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Monasaka - Le Demon au parfum de Lys


Alestan
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Deux bons chapitres comme d'habitude !

 

Almak, Deoria et Gary décident de jouer au plan d'Almak pour berner les habitants du village mais cela ne marche pas comme prévu. Il passe à l'autre plan qui est battre ces villageois au jeu de carte avec l'aide de Deoria, tout se passe bien, mais il a en trop fait et on le traite de tricheur il aurait comme pu le voir venir. Alala ce Almak quand il fait son têtu 9_9.

Tout se complique par la suite avec l'arrivée de l'étrange monstre qui se cache derrière le corps d'une jeune fille. Mais ce qui est étrange c'est que sous forme humaine, elle demande de l'aide. A t'elle subit une malédiction ? Ou a t'elle était sujette à des expériences ? Beaucoup de question me vient.

 

Almak se retrouve dans une très mauvaise situation encore une fois, il a vraiment le don lol. J'attends vraiment de voir ce qui se passera par la suite. Mina et Ren vont ils participés à ce combat ?

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3.4 – UN ARRIERE GOÛT DE MORT

 

 

- Mina ! Réveil-toi !

- Mmm...

- Le prisonnier s'est échappé !

Mina se redressa subitement, passant du visage sombre de Ren à la place vide à côté d'elle. Son cœur fit un bond dans sa poitrine en réalisant la disparition d'Almak.

- Ren ! S'offusqua-t-elle. Mais qu'est-ce-que t'as foutu ?

- Comment tu peux m'accuser ? Contra-t-il, scandalisé. Tu étais sencé le surveiller, pas dormir avec lui !

Mina quitta le lit pour enfiler sa jupe de guerre et son corset de cuir, ôtant sa nuisette sans la moindre pudeur. Ren détourna le regard, fidèle à sa droiture bien qu'elle devinait ses joues empourprées dans l'obscurité.

- Il n'a pas encore quitté le village. Le rassura-t-elle.

- Comment tu peux en être aussi sûr ?

- C'est le genre de gars qui ne peut pas faire trois pas sans se mettre dans le pétrin. Déclara Mina avec un étrange sourire.

Une fois leurs affaires sur le dos, ils se dirigèrent vers la porte de la chambre qui refusa de s'ouvrir. Une bref image des clefs sur le verrou traversa les pensées de la jeune femme, lui déclenchant un soupir contrit.

- Il est malin.

- Décale-toi un peu. L'avertit Ren.

Sa botte entra brutalement en contact avec la surface en bois, dégondant la porte qui s'écrasa avec fracas dans le couloir. Mais ce n'était rien comparé à l'autre son qui vibra à cet instant dans l'air, suraigue et glaçant. Ren avait instinctivement attrapé une poignée de ses sabres, son visage s'affaissant sous la gravité de son expression.

- Ce n'est pas bon signe... Souffla-t-il.

- Pourquoi ici ? S'inquiéta Mina. C'est impossible...

Une terrible pensée traversa alors son esprit, la même que son cooéquipier.

- Almak...

 

 

*

 

« Je suis mort ? »

Almak entrouvrit les paupières, découvrant un monstre repoussant qui dégageait une forte odeur de pourriture. Sa main gauche était planté au sol par une immonde corne, l'autre retenant miraculeusement un pieu identique à quelques centimètres de sa poitrine.

« Je ne vais pas tenir longtemps Al. » Lâcha la voix crispée de Deoria, comme en proie à une vive douleur.

Almak au contraire ne ressentait plus rien. Il comprit qu'il ne devait son salut qu'à l'intervention de sa petite voix. Elle avait prit le contrôle de son bras droit, ses veines se gonflant sous la pression exercée par son répugnant adversaire.

« Désolé Deoria... » Prononça-t-il avec regret. « Tu endures à ma place, n'est-ce-pas ? »

« C'est pas le moment pour les excuses. » Souffla-t-elle faiblement. « Je ne peux pas le faire éternellement, alors, s'il te plaît... Sors-nous de là. »

La gueule du monstre s'approcha de son visage, des orbites vides le fixant tandis de ses crocs s'écartaient pour laisser une fine langue de reptile en émerger.

« Je suis prêt. »

Almak poussa un cri de rage lorsque Deoria rompit le contact, déviant la corne pour la planter dans la terre ferme. Il plia les genoux pour enfoncer ses pieds dans la cage thoracique de son adversaire, l'envoyant voler dans les airs. Ses muscles hurlèrent de douleur lorsqu'il se redressa. La paume de sa main gauche n'était plus qu'un tas de chairs écarlates. Son état de choc laissa place à un profond désir de se venger. Sa peur se mua en fureur. Lorsque le monstre revînt à la charge, il ne put remarqué l'infime changement dans le regard du jeune homme.

« Jusque là, tu m'as eu par surprise. »

Son adversaire porta un coup d'estoc. Almak se décala, retournant la force et la vitesse de son adversaire pour diriger son attaque vers le sol. La corne se figea profondément dans la terre, immobilisant temporairement la créature. Il décocha un puissant coup de pied dans le coude, brisant ainsi le pieu meurtrier depuis sa base. Puis son genou rencontra brutalement la gueule du monstre, provoquant un son désagréable, comme si quelque chose venait de se fissurer. Profitant de son avantage, Almak s'empara de la corne brisé pour executer son adversaire, lorsque son corps sembla se liquéfier sur place. Ses muscles étaient en proie à des flammes invisibles, et sa vision devînt si trouble qu'il crût perdre connaissance.

« Deoria ? » Appela-t-il, son corps refusant de bouger. « Tout va bien ? » 

Elle ne répondait plus. Almak eût l'impression que son cœur venait de tomber au niveau de son estomac en réalisant : La démone avait supporté la plupart de ses blessures afin de lui laisser un peu plus de temps. Et le fait qu'il venait de récupérer toute cette souffrance ne laissait rien présager de bon. Comme en réponse, une main carbonisée l'attrapa violement par la gorge, le soulevant jusqu'à ce que ses bottes s'élèvent au-dessus du sol. Le monstre poussa à nouveau un cri insupportable, et Almak cessa aussitôt de se débattre, concédant à sa défaite avec un sourire contrit.

- Mourir à cause d'une merde aussi bruyante... Me faites pas rire...

La créature s'apprêta à l'embrocher lorsqu'une voix s'éleva dans ses pensées. Une voix masculine, qui n'avait pas résonné depuis des années. Le timbre familier le toucha au plus profond de son être, une douce chaleur s'infiltrant dans chacun de ses membres.

« Le corps est pour l'âme ce que l'armure est pour le guerrier. Protecteur et encombrant. »

Sa propre voix retentit, celle qu'il avait étant enfant.

« Comme le maître avec son élève ? »

Un rire éclatant résonna.

« Ou le mari avec sa femme. Mais ce qui compte avant tout, ce n'est pas l'armure, ou le corps, mais l'âme qui se cache derrière. C'est elle qui choisit ce qui doit être protégé. Et lorsqu'une âme est déterminé, même la plus solide des lances ne parviendrait pas à la transpercer. »

« Je ne vois pas trop où tu veux en venir... »

« Un jour tu comprendras, et mes mots te reviendront en mémoire. Alors quoi qu'il advienne dans le futur, sache ceci mon garçon : Je serais toujours là, à tes côtés. Encombrant et protecteur. »

- Deoria... Suffoqua Almak. Réveil-toi... Deoria...

 

 

 

*

 

Mina courrait en direction du vacarme, Ren sur ses talons. Ses craintes se confirmèrent en aperçevant la silouhette d'Almak, à la merci d'un monstre aux bras disproportionnés comparé à son corps squelettique. Des badauts observaient le jeune homme se faire étrangler sans réagir, à travers la façade en ruine d'une brasserie. D'autres étaient amassé autour d'un bête poilue au milieu des décombres, que Mina reconnu comme étant la monture de son prisonnier. Elle s'empara de son arme, décidé à intervenir, lorsque Ren la retînt par l'épaule.

  - A quoi tu joues ? S'énerva-t-elle. Si on ne fait rien...

  - Il n'est pas encore vaincu. Trancha-t-il. Elle est de retour... Cette aura écrasante.

  - Lâche-moi. Gronda Mina. Je ne vais pas le laisser mourir.

  - Quel sera son sort si nous le présentons à la Confrérie ? Lança froidement Ren. Abattre ce monstre jouera en sa faveur.

Elle écarta séchement la main de son coéquipier, lui jetant un regard noir.

  - Ce n'est pas un jeu.

Mina se lança au secours d'Almak, lorsqu'une lumière blanche innonda les lieux dans un sifflement strident. Elle se protégea le visage, encaissant l'onde de choc qui balaya la rue et les habitations, brisant les vitres environnantes sous la puissance de son souffle. Le prisonnier et son adversaire n'étaient plus que deux ombres dans un espace immaculé. Alors la lumière se rétracta, et Mina ressentit à son tour ce que Ren appelait « une aura écrasante. »

 

 

3.5 – LE GANTELET DU GUERRIER BLANC

 

 

« Une armure pour protéger. »

Son médaillon avait à nouveau brillé de mille feux, et Almak sentit une extraordinaire énergie le parcourir des pieds à la tête. Le sang de ses deux blessures semblaient se rejoindre autour de sa main blessée, formant une deuxième peau écarlate. Il ne comprenait pas vraiment ce qui était en train de se produire, mais la présence de Deoria semblait plus forte que d'ordinaire.

« Une âme régit par ses propres règles. »

La sève rouge de son corps s'épaissit pour gagner son poignet, avant de grossir et se cristaliser, formant un gantelet de rubis à l'aspect démoniaque. Puis la lumière s'évanouit, et la pièce d'armure se teinta en un métal blanc, parcouru de nervures rouges et scintillantes. A bout de souffle, Al plia et déplia ses nouveaux doigts, sans ressentir le poids du gantelet.

« Ne faisons qu'un. » Résonna la voix de Deoria.

Le monstre avait hésité à l'empaler face à l'étrange phénomène. Almak en profita pour attraper le poignet qui l'étranglait, assénant un coup dans l'os du coude à l'aide du gantelet. Le bras de la créature se sectionna sous l'impact, un sang noir jaillissant de la plaie tandis que le membre tombait mollement sur le sol. La chose émit une plainte déchirante,  interromput par un crochet du gauche, qui l'envoya violement s'écraser contre le mur d'une boutique condamnée. Al réalisa qu'il ne contrôlait absolument pas la puissance de ses coups, remarquant en même temps un rubis incrusté dans la paume du gantelet.

- Incroyable...

Sans attendre, il se jeta sur son adversaire encore sonné, concentrant toute sa force dans le poing. Sa cible se décala au dernier instant, et sa frappe atteint la cloison du bâtiment, qui céda comme un château de carte sous l'extraordinaire onde de choc. Almak n'en croyait pas ses yeux. Il avait du mal à concevoir un tel pouvoir.

- J'espère que le village ne demandera pas de dommages et intérêts. S'émerveilla-t-il.

« Al ! » S'écria Deoria.

Il avait perdu de vue la créature, qui surgit sur son flanc pour porter un coup fatal. Almak maudit son manque de concentration, tendant son gantelet pour stopper la corne aiguisée. Trop tard. Il s'apprêtait à encaisser l'attaque lorsqu'un éclat d'acier fendit l'air pour trancher le dernier bras de son adversaire. Une longue tresse apparut dans son champ de vision, un manteau noir coutournant le monstre pour se retrouver à sa hauteur.

- Ne baisse pas ta garde. Lança Ren en lui jetant un regard noir.

- Tu es en retard. Rétorqua Al.

La créature hurla sa souffrance. Dépourvue de bras, elle ne semblait pas vouloir abandonner, ouvrant grand sa gueule pour tenter de les mordres.

- Ferme-là ! S'écrièrent les deux hommes.

Ils assénèrent en parfaite synchronisation un coup de pied latéral dans la poitrine osseuse, projetant la bête au milieu de l'allée. Un bloc de glace surgit alors du sol, emprisonnant ses jambes jusqu'aux genoux. Almak aperçu Mina agenouillée à quelques mètre de là.

- A toi de le finir. Lâcha Ren.

« Deoria ? » S'enquit Al. 

« Elle va regretter d'avoir osé te toucher. »

Son gantelet frémissait. Il fonça sur son adversaire affaiblit, poussant un cri bestial en percutant l'abdomen de toutes ses forces. Il y eût un éclair blanc, et l'impact creusa un trou béant dans le corps du monstre, dont la plainte se perdit dans la nuit. Il se désagrégea dans l'air, comme s'il brûlait de l'intérieur. Almak aperçut vaguement un homme en décomposition, et il aurait juré l'entendre dire « merci », avant de disparaître comme de la cendre dispercée par le vent. Ren et Mina l'avaient rejoint, se positionnant à ses côtés.

- Vous l'avez-vu ? Questionna Al, le visage sombre.

- Non. Tu es celui qui l'a libéré de ses souffrances. Lui expliqua Mina avec douceur.

- Qu'est-ce-que c'était ?

- Une Lyre. Souffla Ren. Une victime du Fléau.

Almak voulut poser d'autres questions, mais ses blessures semblaient s'être brusquement réveillées. Le pire était la douleur sous son gantelet, si indescriptible qu'il en avait la nausée. Les voix de Ren et Mina se perdirent dans la confusion qui suivit. Les clients de l'Antre de Pinte accouraient dans leur direction lorsque Al, croyant mourir en observant ses vêtements couvert de sang, ferma les yeux pour se laisser tomber dans les bras de ses deux ravisseurs.

- Merci... Murmura-t-il, le sourire aux lèvres.

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Deux bons chapitre !

 

Mina et Ren se rendent compte de la disparition d'Almak et décident de partir aussitôt à sa recherche. J'ai l'impression que Mina tombe amoureux d'Almak :P. Gary est hors course j'aimerai bien le voir se battre à pleine puissance pour voir son potentiel.

 

Almak au bord de la mort, se rappelle d'anciennes paroles d'Aldan et réveille son pouvoir, il ne fait qu'une bouchée de cette bête appelé lyre par les dires de Mina et Ren. Qu'est ce sont les lyres exactement ? Une malédiction ?

Par contre le pouvoir d'Almak est quand même mystère j'arrive pas à voir qu'elle pouvoir il a exactement. Est-ce lié au sang ?

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3.6 – FIN DU SEJOUR

 

Un couloir blanc, infini. Almak avait l'impression de marcher depuis des heures. C'était donc ça, mourir. Rien d'extraordinaire. Il se demandait pourquoi il était nu. Cela avait sans doute peu d'importance pour la fin du voyage. Seulement... Pourquoi autant de portes ? Des portes de toutes les tailles et de toutes les couleurs. En bois, en fer, en acier, et toutes sortes de métaux. Certaines étaient condamnées avec des planches, d'autres avec des chaînes. Il y en avait d'autres si petites que seule une souris pouvait y accéder. Il passait devant une porte blanche, aux étranges motifs rouges, lorsque cette dernière s'ouvrit à la volée, rencontrant douloureusement son nez.

- 'Bous 'boubez 'bas 'baire attention ! S'offusqua Almak en retenant le sang qui s'échappait des deux orifices.

- Te voilà ! Le gronda Deoria en refermant le passage derrière elle.

Que faisait Deoria au paradis ? Pourquoi elle aussi se trimbalait toute nue ?

- 'E R'garde 'Bas. L'avertit Al. Be suis où là ?

- Je regarde en bas, et ? S'enquit Deoria en détaillant son entrejambe.

- Bah ! Mais 'besque tu 'bais !

- Al, j'allais te dire un truc super important mais là j'ai plus trop envie...

- Attend ! On est où ? S'exclama-t-il en laissant le sang affluer sur son visage. Tu es morte toi-aussi ? On est sencé attendre quoi ?  - Les Sages nous laissent une dernière occasion d'assouvir nos désirs ou...

- Idiot... Soupira Deoria avec un sourire amusé.Tu es dans ma tête. Personne n'est mort.

- On a échangé nos places ? S'écria Almak.

- Oui, tu es une femme désormais... Al...

Il poussa un cri désespéré, levant les mains au ciel comme pour maudire ceux qui s'étaient joué de lui.

- La vie n'est qu'un mensonge !

- Je blaguais. Gloussa Deoria. Tu es dans mon couloir des souvenirs.

- C'était pas drôle... Se vexa Almak. Mais c'est préférable...

- Tu dois être dans le coma, ou quelque chose de ce genre.

- Tout n'est que mensonge ! Mais plus sérieusement, qu'est-ce que je fais ici ?

Doria se dirigea vers une petite porte, tirant la poignée pour en sortir une robe blanche, qu'elle tendit au garçon.

- Essuie-toi le visage, je vais t'expliquer.

- Je pensais que tu voulais t'habiller...

Elle écarquilla ses grands yeux verts, le dévisageant avec intérêt.

- Je peux t'expliquer la nature de cet endroit, ou alors on peut faire sauvagement l'amour à même le sol, ce qui pourrait éveiller ma véritable nature.

- La première option est trop dangereuse Deoria... Je suis tendance écolo au club nudiste d'Oberon, autant en profiter.

A sa surprise, la démone à l'apparence de femme angélique s'approcha de lui, collant son corps contre le sien, sa poitrine rebondit se compressant contre son torse. Elle porta une main douce sur sa joue pour l'inviter à baisser la tête, puis approcha ses lèvres près de son oreille.

- Là-aussi je blaguais, pervers.

Deoria s'écarta avec un grand sourire, désignant la robe qu'il tenait dans ses mains.

- Elle est pour toi, enfile-la.

- Encore une blague ? S'enquit Almak.

- Non, sérieusement cette fois.

Observant la démone ouvrir une nouvelle fois la porte pour en tirer un vêtement identique, Al consentit à enfiler la robe, ronchonnant dans la barbe qu'il n'avait pas. Etrange... Depuis combien de temps ne s'était-il pas rasé ?

- Etrange... Depuis combien de temps je ne me suis pas rasé ?

- Tu te répètes. Lança-t-elle après s'être habillé. Ecoute moi au lieu de dire n'importe quoi. Tu es dans mon Couloir des Souvenirs.

- Ce n'est pas le Couloir du Paradis ?

- Non. C'est l'endroit où je suis quand tu ne m'entends pas.

- D'accord... Désolé.

- Pourquoi tu t'excuses ? S'offusqua-t-elle. Tu n'aimes pas ? Tu trouves pas ça génial ? Regarde, c'est infini. In-fi-ni. Insista-t-elle en désignant les deux extrémité de l'endroit.

- C'est génial. Souffla Almak en se grattant l'oreille. Blanc et tout... Pas mal... Je peux regagner mon corps maintenant ?

Le regard de Deoria se durcit, vexé de ne pas avoir produit l'effet qu'elle escomptait.

- Chaque porte contient l'un de mes souvenirs. Je ne peux pas accéder à celles qui sont condamnées.

- Et il se passe quoi quand j'en ouvre une ?

- Tu entres dans mon souvenir. Tu veux essayer ?

Almak hésita. Détaillant les portes qui l'entouraient. Il y en avait une en chêne, avec une gravure représentant un pentacle entre le soleil et la lune.

- Celle-là.

- Il date celui-là. Commenta la démone.

Elle tira la poignée, l'invitant à passer le premier. Almak sentit sa mâchoire s'affaiser en contemplant l'intérieur d'un gigantesque palais. Il venait de pénétrer dans une salle aux immenses colonne de grès. Des plantes et des fontaines décoraient les lieux, innondée dans la lumière déclinante du soleil. Deoria le guida le long d'une allée qui menait jusqu'au centre de la salle, où un trône surplombait une large assistance, agenouillé avec respect devant un vieux roi qui se tenait devant eux.

- C'est qui tous ces gens ? S'enquit Almak.

- Mes Soixante-Douze frères et sœurs. Du moins, leurs premiers hôtes.

- Et le vieux ?

- Mon premier hôte.

Al cessa de poser des questions lorsque le roi leva sa main gauche, tournant la paume vers son visage pour afficher un anneau sertie d'un hexagramme étoilé. Sa voix grave et apaisante résonna entre les murs du palais.

- Les blessures que fait celui qui aime, valent mieux que les baisers trompeurs de celui qui hait. Mon règne, fut-il guidé par la sagesse ou la folie, prendra bientôt fin. J'ai usé du mal pour vaincre le mal. Et sacrifiant mon âme, je laisse une nouvelle chance aux hommes. La chance de bâtir un monde où les cultures et les différences enrichissent les peuples. Qu'ils ne dépendent plus de miracles, car ils seront capable de miracles. Qu'au jour du Châtiment, les Créateurs reconnaissent la valeur des hommes, où bien qu'ils les prennent en pitié face à leur ignorance et leur lâcheté.

La fin de sa phrase se perdit dans un flot incompréhensible, un souffle balayant la scène dans l'obscurité tandis que Deoria le tirait hors de la pièce. Elle ferma la porte derrière elle lorsqu'ils regagnèrent le couloir.

- C'est plutôt pratique quand tu as oublié un truc. Remarqua Almak.

- Ou pour retrouver mes souvenirs à propos d'Aldan. Révéla-t-elle.

Il n'y avait pas songé. Si tout ça n'était pas une halucination, et qu'il se trouvait réellement dans les souvenirs de sa Démone, ses réponses se trouvaient certainement derrière l'une de ces portes. Ces innombrables portes. Par où commencer ?

- Dis-moi... Réfléchit Al. Tu as quel âge exactement ?

- Je ne sais pas... Autour de quatre mille ans. Quelque chose comme ça... Dix mille peut-être...

- C'est six millénaires de plus ! Combien t'as de souvenirs ? Il y a combien de portes dans ce couloir ?

Deoria esquissa le même geste qu'un instant auparavant, désignant les deux extrémitées lumineuses de l'endroit.

- In-fi-ni. Récita-t-elle, avant de lui faire un petit geste d'adieu. On dirait que tu vas te réveiller, on parlera du gantelet une prochaine fois. Je continue mes recherches.

Le sol sembla effectivement se dérober sous ses pieds. Il ne savait pas si lui montait ou si Deoria et le couloir s'enfonçait dans l'espace blanc. Almak écouta la mélodie joyeuse de sa petite voix.

- Je peux voir sous ta robe !

- Idiote... Soupira-t-il avant d'étirer bêtement le coin de ses lèvres.

La lumière augmenta, l'aveuglant tandis qu'elle le transperçait de toute part. Il se retrouva en position allongé, le sol vibrant sous son corps. L'un des ravisseurs l'interpella.

 

- On se réveil, princesse ?

 

 

 

3.7 – LES CHAMPIGNONS SE MARIENT BIEN AVEC LA VIANDE BLANCHE

 

 

 

- C'est toi la princesse.

Ren détailla le prisonnier couvert de bandages. Il s'était redressé en position assise avec une grimace douloureuse. Sa main et son épaule étaient sévèrement touché. Il garderait des séquelles jusqu'à la fin de sa vie.

- Où sommes-nous ? Que s'est-il passé ? S'enquit Almak.

Pas mal de choses en vérité. Ils progressaient actuellement vers la trouée d'Aboros, après avoir quitté le village de Mara dans la matinée. Les villageois eurent la gentillesse de leur laisser une charrette, afin de transporter leur blessé. Le lougacorne tirait cette dernière le long du chemin, tandis que Ren et Mina marchaient de chaque côté du convoi.

- Tu es tombé dans les pommes. Lança sa coéquipière en grimpant à côté de lui.

- Firiël !

Gary avait lâché son fardeau pour faire face à son camarade, laissant la charrette basculer brusquement. Les deux occupants poussèrent un cri en passant par dessus bord, pour atterir dans les bras du lougacorne.

- Les champignons ont entendu mes prières ! Se réjouit-il en les enlaçant affectueusement.

L'animal s'en était plutôt bien tiré face à la Lyre. Il serait capable d'ouvrir son œil gauche dans les jours suivant, et sa mâchoire dégonflait rapidement.

- C'est quoi ton problème avec les champignons ? S'énerva Almak en se dégageant de l'étreinte, tandis que Mina caressait le monstre comme un petit chien adorable.

- Pourquoi tu l'appel encore Firiël ? S'étonna Ren.

Mais Gary ne l'écoutait plus, en pleine lutte avec sa coéquipière tandis qu'elle tirait énergiquement sur sa corne frontale. Le prisonnier s'approcha de lui, examinant son bras dissimulé sous plusieurs couches des bandelettes blanches. Le gantelet s'était changé en flaque de sang peu de temps après son évanouissement.

- Hey, le dépressif... L'appela-t-il. C'était quoi exactement la chose que j'ai combattu ?

- Je te l'ai déjà dis, une Lyre. Rétorqua Ren. Et je ne suis pas dépressif. Ce monstre était autrefois un homme. Un homme dont l'âme a été corrompu il y a bien longtemps. Ils peuplent les Terres Oubliées au-delà de la Brume.

- Je n'ai rien vu venir... Lâcha sombrement Almak. Ce n'était qu'une fillette...

- C'était l'apparence de la dernière victime. Poursuivit Ren. La Lyre change de forme à chaque victime. Si tu as retrouvé cinq corps, c'est qu'elle a déjà fait six victimes. Il est quasiment impossible de faire la différence entre un possédé et un homme normal. Une chose est sûr cependant ; les Lyre ne supportent pas la lumière du soleil. Elles ne chassent que la nuit. Tu as de la chance d'être encore en vie.  J'ai vu des guerriers expérimentés se faire tuer en affrontant ce genre de créatures.

Mina et Gary les avaient rejoint après avoir cessé de se chamailler. Almak toucha la marque sur sa poitrine.

- Je ne sais pas si la chance à quelque chose à voir avec ça. Ce gantelet... Qu'est-ce que c'était ?

- C'était incroyable ! Jubila le lougacorne. Exceptionnel ! Un mira...

- Tu était assomé pendant tout le combat. Trancha Almak.

- Je crois que le lien entre l'hôte est le Dëhemos s'est resserré. Intervînt Mina en  distribuant à chacun une pomme. Tu es parvenu à l'Eveil.

- L'Eveil ? Questionna le blessé.

- Tu ne fais plus qu'un avec ton Dëhemos. L'éclaira Ren. La situation critique dans laquelle tu te trouvais à certainement activé la synchronisation. Le gantelet à disparu lorsque ton corps a atteint le point de Rupture.

- Ma limite... Souffla Al en soulevant difficilement son bras blessé.

- Exactement. Poursuivit Mina. L'énergie que tu dépenses pour maintenir l'Eveil finit par dépasser celle de ton corps, et tu perds conscience. L'entrainement permet d'allongé la durée de l'Eveil. Je peux pour ma part tenir trois minutes et trente-sept secondes.  -Ajouta-t-elle avec fierté.

- Et l'autre ?

- Ce n'est pas tes affaires. Gronda Ren.

- Il peut tenir cinquante-sept minutes, et vingt secondes. Révéla sa coéquipière.

- Je peux tenir une demi-journée si la femelle me plaît. Enchérit Gary.

Il y eût un silence embarrassé, où les trois humains détaillèrent le lougacorne avec lassitude, pour finir par l'ignorer.

- Faisons comme s'il n'était pas intervenu. Proposa Almak.

- Il n'a rien dit. Confirma Ren.

- Faire parler un monstre pareil... Lâcha Mina avec mépris. Ca me dégoûte.

Face à tant de haine, Gary s'écarta du groupe pour compter sombrement ses champignons à côté de la charrette renversée.

- Quel est le plan maintenant ? Demanda Al après avoir croqué dans le fruit.

- Nous allons te livrer à notre supérieur, qui décidera de ton sort. Rétorqua Ren. La condamnation à mort pour destruction et vol n'est pas à exclure. Mais ton aide dans l'extermination d'une Lyre jouera en ta faveur en cas de jugement. Tu peux espérer une peine de prison allant de dix ans à dix siècles, si on est optimiste.

Il termina sa phrase par un sourire mi-moqueur, mi-réconfortant. Totalement agaçant pour le prisonnier, dont le visage venait de se décomposer.

 

 

*

 

« Il faut s'échapper. » Lança Almak avec détermination.

« Tu ne veux plus découvrir ce qu'est la Confrérie ? » S'étonna Deoria.

« Je ne veux pas finir mes jours derrière les barreaux. »

Un plan naquit dans son esprit. Il devait la jouer finement jusque là.

- Soyons optimiste... Répéta-t-il en grinçant des dents.

- Dîtes, si on... Avançait ! S'écria énergiquement Mina en jetant une pomme sur le crâne de Gary.

Le lougacorne se retourna subitement, refermant ses crocs sur le fruit avec une habilité déconcertante. Les deux hommes aquieçèrent, suivant la jeune femme pour rejoindre la charrette. Ils tirèrent au sort pour savoir qui jouerait le rôle de la monture. La final opposa Gary et Almak. Ce dernier l'avait emporté avec la feuille recouvrant la pierre. Il était désormais allongé dans leur rudimentaire moyen de transport, Mina assise à côté de lui tandis que Ren marchait seul de son côté.

- Au fait... Réfléchit Almak. Il y avait une récompense pour avoir libéré le village ?

- Cent pièces d'or. Informa-t-elle en contemplant le paysage, plaines herbeuses disparaissant aux pieds des Montagnes Bleues.

- Cent ? S'écria-t-il. Où sont-elles ?

- Il ne restait que cinq pièces après avoir remboursé les dégâts. Expliqua Mina. On a tout dépensé en provision. Par contre, ils nous ont laissé la charrette pour rien du tout !

- Une charrette, génial...

Almak se cala plus confortablement, enclin à faire une sieste pour oublier la douleur de ses blessures. Il se demanda combien de temps il avait tenu, pour son premier Eveil. La sensation de puissance qu'il avait ressentit à ce moment-là ne quittait plus ses pensées. Destructeur. Deoria. Les grincements de la charrette et les secousses du bois finirent par le bercer, ses paupières se fermant par instant tandis qu'il examinait les nuages dans le ciel. Il aperçu une ombre passée dans l'océan céleste, la forme d'un Vandread, qui voguait vers le Nord. Puis une autre tâche sombre, qui se rapprochait à grande vitesse. Un oiseau noir avec de grandes ailes. Un corbeau. Almak sursauta lorsque le volatile atterit sur sa poitrine, poussant un crôassement rocailleux.

- Enlevez-moi ça ! Paniqua-t-il en se débattant.

- Oh, c'est Grey ! Lança joyeusement Mina. 

- Grey ? S'offusqua Al se redressant pour chasser le corbeau.

Ren s'était approché, assistant à la scène avec un regard renfrogné.

- Un message de William ? S'enquit-il.

Sa coéquipière laissa l'oiseau lui tendre une patte, s'emparant d'un rouleau de parchemin pour le lire à haute voix.

 

Mina, Ren,

 

Un contretemps retardera ma venue à Elaris, ( dans le cas où vous avez accomplit votre mission ), ne vous rendez pas à la Confrérie avant mon retour. Zachary est actuellement en garde à vue à cause d'une affaire d'impayé. Attendez-moi à l'auberge d'Eolia, je ne serais pas long.

 

Papa

 

PS : Ren, si j'apprends que tu as brisé l'interdit avec ma fille, tu es un homme mort.

PSS : Bisou ma petite chér...

 

Mina arrêta sa lecture pour déchirer la lettre en petit morceau, répandant les conféties dans l'air comme des feuilles d'automne.

- Papa ? Releva Almak. Votre supérieur est ton père ?

- Ce n'est pas tes oignons... Se vexa Mina.

- C'est son père. Confirma Ren.

- Pratique. Commenta-t-il. Tu peux profiter de traitements de faveurs...

- Je ne demande pas de faveurs. Contra froidement la jeune femme.

- Qui a les faveurs des deux oignons de votre père mademoiselle Mina ? S'enquit Gary en jetant un œil brillant derrière lui.

- Continue de faire le poney si tu veux pas que je te crève, sale monstre. Cracha-t-elle comme du venin.

- Il sera peut-être clément avec moi... Espéra Almak.

- Pas si t'es un homme. L'avertit sagement Ren.

Ressentant sans doute la tension palpable, Grey le corbeau prit son envol pour disparaître à grand battement d'ailes. Le lougacorne marchait en regardant le sol sous la menace de Mina, qui fusillait du regard son coéquipier sans raison particulière. Almak finit par s'endormir, jusqu'à ce la charrette se stoppe à l'orée d'un bois, alors que le soleil nuançait le ciel d'orange et de rose.

- Nous allons campé ici. L'informa Mina après avoir mit pied à terre. Nous atteindrons la Trouée d'Aboros demain dans l'après-midi, et Elaris à la tombée de la nuit.

Al donna un coup de main à Ren pour allumer le feu, tandis que Mina et Gary rassemblaient les provisions. Juste avant de se rendre dans les bois, il avait prit le lougacorne en apparté, le convainquant de placer ses champignons dans le dîner.

- Tu as entendu ce que le dépressif a dit. Dix siècles de prison Gary ! Chuchota-t-il en pressant le ton.

- Mais je ne vois pas le rapport avec mes champignons...

- Ils seront hors de course. Allez Gary... J'ai besoin de toi.

- Je ne sais pas Firiël... Hésita le lougacorne. Partager en deux ça va encore, mais en quatre...

- C'est ça qui t'en empêche ! Siffla nerveusement Al. Fais ce que je te dis, vante le mérite de ces trucs et essaye de convaincre la fille.

Ses grands yeux acceptèrent dans un clignement, son museau se retroussant légèrement. Son timbre distingué retentit alors qu'il s'apprêtait à se séparer.

- Au fait, bien vu. Je n'aurais jamais pensé à donner un faux nom. Almak... Ajouta-t-il avec un grognement moqueur. Ils sont tombé dans le panneau avec un nom aussi ridicule...

- Crève... Grinça Al en rejoignant Ren.

Plus tard, lorsque le feu s'eût embrasé, ils se rassemblèrent tous les quatre autour des flammes, écoutant Mina leur annoncer leur menu avec un sourire amusé.

- Chef Gary et Chef Mina vous ont conconcté ce soir un dîner de rois ! Pour fêter notre victoire contre les forces du mal !

- La bouffe ! La bouffe ! Scandèrent Almak et Ren en tapant sur leur genou.

- En entrée Messieurs, croustade de champignons de Gary avec ses beignets aux champignons de Gary. Annonça solanellement la jeune femme. Puis nous commençons les hostilités avec du veau aux champignons de Gary, du fromage accompagné des champignons de Gary et des champignons de Gary en désert.

« Elle s'est totalement laissé convaincre ! » S'écria mentalement Al.

« Ton plan tombe à l'eau. » Remarqua Deoria.

Le veau et les champignons de Gary reposait dans une casserole tandis que Mina et le lougacorne grillait des champignons de Gary avec du fromage entre deux tranches de pain. Chacun reçu une écuelle pour se servir, et les deux cuisiniers se jetèrent avec joie sur le repas. Ren et Almak semblait avoir perdu tout appetit.

- Il n'y a que des champignons à manger... Souffla l'homme à la tresse sombre, examinant avec autorité le contenu du dîner.

Al jetait sans cesse des coup d'oeil au lougacorne, mais ce dernier semblait occupé à vanter les mérites de sa cuisine auprès de Mina.

- Délicieux ! N'est-ce-pas Chef ?

- Je ne pensais pas que cuisiner était aussi amusant Maëstro ! Se réjouit-elle.

- Maëstro... Marmona Ren.

- Chef... Siffla Almak.

« Pourquoi ils sont amis ? Il s'est passé quoi pendant qu'on cherchait des branches ? »

« Tu vas avoir des problèmes si l'autre ne mange pas. » L'avertit Deoria. « La fille va commencer à agir bizarement d'un moment à un autre. »

- Je te sers Ren ? Proposa-t-il avec un sourire aimable.

- Je sais me servir tout seul. Trancha-t-il. Sers-toi si tu as faim.

- Je te sers... Ren ?

- J'ai dis non imbécile ! Je n'ai pas faim.

Son ventre grogna bruyamment à l'instant même où il finissait sa phrase.

- Allez... Tu vas décevoir la demoiselle. Insista Al.

- Fout-moi la paix !

- Quelque chose ne va pas ? S'enquit une voix froide, comme un coup de fouet.

Les deux garçons se tournèrent en même temps vers Mina, qui semblait sur le point d'éclater.

- Vous n'aimez pas ma cuisine ? Ajouta-t-elle avec un sourire déformé. Vous n'aimez pas... Vivre ?

- Sers-moi un peu de veau s'il-te-plaît Almak. Lança subitement Ren en tendant son écuelle.

« Elle lui fait peur. » S'émerveilla-t-il en servant une bonne portion.

- Tu ne manges pas Almak ? Grinça-t-elle en serrant le poing.

Il se versa aussitôt la même quantité, attrapant une croustade au passage.

« Tu es pitoyable... » Soupira Deoria.

Observant Ren déguster son repas, Almak utilisa l'excuse de son épaule blessé pour lâcher son plat dans l'herbe, déversant son contenu.

- Quel idiot... Je vais nettoyer tout ça...

Mina lui tendait déjà sa propre écuelle, des éclairs dans ses yeux bleus.

- Mange. Ordonna-t-elle.

- Ah... M-merci.

- Quand est-ce qu'on s'échappe Firiël ? Demanda Gary après avoir avaler son dîner.

- Ferme-là ! S'écria Al.

Ren s'était levé, le faisant sursauté. Il se prépara au pire, lorsque l'homme souleva son repas des deux mains jusqu'au dessus de sa tête, comme s'il s'agissait d'une relique sacrée. Les trois autres l'observèrent sans rien dire, écarquillant les yeux alors qu'il versait le reste de son veau aux champignons sur ses cheveux.

Amen. Lâcha-t-il avant de se retouner pour partir en direction de la forêt.

« Il est sérieusement atteint. » Remarqua Deoria.

- N'oublie pas le sucre ! Lança sa coéquipière.

« C'est en train de faire effet ! » Se réjouit Almak.

Il pouvait s'échapper sans problème. Du moins, c'était ce qu'il pensait avant que Mina ne se colle soudainnement contre lui, passant un bras par dessus son épaule.

- T'es l'genre de mec qui brise l'coeur des nanas toi. Le harcela-t-elle avec l'accent écorché d'une femme de bandit.

- Ah... Non. Peut-être... Balbutia-t-il en tâchant de s'écarter sans succès. Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Al fixait Gary avec insistance, qui hocha de la tête, s'éloignant avec un clin d'oeil tandis que Mina lui attrappait le menton pour le regarder en face. Elle avait un joli visage. Un petit nez. Des petites lèvres. Une peau douce et satiné. Elle n'avait pas de maquillages. Des pupilles dilatées.

- J'ai l'impression d'me tenir au bord d'une falaise juste en croisant tes yeux.

- Gary ? Appela Al.

- Laisse la licorne. Souffla-t-elle. A quoi tu penses, Almak ?

- Je pense à... Aux étoiles.

Il avait levé les yeux au ciel, avant que son visage ne soit trop près du sien. Elles scintillaient, prisonnières de la nuit. Mina lui lâcha l'épaule pour les observer.

- Il y en a tellement... Murmura-t-elle en retrouvant son timbre délicat. Comment sont-elle arrivé là ?

Tout le monde peut imaginer comment. Sourit Almak, oubliant un instant son intention de s'évader. En créant ta propre histoire, tu peux aussi expliquer pourquoi. Et finalement, tu découvres que toutes les réponses sont en toi.

- Tu parles bien pour un voleur.

- Un voleur... Répéta Almak en écho. Oui. Un voleur... D'amour...

« Arrête tout de suite ces idioties avant que je sorte interrompre cette comédie. » Le menaça Deoria, contrariée.

- Almak... Rétorqua Mina, les joues empourprées. Contrairement à Ren... Je ne te considère pas comme un prisonnier.

Il la regardait à nouveau, surpris par l'expression gênée de la jeune femme.

- Aussi... J'ai un peu honte de te demander...

- Pas de problème. La rassura Al. Je suis prêt à...

- Vraiment ? Sourit timidement Mina. Tu es prêt à...

- Oui ! S'impatienta-t-il.

Elle lui décocha un puissant coup de boule, l'envoyant tomber à la renverse. Sonné, Almak écouta la jeune femme terminer sa phrase.

- … te battre, enfoiré ?

- Tu rigoles j'espère ! S'écria Al.

Elle se jeta sur lui lorsqu'il se redressa, assénant un coup de pied retourné qu'il esquiva de justesse.

« Elle ne rigole pas. » Nota sa petite voix.

« Pourquoi ça se termine comme ça ? »

Almak courrait autour du feu, poursuivit par Mina, lorsqu'un cri les immobilisa. Une silouhette venait d'émerger à la lueur des flammes, portant un lourd fardeau. Dans son manteau noir, deux sabres à ses hanches, l'homme déposa Gary inconscient sur le sol. Il poussa ensuite le lougacorne à l'aide de ses bottes pour le placer au pied du feu, terminant son entrée en prenant place sur la bête, les mains près des flammes.

- Le maître de la forêt m'a affublé d'une mission. Lâcha Ren sans les regarder.

- Mais qu'est-ce-que tu as fait ? S'alarma Al.

- T'as oublié l'sucre sale chien ! S'énerva Mina en accusant son coéquipier du doigt.

- Tu l'as tué ? Paniqua Almak. Il est mort ?

- Le combattant ne maîtrise aucune arme si son corps n'en est pas une. Rétorqua Ren avec sagesse.

- Je vais bien Firiël. Lança Gary sous son agresseur, se laissant écraser sans sourciller.

- Bon, vous savez quoi ? Je me tire d'ici. Révéla finalement Almak. Vous devriez vous faire soigner.

Il tourna les talons pour s'éloigner du camp, lorsque la main de Mina le stoppa dans sa marche.

- Tu crois aller où comme ça beau gosse ? J'en ai pas fini avec toi.

        « Un coup de main ? Deoria ? »

« Débrouille-toi... Ils te retrouveront de toute façon. »

Almak se laissa entraîner avec la jeune femme autour du feu, et ils passèrent les deux prochaines heures à débattre sur l'existence des lougacornes et les biens fondés de la Légende de Tapian ; où tout le monde se demandait si après avoir donné son épée à Tronk, Tapian devenait juste un elfe avec une flûte comme Lunk dans Zelbra.

- Quand tu compares, la légende de Zelbra tourne toujours autour de la même intrigue. Lâcha Al en contrant l'avis de Mina. Même histoire, même méchant à fin. Tu changes juste deux ou trois détails. Après, je ne dis pas, ça reste de très bonne qualité, même si les anciennes versions restent meilleures que les nouvelles. Après, ce n'est que mon avis.

Ses trois compagnons s'étaient endormis au milieu de son récit. Almak se surprit à les observer sans saisir l'occasion de s'enfuir. Il devait se ramollir depuis sa rencontre avec Deoria. S'allongeant dans l'herbe, Al contempla les étoiles, le fil de ses pensées se perdant dans leur immensité. Il s'assoupit sans craindre la nuit, conscient d'avoir deux combattants hors-pair à ses côtés, un compagnon de route peu ordinaire et sa petite voix, qui ne cessait jamais de veiller sur lui.

 

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Deux très bons chapitres !

 

Je me suis bien marré :P à travers ces deux chapitres. J'ai trouvé aussi très intéressant la manière dont est disposé les milliers de souvenirs de Deoria, on a même eu un morceau de son passé sur le premier humain avec qui elle a passé son premier contrat, accompagné de ses 72 frères et soeurs, ça serait bien si on pouvait tous les voir à travers ton scénario :P. On a même l'âge de Deoria entre 6000 et 10000 ans elle vraiment âgée :o.

Je me suis bien marré quand Déoria lui a proposé de coucher xD:P ! Il a pas dit non en même temps qui aurait refusé !

 

Quelques détails de plus sur les lyres dont j'aime bien et qui a toujours sa part de mystères ;). C'est dans ce second chapitre je me suis le plus marré, avec Gary et ses sous entendus, les effets des champignons sur Ren et Mina qui n'ont rien apporter de bon à Almal lol et surtout la référence à Zelda 8). Sinon la rencontre avec le père de Mina est reporté.

 

J'attends la suite et voir ce qui les attends ;) !

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Alors mon cher @Jimbox !

Je ratrappe doucement mais surement tout ce que tu nous a écris. Je viens de finir les deux premiers chapitres.

 

Je ne peux qu'adorer ! Ton univers fantastique me fait voyager, pour l'instant je trouve qu'il mérite d'être travaillé comme un roman. Ton écriture est toujours aussi agréable, tu as toujours les bons mots. Tu as le vocabulaire approprié, je repense à ton descriptif sur le Vandread qui nous met tout de suite dans l'ambiance maritime mais dans les cieux ^^

Tu as vraiment des qualités de conteur ! C'est là que je me dis que j'ai des progrès à faire. :-[

 

Les personnages... Ils sont tous attractifs et plus ou moins attachants. Il y en a pour tous les gouts ! Pour le moment je suis assez fan de la naïveté de Gary et de la douceur de Deoria. La Confrérie est aussi composée de sacrés personnages comme William et surtout le Sorcier noir qui est étrangement dissimulé sous des bandages...

 

Maintenant l'histoire, ou plutôt les intrigues !

Je commence par les enfants aveugles qui se retrouvent sur des canots en bord de mer. Almak serait un survivant. Je ne sais trop quoi en penser, et c'est pas souvent que l'on me désarme comme ça sur une intrigue. Je trouve toujours une hypothèse foireuse, mais là... Ce qui m'a troublé c'est qu'Almak se retrouve avec des yeux argentés (artificiels ?) alors qu'il était dans son enfance, aveugle. Un rapport avec le médaillon ? Je verrai bien.

En début de récit, j'ai été aussi complètement déconfit en voyant débouler une sorte de Venom prendre apparemment possession du corps de Klein. C'est quoi ce machin ? Un pouvoir de la belle et sombre Beckett ? Son Dehemos ?

Pour finir Aldan... La manière dont il recrute Almak m'a fait vaguement penser à la façon de faire d'Orochimaru avec Zaku ou Kimimaro. Ce perso cache des choses, c'est pourquoi je pense qu'il n'est pas mort.

Je vais t'envoyer un MP sur une théorie à son sujet, si tu me le permet.

 

 

 

 

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Merci Bloody ! Tes éloges me flattent au plus au point ! Et surtout, elles m'encouragent à poursuivre l'histoire d'Almak.

 

Tu as bien deviné pour Becket, ce n'est pas l'apparence de son Dëhemos, mais tu as tout de suite fait le lien avec lui. Pour Almak, son passé est l'un des plus sombre qui m'ait été donné d'écrire ! Mais tu me surprend encore en trouvant ce qui clochait avec ses yeux. Car il s'agit de la Clef de mon intrigue.

 

Et bien sûr, j'attend ta théorie avec plaisir ! Je posterais la fin du Chapitre 3 demain, mais mon rythme à pas mal ralentit à cause des difficultés que je rencontre sur le Chapitre 4. J'avais pourtant bien démarré avec une grosse révélation, mais j'ai un peu de mal à faire le lien jusqu'au 5ème Chapitre, qui normalement, marquera l'entrée d'un gros Arc que j'ai en tête depuis plusieurs mois déjà.

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3.8 – AURORE

 

 

Les premières lueurs de l'aurore caressèrent le visage de Mina, qui s'éveilla au chaleureux contact. Elle se redressa, se remémorant des brides de la soirée passée. Les champignons de Gary... Almak et son acolyte leur avait joué un mauvais tour. Elle détailla Ren, qui dormait la tête contre le dos du lougacorne, avant de s'approcher du prisonnier, allongé près de leur charette. Elle lui avait fait du charme et il l'avait gentiment repoussé. Etrange garçon. Mina souhaitait en savoir plus à son sujet. Quel était son lien avec l'incident ? Pourquoi le Dëhemos l'avait choisit ? Il n'avait pas conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Etrangement, la jeune femme commençait à regretter qu'Almak ne se soit pas échappé.

- Tu aimes mater les gens dormir ? Lança-t-il, la faisant sursauter.

Un timbre traînant et joueur. Il souleva une paupière pour la dévisager.

- Tu aimes droguer les gens à leur insu ? Rétorqua Mina avec une moue renfrognée.

- C'est Gary le coupable.

- Tu es un menteur. L'accusa-t-elle. Redresse-toi, je vais changer tes bandages.

Il n'avait pas bougé lorsqu'elle revînt avec le nécessaire, la faisant adopté le ton d'une mère.

- Allez ! On se lève !

Almak s'executa avec un long baillement, laissant Mina ôter délicatement ses pansements. Ses blessures étaient profondes et la chair de sa paume était terriblement meurtrie. Elle se demanda comment il réagirait en découvrant ses plaies.

- Tu ne pourras sans doute plus utiliser ta main comme avant. L'avertit-elle avec douceur.

Il la regardait dérouler le bandage autour de son bras et de son épaule, esquissant une grimace lorsqu'elle retira ceux couvrant la chair atrophiée. Mina haussa les sourcils en examinant les blessures. Elles étaient déjà refermées, presque en voie de cicatriser.

- Verdict ? S'enquit-il.

- C'est... Assez impressionnant... Souffla-t-elle.

- On doit emputer ? S'inquiéta Al.

- Oui, ton cerveau. Rétorqua Mina une fois la surprise passée. Mais je ne suis pas certaine que ça changera quelque chose.

Elle nettoya les plaies, avant de les recouvrirent avec de nouvelles bandelettes. La rapidité de sa guérison dépassait la sienne ainsi que celle de Ren. Il maîtrisait d'ores et déjà la plupart des capacités de son Dëhemos, sans avoir subit le moindre entraînement.

- Tu es bizarre. Lança-t-elle en attrapant une gourde pour se laver les mains.

- Ce n'est pas moi qui faisait du rentre-dedans cette nuit, pour ensuite me frapper sans prévenir. Rappela Almak.

- Et tu en as pas profité ?

- Profiter de quoi ? Etre ton sac d'entraînement ? Non, je suis pas ce genre de type...

- T'échapper idiot. Sourit Mina. Tu n'as pas profité de notre état pour t'enfuir.

- Je ne pouvais pas changer mes bandages tout seul.

Après s'être étiré, Almak se dressa sur ses jambes, revêtant la cape trouée et tâché de sang sur ses épaules. Il attrapa une pomme dans un sac qui jonchait le sol, contemplant le levé de soleil en dégustant son petit déjeuner. Elle l'observa en silence, amusé par le caractère insaisissable du jeune homme. Mina comme Almak n'avaient pas vu arrivé la silouhette de Ren se diriger avec détermination vers le prisonnier, stoppé de justesse par le lougacorne avant qu'il se jette sur sa proie.

- Je vais le tuer ! Gronda son coéquipier en tâchant de se dégager.

- Ce n'est qu'un malentendu ! Protesta Gary en gardant sa prise. Je vous assure qu'il ne s'est rien passé entre nous !

- Evidemment qu'il ne s'est rien passé ! Explosa Ren. C'est quoi ces pensées obsènes ?

- Ren ! L'appela Mina d'une voix haut perché.

Il cessa de se débattre, se tournant vers la jeune femme avec un regard noir. Almak, qui se protégeait derrière un bras, l'observait également. Elle posa alors une main sur sa bouche, cachant son sourire, avant de commencer à glousser, pour finir par rire à cœur joie.

- Tu te serais vu cette nuit... Se moqua-t-elle en reprenant son souffle.

- Amen ! Lança Almak en se renversant un bol imaginaire sur la tête.

Tout le monde riait hormis Ren, qui se contenta d'expirer un coup sec par le nez, s'écartant de Gary qui essuyait le coin de ses yeux humides.

- Vous êtes les seuls à rire... Grogna-t-il en chargeant leurs bagages dans la charrette.

- Fais pas ta tête de cochon ! Le réprimanda joyeusement Mina après l'avoir rejoint. On aura pleins de choses à raconter.

- Entre nous, je préfère passer cet épisode sous silence.

- Sous silence ?

Almak et Gary arrivaient à leur hauteur, comme deux délinquants qui avaient surpris la conversation secrête entre leur professeur et sa maîtresse. Ren leur jeta un regard assassin, sans que le prisonnier ne se démonte.

- J'ai bien réfléchit à cette histoire de prison... Je serais prêt à oublier le petit incident gênant contre une remise de peine. En reconnaissant mon innocence dans votre rapport, par exemple.

- Et en reconnaissant les bienfaits de mes champignons. Ajouta Gary.

- Tu nous prends pour qui ? Le menaça son coéquipier. Si tu crois que tu peux nous acheter...

- C'est d'accord. Le coupa Mina. On essayera de faire pencher la balance en ta faveur.

Ren poussa une exclamation étouffée, se massant le front avec lassitude face au comportement contradictoire de sa coéquipière. Ils tirèrent au sort celui qui devait faire avancer la charrette. Gary fut à nouveau désigné comme monture.

- Je croyais que les ciseaux coupait la feuille. Contesta le lougacorne face à la victoire d'Almak.

- C'est une feuille d'acier. Contra-t-il. Les ciseaux se brisent dessus. Essaye pas de tricher.

Mina et Ren approuvèrent, laissant Gary tirer son fardeau sans éprouver le moindre remord. Leur route se poursuivit calmement jusqu'au début de l'après-midi. Ils déjeunèrent et franchirent les racines des Montagnes Bleues, le terrain s'élevant légèrement tandis qu'ils progressaient vers la Trouée d'Aboros.

 

 

3.9 – ABOROS

 

 

« Tu es déjà venue par ici ? » Le questionna Deoria.

« Jamais. »

En regardant derrière lui, Almak pouvait admirer les Plaines des Herbes folles qui s'étendaient en contrebas. Le chemin continuait de grimper, et la végétation avait laissé place à la roche et aux pierres. Le soleil de midi virait à l'Ouest, les montagnes les épiaient d'un air menaçant tandis que la route biffurquait pour dégringoler le long d'un versant. Un nouveau virage les dirigea vers le Sud, où une falaise se dressaient comme un mur infranchissable devant eux. La route n'était plus qu'un sentier, continuant telle une veine dans le sol pierreux, jusqu'à atteindre un curieux miroir dans l'impasse de taille.

- Quel imbécile a imaginé un itinéraire aussi peu commode ? Lâcha Gary en se stoppant devant la muraille de roches grises, aussi tranchantes que des rasoirs.

- Un imbécile qui aimait faire parler les idiots. Le taquina Mina en parvenant à sa hauteur. Il s'agit d'Aboros, qui a donné son nom à cet endroit.

- La Trouée d'Aboros ? Releva Almak. Certain peuvent mal interpréter...

- Tu es le seul à mal interpréter. Trancha Ren.

- C'est donc ici qu'il a perdu sa virginité... Souffla le lougacorne en détaillant les lieux avec intérêt.

- Je n'ai rien dit... Soupira le chasseur.

- On est venu ici pour quoi ? S'enquit Al.

- Aboros était roi et fondateur d'Elaris lors de la Reconstruction. Informa Mina. C'est la seule cité indépendante des Cinq Royaumes. Les décisions pour l'avenir d'Alesta sont prises ici.

- Je ne vois qu'un pan de falaise. Commenta Gary.

- Une impasse... On comprend mieux pourquoi le monde part en vrille. Conforta Almak.

- Taisez-vous. Siffla Ren.

Il s'approcha du miroir, détaillant une gravure dans l'encadrement de pierre noire, qu'Al n'avait pas remarqué aux premiers abords. Il y avait un pentacle, entouré de chaque côté par une série de runes. Les rayons du soleil déclinant se voilèrent de nuages, le petit groupe attendait avec leur charrette sans que l'un d'entre eux ne décide de la marche à suivre.

- Bon... On fait quoi maintenant ? S'impatienta Almak. C'est quoi ces symboles ?

- Une énigme... Dit Mina en se caressant le menton. Il est inscrit : L'Impasse d'Aboros, seigneur de la Cité d'Elaris. Parlez, ami, et rentrez chez vous.

- Ce n'est absolument pas écrit ça ! S'offusqua Ren. Tu as juste détourné une phrase connue ! Ce qui est inscrit, c'est : L'Impasse de Soroba, Miroir d'Elaris. La réponse est dans le reflet.

- La réponse est dans le reflet... Répéta Almak. Qu'est-ce que ça peut vouloir dire ?

« C'est pourtant simple. » Intervînt Deoria.

« Dit-le si tu es si maligne. »

- Il faut connaître la réponse pour pouvoir entrer. L'éclaira Gary en approchant son museau des inscriptions. Voyons... Pourquoi pas... Champi...

Ren interrompit le lougacorne d'un coup d'épaule, se plaçant face au miroir.

- Sirale. Murmura-t-il en passant un doigt sur la glace.

Pendant un instant, Al crût à une farce. Puis, lorsque Ren franchit la surface polie pour disparaître, son expression ahurit ne le quitta pas malgré l'explication de Mina.

- Le reflet de Soroba dans un miroir donne Aboros. La réponse est donc Sirale, pour Elaris. Notre destination.

- C'est impossible qu'une telle chose puisse exister ! Lança Gary. Où se trouve votre compagnon Mademoiselle Mina ? Qu'allons nous faire de la charrette ?

- Ce passage est réservé à la Confrérie, récupéré vos affaires. Ren se trouve désormais dans le cœur politique et confidentiel d'Alesta. Informa-t-elle. Là où tout ce décide. L'ultime rempart d'une invasion massive, si un jour les Lyres trouvent un moyen d'investir nos terres.

- Ce n'est pas déjà le cas ? Sourit Almak en effleurant son épaule meurtrie.

- Des cas isolés. Souffla sombrement Mina. Que la Confrérie n'arrive pas encore à expliquer. Je te l'ai déjà dit. Tu es désormais impliqué dans une affaire qui te dépasse de très loin. Je ne connais pas exactement tes motivations, mais je te laisse encore une chance de t'enfuir. Tu éviteras certainement des problèmes.

« Elle agit bizarement... » Dit Deoria avec un soupçon de mépris.

« Elle ne me veut pas de mal. »

« Qu'est-ce-que tu veux faire ? »

« Comment ça ? »

« De quoi tu as envie ? »

C'était une bonne question. Mina lui laissait le choix. Que craignait-elle ? Pouvait-il compter sur son soutient une fois de l'autre côté ?

- Même chose pour toi Gary. Dit-elle avec sérieux. Dans ton cas, je ne sais même pas si tu as des motivations, mais tu es libre désormais.

- Je resterais avec Firi... Je veux dire, Almak, peu importe son choix. Rétorqua le lougacorne. Nous avons promis de ne jamais se séparer.

- Je n'ai jamais promis une chose pareille...

« Suis ton cœur. »

- Tu n'avais pas besoin de donner la réponse de l'énigme. Lâcha Al en avançant vers le miroir, Gary à sa suite. Je la connaissais déjà. Et si je vous ai suivit jusqu'ici, c'est uniquement selon ma propre volonté. En plus, j'ai toujours voulu savoir où allait l'argent de nos impôts.

Malgré un air triste, Mina avait retrouvé son sourire. Le plus beau maquillage d'une femme. Almak caressa la surface polie, qui déforma son reflet en ondulant aux contact de ses doigts.

- Je me demande où est le truc. Dit Gary derrière son épaule.

- Il n'y en a pas. Certaines choses ne s'expliquent pas dans ce monde.

- Retenez votre souffle. Leur conseilla Mina.

Il inspira une grande bouffée d'air avant de passer une jambe dans le psyché, ressentant un froid intense, comme s'il l'avait plongé dans une mare gelée. Al avança l'autre pied, son corps entier frissonant en traversant le miroir glacé. Des courants d'airs frais se frayaient un passage entre ses narines et dans ses oreilles, un bourdonnement sourd vibrant pour s'élever en une note haut perché, qui s'évanouit brusquement après un voyage de courte durée. Almak souleva les paupières, découvrant une vallée entourée de montagnes aux cimes enneigées. Au centre trônait un gouffre gigantesque, et une cité de pierres blanches, suspendue dans le vide par quatre piliers. Une ville circulaire, avec des toits en forme de dômes, étincelant, comme de l'or. Chaque pilier formait un pont, qui donnait sur une grande porte de bronze. Un chemin pavé descendait jusqu'à celle qui regardait vers le Nord. Gary et Mina émergèrent derrière Almak, cessant de se chamailler en contemplant l'inattendue paysage.

- Je comprend pourquoi les caisses des Royaumes sont vide...

 

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Deux chapitres très plaisant !

 

Il n'y a pas d'action mais les dialogues entre les personnages a rendu les deux chapitres très sympa :). Je me rends compte que plus les jours passent et plus les liens entre Almak, Mina, Gary et Ren s'intensifient, ils finiront vraiment par être de bons amis par la suite des évènements qui les attendent. Comme toujours des descriptions sont superbes et j'ai bien aimé l'info sur la ville d'Aboros, l'énigme aussi fût bien trouvé et la description est juste magnifique 8) c'est vraiment une jolie ville.

 

Maintenant j'attends la suite pour voir ce qui les attends ce coup-ci dans cette ville mythique !

 

Ah ! La réplique de fin est génial lol !

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Bon j'ai tout lu de ce chapitre 3, et donc de ce que tu nous a préparé.

J'ai aimé les paysages, les lieux qui ont égayé l'expédition. Par exemple, Elaris est une cité grandiose, à couper le souffle.  L'humour a toujours une part belle dans le récit, et c'est plutôt bien fait, car en même temps tu nous glisses des informations, comme les Lyres qui font partie intégrante du mystère de derrière la Brume.

 

Pour la partie humoristique qui m'a le plus surpris, c'est le petage de câble de Ren avec le bol sur la tête.  ;D

 

Oh, et tu nous montre encore ton imagination foisonnante avec le monde intérieur de Deoria. Elle va avoir du boulot pour consulter tous ses souvenirs.

 

 

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Merci Bloody et Kyojin, excusez-moi pour l'attente, mais j'étais pas mal occupé ces derniers temps. Donc voici le début du Chapitre 4 :

 

 

CHAPITRE QUATRE : ELARIS

 

 

 

 

« Et je vis sortir de la gueule du dragon, et de la gueule de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, semblables à des grenouilles. Car ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, qui vont vers les rois de la terre et du monde entier, afin de les rassembler pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. »

La Bible, Apocalypse 16 : 13-14

 

 

 

4.0 – EOLIA, LES PORTES DU PLAISIR

 

 

Elaris, une cité suspendue au-dessus d'un gouffre, au creux de la Vallée de Stjarna. La rivière d'Alioth s'écoulait à l'Est pour se précipiter dans la cavité, chutant en cascade dans les profondeurs de la terre. Les Montagnes Bleues encerclaient la région, l'isolant du reste d'Alesta. Ren marchait en tête de leur groupe, descendant le chemin pavé jusqu'à la Porte Nord d'Elaris. Sur les versants, les aiguilles des pins se teintaient d'encre alors que la lumière déclinait à l'Ouest des Pics Blancs.

- Le message parlait d'une auberge, c'est bien ça ? Questionna Almak, accroché sur le dos de Gary, la joue collée contre sa fourure grise.

- L'auberge d'Eolia. Rappela Mina. Le nom me dit quelque chose... On y est déjà allé Ren ?

- Non, mais le Maréchal traîne souvent là-bas. Se souvînt-il tandis que les lumières de la ville se dévoilaient à l'approche de la nuit. Descend de ton copain avant qu'on arrive aux portes, je ne suis pas certain que les gardes le laisseront entrer.

Le prisonnier ne pouvait pas faire deux pas sans se faire remarquer, et l'existence même de son compagnon était assez suspecte pour un séjour en garde à vue.

- Et ce Maréchal, votre boss... Dit Almak après avoir lâché sa monture. C'est lui qui décidera de mon sort, c'est ça ?

- On te l'a déjà dit. Trancha Ren, exaspéré de l'entendre parler.

- Je suis sûr que le père de la bûcheronne se rendra compte de votre erreur... Les nargua-t-il. Il préfère me faire attendre dans une auberge plutôt qu'une pri...

Sa phrase s'étrangla lorsque Mina l'attrapa par la gorge, tirant son visage vers le sien.

- C'est qui « la bûcheronne » ? Menaça-t-elle en resserant sa prise.

- Personne... Désolé...  Gargouilla-t-il, pour reprendre son souffle lorsque sa coéquipière lâcha son étreinte.

Hormis quelques débordement, Ren trouvait que Mina agissait étrangement envers leur prisonnier. Elle avait du mal à dissimuler ses émotions. C'était l'une de ses rares faiblesses. Lui savait qu'une fois leur mission terminé, il ne revérait sans doute plus jamais cet individu répondant au nom d'Almak. Que son sort soit la vie ou la mort, peu importait à Ren Raigîn. Mais il devait admettre qu'un véritable duel contre cet homme le soulagerait d'un poid. L'aura qu'il avait déployé contre la Lyre rivalisait avec la sienne. Lequel des deux l'emporteraient dans un combat à mort ? Il se surprenait à hésiter sur la réponse depuis leur passage à Mara.

 

 

*

 

Almak enfonça son petit doigt dans l'oreille lorsque le terrain cessa de descendre pour se stabiliser à hauteur de la cité. Sa murailles circulaires s'élevaient à une vingtaine de pieds, surplombant l'immense crevasse qui agissait comme une douve naturelle. Ils arrivaient au pont lorsque Ren se retourna pour les fixer avec sévérité, lui et Gary.

- A partir de maintenant, pas le moindre écart de conduite. Les menaça-t-il. Ne vous faites pas remarquer.

- Pourquoi tu nous regardes en particulier ? Contra Al. Vous n'êtes pas mieux.

- Regarde ton copain avant de parler. Lâcha Mina, qui fermait la marche.

- Gary ne compte pas. Il devrait être mort selon l'histoire originale.

- Inutile de vous inquiétez. Les rassura le lougacorne. Notre comportement sera irréprochable.

« Qu'est-ce que tu comptes faire une fois que leur supérieur pointera le bout de son nez ? » L'interrogea Deoria.

« J'agirais en temps voulu. »

« Tu en as aucune idée ? »

Almak ne prit pas la peine de répondre. Elle lisait en lui. Ren leur fit signe de reprendre leur route, franchissant un large pont couvert de lierres, en équilibre au-dessus du gouffre. La ville entière reposait sur un gigantesque rocher, à l'allure de montagne inversée. Al comprit alors que les quatres passerelles servaient de piliers porteurs au croc massif, ainsi qu'à la cité elle-même, évitant ainsi sa chute dans le vide. Le jeune homme jeta un œil depuis le muret du pont, apercevant de multiples lanternes qui brillaient au fond de la crevasse, ainsi que sur les fondations rocheuses d'Elaris. Il semblait y avoir une activitée dans ce souterrain. Mais le détail le plus surprenant demeurait les énormes héciles, couverte de mousses et rouillées par le temps, qui entouraient sur plusieurs niveaux les sous-bassement de la ville.

- La cité volait dans le passé ? Demanda Almak en s'arrachant à l'incroyable vision pour se tourner vers ses deux ravisseurs.

- Une légende veut qu'Elaris soit descendu du ciel pour prendre place dans cette vallée. L'informa Mina tandis qu'ils parcouraient la deuxième moitié du pont. Son nom est un terme ancien pour désigner une étoile.

- Certains conteurs ont vraiment l'esprit dérangé. Commenta Gary, qui marchait en plein milieu du passage, comme si le vide l'effrayait. Une cité volante... Se moqua-t-il. Pourquoi pas un bateau volant ?

- Tu es idiot ou te le fait exprès ? Le réprimanda Al. Tu n'as pas suivit ce qui est arrivé ces derniers jours ? Pourquoi on est là à ton avis ?

- Pour retrouver votre mère souffrante... Non ? Regagner la ferme familiale ? Non ? Goûter aux meilleurs champignons d'Alesta ? No...

Ren lui avait fermé le museau en l'attrapant d'une main, leur intimant de la fermer. Ils se trouvaient face à une porte de bronze à demi-close, sculptée et encadrée par une arche aux motifs complexes. Les sculptures représentaient les emblêmes des Cinq Royaumes. Un Tigre pour Jelaka, le Corbeau de Daëdra, un Loup pour le Royaume d'Elnath, le Cygne d'Albieros et le Dragon d'Ademar. Deux gardes en armures étincelantes, armée d'hallebardes, s'avancèrent à leur encontre. Gravé sur leur plastron, cinq étoiles formaient un pentacle autour d'un œil levé vers le ciel. Almak en déduit le blason de la cité d'Elaris. Une étoile pour chaque Royaume.

- Déclinez votre identité. Lança avec autorité l'un des gardes, qui arborait une barbe touffue derrière son heaume aux finitions aiguisés. 

- Ren Raigîn, lieutenant de la Division d'Elnath. Annonça l'homme au long manteau noir. Et le Quatrième Siège Mina Akulatraxas.

La jeune femme présenta la poignée autour de sa ceinture au soldat, dont l'extrémité dissimulait une marque qu'Almak ne put discerner. Il vérifia rapidement l'objet avant de hocher de la tête.

- Et celui qui vous accompagne ? Ajouta le garde.

- Il est impliqué dans une mission confidentielle. Renseigna Ren. Si vous voulez plus de renseignements, adressez-vous directement au Maréchal Akulatraxas. Nous sommes responsable de cet individu jusqu'à nouvel ordre.

« Il s'en sort plutôt bien. » Remarqua Deoria.

« Ce dépressif... Un lieutenant ? » S'étonna Almak.

- Vous pouvez passer. Annonça le soldat qui n'avait pas encore parlé, s'écartant du passage. Bon séjour à Elaris.

Ren leur fit signe de le suivre, et tout sembla bien se dérouler, jusqu'à ce que le garde à l'épaisse barbe barre subitement le passage au lougacorne, à l'aide de sa hallebarde.

- Par les Dieux, c'est quoi ce monstre ? S'offusqua-t-il. Arrière démon !

- Pardonnez-moi, mais vous êtes dans l'erreur. Je suis un lougacorne. Le corrigea Gary.

Les trois autres membres du groupe s'étaient immobilisé, observant nerveusement le garde exprimer sa méfiance agressive. La situation pouvait dégénéré à tout instant. Mina esquissa un geste pour intervenir lorsque l'homme s'écarta avec un mot d'excuse.

- Très bien, vous pouvez circuler.

Ils se dévisagèrent sans comprendre tandis que Gary les rejoignait, adressant un signe de la main aux deux soldats une fois qu'ils franchirent les portes  de la cité. La cacophonie qui suivit alors leur apparut comme un concert de casseroles, surtout après leur périple d'une semaine au milieu de la campagne.

- Retour à la civilisation ! S'enhardit Mina en inspirant un grand bol d'air, les bras écartés de chaque côté de son corps.

- Retour en Enfer... Marmona Almak en détaillant les environs avec morosité.

« Une ville de pierre, pour des habitants au coeur de pierre. » Chantonna sa petite voix.

« Des maisons en bois pour des familles en cartons ? » Compara Al sur un ton moqueur.

« Un ciel bleu pour dissimuler l'océan noir. » Souffla-t-elle, mystérieuse.

Il n'aimait pas les grandes cités. Tout était trop... Carré et bruyant. Elaris ne dérogeait pas à la règle. Les gens passaient sans se regarder, seul ou en couple, en retard à un rendez-vous, ou encore avec une arme à porté de main. Gary ouvrait des yeux aussi grand que la plein lune, détaillant les échoppes et autres enseignes bordant les rues pavées. Ils passèrent sous une arcade remplit de marchands, marchant sans trop savoir où aller. Des clients jetaient des coups d'oeil curieux, les vendeurs scandant les merites de leur quincaillerie. L'un d'entre eux, avec un sac remplit de babioles, les accosta dans son costume dépareillé.

- Allons Messieurs Dames, laissez-vous tenter !J'ai pour vous, seulement vous, un magnifique ustencile indispensable à tout honnête homme !

Le marchand tira un rouleau de papier toilette de son bagage, présentant l'endroit où il y aurait dût avoir un carton.

- Terminez les déchets qui s'accumulent dans vos salles de bains ! Laissez-vous tenter par le papier qui ne laisse pas de traces sur son passage !

- Nous ne sommes pas interressé. Tirez-vous avant de perdre un bras. Le chassa Ren sur un ton vénimeux.

- Passez votre chemin ! Allons Messieurs Dames, laissez-vous tenter...

- On devrait demander où se trouve l'auberge. Annonça Mina en défilant devant un étal exposant des dizaines de boules en cristal.

« Les humains... » Soupira Deoria. « Où est Gary ? »

Almak n'avait pas remarqué sa disparition. Il le retrouva face au précédent vendeur, tentant d'échanger un rouleau de papier contre des champignons. Le ramenant par une oreille jusqu'à Ren et Mina, le petit groupe quitta les arcades pour interroger des habitants sur l'emplacement de l'auberge d'Eolia ? Ils se surprirent à enchaîner les individus sans obtenir une réponse précise.

- Eolia ? Vous me demandez ça, à moi ? S'offusqua une femme enceinte, accompagné de ses deux autres bambins.

- Ce n'est pas là où va papa quand tu te met en colère ? Demanda le plus grand des enfants.

La mère le giffla, accusant leur quatuor en criant, pour couvrir les pleurs du garçon.

- Regardez ce que vous avez fait !

Ils esquivèrent la dispute en passant leur chemin. Almak commençait à trouver cette auberge plutôt louche. Même celui qui menait la marche à travers les ruelles bordées d'habitations semblait douter de leur itinéraire. La nuit était tombé, les torches et les lanternes éclairant la cité en dessinant des ombres sur ses murs. Ren s'adressa à sa coéquipière avec un soupçon d'impatience.

- Vous foutez pas de ma gueule ! Hurla-t-il à l'attention d'un individu louche, après l'avoir suivit jusqu'à une enseigne spécialisé dans les pratiques masochistes.

- Vous en aurez pour votre argent ! Insista l'homme enroulé dans une cape de voyage, fuyant finalement sous le regard meurtrier du chasseur.

« On aurait dû fuir quand la fille en avait laissé l'occasion. » Le taquina Deoria.

« Tu as peut-être raison. Mais tout les indices porte à croire que notre prochaine destination est u... »

Une voix grave résonna, attirant à tous leur attention. Il s'agissait d'un homme brun au visage charismatique, questionné par Mina. Ses cheveux étaient plaqués en arrière et son accoutrement, exentrique. Un manteau à fleur par-dessus un peignoir noir, des sandales et chapeau de paille.

- L'auberge d'Eolia ? Bien sûr que je connais. Les Portes du Plaisir ! Ajouta-t-il avant de rire de bon cœur.

- Vous nous sauvez ! Le remercia la jeune femme. Vous pouvez nous indiquer le chemin ?

- Justement. Je m'y rendais.

Almak récupéra Gary, qui s'apprêtait à rentrer le repaire des sadiques, marchant à la suite de leur guide, enclin à bavarder avec leur groupe.

- Je suis le gérant de l'auberge d'Eolia. Annonça-t-il, mon nom est Jessy Goodboy. Mais vous pouvez m'appeler Jessy Be GoodBoy.

- Il a juste ajouté un « be ». Marmona Almak au lougacorne.

- Vous connaissez mon père Harry ? S'enquit Mina, qui marchait en tête à côté de l'homme, ignorant par la même occasion l'identité du gérant de l'auberge.

- Votre père ?

- Le Maréchal William Akulatraxas. Enchérit-elle.

- Ah ! William ! Bien sûr que je le connais ! S'entousiasma Jessy avec un large sourire. Il vient souvent boire un verre dans mon établissement.

- Excusez ma question, mais c'est quel genre d'établissement votre auberge ? Interrogea Ren en s'alignant à l'homme.

Le gérant se stoppa brusquement au milieu d'une rue aux lumières tamisés, déjouant leur vigilance. Gary bouscula Al qui s'écrasa sur Jessy, s'agrippant au col du manteau de fourure pour éviter la chute. Le vêtement lui resta dans les mains, emportant le peignoire dans la foulée, pour exposer le slip blanc de leur guide à la vue de tous.

- Nous sommes arrivés ! Lança Jessy sans relever l'incident.

Personne ne l'avait écouté, pas même Almak, qui après s'être relevé, s'attendait à subir un scandale.  Etrangement, l'homme ne semblait pas perturbé par sa nudité.

- Nous sommes arrivés ! Répéta-t-il sans sourciller.

« Il veut continuer malgré tout. » Commenta avec respect Deoria.

- Eolia... Soupira Almak. C'est un original votre boss...

 

 

*

 

Une veine de colère ressortait sur la tempe de Mina. Elle laissa de côté sa remarque pour le gérant exibitionniste, découvrant la véritable de nature de l'auberge d'Eolia, une vulgaire maison close. C'est donc ici que traînait son père lorsqu'il prétextait un rendez-vous important ? Stupide mâle... Il venait juste de signer son arrêt de mort. Laissant ses vêtements derrière lui, Jessy les invita à escalader les marches tapissés de  rouges, pour pénétrer à l'intérieur d'un bâtiment aux allures d'entrepôt. La façade, sur deux étages, était décoré par une fresque au centre, représentant des corps de femmes aux formes exagérés. « Eolia, Les Portes du Plaisirs » étaient placardé au-dessus d'une double porte, capitonée en cuir cramoisi.

- C'est ici que commence les choses sérieuses, si vous voulez mon avis. Dit Gary dans son dos.

- Personne ne veut connaître ton avis. Le rabaissa aussitôt Almak.

- Vous n'avez pas froid ? S'enquit Ren auprès du gérant de l'établissement.

- Pourquoi aurais-je froid ? S'étonna Jessy.

- Je... Je ne sais pas... Balbutia son coéquipier, dérouté par le sérieux de l'homme.

- On ne bouge plus !

Ils se figèrent tout les cinq devant un homme en costume bleu, barrant le passage d'une main. Il avait des cheveux coupés de près, un visage mince et des yeux pétillants.

- Un pas de plus et je vous explose. Les menaça-t-il.

- Allons Folet, c'est moi, Jessy. Le rassura leur guide.

- Tonton n'est pas le genre à ce trimbaler à poil à la tombée de la nuit. Se méfia l'homme aux portes.

- C'est qui lui ? Questionna froidement Ren en portant une main sur ses sabres.

- Ne monte pas sur tes grands chevaux. En même temps, il n'a pas tord de se méfier. Remarqua Mina en détaillant l'homme dénudé, puis dans une autre mesure, Almak qui, après avoir éternué, essuyait sa main sur la fourure du lougacorne.

- C'est notre vigile, Kaïn Folet. Il va nous laissez passer maintenant, n'est-ce-pas Folet ?

Mais Folet n'était pas du même avis, gifflant brutalement Jessy avant de s'écarter de l'entrée.

- Les trois étrangers et la bestiole vous pouvez entrer. Quand à toi sale pervers, trouves des vêtements si tu veux passer.

- Mais... Espèce d'abrutis ! C'est moi qui te paye ! S'offusqua le gérant.

Mina pénétra la première dans l'établissement, suivit par ces trois compagnons en laissant Jessy se disputer avec le vigile. Ils découvrirent un grand hall, avec le plancher couvert de tapis en chenille, une forte odeur d'encens leur agressant les narines.  La salle était vaste, avec un double escalier s'élevant dans le fond pour monter aux étages supérieurs. Sur leur gauche, des tables à ras le sol entouraient un bar, où des jeunes femmes légerement vêtu accompagnaient le verre de leurs clients. Ils étaient installés sur des coussins au sol, avec parfois un narguilé qui diffusait d'épais nuages de fumées. Un scène vide les opposaient, et Mina devina avec une expression renfrognée les danseuses se déhanchant sur l'estrade, tard dans la nuit. Un grand lustre et des lampions diffusaient une lumière voilée, et malgré la nature de l'établissement, il y régnait une ambiance chaude et convivial. Une jeune femme quitta une table les rejoindre au seuil de l'entrée.

- Bienvenue à Eolia ! S'écria-t-elle d'une voix aigue, accompagné d'un grand sourire. Je peux vous aider ?

Mina examina son apparence avec un regard critique, ne pouvant, selon ses principes, tolérer qu'une femme vende son corps pour subvenir à ses besoins. Elle avait de longs cheveux frisés, retenu sur sa tête en une coiffure complexe. Ses yeux bruns brillaient derrière une épaisse couche de maquillage, qui couvrait un joli minois juvénile. Mais les trois idiots qui l'accompagnait fixaient bêtement son décolleté plongeant, qui se terminait par une jupe couvrant à peine ses hanches.

- Nous attendons l'arrivé d'un homme. Dit Ren en reprenant son air sérieux. William Akulatraxas, je ne sein pas si le nichon vous dit quelque cho...

Mina lui avait écraser le pied, lui arrachant une plainte étouffé. Mais l'exclamation poussé par la prostituée couvrit largement la plainte de Ren.

- Willie ! Bien sûr que je le connais ! C'est un de nos meilleurs clients.

- Comme quoi, la poitrine fait seins les choses ! Lança Almak, avant de se taire religieusement en croisant le regard de Mina.

- Puis-je contempler votre poitrine Mademoiselle ? S'enquit Gary avec de grogner avec satisfaction.

Le lougacorne évita un sort sinistre lorsque la jeune femme dévoila ses petits seins rebondit, déclenchant l'euphorie des mâles de leur groupe. Mina profita de la diversion pour s'entretenir avec elle, une fois le spectacle terminé.

- Excusez-les, je les punirais plus tard.

- Ce n'est rien. Les hommes sont facilement impressionnable. Et inutile de me vouvoyer, je m'appel Claire.

- Moi c'est Mina. Dis-moi Claire, est-ce que ce déchet qui répond au nom de Willie nous a laissé un message ?

- Attend... Réfléchit la prostituée. Non, je ne crois pas... A moins... Il vous doit de l'argent ?

- Non... Pas que je sache...

- Mina... Oh ! Vous êtes sa fille ?

- Dans le mille... Souffla-t-elle sombrement.

- Ca alors ! Vous êtes si belle... Je suis un peu jalouse. Ce sont vos amis ?

Mina se retourna pour observer ses compagnons s'éloigner vers une table, en compagnie de trois prostituées en sous-vêtement érotique. Elle se retînt de leur sauter dessus pour les battre à mort, fermant les yeux en hochant avec lassitude la tête de haut en bas.

- Dans ce cas ! Lança joyeusement Claire. Un dîner et trois chambres sont déjà payé pour vous !

Et sur ces mots, elle l'invita à la suivre pour rejoindre le reste de son groupe, déjà installé autour d'une bouteille en vantant les mérites d'Eolia, les Portes du Plaisir.

 

 

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Bon chapitre !

 

Comme d'habitude, un chapitre rempli de détails dans les descriptions des lieux, les dialogues toujours aussi bien marrant en compagnie des quelques répliques :P. Gary qui fout toujours des conneries lol.

On apprend qu'Elaris était ville qui venait du ciel, très intéressant.

La recherche pour trouver la boite Eolia, ne fut pas sans encombre surtout avec Gary, mais ils finissent par tomber sur un type assez loufoque, il m'a fait marrer ;) ce Jessy lol.

La boite se révèle être une maison close, au grand malheur de Mina, mais au grand bonheur pour les autres :PxD.

 

Maintenant qu'ils ont trouvé la fameuse boite où William leurs a donnés rendez-vous, que se passera t'il par la suite ?

 

PS : J'ai posté un nouveau chapitre passe le lire quand tu peux ;) !

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Quelle suite ! Il devrait s'en passer des choses à Elaris !

Gary, juste énorme, avec ce coté boulet, toujours aussi bien exploité. Il continue à me faire marrer.

Bon, on apprend rien d'important, si ce n'est que l'on découvre Elaris.

Al laisse les choses se faire, sans vouloir en changer le cours. Peut-être que ça va être différent, par la suite.

 

J'y ressonge : William n'avait pas de permission pour se mêler à l'enquête sur le voleur à bord du Vandread. Le fait qu'ils aient le fautif entre leurs mains, ne devraient leur causer préjudice vis à vis du reste de la Confrérie ?

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  • 2 weeks later...

La suite ! Comme ça faisait longtemps, je post deux chapitres cette fois ^^ Et effectivement Bloody, William joue un jeu dangereux.

 

 

4.1 – BON DEBARRAS

 

 

Ils entamaient la troisième bouteille d'alcool de riz, que les hôtesses appelaient Honshu, lorsque la vision d'Almak commença à se troubler, et il semblait que Deoria aussi était légèrement éméchée.

« Dis... C'est la pièce qui tourne où tes yeux me jouent des tours ? » S'enquit-elle d'une voix patteuse.

« C'est la terre qui tourne. » Rétorqua Al.

Claire et Jessy s'était joint à eux, la plupart des clients ayant quitter le rez-de-chaussé pour monter aux étages, accompagné d'une ou plusieurs prostituées. Après avoir dégusté un énorme plateau de fruits de mers, que seul Gary n'avait pas touché, le groupe entamait une pyramide de choux à la crème. Le ventre plein et le gosier désaltéré, Almak affichait un grand sourire. La soirée était agréable. Malgré un début quelque peu gâché par le caractère exécrable de Mina, la jeune femme riait désormais à une blague du gérant, sans doute sous l'effet des nombreux verres qu'elle avaient consommé. Ce dernier avait par ailleurs récupéré ses vêtement. De son côté, Claire discutait avec Gary, écoutant surtout ce dernier raconter son périple depuis la forêt d'Encre.

- Et c'est une vrai corne ? Le questionna-t-elle tandis qu'il décrivait leur rencontre avec les deux Chasseurs.

- Vous me vexez ma chère Claire. Grogna-t-il en affichant une moue cauchemardesque. Qui pouvait se traduire par de l'embarras. Il y a deux choses à retenir, concernant les Lougacornes. La première est que leur corne est un symbole de virilité et de puissance. La deuxième concerne leur extraordinaire libid...

- Tout le monde s'en fout... Le coupa Ren, dont les joues empourprées et le regard vitreux témoignait de son état d'ébriété avancé. Parlons plutôt de mon prochain combat avec le roi des idiots... On a des choses à régler tous les deux. Ajouta-t-il à l'attention d'Almak, un sourire féroce crispant ses joues.

- De quoi tu parles ? Lança nonchalement l'intéressé, servant une tournée de Honshu à toute la table. Tout est déjà payé.

« Je pense qu'il en a après toi. » Remarqua Deoria. « Il est différent de la fille. Son cœur est froid. »

« C'est qu'un dépressif qui ne tient pas l'alcool. »

- Donc en fait, Gary et Almak sont vos otages ? Résuma Claire en lui jetant un étrange regard, insistant.

- Disons qu'ils sont impliqué dans une affaire de la Confrérie sans l'avoir vraiment cherché. Répondit Mina.

- A ce propos, intervînt Jessy, qu'en est-il de la situation à Alesta ? Certains de nos clients rapportent de sombres nouvelles, comme quoi le Mal serait déjà sur nos terres.

L'atmosphère chaleureuse fut balayé par un vent froid. Le visage de Mina s'était également assombrit.

- Il n'a pas franchit la Brume, si cela répond à votre question. Dit-elle. Les seuls cas d'infectations sont bien souvent isolé et toujours inexplicable. Même pour nous.

- On peut pas parler d'autres choses ? S'enquit Al en enfonçant un doigt dans l'oreille. Tu viens de casser le moral à tout le monde, Slip Blanc.

- Il a raison. Conforta Claire. Ne parlons pas de malheurs.

« Il faudra tout de même se renseigner à ce sujet. »

« En temps voulu Petite Voix. »

« Tu es dans ta période des surnoms ? »

« Je suis surtout sous l'effet de cette bière de riz. »

Jessy s'était rapidement abscenté pour revenir avec une autre bouteille, vraissemblablement heureux de pouvoir discuter avec eux. Ren sombra le premier dans le sommeil, agenouillé sur son coussin. Almak brûla un bouchon et ils dessinèrent toutes sortes de symboles sur son visage. Puis après avoir mangé le dernier chou du plat, Mina annonça qu'il était l'heure de se coucher.

- Je crains que votre père n'ait réservé que trois chambres. Signala Jessy. Nous allons vous en trouver une avec des lits double. Claire va vous guider. Echange la cent cinq avec la cent deux.

- Oui Tonton. Acquiesça l'hôtesse.

Elle les invita à la suivre tandis que le gérant débarassait leur table. Gary portait Ren dans ses bras poilus, après avoir vainement tenté de le réveiller. Arrivé face aux escaliers, ils empruntèrent celui de gauche, découvrant un balcon qui donnait sur le hall, une dizaine de portes coulissantes accédant aux chambres de la maison close. Almak se tenait fermement à la rembarde, légèrement désorienté par l'alcool.

« Tu te verrais marcher. » Le taquina Deoria.

« Je maîtrise. J 'ai encore le contrôle de mes pensées. » Se défendit-il.

- La cent deux. Annonça Claire. C'est pour Gary et son prince au bois dormant.

- Faites pas de bétises. Lança Al au moment ou le lougacorne fermait la porte.

Puis ce fut au tour de Mina, qui leur souhaita bonne nuit avant de le laisser seul avec Claire.

- Il ne reste plus que nous. Dit-elle en fixant ses yeux, un sourire charmeur aux lèvres.

- On dirait bien. C'est laquelle ma chambre ?

- Elle est tout au fond. Souffla-t-elle en lui attrapant la main.

« Qu'est-ce-qu'elle fait celle-là ? » Gronda Deoria.

Al se laissa guider jusqu'à la dernière porte, que la jeune femme fit coulisser pour révéler une chambre aux couleurs sensuelles, garnit de bougies aux flammes vascillantes.

- Enlève tes bottes. Souffla Claire en lâchant sa main.

Le sol était couvert de tatamis. Almak s'executa, se tenant fermement à la porte coulissante qui ne cessait de glisser dans sa main. Lorsqu'il parvînt finalement à se déchausser, la jeune femme l'attendait, son corps nue et emplit de désirs allongé sur le lit.

- Je préfère te prévenir, je n'ai pas d'argent. Avertit Al sans bouger de l'ouverture.

« Tu ne vas pas faire ce que je pense ? » S'enquit Deoria. « Je te l'interdit. »

- Ce n'est pas grave, tu me plaît. Concéda Claire en se mordant la lèvre inférieure.

« Je n'ai pas besoin d'assister à ça Al. » Protesta sa petite voix.

« Qui t'obliges à regarder ? » Contra-t-il. « Tu sais, les hommes ont des besoins... Physique. »

« Je te préviens Al. »

- Si c'est pour te faire plaisir... Concéda-t-il en retirant son haut.

Une main compressa alors subitement l'organe entre ses jambes, le visage angélique et familier de Deoria le fusillant d'un regard meurtrier.

« C'est quoi votre problème avec cet endroit ? » S'offusqua Almak.

- Trouve une excuse, il faut qu'on parle. Ordonna la Dëhemos en resserant sa prise.

- Quelque chose ne va pas ? Intervînt Claire, se demandant certainement pourquoi il avait subitement cessé de bouger.

- Répond-lui.

- Non ! Tout va bien ! La rassura-t-il maladroitement. Vraiment ! Je dois juste... J'ai oublié ma brosse à dent en bas... Je vais la chercher et je reviens !

Sans prendre en considération la réponse de l'hotesse, Almak referma brusquement la porte coulissante pour suivre les cheveux dorées de Deoria jusqu'aux milieux des escaliers.

- Qu'est-ce qui te prend ? S'énerva-t-elle. Tu crois que je n'ai pas mon mot à dire pour ce genre de chose ?

- Tu rigoles j'espère. Lâcha-t-il calmement, bien qu'une certaine froideur venait de naître dans sa voix. Qu'est-ce qui t'arrives d'un seul coup ?

- C'est juste parce que « les hommes ont un besoin physique » ? Riposta-t-elle, ses yeux verts le perçant à travers la chair.

- C'est quoi ton problème ? Tu n'as qu'à faire un tour et revenir plus...

- Si ce n'est que ça, pourquoi tu préfères le faire avec elle plutôt qu'avec moi ?

Almak ravala sa réplique. Il ne savait plus quoi répondre. Ce n'était plus de la simple colère qu'il lisait sur le visage de Deoria, mais quelque chose de plus difficile à déceler. Plus complexe que de la jalousie. Elle ne comprenait pas sa logique.

- Idiot.

Sa robe blanche virevolta lorsqu'elle se retourna pour gagner le rez-de-chaussé, le laissant seul au milieu des marches, encore secoué par cette étrange réaction.

- C'est toi l'idiote ! Lança-t-il en retrouvant le chemin de sa chambre. Bon débarras ! Quelle plaie... Sérieusement...

Il ruminait encore en tirant la porte, retrouvant Claire qui lisait un livre à la reliure en cuir sur le lit.

- Tu as retrouvé ta brosse à dent ? Demanda-t-elle en levant ses yeux maquillées vers lui.

- Quelle bros... Ah, oui. Je veux dire non... Je l'ai égaré.

- On dirait que tu as vu un fantôme. Ajouta-t-elle.

- Tu n'es pas loin de la vérité.

Almak se déshabilla pour rejoindre la jeune femme sur le lit, cette dernière détaillant ses bandages et son corps couvert de vieilles cicatrices.

- D'où vienne toutes ces blessures ? L'interrogea-t-elle d'une voix douce, posant le bouquin sur ses jambes.

- Pas très joli n'est-ce pas ? Contourna Al, qui n'avait pas envie d'évoquer un si sombre sujet. Dis-moi plutôt ce que tu lisais.

Elle détacha ses longs cheveux, recouvrant sa petite poitrine sous des mèches frisées, aux teintes d'une forêt en automne. Les bougies faisaient danser des ombres sur leur peau orangée, et malgré l'ambiance sensuelle et chaleureuse, il ne pouvait chasser Deoria de ses pensées.

- Avant la Brume. Répondit Claire en lui présentant la couverture. On laisse des livres dans les chambres, même si les clients ont bien souvent d'autres occupations.

- Et de quoi ça parle ? Questionna Almak, repoussant inconsciemment le moment de passer à l'acte.

- D'un monde vaste et luxuriant... Susurra-t-elle en lâchant l'ouvrage pour lui caresser le torse. Où les lendemains étaient synonyme de jours meilleurs. Où les gens ne craignaient pas l'avenir... Un monde que nous essayons de retrouver, à travers de brefs instants de bonheur... Comme celui-ci...

Claire se colla contre lui, approchant ses lèvres des siennes pour l'embrasser avec gourmandise. Al se comporta avec réserve, cédant finalement à ses pulsions en reversant la jeune femme sur les couvertures. Leur souffle s'accéléra tandis qu'il caressait sa poitrine, ses longues jambes lui encerclant le bas du dos pour l'inviter à pénétrer son intimité. Et c'est ce qu'Almak aurait volontié fait, si les flammes des chandelles ne s'étaient pas subitement embalées, certaines soufflées comme si un coup de vent venait de balayer la chambre.

- Qu'est-ce que s'était ? S'enquit Al d'une voix tremblante.

- Tu as entendu quelque chose ? Murmura Claire, légèrement surprise par sa soudaine immobilité.

Il pouvait en effet entendre une lourde respiration, provenant d'un coin de la pièce. Un frisson lui parcourut l'échine lorsqu'il sentit une autre présence, l'observant en silence dans l'obscurité. Almak jeta un regard qui se voulait rassurant à Claire avant de prendre son courage à deux mains et se retrourner lentement. Le cri aigu qu'il poussa avait sans doute réveillé la totalité de l'étage.

- Faites comme si je n'étais pas là, continuez...

Une voix caverneuse s'était exprimée, appartenant à une silouhette enveloppée dans un drap blanc et déchiré, qui les épiait dans un coin sans bouger.

- Déconne pas ! S'écria Al en jetant de toutes ses forces « Avant la brume » sur l'apparition.

Sans vérifier s'il avait touché sa cible, Almak attrappa le bras de Claire pour la sortir de la chambre, cette dernière emportant la couverture dans l'action pour dissimuler son corps dénudé. Il claqua la porte derrière leur passage, se réfugiant dans la pièce voisine tandis que son cœur battait avec tant de force qu'il semblait sur le point d'exploser.

- C'est quoi cette chose ? Le questionna la jeune femme d'une voix tremblante.

- Un fantôme. Lâcha Al avec le plus grand sérieux. L'esprit d'un voyeur. Peut-être même un ancien...

- Non. L'interrompit Claire, enroulé dans sa couverture. Cette chose...

Elle désigna un homme lié aux poignets et aux chevilles, pendu au-dessus du lit de la chambre. Seul son nez et sa bouche était visible sous un masque de cuir, affichant à la lueur des bougies un rictus entre la douleur et le plaisir.

- On est où là ? La maison des horreurs ? S'offusqua Almak en oubliant un instant le fantôme. Qui êtes-vous ?

- Moi ? Je suis l'auteur.

La porte coulissa avec fracas derrière leur passage, et chacun prit soin de faire comme si rien ne venait de se passer. Le boucan qu'ils avaient semé réveilla les clients des autres chambres, qui cherchaient à comprendre l'origine de tout ce bruit.

- C'est pas bientôt finit ? Lança un homme dégarnie avec deux jeunes femmes, qui regardaient derrière ses épaules.

- J'ai pas payé pour être dérangé ! Scanda un autre.

- Almak ! Claire ! Les interpella une voix familière.

Mina apparut dans leur champ de vision en nuisette bleu ciel, se frayant un passage dans leur direction.

- L'auberge est hantée ! L'avertit Al. On se tire d'ici !

- Hantée ? S'étonna la jeune femme en arrivant à leur hauteur. Qu'est-ce-que tu veux dire ? Pourquoi tu es tout nu ?

- Ce serait trop long à expliquer. Rétorqua Al en se faufilant dans la couverture avec Claire. Cet endroit est maudit. On ne peut pas lutter.

Synchronisant ses pas avec ceux de l'hôtesse, il se dirigea en pas chassés vers les escaliers, lorsque Mina les retînt à bout de bras.

- Qu'est-ce-que tu as encore fait ? Grinça-t-elle sur un ton meurtrier, tout en gardant son sourire aimable. Claire ?

- Tu veux dire, qu'est-ce-qu'il n'a pas fait. Lâcha cette dernière en lui esquissant un clin d'oeil.

Almak s'apprêtait à rétorquer, mais un terrible fracas détourna leur attention, arrachant des cris paniqués à la clientèle de l'auberge. L'une des portes coulissantes venait d'être réduit en éclat, une forme massive et poilue émergeant des débris en se tenant la tête. Al sentit la lassitude le gagner en observant Gary se relever, la silouhette de Ren émergeant de l'ouverture en ruine, pour pointer l'un de ses sabres sur le lougacorne effrayé.

- Tu foutais quoi dans mon lit, enfoiré ? Lança la voix froide et sifflante du chasseur.

- C'est un malentendu ! Se défendit Gary en plaçant les deux pattes devant sa poitrine.

La situation dégénéra jusqu'à ce que le fantôme au drap blanc surgisse subitement derrière Ren, le bousculant pour sauter par dessus la rembarde du balcon. Almak avait poussé un cri épouvanté en pointant du doigt l'endroit où l'esprit venait de disparaître, arrachant un regard moqueur aux deux filles à ses côtés. Il n'était pas le seul à être effrayé, une partie de la foule se précipita vers les escaliers pour quitter l'établissement, tandis que l'autre regagnait leur chambre sans relever l'incident. Mina traîna Al et Claire jusqu'à la porte brisée pour retrouver son coéquipier et le lougacorne, alors que le gérant de l'auberge faisait son apparition dans son peignoir et  sa veste à fleur.

- Mais qu'est-ce-qu'il se passe ici ? S'offusqua Jessy en contemplant les dégâts qu'ils venaient de provoquer.

- Fantôme ! Lançèrent d'une seule voix Almak, Gary et Claire.

- Ne dîtes pas n'importe quoi. Les gronda Mina en écartant une mèche de ses yeux. Ce n'était qu'un voleur.

- C'est ce que j'essayais de vous dire ! Lança avec fougue le lougacorne à l'adresse de Ren, qui le fixait en plissant ses yeux sombres. Un cri m'a réveillé lorsque cette chose blanche a pénétré dans notre chambre. Je tentais simplement de vous prévenir ! Ajouta Gary pour sa défense.

- Qui réagirait autrement en découvrant une gueule pareille à son réveil ? Trancha Ren en croisant les bras.

- Il n'a pas tord... Conforta Almak, en connaissance de cause.

- Al, ta... Chose... Me fait mal à la jambe... Murmura Claire, pressée contre son corps dans la couverture.

- Excuse-moi... J'ai du mal à contrôler le colosse...

Mina, qui avait intercepté l'échange, craqua les jointures de ses poings en lui jetant un regard emplit de douloureuses promesses. Il fut sauvé par l'intervention de Jessy, qui détaillait le trou béant dans la cloison de la chambre.

- Comment un fantôme à put faire ça ? Se morfonda-t-il. Je venais de changer les portes !

- Il ne faut jamais jouer à invoquer les esprits, Slip Blanc. Conseilla Almak. Tu devrais nous rembourser pour le dérangement.

- Ouais, rembourse nous. Conforta Mina.

- Mais vous n'avez rien déboursé ! Se défendit Jessy. Par les Sept, si cette histoire de fantôme vient à se répandre... Ce n'est pas bon pour le commerce.

- Ce n'est pas un fantôme. Révéla Ren en leur présentant un bout de drap décousu. J'ai arraché ça quand il m'a bousculé.

Ils examinèrent le morceau de tissu, comprenant tour à tour la supercherie.

- Pourquoi quelqu'un se déguiserait en fantôme pour visiter les chambres ? S'enquit Claire en affichant une moue perplexe.

- L'esprit d'un pervers. Rétorqua Almak.

- Ce n'est pas un fantôme. Grinça Ren en hachant chaque syllabe.

- Nous réglerons le problème demain. Annonça Mina après avoir longuement baillé. Il est tard, et cette histoire est trop absurde pour m'intéresser.

- Elle a raison, reposez-vous. Conforta Claire. Je vais aider Jessy à ranger ce bazard.

- Le point positif est que plusieurs chambres se sont libérée. Relativisa Gary.

En effet, Ren et le lougacorne pouvaient désormais dormir séparément, le gérant ayant généreusement offert une chambre supplémentaire pour excuser le dérangement. Al et Claire regagnèrent la chambre emmitoufflé dans leur couverture, l'hotesse revêtant sa tenue pour prêter main forte à son patron.

- Je crains que notre danse soit repoussée à une autre nuit.

Il sourit. Elle lui adressa un clin d'oeil, avant de refermer la porte coulissante derrière son passage. Almak se retrouva seul au milieu de la petite chambre, baignée dans la lueur chatoyante des bougies.

« On a pas le temps de s'ennuyer n'est-ce-pas ? »

Aucune réponse. Deoria avait disparue de ses pensées. Tout était agréablement calme. Ennuyant. Le plancher grinçait. Almak ramassa le livre qu'il avait jeté un peu plus tôt sur l'intrus, feuilletant ses pages en s'installant sur le lit.

- Avant la Brume... Murmura-t-il, avant de s'assoupir paisiblement.

 

 

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4.2 – LYS ROUGE

 

 

Il était enveloppé dans une cape à capuchon. La nuit était tombé. Il neigeait. Almak montait les marches gelées d'un grand édifice en forme de coupole. Deux soldats en armures d'argent gardait les portes, la vapeur de leur souffle s'échappant des orifices de leurs heaumes. Ils avançèrent à son approche.

- Halte-là ! Faîtes demi-tour.

Almak obéït uniquement à la première directive. Un bouquet de Lys blanc émergea des plis de son vêtement, qu'il  présenta aux gardes.

- Je viens livrer des fleurs.

- Tu veux jouer au malin ? Lança l'un des soldats en dégaînant son épée.

L'homme fit un pas dans sa direction lorsqu'une lame entra par son œil, une pointe écarlate émergeant derrière sa tête dans un éclat d'os, de cervelles, et de sang. La seconde qui suivit, l'autre observait son bras tomber avant de saisir son arme, le sabre d'Almak déchirant son cœur à travers l'armure, pour le tuer avant qu'il ne touche le sol. La neige se teinta de rouge. Il poussa les portes, décapitant un garde qui se trouvait là, avant de prendre une balle dans le bras. La détonation venait au bout du hall, où une deuxième porte venait de s'ouvrir, découvrant une grande salle d'Assemblée, circulaire et en pleine session. Un autre projectile lui frola alors l'a joue, et l'instant qui suivit, le tireur émrttait un drôle de râle en sentant la lame pénétrer sa gorge. Il la retira à l'horizontal, ôtant la vue à un homme en robe de cérémonie, qui tentait vainement de fuir. La panique s'empara du Parlement à son apparition. Al détailla tous ces vieux hommes, aviles et manipulateurs. Des gens à l'origine de la traque contre son maître. Ils leur avaient suffit de prendre une simple décision, parmis tant d'autres, entres ses murs arrondis. Ils n'étaient sans doute pas au courant de ce qu'ils avaient fait. C'était peut-être le pire. Almak jeta le bouquet de Lys au milieu de l'arène, en direction de l'estrade, où celui qui tenait son discours le regardait désormais avec répulsion. Il ne comprenait pas. Il le dégoûtait.

Comment osez-vous...

Un gargouillit. Ses jambes tenaient encore debout quand le haut du corps tomba à la renverse. Le massacre qui suivit aurait retourné l'estomac au plus vaillant des hommes. La moitié de l'assistance avait sans doute réussit à fuir. L'autre jonchait l''Assemblée dans un incroyable bain de sang. Almak en était imprégné. Des têtes à l'expression atroces et des membres gisaient sur le sol. Certains agonisaient encore. Al tenait fermement son sabre. Les jointures de ses mains saignaient. L'horreur le submergea. Il n'avait rien apaisé. Cette odeur... Ce goût dans sa bouche...

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Deux bons chapitres !

 

Encore une fois je me suis bien marré ;D, il c'est passé quand même pas mal de chose durant cette nuit dans la maison close. Entre Almak qui a failli couché avec Claire et Deoria qui a été totalement vexé par Almak, mais je me demande ce qu'elle voulait dire par le faire avec elle ? Peut elle vraiment le faire avec un humain ?

Sinon l'apparition étrange d'une personne se faisant passer pour un fantôme, chamboule encore plus la nuit, faisant flipper Almak et sa partenaire de lit, réveillant au passage toutes les personnes de la maison, Gary faisant face aux menaces de Ren, Mina complètement dépité de voir tout ce boucan ;D.

 

Je me demande vraiment qui se cachait derrière ce drap ? J'attends la suite !

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Chapitre bien sympathique.

Ce qui m'a fait peur, n'est pas ce 'fantôme' qui a surgi. C'est plutôt Deoria qui débarque dans la chambre, je l'ai trouvé flippante. Je ne sais trop ce qui va s'en suivre à Eolia, William devrait se montrer mais quand ?

o

Le petit chapitre qui suit, laisse songeur : Était-ce un mauvais rêve, une prémonition ? Ou est-ce que Almak a commis ce massacre la nuit même ?

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Les réponses à vos questions ^^

 

 

4.3 – LES IMPREVUS FONT PARTIE DES PLANS

 

 

- Almak ! Réveil-toi !

Mina tentait de calmer le jeune homme qui se débattait dans son sommeil, surprise de l'avoir trouvé dans un tel état. Il était trempé, les muscles crispés, comme soumis à la torture. Elle posa une main sur son front, brûlant, lorsqu'il lui saisit brutalement le poignet, découvrant ses yeux argentés, aussi froid que la plus mortelle des lames. Son expression terrifiante était méconnaissable. Mina ne le reconnaissait tout simplement pas. Il lui fallut un certain temps pour reprendre contenance.

- Tu me fais mal. Souffla-t-elle.

Son visage se transforma à vue d'oeil, ses traits s'affaissant en même temps que la haine coulait de son visage. Il la lâcha comme sous l'effet d'une brûlure, se redressant sans croisé son regard.

- On en avait marre de t'attendre pour le petit déjeuner. Dit Mina avec une voix qui se voulait bravarde, en vérité douce et timide.

Almak n'avait toujours rien dit. Il s'était redressé dans le lit, décoiffant ses cheveux déjà ébouriffés.

- C'était un mauvais rêve ?

- Vous m'attendiez depuis longtemps ?

- Un peu, oui... J'avais peur que les deux autres ne te laissent rien...

- Ca ne te ressemble pas...

- Qu'est-ce-que tu insinues ? S'enquit Mina en haussant le ton.

- Rien, je te taquinais. Tu peux descendre, je vous rejoindrais.

Mais elle ne bougea pas, hésitant à questionner le jeune homme sur ce qu'il avait vu, pour lui graver une expression aussi sombre. Il ôta les draps pour se lever, et Mina sentit subitement ses joues s'empourprées en découvrant qu'Almak dormait nu comme un ver.

- Ah... J'avais oublié... S'excusa-t-il.

- Pour qui tu te prends !

Elle le giffla instinctivement, quittant la chambre en claquant la porte derrière elle. Ce garçon n'avait tout simplement aucune classe. Voilà qui lui servait de leçon après avoir ignoré sa gentillesse. Mina regagna le rez-de-chaussée en fulminant intérieurement, décidément incapable de cerner la nature de leur énigmatique prisonnier.

« Tu en pinces pour lui ? »

« Ne dis pas n'importe quoi. »

De quoi se mêlait-elle ? Pour rien au monde elle ne serait attiré par un idiot pareil.

« Je vois... »

« Ne fais pas comme s'il y avait quelque chose ! » 

Elle mit fin au bref échange avec sa Dëhemos à son arrivé à la table, où Ren et Gary avaient entamé une pile de crèpes sans attendre. Elle esquissa une grimace en observant le lougacorne fourré les siennes avec ses champignons, alors que son coéquipier lui jeta un regard suspicieux.

- Il s'est échappé ?

- Commence pas à être parano... Gronda Mina en s'installant en face de lui.

- Quelque chose ne va pas Mademoiselle Mina ? La questionna Gary avec compassion.

- Une espèce de loup croisé avec une licorne essaye d'être gentil avec moi, ça répond à ta question ?

 

*

 

Mina semblait être de mauvais poil. Gary s'était tût et lui-même préféra se concentrer sur sa crèpe. Le Maréchal n'avait toujours pas pointé le bout de son nez, et Ren commençait à se lasser de faire la nounou pour leur prisonnier. Bien que le terme ne convenait plus depuis leur arrivé à Elaris. Son comportement avait légèrement changé depuis le miroir d'Aboros, même s'il l'agaçait toujours autant.

- Vous n'avez pas tout mangé ?

Ren leva ses yeux sombres, découvrant Almak et ses cheveux décoiffés, qui prit place à côté de Mina malgré le regard noir de cette dernière. Etait-ce son imagination, où quelque chose s'était passé entre les deux ?

- On a pensé à vous Firi... Almak. Lança humblement Gary.

Il reposa avec peu de discrétion la dernière crèpe dans le plat, que Ren avala sans le moindre remord, un sourire sadique sur le visage tandis qu'il mâchait avec difficulté.

- Bande d'abrutis... Soupira Mina.

- Bon c'est quoi le plan ? On attend encore votre boss ? S'enquit Almak en enfonçant le petit doigt dans l'oreille.

- Il ne devrait plus tarder. Rétorqua froidement Mina.

- Bonjour les amis !

Claire et Jessy venaient de les rejoindre, vêtu de la même manière que la veille. Le gérant semblait légèrement nerveux, comme quelqu'un qui hésiterait à demander une faveur. Ce qui, à l'évidence, devait être le cas lorsque l'hotesse prit les devants.

- On a beaucoup réfléchit avec Tonton, et on se demandait... Si vous pouviez faire quelque chose au sujet du voyeur fantôme...

- Je doute qu'il se montre à...

- C'est d'accord. L'interrompit Almak. Pour un autre petit déjeuner.

- Tu n'es pas en mesure de décider ! Gronda Ren.

- J'étais sûr que vous nous aideriez ! Se réjouit Claire.

- Non, ce n'est pas...

- Il n'y aura pas de supplément si vous attendez une nuit de plus. Ajouta Jessy.

- On va vous aider.

- Mina ! Ce ne sont pas nos aff...

- Il nous faut un plan ! Enchérit Gary.

- Attirons-le avec un appât. Proposa Al.

- Tu fais l'appât. Enchaîna Mina.

- Pourquoi vous faîtes un plan ?

- Je pourrais faire la fille ! Lança Claire.

- Il risque d'y avoir un combat... Je vais devoir le faire...

- Je me cacherais sous le lit pour le prendre par surprise.

- Avec ta taille ? Ca t'arrive de réfléchir sale monstre ?

- Bon, tout est réglé alors ! Se félicita Jessy. Almak et Mina feront semblant d'être un client et son hôtesse, pendant que Ren et Gary se cacheront dans la chambre pour surprendre le fantô...

- Rien est réglé ! Protesta Ren. D'où sors ce plan ? Pourquoi je suis inclus dedans ?

- Puisque tout est réglé, pourquoi ne pas servir un autre plat de crèpes ?

- Je sors m'entraîner.

Ren abandonna l'idée de se faire entendre, quittant la table pour sortir prendre l'air, lassé de devoir rester dans une maison close en compagnie d'un idiot et de son monstreux animal. Tout cela manquait fortement d'action. Il descendit les marches de l'auberge d'Eolia pour regagner les ruelles d'Elaris, bondée en cette fraîche matinée d'automne.

 

*

 

« Où tu te caches... »

Après avoir terminé leur petit déjeuner, Mina proposa à Almak et Gary de leur faire visiter une partie d'Elaris. Alors qu'ils parcouraient les rues du Quartier Est de la cité, Al en profitait pour chercher sa petite voix, qui ne donnait aucun signe de vie.

« Allez... Arrête de bouder. »

Pas de réponse. Où était-elle ? Avant de partir, il avait constaté que sa marque, le danetëom, était toujours sur son torse. Deoria n'avait donc pas disparue. Le lougacorne sembla remarquer ses interrogations tandis qu'ils passaient devant une gigantesque Porte, acceuillant sur sa face Ouest l'estrade d'un immense théâtre à ciel ouvert.

- Quelque chose vous tracasse Almak ?

- Plus que d'ordinaire. Souffla-t-il sans donner suite à la conversation.

Ils s'étaient rapproché du centre de la ville, se promenant dans un magnifique jardin lorsque Mina désigna le sommet d'un clocher un or.

- C'est l'édifice le plus haut d'Elaris. Expliqua-t-elle. Il s'agit de l'Académie, en plein centre de la cité. Sa base est en forme d'étoile à huit branches, et c'est également l'entrée principale de la Confrérie.

- Donc tu es étudiante ? Conclua Almak.

- Non idiot. Mais je l'étais il n'y a pas si longtemps. Sourit-elle.

- Et qu'apprenez-vous dans cette école ? Demanda Gary, qui était fusillé du regard par tous les gens qu'il croisait.

- L'Art, la Science, et les Techniques. Répondit-elle. Il y a un concour chaque année. Les meilleurs sont sélectionnés pour rejoindre les rangs de la Confrérie. 

- Je te vois mal en élève modèle. La taquina Al.

- Détrompe-toi. Le contredit-elle avec un drôle de sourire.

- Je n'ai jamais été à l'école.

- Moi non plus. Enchérit Gary.

- Qui t'as enseigné les arts martiaux ? S'enquit Mina alors qu'ils empruntaient une rue où les bâtissent semblaient moins reluisante, pour la plupart en bois.

- Un herboriste. Rétorqua Al avec sérieux.

- Un herboriste ? S'étonna-t-elle.

- Un jardinier ? Ajouta Gary après un grognement surpris.

- Il cultivait la connaissance et ceuillait les fruits de la sagesse. Dit Almak avant de détourner la conversation. Tu nous emmène où là ? Le repaire des marginaux ?

- C'est la rue où j'habite ! S'offusqua Mina, déclenchant le rire étrange du lougacorne.

- C'est impossible voyons. Lança Gary en essuyant le coin de ses yeux.

- Je vais te tuer et faire un tapis avec ta fourrure. Gronda la jeune femme en envoyant des éclairs avec ses yeux.

Après l'architecture en pierre et les marchés aux toits d'or du Quartier Nord, les grandes places décorées et magnifiées du Nord-Est, les constructions de l'Est-Sud faisaient pâle figure comparé au reste de la cité.

- Le Quartier de Ribela est le plus pauvre d'Elaris. Leur enseigna Mina.

- Ah... D'accord. Aquiesça Almak.

- Mais... Ne put s'empêcher d'ajouter Gary. Une créature telle que vous, belle, drôle et intelligente, mérite les plus somptueux palaces d'Alesta...

- Tu en fais trop mec... Murmura Al.

Etrangement, Mina n'entra pas dans une colère noire, les guidant au contraire avec un drôle de sourire aux lèvres. Almak prit le lougacorne en apparté.

- Comment tu as fais ça ? Tu viens de la contrôler.

- Le véritable gentleman peut apaiser le cœur de toutes les femmes. Souffla Gary avec un clin d'oeil qui le décrédibilisa presque immédiatement.

Le soleil était à son zenith lorsque Mina ralentit le pas pour se stopper devant une bâtisse jonglant entre la pierre et le bois, pour former un édifice de trois étages. Il se situait entre une petite auberge et un atelier de forgerons, à deux patées de maison d'un grand carrefour.

- L'allée perpendiculaire marque la frontière en le Quartier Nord et le Quartier Sud.

- Qu'est-ce-que vous foutez planté là ! Dégagez le passage bande de merdeux !

Une voix éraillée avait retentit du deuxième étage du bâtiment, où un vieil homme aux longs cheveux blancs et ébouriffées les menaçait du poing.

- Qu'est-ce-qu'il lui prend celui-là ? Va crever vieux débris ! Scanda Almak.

- Bonjour Papi ! Lança Mina à coté de lui. Ne t'inquiète pas ! C'est nous !

« La gaffe. »

- Tu le connais ?

- C'est Monsieur Blake, notre voisin du dessous et propriétaire de l'immeuble. J'habite au troisième avec Ren et mon père.

C'est donc ici que vivait ses deux kidnappeurs et leur chef. Ils avaient donc des liens plus solide qu'il ne l'avait imaginé.

- C'est toi Mina ? Je reconnais pas la bestiole ni l'espèce de fénéant dégénéré avec toi... Hey toi là-bas ! Beugla-t-il à l'adresse d'un passant qui traînait le pas. Qu'est-ce-que tu regardes enfoiré ?

- Pourquoi il insulte tous les gens qui passent ? Questionna Al en fronçant les sourcils.

- Il dit avoir ses raisons... Répondit simplement Mina. Dit Papi, tu n'aurais pas vu mon idiot de père dans les parages ?

- Ce branleur ne s'est pas montré ses deux derniers mois ! Rouspéta Monsieur Blake. Il me doit toujours quatre mois de loyer !

- J'aurais préféré que vous n'entendiez pas ça... Soupira Mina à leur attention.

- Je comprend. Glissa Al avec compassion.

- Je dois préparé du thé petite colombe ? S'enquit le vieil homme avec une douceur qui contrastait brutalement aux jurons proférés plus tôt.

- Une autre fois Papi, je fais visiter la ville à nos prisonniers.

- Pwa ! S'exclama monsieur Blake avant de cracher aux pieds d'Almak. Je peux pas les blairer tous ces foutus moutons... Des pleutres ! Hey ! Qu'est-ce-que vous faites planté là souilleurs de tombes !

Ils laissèrent le vieil homme et ses menaces pour reprendre leur route, aprenant de la bouche de Mina que le Quartier Est, malgré sa réputation, recelait de gens merveilleux et extraordinaires.

- Les plantes poussent mieux dans le purin. Lui accorda Almak.

- Tes comparaisons me donnent envie de te frapper jusqu'à ce que tu expluses ton cœur par les narines. L'avertit-elle sur un ton froid et langoureux.

Ils poursuivirent donc la visite dans le plus grand calme, détaillant certains bâtiments imposants en pierre blanche, qui étaient la plupart du temps des banques, où des lieux importants dans la fonction d'état-cité, régissant dans le cas d'Elaris la paix entre les Cinq Royaumes. Ils s'arrêtèrent sur une terrasse du Quartier Sud pour déjeuner, où plusieurs clients avaient demandé de changer de table à cause de la présence d'un monstre avec une fausse corne. Puis Mina les entraîna à l'Ouest, qui ressemblait à un quartier industriel, où était produit la mystérieuse énergie qui alimentait presque tout les foyers d'Elaris en lumière ,et même, d'après les dires de la jeune femme, une grande partie des principales cités d'Alesta.

- Et pourquoi est-ce gardé secret ? L'interrogea Almak.

- La Confrérie est à l'origine de la découverte. Lui renseigna Mina. Et le mystère est soigneusement gardé par les Quinze membre de la Chambre des Clefs, et quelques rares élus, comme l'homme à l'origine de la CRV.

- CRV ? Répéta Gary.

- Centre de Recherche Velendil. Les éclaira-t-elle. Valodri Velendil est sans doute le seul citoyen à avoir connaissance de nos affaires.

- Qui sont le kidnapping d'innocent pour les ramener à un homme louche qui sillone les maisons closes du pays ? Ironisa Al.

- Le peu que je sache est déjà suffisant pour que je consacre ma vie à la Confrérie. Rétorqua Mina avec le plus grand sérieux. En tant que Maréchal, mon père est en droit d'assigner des missions secondaires à ses troupes. Comme celle qui nous a mené à toi. Tu as peut-être une mauvaise image de lui, mais William le Drake est réputé pour déceler le détail qui change la donne. Il m'a raconté qu'une fois, il était parvenu à ne pas payer la facture de Lumière en  changeant un chiffre sur celle du mois précédent.

- C'est juste un fraudeur ! S'offusqua Almak.

- Mais peu importe, Valori Velendil est quelqu'un d'extrêmement influent, ce qui attire les critiques de certains Maréchaux.

Almak n'était pas intéressé par la politique. Aussi, il préféra porter son attention avec Gary sur les tenues ridicules que portaient les vieilles bourgoises à l'approche du Quartier Nord. Aussi, Mina stoppa son discours pour se joindre à eux, et ils regagnèrent l'auberge d'Eolia tandis que l'heure du dîner approchait, la lumière du soleil déclinant derrière les montagnes de l'Ouest.

 

*

 

Ren regagnait la maison close après avoir courru jusqu'à l'extérieure de la ville, jonglant entre maniement aux sabres et scéance de méditations. Il avait repensé au gantelet d'Almak, encore perturbé par l'aura qui s'en était dégagé. Ren percevait l'aura toute chose de la nature avec plus de discernement que quiconque dans la Confrérie. Ce qu'il appelait aura, était les ondes que dégageait un homme, une forêt, l'oiseau dans cette forêt, la pierre qu'utilise l'homme pour abattre l'arbre où se trouvait le nid de l'oiseau. Lire les ondes nécessitait énormément de concentration, bien que Ren l'ait développé dans d'autres circonstances. En traversant le Quartier Nord, il pouvait comptabilisé les nombreux de Chasseurs présent dans le périmètre, distinguant ceux qui possédait un Dëhemos des autres. En se concentrant il pouvait déterminer si l'un de ses Chasseurs possédaient une aura inférieure ou égale à la sienne. Il n'y en avait peu à la Confrérie. Ce qui tracassait Ren, c'était que par le plus improbable des hasards, les ondes émisent par un bandit en fuite, et aux origines flous, l'avait de loin surpassé une poignée de secondes. Almak l'intriguait. William semblait savoir quelque chose qu'ils ignoraient. Il voyait des liens où les autres pensaient à des coïncidences. La nuit tombait lorsque Ren s'engagea dans la ruelle d'Eolia. Un cavalier passa près de lui, il s'écarta, son épaule entrant en collision avec celle d'un homme, emmitoufflé dans des bandages bruns, trois sceptres se baladant dans son dos. L'individu passa son chemin sans se retourner, faisant toutefois entendre sa voix grave et étouffée.

- Tu ne peux pas briser tes chaînes, Karana.

Ren se retourna brusquement, constatant la disparition de l'homme. Même sous ses bandages, le Maréchal Apolys Ru'an ne passait pas innaperçu. Pourquoi ce sorcier scientifique rôdait dans les environs, alors que son capitaine enquêtait sur la carcasse du Vandread ? Ren frissonna. Non. C'était impossible qu'il soit au courant pour la mission. Les liens qu'il entretenait avec cet homme étaient d'une toute autre nature. Et il les avaient sectionnés depuis longtemps. Ren était parvenu à la porte de l'auberge sans s'en rendre compte. Le vigil en costme bleu, Folet s'il se souvenait bien, le regardait avec insistance de ses yeux pétillants.

- T'as croisé une ex ? Lança-t-il en s'écartant de l'entrée.

- Je dirais plus un sabre qui croise la route de son créateur. Rétorqua Ren en franchissant le passage.

- Et que ferait un sabre dans une telle situation ? S'enquit Folet.

- Il le trancherait, prouvant ainsi son efficacité.

Il n'écouta pas la réponse de l'homme, reconnaissant la silouhette inoubliable du lougacorne, immobile au pied des escaliers en compagnie du prisonnier et de sa coéquipière. Ren écarquilla les yeux en découvrant cette dernière dans une petite tenue d'hôtesse, son visage d'ange soigneusement maquillé. Il succomba immédiatement au charme, bien qu'il se garda de le dire ; même si le coin de ses lèvres s'étaient légèrement étirées.

- T'es qu'un gros pervers Ren. Lui lança Mina en croisant les bras sur sa poitrine.

- Mais je n'ai rien dit ! Se défendit-il.

- Vous êtes exquise. La félicita Gary. Méconnaissable, rayonnante...

- Ferme-là. Trancha-t-elle.

- Claire s'est chargé de la changer en prostituée. Expliqua Almak.

- C'est quoi le plan ? S'enquit Ren.

- Il n'a pas changé.

- Almak fait le client et moi l'hôtesse. Toi et Gary serez cachés sous le lit pour surprendre le voyeur dès son arrivé.

- C'est ridicule.

- Nous le faisons pour l'honneur d'Eolia. Souffla le lougacorne.

- Pour les filles de joies. Enchérit Al.

- Pour une nuit gratuite. Ajouta Mina.

- Pour sauver le commerce. Dit Jessy, qui avait quitté le bar pour les rejoindre en compagnie de Claire.

- Pour les lapins blancs. Conforta cette dernière.

- Pour mettre fin à cette comédie. Termina Ren.

 

 

*

 

Almak était installé à une table du rez-de-chaussée, dégustant un verre de vin en tête-à-tête avec Mina. Ils avaient décidé de jouer le jeu jusqu'au bout, Ren et Gary s'étant d'ores et déjà cachés dans la chambre qui allait les accueillirent.

- Tu penses qu'il va venir ? Demanda Mina avant de tremper ses lèvres dans le breuvage fruité et sucré.

- Honnêtement... Non. Répondit Al après l'avoir imité. Ce devait être un psychopathe qui voulait juste prendre son pied.

- Tu m'avais l'air étrange aujourd'hui.

Ses yeux sondaient son âme, saphir scintillant entre deux battements de paupières sombres. Le maquillage la transformait en une toute autre personne. Une femme séduisante et inaccessible, loin du garçon manqué qui pouvait facilement se montrer effrayant.

- Je n'aime pas les journées qui commencent par un mauvais rêve. Expliqua Almak en évitant de mentionner la véritable cause de son inquiétude. Il y a de grandes chances pour qu'elles se terminent mal.

- Ce n'est pas trop indiscret de te demander de décrire ton rêve ?

- Je n'en garde qu'un vague souvenir. Mentit Al. Il s'agit de mauvaises passes dans ma jeunesse... Je n'étais pas très bon aux jeux de balles. Plaisanta-t-il sans parvenir à sourire.

- Tu es bête... Souffla Mina avec un sourire qui illumina son visage. Bête et mystérieux. Tu me fais un peu pensé à Ren... En moins rigide.

- On est complètement différent. Lui assura Almak.

- Il aurait dit la même chose.

- Sur certains points. Ajouta-t-il. Mais assez parlé des hommes... Parle-moi de toi. D'où viens-tu ? Quel âge as-tu ? Quel est ton dessert préféré ? Pourquoi avoir rejoint la Confrérie ? Et surtout, est-ce que tu as un petit ami ?

- Trop de questions ! Protesta-t-elle, et Almak jura qu'elle rougissait derrière la poudre sur ses joues. On se croirait à un vrai rendez-vous...

- On doit jouer le jeu. Insista Almak.

- Bon... Je viens de la cité de Neriamar, Cité-Mère du Royaume d'Elnath. Tu y es déjà allé ?

- Non, mais j'en ai entendu parlé. Une ville au cœur de la plus grande forêt d'Alesta. La Reine des Loups et son peuple fier, sauvage et libre.

- Donc tu connais. Ensuite c'est... Ah oui, mon âge et mon dessert. J'ai vingt-et-un ans et j'ai un faible pour les fraises à la crème.      -  J'ai rejoint la Confrérie pour défendre ce qui m'est cher, et... Non.

- Non ? Répéta Almak.

- Je n'ai pas de petit ami. Sourit-elle A toi maintenant, mais je remplace la Confrérie par cette question : Que faisais-tu réellement sur ce Vandread ?

Il but une gorgée de vin blanc, tentant de percer les pensées de celle qui ne cessait de le surprendre depuis leur première rencontre. Elle cherchait à le connaître, à le comprendre. Il ne savait pas si c'était l'alcool, mais il la trouvait particulièrement charmante.

- Je risque de te décevoir. Déplora Almak. Je ne sais pas d'où je viens. Je ne connais pas mon âge, mais je pense qu'il est proche du tiens... Par contre je sais par expérience que je peux tuer pour du chocolat. Pour ce qui est de l'incident... Je cherchais des réponses sur ce maudit navire et cela s'est soldée par de multiples complications... Mais le plus important : Je n'ai pas de petite amie.

- Almak l'insaisissable... Souffla Mina en remplaçant la mèche qui se baladait devant ses yeux.

- Jusqu'à ce que mon chemin croise le vôtre. Plaisanta-t-il.

Il y eût un bref silence, où chacun dévisageait l'autre avec un mélange de curiosité et d'admiration. Ils se sentaient bien. Une barrière invisible s'effritait à vue d'oeil, et l'intérêt que se portait les deux êtres les força à détourner le regard, à la fois réticent et effrayé que leurs sentiments les poussent à aller plus loin.

- Et tu as trouvé des réponses ? S'enquit Mina.

- La vie pose plus de questions qu'elle ne donne de réponses. Je ne déroge malheureusement pas à la règle.

- Tu devrais interroger mon père lorsqu'il arrivera. Il en sait toujours plus qu'il ne veut l'admettre.

- Ce n'est pas lui qui est sencé me soutirer des informations ?

- Je lui parlerais. Il comprendra que cette affaire te dépasse. Que dirais-tu de monter et régler cette histoire de voyeur fantôme ? Proposa-t-elle avant de finir son verre.

Almak acquiesça, et ils montèrent au premier étage bras-dessus, bras-dessous, dans une parfaite imitation du couple s'apprêtant à se perdre dans les plaisirs charnelles. Lorsqu'ils firent coulisser la porte de leur chambre, il n'y avait aucune trace de Ren ou de Gary, soigneusement dissimulés dans la pièce.

- Bon... Comment on procède ? Demanda Mina en prenant place sur le lit.

- Et bien, la dernière fois je n'avais pas mes vêtements...

- Très bien. Déshabille-toi alors.

- Claire non plus n'avait pas de vêtements.

- Hors de question. Contra presque immédiatement la jeune femme.

- Pourquoi je devrais le faire et pas toi ? Protesta Al. Ce n'est pas équitable.

- Cette tenue en dévoile déjà beaucoup trop.

- Justement, il n'y aura presque aucune différence.

- Ne me force pas à être méchante. L'avertit Mina.

- D'accord ! C'est d'accord... Céda Almak.

Il ôta tous ses vêtements, hormis son caleçon, pour rejoindre la jeune femme dans le lit. Ils demeurèrent côte à côte sans bouger, contemplant le fond de la chambre sans se regarder.

- On devrait peut-être... Se toucher... Tenta-t-il.

- Oui... Je pense...

- Je... Tu veux être dessus ou bien...

- Oh... Et bien... Comme tu veux...

- C'est comme tu préfères...

 

*

 

Dissimulé sous le lit, Ren plaçait les deux mains sur sa bouche pour ne pas éclater de rire. Le lougacorne attendait dans la chambre d'à côté, prêt à intervenir en cas de fuite de leur cible. Il manquait une discussion frisant le ridicule.

- Je... J'aime bien être dessus...

Ren découvrait une facette de Mina qu'il ne soupçonnait pas. Etait-ce le maquillage qui la rendait ainsi ? Le matelat commença alors à bouger, signe que les deux appâts avaient fait leur choix. Ils ne prononçaient plus un mot, le bruissement des draps se mêlant à leur respiration synchronisée, qui allait en s'accelérant, jusqu'à se stopper subitement.

- Attend... Sussura Mina. Je ne sais pas si...

- Excuse-moi... Je me suis laissé emporté...

Avait-il bien entendu ? Le visage de Ren s'affaissa. Soit ils jouaient parfaitement la comédie, soit cet idiot était en train de profiter de sa coéquipière. Devait-il intervenir ? Le silence était revenu, bien que le matelat recommença à bouger. Ren s'apprêta à jeter un œil sur ce qu'il se passait lorsque la porte coulissa lentement, une étoffe blanche pénétrant dans la chambre sans le moindre son. Le voyeur avait mordu à l'hameçon.

- Mais... Que... Mina ?

Ren, qui s'apprêtait à agir, se figea brusquement. Il connaissait cette voix. Elle appartenait à...

 

*

 

- Papa ?

- Quoi ? S'écria Almak.

Le fantôme au drap blanc s'était immobilisé à deux pas du lit, et l'on pouvait remarquer un trou dans le tissu, où un œil grand ouvert les dévisageait sans sourciller.

- C'était toi ? S'offusqua Mina en quittant sa position à cheval pour faire face au fantôme.

- Qu... Qu'est-ce-que tu fais dans cette tenue ma petite chérie ? Rétorqua une voix grave et rocailleuse, tremblotante et profondément choquée.

- C'est moi qui devrais poser la question ! Gronda la jeune femme, sur le point d'exploser.

- Qui c'est lui ? S'enquit l'homme, une main gantelée émergeant du drap pour le désigner.

- C'est un malentendu ! Se défendit Almak en ramenant la couverture sur son torse. Ce n'est pas ce que vous croyez papa !

D'un geste théâtral, le fantôme révéla son identité, qui se traduisait par un visage charismatique à la barbe négligé, en partie recouvert par une crinière de cheveux noirs aux reflets embrasés, et qui affichait un rictus de fureur à faire froid dans le dos.

- Un malentendu ? Grinça l'homme en penchant la tête sur le côté, une mèche découvrant un cache-oeil qui dissimulait partiellement une longue cicatrice. Comment tu comptes réparer ton erreur ? Comment tu vas te faire pardonner ?

- Ne change pas de sujet ! Protesta Mina.

- Voyons ma chérie ! Il n'est pas fait pour toi ! La supplia son père.

- Ren ? Gary ? Appela Almak. Qu'est-ce-que vous attendez ? Montrez-vous !

L'homme craqua les jointures de ses poings puissant, contournant le lit pour s'approcher de lui.

- Non, non, non... Vous vous méprenez ! Insista Al en plaçant les mains devant sa poitrine.

- Qu'est-ce-que tu faisais sans vêtement avec ma fille ? Siffla-t-il, une étrange lueur dans son oeil bleu électrique. Tu as trois secondes...

- Papa laisse-le ! Intervînt Mina.

- On chassait... Les fantômes ? Tenta nerveusement Almak.

Pour toute réponse, il sentit les jointures douloureusement efficace de l'homme lui percuter la partie droite de son visage, suivit par les protestations de Mina et l'irruption de Gary, qui se jeta sur son agresseur avant qu'Al ne perde connaissance.

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Très bon chapitre !

 

Il s'en est passé des choses dans ce chapitre ! Entre l'étrange rêve d'Almak, la disparition de Deoria qui ne veux plus se montrer, le plan fait à la va vite pour coincer le fantôme et la petite promenade qu'on fait nos 4 voyageurs dans la ville.

Mina montre à Gary et Almak un peu de sa vie durant leurs petites promenades et Ren lui fait l’inattendue rencontre avec le Maréchal Apolys Ru'an, espionne t'il Ren et Mina ?

 

Et d'après les dires de Ren, il en a peur de ce Maréchal, en toute logique il doit être assez puissant ce type.

 

Sinon la nuit tombée le plan pour piéger le fantôme commence, et Mina mets tout le monde en émoi dans sa petite tenue :P, j'ai bien aimé leur petite discussion en tête à tête, et on peut dire que le lien entre les deux se forment de plus en plus, que pensera Déoria ?

La scène dans la chambre m'a bien fait marrer, avec Ren qui rit de Mina et Almak et quelques secondes plus tard, il flippe en pensant qu'il finisse par coucher pour de bon xD. Je me pose la même question aussi :P.

 

Le fantôme s'est révélé être William lol, c'est vraiment un fou le père de Mina, en tout cas Almak s'en souviendra de cette soirée :P.

 

Allez j'attends la suite ! 

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Chapitre vraiment très beau à lire, prenant, alors que l'on n'a pas de révélations extraordinaires ni de mystères. C'est ce qui est fort dans ta manière d'écrire. Je ne suis pas du tout lassé, comme devant un bon roman de fantasy. Tu donnes pas mal de détails succincts sur Elaris en l'occurence, tu t'es bien visualisé les quartiers et ce qu'ils renfermaient, pour le coup le lecteur est pris dans les descriptions.

 

Le passage intrigant a été pour moi le moment où Ren croise Apolys. Je ne m'attendais à ce qu'il y ait un lien entre eux deux. La remarque du Maréchal n'a pour l'instant pas de sens...

 

La complicité entre Almak et Mina est tout à fait naturelle, c'est top !

 

Pour finir, tu m'as eu avec William en fantôme voyeur ! J'étais plié de rire ! ;D

 

Juste un passage (c'est rare dans tes fics.) où j'ai dû m'y reprendre à deux fois dans la lecture : c'est le dialogue à plusieurs intervenants lorsqu'ils mettent en place le plan pour attrapper le fantôme. Je n'avais réussi du premier coup d'oeil à mettre un personnage sur chacune des répliques. 

 

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4.4 – COLOCATION

 

 

Lorsqu'il recouvra ses esprits, Almak était allongé dans un lit propre et  confortable, découvrant une pièce couverte de cartes et surchargée de livres, qu'il ne reconnaissait pas. Il promena son regard de la fenêtre, où perçait les rayons du soleil, à un bureau fourmillant de paperasses, pour finir sur l'homme qui l'avait assomé, ce dernier l'observant d'un œil perçant depuis un fauteuil de cuir rouge, tout en savourant une cigarette à l'odeur entêtante.

- Je suis le Maréchal William Akulatraxas. Se présenta-t-il en expirant un nuage de fumée par les narines.

Almak demeura silencieux, détaillant la joue enflée de son agresseur avec une expression ahurit.

- Tu n'as jamais vu de borgne avec un œil au beurre-noir ? S'enquit-il.

- Non... Avoua Al.

- Ma fille à tenue à ce que je m'excuse pour mon comportement. Cette petite a un sacré tempérament. Aussi, je te prie de les accepter en reconnaissant mes efforts de ne pas t'avoir tué sur le champ.

- Et bien... D'accord, mais j'ai du mal à comprendre...

- Parfait ! Le coupa William. Je voulais juste faire une petite farce mais on dirait que ça n'a pas plu à tout le monde. Plaisanta-t-il.

- Comment le fait de se déguiser en fantôme et faire peur à tout le monde peut plaire à qui-que-ce-soit ? Lança Al, perplexe. Où suis-je ?

- Tu es chez moi. Ren et Mina attendent que ton compagnon sorte de son coma.

- De... Quoi ? S'exclama-t-il. Qu'est-il arrivé à Gary ?

William, dans son armure noire en partie dissimulée sous une cape de voyage sévèrement abîmée, s'étira longuement avant de prendre une position plus confortable.

- Il s'est jeté sur moi... Je me suis simplement défendu.

Comment cet individu pouvait être le chef de Ren et Mina ? Almak avait du mal à le croire. En plus de Deoria, il devait désormais se préoccuper du sort de son compagnon poilu.

- Mais ne t'inquiète pas, ses jours ne sont pas en danger. Le rassura William en fouettant négligemment l'air de sa main.

- Qu'est-ce-que vous me voulez ? S'enquit Almak en mettant fin à la plaisanterie. Vos deux officiers m'ont capturé pour me traîner jusqu'ici sans justification. J'espère que vous avez de bons avocats...

- N'essaye pas de t'en sortir avec ce genre d'idioties. Trancha-t-il. Je te connais mieux que tu ne le crois.

- C'est génial. Le félicita Al avec sarcasme. On a plus rien à se dire alors, je vais pouvoir reprendre ma petite vie tranquille dès que je sortirais...

Il se redressa pour écarter l'épaisse couverture, en fourrure grise, lorsque William l'attrapa par le bras, ses doigts aussi brûlant que des braises immobilisant son corps entier sans qu'Almak ne put l'expliquer.

- Tu n'auras plus jamais la même vie qu'avant. Annonça-t-il d'une voix grave et sévère.

- Qu'est-ce-que vous voulez dire ?

- Où se trouve ta Dëhemos ?

- Comment vous... Lâchez-moi. Ordonna Al.

- Où est-elle ? Insista William en resserrant sa prise, ce qui lui valut une vive douleur à la limite du supportable.

- Je n'en sais rien ! Avoua Almak. Lâche-moi avant que je te brise le bras.

Il le lâcha, lui intimant de rester dans le lit d'un simple mouvement de tête. Al était désormais sur la défensive, agacé par les propos de l'homme, emprunt toutefois de vérité.

- Donc tu ne sais pas où elle se trouve ? Lui demanda William.

- Non.

Almak évita de justesse un coup de poing qui s'enfonça dans la cloison de la chambre, et qui lui aurait probablement réduit la tête en bouillie. Le visage de l'homme était désormais tout proche du sien, froid et impassible.

- Tu as de bons réflexes. Commenta William. Mais tu méritais de te le prendre, surtout après l'avoir abandonnée sans essayer de la chercher.

- J'ai essayé. Se défendit Al. Elle est assez grande pour se débrouiller toute seule.

- Idiot ! Tu n'as pas idée de son importance ! Elle est impliquée dans le programme de défense le plus étroitement surveillé de ce continent !

- De... Quoi ? Souffla-t-il sans comprendre.

- Elle est le résultat de siècles de recherches et de compréhension, impliquant le travail commun des Cinq Royaumes, qui garantissait ainsi une paix relative entre ces derniers, et toi tu la laisses partir sans broncher ?

Almak sentit un terrible poid l'écrasé. Qu'avait-il fait ? Deoria faisait partie de l'héritage de son maître, et il était parvenu à la faire fuir, sur une simple dispute.

- Je ne savais pas...

- Que tu sois au courant ou non ne change rien. Siffla William sur un ton méprisant. Tu l'as abandonné. Tu as brisé votre promesse.

- C'est faux ! Protesta Al. Vous n'avez aucune idée de...

- Silence, lâche.

Cette fois, ce fut William qui stoppa son poing, l'écrasant dans la paume de sa puissante main, rongée par un feu intérieur. Almak avait perdu son calme. Il fusillait du regard l'oeil brillant de l'homme, affichant désormais une hostilitée ouverte.

Ces yeux. Murmura William sans le lâcher. On dirait une bête sauvage aux seuil de la mort, prête à mordre le premier fou qui tenterait de l'aider. Tu comprends encore ce que je dis mon garçon ?

- Qu'est-ce-que vous me voulez ? Gronda Almak.

Ses doigts libérèrent son poing, l'index touchant l'extrémité de sa cigarette pour l'allumer dans un geste tout à fait naturelle. La sensation d'étouffement qu'il dégageait en cet instant titillait tous ses sens, comme en présence d'un danger imminent.

- C'est une affaire très complexe. Répondit William après avoir expirer quelques ronds de fumée, retrouvant un ton calme et détaché. Il y a beaucoup d'intervenants, de connexions... Beaucoup de zones d'ombre, que je tente de percer. Et grâce au travail de Ren et Mina, je viens de faire la lumière sur un mystère qui n'a jamais cesser de me hanter.

Almak garda le silence, intrigué par les dires du Maréchal. Dans quoi le médaillon de son maître l'avait impliqué ? Les péripéties des derniers jours l'avaient éloigné de son véritable objectif. C'était l'une des raisons qui le poussait à voyager seul. Se lier à d'autres personnes impliquait forcément des complications. La semaine passée en était un exemple frappant.

- Je ne vois pas où vous voulez en venir.

- Ma position me permet d'exercer une certaine influence. Lui expliqua William. Je dispose par exemple de nombreux espions, et presque deux fois plus d'informateurs éparpillés dans tout l'Alesta. Mais il arrive parfois qu'un simple citoyen puisse m'en apprendre plus que tout ce beau monde. Ceux qui savent écouter en apprennent beaucoup plus que ceux qui ne cessent de parler.

- Venez-en en but. Le pressa Almak.

- Dans ton cas, il s'agit d'un simple matelot d'Albieros, que j'ai croisé il y a sept ans à l'Aerofort d'Urkab. Il m'avait parlé d'un monstre complètement fou, l'auteur d'un carnage à l'Assemblée d'Albieros.

Al frémit de la tête aux pieds, songeant un instant à s'échapper, se rétractant après avoir croisé le regard de William.

- Ce marin m'a raconté comment un régiment de l'armée l'avait arrêté, aux prix de nombreuses vies. La surprise fut vive en découvrant qu'il ne s'agissait que d'un adolescent miséreux, aussi maigre et décharné qu'un chien errant. Il est dit que malgré les tortures, le jeune homme ne révéla jamais la raison de ses agissements. Trois jours plus tard, après avoir été humilié publiquement, il fut pendu pour ses crimes.

William fit une pause, surveillant sa réaction. Tentait-il de le piéger afin qu'il se dénonce ? Ou ignorait-il encore le fond de cette sombre histoire. Dans les deux cas, le Maréchal attendait sa réponse.

- La justice a tranché. Lâcha-t-il en gardant un visage impassible.

- La justice... Répéta William en écho. Seulement... Les gardes ayant participé à l'arrestation et quelques officiels savaient pertinement que le vrai coupable avait fui avant de monter sur l'échaffaud. L'autre n'était qu'un simple prisonnier, n'ayant commis aucun crime relativement grave, beaucoup plus âgé. Un subterfuge afin de ne pas décevoir tous ces honnêtes gens, venus pour le spectacle.

- Qu'est-ce-que vous insinuez ? S'enquit Almak en s'efforçant de garder contenance.

- Rien ! Lui assura-t-il. Je répète uniquement ce que le marin m'a raconté. Mais son histoire avait soulevé plusieurs questions. La principale étant : Quelles motifs peuvent pousser un adolescent sans antécédent à assassiner cinquante-deux politiciens ? Il est vrai que la majorité des membres de l'Assemblée d'Albieros sont corrompus jusqu'à l'os, mais certaines des victimes étaient considéré comme d'honnêtes hommes. Cinquante-deux est un chiffre impressionnant. Quarante uniquement lors d'une scéance du sénat.  Les douze premiers, de la Chambre Supérieure, ont eut droit à une fleur de Lys. Les autres un bouquet... Il a également abattut treize soldats, avant de s'évanouir suite à ses blessures. Un véritable massacre. Il le croyait possédé. Pourquoi du Lys ? Un règlement de compte ? Une vengeance ?

- Arrêtez... Murmura Almak, parcouru de tremblements incontrôlables.

- Il va de soi que ces politiques aient été remplacé au pied levé. Continua William s'en prendre en compte son intervention. Ce sont des pions. En vérité, l'affaire entière a été étouffé. Le matelot avait un frère dans la Garde du Nord. Un bavard. Comme personne n'arrivait à faire le lien entre la fleur, on a finit par l'appeler le Démon au Parfum de Lys. Les soldats ayant survécu à l'arrestation n'arrivait pas à oublié les yeux de ce tueur impitoyable... Gris comme un ciel d'automne, froid comme la lame implaccable dans le cœur du guerrier. De l'argent sale, tâché de sang...

Il savait tout. Almak se doutait que cette histoire reviendrait tôt où tard le hanter. Il en rêvait si souvent. L'horreur en découvrant l'ampleur de ses actes l'avait à jamais boulversé. Il avait perdu le contrôle. Son âme était à jamais souiller par ces crimes. Il n'avait, par conséquent, absolument rien à perdre.

- Et que comptes-tu faire désormais... Maréchal ? S'enquit Almak avec un sourire forcé, prêt à bondir au moindre mouvement suspect.

- Notre Code voudrait que je t'emmène au tribunal de la Confrérie, où tu serais jugé et très certainement condamné à mort. Rétorqua William sans sourciller.

- Et vous voulez me faire coire que ce ne sera pas le cas ?

- Je connais un Maréchal qui dispose d'un régiment uniquement consacré à ta traque. Lui avoua William. Je prend d'énormes risques si je dois assurer ta couverture.

- Pourquoi vous feriez une chose pareille ? Se méfia Al.

- Il se trouve que je menais à l'époque une enquête interne, sur l'implication de certains officiels d'Albieros dans la traque et l'exécution d'un de mes confrères. Il avait déserté la Confrérie depuis longtemps, et bien que la peine de mort s'applique dans ce genre de situation, aucun ordre de fut donné en ce sens par nos supérieurs qui, crois-moi, trônent au sommet de la Pyramide. Qui l'avait commandité ? J'ai longtemps cherché, sans trouver le moindre indice. Tout cela relevait d'un réseau complexe de manipulations, de directives et de contre-directives, qui accusaient à la fois tout-le-monde et personne... De fausses pistes en somme, placé là pour détourner l'attention des gens qui, comme moi, aiment remuer la merde pour que son odeur révoltent le peuple.  Il n'y avait qu'une seule chose qui ne laissait aucun doute : Là où deux parties devaient être gagnant, l'un avait subit des pertes considérables sans la moindre explication. Enfin... Jusqu'à maintenant.

- Je n'ai rien à voir avec vos affaires. Trancha Almak. Vous avez fait fausse piste.

- Au contraire ! Jubila William en se redressant, tirant le fauteuil à un pouce du lit, un sourire carnassier étirant ses lèvres. Je viens de mettre le doigt sur une pièce maîtresse du puzzle. Pourquoi la livrerais-je à une organisation qui ne sert pas mes intérêts ? Avec un atout de cette taille, je serais en mesure d'imposer mon Royaume sur le devant de la scène... Je briserais l'alliance des Cinq, pour permettre au peuple des loups de vivre sans contraintes, sans supporter l'influence nocives des autres peuplades d'Alesta, qui souillent nos croyances et nos connaissances.

- Vous êtes fou...

- Fou ? S'offusqua le Maréchal. Non... C'est le monde qui est fou. Deux pièces absolument essentielle à la compréhension du Grand Puzzle. Tu ne mesures pas ton importance, et encore moins l'importance de la Dëhemos qui est désormais tienne. La même clef vous relie.

- Vous pouvez pas être plus clair ? S'impatienta Almak.

- Connais-tu ton nom Almak ?

- Je n'ai pas de nom.

- Vraiment ? J'ai pourtant dans cette chambre un papier sur lequel est écrit ton nom, suivit d'une date d'adoption, ce qui te relies directement à une famille de grande renomm...

- C'est impossible.

Le cœur d'Almak venait de remonter brusquement dans sa gorge, si bien qu'il avait l'impression d'en sentir le goût. Qui était réellement cet homme ? Qui était-il, pour lui révéler des informations sur son passé, que lui-même ignorait.

- C'est un fait, Almak Alkadia.

Ce nom... Al avait l'impression de suffoquer sous l'émotion. Il cligna des paupières pour chasser les larmes qui lui montaient aux yeux, encore secoué par l'attention de son maître.

- Quand... A-t-il...

- Les documents ont été fait à Neriamar, par un certain Aldan Alkadia, ancien Maréchal de la Confrérie. Il y a seize ans. L'éclaira William en affichant un air grave. Ton âge officiel. Comprend-tu maintenant pourquoi je porte autant d'intérêt à celui qu'on appel dans le Nord, « Le Démon au Parfum de Lys » ? Qui était le précédent hôte de ta Dëhemos ?

- Elle serait... Son héritage ?

- En quoi ce serait si étrange ? Lui retourna William. Je vois qu'il t'en a déjà laissé deux, et pas des moindres... De quelles couleurs sont tes yeux à l'origine ?

Almak se garda de répondre, abassourdis par la perspicacité du Maréchal. Mina l'avait prévenue. William détenait la réponse majeure, celle qu'il cherchait depuis des années. Il en était persuadé, ce qui lui valut la prochaine question, une lueur froide dans le regard.

- Qui sont les responsable de la mort d'Aldan ?

William se recula pour étirer ses bras, avant de sortir un paquet de tabac de sa cape usée.

- Mon enquête n'a jamais aboutie. Il existe, à ce jour, une seule personne qui détient la réponse à ta question.

- De qui s'agit-il ? S'enquit Almak en pensant déjà connaître la réponse.

- Tu peux entrer ! Lança simplement l'énigmatique Maréchal.

La porte de la chambre grinça, la silouhette d'une jeune femme en robe blanche émergeant du cadre pour s'avançer timidement, ses cheveux d'or dansant au rythme de ses pas.

« Deoria... » L'appela Almak en sentant un poid se décharger de ses épaules.

- Je suis désolé d'être partie. S'excusa-t-elle en baissant la tête.

- Non, c'est à moi de me faire pardonner. Lui assura-t-il sans prendre en compte la présence de William. Je n'aurais pas dû te parler comme ça... Je commençais à me faire du soucis...

- Je sais que je peux être encombrante parfois... Sourit-elle en regardant le sol. J'ai aussi aidé William à faire cette stupide blague...

- Ce n'est pas... Attend... Quoi ? S'offusqua-t-il. C'est quoi cette histoire ?

- C'était moi la première fois, avec Claire...

- L'idée venait de moi. Avoua le Maréchal avec un étrange sourire.

- Vous pouvez la voir ? S'étonna Almak. Il peut te parler ? Ajouta-t-il à l'adresse de sa petite voix.

- Il m'a tout expliqué. Révéla-t-elle. Cet homme connaissait Aldan. On peut lui faire confiance.

- Je peux la voir, lui parler, mais pas l'entendre. Lui apprit William.

- Mais Ren et Mina...

- A ma connaissance, je suis le seul à avoir ce privilège.

- Son œil. Lui souffla-t-elle. 

Le Maréchal se tourna vers Deoria, légèrement déçu.

- Je voulais lui faire deviner. Marmona-t-il en rangeant son paquet de tabats, avant d'allumer sa cigarette fraîchement roulée à l'aide de son petit doigt.

- Elle ne se souvient de rien. Intervînt Almak.

- Ce n'est pas très gentil...

- Vous avez dit qu'une seule personne connaissait l'identité des responsables de la mort de mon maître. Mais elle ne se souvient de rien.

- Pour l'instant. Le corrigea William. Il est impossible d'effacer la mémoire d'un Dëhemos. Il se trouve que la tienne est actuellement l'être le plus recherché par la Confrérie, et par conséquent des Cinq Royaumes. Ton identité demeure pour l'instant inconnue des hautes autoritées, et je suis le seul gradé à avoir fait le rapprochement entre Aldan, sa Dëhemos, et le massacre du Démon au Parfum de Lys. Mais tes exploits dans l'incident de l'Eliade ont réduit à néant les chances de te cacher.

- Ce n'était pas dans mes intentions... Lâcha Al en croisant le regard de Deoria, qui lui adressa un sourire chaleureux, étrangement réconfortant après cette longue série de révélations, responsable d'un sérieux mal de crâne.

- Ce qui est d'autant plus étrange... Songea William. Mina m'a rapporté que ta présence était le fruit du hasard. Je la crois et par conséquent, je te crois. Même si tu as omis de lui mentionner la fonction de ton médaillon.

« Je peux lui demander quelque chose sur toi ? » S'enquit Almak à sa petite voix.

Deoria acquiesça, avant de s'approcher près du lit pour déposer un baiser sur sa joue.

- Cligne des yeux. Susurra-t-elle à son oreille.

Il s'exécuta, constatant sa disparition le temps d'un battement de cils. Almak sentit aussitôt la présence chaleureuse se répandre dans ses pensées, chassant certaines douleurs de son corps blessé, qui étaient réapparues lors de leur séparation.

- Que faisait ma Dëhemos dans ce Vandread ? Pourquoi a-t-elle été séparé d'Aldan ?

- Je ne connais pas la réponse à la première question. Et il n'existe que deux méthodes pour rompre le pacte avec un Dëhemos : La mort est le cas le plus courant. L'autre m'est inconnue.

- Que représente-t-elle pour la Confrérie ?

William s'apprêta à rétorquer, se rétractant presque aussitôt, comme pour réfléchir. Almak avait sans doute touché un point sensible. Le Maréchal prit le temps d'inspirer une grande bouffée de tabac, la relâchant par petits ronds, dont l'un s'embrasa avant de disparaître dans l'air.

- Sais-tu combien de Chasseurs travaillent pour la Confrérie ? Lui retourna-t-il.

- Non.

- Plus de trois mille. Chaque année l'Académie d'Elaris accepte quinze candidats au concours de recrutement, sur cinq-cent étudiants. Sur ces trois mille hommes et femmes, qui forment l'Elite guerrière des Cinq Royaumes, seul une cinquantaine ont le privilège d'être l'hôte d'un Dëhemos, avec une moyenne de cinq « élus », tous les dix ans. Tu comprendras, Almak, par ces simples statistiques que sceller un pacte avec un Dëhemos est un privilège étroitement surveillé, et que seule une poignée d'individus, soumis à des conditions très strictes, peuvent y prétendre. Et selon les codes des personnes en chargent de choisir ces élus, tu n'en fais partis. Donc pour répondre à ta question, chaque Dëhemos représente une pièce essentielle du Grand Puzzle, dont seule la Confrérie est en droit de résoudre.

  « Je n'aime pas trop ses comparaisons. » Glissa Deoria.

- Et qu'est-ce-que ça implique ? Pour nous je veux dire...

- Pour commencer, personne, hormis les trois personnes qui t'accompagnais et moi-même, ne doit être au courant pour ta Dëhemos, ni de tes liens avec Aldan.

- Mais... Les documents concernant mon adoption...

- Je suis le seul à détenir l'original. Les autres copies qui te mentionnent sous un faux nom, avec une petite croix à côté.

- Donc je suis mort. Comprit Almak.

- Officiellement. Le corrigea William. C'est un terme que nous employons pour dissimuler les subterfuges. Ensuite, nous devons te cacher le temps que je trouve un moyen de t'intégrer à la Confrérie. Ce qui ne sera pas une tâche aisée. Je vais devoir orchestrer une fausse recherche, et te faire passer pour un hôte illégitime.

- Illégitime ?

- Qui n'a pas été choisit par la Confrérie. L'éclaira-t-il. C'est assez rare. Je n'en connais que deux autres, dont l'un a participé à ton enlèvement.

- Vous parlez de Ren ? Devina Almak.

- Mon jeune lieutenant. Un cas spécial... Mais je ne veux pas t'en parler. Je vais finir sur un point pratique : Tu vivras dans cet appartement jusqu'à nouvel ordre, avec ton loup, qui en sait beaucoup trop.

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée... Il risque d'y avoir des tensions...

- Ce point n'est pas discutable. Trancha William. Tu as plongé la Confrérie dans une crise durable. Tu en subit les conséquences. De plus, Ren et ma fille sont déjà au courant. Je les ai choisit pour assuré ta sécurité.

- Je n'ai pas besoin que l'on assure ma sécurité. Protesta Almak.

- Vu le nombre de cicatrices qui sillonnent ton jeune corps, je pense fermement le contraire. Lui assura le Maréchal en expulsant sa fumée entêtante sur le visage. Tu as des questions ?

- Que sont les Dëhemos ?

- Je blaguais. Rétorqua William. Je dois faire mes excuses à Jessy et prendre un peu de bon temps avant de retourner bosser. Je te laisse méditer mes paroles.

« Il veut dire digérer. »

« Je pense qu'il en sait plus qu'il ne le prétend. » Confia Deoria.

Le Maréchal se leva pour sortir de la pièce, retournant sur ses pas au dernier moment.

- J'oubliais une chose... Si tu es tenté de me désobéïr, rappel-toi de ce que je sais sur le Démon au Parfum de Lys. Et sais-tu pourquoi tu es le seul à pouvoir l'entendre ?

- A cause de notre promesse ?

- Qui d'autre, à part toi, connait son nom ? Lança William en franchissant la porte de la chambre, la main droite levée en signe d'adieu.

      « Il est dangereux. »

« Bien plus que tu ne le crois. » Conforta sa petite voix. « Mais tu as fais le bon choix en restant avec le garçon et la fille. »

Almak relâcha ses muscles, crispés nerveusement durant toute la conversation, pour s'allonger plus confortablement sur le matelat. Il passa les bras derrière la tête en fixant un sabre à la lame noire, exposée sur son présentoire dans un coin de la pièce.

« Je pense qu'aucun choix n'est bon ou mauvais... » Souffla-t-il.

« Je sais quand tu mens. » Rappela-t-elle.

Il fit semblant de s'endormir, profitant au passage du long silence qui suivit pour trier les nombreuses informations délivrées par le Maréchal. Almak n'en revenait toujours pas que son maître l'ait adopté. Le geste le touchait profondément. Il se sentait à la fois rassuré et honteux. Rassuré, pour avoir toujours considéré Aldan comme son père, et que celui-ci le reconnaisse en tant que fils. Honteux, de ne pas être un homme à la hauteur de ce dernier.

« Deoria ? » Appela Almak.

« Je t'écoute. »

« Merci d'être revenue... »

 

 

 

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Sacré chapitre !

Comme pour Almak, je dois prendre du temps pour tout enregistrer et mettre à sa place. On apprend pas mal de choses de la part de William, et dégage une aura ardente.

J'ai ma réponse à cet étrange rêve d'Almak : c'est donc un évènement passé traumatisant, je ne m'y attendais pas. Ce massacre a encore des secrets à nous révéler. Les raisons qui ont poussé Almak a tuer tous ces politiciens, par exemple.

William aurait un œil spécial tout comme ceux d'Almak. Je me demande si Aldan n'avait pas choisi Almak pour sa cécité, et faire l'expérience des yeux artificiels sur lui...

William sait beaucoup de choses, vu qu'il dirigeait l'enquête sur Aldan. On voit aussi qu'il n'a pas confiance en la Confrérie.

Ensuite, Ren serait un illégitime, ça lui donne un peu plus d'intérêt puisqu'il se démarque des autres chasseurs. Et tu nous dis qu'il y en aurait un deuxième dans ce cas là, pourquoi pas un Maréchal ? Apolys ?

 

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Comme Bloody le dit un sacré chapitre !

 

Il y pas mal de révélations dans ce chapitre et l'aura de puissance et d'assurance que dégage William est vraiment ressenti.

Il en connait un rayon sur Almak et c'est pas rien, il sait qu'il est l'auteur du grand massacre sur ses hommes politiques, ainsi que sur Aldan.

Je me dis que William et Aldan devait avoir un relation assez proche tout en étant secrète et je pense que Almak a commis ce massacre par vengeance ou par une quelconque force qui le possédait à ce moment là, à travers ses yeux, je me dis aussi que ce sont les yeux d'Almak qui vont amener une grande catastrophe dans leur monde.

William a un oeil spécial aussi qu'est ce c'est exactement ses yeux ?

 

On apprend aussi que Ren a été choisi par un Dehëmos, il devient encore plus intéressant et intrigant, j'ai vraiment envie de connaitre son passé, mais ça sera pour bientôt. Et la deuxième personne comme Bloody, il doit être un Maréchal ou peut être Aldan ???.

 

J'attends la suite !

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  • 2 weeks later...

4.5 – OWEN BLAKE

 

 

- Alors ? S'enquit Mina lorsque son père traversa le salon.

- Tout est réglé ! Lança-t-il en contournant le canapé où était allongé le lougacorne inconscient pour se diriger vers la cuisine ouverte, attrapant une bouteille d'alcool qui reposait dans un immense bac à glace. Il n'a pas fait le malin. Ajouta-t-il en se servant un verre au bar qui séparait les deux espaces, écrasant sa cigarette dans un cendrier, qu'il examina avec attention. Tu as fais ça quand tu avais quel âge ? Cinq ans ?

- Il va bien ? Demanda-t-elle en ignorant la question.

- Il a tout encaissé. Mais je pense que tu ne le verras pas de la journée.

Mina posa le livre qu'elle lisait sur une table basse, quittant son fauteuil en cuir pour rejoindre son père, qui roulait une cigarette en jetant un œil à l'Echo Public, le journal d'Elaris.

- Tu fumes trop. Le réprimanda-t-elle. Et tu bois trop.

- Papa a beaucoup de soucis. Contra-t-il. Où est Ren ?

- Il est sortit s'entraîner. Je crois qu'il n'a pas digéré le fait qu'Almak habite ici quelques temps.

- C'est un jaloux. Sourit William avant de prendre un air grave. Tu me préviens si notre invité tente encore de te violer, je rappliquerais aussitôt.

- Violer... Soupira Mina. Tu es désespérant. Et si je t'annonçais que j'aimerais me marier avec lui ?

William cracha le contenu de son verre sur la surface du bar, se précipitant vers une commode du salon pour s'emparer d'un portrait représentant une femme élégante et souriante, de longs cheveux blancs encadrant un visage jeune et gracieux.

- Pardonne-moi chérie ! Supplia-t-il. Je ne suis pas digne !

- Je te faisais marcher. Pose Maman et arrête cette comédie. Le gronda Mina.

- Tout va bien... Fausse alerte. Prononça avec douceur William en reposant le tableau à sa place, avant de rejoindre sa fille.

- Au fait... Tu as eu de ses nouvelles ? Demanda-t-elle avec une certaine réticence.

L'expression de son père l'effraya un court instant, le temps que ce dernier reprenne contenance, pour lui répondre sur un ton dénué d'émotions.

- Aucune. Il sèche toujours les réunions.

- Le Maréchal Alkadia ne t'en parle pas ? Osa-t-elle malgré la dégradation soudaine de l'atmosphère.

- Même lui n'a aucune idée de ses faits et gestes. Lâcha sombrement William. J'ai peur qu'il soit mêlé à notre affaire... Je suis désolé mon poussin, mais je vais être en retard si je ne retrouve pas Jessy à l'auberge...

- Tu devrais être à la Confrérie depuis presque trois heures... Remarqua-t-elle.

- C'est ce que je dis ! Lança-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence.

Puis il lui embrassa rapidement les cheveux pour quitter l'appartement, gardant l'habituelle mauvaise nouvelle pour la fin.

- Ne m'attendez pas pour le dîner ! Je risque de rentrer tard !

- Evite de semer tes dettes n'importe où.

La porte se referma, laissant Mina seule avec Almak et Gary, ce qui revenait au final à être seule. Elle se dirigea vers la commode où reposait le portrait de sa mère, ouvrant un tiroir pour en sortir la dernière peinture sur laquelle travailla cette dernière. La scène représentait un beau garçon aux longs cheveux argentés, portant sur ses épaules une fillette en robe verte. Les deux avaient des yeux bleus et pétillant, affichant un grand sourire. Le dernier qu'elle contempla sur le visage de son frère.

 

 

*

 

 

« Tu es sûr de vouloir sortir ? »

« Prendre l'air ne me fera pas de mal. »

Almak enfila sa veste blanche avant de quitter la chambre. Il emprunta un couloir percé de quatre portes, aux cloisons de bois, lui donnant l'impression de se trouver dans un chalet de montagne. Au bout, une arche donnait sur une vaste pièce, d'où filtrait une douce mélodie de cordes pincées, un chant clair et mélancholique s'amplifiant à mesure qu'il approchait.

« Elle a une belle voix. » Concéda Deoria.

Il était parfaitement d'accord, retardant son entrée pour écouter Mina jouer et chanter, enchaînant les notes avec dextérité sur sa guitare. Al attendit la fin de la représentation pour se dévoiler, applaudissant la performance avec le plus beau sourire qu'il pouvait étirer dans son état.

- Je ne te savais pas musicienne.

Ses grands yeux bleus en amandes s'étaient écarquillée. Elle semblait surprise, renversant un verre d'eau avec le manche de son instrument en tentant de le ranger un peu trop vite.

- Je suis désolé de t'avoir réveillé. S'excusa-t-elle en ramassant les bris de verre sur le sol. Mon père a fait partit d'un groupe quand il était jeune... La musique a bercé toute mon enfance.

- Sérieusement ? S'étonna Almak.

- Regarde un peu dans le coin. Ajouta-t-elle en se dirigeant vers la cuisine ouverte pour nettoyer sa maladresse.

Al détailla le salon, plus particulièrement l'emplacement que Mina lui avait indiqué, où trônait une contrebasse et un violon, ainsi que deux autres guitares.

« Il ne peut pas être si mauvais que ça... » Remarqua Deoria.

« En te basant uniquement sur le fait qu'il est musicien ? »

Cependant, Almak devait reconnaître qu'il n'imaginait pas une telle facette chez cet homme. Il y avait également beaucoup de tableaux accrochés aux murs, de toutes les tailles, et représentant pour la majorité de magnifiques paysages forestiers, souvent agrémenté de loups ou de fêtes en plein air, à l'ombre d'un arbre gigantesque.

- Ton père est peintre ? Demanda Al en s'installant sur un coussin près du divan, où reposait son compagnon à corne.

- Non, les tableaux sont de ma mère. Rétorqua Mina en reprenant place sur le fauteuil, deux verres à la main, dont l'un tendu à son attention.

- Elle habite avec vous ?

- Non, elle est monté au ciel.

- Désolé... Je ne savais pas...

- J'étais toute petite. Le rassura-t-elle avec un sourire triste. Je n'en garde que peu de souvenirs.

Al préféra ne pas insister, sentant qu'il touchait à un sujet sensible chez la jeune femme. Un silence gêné s'interposa entre eux. Almak se doutait que William avait tout révélé à sa fille concernant son passé, et à vrai dire, il s'était attendu à ce qu'elle le questionne à ce propos. Il eut subitement l'envie de tout lui dire. Lui raconter quel monstre il avait été, quelles circonstances l'avaient poussé à devenir un meurtrier en puissance. Mais tout ce qu'il put prononcer fut :

- Tu sais désormais ce qui me lie à vos affaires.

- Oui. Se contenta-t-elle de répondre. Tu étais le disciple d'Aldan aux Cheveux Blancs. Tout s'explique.

- C'est-à dire ?

- Il t'a laissé sa Dëhemos. Argumenta-t-elle en sirotant son jus de fruit. Il devait penser que tu étais le seul à pouvoir assumer ce rôle. Papa se doutait que son ancien camarade avait laissé un héritage derrière lui.

- Son camarade ?

- En effet. Ils sont entré à la Confrérie la même année. Leur parcours est quasiment identique. Il était le violoniste de son groupe. Et comme mon père à rencontrer ma mère grâce à leur musique, il a choisi Aldan comme témoin de son mariage.

« Voilà qui explique pourquoi William est de ton côté. »

Almak demeurait silencieux, encore sous l'émotion d'apprendre autant de détails sur son maître en si peu de temps. Ainsi, il avait la confirmation que ses récentes mésaventures étaient loin d'être le fruit du hasard.

- Maître... Je veux dire, Aldan, faisait partie d'un groupe avec ton père ?

- Ils étaient jeune. Sourit Mina. Mais papa connait beaucoup plus de détails que moi à ce sujet. Je te laisserai lui demander.

- Il ne l'a pas mentionné pendant notre discussion...

- Il était pressé... Souffla-t-elle. Il ne tient pas en place. Toujours en mouvement, à part pour boire et fumer son herbe en compagnie de jeunes femmes...

Une ombre passa sur son visage. Mina semblait visiblement contrariée par les mauvaises habitudes de son père.

- Mais je lui pardonne ses défauts. Ajouta-t-elle. Il a souffert toute sa vie... Et encore aujourd'hui...

- Que veux-tu dire ?

- Rien... Susurra-t-elle. Que dirais-tu de rendre visite à notre propriétaire ?

L'image du vieil homme braillant par sa fenêtre revînt à la mémoire d'Almak, qui hésita avant d'accepter la proposition, cédant en n'ayant rien de mieux à faire dans l'immédiat. Gary remua dans son sommeil lorsqu'ils se levèrent, lui rappelant les mots de William.

- En fait, il est juste en train de dormir ? S'enquit-il.

- Oui. Pourquoi ?

- Ton père m'a dit qu'il était dans le coma.

- Il n'a qu'une bosse aussi grosse que sa corne. Lui expliqua-t-elle. Il devrait être réveillé à notre retour.

« Nous l'avons entraîné dans un sacré pétrin... » Se désola sa petite voix.

« C'est lui qui a souhaité nous suivre... Je suppose qu'il se sentait seul dans sa maudite forêt. »

« Ou peut-être qu'il aura un rôle à jouer, à l'avenir... »

« Sans aller jusque là. »

Almak suivit Mina jusqu'à la porte de l'appartement, qui donnait directement sur un escalier en colimasson. Bien qu'ils vivaient au dernier étage, des marches donnaient sur le toit du bâtiment ancien, et la jeune femme lui révéla que son père organisait une fois par an un repas de quartier en plein air, le jour du solstice d'été. Elle termina sa phrase en arrivant devant la porte du propriétaire, frappant trois petits coups avant de se tenir à côté de lui.

- J'veux pas de vos merdes bande de voleurs ! Les insulta une voix éraillée.

- C'est moi Papi !

La porte s'ouvrit brutalement, dévoilant un vieil homme en peignoir, avec une hache à la main. Ses cheveux gris et emmêlés tombaient par mèches sur son visage ridé, deux yeux ambrés les dévisageant avec méfiance.

- Petite colombe ! S'exclama-t-il, avant de brandir son arme en direction d'Almak. T'es qui toi ?

- Ne t'inquiète pas, c'est un ami. Le rassura Mina sans lui laisser le temps de répondre. Un nouveau colocataire.

- Vraiment ? Siffla le vieil homme en le détaillant des pieds à la tête. On dirait un voleur particulièrement attardé... Enfin... Owen Blake ! Se présenta-t-il en baissant sa hache pour tendre la main.

- Almak. Enchanté de vous...

- C'est ça... L'interrompit le propriétaire pour les inviter à entrer. Garde tes formules d'hypocrites pour les connards de cette cité.

« Il est taré. »

« Je le trouve mignon. » Le contredit Deoria.

« Tu... Quoi ? Il est en train de se décomposer ! »

« J'ai pas dit séduisant, juste mignon. » Le corrigea-t-elle.

Ils pénétrèrent dans un salon aussi vaste que celui de Mina, des piles de journaux et toutes sortes de récompenses accrochées aux cloisons. Il y avait également deux chats reposant sur un fauteuil, que le vieil homme chassa pour s'installer.

- Saloperies ! Grogna-t-il en leur faisant signe de s'installer sur un canapé en fourrure grise.

- Comment ça va Papi ? S'enquit Mina tandis qu'Almak se faisait tout petit.

- Mes articulations sont rouillées et j'ai l'impression de pisser de l'acide, mais sinon ça va. Rétorqua Monsieur Blake. D'où tu le sors ton copain ?

- Nos chemins se sont...

- J't'ai demandé quelque chose délinquant ? Trancha-t-il en lui jetant un regard noir.

- Il est sous notre protection. Répondit Mina avec un sourire amusé.

- C'est un peu exagéré...  Lâcha Al avant d'être immédiatement réprimandé par Monsieur Blake.

- Laisse-la parler merdeux !

- Il a raison Papi. Intervînt Mina. C'est une affaire assez compliquée... Mais je voulais te le présenter, comme il va rester avec nous quelques temps... Je peux préparer du thé ?

- Tu sais bien que tu n'as pas besoin de demander petite colombe. Rétorqua chaleureusement Monsieur Blake.

Elle les laissa seuls pour se diriger vers la porte de la cuisine, et Almak ne put supporter plus longtemps le silence pesant qui s'était installé à son départ. Owen Blake le regardait avec une grimace contrariée, comme s'il venait de faire une bourde.

- Donc... Comme ça vous êtes le propriétaire de l'immeuble ? Tenta Al pour détendre l'atmosphère.

Il se contentait de le fixer sans répondre, déclenchant chez le jeune homme un malaise grandissant. 

« Il lui faut combien de temps pour préparer du thé ? »

« On dirait que ses yeux vont t'aspirer. » Remarqua Deoria.

- Tu joues au échecs ? Lança soudain Monsieur Blake.

- Et bien... C'est-à-dire...

- Répond par oui ou par non ! Brailla-t-il.

- Oui... J'ai déjà...

- Ne te perd pas dans des explications ! Ah les jeunes... Se lamenta-t-il en quittant son fauteuil. Trois plombes pour en venir au but...

Monsieur Blake coutourna la table basse qui les séparaient pour se diriger vers une armoire, retrouvant sa place quelques secondes plus tard avec une malette entre les mains.  Perplexe, Almak l'observa mettre en place un jeu d'échec en bois, finement sculpté, sans la moindre envie de jouer une partie avec ce vieil homme dérangé.

- L'anticipation... Gromela Monsieur Blake. De la patience et de la stratégie. Oui... Un combat sans merci... Voilà ce que sont les échecs, ignorant !

- Je n'ai jamais dis le contraire. Se défendit Al.

- Qui t'a donné la parole ? S'énerva-t-il. On ne connait réellement un homme qu'après l'avoir combattu. Lorsqu'ils croisent le fer, leurs esprits se croisent aussi. On peut alors lire en lui comme dans un livre... Crois-moi Alfred, les pires ennemis sont ceux que l'ont ne connais pas.

- En fait, c'est Almak.

- T'es un vrai moulin à parole ! S'offensa le vieil homme. J'ai pas le temps d'en placer une à force de t'écouter m'interrompre !

« J'ai envie de me tirer d'ici. »

« Allons... Il n'est pas si terrible. » Le rassura Deoria.

- Tiens ! Tu as trouvé un nouvel adversaire ? Lança Mina en faisant son retour avec une bouilloire et trois tasses.

- Ton ami a insisté. Sourit Monsieur Blake avant de jeter un regard menaçant à Almak, qui s'apprêtait à le contredire.

- Je ne te savais pas joueur d'échecs. Le félicita la jeune femme en leur servant du thé.

- Moi non plus...

Al accepta à contre-coeur de débuter la partie, avançant un pion sans réfléchir. Le vieil homme sembla le remarquer, ce qui lui déclencha un brusque accès de colère.

- Ce n'est pas un jeu ! Brailla-t-il en frappant du poing le plateau, renversant les pièces au passage. On recommence !

Mina gloussa silencieusement lorsqu'Almak lui jeta un regard ahurit, ses yeux gris écarquillés à leur paroxysme.

- Et si je te surprend à bouger un pion sans réfléchir, ma hache est à portée de main... Le menaça Monsieur Blake après avoir replacé les pièces correctement.

- Au fait Papi, mon père est passé te voir pour le loyer ? Demanda Mina tandis qu'Al faisant semblant de préparer une stratégie.

Pour toute réponse, le vieil homme sortit un bout de papier, sur lequel William avait griffoné une phrase en toute hâte : « Tu penseras à réparer la sonnette. »

- Je vois... Soupira la jeune femme.

- Je devais déjà être sénile quand j'ai choisis ton père comme successeur. Grogna Monsieur Blake.

Almak ne put s'empêcher de vérifier si le vieil homme avait bien dit ce qu'il venait d'entendre.

- Vous êtes le précédent Maréchal de la Division ?

- Papi était très connu à la Confrérie. L'informa Mina.

- Pourquoi ça t'étonne ? Tu t'y attendais pas Albert !

- Almak. Corrigea-t-il en bougeant son cavalier. C'est votre tour vieil homme.

Monsieur Blake concentra dès cet instant toute son attention sur la partie. Il étudiait méticuleusement les possibilitées avant de jouer une pièce, étirant ses joues ridées avec assurance lorsque venait le tour d'Almak. De longues minutes s'écoulèrent jusqu'au cinquième tour, où la reine du jeune homme se trouva dans la diagonale du roi de Monsieur Blake, après que ce dernier est avancé un pion par mégarde.

- Echec et Mat.

Le vieil homme demeura un bref instant silencieux, avant de s'emparer brutalement du plateau pour l'écraser sur le visage d'Almak.

- Non mais vous êtes malade ! S'indigna-t-il après avoir renversé son thé dans l'agitation qui suivit.

- Bordel de merde ! S'écria l'ancien Maréchal. J'étais supposé t'écraser pour t'apprendre une leçon gamin !

- Je n'ai même pas joué sérieusement ! Contra Al. C'est une farce !

Il se tourna vers Mina pour avoir son soutient, mais cette dernière buvait tranquillement dans sa tasse sans être dérangé par l'embrasement de la situation.

- On recommence ! Ordonna Monsieur Blake.

- Non, non, non... Pas de « on recommence » ! Plus jamais ! Il faut vous enfermer vieil homme ! On peut partir Mina ?

- Comme tu veux.

Almak attendait la jeune femme vers la porte, impatient de quitter l'appartement. Il savait qu'il n'aurait pas dû accepter de suivre Mina. Ses relations avec le propriétaire étaient désormais irrémédiablement dégradées. Du moins, c'est ce qu'il croyait, jusqu'à ce que ce dernier n'escorte Mina jusqu'à la sortie, pour tendre la main dans sa direction, un sourire aux lèvres, qui le rajeunit d'une dizaine d'années.

- Tu n'es pas aussi idiot qu't'en a l'air. Reviens quand tu veux. Lança-t-il juste après avoir retirer sa main lorsqu'Almak concéda à la serrer.

Monsieur Blake leur ferma la porte au nez, laissant le jeune homme et sa main tendue  dans une position ridicule.

« Il faudra revenir. » S'enjoua Deoria.

« Abandonne cette idée. »

- Alors ? S'enquit Mina tandis qu'ils remontaient les marches.

- Alors quoi ? Répéta Almak sans comprendre.

- Qu'est-ce-que tu penses de lui ?

- Je préfère ne pas être vulgaire.

- Il te testait. Lui expliqua-t-elle. C'est vrai qu'il s'emporte parfois... Mais c'est une personne adorable quand tu le connais. D'ailleurs, je crois que tu lui as fais bonne impression...

- On ne doit pas avoir la même définition d'une « bonne impression »...

Mina se contenta de sourire, insérant la clef dans la porte de son appartement, lorsqu'un détail lui déclencha un froncement de sourcil.

- C'est étrange... J'étais certaine de l'avoir verrouillée...

- Peut-être que Ren...

- Il m'a dit qu'il ne rentrerait pas avant la tombée de la nuit.

- Gary ? Tenta Almak.

Elle lui intima de se taire, poussant délicatement la porte pour pénétrer dans le salon avec prudence. Des bruits de casseroles les alertèrent, une odeur particulièrement délicieuse se diffusant de la cuisine ouverte, où deux silouhettes s'activaient autour des fourneaux et autres planches garnies d'ingrédients et de légumes.

- … N'en met pas trop Gary...

- Ne vous en faîtes pas cher ami, contrairement aux apparences, je n'ai pas la patte lourde !

- Patte légère et griffes aiguisées ! Tu es fais pour être cuisinier !

Le rire exagéré de l'inconnu et les grognements du lougacorne s'unirent face à l'incompréhension d'Almak, et le sourire subitement crispé de Mina.

- C'est qui ? Chuchota-t-il.

- Personne... Grinça-t-elle avant de se dévoiler à l'intrus, le poing droit étroitement serré. Comment tu es rentré Rhodry ? Ajouta-t-elle d'une voix froide et maîtrisé.

Le dénommé Rhodry se retourna brusquement, sans pour autant stopper son movement, qui consistait à battre energiquement des blancs d'oeufs. Il n'était guère plus vieux qu'Almak, bien que son visage lisse et imberbe lui donnait des airs d'adolescent. Malgré le fait qu'ils venaient le surprendre à cuisiner avec un lougacorne, un tablier couvert de petits cœurs par-dessus une armure de cuir légère, il affichait une expression curieusement joviale, confortée par une houpette blonde qui dépassait de ses cheveux courts et hérissés.

- Le dîner est presque prêt Mina... Souffla-t-il en se rapprochant de la jeune femme. Tout ce temps sans pouvoir contempler ta perfection a faillit me tuer.

« Il aurait put être romantique s'il posait le saladier. » Commenta sa petite voix.

« Est-ce-qu'il y a une seule personne saine d'esprit dans cette ville ? »

- Mademoiselle ! Almak ! Se réjouit Gary en venant à leur rencontre. J'étais effrayé de vous avoir perdu en me réveillant dans ce taudis ! Fort heureusement, ce jeune brave est arrivé et m'a tout expliqué. Ainsi donc, il s'agit de votre fiancé Mademoiselle Mina ?

Al ressentit comme une décharge. Quelle était cette sensation en cet instant ? Il détaillait Rhodry avec un étrange mépris, sans raison apparante.

- Fiancé ? Releva Mina en faisant craqué ses jointures.

- Enfin, ça ne serait tarder ! Rectifia Rhodry avant de rire nerveusement, pour aussitôt ajouter : J'ai préparé un véritable festin pour le dîner ! Pour commencer, petits canapés de saumons et foie gras aux oignons confis. Puis nous enchaînerons par... Hey ! T'es qui toi ? Qu'est-ce-qu'un laidron tel que toi fait avec Mina ?

Il venait de remarquer Almak, pointant son batteur dans sa direction, le fixant avec méfiance de ses grands yeux bleus.

- Tu m'insultes là ? S'énerva brusquement Al. Tu te prend pour qui ?

- Ah je vois ! Lança Rhodry en faisant mine de comprendre. Tu crois que tu peux séduire les petites copines des autres sans en subir les conséquences ? C'est quoi ces yeux ternes ? Et les cheveux décoiffés s'est passé de mode depuis des lustres ! Le railla-t-il.

- Tu veux mourir ou quoi ? Le menaça Almak.

- Allons, inutile de s'emporter ! Intervînt Gary, qui sentait que la situation dégénérait.

Mais ils furent tout les trois devancés par Mina, qui attrapa Rhodry par sa houpette pour le traîner douloureusement jusqu'à la fenêtre de la cuisine, où elle le jeta du troisième étage dans un fracas de verre brisées. Un silence pesant suivit, tandis que la jeune femme se lavait tranquillement les mains sous les regards abassourdis d'Almak et Gary.

« Elle vient de le tuer ! »

« En même temps il l'a cherché... » Glissa Deoria.

- Tout va bien Mina ! Lança alors Rhodry, sa tête réapparaissant dans l'embrasure. C'était juste !

- Disparaît ! S'écria-t-elle en jetant une tomate sur l'harceleur, qui lâcha prise avant de recevoir le projectile.

- Qu'est-ce-qui vient de se passer ? Interrogea Gary à l'adresse d'Almak, qui n'en savait pas plus que lui.

- Un autre Chasseur de la Division du Loup. Les informa Mina en examinant les différents mêts préparés par Rhodry et le Lougacorne. Rhodry Velendil. C'est un hôte lui aussi.

- Velendil comme le propriétaire des centrales de lumières ?

- C'est le fils du riche et puissant Valodry. Les renseigna-t-elle. Un crétin profond. Heureusement, les deux autres membres de son équipe sont beaucoup plus agréable... Bon, on mange ?

Almak croisa le regard de Gary, qui semblait aussi perplexe que lui. Il ne l'aurait jamais dit, mais le jeune homme était soulagé de retrouver son étrange compagnon en bonne santé.

- Ouais.

- Volontier !

Ce soir-là, ils dînèrent tous les trois sans que Ren ou William ne fassent leur retour à l'appartement, discutant de tout et de rien, jusqu'à ce que Mina leur annonce son intention de se coucher, laissant la chambre de son père à Almak et le canapé du salon au lougacorne.

« Les humains sont vraiment étrange... » Souffla Deoria alors qu'il pensait à son maître, les yeux rivés sur le plafond.

« Qu'est-ce-qui te faire dire ça ? »

« Ils ne contrôlent pas leurs émotions, surtout quand elles sont en contradiction avec leur logique. »

« C'est parce que les hommes sont inachevés... »

« C'est-à-dire ? »

« Ils cherchent des réponses toute leur vie dans ce qui les entourent alors qu'elles sont en eux depuis toujours. »

« Et toi, tu comprends le sens de ta phrase ? »

« Un peu plus chaque jour petite voix... »

 

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Chapitre de qualité, il est assez calme mais captivant pour la variété des personnages, on en apprend plus sur certains protagonistes comme leur ressenti et caractère :

- William, on en apprend plus sur lui, sur sa relation avec Aldan. On comprend mieux cette fêlure dans son cœur : le décès de son épouse doit y être pour beaucoup, plus la disparition d'Aldan. Tu joues bien la carte de l'inconnu qui fait l'objet de la conversation entre William et Mina. Je pense à nouveau à Applet, c'est incroyable comment tu arrives à m'amener sur cette unique piste, je suis aveuglé. ^^

-Owen Blake est le vieux typique ronchon et vulgaire. Un grand rouspéteur mais qui a un bon fond. Grande surprise qu'il avait été un Maréchal dans sa jeunesse !

-Rhodry, j'aime ce genre de perso gênant qui tape l'incruste. Vu qu'il fait partie d'une famille importante à l'histoire, je me doute qu'il aura son rôle à jouer.

 

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