Hou Son Mei Tong Posted August 17, 2015 Share Posted August 17, 2015 Salut à tous ! Je suis de retour après pas mal de vacances et un jeu de rôle que j'ai meujeuté (en gros, j'ai créé un univers dans lequel d'autres joueurs ont évolué et on joue avec des fiches de personnages et des dés comme à l'ancienne quoi !). Me revoilà ainsi avec pas mal de nouvelles idées ! Je reviendrai sans doute sur à la planète des origines un peu plus tard. Voilà donc les Péripéties Martiennes, un thriller de science fiction qui, je l'espère, vous transportera dans ce monde futuriste. Synopsis : Vingt troisième siècle. La conquête spatiale a fait des bonds de géant. L'homme ambitionne désormais de coloniser d'autres planètes du système solaire et d'accéder aux innombrables ressources de la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Mais l'humanité est encore jeune. Bien des dangers la guettent. Les hommes sont-ils prêts à y faire face ? ... Prologue : - Merde ! L'agent Yamamoto court à en perdre haleine. De temps à autre, il jette un coup d’œil affolé à son ordinateur portable quantique. Son camouflage optique ne va plus tenir très longtemps. Douze minutes, tout au plus. Si seulement il pouvait envoyer les données qu'il possédait à la Fédération Terrienne… Au lieu de cela, le jeune japonais se retrouve traqué comme l'un des pires terroristes que la planète rouge ait connu. En vitesse, s'aidant de la faible gravité martienne, il s'enfonce de plus en plus dans les souterrains de la cité de Boréalis. À mesure qu'il descend, les loges troglodytiques des habitants deviennent misérables. Les déchets, à demi cachés par des hologrammes publicitaires, jonchent les corridors principaux. On y respire un mélange de pisse, de vomi et de misère. La moitié des lampes plasmiques éclairant les galeries sont hors services et la ventilation laisse grandement à désirer. Les compagnies martiennes avaient promis monts et merveilles à des millions de travailleurs pauvres de la Terre. Mais à présent, la plupart ne peuvent même plus se payer leur billet de retour. Par centaines de milliers, ils finissent par s'entasser dans les bas-fonds et les souterrains des villes martiennes. Pour les entreprises, ils représentent une main d’œuvre bon marché et remplaçable utilisée dans la construction des complexes, des centres de recherche, des laboratoires, des champs de culture robotiques souterrains et des réseaux de transport. Soudain, en pleine course, Yamamoto percute une adolescente. Cette dernière, surprise d'avoir été projetée à terre par une force invisible, regarde d'un air hagard les alentours. Rapidement, l'agent japonais reprend ses esprits. La collision l'a fait planer sur une distance de six ou sept mètres et il se retrouve allongé sur un tas de vieux débris. Un écran virtuel se matérialise à une cinquantaine de centimètres de son visage. Seul le japonais peut le visualiser dans son environnement de Réalité Augmentée. Un chronomètre rouge y figure. Il reste une minute avant que son camouflage optique ne se désactive. En vitesse, l'agent cherche un endroit où se cacher. S'il réapparaît là, comme ça, en plein milieu du corridor, il deviendra une cible facile à repérer pour ses poursuivants. Allez, réfléchis, réfléchis… se dit-il. Tout d'un coup, il remarque une ancienne boutique troglodytique. Il y fait si sombre que l'on ne voit même pas le fond de la première pièce. Parfait, pense Yamamoto. Vif comme l'éclair, le terrien se précipite dans les alcôves de cet ancien magasin. Passant en vision infra-rouge, le jeune homme finit par se terrer dans la pièce la plus profonde de la structure. À peine a-t-il refermé la vieille porte rouillée de la salle que son camouflage se désactive. Il va devoir attendre une vingtaine de minutes que sa combinaison se recharge en énergie. Le japonais lève les yeux. Il n'y voit strictement rien. C'est le noir total. Patiemment, il tend l'oreille. Dix secondes passent. Puis vingt. Toujours rien. La vie continue normalement dans le corridor principal sur lequel donne la vieille boutique où il s'est terré. Brusquement, le silence s'empare des passants. Des bruits d'exosquelettes et de bottes d'armures énergétiques se répercutent contre les parois. Ils sont là. Ces putains d'enfoirés de l'Eureka Control Services sont là. Ils ne font que passer, ils ne font que passer… se répète en boucle Yamamoto. Mais bien vite, ses espoirs sont réduits à néant : - Monsieur !, entend-t-il dans un anglais fortement accentué. J'ai repéré des traces calorifiques menant à cette ancienne structure. - Allons voir ça de plus près, répond une voix plus grave encore. Sans hésiter, Yamamoto déploie son fusil d'assaut polyvalent. Dans le noir et un silence absolu, il adresse une dernière prière à ses proches restés sur Terre. Lorsque la vieille porte rouillée s'ouvre dans un fracas métallique, l'agent japonais s'élance sur ses adversaires en poussant un cri de désespoir. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Kyojin972 Posted August 18, 2015 Share Posted August 18, 2015 Bon prologue ! Ça commence fort et directement dans l'action ce qui est plus prenant. Pour c'est le mystère et on ne peut se poser que des questions au sujet de l'agent. Bref j'attends la suite ! Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Hou Son Mei Tong Posted August 18, 2015 Author Share Posted August 18, 2015 Merci Kyojin pour ton commentaire ! Et sans plus attendre, voici le premier chapitre ! Chapitre I : Réunion d'urgence Le soleil se lève sur le bassin parisien. Il est près de sept heures. Les bâtiments haussmanniens, vieux de plus de quatre siècles, resplendissent dans la lumière matinale. Les véhicules électriques de transports automatiques commencent à se faire de plus en plus nombreux dans les avenues. Quelques silhouettes pressées descendent dans les rues pour se rendre à leur travail. Grâce aux lois planétaires environnementales et à la propagation des technologies de la fusion nucléaire, la pollution a presque été éradiquée en cette moitié du vingt troisième siècle, du moins dans la plupart des pays. Les entreprises et techniques polluantes ont été bannies dans l'espace. Désormais, la biodiversité terrestre retrouve une partie de sa quiétude d'antan sous l’œil attentif des scientifiques. On peut donc respirer un air pur à Paris, chose impensable au 21ème et 22ème siècle. Et en cette belle matinée d'été, un spectacle assez saugrenu se déroule sous les yeux des passants. - Bordel !, s'écrie tout seul un jeune français en costard. J'étais censé être en vacances. En vacances ! Et voilà qu'on me rappelle dés le premier jour ! J'ai même pas pu en profiter plus de vingt quatre heures ! Furieux, l'homme d'une trentaine d'années ne se soucie pas des regards réprobateurs qu'on lui porte. Mais comme on dit, un français qui râle est un français qui va bien. Et l'individu semble être au meilleur de sa forme. Dans tous les cas, sa silhouette en impose. Cheveux blonds coupés courts, il possède une musculature impressionnante. Ses yeux verts émeraudes dévoilent un esprit vif et une intelligence peu commune. D'un pas pressé, il se rend au réseau métropolitain tout en soupirant bruyamment de temps à autre. À peine arrive-t-il au niveau des quais que la rame monorail électromagnétique arrive avec un fort courant d'air. En vitesse, il s'engouffre dans le wagon en ne prêtant aucune attention aux hologrammes publicitaires tridim qui s'activent sur son passage. À sept heures du matin, le jeune homme trouve sans difficulté une place assise. Alors que la rame démarre doucement, il met ses lunettes de Réalité Augmentée et démarre les programmes annexes. La voix féminine de l'intelligence artificielle de son ordinateur portable quantique ou O.P.Q. parvient à ses oreilles : - Profil génétique confirmé : bienvenue, Charles Du Hautoy. - C'est ça, répond cyniquement l'intéressé. Le français n'a pas le temps de rajouter un commentaire désobligeant. Un appel de sa directrice le fait sursauter sur son siège. Il répond aussitôt. - Madame ?, fait-il avec une intonation volontairement désagréable. - Bonjour, agent Du Hautoy. Je suis sincèrement désolée d'avoir interrompu vos vacances bien méritées. - Vraiment ?, lui répond-t-il. Je n'ai même pas eu le temps de voir ma femme, mon fils et ma fille. - Croyez bien que j'en suis navrée. Mais c'est une situation d'urgence. Vous avez ordre de vous rendre au spatioport de Roissy – Charles De Gaulle. Moi-même, qui étais en vacances à Antibes, je me rends instamment à l'aéroport de Nice pour venir à Paris. - Je suppose que vous ne pouvez pas m'en dire plus sur cette ligne. - En effet. On vous expliquera tout lorsque vous serez sur place. Je peux néanmoins vous dire une chose : il n'y a pas seulement les services de renseignement français qui sont sur cette affaire. Bonne chance, Du Hautoy. - Merci, madame. La connexion se termine. Charles se passe sa main droite sur son front en sueur. La voix de sa supérieure était légèrement tremblotante. Quelque chose de grave a dû se produire. Cela fait cinq ans maintenant qu'il travaille pour les services de renseignement français et européens. Et durant tout ce temps, il n'avait jamais vu sa directrice aussi inquiète. Dans quoi va-t-il s'embarquer ? La trentaine de minutes qu'il passe dans les transports en commun s'écoule rapidement. La brume qui s'étend sur la banlieue se disperse peu à peu. Bientôt, la partie industrielle du spatioport se dessine sous les yeux du jeune français. De gigantesque grues s'activent ça et là, chargeant et déchargeant des conteneurs longs de près de vingt mètres sur des transports automatiques de monorail électromagnétiques. Toutes les deux minutes, d'imposants cargos orbitaux atterrissent après une longue approche en vol plané pour économiser leur carburant. Plus des deux tiers apportent dans leurs soutes des matériaux raffinés pour les fabriques et les complexes industriels terrestres. Le secteur astrominier s'est considérablement développé lors de ce dernier siècle. Les autres appareils ramènent toute sorte de produits manufacturés dont la production est considérée comme trop polluante pour être réalisée sur Terre. Des centaines d'aéronefs électriques recrachent un nombre impressionnant de travailleurs. Ces milliers de techniciens et d'ingénieurs vont prendre leurs postes pour veiller au bon fonctionnement des installations automatiques, des robots et des I.A. de gestion. Confortablement installé sur son siège, Charles lève les yeux. Au loin, à cinq ou six kilomètres d'altitude, le jeune français repère une station météorologique de pointe. Cette dernière analyse avec une extrême minutie l'atmosphère et ses taux de particules diverses. Mais bien vite, sa rame de métro entre dans la partie réservée aux passagers du spatioport. Quelques minutes plus tard, l'agent Du Hautoy descend au terminal un. Même à sept heures trente cinq, le hall principal commence à être bondé. Des milliers de personnes pressées se croisent sans s'adresser un regard. Charles se sent comme happé dans une immense fourmilière. D'après son O.P.Q., il a un premier rendez-vous dans l'annexe B-314 au deuxième étage. Étant familier du spatioport, le jeune blond se dirige d'un pas sûr vers le lieu de la réunion. Après quelques pas dans le hall, une flèche rouge clignotante se matérialise dans son espace de Réalité Augmentée, à un mètre du sol et à deux mètres devant lui. - Oh, c'est pas vrai !, commence-t-il. Désactivation du support d'aide à la locomotion. - Si je puis me permettre, lui répond dans ses oreillettes la voix de son I.A. assistante, suivre mes instructions pourraient vous permettre de réaliser un gain de plusieurs minutes sur votre trajet. - Oui, maman. Merci maman, mais je connais mon chemin. - Techniquement parlant, je ne peux pas être votre mère et… - Ouh là là, coupe le français. Il va falloir que j'améliore ton programme d'humour, à toi… Suite à cette remarque, la flèche rouge se dématérialise et l'I.A. de son O.P.Q. replonge dans le silence. Tiens, si ce n'est pas mignon, se dit l'agent français. On a l'impression qu'elle boude… Une I.A. qui boude ! Cette pensée lui arrache un sourire. Il sait bien qu'une telle chose est impossible. Les intelligences artificielles n'ont pas de conscience d'elles-même puisqu'elles n'ont pas d'émotions. Toutefois, la situation telle quelle peut prêter à confusion. De nos jours, la technologie peut analyser finement nos émotions par l'observation des expressions et rictus de nos visages. Si l'on est agacé, énervé, en colère ou au contraire heureux, les I.A. peuvent alors réagir en conséquence grâce à leur programmation donnant une fausse impression d'être vivantes. Cela dit, il est aujourd'hui interdit d'introduire un dispositif cybernétique pour une raison non médicale à l'intérieur du corps humain. Les accidents, les dérives et les hackages des cybercerveaux et des puces électroniques directement implantées dans le cortex cérébral ont forcé les comités de bioéthique d'imposer une réglementation extrêmement sévère. Désormais, chaque dispositif cybernétique doit pouvoir s'enlever et se désactiver sans danger pour l'utilisateur. Ces mesures se sont finalement étendues à tout ce qui touche le corps humain lui-même comme les prothèses et exosquelettes. Le secteur du transhumanisme est maintenant aussi réglementé que celui de la génétique et de la recherche médicale. Après cinq minutes de marche, Charles se retrouve devant la porte de l'annexe B-314. Il y pose sa main gauche, s'attendant à ce qu'elle s'ouvre dans l'instant. Au lieu de cela, un étrange phénomène se produit. Toute sa personne se retrouve entourée par un hologramme d'analyse. Quelques secondes plus tard, tous ses appareils électroniques et cybernétiques cessent de fonctionner. Ne voyant presque plus rien, le français enlève ses lunettes de Réalité Augmentée. Lorsqu'il lève les yeux, la porte s'est ouverte. Face à lui se trouve un homme en armure de combat. Ce dernier lui tend la main : - Monsieur Du Hautoy, veuillez me remettre votre O.P.Q. s'il vous plaît. - Ça ne me plaît pas du tout mais je n'ai pas vraiment le choix, lui répond-t-il. Joignant l'acte à la parole, Charles enlève deux anneaux qui se trouvaient au niveau de ses deux avant-bras puis les remet au garde. Ces objets sont de véritables concentrés de nanotechnologie. Possédant une puissance de calcul phénoménale, ils permettent aux citoyens de jouir de toute une panoplie d'autres objets connectés. Les I.A. qui y sont installées reçoivent en permanence des mises à jour et peuvent s'améliorer d'elles-même grâce aux réseaux qu'elles tissent entre elles. - Vous pouvez entrer, à présent, lui annonce le soldat. Vous récupérerez votre O.P.Q. après votre opération. - Très bien. Le français entre dans la pièce. Il y fait un peu sombre. Instinctivement, l'agent observe les murs de la salle. Ces derniers sont faits d'un matériaux composite absorbant les ondes électromagnétiques. La pièce doit être isolée de tout réseau externe. On ne doit pas pouvoir se connecter à l'extranet d'ici. L'instant d'après, Charles recentre son attention sur les deux autres personnes, hormis le garde, qui sont présentes. Toutes les deux sont assises autour d'une table ovale assez grande. L'une d'entre elles est une belle rousse d'un mètre soixante dix. Le français estime qu'elle doit avoir une vingtaine d'années. Les yeux azurs de la jeune femme pétillent de malice. Rapidement, elle détourne le regard, gênée, lorsqu'il la dévisage. Elle est plutôt mignonne. - Toujours à observer les belles choses, à ce que je vois ! Cet anglais avec un fort accent écossais, Du Hautoy le connaît bien. Il se tourne vers la deuxième personne assise à la table ovale. - William MacLeod. Toi, ici ? - Ça fait un bail, Charles, reprend l'homme dans un français parfait. - S'ils t'ont fait venir, c'est que c'est une opération européenne. - Je n'en sais pas plus que toi pour l'instant. Le français fixe son vieux partenaire écossais. En deux ans, ce dernier n'a pas vraiment changé. Il a toujours sa barbe soigneusement entretenue. Ses larges épaules carrées donnent encore l'impression qu'il est capable de soulever deux fois son poids. Malgré sa stature imposante, ses yeux bruns dévoilent une gentillesse sans pareille. La première fois qu'il l'a vu, Charles l'a considéré comme un ours au cœur d'or. Et c'est toujours cette comparaison qui lui vient à l'esprit lorsqu'il se retrouve en présence de MacLeod. - Tu es venu directement d'Angleterre ? demande le français - Non, j'étais au festival interceltique de Lorient lorsque l'on m'a fait venir ici en urgence. J'ai dû laisser ma famille en plan là-bas. - Je vois… Toi aussi, tu as eu des vacances écourtées… - Euh, excusez-moi, messieurs. Les deux compères se retournent vers la jeune femme qui les a apostrophé. - L'un d'entre vous sait-il quand notre superviseur arrivera ? - Il ou elle sera bientôt là, lui répond Charles. Le rendez-vous est à 7h45 et il est… Le français jette un coup d’œil à l'horloge de la salle. - il est 7h44, reprend-t-il en poussant un soupir. Soudain, le garde surveillant l'entrée se met en position devant la porte. Cette dernière s'ouvre dans un léger bruit de coulissement. Une femme brune, la quarantaine, entre dans la pièce après s'être débarrassée de son propre O.P.Q. Charles la reconnaît instantanément. Il s'agit de la directrice générale des services secrets français. La supérieure de l'agent Du Hautoy qui se trouvait à Nice est directement sous les ordres de cette quadragénaire. Le garde, quant à lui, sort de la salle avec les différents appareils cybernétiques avant de refermer la porte derrière lui. Le jeune blond arque un sourcil. Il doit vraiment s'agir d'une affaire d'importance pour que la directrice générale se déplace elle-même. - Bien, fait-elle. Je vois que tout le monde est réuni. Nous allons pouvoir commencer. Prenez donc une place, agent Du Hautoy. Sans dire un mot, Charles obtempère. Tandis qu'il s'assoit, la quadragénaire allume les hologrammes de la table ovale. Une image en tridim de la planète Mars y apparaît. On peut y apercevoir les différentes villes-sphères ainsi que les grands réseaux monorail qui parcourent sa surface. En près d'un siècle de colonisation, la planète rouge a radicalement changé d'aspect. Cent cinquante ans auparavant, les hommes exploitaient les dernières ressources minières à la surface de la Terre. Pour rechercher davantage d'or, de zinc, de germanium, de polonium ou d'autres matières premières, ils ont dû creuser bien plus profondément dans le manteau terrestre, souvent sous la barre des vingt kilomètres, avec toutes les contraintes techniques et physiques que cela impose. C'est à cette époque que l'industrie astrominière s'est développée. Grâce aux évolutions technologiques, la ceinture d'astéroïdes devenait accessible. Une véritable ruée aux ressources s'est déroulée dés les années 2150. L'extraction spatiale requiert de nombreux systèmes robotiques et automatisés. Pour entretenir et améliorer tous ces systèmes, des centaines de milliers voir des millions de techniciens et d'ingénieurs sont nécessaires. Mais loger tout ce monde dans des stations spatiales à gravité artificielle coûte extrêmement cher. C'est ainsi que la colonisation de Mars a véritablement débuté. Ne présentant qu'un simple intérêt scientifique de prime abord, la planète rouge est devenue en l'espace de dix ans le lieu d'habitation de plusieurs millions de personnes. Par ailleurs, suite aux nombreuses lois environnementales très restrictives de la Fédération Terrestre, la plupart des industries polluantes se sont déplacées sur Mars. Aujourd'hui, de gigantesques usines et fabriques fleurissent sur sa surface. La colonie martienne s'est principalement développée grâce aux entreprises et compagnies privées qui souhaitaient se soustraire aux réglementations jugées trop contraignantes de la Terre. De nos jours, Mars est devenue un gigantesque secteur industriel à la pointe de la recherche et de la technologie. Là-bas, tout y est régie par des groupes financiers. La sécurité est par exemple assurée par plusieurs compagnies privées. La Mars Global Company gère le développement de laboratoires et de complexes de recherche qu'elle loue aux autres entreprises. La MGC s'est imposée dans le domaine de la construction martienne d'une manière générale. Suite à ces faits, la bourse de Mars est rapidement devenue une référence dans le monde économique. Le silence s'abat autour de la table ovale. La directrice le rompt d'une manière abrupte : - Je suppose que vous avez déjà fait connaissance ? - Nous n'en avons pas eu le temps, madame, lui répond la jeune rousse. - Je vois. Je vais donc faire une rapide présentation. Comme vous le savez certainement, je suis Samantha Danniens, l'actuelle dirigeante des renseignements français. Puis, se tournant vers Charles, elle déclare : - Ici présent, voici l'agent Charles Du Hautoy, l'un de mes subordonnés les plus talentueux de ces dernières années. - Vous m’honorez, madame, lui répond-t-il avec courtoisie. Elle s'intéresse ensuite au barbu écossais : - Ici, je vous présente l'agent William MacLeod des renseignements britanniques. Comme il n'était pas sur place dans son pays d'origine, il participera à cette réunion avec nous. Car cette opération que nous nous préparons à faire est une opération internationale. Après quelques instants de silence, elle enchaîne : - Et enfin, voici Lucie Lyonnet, dit-elle en portant son attention sur la jeune femme. C'est une experte en réseau cybernétique, informatique et en technologie robotique. Reprenant son souffle, la directrice générale passe en revu ses trois interlocuteurs avant de déclarer d'un ton solennel : - Messieurs, mademoiselle. Tout ce que je m'apprête à vous dire, vous devrez le retenir dans votre mémoire. Pas de papier ni de sauvegardes mémorielles. Je dois également vous avertir qu'aujourd'hui est un jour historique dans l'histoire de l'espionnage. Sur cette affaire, en plus des autres agences de renseignement européens, nous travaillerons de concert avec les États Unis, la Chine, le Japon, la Russie et l'Inde. Suite à cette présentation, tout le monde reste silencieux. La quadragénaire poursuit donc : - La réunion va pouvoir débuter. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Kyojin972 Posted August 18, 2015 Share Posted August 18, 2015 Bon chapitre ! On découvre la plupart des protagonistes qui joueront un rôle majeur dans l'histoire et la mission qu'ils vont entreprendre. J'aime déjà bien les trois présentés, il ne reste qu'à les connaître en détails ainsi que la mission majeur qui les attends. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Hou Son Mei Tong Posted August 25, 2015 Author Share Posted August 25, 2015 @Kyojin : Merci pour ton commentaire ! Si tu le souhaites, tu pourras émettre des hypothèses tout au long de la série et des enquêtes qui avancent. En attendant, voici le second chapitre ! Chapitre II : Une mission délicate L'image en tridim de la planète Mars se met à frétiller. Des flèches montrant des endroits en surbrillance à sa surface apparaissent. Sur la côté, plusieurs diagrammes, graphes ou hologrammes 3D de complexes industriels se matérialisent. Charles observe avec attention certaines de ces images. Les cités martiennes sont vraiment impressionnantes. Installées sous des dômes de néo-polymères transparents dont certains peuvent atteindre une hauteur de cinq cent mètres, elles s'étendent sur plusieurs kilomètres carrées. En surface, les habitants bénéficient d'une très bonne qualité de vie. Leurs journées sont rythmées par le cycle naturel du soleil dans le ciel martien. De grands espaces verts sont aménagés, les plantes et les arbres poussant dans des solutions salines bourrées d'oligoéléments et de minéraux. Cependant, tout cela ne représente que la partie émergée de l'iceberg. Sous la majorité des dômes, les villes peuvent se développer sur plusieurs niveaux sous terre. Des centaines de milliers de galeries, de tunnels et d'espaces troglodytiques ont été aménagés pour accueillir une population en forte progression. Dans l'hémisphère Nord, de gigantesques plantations hors-sol ont été bâties sur le site de l'océan Boréalis, à proximité de la ville portant le même nom. Exobiotech est l'entreprise qui s'en occupe. En l'espace de quelques décennies, elle s'est imposée dans ce secteur et est devenu le véritable grenier à blé de Mars. Beaucoup de ses installations sont apparues au-dessus de la table ovale en trois dimensions, à côté de l'hologramme de Mars. Du Hautoy s'interroge. - Bien, finit par dire la directrice des services de renseignements français. Ce que vous avez devant vous sont les premiers résultats d'enquêtes poussées réalisées par la Fédération sur les entreprises martiennes. - Je me disais bien qu'un jour ou l'autre, tout cela allait nous retomber en pleine poire, commente William MacLeod. La quadragénaire lui lance un regard réprobateur. Malgré tout, l'écossai continue sur sa lancée : - Ce fut une folie d'avoir laissé la colonisation de Mars aux seules compagnies et intérêts privés, sans mettre en place une certaine réglementation. Et maintenant que toutes nos matières premières et la majorité de nos produits manufacturiers proviennent de la planète rouge, la Fédération est bien embarrassée quand certaines affaires déraillent… Le silence fait place à cette déclaration. Toutes les personnes présentes savent qu'il a raison. - Nous ne sommes pas là pour commenter les décisions de nos politiques mais pour agir, finit par trancher la directrice. Vous ne connaissez pas encore l'objet de notre réunion urgente ici. - Et quelle est-elle, cette raison ? demande Charles. Qu'est ce qui vous a poussé à faire écourter nos vacances ? - Je dois d'abord vous expliquer le contexte, agent Du Hautoy. La quadragénaire manipule ses commandes bidim sur la table ovale. Très vite, les hologrammes se floutent et laissent place à l'apparition d'une immense station spatiale. - Vous la reconnaissez, je suppose ? - Le centre de recherche d'Athéna… fait la jeune rousse. - C'est exact, répond la directrice. Si vous vous souvenez, on y testait un mode de propulsion révolutionnaire capable, si on arrivait à maîtriser ce genre de technologie, de nous faire voyager bien plus vite que la lumière. L'humanité aurait enfin pu tutoyer les étoiles. Les yeux de Lucie Lyonnet s'illuminent. - C'était vraiment l'un des projets les plus ambitieux de ce siècle, se lance-t-elle, passionnée. Réunir des milliers de génies scientifiques au même endroit et les faire travailler dans un même but commun : maîtriser la distorsion. On y cherchait à mettre en pratique la métrique d'Alcubierre, mathématicien du 21ème siècle qui a proposé une méthode mathématique pour modifier la géométrie de l'espace. Elle implique notamment une déformation en formes de vague de l'espace-temps. En gros, le principe est de réduire la distance à parcourir en contractant l'espace devant nos vaisseaux spatiaux et en dilatant l'espace derrière. Imaginez donc… - Tout cela est fascinant, docteur Lyonnet, mais ce n'est pas l'objet de notre réunion, la coupe la directrice. - Veuillez m'excuser, madame, répond-t-elle, penaude. Après un instant de flottement, MacLeod finit par prendre la parole : - Si je me souviens bien, la station Athéna a explosé ? - En effet, réplique la quadragénaire. C'était il y a deux ans. Le centre de recherche était en orbite géo-synchrone autour de Mars. D'après ce que nous avons compris à l'époque, les scientifiques étaient sur le point de réussir leur pari. Mais un incident lors des tests finaux du générateur à distorsion a provoqué une déflagration qui a anéanti Athéna. Il y eut 1826 morts, pas de survivants. L'enquête pour déterminer l'origine de ce drame est toujours en cours. Parmi les victimes, on compte l'éminent physicien russe Oleg Polonov, père du générateur de gravité ou encore le français Lucas Jean, mathématicien pionner des espaces d'hypercalcul. Le silence retombe dans la salle. Tout le monde a déjà entendu les rumeurs à propos de cet incident qui a mis un coût d'arrêt brutal au projet Distorsion. Certaines viennent du monde scientifique lui-même et des collègues des victimes. Ces derniers affirmaient que les chercheurs d'Athéna avaient pris toutes les précautions requises et qu'il était statistiquement presque nul qu'un tel accident puisse se produire… Ce qui est sûr en tout cas, c'est que le projet Distorsion a coûté une fortune aux états de la Fédération Terrestre qui ont participé à hauteur de 85 % du coût total. Cela représente plusieurs trillions de crédits. Les 15 % restant ont été financés par des entreprises privées, notamment martiennes comme la Meteor Corporation. Pour autant que l'on en sache, l'enquête sur l'explosion de la station d'Athéna semble s'éterniser. Des dissensions régulières entre la Fédération et la Mars Global Company ainsi qu'une législation martienne extrêmement floue empêchent les enquêteurs d'effectuer correctement leur travail, sans parler du rechignement de certaines entreprises martiennes travaillant sur Athéna à fournir leurs données scientifiques et techniques du générateur pour comprendre l'origine du drame… C'est pourquoi l'incident empoisonne depuis deux ans les relations entre la Terre et Mars. La directrice manipule une fois de plus ses commandes bidim de la table ovale. Les hologrammes précédents de Mars, de ses diagrammes et de ses complexes industriels réapparaissent à la place de l'image en trois dimensions de la station d'Athéna. La quadragénaire passe en revue ses trois interlocuteurs avant de dire : - Vous vous doutez bien que la Fédération souhaite faire toute la lumière sur cette affaire. La Terre a investi beaucoup de temps, de scientifiques et d'argent dans ce projet pour le laisser tomber ainsi. Les retombés potentielles de la Distorsion sont trop importants pour être abandonnées. Par ailleurs, les premières enquêtes que nous avons effectué sur Mars à propos de cet incident nous ont révélé d'autres choses troublantes. Les hologrammes représentant les installations d'Exobiotech et les complexes industriels de Borealis grossissent jusqu'à occuper la totalité de l'espace de projection de la table ovale. - Savez-vous combien de personnes résident actuellement sur la planète rouge ?, demande tout d'un coup la directrice. - Dans les deux cent millions, répond sur le champs Charles Du Hautoy. - Exact. Maintenant, regardez les résultats de production de nourriture d'Exobiotech. Nous avons obtenu ces documents confidentiels grâce à notre réseau sous-terrain d'agents et de contacts que nous avons sur place. William, Charles et Lucie plissent les yeux avant d'exprimer leur étonnement. Les installations produisent de la nourriture en quantité suffisante pour au moins huit cents millions de personnes. Pour ce que l'on sait, Mars n'exporte pas de denrées alimentaires. Et même si c'était le cas, les états terriens n'en voudraient certainement pas. - Que peuvent-ils faire de toute cette bouffe ?, se demande à haute voix MacLeod. - C'est bien la question, lui répond la quadragénaire. Nous n'en savons rien. La directrice montre alors d'autres diagrammes présentant des flux d'argents. Des transits de plusieurs centaines de millions de crédit. - Nos équipes ont également découvert d'autres informations intéressantes. Apparemment, certaines entreprises martiennes n'hésitent pas à… et bien, à financer plusieurs campagnes politiques terrestres. À l'heure actuelle, il nous est quasiment impossible de savoir qui reçoit cet argent. Pour pouvoir le tracer, il faudrait accéder directement aux serveurs primaires des compagnies martiennes sur Mars. En revanche, sur Terre, nous nous apercevons que petit à petit, les lois concernant le transhumanisme, la génétique et les contrôles qualité sur les produits importés ont tendance à devenir de moins en moins restrictives. Cela, nous l'observons dans à peu près tous les pays ayant développés une industrie spatiale florissante. Mais pour le moment, nous ne pouvons prouver qu'il y a un lien de cause à effet. La quadragénaire fait une pause. Le silence s'éternise. Cependant, ses trois interlocuteurs attendent patiemment que la directrice reprenne la parole, ce qu'elle fait au bout d'un petit moment. - Afin d'enquêter sur toutes ces affaires, le Conseil Central de la Fédération a élaboré une mission internationale mettant en relation les agences de renseignements européennes, américaines, canadiennes, japonaises, chinoises, indiennes et russes. Plusieurs équipes se sont rendues sur Mars. Elles ont commencé à y travailler de concert et à tisser leurs réseaux d'information et de contacts. Le coordinateur de toutes ces opérations est l'agent japonais Shinji Yamamoto. De nouveau, la chef des renseignements français manipule ses commandes et affiche le portrait tridim de l'intéressé. - Malheureusement, cela fait maintenant une semaine que Yamamoto n'a plus donné signe de vie. Les agents sous ses ordres sont, quant à eux, injoignables directement. Transmettre des informations via un canal de communication sûr depuis Mars est extrêmement complexe et requiert une technologie de pointe… Très sincèrement, je pense que l'agent japonais a découvert quelque chose de capital et le fait qu'il n'ait pas fait de rapport journalier depuis plus d'une semaine ne me dit rien qui vaille. La quadragénaire fait une pause. Elle profite de ce temps pour afficher au-dessus de la table ovale l'hologramme de la station orbitale commerciale Européenne. Cette dernière est en orbite géo-synchrone au dessus de l'Europe, à trente six milles kilomètres d'altitude. Mesurant plus de trois kilomètres de long, elle peut accueillir en même temps des centaines de vaisseaux cargos et commerciaux. Les stations spatiales militaires sont, quant à elles, situées soit aux points Lagrange L1 et L2 à 1,5 millions de kilomètres de la Terre pour les plus importantes. Soit, elles orbitent à faible altitude. - Votre mission, messieurs, mademoiselle, est de vous rendre sur la station d'Europa Alpha, de rencontrer les équipes envoyées par les autres agences de renseignements et de partir pour Mars. Une fois sur place, vous devrez enquêter sur la disparition de Yamamoto, récupérer les données récoltées par ses agents et enfin, poursuivre leurs recherches sur les trois situations que je vous ai exposées précédemment. Je dois également vous avertir : si vous jugez nécessaire que la Fédération doive déployer sa flotte et l'envoyer en intervention sur la planète rouge, vous devrez rapporter des preuves en béton armé. Car mobiliser les troupes de la Fédération, c'est mobiliser les armées du monde entier et implique donc de convaincre indépendamment chaque gouvernement ou alliance d'états. Avez-vous des questions ? - Oui, une seule : quand partons-nous pour Europa Alpha ?, demande aussitôt Charles Du Hautoy. - Votre astronef décolle dans une heure. Dés que vous serez sur place, on vous fournira toute une panoplie d'équipements nécessaires à votre mission. Bonne chance à tous. Sans perdre un instant, la directrice éteint les hologrammes de la table ovale avant de sortir de la pièce aussi rapidement qu'elle y était entrée. Les trois agents restent assis sans rien dire, stupéfaits de la tâche qu'on leur a confiée. Au bout d'un moment, William MacLeod rompt le silence. - Vont-ils nous rendre nos affaires personnelles ? - Je ne crois pas, lui répond la jeune Lyonnet. S'il on doit s'infiltrer sur Mars, il ne faut surtout pas recourir à notre matériel personnel, O.P.Q. ou autre. On devrait en recevoir à Europa Alpha. - Je suis du même avis, renchérit Charles. Sur ce, nous ferons mieux d'y aller. La navette ne va pas nous attendre. Suite à cette déclaration, la jeune femme et ses deux compagnons se lèvent et sortent à leur tour de la salle, saluant au passage le soldat gardant l'entrée de l'annexe à l'extérieur. En moins d'un quart d'heure, ils franchissent les portiques de sécurité qui les laissent passer sans encombre. Leur profil génétique, associé au billet de leur navette, est vérifié automatiquement par les scanners du spatioport. Comme de nombreux autres terriens, ils finissent par s'installer confortablement aux places qui leur sont attribuées. Lorsque l'astronef décolle, Charles ne sent pas très bien. Il a un très mauvais pressentiment vis à vis de sa mission. Il jette un coup d’œil par le hublot, voyant les magnifiques bâtiments de la capitale française devenir de plus en plus petits. Il se demande s'il reverra un jour le sol de sa planète natale. En attendant, la navette est en phase de vol atmosphérique. Elle n'utilise que son moteur électrique alimenté par l'énergie solaire. Pour se diriger, les pilotes emploient uniquement les ailerons et les gouvernails de direction et de profondeur. Une fois que l'appareil aura atteint une altitude de douze kilomètres, elle passera en phase de vol spatial. Le générateur de gravité ainsi que les compensateurs inertiels seront activés. Ces engins permettent de contre-carrer les effets d'une forte accélération et de garantir aux passagers une gravité de 1G vers le sol de l'engin. Dans un second temps, le générateur de fusion à hélium 3 sera enclenché, ce qui permettra à la navette d'accroître significativement sa vitesse. Soudain, une dizaine de minutes après le décollage, la voix d'une hôtesse de l'espace prévient les passagers : - Chers voyageurs, nous allons bientôt passer en phase de vol spatial. Préparez vous à l'activation des compensateurs inertiels et du générateur de gravité. Dix secondes avant leur mise en marche. Neuf. Huit. Sept. Six. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un. Zéro. Très vite, une bonne partie des appareils cybernétiques de bord s'activent de concert. La plupart des passagers ressentent la mise en place du champ de gravité par une légère pression au niveau de leur ventre et de leurs intestins. Cette sensation disparaît rapidement au bout de quelques secondes. Peu après, la navette active sa propulsion principale : son moteur à impulsion. Ce dernier rejette dans l'atmosphère une traînée de particules ionisées qui seront traitées plus tard par les stations de surveillance météorologiques et climatiques. L'astronef se met à la vertical et prend de la vitesse. Rapidement, il dépasse les nuages les plus hauts et atteint la limite atmosphérique à cent kilomètres d'altitude en moins d'une minute. L'entrée dans l'espace est toujours un moment intense. Même s'il a déjà fait des centaines de voyages hors atmosphère, Charles Du Hautoy ne s'en lasse pas. Les étoiles, resplendissantes comme jamais, se dévoilent les unes après les autres aux voyageurs. Certains d'entre eux poussent d'ailleurs des exclamations d'émerveillement. La voix lactée finit par devenir visible ainsi que certaines nébuleuses. C'est un spectacle de toute beauté qui a inspiré de nombreux artistes du 22ème et 23ème siècle. William MacLeod, lui, n'en a cure. Dés qu'il s'est assis dans son siège confortable, il s'est aussitôt endormis. Il a dû se lever tôt pour venir assister en urgence à la réunion de ce matin. Charles reporte son attention sur la jeune femme. Lucie Lyonnet, elle, continue d'observer intensément les étoiles comme une enfant qui découvrirait un univers féerique. Peut-être est-ce la première fois qu'elle voyage dans l'espace. Quoiqu'il en soit, il reste encore six heures de trajet avant d'arriver à destination. Le français se recale sur son siège avant de fermer les yeux. Il n'aura sans doute plus beaucoup d'occasion de se reposer par la suite : autant en profiter. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Kyojin972 Posted August 26, 2015 Share Posted August 26, 2015 Une suite tout aussi intéressante ! On en sait plus sur la mission qui attends nos 3 héros et c'est une quête à haut risque qu'ils devront réussir et ça ne sera pas facile. La planète et ses hauts dirigeants semble être pas mal de complots, je pense sans aucun doute qu"ils sont derrière l'explosion pour le fameux vaisseau à distorsion, ils ont gardés les plans finaux de ses chercheurs pour créer leur propres vaisseaux et conquérir de nouvelles planètes pour la richesse. Bref j'attends la suite ! Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Hou Son Mei Tong Posted September 6, 2015 Author Share Posted September 6, 2015 @Kyojin : Mhm, on commence déjà à sortir les théories du complot ? Remarque, c'est un monde assez sombre. On a de quoi psychoter sur bien des sujets ! En attendant, voici la suite : Chapitre III : Un voyage plein de surprises La navette commence sa phase de décélération. Les pilotes retournent l'appareil, de manière à positionner les réacteurs principaux vers la station d'Europa Alpha, à mille kilomètres de là. Charles vient tout juste de se réveiller. Il observe à travers les hublots les petits jets de matière ionisée projetés par la coque de l'astronef pour se diriger. La phase de ralentissement dure une vingtaine de minutes. Pourtant, les passagers ne ressentent rien. Les compensateurs inertiels contre-balancent parfaitement les effets de la décélération. Bientôt, la station commerciale de la Fédération Européenne apparaît. Elle est gigantesque. La jeune Lucie ne décolle pas son visage du hublot, tant elle est absorbée par la vision de cette immense structure. Europa Alpha mesure trois milles deux cents mètres de haut, cinq cents de long et quatre cents de large. Vu de loin, Charles aurait comparé la station à une sorte de banane cosmique. L'activité y est intense. Toutes les minutes, des dizaines de cargos, de navettes, de transports long courrier spatiaux et même de frégates militaires s'y amarrent ou repartent. À dix kilomètres de la station, la navette effectue de nouvelles manœuvres. Les I.A. du trafic spatial lui ont attribué une baie d'amarrage. Une dizaine de minutes plus tard, l'astronef est enfin rattaché à la station. William MacLeod se fait réveiller en sursaut par la voix d'une hôtesse de l'espace : - Chers passagers, nous espérons que vous avez passé un agréable voyage. Nous vous avertissons que le trajet de notre navette à la baie d'accostage se fera sous gravité zéro. Nous vous souhaitons un bon séjour à bord de la station d'Europa Alpha. Rapidement, Charles, William et Lucie se lèvent afin de ne pas être pris dans la file d'attente des voyageurs cherchant à récupérer les bagages légers qu'ils ont pu introduire en cabine. Lorsqu'ils arrivent au niveau d'un des sas de transit, des stewards leur demande de prendre une poignée sur le côté qui les entraînera à une vitesse sécurisée dans la zone sous gravité zéro. Lorsqu'il franchit le sas pour parvenir à la baie d'amarrage, Charles entend une voix féminine lui indiquer dans un français parfait : - Entrée zone sans gravité. Le passage de la navette à la zone de transit lui triture l'estomac. Une vingtaine de secondes plus tard, les trois compères se retrouvent au bout du petit corridor où d'autres stewards se pressent pour les accueillir. La baie d'accostage est soumise elle aussi à un champs de confinement de gravité artificielle. Les employés situés à la sortie de la zone de transit remettent les passagers maladroits dans une position appropriée pour que ces derniers puissent entrer dans la station. Charles et William franchissent sans aucun soucis le second sas, la voix sans émotion de l'I.A. d'Europa les accueillant avec un « Entrée zone sous gravité » particulièrement austère. Lucie, elle, a plus de difficulté. Ayant lâchée la poignée prématurément, elle se retrouve la tête en bas avant de se faire réceptionner par trois stewards. À la sortie du second sas, elle semble dans tous ses états. William et Charles ne peuvent s'empêcher d'éclater de rire lorsqu'ils voient sa mine déconfite. - C'est ça les mecs, fait la jeune rousse, marrez-vous. - Ne le prenez pas mal, mademoiselle, lui répond MacLeod. Ça me rappelle la première fois que Charles et moi avons été dans l'espace. - Oui, renchérit Du Hautoy encore pris de quelques spasmes. Tu t'étais cogné la tête contre la paroi et tu avais traité les pauvres stewards de tous les noms d'oiseaux possibles et inimaginables. Qu'est ce que j'ai ri à l'époque ! - Ouais, j'ai surtout eu droit à un très beau bleu au front… - Excusez-moi, vous êtes bien monsieur Du Hautoy, monsieur MacLeod et mademoiselle Lyonnet ? Surpris, les trois intéressés se tournent vers celui qui les a apostrophé en anglais. Face à eux, un africain en costard les passe en revu. Du haut de son mètre quatre vingt, l'homme semble attendre une réponse. D'un œil discret, Lucie admire sa musculature peu commune. - Oui, c'est bien nous, fait MacLeod. - Je me nomme Sahle Dagnew. Je fais partie des services de renseignements éthiopiens. On m'a demandé de vous conduire jusqu'à notre prochaine destination. - Qui est ?… reprend Charles. - Vous le verrez lorsque vous y serez, lui réplique Dagnew. En silence, les quatre personnes se mettent en marche. Tout comme le terminal un du spatioport Charles De Gaulle, les quais d'amarrage sont bondés. Après avoir joué des coudes, ils se retrouvent dans un immense hall. Des milliers de passagers s'y déplacent dans toutes les directions comme autant de petits insectes pressés. Des panneaux holographiques d'une dizaine de mètres de haut affichent tous les vols en partance pour la Terre, la Lune ou Mars. De temps à autres, lorsque les quatre agents passent devant, des hologrammes publicitaires s'allument. L'un d'entre eux représente un homme en pleurs. Charles y jette un coup d’œil et y lit :« Si vous n'avez pas de chocolat Monka, n'en faites donc pas tout un plat ! ». Il sourit. Eh beh, que ce soit sur Terre ou dans l'espace, les publicitaires ont toujours un humour un peu douteux, pense-t-il. Au bout d'une dizaine de minutes, le petit groupe déboule dans une station monorail de transport automatique un peu particulière. Toutes les deux ou trois minutes, des sortes d'immenses ascenseurs s'arrêtent à leur hauteur, recrachant une bonne centaine de personnes avant d'être rapidement pris d'assaut. En vitesse, les quatre agents se prennent une place à bord de l'un d'entre eux. - On va aux baies d'amarrage privées ? Demande immédiatement MacLeod. - En effet, à l'anneau H-4526, plus précisément. Un vaisseau nous y attend, lui répond l'éthiopien. Lucie Lionnet, quant à elle, n'a prêté aucune attention à la conversation. Elle observe, les yeux grands ouverts, la vie à bord d'Europa Alpha. Une multitude de robots, parfois de grande taille, et autres automates transportent les marchandises d'un bout à l'autre de la station. À chaque étage, des milliers de personnes vaquent à leurs occupations dans une cacophonie digne des plus importantes métropoles terrestres. Près d'une demi-heure plus tard, après s'être arrêtés au bon étage et avoir marché jusqu'aux baies d'amarrage privées, Lucie, William et Charles découvrent avec étonnement le vaisseau long courrier qui les emmènera jusqu'à la planète rouge. Long de trois cents mètres et large de cinquante par endroit, le navire spatial en impose. Plusieurs centaines de personnes doivent pouvoir y voyager confortablement. Une fois à bord, juste après avoir franchis les sas de transit, Sahle Dagnew se retourne et fait face à ses trois interlocuteurs. - Bien, fait-il. Nous allons pouvoir librement parler ici. L'éthiopien réfléchit un petit moment avant de reprendre la parole. - Avant toute chose, bienvenue sur la Fleur Céleste. Officiellement, c'est le vaisseau privé du chef d'entreprise français Lionel Artonnier. C'est pour cette raison que vous rencontrerez à bord plusieurs centaines d'employés de la compagnie d'Astronav, l'un des plus importants armateurs spatiaux terrestres. Cela dit, la Fleur Céleste transportera aussi toutes nos équipes des différents services de renseignement de la Fédération. Je suppose qu'on vous a déjà mis au parfum de la mission qui nous attend. - Oui, nous sommes au courant, lui répond l'écossai. - Je vois. Et savez vous dans quelle équipe vous allez être mobilisés ? - Ça, pas encore, informe Charles. - Mhm… Veuillez me suivre dans ce cas. Sans attendre, Sahle les conduit à travers un méandre impressionnant de couloirs et de corridors. Sur leur chemin, ils rencontrent quelques personnes qui les saluent poliment. Charles ne peut deviner s'ils sont agents ou non. Au bout de quelques temps, le petit groupe déboule dans une salle de réunion. - Prenez place, je vous en prie, demande l'éthiopien. Les autres ne devraient pas tarder… Les deux français et l'écossai obtempèrent en silence. Alors qu'ils s'assoient autour de la table ronde au centre de la pièce, deux autres personnes entrent dans la salle. Elles apportent avec elles des appareils cybernétiques de dernière génération. Charles les observe. Il s'agit de deux asiatiques. L'une est japonaise, l'autre chinoise. Toutes les deux ne doivent pas avoir plus de vingt cinq ans. - Bien, fait Sahle Dagnew. Je vois que notre équipe est au complet. Charles, Lucie et William se regardent les uns les autres avant de lancer un what de surprise. - Laissez-moi donc faire les présentations, finit par déclarer l'éthiopien. Tout d'abord, voici Hoshiko Mori, des renseignements japonais. Elle est l'une des hackeuses les plus douées que j'ai jamais rencontrées. La jeune femme se penchent gracieusement vers l'avant. Ses yeux rusés suggèrent une vive intelligence. Discrètement, elle passe en revue ses trois collègues européens. - C'est un honneur de vous connaître, dit-elle en guise d'introduction. - Eh bien, pour nous aussi, lui répond Lucie, enjouée. Dagnew se tourne alors vers la seconde asiatique. - Et voici Mina Wang, des services de renseignement chinois. Elle aussi fait partie des agents les plus réputés d'Asie du Sud Est. Suite à cette présentation, l'intéressée penche légèrement la tête vers l'avant. Ses longs cheveux bruns particulièrement entretenus mettent en valeur son visage rond et son nez fin. Rien ne semble échapper à ses yeux observateurs. - Je suis ravie de faire partie de cette équipe. J'espère que nous nous entendrons bien, pour notre salut à tous. - Nous l'espérons aussi, madame Wang, fait MacLeod. Après un court silence, Charles finit par demander dans un anglais sans accent : - Mes amis, surtout ne le prenez pas mal, mais je m'attendais à ce qu'on soit affecté à une équipe européenne. À moins que… - Poursuivez donc, Du Hautoy, l'encourage Sahle Dagnew. - À moins qu'en plus de nos propres enquêtes, notre équipe ait à regrouper, trier, synthétiser les informations et résultats des autres équipes européennes, asiatiques et panafricaines, puis à faire parvenir nos rapports à nos supérieurs. - Je vois que votre réputation n'est pas exagérée. Vous comprenez vite. En effet, notre rôle consistera à faire le lien entre les agents sur Mars et Central. Bien sûr, nous pourrons réaliser aussi nos propres investigations sur place. Il faut savoir que sur Mars, toutes les communications en partance vers la Terre passent par les serveurs de la Martian Telecommunication Company, que ce soit par onde électromagnétique via les quatre stations relais en orbite ou que ce soit par les trois complexes de transcriptions quantiques sur Mars. La transcription quantique est une des technologies ayant pris son essor au court du 22ème siècle. Elle permet notamment la transmission d'informations de manière instantanée entre deux points de l'espace. Si toutes les stations de transcription sont aux mains des entreprises martiennes, il ne serait pas étonnant que ces dernières aient accès à toute donnée qui y transite… Après un petit silence, Dagnew continue : - C'est pour cette raison que la Fleur Céleste possède en son sein son propre dispositif de transcription quantique, en plein milieu du vaisseau. Et notre groupe est l'une des trois équipes qui y auront accès. - Je vois, commente Charles. C'est ingénieux. Il faudra réduire au strict minimum les communications entre nous une fois sur la planète rouge. Les deux agents japonaise et chinoise déposent alors sur la table les appareils cybernétiques. - Voici les O.P.Q. que nous utiliserons, fait Hoshiko Mori. Mina et moi avons déjà installé un certain nombre de programmes et d'I.A. autonomes de protection informatique. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je vais aller dormir. J'ai travaillé à l'élaboration de ces anti-virus depuis plus de vingt heures et je n'ai pas encore eu l'occasion de fermer l’œil. Charles observe un moment les visages des deux asiatiques. Effectivement, elles ont l'air d'être exténuées. Intérieurement, le français se demande si un groupe aussi hétérogène aux cultures si différentes pourra être efficace sur le terrain. Il finit par lâcher : - Bien, merci à toutes les deux pour vos efforts. Je propose que l'on se revoie dans une douzaine d'heures pour les derniers préparatifs. Tout le monde aura le temps de se reposer à souhait. Il faudra être en pleine possession de ses moyens à cette réunion. - C'est justement ce que j'allais dire, lui répond l'éthiopien. - Sur ce, nous allons donc prendre congé, fait Mina Wang. Alors que les deux jeunes femmes sortent de la salle, MacLeod demande : - Le vaisseau partira quand ? - Dans deux heures, lui dit Sahle. Sur ce, je vais moi aussi retourner dans ma cabine. Il me reste quelques petites choses à faire avant la prochaine réunion. Pour rejoindre vos propres loges, il suffira de suivre les indications de vos O.P.Q. Mais il me semble que nous sommes tous les uns à côté des autres, dans la même zone. - Bien, ça facilitera les choses dans ce cas. D'ici douze heures, je promets de ne déranger personne, commente Charles Du Hautoy. - Vous m'en voyez ravi. À dans douze heures alors, conclue Sahle. À son tour, l'éthiopien finit par quitter la salle. Les trois européens restant s'équipent en silence de leur ordinateur portable quantique. Les yeux de Lucie se mettent à pétiller. Le matériel personnel qu'on leur a donné est de toute dernière génération. Même une année de salaire n'aurait certainement pas suffi pour s'acheter l'O.P.Q. qu'elle a entre les mains. Elle sort de sa rêverie en entendant le petit rire de MacLeod. Ce dernier commente, en français : - Eh beh, si même vous vous êtes impressionnée par ce qu'ils nous ont confié, ce doit être vraiment du sacré matos ! - C'est le minimum pour une mission risquée comme celle-ci, rétorque la jeune Lyonnet. Mais je dois avouer que j'ai très rarement eu l'occasion d'utiliser ce type d'O.P.Q. Bien, vu que nous en avons terminé, je vais rejoindre ma couchette. Je n'ai pas beaucoup dormi moi non plus. - Très bien, je pense que nous allons faire de même, pas vrai Will ? - Oui, allons-y tous ensemble puisque nous sommes les uns à côté des autres. Les trois compères repartent donc dans le méandre de corridors du vaisseau, leur Réalité Augmentée activée afin de ne pas se perdre. Au bout d'une quinzaine de minutes, ils arrivent à leurs loges respectives, non loin des hangars secondaires de la Fleur Céleste. Les trois européens prennent alors place dans leurs cabines. *** Dix heures plus tard, Charles se réveille en sursaut. Le son strident de l'alarme du vaisseau raisonne contre les parois. La voix paniquée du haut-parleur ne cesse de répéter : - Alerte de niveau un ! Je répète : alerte de niveau un ! Que tous les membres d'équipage rejoignent leur poste ! En vitesse, le français se saisit de son O.P.Q., l'installe autour de ses avant bras avant d'activer les programmes de démarrage et de plonger dans la cybersphère. Étant agent, Du Hautoy a accès à toutes les données de la Fleur Céleste. Rapidement, il consulte les radars du vaisseau. La grille de commandement apparaît devant lui en tridim dans son espace de Réalité Augmentée. À quatre mille cinq cent kilomètres de la Fleur Céleste, un navire spatial non identifié d'assez grande taille est passé en trajectoire d'interception. Mais ne pouvant rivaliser avec les moteurs modernes du transporteur long courrier, il a lancé ce qui semble être trois missiles. Par réflexe, Charles consulte l'alarme radiologique. Elle est activée. Merde, pense-t-il. Des ogives thermonucléaires. D'après les instruments qui ne sont pas touchés par les attaques informatiques, l'impact aura lieu dans une vingtaine de minutes. Tous les ingénieurs et autre technologues présents dans le vaisseau tentent désespérément d'embrouiller les systèmes de guidage des projectiles. Malgré cela, rien ne semble perturber les missiles. En sueur, le souffle coupé, Charles continue d'observer les trois points clignotants se rapprochant inexorablement de leur destination finale. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Kyojin972 Posted September 6, 2015 Share Posted September 6, 2015 Un chapitre de découverte ! Nos héros sont finalement arrivés à bon port vers leur destination. Tu arrives à toujours nous mettre dans l'ambiance de tes décors et c'est ton point fort. On découvre trois nouveaux personnages qui composeront la Team et elle m'a l'air efficace. La fin laisse présager qu'il y a une taupe parmi eux. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Hou Son Mei Tong Posted September 8, 2015 Author Share Posted September 8, 2015 @kyojin : nous allons voir si ton hypothèse se révélera juste ou non. ^^ En attendant, voici la suite ! Chapitre IV : Sous l'ombre de la faucheuse - On n'y arrivera pas ! On n'y arrivera pas !, lance Hoshiko Mori via le canal de communication local. Parallèlement à l'approche des missiles, une attaque cybernétique met à rude épreuve les systèmes du transporteur long courrier. Les technologues ne peuvent s'occuper des deux menaces à la fois. Depuis son O.P.Q., Charles observe la situation qui dégénère de plus en plus rapidement. S'il n'est pas endigué dans les minutes qui suivent, l'holo-virus risque bientôt d'avoir accès aux systèmes primaires de la Fleur Céleste. - Will, fait soudainement le français via son intercom. Dis moi que t'es connecté. - Je suis là, lui répond l'écossai. Que veux-tu qu'on fasse ? - On doit laisser le temps aux ingénieurs du vaisseau de brouiller les têtes d'ogive. C'est une priorité absolue. Que fait le capitaine ? - Il supervise justement le piratage des missiles mais il est préoccupé par l'attaque cybernétique, l'informe Lucie Lyonnet. Sans lui répondre, Du Hautoy ouvre une nouvelle fenêtre de communication reliée à la passerelle centrale. - Monsieur, fait-il, une partie de mon équipe et moi-même pourrons nous occuper de l'holo-virus. J'ai déjà eu affaire à ce type de menace informatique. Je sais comment l'endiguer efficacement. Je vous préconise de concentrer toutes vos ressources sur les ogives. - Agent Du Hautoy, c'est bien cela ? Nous vous en serons très reconnaissant si vous pouvez vous en occuper. Capitaine Adam Arthur, terminé. La fenêtre d'intercom se referme. Charles pousse un long soupir avant d'annoncer : - Mori, Wang et Lyonnet, concentrez vos efforts sur le brouillage tactique des ogives avec tous les autres technologues. Will et moi, on va endiguer la menace cybernétique. - Vous allez effectuer un plongeon ? Vous n'y pensez pas !, lui répond en français la jeune Lucie. - Je l'ai déjà fait. Je sais que je peux le faire. Du Hautoy, terminé. Le français ferme toutes ses communications sauf celle qui le relie à William MacLeod. - T'es prêt, mon vieux ?, lui demande-t-il. - Non et t'es complètement barré. C'est ce que j'aime bien d'ailleurs chez toi… Paré au plongeon. - Bien, on se retrouve dans la cybersphère. Rapidement, alors que les alarmes continuent d'envoyer leur signal sonore strident, l'agent Du Hautoy se saisit de ses lunettes modifiées de Réalité Augmentée avant de les installer avec précipitation sur ses yeux et de les relier à son crâne via quelques câbles cybernétiques spécifiques. Pour la troisième fois de sa vie, il va effectuer un plongeon sensoriel dans la cybersphère… Normalement, une telle activité est strictement réglementée et requiert un entraînement particulier. Tout comme certains autistes férus de mathématiques voient les opérations et les chiffres comme autant de formes et de couleurs mentales, le plongeur se construit une représentation psychique des données informatiques dans son esprit. Il peut ainsi évoluer dans le monde virtuel tout comme nous, nous le pouvons dans le monde réel. Plonger dans la cybersphère, c'est pouvoir manipuler directement les yottaoctets de données et agir bien plus vite qu'en étant à l'extérieur de cette réalité virtuelle. Mais naviguer dans l'univers des intelligences artificielles n'est pas sans risque. On peut facilement y perdre sa raison et finir handicapé mental si l'on n'y prend pas garde, à fortiori si l'on y combat un holo-virus… Lorsqu'il plonge, Charles sent son esprit basculer dans le néant. Puis, tout d'un coup, il se retrouve entourer par une lumière blanche éblouissante. L'agent français n'a plus aucune sensation de son corps. Il regarde sur sa droite puis sur sa gauche. Des formes se dessinent : ses mains, son torse puis ses pieds. Son corps lui paraît translucide, comme s'il était devenu un spectre errant entre le monde des morts et celui des vivants. Soudain, sous ses pieds, surgit un socle bleuté parcouru par des suites de un et de zéro qui deviennent de plus en plus petits. Ces successions de chiffres se transforment progressivement en de minces filaments cyans. Autour de lui, des bâtiments cubiques font leur apparition. Des milliers de liens se créent puis disparaissent entre eux. Charles reconnaît les systèmes cybernétiques de la Fleur Céleste. Bientôt, c'est toute une ville numérique qui prend vie sous ses yeux. L'agent français semble être au beau milieux d'une avenue où des milliards de paquets de données circulent, passant d'un serveur cubique à un autre. Au loin, à cent mètres devant lui, un autre avatar en forme humaine se matérialise. C'est MacLeod. L'écossai semble porter entre ses mains une sorte de marteau de guerre. La tête de l'arme est constituée d'une boule lumineuse étincelante. Très subtil, envoie mentalement Charles à son collègue. Tu me connais, lui réplique ce dernier. Je ne suis pas fait pour les méthodes douces. Alors qu'il entend dans sa tête le rire de William, l'agent français s’agenouille. Posant sa main sur le socle fourmillant de traînées cyans, il se met à ressentir les paquets d'information. En moins d'une seconde, il repère les corruptions de l'holo-virus. Je l'ai, se dit-il. Charles ferme les yeux. Il se laisse littéralement fondre dans le sol bleuté avant de d'y ressurgir l'instant d'après, à vingt « kilomètres » de sa position initial. Du Hautoy rouvre les paupières. Devant lui, un immense bâtiment cubique est en train d'être entièrement englouti par une forme globuleuse rougeâtre. Les systèmes du dit bâtiment sont en train de changer de couleur, passant du bleu à l'orange. Il n'y a plus rien à faire pour ce serveur. Il faut le placer sous quarantaine. De temps à autres, l'holo-virus forme plusieurs centaines de filaments pour tenter d'accéder aux autres bâtiments à proximité mais les I.A. de protection parviennent encore à repousser les attaques. William, je vais avoir besoin de ton soutien. On dirait qu'on a affaire à un blurb. J'arrive, j'arrive, lui répond l'intéressé. Aussitôt dit, aussitôt fait, l'agent MacLeod apparaît juste à côté de lui, comme s'il s'était téléporté. Que c'est moche, commente William. Les I.A. n'ont pas de sens esthétique très développé, lui rétorque Charles. Bon, je vais commencer la mise en quarantaine. L'agent français étend ses bras. À partir de son avatar, des milliers de filaments verts sont envoyés contre l'holo-virus. Une couche gélatineuse violacée se met à recouvrir la forme globuleuse rougeâtre. L'I.A. d'attaque cybernétique riposte. Une vingtaine de tentacules rouges se matérialisent avant de foncer sur Charles. Elles veulent tenter de corrompre son esprit. Avec son arme, William les repousse violemment. Chaque coup de son marteau semble provoquer une déflagration numérique qui désintègre une bonne partie des appendices rougeâtres. Mais ces dernières se régénèrent. Prends bien ton temps, surtout !, lance l'écossai entre deux attaques. Je fais mon maximum, Will !, s'écrie son collègue français. Au bout de dix minutes, Du Hautoy finit par recouvrir entièrement l'holo-virus d'un barrage infranchissable de protection numérique. Plusieurs bâtiments cubiques se retrouvent entourés par la couche gélatineuse violacée de Charles. Les deux amis poussent un soupir de soulagement. Ils ont réussi à endiguer la contamination cybernétique. Mais alors que les deux compères se réjouissent, les serveurs corrompus se mettent à pulser de manière sinistre. L'holo-virus utilise les applications des systèmes qu'il a réussi à pirater. Mais qu'est ce qu'il fout ?, se demande l'agent français. Charles ouvre un écran virtuel, à une cinquantaine de centimètres du visage de son avatar. Il est inquiet. Très inquiet. L'I.A. d'attaque cybernétique contrôle les processus de sécurité d'un compartiment où se trouvent cinq personnes. Elle les a enfermé, coupant la pièce du reste du vaisseau. Du Hautoy observe, impuissant, les passagers se débattre contre les portes blindées. Si l'on veut les libérer, il faut reprendre le contrôle des systèmes de sécurité et donc, détruire l'holo-virus. L'agent français ne sait pas le faire. Seuls les plus talentueux plongeurs et hackeurs sont capables d'une telle prouesse. Or, en ce moment, ceux qui sont présents sur ce vaisseau sont occupés à contrer une autre menace. Merde !, finit-il par lâcher. Soudain, les cinq prisonniers semblent suffoquer. Oh non… Pas ça, fais pas ça !, implore Charles. L'I.A. reste sourde à ses suppliques. Elle continue d'actionner les systèmes de sécurité anti-flamme. Tout l'air se trouvant dans la pièce est aspiré par une pompe à vide. Cela permet d'éteindre très rapidement tout incendie en privant ce dernier d'un apport en oxygène. L'agent français est horrifié. William MacLeod, qui a lui aussi matérialisé un écran virtuel, finit par détourner les yeux. Les cinq personnes se mettent à griffer les murs, rongeant leurs ongles jusqu'au sang. Certains d'entre eux se prennent la gorge entre leurs mains. Leurs poumons, soumis à une très faible pression, commencent à grossir à cause de l'air emmagasiné qui est resté à l'intérieur. Plusieurs minutes durant, les pauvres diables se tortillent dans tous les sens avant de s'immobiliser, leurs visages figés dans un rictus de souffrance. Du Hautoy dématérialise son écran. Il n'a absolument rien plus faire. Ce n'est pas la première fois qu'il est impuissant dans une telle situation et ce ne sera certainement pas la dernière. Bon sang, Will ! On n'est même pas arriver sur Mars qu'on a déjà des cadavres sur les bras !, s'écrie-t-il. C'est pas la première fois qu'on nous envoie au casse-pipe, l'ami, lui répond l'intéressé. Très réconfortant, Will, vraiment… De leur côté, Lucie Lyonnet, Mina Wang et Hoshiko Mori se démènent avec tous les autres technologues pour brouiller les têtes d'ogive. Un des missiles a déjà été dérouté et a explosé sans activer sa charge à fusion. Un deuxième est sur le point de subir le même sort. La jeune rousse française se concentre donc sur le troisième projectile. Il reste cinq minutes avant que ce dernier n'atteigne la Fleur Céleste. Les autres ingénieurs cybernétiques tentent déjà de repérer ses capteurs. Face à ce type de missile bourré de technologies, les brouilleurs de positionnement et les leurres ne servent absolument à rien. Il faut donc envoyer manuellement des informations erronées aux capteurs du projectile en espérant que l'I.A. de guidage finisse par le dérouter. Même avec les meilleurs ingénieurs terrestres, ce type d'opération reste d'une complexité sans nom. Lorsque la deuxième ogive est déroutée, il ne reste plus que trois minutes avant que le dernier projectile n'atteigne le transporteur long courrier. Plus de deux cents vingt technologues se triturent les neurones afin d'éviter la catastrophe. Les secondes défilent. Toujours pas d'amélioration. L'alarme de collision continue de retentir contre les parois. Charles et William décident de sortir du monde virtuel. Quitte à mourir, autant jeter un dernier coup d’œil aux étoiles à travers le hublot. Lorsque l'agent français se redresse sur sa couchette, il reste trente secondes avant l'impact. Las, il s'approche lentement du hublot de sa cabine donnant sur l'espace intersidéral tout en écoutant les paroles affolées des trois autres jeunes femmes de son équipe. Il contemple les nébuleuses, laissant une dernière pensée à sa femme, son fils et sa fille restés sur Terre. Quelle façon pathétique de mourir, se dit-il. Soudain, une vive lumière force le hublot à se polariser tant la lueur est intense. Charles recule instinctivement. La boule de fusion finit par englober la Fleur Céleste. Mais ses boucliers tiennent bon. Surpris d'être toujours en vie, l'agent français consulte son O.P.Q. : - On a réussi ! On a réussi !, entend-t-il. La voix de la jeune Lyonnet le rassure. Très vite, Hoshiko et Mina se joignent à elle : - Oui, c'était moins une !, commente l'agent japonaise. - L'ogive a explosé à trente kilomètres de notre position, informe Wang. Boucliers diminués de quinze pour cent. On s'en sort bien. Charles pousse un soupir de soulagement. Au moment où il allait lâcher un « bien joué, les filles ! », un appel l'interrompt dans son élan. Sur le canal de son équipe, l'agent éthiopien Sahle Dagnew déclare d'une voix paniquée : - Monsieur Du Hautoy, monsieur MacLeod. On a besoin de nous immédiatement dans le hangar ! - Comment ça ?, demande William. - On va devoir piloter la corvette flak et le chasseur lourd qui s'y trouvent. Six unités légères dont un bombardier s'approchent de notre position. - 何 (nani) ? Et les pilotes ?, réplique Hoshiko Mori - Ils sont morts. L'attaque cybernétique, que M. Du Hautoy et M. MacLeod ont endigué, les a tué en les privant d'oxygène. - Bordel de merde !, s'écrie l'écossai. Moi-même, je peux me mettre aux manettes du chasseur vu que j'ai passé cinq années dans la Royal Spaceforce. Mais Charles, lui, ne sait pas piloter. - Ne vous inquiétez pas, fait l'éthiopien. Je dirigerai la corvette. Mais il me faut deux autres personnes avec moi qui contrôleront les canons anti unité légère et les systèmes cybernétiques d'anti-intrusion. - Je viens avec vous, déclare immédiatement l'agent japonaise. Visiblement, il vous faudra un bon techno à bord. Je ne vais pas vous laisser aller au devant du danger sans que je ne puisse rien y faire. - Et je suppose que c'est moi qui fera l'artificier, conclue Charles. En vitesse, l'agent français sort dans le corridor. L'instant d'après, il est rejoint par le reste de son équipe. Même Lyonnet et Wang sont présentes. Le groupe se dirige vers le hangar de la Fleur Céleste. Alors qu'ils courent à tout allure, Du Hautoy demande à son coéquipier éthiopien : - Vous savez manier des corvettes, vous ? - Oui, lui répond-t-il. L’Éthiopie a développé toute une flotte de vaisseaux de guerre légers : chasseurs de toute catégorie, bombardiers, corvettes lourdes, corvettes flaks et même une frégate. Nous voulons rester indépendants des puissances occidentales et asiatiques sur le plan militaire et spatial, comme l'ont été nos ancêtres. Et moi, j'ai appris à piloter tous ces appareils sauf la frégate bien entendu qui nécessite un équipage d'une quinzaine de personnes. À peine a-t-il fini son explication que l'équipe déboule dans le hangar. Plusieurs techniciens finissent de préparer et d'armer les deux vaisseaux de guerre. Le chasseur lourd ressemble un peu à une araignée géante de dix mètres, avec ses huit canons mitrailleurs électromagnétiques. Chacune de ces espèces de gatlings peut envoyer un petit projectile explosif à dix kilomètres par secondes avec un rythme de trois mille coups par minute. La corvette flak, elle, est plus imposante. Elle ressemble à une soucoupe de vingt mètres de diamètre avec deux énormes canons de gauss de type flak, chacun disposé sur l'un des flancs de l'appareil. Ces armes électromagnétiques peuvent tirer un obus toutes les dix secondes à une vitesse de vingt kilomètres par seconde. En général, un quart de seconde avant l'impact, chaque projectile libère une quinzaine d'explosifs à fragmentation qui se déclencheront à proximité de la cible. Pour cette raison, une corvette flak dirigée par un équipage de trois personnes aguerries peut réduire à néant toute une escadrille de vaisseaux légers. Contrairement au chasseur lourd, la corvette dispose de boucliers et de barrières cinétiques. Elle possède également un blindage plus important que tout autre unité de plus faible catégorie. Alors qu'ils s'approchent des deux navires spatiaux militaires, un écran virtuel se matérialise dans l'espace de Réalité Augmentée de chaque membre de l'équipe. Un homme d'une cinquantaine d'années apparaît sur l'image en bidim. C'est le capitaine Adam Arthur. - Mesdames, messieurs, fait-il. Notre transporteur ne dispose pas de défenses actives vu que les pirates sont censés avoir disparu de cette région depuis plus de quarante ans. M. MacLeod et M. Dagnew, vous êtes les plus qualifiés actuellement pour piloter nos unités de défense. Nous avons envoyé un appel à l'aide à la Fédération par transcription quantique. Jusqu'à ce qu'un bâtiment militaire arrive à proximité, vous devez repousser les escadrilles de ces forces inconnues. Au nom des cinq cents vingt quatre passagers et membres d'équipage de la Fleur Céleste, je vous souhaite bonne chance. L'hologramme se dématérialise. Inquiet, Charles jette un coup d’œil à son ami écossai qui s'installe rapidement aux commandes du chasseur lourd avant de suivre Sahle et Hoshiko dans la corvette. Encore une fois, il va devoir foncer au cœur de la tempête sans savoir s'il reviendra en vie. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Kyojin972 Posted September 8, 2015 Share Posted September 8, 2015 Un chapitre intense et explosif ! La première partie est centré sur Charles et Hautoy, le voyage dans le monde cybernétique à la Tron fut très sympa et rude, mais ils ont réussi à gérér bien qu'il eut quand même des morts dans l'équipage. Les filles ont aussi bien gérées de leur cotés , on va dire que la première partie de l'échec a été gagné haut la main, cependant la flotte spatiale qui arrive, va rendre le tout bien plus difficile et risqué ! Ca promet une guerre spatial à la Star Wars . Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Hou Son Mei Tong Posted September 24, 2015 Author Share Posted September 24, 2015 @ Kyojin : Merci pour ton commentaire ! J'espère que le prochain chapitre ne va pas te décevoir Chapitre V : Tempête stellaire Charles, Hoshiko et Sahle entrent en silence dans la corvette sous les yeux inquiets des jeunes Lyonnet et Wang. Bien qu'elle tente de ne rien en laisser paraître, la japonaise tremble de tous ses membres. Elle ne doit pas avoir l'habitude du terrain, en tant qu'experte en cybernétique. Charles, quant à lui, suit simplement son équipier éthiopien qui paraît sûr de lui. Le français fait le vide dans son esprit. Il sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur. Même s'il n'est pas artificier, il va devoir abattre autant de chasseurs ennemis que possible. Au bout de quelques secondes, les trois compères se retrouvent dans la salle de pilotage. Chacun se met à son poste : Sahle Dagnew aux commandes, Charles Du Hautoy à l'artillerie et Hoshiko Mori au secteur des systèmes cybernétiques. Au moment de s'asseoir à son siège, le français remarque qu'un casque possédant plusieurs électrodes est disposé sur l'un de ses accoudoirs rembourrés. Je vais devoir plonger ?, se demande-t-il. Circonspect, l'agent européen prend place. L'instant d'après, des hologrammes informatifs en trois dimensions entourent sa personne. Elles lui indiquent qu'il doit installer le casque. Charles s’exécute. Lorsqu'il active les programmes psychosensibles, il sent son esprit sombrer dans le néant comme s'il effectuait un plongeon dans la cybersphère. Mais cette fois-ci, au lieu de s'éveiller dans une ville numérique, le français peut voir et ressentir tout ce qui se passe autour du vaisseau. La coque du navire spatial est devenue sa peau. Les capteurs sont maintenant ses yeux. Tout fonctionne comme s'il était la corvette flak elle-même. Du Hautoy teste plusieurs systèmes. Apparemment, il peut réaliser une modélisation tridim de tout objet de plus de quatre centimètres qui se trouve à moins de mille kilomètres de sa position. Et, bien évidemment, il peut mettre en marche les options d'aide à la visée des deux canons de Gauss. Comme un enfant, l'agent français met en joue une mouche présente dans le hangar. Les systèmes d'aide lui permettent de suivre facilement les mouvements browniens de l'insecte. Soudain, une voix le fait sursauter. C'est celle de Sahle. - Activation des compensateurs inertiels et du générateur de gravité. Mise en marche des moteurs. Armes, boucliers cinétiques et systèmes cybernétiques parés. Depuis sa vision améliorée, Charles observe tous les techniciens ainsi que Mina Wang et Lucie Lyonnet quitter le hangar. Après leur départ, l'immense salle est verrouillée. Puis, l'atmosphère est aspirée hors de la pièce. Il faut dire que dans l'espace, l'air est une denrée rare qu'il convient de conserver autant que possible. Bientôt, un silence absolu fait place autour de l'appareil. Le champs de gravité de la Fleur Céleste est annulé au sein du hangar avant que les énormes sas donnant sur l'espace ne s'ouvrent sans un bruit. Aussitôt, William démarre en trombe et sort du transporteur avec son chasseur lourd. Sahle Dagnew, quant à lui, manœuvre avec précision la corvette, lançant l'appareil dans les profondeurs glacées de l'espace. Une fois à l'extérieur, le groupe s'éloigne à faible vitesse de la Fleur Céleste. Lorsque les deux engins légers sont à plus d'un kilomètres de distance, William et Sahle enclenchent leurs réacteurs principaux. En un instant, le transporteur long courrier disparaît de la vision direct de Charles. Il doit maintenant se servir de ses systèmes de radar et d'aide à la visée pour visualiser tous les objets en trois dimensions passant à moins de mille kilomètres. D'après les données du radar longue distance, le navire spatial inconnu qui a attaqué la Fleur Céleste se trouve à cinq mille kilomètres. La petite escadrille ennemie qui en provient, elle, n'est plus qu'à deux mille kilomètres. Rapidement, les deux groupes d'astronefs se rapprochent l'un de l'autre. La tension monte d'un cran lorsque tout d'un coup, toute l'escouade adverse disparaît des hologrammes de surveillance. - Ils ont enclenché leurs brouilleurs de positionnement, fait Hoshiko. Nous allons faire de même. Agent Du Hautoy, vous devez être sur le qui-vive. Grâce à vos systèmes, vous pourrez repérer l'ennemi dés qu'il sera à porté de vos détecteurs et… La jeune femme s'interrompt. Visiblement, elle doit déjà repousser une première attaque informatique. Sans hésiter, elle effectue un plongeon dans la cybersphère de la corvette. Charles reporte son attention sur la zone qu'il a à surveiller. Au bout de cinq minutes, le français repère l'escadrille. Ils sont à neuf cent cinquante kilomètres. Aussitôt, il relaie l'information à William et à ses deux autres coéquipiers avant de mettre en joue les six astronefs. Il attend. Les vaisseaux légers ne semblent pas encore les avoir repéré. La corvette et le chasseur lourd passent en trajectoire d'interception. Le cœur de Charles commence à battre la chamade. Lorsqu'ils seront à deux cents trente kilomètres de portée, il tirera une première salve. Les obus devraient atteindre leurs cibles en dix secondes, en prenant en compte la vitesse relative entre la corvette et leurs cibles. Tout d'un coup, alors qu'ils sont encore à trois cent kilomètres, l'escadrille ennemie se ceint en deux. Le bombardier et un chasseur quittent la formation pour éviter tout contact avec les forces de défense de la Fleur Céleste. - Shit !, lance William via l'intercom. Ces salopards nous ont repéré ! - Allez abattre le bombardier, lui recommande Sahle. Nous allons vous couvrir. Dés qu'il finit sa déclaration, Charles fait feu. Les quatre chasseurs quittent leur formation pour éviter les tirs, ce qui réduit considérablement leur vitesse. Une dizaine de secondes plus tard, de multiples explosions se produisent tout autour d'eux, sans pour autant les toucher. Le groupe du bombardier est vraiment trop loin pour tenter quoi que ce soit. Le chasseur lourd de William fonce à leur rencontre. Comprenant son intention, les quatre intercepteurs essaient de prendre en chasse l'écossai. Mais Charles effectue un véritable tir de barrage qui les empêchent de passer en trajectoire d'interception. Mis en échec, les astronefs recentrent leur attention sur la corvette et tirent quelques missiles de base. Sans difficulté, Hoshiko lance plusieurs leurres et diffuse un champ d'interférence qui déroute les projectiles. Ces derniers explosent à plusieurs dizaines de kilomètres de leur cible. Le français, quant à lui, continue d'arroser abondamment ses adversaires. Mais tout comme des moustiques, ces derniers réalisent des figures complexes afin d'éviter les tirs. Cela dit, les bougres se rapprochent. Lorsqu'ils seront à moins de vingt kilomètres de portée, ils ouvriront le feu sans aucun doute. Charles décide de se concentrer sur un seul ennemi. Il observe attentivement ses mouvements et tente d'évaluer sa position future dans les deux ou trois prochaines secondes grâce aux I.A. d'aide à la visée. Au bout d'un moment, Du Hautoy finit par tirer plusieurs rafales précises. Peu après, le chasseur adverse ciblé se retrouve entouré d'une multitude de déflagrations comme s'il était au centre d'un gigantesque feu d'artifice. Soudain, une explosion à une trentaine de mètres de sa position lui projette des fragments de titane à haute vélocité. L'un de ses deux moteurs explose et il part en vrille. Ayant à présent une trajectoire prévisible, Charles laisse l'intelligence artificielle d'aide à la visée finir le travail. L'instant d'après, l'intercepteur disparaît sous un déluge de feu. - Joli tir !, le complimente Sahle. - Mer… L'agent Charles Du Hautoy n'a pas le temps de lui répondre. Des milliers de projectiles explosent tout autour de la corvette. L'équipage est violemment secoué. Les boucliers absorbent une bonne partie de l'énergie des déflagrations. L'éthiopien exécute plusieurs figures pour échapper aux salves. Hoshiko, quant à elle, tente de s'introduire dans les systèmes d'un des chasseurs. Le français n'arrive pas à verrouiller ses poursuivants. Ces derniers virevoltent comme de véritables feux follets. Restant entre quinze et vingt kilomètres de distance, les trois intercepteurs les arrosent copieusement. Même si Salhe est un pilote expérimenté, les barrières cinétiques baissent dangereusement à mesure que des centaines d'obus légers explosifs percutent les boucliers à chaque seconde. Charles commence à paniquer. Même s'il faut moins d'une seconde à ses tirs pour atteindre les chasseurs, il n'arrive pas à analyser leur trajectoire pour les descendre à coup sûr. Ses adversaires ne sont pas des débutants. Leurs mouvements coordonnés perturbent les analyses de l'I.A. de visée. Bordel de merde!, se dit-il . Je suis agent, moi, pas artificier ! Entre temps, les boucliers sont presque hors services. Certains projectiles parviennent même à atteindre la coque. Les avaries ne tardent pas à se multiplier. - Brouilleurs de positionnement H.S. !, lance Hoshiko. Réacteur quatre inutilisable. Armure détériorée à vingt pour cent. - Du Hautoy ?, demande désespérément l'éthiopien. - Je fais ce que je peux, merde !, lui répond Charles. Une nouvelle fois, Sahle Dagnew fait partir en vrille l'astronef pour éviter autant d'obus que possible. Mais leurs trois poursuivants sont tenaces. Tout en évitant les tirs flak, ils arrivent à suivre sans difficulté les mouvements de la corvette. - Cela devrait pouvoir vous aider, fait soudainement Hoshiko. L'instant d'après, les réacteurs d'un des intercepteurs se coupent. Le français ne laisse pas passer cette chance. Aussitôt, il vise et détruit l'appareil avant que le pilote ne reprenne le contrôle de ses systèmes cybernétiques. Décidément, l'agent japonaise est d'une compétence remarquable. - Merci, lui adresse Charles. - Restons concentrés, on n'est pas tiré d'affaire, réplique-t-elle. Surpris par la perte de leur camarade, les deux autres intercepteurs prennent de la distance. L'éthiopien en profite pour pousser les réacteurs toujours en service à leur maximum. Il souhaite mettre la corvette hors de leur portée. Charles, quant à lui, continue de les harceler. Cependant, les pilotes ennemis reprennent vite leur esprit et repassent en trajectoire d'interception tout en évitant les tirs flaks. Cette fois-ci, ils semblent décidés d'en finir. Bon sang ! Mais vous allez vous les prendre, mes obus ?, pense le français. Alors qu'ils sont sur le point de tirer de nouvelles salves, les deux chasseurs réduisent tout d'un coup leur vitesse. La distance entre la corvette et ses poursuivants s'accroît considérablement en quelques secondes. - Qu'est ce qu'ils font ?, demande Hoshiko. - Je n'en sais rien, mais ça nous laisse un répit !, lui répond Sahle Dagnew. Tout d'un coup, l'un des intercepteurs tire un dernier missile de base avant que les deux chasseurs survivants ne repartent en direction du navire spatial qui a attaqué la Fleur Céleste. - On va peut-être pouvoir s'en sortir, finit par lâcher l'agent français. - Je n'en suis pas sûre… lui rétorque Mori, paniquée. Les brouilleurs de positionnement sont H.S. et les lanceurs de leurres ont été détruits. Je ne peux rien faire pour détourner le missile qui nous a pris pour cible ! - C'est pas vrai ! À ces mots, Sahle Dagnew consulte le radar. Même en poussant les moteurs au maximum, le point clignotant sur l'hologramme de bord tridim se rapproche dangereusement. Cette fois, même lui semble être à court de solution. Dans vingt secondes, les trois agents redeviendront poussières d'étoile. Le désespoir s'empare du petit équipage. Charles se déconnecte et enlève son casque d'artificier. Il est en sueur. Une nouvelle fois, il voit sa vie défiler dans son esprit et adresse une dernière pensée à sa famille restée sur Terre. Brusquement, la voix reconnaissable de William MacLeod vient les tirer de leur torpeur. - J'arrive ! J'vais vous tirer de là !, crie à tue-tête l'écossai dans l'intercom. Avec habilité, l'agent des services de renseignement britanniques place son chasseur lourd à deux kilomètres derrière la corvette. Dans leur désespoir, les trois agents ne l'ont pas vu arriver sur leur radar. Aussitôt, le missile prend pour cible MacLeod. Ce dernier se décale progressivement. Le projectile se déroute petit à petit. Une seconde avant l'impact, l'écossai lance des leurres. La déflagration qui suit aveugle les capteurs de la corvette. Tout signal de l'astronef de l'écossai disparaît. - Will ? Will !, fait Charles dans l'intercom. Aucune réponse. Les secondes passent. Les trois agents attendent dans l'angoisse. Toujours rien. Le radar de proximité reste désespérément vide. - Je… Je suis désolée, finit par lancer la japonaise. Je... - Attendez une seconde, je capte quelque chose, la coupe Sahle. Manipulant ses commandes holographiques, l'éthiopien se cale sur un signal, faible au premier abord. L'intercom commence à diffuser des grésillements qui, progressivement, se transforment en mots presque audibles. - May.. day… Est-ce que… quelqu'un m'entend ?… - Will ! Nous sommes là !, lui répond le français, soulagé. Cependant, malgré le bruit présent sur le canal de communication, les trois membres d'équipage de la corvette peuvent entendre les râles de leur camarade écossai. Ce dernier est dans une très mauvaise posture. - J'ai… déployé mes leurres trop tard… Le missile a… failli disloquer mon chasseur… J'ai dû m'éjecter mais… William MacLeod grogne de douleur. Son souffle se fait plus lourd. Il a des difficultés à articuler correctement ses mots. L'inquiétude gagne les pilotes de la corvette. - Ma combinaison… est endommagée… Mon régulateur de chaleur… est H.S…. Mes réserves d'oxygène diminuent… à vue d’œil… Le visage de Charles se décompose. Sans système de contrôle thermique, il ne pourra pas tenir plus de dix minutes. Et ce maudit radar de proximité qui est toujours brouillé à cause de la déflagration ! En vitesse, le français se réinstalle à son poste d'artificier. Avec le système d'aide à la visée, il devrait rapidement pouvoir repérer son ami. Il met son casque avant d'enclencher les programmes de démarrage. Il attend. Dix secondes. Puis vingt. Aucune réponse. Tout d'un coup, un écran virtuel se matérialise dans son espace de Réalité Augmentée. L'I.A. d'aide à la visée renvoie une erreur. Une attaque informatique l'a rendue inutilisable. - Putain de merde !, s'écrie Du Hautoy. Le système d'aide à la visée est H.S. - Avec le radar de proximité brouillé, on ne va pas pouvoir le retrouver rapidement, déclare Hoshiko, paniquée. Je vais essayer une autre méthode pour le localiser mais il faut absolument qu'il continue à émettre quelque chose ! Sans attendre, l'agent japonaise plonge dans la cybersphère. Sahle, quant à lui, redirige la corvette vers l'épicentre de la précédente déflagration. - Will !, fait Charles dans l'intercom. T'es toujours avec moi, mon vieux ? Il n'a pour toute réponse qu'un léger grésillement. - Will ! Il faut absolument que tu restes conscient. Ne t'endors surtout pas ! Tu m'entends ? On arrive ! On vient te chercher ! Le français se tait. À travers les crépitements, il arrive à discerner la respiration rauque de l'écossai. Cette dernière devient de plus en plus irrégulière. - Mon… ami…, finit-il par entendre. Je… Je n'en peux plus… Je ne sens plus… mes doigts de pied… J'ai si mal à mes mains… Le moindre… de mes gestes… me fait souffrir… Mes narines gèlent… Pareil pour la… visière de mon… casque. - On arrive, Will. Tiens bon ! - Charles… On ne… me la fait pas… à moi… Je n'en ai plus… que pour quelques minutes… Je veux juste que… tu dises à ma femme… - Putain de merde, Will ! Tu le lui diras toi-même ! S'il y a bien quelqu'un qui peut se sortir de cette situation, c'est bien toi ! Reste avec moi ! - Ça y est ! Je l'ai repéré !, s'écrie Hoshiko. Il est à douze kilomètres de notre position. - Tiens bon, mon vieux !, hurle Charles dans le dispositif de communication. Ne lâche pas l'affaire ! Pense à ta femme et à tes enfants qui t'attendent ! L'intercom retransmet une quinte de toux avant de sombrer dans le silence. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Kyojin972 Posted September 24, 2015 Share Posted September 24, 2015 Un super chapitre ! Il fut très intense et bien orchestré sur au niveau des combats spatiaux, rien à dire, c'est du chapeau ! Et j'ai trouvé que la team bien que pas très confirmé dans ce domaine s'en soit très bien sorti . Mais la fin nous laisse dans le plus grand suspens sur le sort de l'ecossai. Arriveront ils avant ? Ou bien a t'il déjà lâcher son dernier souffle. Mais je ne pense pas, car on ne connait encore rien de lui. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Hou Son Mei Tong Posted October 18, 2015 Author Share Posted October 18, 2015 Merci Kyojin pour ton commentaire ! Et maintenant, la suite ! Chapitre VI : L'Eureka Control Services Néant. Noir. Froid. Tout en tourbillonnant légèrement sur lui-même, William MacLeod est dans un état semi-éveillé. Il ne ressent presque plus rien. Ses mains, ses pieds et même son torse ne lui renvoient aucune sensation. Son souffle s'affaiblit. La face interne de son casque est presque entièrement gelée. Il va mourir là, comme ça, tout seul dans une dernière danse macabre cosmique. Petit à petit, des souvenirs lui reviennent. Il se souvient de la première fois qu'il a rencontré sa femme à Cambridge. Il se rappelle son sourire si chaleureux, ses magnifiques cheveux blonds flottant au vent et ses yeux bleus aussi beaux que des diamants. Il revoit sa demande en mariage puis la naissance de leur première fille. L'écossai pleure en son for intérieur. Il n'arrive plus à faire la différence entre ses rêves et la réalité. Bientôt, une nouvelle vision s'impose à son esprit. Il revoit son petit village natal d’Écosse. Il fait sombre. La pluie tombe en fines gouttelettes, dispersant la brume matinale. Une cohorte de personnes habillées en noir rentrent dans le cimetière près de la vieille église. Parmi elles, William reconnaît son épouse et ses deux filles. La chevelure de sa compagne est toujours aussi éblouissante. Mais cette fois-ci, la scène est différente. Ses longs cheveux d'or pendent tristement vers le sol. On aurait dit un saule pleurant sur une tombe. Sa tombe. Oh no, pense l'écossai. I'm so sorry, Elizabeth… Tout d'un coup, une lueur blanche l'aveugle. William ne sait pas s'il délire ou s'il contemple les portes de l'au-delà. De temps à autre, la lumière vacille et finit par former une sorte de tunnel illuminé. Au bord de l'épuisement physique et mental, l'esprit de l'écossai finit par sombrer dans l'inconscience. *** Charles enlève rapidement sa combinaison spatiale avant de rejoindre Hoshiko et Sahle. Ces derniers ont déjà déployé la mallette de premier secours et activé l'I.A. d'analyse médicale. Auprès d'eux, William MacLeod gît dans sa camisole de néo-polymère partiellement brûlée et broyée à certains endroits. Sa peau est presque entièrement devenue bleue. - Situation ?, demande l'agent français, inquiet. - Il est toujours vivant, lui répond l'éthiopien. Mais son état est critique. Nous lui avons inoculé une seringue de nanites médicaux. Cela devrait le stabiliser. Cependant, il doit être placé dans un caisson chirurgical au plus vite si l'on souhaite sauver ses membres. - On a combien de temps ? - Deux heures au maximum, d'après les données. Le français ne répond pas. En silence, il consulte son O.P.Q. et se connecte aux systèmes de la corvette. Quelques instants plus tard, l'holo tridim du radar longue portée apparaît dans son environnement de Réalité Augmentée. Aucun navire spatial n'est détecté dans un rayon de dix milles kilomètres autour du vaisseau léger. Tenter de retrouver la position de la Fleur Céleste, de rejoindre le transporteur puis de s'y amarrer prendra du temps. Beaucoup trop de temps. Et lancer un appel à l'aide sur les ondes pourrait attirer de nouveau ceux qui les ont attaqué. - Merde !, finit par lâcher Charles Du Hautoy. L'agent européen refait un listing des dégâts de la corvette. L'I.A. d'aide à la visée est toujours inopérante, soumise à une attaque informatique. Les réacteurs quatre et cinq sont hors service et le générateur de bouclier est gravement endommagé. Le vaisseau léger est dans un bien triste état et ne pourra sans doute se déplacer qu'à vitesse réduite. Charles désactive son ordinateur portable quantique. À ses côtés, Sahle Dagnew et Hoshiko Mori découpent la combinaison de William pour vérifier qu'il n'a pas reçu d'autres blessures fatales. Refusant de laisser tomber son ami, le français se précipite dans la cabine de pilotage. Il commence à activer les protocoles de redémarrage des moteurs et recherche la dernière position connue de la Fleur Céleste. Avec un peu de chance, même s'il perdra ses membres, William pourra survivre à ses mésaventures. Alors qu'il manipule les commandes holographiques, un écran virtuel se matérialise à une cinquantaine de centimètres de son visage. C'est une demande de communication. Avec appréhension, l'agent européen active l'intercom audio. - Ici les forces de sécurité de l'Eureka Control Services. Veuillez nous transmettre votre identification. L'E.C.S. ? Ici ?, se dit Charles. Mais qu'est ce qu'ils foutent à plusieurs dizaines de millions de kilomètres de Mars ? Et cette putain d'I.A. d'aide à la visée qui est toujours H.S. ! Je ne pourrai jamais localiser la position de nos interlocuteurs s'ils ont activé leurs brouilleurs de positionnement ! Ayant entendu la conversation, Hoshiko entre dans la cabine de pilotage. Du Hautoy, quant à lui, pense qu'au point où ils en sont, ils n'ont plus rien à perdre. L'agent français réplique à l'injonction des martiens en ces termes : - Ici l'équipage de la corvette flak défensive du transporteur la Fleur Céleste. Code d'identité répondant au FC.36528.FC.248. Nous avons subi plusieurs avaries suite à une attaque. Un de nos collègues est grièvement blessé. Demandons de l'aide pour regagner notre vaisseau mère au plus vite. - Ah ! C'est donc vous !, lui répond dans un anglais sans accent le pilote de l'E.C.S.. Nous étions à votre recherche. Nous allons nous montrer. À ces mots, le radar repère une formation de six chasseurs lourds, à soixante kilomètres de la corvette. Ces derniers viennent certainement de désactiver leurs brouilleurs de positionnement. Un peu inquiet, Charles suit du regard les six points clignotants qui se rapprochent sur l'holo tridim du radar longue portée. La voix légèrement mélodieuse du militaire de l'E.C.S. se fait à nouveau entendre : - Le destroyer Arès a reçu une demande de la Fédération Terrienne. Nous étions le vaisseau militaire le plus proche de la Fleur Céleste pour lui porter secours. Récemment, les pirates de l'espace sont réapparus dans ce secteur qui est encore peu surveillé par les patrouilles de sécurité. Notre arrivée les a fait fuir. - Nous vous remercions de votre intervention, lui répond Charles Mais qu'est ce qu'il me raconte celui-là ?, se dit l'agent français. Si les pirates avaient repris du service ici, jamais la Fédération ne nous aurait caché une telle information ! En plus, ces fameux « pirates » ont essayé de nous détruire et non de nous dépouiller... Du Hautoy se tourne vers Hoshiko, lui faisant un léger signe de la tête. Les martiens ne doivent absolument pas soupçonner leurs véritables identités. Pour le moment, le français doit se faire passer pour un pilote engagé par Astronav, la société qui est le propriétaire officiel de la Fleur Céleste. - Nous avons repéré les débris de cinq vaisseaux légers, continue l'homme de l'E.C.S.. Vous avez dû livrer une rude bataille. Cinq ?, pense Du Hautoy. Nous avons détruits deux intercepteurs. MacLeod a perdu son chasseur et… Bon sang, quel sacré pilote ce William ! Il a réussi à abattre le bombardier et l'intercepteur l'escortant qui se dirigeaient vers la Fleur Céleste. - Si les blessures de votre camarade sont graves, poursuit le militaire, nous pouvons également le soigner d'urgence sur notre destroyer où nous disposons de plusieurs infirmeries de dernière génération. - Nous vous remercions de votre proposition, lui répond Charles, mais nous avons notre propre matériel médical sur la Fleur Céleste. Comme je suppose que l'Arès doit être en train d'escorter le transporteur d'Astronav, le trajet pour rattraper la Fleur Céleste sera aussi long que celui pour rejoindre votre destroyer. - Nous pouvons faire venir l'Arès jusqu'ici et… - Ce ne sera pas nécessaire. Si nos employeurs venaient à apprendre que nous sommes allés sur un vaisseau d'une compagnie martienne avec nos propres appareils cybernétiques, nous risquons d'avoir un long procès sur les bras sans parler de la perte de nos emplois. - Même si la vie de votre collègue en dépend ? - Nous avons réussi à stabiliser son état. Nous savons également que la Fleur Céleste ne peut pas être à plus de cent milles kilomètres de nous. Si vous nous guidez, nous pouvons atteindre le transporteur bien avant que la santé de notre camarade se dégrade à nouveau. - Très bien, nous allons vous escorter jusqu'à votre vaisseau mère. S'il y a du changement, n'hésitez pas à me contacter de nouveau. Officier de liaison, terminé. L'hologramme de l'intercom se ferme et Charles pousse un long soupir de soulagement. C'est à ce moment que Sahle Dagnew entre dans la cabine de pilotage. Ayant suivi la conversation, il prend les commandes de la corvette sans dire un mot. - Comment va notre écossai national ?, lui demande le français - Eh bien, il est en sursis. J'ai fait tout ce que j'ai pu mais je ne suis pas médecin. J'espère que nous pourrons atteindre la Fleur Céleste avant qu'il ne perde l'usage de ses mains et de ses pieds… - Je vais aller veiller sur lui. Si les martiens reprennent contact, avertissez moi immédiatement. Il va falloir la jouer fine avec ces gars là… L'attaque de tout à l'heure n'était pas du tout une coïncidence, si vous voulez mon avis. Quant à vous, mademoiselle Mori, mettez vous à votre poste et surveillez nos systèmes cybernétiques restants. J'espère qu'ils ne vont pas en profiter pour nous coller des mouchards. - Très bien, lui répond l'intéressée. - Vous faites preuve de beaucoup de prudence, Charles, commente l'éthiopien. - Tout comme vous, j'ai une famille, Sahle. Et je veux rester en vie pour elle. Suite à cette déclaration, Du Hautoy se lève de son propre fauteuil avant de quitter la pièce et de rejoindre son ami, étendu sur une couchette. La peau de William n'est plus aussi bleue que tout à l'heure. Les transfusions et les nanorobots médicaux ont vraiment évité le pire. Mais pour l'instant, il est toujours inconscient. Son souffle est encore saccadé. Certaines parties de son épiderme sont devenues noires au niveau de ses pieds et de ses mains. - Tiens bon, mon vieux, on va te soigner, lui adresse Charles. De leur côté, les six chasseurs lourds martiens prennent position tout autour de la corvette. Restant à une distance de cent mètres, ils envoient à Sahle les coordonnées de la Fleur Céleste. Hoshiko, elle, plonge dans la cybersphère du vaisseau terrien et garde un œil sur toutes les données envoyées par les militaires de l'E.C.S.. Durant plus d'une heure, l'éthiopien pousse le reste des moteurs au maximum de leur capacité. Après une période d'accélération puis de décélération intense, le transporteur terrien et le bâtiment de guerre martien sont en vue. L'éthiopien jette un coup d’œil au travers d'un hublot blindé en néo-polymères. Ce qu'il voit lui coupe le souffle. À deux kilomètres de la Fleur Céleste, le destroyer Arès a déployé toutes ses batteries d'armement. Ce vaisseau de près de quatre cent mètres de long possède un blindage et des barrières cinétiques de dernière génération. Sur Terre, seuls les pays les plus riches ou union de nations peuvent s'offrir de tels mastodontes dont les coûts de production dépassent l'entendement. Et dire que des compagnies privées peuvent désormais s'offrir ces machines de guerre de haute technologie… Sahle s'essuie le front du revers de la main. Face à ce navire spatial de l'E.C.S., les destroyers terriens relativement vieux auront bien du mal à lui tenir tête. Si un conflit généralisé éclate avec les entreprises martiennes, la Fédération Terrienne n'aura l'avantage qu'avec le déploiement de ses sept croiseurs lourds. Cette dernière catégorie de vaisseau représente les bâtiments de guerre les plus grands, les plus puissants et les plus complexes jamais construits par l'humanité. Longs de plus d'un kilomètres, hauts de cent cinquante mètres et larges de trois cents, les croiseurs lourds peuvent embarquer des centaines d'escadrilles de chasseurs et bombardiers. Chaque union de nations terriennes prennent en charge une partie de ces croiseurs : la Fédération Européenne en possède deux, la coalition Panasiatique en a deux aussi. L'Union d'Amérique du Nord en a construit deux tandis que l'Alliance Sud Américaine en détient un. L'Union Centrale Panafricaine, elle, souhaite en acquérir un également. Mais faute de consensus et d'argent, le processus n'en est resté qu'à l'état de projet. L'éthiopien déglutit. Commençant les procédures d'approche et d'amarrage à la Fleur Céleste, il ne quitte pas des yeux le destroyer martien. Ce dernier possède des courbes souples, élancées et élégantes. Toutes armes déployées, le bâtiment de guerre est extrêmement intimidant. Sahle arque un sourcil. Le fait qu'une compagnie de sécurité privée, en dehors de tout contrôle étatique, ait pu s'offrir et se construire ce type de vaisseau a de quoi interroger. Alors que la corvette flak finit ses dernières manœuvres pour intégrer le hangar du transporteur terrien et que les six chasseurs repartent en direction d'Arès, Charles déboule dans la cabine de pilotage. - On est arrivé ?, demande-t-il avec anxiété. - Oui, j'ai déjà envoyé un message crypté à la Fleur Céleste. Une équipe médicale se tient prête à intervenir dés que nous serons dans la soute. - C'est parfait !, commente le français. D'après les données de l'I.A. d'analyse médicale, nous pouvons encore sauver les membres de William. On aura eu chaud, tout compte fait. - Ne crions pas victoire trop tôt, tempère Hoshiko Mori qui, entre temps, est ressortie de la cybersphère. - Ne cassez pas mon espoir après tout ce que nous venons de traverser…, lui répond Du Hautoy. Quelques minutes plus tard, la corvette flak intègre le hangar. Le champ gravitationnel artificiel est rétabli et l'atmosphère est réintroduit dans le local. Peu après, l'équipe médicale débarque dans l'immense salle avant de s'introduire dans le vaisseau léger. L'agent français les accueille à bras ouverts avant de les laisser travailler et emmener William MacLeod à l'infirmerie. Même s'il est sérieusement blessé, le chirurgien en chef assure qu'il s'en sortira sans grande séquelle. Hoshiko, quant à elle, s'est littéralement endormie à son poste des systèmes cybernétiques. La stress intense et la fatigue physique et mentale ont fini par avoir raison d'elle. Lucie Lyonnet et Mina Wang finissent par arriver à leur tour pour venir prendre des nouvelles. Les informations qu'on leur avait données étaient extrêmement préoccupantes et Charles a dû s'y reprendre à plusieurs fois pour les rassurer. Finalement, les deux jeunes femmes s'entre-aident pour porter la japonaise jusqu'à sa cabine. Du Hautoy et Dagnew se retrouvent seuls en compagnie des techniciens qui commencent à réparer les avaries de la corvette. - Eh ben, fait l'éthiopien, on l'a échappé belle. - Oui, et maintenant, on se retrouve en compagnie de nos « protecteurs » de l'E.C.S… On devra constamment rester sur nos gardes alors que nous n'avons même pas encore foulé la planète rouge. Décidément, cette mission commence bien ! Sahle éclate de rire. Charles ne saurait dire si c'est toute la tension accumulée se relâchant d'un coup ou un humour un peu particulier qui a provoqué son hilarité. Quoiqu'il en soit, l'éthiopien lui répond : - Écoutez, l'ami. Si l'on s'en sort vivant, je vous inviterai vous et votre famille visiter mon pays d'origine : l’Éthiopie. Je pense que vous l'avez compris mais j'en suis très fier. Nous possédons une histoire et une culture plurimillénaire et avons été le seul pays d'Afrique qui a gardé son indépendance vis à vis des grandes puissances européennes. Il y a beaucoup de magnifiques lieux, bâtiments historiques ou paysages naturels, que je me ferai une joie de vous montrer. - Faites bien attention à ce que vous dites, Sahle, car je risque bien de vous prendre au mot ! Et en échange, je vous ferai visiter la France, goûter sa gastronomie et participer à plusieurs festivals, à vous et à votre famille. - Mais j'espère bien, Charles ! C'est sur ces mots que les deux collègues se séparent, épuisés par les derniers événements. Lorsque Charles pénètre dans sa cabine, un hologramme s'active au-dessus de son bureau. C'est une espèce de boule rouge clignotante. Oubliant toute prudence à cause de la fatigue, l'agent français se rapproche de cette curieuse apparition. Alors qu'il n'est plus qu'à un mètre de la sphère holographique, cette dernière se transforme en écran virtuel sur lequel s'inscrit un texte en français : Bien le bonjour, fiers agents de la Terre ! Vous qui portez les germes de la guerre, Écoutez bien ce que j'ai à vous dire : On vous surveille et on va vous trahir. Faites attention où vous mettez les pieds Il se peut bien que vous disparaîtrez. Tout comme ce triste agent Yamamoto, Ils finiront par avoir votre peau. Signé : Sidonia. Le poème reste en lévitation dans les airs trois petites minutes avant de se volatiliser sans laisser de traces cybernétiques. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Kyojin972 Posted October 18, 2015 Share Posted October 18, 2015 Bon chapitre ! Notre team préféré après un rude voyage, fini par être escorté à la fleur céleste, cependant ils devront continuer leur rôle pour ne pas faire tomber leur couverture. L'écossais est en vie heureusement et je doutais pas qu'il serait mort. Mais la fin de laisse présagé une future grande menace. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
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