le représentant du Grand Peuple, le plus gigantesque et le plus vieux de sa race. Il était déjà là lorsque le premier conseil des chefs avaient eu lieu, il était même déjà vieux quand les Immortels n'étaient encore que de simples êtres humains. Son âge était inconnu de tous, mais on pouvait sans exagération aucune dire qu'il avait plus de dix mille ans d’existence. Heureusement pour la forteresse, il ne venait jamais en personne aux réunions du conseil. Comme son nom le suggérait, il était pareil à une montagne, alors il restait dans son territoire et communiquait à l'aide d'un orbe magique.

 

-"TRISTAN. LA PAROLE EST A VOUS."

 

-"Je vous remercie. Alors, je suis venu aussi vite que j'ai pu, mais je vois que je suis le dernier à arriver... Ah, non, Pravel est absent. Et comme souvent, Azur est aussi manquant. Un Grand Roi qui n'assiste plus aux réunions... C'est un signe avant-coureur de chaos."

 

-"J'approuve." croassa Vladislav, un majestueux homme-corbeau, représentant des hommes-bêtes. "Les signes ne trompent pas."

 

-"AZUR MALADE. ROYAUME FRAGILE. ATTAQUES INCONNUES. LA SITUATION EST GRAVE."

 

-"En parlant de cela, mes messagers ont essayés de m'informer de toute la situation, mais j'ai eu du mal à saisir l'essentiel. Mon propre royaume a subit une attaque mineure mais terriblement humiliante sur une de ses meilleures routes commerciales, le Chemin Prospère. Qu'en est-il de vos territoires respectifs?"

 

-"Un incendie d'origine criminelle a ravagé une forêt enchantée, décimant mes soeurs et mes frères. Des brigands ont même surgit pour achever ceux qui agonisaient au sol, et l'escouade magique n'a réussi que tant bien que mal à les repousser." annonça Anaëm, reine des fées et épouse de Blue Arrow, suzerain des lutins.

 

Tristan hocha la tête, pensif. Le feu était le pire adversaire du Petit Peuple, mais il était possible de l'éteindre par magie. Qu'un simple incendie ait donné autant de difficultés aux fées, c'était impensable. Le feu ne devait pas être ordinaire. Avec cette attaque, les lutins auraient une bonne raison de repartir en guerre. Tristan connaissait leurs tendances belliqueuses, même si elles n'étaient que le fruit de la peur: les lutins redoutaient les autres peuples, les considéraient comme dangereux. Les fées réussissaient tant bien que mal à calmer leurs ardeurs, mais pour combien de temps encore? Blue Arrow n'était pas une créature patiente. Anaëm, frêle et jolie, voletait nerveusement au-dessus de son siège, ses ailes ambrées s'agitant à toute vitesse. Tristan devina que la réaction de son époux avait été terrible, à l'annonce de la catastrophe. Il devina également qu'elle était ici pour déclarer la guerre ouverte, pas pour discuter.

 

Ce fut au tour de Braffin d'avoir la parole. Il déclara qu'une horde de cavaliers herbaliens avait été totalement massacrée et que les autres hordes avaient retrouvés leurs têtes sur des pics, au milieu d'une plaine ensanglantée. Les meurtriers n'avaient eu aucune pitié, n'épargnant pas les femmes et les enfants. Braffin était révolté. Son dieu, Herbal, réclamait à travers lui la punition des coupables par la seule sentence possible, la mort. Tristan observa le visage grossier du chef. Il avait la peau teintée d'un beau vert, comme tous les herbaliens, mais dans le cas présent, le rouge de ses joues étaient plus prononcé. Une vieille expression du Monde Connu disait d'une personne qui ne voulait jamais rien entendre qu'elle était "têtue comme un herbalien". Ces fiers cavaliers étaient difficiles à faire changer d'avis. Si ils décidaient de venger l'affront dans le sang, leurs hordes déferleraient depuis les plaines d'Herbal et balayeraient absolument tout.

 

Vladislav était plus raisonnable, mais pas moins agacé. L'homme corbeau rapporta à Tristan, tout en ne cessant pas de sculpter un petit cheval de bois, qu'un village-pouponnière où la plupart des Tribus Animales envoyaient leurs enfants en bas âge avait été attaquée. Des enfants avaient été sauvés, mais beaucoup avaient eu le malheur de périr trop jeune. Les responsables, forts, avaient donnés du fil à retordre aux guerriers hommes-bêtes. Les Tribus ne cachaient pas leur trouble: la faiblesse n'était pas tolérable, il fallait trouver ceux qui avaient envoyés ces assassins et leur rendre au centuple la douleur qu'ils avaient causés. Vladislav lui-même avait perdu son petit-fils dans l'attaque. Il paraissait calme, mais sa main tenant le cheval de bois tremblait de rage. Ses plumes noires en frémissaient même.

 

Plume d'Hiver fut brève. Elle ne maîtrisait que peu la langue universelle, préférant le dialecte des sauvages, mais savait se faire comprendre.

 

-"Clan de la Sole attaqué. Sentinelles massacrées. Hommes tués pendant sommeil. Femmes forcées. Enfants noyés dans rivière. Survivants veut vengeance. Autres Clans d'accord avec eux. Clan à moi, surtout."

 

Tristan admirait cette femme. Sa place, elle ne le devait pas à son sang. Les sauvages n'avaient pas de nobles, et leurs enfants n'avaient aucun droit d'héritage. Pour devenir chef d'un clan, il fallait se battre. Seul le meilleur combattant pouvait prétendre à être chef. Plume d'Hiver, du haut de ses dix-huit ans, avait surclassé tous les siens et prit la tête de son clan, imposant également son point de vue aux autres clans. C'était donc la sauvage la plus influente des terres boisées, et la contrarier équivalait à se mettre l'ensemble des sauvages sur le dos. Ce qui était une très mauvaise idée. Tristan savait qu'elle n'hésiterait pas à parcourir l'univers tout entier pour venger cet affront fait aux siens. Il contempla un instant son visage juvénile, ses cicatrices, ses cheveux tressés de perles, puis reporta son attention sur l'orbe magique du Roi-Montagne.

 

-"Et le Grand Peuple?"

 

-"RIEN DE GRAVE. TROIS MORTS. DEUX GÉANTS ET UN TITAN. C'EST RIDICULEMENT MINIME, EN COMPARAISON DE VOS PROBLÈMES."

 

-"C'est rassurant. Je n'aurais pas aimé que vous aussi, vous menaciez d'entrer en guerre. On a encore tous en mémoire la formidable Bataille des Roches! Je récapitule, donc. Les Herbaliens, les Sauvages et les Hommes-Bêtes demandent à se venger. Blue Arrow pique sa crise et est déjà en train de préparer ses troupes de lutins pour donner un assaut aussi inutile que stupide contre les autres territoires. Le Grand Peuple et l'Estien restent neutres. Et, cerise sur le gâteau, le Grand Roi et l'Immortel sont absents quand on a besoin de leurs avis!"

 

-"Vous manquez de respect au seigneur Arrow, Tristan!" s'offusqua Anaëm.

 

-"Dame fée, à mon sens, la vérité n'est pas un manque de respect." rétorqua le dirigeant de l'Estien. "Votre lutin d'époux a un sale caractère, osez prétendre le contraire."

 

-"C'EST LA RACE QUI VEUT ÇA. SES ANCÊTRES ÉTAIENT BIEN PIRES, CROYEZ-MOI."

 

-"Revenons à un sujet plus sérieux. Nous n'avons toujours pas trouvé le responsable de toutes ces horreurs." intervint Vladislav en posant brutalement son cheval de bois sur la table.

 

-"Puisque chaque groupe était dirigé par un être d'une race différente à chaque fois, nous ne pouvons faire aucune conclusion hâtive. Mais je persiste à désigner les hommes-bêtes. Ils sont assez sournois pour...."

 

-"Si c'est pour faire une conclusion hâtive alors que vous prétendez que nous ne pouvons pas en faire, il vaut mieux vous taire, Braffin." le coupa aussitôt Tristan. "Ce que j'en dis, c'est que quelqu'un sait qu'il ne faut qu'une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Quelqu'un, dans l'ombre, veut la guerre. Il ne faut pas lui donner satisfaction."

 

-"Éclairer ombre, maintenant! Faut trouver coupable!" exigea Plume d'Hiver, farouche.

 

-"N'importe quel territoire peut avoir tramé ceci! L'un d'entre nous est peut-être le conspirateur, ou même plusieurs!" renchérit Braffin, revenant à la charge en fixant Vladislav avec insistance.

 

-"NE RELANÇONS PAS LE DÉBAT. CONCENTREZ-VOUS. IL FAUT MAINTENIR CETTE PAIX FRAGILE. LE GRAND ROI TROUVERA UNE SOLUTION."

 

-"Ah ouais?"

 

D'un même mouvement, tous les membres du conseil se tournèrent vers les portes de la salle du trône, qui venait de s'ouvrir. Tristan comprit qu'il s'agissait de Pravel, au ton effronté de sa voix et au fait qu'il n'avait même pas prit la peine de se faire annoncer. L'immortel était plus pâle qu'a l'accoutumée. Les mains dans les poches, il s'approcha de son siège, ne s'y asseyant pas. Il promena son regard glacial sur les représentants des différents peuples. Tristan sentait qu'il allait faire une révélation choquante, c'est pourquoi il se prépara calmement à l'encaisser.

 

-"Les démons sont de retour, au service de quelqu'un qui ne vous veut pas du bien. Votre petit paix est fichue, alors pliez bagages et préparez-vous au cataclysme."

 

-"Pardon? Vous plaisantez, j'espère?" s'étonna Vladislav.

 

-"Bien sûr qu'il plaisante, par Herbal! Le dernier des démons est mort, il y a dix ans. Et c'est Tristan lui-même qui lui a donné le coup de grâce! Pravel, Herbal le bienveillant aime l'humour, mais ne perturbez pas ainsi une réunion aussi importante. Cela fait quatre mille ans que vous n'êtes plus un enfant. Un peu de sérieux!" s'exclama Braffin.

 

-"Je suis certain qu'il ne plaisante pas. Qu'est-ce qui vous fait penser cela, seigneur Pravel?" demanda Tristan, intrigué. Il avait une totale confiance en l'immortel, malgré son passé de créature maléfique.

 

-"Un seul nom. Wakheart. Il s'agit d'un démon du troisième enfer, que j'ai croisé au cours de l'affrontement final contre le Maître. Changer de forme et se multiplier ne sont que quelques-uns de ses nombreux talents. Il aurait dû mourir, comme tous ses semblables. Si il est en vie, cela veut dire qu'il n'est pas le seul a en avoir réchappé. Et qu'une personne se sert des démons pour tenter de dominer le Monde Connu. Peu importe si vous choisissez de ne pas me croire, je m'en fiche."

 

L'ensemble du conseil était figé, ne sachant que dire ni que faire. Plume d'Hiver n'avait pas tout compris et cela agaçait prodigieusement la sauvage. Braffin digérait l'information en priant silencieusement Herbal. Vladislav hochait la tête, comme si il trouvait tout cela parfaitement logique. Anaëm imaginait déjà la réaction volcanique de son époux quand il apprendrait que l'ennemi avait des démons à son service. Le Roi-Montagne soupirait si fort que la table était secouée de tremblements. Tristan essayait de se rappeler ce qu'il savait au sujet des démons.

 

Oui, il s'en souvenait. Les démons étaient de puissants monstres, venant des enfers. Il existait cinq enfers, des réalités superposées en couches successives, le premier abritant les démons les plus forts, et le dernier étant peuplé de démons inférieurs, parmi les plus faibles. Bien avant l'unification du Monde Connu, le Maître avait ouvert la crevasse de Delra, qui donnait sur les enfers, et fait venir une armée de monstres pour l'aider à éliminer la vie. A la défaite du Maître, les démons présents avaient tous été détruits par l'explosion magique qui en avait résulté, et la crevasse avait été condamnée. Quelques rares monstres avaient réussi à s'échapper, mais la traque avait été donné, et au fil des siècles, leur nombre avait diminué jusqu’à ce que Tristan décapite le dernier en protégeant Brinthe. Et voilà qu'un autre surgissait.

 

-"Alors, que faisons-nous?" demanda-t-il finalement.

 

                                                                                                            ___

 

 

Wakheart jouait avec une pièce, pensif. Il se trouvait assis sur un pont, au-dessus d'une rivière tumultueuse, sous sa forme d'homme-rat, sa préférée. Lorsqu'il prenait une autre forme, il trouvait toujours qu'il manquait quelque chose. Une queue, par exemple. Il s'était effectivement prit d'affection pour sa longue queue annelée, qu'il balançait joyeusement. Ses yeux violets suivaient la pièce, mais il réfléchissait à une tout autre chose. Cet homme, le lancier qu'il avait affronté sur le Chemin Prospère. Il était bon. Plus doué que certains microbes. Et il n'arrivait toujours pas à se rappeler où il avait vu sa coiffure. Au moins, il avait son manteau. Il pourrait pister son odeur, quand bon lui semblerait. Soudain, un visage surgit de l'eau.

 

-"Wakheart." le salua l'étrange visage aqueux.

 

-"Teafool." répondit de la même manière l'homme-rat.

 

-"Les autres sont là?"

 

-"Tu es le premier que je vois arriver. Le patron ne se montrera pas tant que nous ne serons pas au complet, j'imagine."

 

Un jet d'eau émergea soudainement de la rivière, percutant le bord du pont, faisant apparaître une silhouette vaguement humaine, translucide. Puis elle se solidifia. C'était un être à la peau de glace, aux yeux larmoyants et à la chevelure d'algues. Dévoilant sa nudité sans gêne, la créature de toute évidence masculine soupira en faisant la moue.

 

-"Il ose nous faire patienter!! Nous, tous des démons du troisième enfer ou au-dessus! Quelle pourriture!"

 

-"Toujours obéir au supérieur, Teafool, tu connais la règle." lui rappela Wakheart, toujours occupé à lancer et rattraper sa pièce.

 

-"Ouais, ouais... Mais quand tu vois un démon de la trempe de Farfly courber l'échine devant lui, tu ne peux que réprimer ton envie de vomir. La servitude n'est qu'humiliation pour les êtres craints que nous sommes!"

 

-"Nous n'avons pas le choix. Trouve-toi une occupation et tu verras, cela paraîtra beaucoup plus amusant! Moi, je crois avoir trouvé mon prochain jeu."

 

-"Tant mieux pour toi... Tu as une idée du prochain objectif de notre ô sacré patron?"

 

Wakheart eut un sourire malicieux. Très malicieux. Teafool ne devinerait jamais, tellement c'était simple, c'est pourquoi il préféra s'amuser à le lui cacher. C'était plus drôle ainsi!

 

 

 

Chapitre Troisième

"Rencontre sous la lune"

 

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Chapitre de révélations et de nouvelles rencontres !

 

On découvre un nouveau personnage, Pravel, un ancien seigneur du mal, qui plus est immortel. Il est mystérieux et semble très blasé, mais je le trouve déjà bien charismatique. Son fidèle serviteur Xavier qui est un humain normal, est très attaché à ce dernier, mais ça se comprend vu qu'il connait Pravel depuis tout petit.

 

On passe après à une réunion très importante, entre tous les grands dirigeants des 6 grands pays. A travers leurs discussions, on découvre un peu plus leur personnalités, leurs origines et leurs physiques et ils sont vraiment tous intéressant, surtout le Roi-Montagne qui me fait rire avec sa voix grave et brusque et Vladislav est intrigant.

 

Pravel fait parti des 6 dirigeants au début je m'y attendais pas, et il révèle à ses collègues, le grand danger qui attend chacun des 6 royaumes. Des démons qui avaient pourtant tous disparus sont revenus à l'attaque sur l'ordre d'une mystérieuse personne, mais qui ?

 

On a un passage sur les meneurs des attaques sur les 6 différents pays. Wakheart est vraiment intrigant, il dégage quelque chose qui le rend vraiment intéressant, il fait une fixette sur Merak, est uniquement pour sa force ? J'aimerai bien voir sa vraie apparence aussi.

Teafool à un style hors du commun ;D, mais il est réticent d’obéir à son maitre, pour quel raison ? Son maitre est il un humain ou une race/espèce oubliée ou un immortel comme Pravel ? Comment arrive t'il à avoir des démons à ses bottes ? Que cherche t'il à faire exactement ?

 

On parle aussi brièvement de Farfly, qui doit être le plus fort parmi les 6 meneurs, vu comment Teafool en parle. C'est un démon de 1er rang ?

 

Beaucoup de questions dans ce chapitre :o. J'attends la suite !

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Merci de ton commentaire, Kyojin, mais j'aimerais éclaircir une chose (que je n'ai sans doute pas assez précisée):

Les six attaques ont toutes été menées par Wakheart, qui est capable de se multiplier et de changer de forme. Les autres démons étaient sur d'autres missions, que je ne dévoilerais pas pour l'instant. Donc les six meneurs des attaques sont tous une seule et même personne ---> Wakheart.

 

J'en profite pour dire que les noms des démons sont constitués de deux mots anglais, et que cela à un rapport avec eux, bien évidemment:

-Wakheart > Wake ("réveiller") + heart ("coeur")

-Teafool > Tea ("thé") + fool ("duper", cela peut aussi vouloir dire "imbécile", mais le sens ici, c'est "berner, duper")

-Farfly > Far ("loin") + fly ("mouche", et oui, ce n'est pas "voler")

 

Merci de me lire!

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Merci de ton commentaire, Kyojin, mais j'aimerais éclaircir une chose (que je n'ai sans doute pas assez précisée):

Les six attaques ont toutes été menées par Wakheart, qui est capable de se multiplier et de changer de forme. Les autres démons étaient sur d'autres missions, que je ne dévoilerais pas pour l'instant. Donc les six meneurs des attaques sont tous une seule et même personne ---> Wakheart.

 

Ah merci pour l’éclaircissement, j'avais mal compris ><, pour moi les autres démons s'étaient tous appelés Wakheart pour l'attaque, mais c'est juste Wakheart qui a tout fait :o, il a un pouvoir vraiment très intéressant 8). J'aimerais bien savoir ce que les autres ont accompli comme mission :P.

 

J'en profite pour dire que les noms des démons sont constitués de deux mots anglais, et que cela à un rapport avec eux, bien évidemment:

-Wakheart > Wake ("réveiller") + heart ("coeur")

-Teafool > Tea ("thé") + fool ("duper", cela peut aussi vouloir dire "imbécile", mais le sens ici, c'est "berner, duper")

-Farfly > Far ("loin") + fly ("mouche", et oui, ce n'est pas "voler")

 

Intéressant, leurs noms ont une signification, il est vrai que leur noms ne sont pas communs, mais leurs significations sont vraiment intrigant, est que ça un rapport avec leur pouvoirs, leurs passés, leurs personnalités ou leurs destins ? Je pose trop de questions :P

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Chapitre bien dense, bien fourni !

On a beaucoup d'informations, et de personnages intéressants à foison !

 

Pravel est bien spécial, il se fiche éperdument de l'avenir des peuples, des mortels. Honnêtement, je ne serai pas étonné de le voir changer de camp, un peu comme un Saruman.

 

Qu'est-ce que j'aime les conseils autour d'un table où tous les protagonistes sont à découvrir. Le roi Montagne est pas mal dans son genre, les frictions entre Braffin et Vladislav sont pas mal non plus ! Je m'impatiente déjà à voir les lutins et les fées, comme Blue Arrow !

 

Une ère sombre semble se profiler avec la réunion de quelques démons... Wakheart, Teafool... Je me questionne sur leur apparition... Pourquoi agir maintenant, et pas avant ? Pourquoi leur boss a-t-il attendu ? Ses démons sont-ils restés cachés un temps ou ont-ils été extrait de ce gouffre, cette antre maléfique qu'avait utilisé le Maitre ?

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  • 1 month later...

Bonne lecture! Je corrigerais mes fautes si j'en retrouve en me relisant.

 

Chapitre Troisième

"Rencontre sous la lune"

 

Merak épongea son front dégoulinant de sueurs, le souffle court. Sa cotte de maille pesait lourd et la pénombre qu'offrait la forêt arrivait à peine à le rafraîchir. Depuis deux jours, lui et Eko marchaient sans interruption à travers les arbres, sur une vieille route délabrée. Autrefois, elle avait dû être grandiose, mais désormais, elle n'était plus qu'un amas de ruines rongées par les lierres. Pourtant, Eko persistait à vouloir en suivre le tracé. Merak ne comprenait pas l'ardeur soudaine de son contractant: il avançait sans jamais demander de pause, les yeux rivés sur la route, infatigable. Son mutisme inquiétait sérieusement le Rak, qui se souvenait d'un Eko beaucoup plus bavard. Mais il respectait sa soudaine détermination, gardant également le silence. De toute façon, il valait mieux qu'il économise son souffle. Le jeune homme ne semblait pas décidé à s'arrêter de sitôt.

 

Soudain, ils arrivèrent à une bifurcation. Un mur s'élevait, couvert de runes, entre les deux chemins dallés. Merak plissa les yeux, puis renonça à comprendre. Il n'était pas un élève assidu en langues étrangères, si bien qu'il avait depuis longtemps refusé de communiquer autrement qu'avec sa langue maternelle, l'arak. Ce caprice avait donné du fil à retordre à la plupart de ses contractants, forcés d'adopter une langue dont ils ne voulaient pas. Heureusement, Eko apprenait vite et avait maîtrisé totalement l'Arak quelques semaines à peine après leur rencontre. Ainsi, ils pouvaient converser librement sans encombre.

 

-"Vous comptez rester là toute la nuit, contractant, ou vous déciderez-vous à me lire ces runes?" osa enfin le guerrier après un long silence, supposant que cela devait être l'alphabet commun de ce territoire et posant sa lance ainsi que la sacoche contenant les vivres.

 

Le jeune homme ôta son chapeau haut de forme, secouant ses cheveux cendrés, puis s'approcha de l'alphabet finement ciselé, tandis que la nuit commençait à tomber. Il toucha du bout des doigts ce qui semblait être la signature de l'auteur, tout en bas du texte, avant de se retourner vers son Rak. Ce dernier s'étonna de son air grave et sérieux, inhabituel.

 

-"... C'est du Vieux Dialecte. On ne l'utilise plus depuis quelques siècles, probablement parce qu'il ressemble à s'y méprendre au dialecte des Sauvages. C'est comme une volonté de se démarquer de ce qui n'est pas civilisé et de faire sombrer dans l'oubli les temps primitifs, je présume... A ma connaissance, le Vieux Dialecte n'est maîtrisé que par les professeurs royaux et la famille dirigeante."

 

-"Donc nous n'avons aucun moyen de savoir ce que cela raconte. Je n'aime pas ça, nous ne pouvons..."

 

-"Tu ne m'as pas écouté! Comme souvent." coupa violemment Eko. "Je peux le lire. Certes, ma compréhension du Vieux Dialecte n'est pas parfaite, mon apprentissage ne date pas d'hier. Mais j'ai une excellente mémoire, et Amadeus était le meilleur précepteur de Brinthe, à l'époque."

 

-"Attends une seconde... Cela veut dire que..."

 

-"C'est une longue histoire, je ne peux la résumer en quelques misérables secondes. Arrêtons-nous ici, nous avons tous les deux besoin d'un peu de repos. Demain, nous prendrons à gauche, vers les Torrents et Brinthe. D'après les indications, dans cinq jours, peut-être quatre, tu pourras apprécier les richesses de la capitale du Royaume Estien. Estime-toi chanceux, Merak d'au-delà les océans."

 

                                                                                                          _________

 

Tristan avait jugé qu'un peu d'air lui ferait le plus grand bien, c'est pourquoi il avait soudainement quitté la salle du trône pour s'offrir une petite marche dans les jardins royaux. Les jardins suspendus de la forteresse Primalys étaient une des plus belles merveilles du Monde Connu: ils étaient installés sur une série de balcons blancs entourant la tour centrale, véritable anneau verdoyant, et présentaient une variété de plantes fabuleuses, rares et parfois même légendaires. Une croyance populaire voulait que les jardins suspendus soient le cadeau d'un être supérieur, de la même origine que le terrible Maître. Pour Tristan, c'était simplement un lieu calme et paisible, qui lui rappelait son propre domaine, Brinthe.

 

Le dirigeant savait très bien qu'il ne pourrait pas retourner chez lui avant la décision du Grand Roi sur les évènements actuels, et ce dernier était encore cloué à son lit, très malade. Son fils unique, l'héritier direct au trône, était quant à lui loin du Monde Connu, explorant les territoires oubliés. En l'absence d'un personnage du sang de David, aucune mesure ne pourrait être prise, et les choses resteraient gelées au stade de la suspicion et de la méfiance. Tristan avait l'impression que le chaos était proche. Il secoua la tête, résolu. Il était hors de question que lui, le Bouclier, cède au désespoir. Qu'importe si un mystérieux adversaire s'attaquait à l'unité du Monde Connu avec de puissants démons! Tristan trouverait ce sournois sorcier et le décapiterait comme il l'avait toujours fait avec les ennemis de la paix.

 

-"Agressif et farouche, sir Téméral. Je n'en attendais pas moins de vous."

 

Tristan se retourna, haussant les sourcils. Il était impressionné, car peu de personnes pouvaient ainsi le suivre sans qu'il ne détecte leur présence. Devant lui se trouvait Sourire et ses deux gardes personnels. Mince et élancé, vêtu de son habituel ensemble jaune vif, Sourire était l'ambassadeur officiel envoyé par l'Empire du Lys. Ce vaste et puissant état s'étendait au sud du Monde Connu, constituant son seul voisin mais également sa seule menace. Par le passé, l'Empire du Lys avait tenté d'annexer le Monde Connu par la force, sans succès. La guerre avait cessé au bout de presque un demi-siècle de combats, et un traité de paix avait été signé par les deux camps.

 

La principale caractéristique des habitants du Lys était le masque: chaque sujet de l'empereur était forcé de porter un masque en public, de sa naissance à sa mort. Au fil du temps, un véritable système était né avec le masque comme base. Par exemple, les soldats portaient un masque spécifique, qui pouvait varier selon leurs grades et leurs humeurs. Les masques finirent également par être un indicateur de richesse, les lyss les plus fortunés ayant leurs propres collections de masques. Un lyss sans masque était immédiatement exécuté par la police impériale, voir mis en pièces par la populace elle-même. Tristan trouvait cela déstabilisant, lui qui lisait habituellement les visages des autres avec facilité. Sourire, en tant que bon citoyen lyss, arborait un masque coloré et grimaçant.

 

-"Je vous ai déjà dit d'arrêter ça. Mes pensées ne regardent que moi, ambassadeur." répliqua froidement Tristan.

 

Sourire gloussa, visiblement amusé. Il n'était pas ambassadeur seulement grâce à ses excellentes qualités de négociateur, Tristan l'avait deviné depuis le premier jour. Le vrai atout de Sourire résidait en ses capacités de magicien. Il était capable d'écouter attentivement l'esprit d'autrui, décelant les mensonges et décryptant les pensées. Tristan était las des petits tours de ce grimaçant personnage. La dernière fois qu'il l'avait croisé, c'était lors d'une session du conseil à propos de la criminalité, pendant laquelle Sourire avait prit un malin plaisir à le tourner en dérision.

 

-"Je ne cherche pas à irriter votre esprit, sir. Milles pardons."

 

-"Milles pardons." reprirent en échos ses gardes, deux grands guerriers presque identiques. Le masque noir strié d'or qu'ils portaient indiquait leur appartenance aux Masques Ébènes, l'élite des soldats impériaux du Lys.

 

-"Peu importe. Que cherchez-vous, dans ce cas? Nous avons une crise sur les bras et trop de problèmes à résoudre. Ne m'importunez pas."

 

-"Quels problèmes?" demanda Sourire, croisant fièrement les bras en une parfaite imitation de Tristan.

 

-"Des démons sont en liberté, nous ignorons leur nombre, ainsi que l'identité de leur chef. Les différents territoires sont tendus, prêts à accuser leurs voisins et à se lancer dans une guerre civile. Déjà, le Petit Peuple se prépare et va attaquer sous peu, Blue Arrow à sa tête. Et pour couronner le tout, le Grand Roi est gravement malade. Je suppose également qu'en voyant notre faiblesse, l'Empire du Lys va en profiter pour briser le traité et nous envahir."

 

Sourire eut un énième gloussement, suivi d'une sorte de petit hoquet indigné. Il battit l'air de ses mains comme pour chasser des mouches imaginaires, tandis que Tristan le regardait sans se laisser prendre à son jeu d'acteur.

 

-"Bien sûr que non, voyons, l'Empire n'est pas aussi vil! La paix entre nos deux nations est primordiale. Nous pouvons même vous offrir notre soutien. L'empereur approuverait! Malheureusement, il semblerait que vos problèmes n'aient déjà un peu trop grossis."

 

-"Que voulez-vous dire par là?"

 

-"Je veux dire, sir Tristan Téméral, que je venais justement vous avertir que moi et mes fidèles masques ébènes sommes coincés ici. Je viens de recevoir un message de la part d'un collègue magicien, et avant de mourir, il m'a prévenu qu'un immense rideau de - je ne sais pas si j'ai bien entendu - sable rose avait jailli du sol, formant une barrière infranchissable tout le long de la frontière entre votre pays et l'empire, plus grande que les montagnes, plus solide que toute matière. Amusant, n'est-il pas?"

 

Tristan crut à une farce de l'ambassadeur, mais pour une fois, ce dernier semblait dire la vérité. Et cette vérité annonçait que le pire était encore à venir. Non seulement il existait sur terre un démon capable d'un tel exploit, probablement une créature du premier enfer, mais en plus, le Monde Connu était privé de son seul allié. L'empire du Lys n'était peut-être pas digne de confiance mais au moins, il possédait une armée puissante. Maintenant, le Monde Connu était seul. Sourire secoua tristement la tête, changeant d'émotion du tout au tout.

 

-"Je ne suis pas un magicien de combat, mais moi et les six masques ébènes qui m'accompagnent sommes au service de votre Grand Roi et des six dirigeants, pour honorer le traité. Nous ferons de notre mieux, soyez-en sûrs, je le jure sur le masque de l'Empereur!"

 

-"Sur le masque de l'Empereur!" reprirent les deux masques ébènes.

 

-"Je n'ai que faire des serments d'un bouffon, Sourire, mais votre aide sera la bienvenue. Pour l'instant, nous devons d'urgence avertir le conseil. Les choses vont trop vite. Je vais à la salle du trône. Vous, allez chercher le Grand Mage et demandez-lui de tout faire pour qu'Azur soit remit sur pieds. Nous avons plus que jamais besoin du Grand Roi!"

 

Sourire acquiesça et les lyss disparurent en un battement de cils. Tristan jura dans sa barbe, maudissant la rapidité phénoménale de ces étrangers masqués. L'étau se resserrait. Leur ennemi savait ce qu'il faisait. Quel serait son prochain coup? Le conseil allait avoir du pain sur la planche. Le dirigeant, mélancolique, jeta un dernier coup d'oeil aux magnifiques roses crépusculaires qui l'entourait. Tout se passait-il bien, à Brinthe? Il avait laissé la direction de l'Estien à la charge de sa femme, une dame forte et imperturbable, surtout depuis la mort de leurs deux fils, Baleko et Dalano. Cette tragédie l'avait endurcie, si bien que Tristan savait qu'elle ne baisserait pas les bras en cas de catastrophe. Il fit une courte prière aux cieux, puis reprit le chemin de la salle du trône.

 

                                                                                                      _________

 

Eko ne savait pas très bien par où commencer. Il avait tant à raconter. Merak ne le pressait pas, assis calmement en tailleur devant le feu de camp, sa lance sur les genoux, dans la plus pure tradition Raka. Le jeune homme avala une gorgée d'eau, nerveux. L'ardeur qui le possédait auparavant avait disparue en même temps que le soleil. Il avait mal partout, ne se sentait pas très bien, et se débattait avec sa conscience. Eko ne pouvait pas garder le silence. Il devait se confier.

 

-"Mon nom est Baleko Blast Téméral, fils aîné de Tristan Blast Téméral, dirigeant de l'Estien, et de Sicilia Mâcherubis. Il y a encore dix ans, j'étais un garçon sage, obéissant et je n'imaginais pas une seule seconde poser les pieds en-dehors de Brinthe. Cela exaspérait Dalano, mon frère, plus jeune que moi d'un été, et déjà à l'époque fort comme notre père. Il adorait échapper à la vigilance de nos nourrices pour partir en excursion dans les forêts, tandis que je restais bien au chaud sous mes couvertures. Oui, Dalano et moi étions très différents..."

 

-"Vous le bon garçon et lui le garnement, c'est ça?" demanda Merak, tranquille. Il ne paraissait nullement surpris par la révélation d'Eko.

 

-"Dalano n'était pas méchant. Il était juste... plus téméraire que moi. Nous étions très proches. Bien sûr, il ne supportait pas mes airs d'étudiant assidu, et je n'appréciais pas son coté arrogant, mais nous pouvions nous faire confiance pour compter l'un sur l'autre. Il m'a appris à monter correctement, comme un prince, lui qui était un cavalier hors-pair, et je lui ai appris à lire."

 

Eko fit une légère pause, plongé dans ses pensées. Son frère aurait fait un meilleur dirigeant que lui. Plus grand, plus séduisant, plus musclé, la seule chose qui avait manqué à Dalano était la prudence. Si il avait eu le sens du danger, peut-être serait-il encore en vie, aujourd'hui, riant et buvant. Il n'avait jamais réellement visé le trône, préférant flirter avec les filles et se battre. Leur père, Tristan, avait un jour dit que si Eko était appelé à diriger, se serait Dalano qui le protégerait, envers et contre tous.

 

-"Tu te demande sûrement pourquoi je ne retourne chez moi qu'à présent. En vérité, la raison est très simple... Dans ma famille, il existe une loi très ancienne, jamais véritablement appliqué. Tout péché disparaît du sang qui s'exile dix hivers au-delà des frontières. Mon péché était si grand que je n'ai pas vu d'autres solutions, en dehors du suicide."

 

Le jeune homme baissa les yeux. Il n'avait que quinze ans lorsque c'était arrivé et pourtant, il n'arrivait pas à se pardonner. Maintenant qu'il avait accompli son exil, que les dix hivers étaient passés, il espérait simplement avoir le droit de revenir dans son foyer. La culpabilité, elle, ne disparaîtrait jamais, même en invoquant toutes les lois possibles et inimaginables. Eko fut sur le point de révéler ce péché en détails à Merak, mais le lancier se leva subitement, sur ses gardes, comme si il venait de sentir un danger.

 

-"Qu'est-ce que..."

 

-"Taisez-vous, contractant."

 

Alors qu'il avait à peine terminé de murmurer ses mots, Merak pivota vers l’enchevêtrement de branches et de buissons à sa gauche, la lance prête. Quelque-chose se dissimulait à travers les feuilles. Soudain, les branches s'écartèrent et l'intrus se montra au clair de lune. Contre toutes attentes, il s'agissait d'une fille. La demoiselle était jeune, presque autant qu'Eko, et n'affichait aucune peur devant l'arme menaçante du Rak. Ses longs cheveux noirs presque bleutés scintillaient. Elle n'était vêtue que d'une robe blanche toute simple, qui normalement aurait dû être abîmée par les buissons, ce qui n'était pas le cas. Les yeux dorés de la fille allèrent de Merak à Eko, et elle eut un léger rire.

 

-"Je vous ai fais peur? Mes excuses, messieurs."

 

-"Qui êtes-vous et que faites-vous ici?" siffla Merak en arak, ce qu'Eko s'empressa de traduire, encore un peu sous le choc de cette apparition. Le guerrier ne baissait pas sa lance, méfiant.

 

-"J'habite ces bois avec ma tante. On n'aime pas vraiment la compagnie, alors la forêt est un bon refuge. J'ai grandis ici. Quant à mon nom... Je m'appelle Sevenvy, enchantée." fit-elle, tendant la main.

 

Merak eut un grognement bougon et parut la croire, se détournant d'elle pour retourner s'asseoir près du feu. Eko, beaucoup plus maniéré, alla serrer la main de la jeune demoiselle en s'excusant pour le comportement impoli de son compagnon. Il se présenta, en omettant bien sûr de révéler son nom complet et ses origines, et nomma également Merak. Sevenvy sembla le détailler des pieds à la tête.

 

-"Tu es de Brinthe, n'est-ce pas? J'y suis allé, l'été dernier, et j'ai vu beaucoup de gens à la chevelure cendrée, comme la tienne."

 

-"C'est en effet une caractéristique courante des natifs de la capitale, tu as l'oeil! Que fais-tu dehors à une heure aussi tardive? Et qui plus est, vêtue de cette façon! Approche-toi du feu, tu risque d'attraper froid."

 

-"Merci de ton attention, mais les nuits ne sont pas trop rudes par ici. Ce n'est pas la première fois que je me balade dans la forêt de nuit, et j'adore ça." répondit Sevenvy. "Si ce n'est pas indiscret, que faites-vous sur cette route? Elle n'est plus utilisée depuis des siècles."

 

-"Nous essayons de rejoindre Brinthe. Le Chemin Prospère n'est plus sûr, alors nous préférons utiliser un moyen détourné."

 

-"Mais... vous êtes au courant?"

 

-"Au courant de quoi?"

 

-"Brinthe est attaquée. C'est ce que ma tante a appris d'un vagabond. Il ignorait par qui ou par quoi, mais il semblait très sûr de ses propos! Vous feriez mieux de changer de direction. Irradiance n'est qu'à dix jours de marche, au nord. C'est plus loin que Brinthe, mais beaucoup moins dangereux."

 

Eko resta silencieux. Il regarda Merak, formant quelques mots avec ses lèvres. Les deux hommes s’échangèrent un regard, puis le plus vieux des deux commença à rassembler leurs affaires, éteignant rapidement le feu. Sevenvy ne comprenait pas. Elle fit de grands yeux étonnés. Eko la remercia de l'information et remit son chapeau haut de forme, l'air grave. Ils devaient faire vite et retourner à Brinthe le plus vite possible, si jamais cela s'avérait être la vérité. Voyager de nuit serait épuisant, surtout qu'ils étaient encore courbaturés par les deux journées précédentes, mais ils n'avaient pas le choix. Merak ouvrit la marche, attendant son contractant.

 

-"Prends soin de toi, Sevenvy. Ce fut court, mais j'ai été content de te connaître. Adieu!"

 

Les deux hommes reprirent leur chemin, le long de la vieille route de Darius, prenant à gauche à la bifurcation, direction Brinthe. Sevenvy assista à leur départ, muette, figée. Finalement, elle sourit, dévoilant des crocs luisants. Un bruit derrière elle lui indiqua qu'un autre démon venait d'arriver, par la voie habituelle. Il s'agissait en fait de deux démons, qu'elle reconnut aussitôt: Teafool et Wakheart. Ce dernier était aussi beau qu'à son habitude, malgré son apparence d'homme-rat, et elle ne put s'empêcher de sourire davantage, heureuse de le voir.

 

-"Wakheart!" appela-t-elle en le rejoignant.

 

-"Sevenvy, fraîche et jolie comme une fleur rescapée des montagnes infernales! Tu semble de meilleure humeur qu'hier!" fit remarquer l'homme-rat, alors que la jeune fille lui sautait au cou.

 

-"Ah, la jeunesse..." marmonna Teafool. "Alors, ça a fonctionné?"

 

Sevenvy relâcha Wakheart, ses longs cheveux noirs voltigeant autour d'elle. Elle paraissait banale, en comparaison de l'apparence peu commune de ses deux compagnons, mais n'était cependant pas à sous-estimer. C'était une combattante redoutable, sans doute la démone la plus puissante du troisième enfer. Sevenvy, fière d'elle, imita l'air grave d'Eko, puis éclata de rire.

 

-"Ils ne se sont doutés de rien. Tout comme le patron l'a ordonné, j'ai motivé notre proie. Il va se précipiter tout droit à Brinthe, et le plan du patron pour faire sombrer l'Estien sera bientôt complété."

 

-"Bien joué, Sevenvy. Dire que j'ai failli le tuer..."

 

-"Ce n'est pas de ta faute, tu ne pouvais pas savoir son identité. Et console-toi, tu pourras au moins t'amuser plus longtemps avec ce lancier qui t'intéresse tant!" lança Teafool.

 

-"Tu as raison, pour une fois. Bon, Farfly devrait en avoir fini avec la barrière. Hâtons-nous, notre mission n'est pas encore terminée. L'Estien n'est pas le seul territoire que nous avons à briser."

 

Sevenvy et Teafool hochèrent la tête. Ils avaient encore beaucoup de travail, selon leur patron, qu'ils avaient revus la veille. Il leur avait donné des missions précises à suivre avec attention, et les dix démons sur lequel il avait le contrôle ne pouvaient rien faire d'autres que lui obéir, même ceux qui appartenaient au premier enfer. Son plan se mettait lentement mais sûrement en place. Personne n'y échapperait.

 

 

Chapitre Quatrième

"Au plus profond des ombres"

 

 

(Pour ceux qui n'auraient pas compris, le Monde Connu est un très grand pays, divisé en six territoires. Il est entouré par les territoires oubliées à l'ouest, par l'Empire du Lys au sud, et par l'océan à l'est et au nord. Les territoires oubliés sont des terres qui appartenaient autrefois au Monde Connu, mais qui furent désertés suite à la destruction engendrée par le Maître. L'Empire du Lys occupe une plus grande surface que le Monde Connu. Quant à l'océan... nous en reparlerons une autre fois! ^_^

Et prenez bien garde à ne pas confondre Eko et le fils aîné d'Azur:

-Le fils aîné d'Azur est l'héritier au titre de Grand Roi, il a le sang de David, et pour l'instant, il explore les territoires oubliés.

-Eko est le fils aîné de Tristan et l'héritier au titre de dirigeant de l'Estien.

Voilà, voilà, j'espère que c'est clair.)

 

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Encore une fois un bon chapitre et toujours aussi bien fourni en information sur le monde.

 

Ce coup-ci on revoit notre duo Mérak et Eko qui continuent leur marche sur cette ancienne route oubliée dans la forêt, le passage en face des ruines et des dialectes était intéressant, on a appris un peu plus sur Eko, on fait allusion à un certain Amadeus et j'aimerais bien savoir ce que disait le dialecte sur ces ruines.

 

On revoit Tristan dans son royaume, dans un beau jardin qui fut très bien décrit, on découvre un magicien pas commun qui est assez louche et qui a un nom original Sourire ;D. On découvre qu'il vient du puissant Royaume de Lys qui a des coutumes vraiment étranges :o avec leurs masques.

Il informe cependant Tristan d'une terrible nouvelle avec cette étrange mur de sable rose. Tout se prépare minutieusement, je ne sais pas qui a prévu ce plan et qui est derrière tout ça, mais il a du préparer tous ses plans durant de nombreuses années.

Tristan voit déjà une grande catastrophe à venir qu'il ne pourra peut être pas arrêter. On connait aussi le nom de sa femme et de ses deux fils morts.

 

On retourne sur Merak et Eko, ce dernier nous fait de grandes révélations en nous apprenant qu'il s'appelle Baleko et qu'il est le fils de Tristan :o. On apprend énormément sur son frère et lui dans le passé, on connait aussi la raison pour laquelle il s'est exilé pendant 10 ans, cela est dû à une vieille loi de son royaume. Mais au moment où il venait pour parler de son péché, une étrange jeune fille arrive. Alala j'aurai bien aimé savoir ce qu'il aurait dit.

 

La jeune fille qui au premier abord semblait être honnête et sympa se révèle être une démone, je ne l'avais pas vu venir. Elle a informé Eko de l'attaque sur Brinthe pour le piéger, elle est aussitôt rejoint par Wakheart et Tearfool, elle semble amoureuse de l'homme-rat et est connue pour être la plus forte du 3ème enfer, ça promet avec elle.

Son nom signifie Sept vies ? :P

 

En tout cas, le cerveau derrière tout ça gère, il a tout prévu, j'ai vraiment hâte de savoir qui sait et comment arrive t'il à avoir 10 démons à sa solde.

 

Bref je veux la suite !

 

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Merci pour ton commentaire!

 

J'aimerais bien savoir ce que disait le dialecte sur ces ruines.

 

En gros, c'était une sorte de panneau-indicateur. Il donnait la position du croisement, informait des deux directions à prendre, du temps qu'il faudrait pour atteindre le prochain lieu, et cetera. Cela ne sert pas à grand chose de savoir réellement ce qu'il dit (en dehors de la partie concernant le chemin de gauche) donc je n'ai pas trop réfléchi à ça. Ah si, l'inscription ayant été sculptée par Darius lui-même, c'est bien évidemment lui qui la signe. Et si tu ne te rappelle pas qui est Darius, retourne lire la lettre dans la préface! ^^

 

On revoit Tristan dans son royaume, dans un beau jardin qui fut très bien décrit, on découvre un magicien pas commun qui est assez louche et qui a un nom original Sourire ;D. On découvre qu'il vient du puissant Royaume de Lys qui a des coutumes vraiment étranges :o avec leurs masques.

 

Tristan ne se trouve pas dans son royaume, l'Estien, mais est toujours comme dans le précédent chapitre à Primalys, qui est la forteresse du Grand Roi Azur, celui qui gouverne tout le Monde Connu. A noter que Primalys est situé là où les frontières des six territoires se rejoignent. Et j'ai eu du mal à trouver un nom pour Sourire, alors au final j'ai fais très simple et cela lui va à merveille.

 

Son nom signifie Sept vies ? :P

 

Sevenvy est un mélange de Seven ("sept") et de Envy ("envier"), mais bien essayé! ^_^

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Bon chapitre !

Le plan se met en place coté démons, on en voit de plus en plus, et on voit qu'ils cherchent à fragiliser tous les royaumes. Apparemment ils seraient dix à être aux ordres d'une personne, ce doit être un sorcier utilisant la magie noire ou quelqu''un dans ce style pour être aussi persuasif envers de tels êtres démoniaques.

 

Tu as bien fais de mettre le rappel sur les descendances d'Azur et de Tristan. Je les avais confondus.

 

Le monde change, et voyons où ce que tout ceci va nous amener.

 

Concernant l'instigateur de ces troubles, je me demande si ce ne serait pas l'oeuvre d'un chef de l'alliance. La maladie d'Azur m'inquiète, et si ce ne serait pas un hasard, une sorte d'envoûtement, de son soit disant magicien soigneur par exemple ?

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Merci pour les infos plus précises Yaune ;D. Sinon j'ai hésité dans le sondage entre le descendant du Maitre et un parfait inconnu et après mûre réflexion, j'ai voté pour ce dernier.

Je sais pas pourquoi, mais je me dis que celui qui est derrière tout ça doit être une race oubliée que personne ne connait dans ce style, cependant je dois être totalement dans le faux :P.

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