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星の秘密 (hoshi no himitsu) : Le secret des étoiles


Hou Son Mei Tong
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Bonjour à tous !

 

Voici le début d'une nouvelle qui me trotte dans la tête depuis pas mal de temps. J'avais déjà réalisé le début de l'histoire mais le scénario ne m'a pas inspiré par la suite. J'ai donc retravaillé le background et en ai sorti un nouveau scénario qui, cette fois-ci, me convient bien mieux. N'hésitez pas à commenter sur le fond comme sur la forme pour que je puisse m'améliorer ou pour formuler des hypothèses sur le scénario. J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire ces pages que j'en ai eu à les écrire !  :)

 

Synopsis :

 

Depuis trop longtemps, l'humanité est cantonnée sur la péninsule du Berceau. Avec ses cent millions d'habitants, les territoires du shogunat ne pourront bientôt plus faire face à la pression démographique. Le shogun envisage alors de mener une expédition au Nord, par delà les montagnes célestes flottantes et la forêt interdite des landes. Jusqu'à présent, tous ceux qui s'y sont aventurés n'en sont jamais revenus. Une armée est levée. Des spécialistes de tout bord sont sommés de participer aux opérations. Au cours de leurs explorations, ils découvriront une vérité oubliée de tous… des secrets qui bouleverseront toutes leurs croyances et leurs idées qu'ils ont sur le monde.

 

Chapitre I : L'appel

 

          - Hogara-sama, on vous demande.

          - Très bien, j'arrive dans quelques minutes.

 

Sans me précipiter, je finis d'écrire mon haïku. Puis, avec délicatesse, je range mon pinceau en poils de loup foudroyant dans sa boîte de protection en bois finement sculpté. Enfin, je me relève en faisant bien attention de ne pas froisser mes habits. Ces derniers, tout en soie orgalienne, sont d'une blancheur immaculée. De temps à autre, on peut y apercevoir les motifs extrêmement complexes d'une Lueur d'Espoir, brodés avec beaucoup de talent. Les Leurs d'Espoir sont des fleurs qui ne poussent qu'à l'état sauvage. D'une vingtaine de centimètres de diamètre, elles offrent une myriade de couleurs passant du bleu azur au rouge saignant, et une multitude de parfums différents. Outre leur beauté extraordinaire, les Leurs d'Espoir sont des plantes médicinales qui peuvent venir à bout de nombreuses maladies, allant des maux d'estomac jusqu'à la pneumonie. J'espère que mon visiteur n'est pas encore un de ces ronins. Ces derniers temps, ils viennent par dizaines dans ma maisonnée dans l'espoir d'être pris au service de ma famille.

 

Peu après, je suis la jeune servante jusqu'à la salle des invités. Confortablement assis sur un coussin en soie autour de la table centrale, un guerrier impérial savoure le thé floral qu'on lui a servi dans un service en porcelaine fine. Sa coiffure impeccable témoigne de son très haut statut au sein de l'armée. Il vient très certainement de la classe des urinke. Visiblement, l'homme ne prête absolument aucune attention aux somptueuses décorations de la pièce. Les magnifiques peintures sur papier représentant les plus belles scènes que la nature peut nous offrir ne semblent pas l'intéresser outre mesure. Face à lui, je m'incline jusqu'à ce qu'il daigne attirer son attention sur ma modeste personne. Le maître-lame finit par dire :

          - Hogara-sama, votre thé est l'un des meilleurs qu'il m'ait été permis de découvrir au cours de ma vie. J'en suis tout ému !

          - Vos paroles m’honorent, urinke-sama.

 

Le guerrier repose lentement sa tasse en porcelaine avant de me regarder droit dans les yeux. Je déglutis. Que me vaux l'honneur de sa visite ? Après tout, je ne suis qu'un simple lettré ayant appris le maniement du katana, du yari et du naginata. Une fois son examen de ma personne terminé, il reprend la parole :

          - Hogara-sama, le shogun souhaite s'entretenir avec vous le plus rapidement possible. Il m'a ordonné de vous escorter jusqu'au palais impérial. Nous devons partir sur le champs.

          - Le shogun ?…

 

Je suis confus. Je ne comprends pas pourquoi l'homme le plus puissant du monde humain désire que je le rencontre. Mais je ne peux pas émettre la moindre objection. Il en va de ma vie. En vitesse, je me prépare. Je me coiffe et me toilette avant de prendre le katana que mon arrière-arrière grand-père a forgé. Selon moi, c'est l'une des meilleurs lames que j'ai pu saisir entre mes mains. Très équilibrée, elle m'a permis de me sortir de pas mal de situations dangereuses. Par ailleurs, son pommeau revêtu de soie est très agréable à prendre en main.

 

Lorsque je sors enfin dans le jardin, l'urinke m'attend avec deux petits dragons terrestres impériaux. Décidément, je suis gâté aujourd'hui. Voyager sur de telles montures est un véritable privilège. Sans accorder la moindre attention à mes serviteurs médusés, je mets pied à l'étrier et pars de mon domaine en compagnie du guerrier impérial.

 

Le palais du shogun se trouve sur un plateau surélevé, au centre de la capitale de Tengoku Machi. Certains de ses toits sont magnifiques et recouverts de feuilles d'or. Le maître-lame à mes côtés, nous traversons le quartier riche d'Ooshiyama. Sur notre route, les personnes s'écartent et s'inclinent respectueusement. De temps en temps, je leur renvoie leur salut d'un léger signe de la tête.

 

Soudain, l'air autour de nous s'assèche quelque peu. Je sens qu'un petit courant électrique me parcourt tout le corps. Toutes les personnes à proximité commencent à s'éloigner en vitesse. Peu de temps après, un autre homme nous fait face. Il a le crâne rasé et porte une tunique de soie orgalienne rouge et jaune. Autour de lui, l'atmosphère se déforme.

Un prêtre du Royaume Spirituel ? Que fait-il ici ? me demandé-je.

 

          - Kintaro-san ? s'exclame l'urinke qui m'accompagne. Tu n'es pas encore au palais ?

          - Osamu-san ? C'est toi ?… Ben écoute, comme tu le vois, je me suis perdu encore une fois. Je n'ai pas l'habitude de la ville.

          - Nous allons, nous aussi, à la demeure du Shogun. Que dirais-tu de nous accompagner ?

          - Volontiers, mon ami.

 

Sur ces paroles, le prêtre se rapproche. Son visage ne présente pas encore de rides. Il ne doit pas avoir plus de vingt cinq ans. J'en suis d'autant plus étonné qu'il semble maîtriser parfaitement ses capacités spirituelles. D'un geste de la tête, il me salue rapidement avant de reporter son attention sur le maître-lame.

          - Quelles nouvelles de la frontière Nord ? lui demande le guerrier impérial.

          - Les bêtes ont commencé à s'agiter, mon ami. À vingt kilomètres au sud de la chaîne des montagnes célestes, le village de Kaguya a été attaqué cinq fois en trois jours. Cinquante deux morts. Les villageois survivants se sont réfugiés dans la ville d'Hoshika, plus au sud. On rapporte que d'autres villages le long de la frontière ont aussi subi des assauts moins violents.

          - Je suppose que tes craintes se confirment ?

          - Oui. On dirait que la Nature elle-même entre dans une colère noire, comme si elle anticipait les actions du shogun.

          - Mais comment est-ce possible ? Je croyais que les Dieux ne se mêlaient pas des affaires terrestres.

          - Sauf si les hommes s'apprêtent à briser un interdit…

 

Le silence entre les deux amis se prolonge. Du haut de mon dragon terrestre, je déglutis. De quoi ces hommes sont-ils en train de parler ? De quel interdit le moine fait-il allusion ? Tout cela ne m'inspire rien de bon pour la suite. Nous continuons notre chemin sans dire un mot. J'en profite pour observer plus en détail le prêtre. Sous son habit, il semble dissimuler une lance. Sans doute une seishin-boukire. Avec elle, le jeune homme doit être capable de maîtriser une bonne partie des éléments. Je me demande quelle doit être sa spécialisation…

 

Au bout de quarante minutes, nous finissons par entrer dans le palais. Les gardes de la gigantesque porte principale n'osent pas nous regarder dans les yeux. Face à nous, une immense allée se dévoile avec, de part et d'autre, de magnifiques ornements végétaux comme nos plus talentueux jardiniers savent les faire. À l'autre bout du chemin pavé, un régiment de gardes impériaux semble nous attendre.

 

Sans nous presser, nous traversons le jardin sud du palais. J'en profite pour apprécier les parfums des différentes fleurs présentes. Lorsque nous approchons des soldats, leur régiment se ceint en deux avant de nous escorter jusqu'au bâtiment principal. La toiture du gigantesque édifice se compose de trois partie et est entièrement recouverte de feuilles d'or. Les murs, faits d'un bois résistant aux pires tempêtes, sont finement sculptés et représentent de nombreuses créatures terrifiantes que nous ne pouvons rencontrer qu'en de très rares occasions sur notre monde.

 

Devant les portes de l'édifice, moi et l'urinke mettons pieds à terre avant de pénétrer dans la bâtisse en compagnie du prêtre. À l'intérieur, nous découvrons une gigantesque salle, légèrement plongée dans l'obscurité et si grande que je peine à en voir les extrémités. Mais surtout, sept autres personnes sont aussi présentes. Toutes semblent être des personnalités particulières. Alors que je suis sur le point de poursuivre plus en avant mes investigations, une servante nous annonce :

          - Mesdames et messieurs, le shogun est sur le point de vous recevoir.

 

À ces mots, une cinquantaine de serviteurs commencent à s'agiter. Devant nous, ils alignent dix coussins de soie curranienne. Ces derniers doivent être hors de prix. Au devant de chacun d'entre eux, ils disposent une petite table rectangulaire en Coriolite, un corail terrestre extrêmement rare que l'on ne trouve qu'au nord ouest de la péninsule du Berceau. Durant quelques minutes, j'admire le travail extraordinaire des artisans du palais.

 

Une fois leurs tâches accomplies, les serviteurs se retirent. Chaque membre de notre groupe prend place sur le coussin le plus proche de lui, laissant un léger espace entre ce dernier et la petite table. Du coin de l’œil, je tente de les observer. En plus de moi-même, de l'urinke et du prêtre, cinq femmes et deux autres hommes sont présents. L'une des femmes semble être une dresseuse de bêtes, à n'en point douter.

 

Alors que je m'apprête à regarder plus en détail mes nouveaux compagnons, les serviteurs ouvrent les fenêtres du bâtiment. La lumière du soleil nous éblouit, nos yeux s'étant habitués à l'obscurité relative. Je relève la tête. À cent pas devant nous, le shogun nous passe en revue. Immédiatement, nous nous inclinons de façon synchronisée jusqu'à ce que notre front touche le sol.  En silence, nous attendons.

          - Je vois que nous sommes au complet, finit par dire le grand dirigeant de la péninsule du Berceau. Vous pouvez relever la tête.

 

D'un même geste, nous reprenons tous la position agenouillée que nous avions auparavant. À peine ai-je fini de me réinstaller que dix serviteurs viennent apporter à chacun d'entre nous un bol de liqueur qu'ils disposent sur la petite table devant nous. Ils repartent aussi précipitamment qu'ils sont venus.

          - Je suppose que vous savez la raison de votre convocation au palais, ajoute le shogun.

 

Face au silence gêné de certains de mes compères et de moi-même, le grand homme pousse un léger soupir avant d'adresser un signe de tête à un groupe de domestiques en attente sur notre gauche. Alors qu'ils sont en train d'amener une gigantesque carte adossée à un support rectangulaire, le shogun reprend la parole :

          - Vous tous qui êtes ici présents, je vous charge d'une mission d'importance capitale : l'exploration et l'annexion de nouvelles terres pour la survie de notre espèce.

 

 

P.S. : le chapitre 31 de ma saga S.F. (A la recherche de la planète des origines) est presque terminé. Comme je voulais un peu changer de style, j'ai commencé à écrire cette nouvelle en parallèle.

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Pour commencer on peut dire que l'univers et le contexte est vraiment différent et on le ressent à travers l'ambiance, le style de vie, et la description des lieux.

 

Pour un début, c'est assez intriguant bien que comme Hogara-sama on se trouve vite plonger dans une situation de grande envergure sans pour autant en connaitre les raisons, et j'attends d'en savoir plus là dessus.

 

Mais on peut dire qu'on part pour une grande aventure de type fantastique avec une grande touche de l'ère féodal que j'aime bien, et les héros seront aux nombres de 10, 5 hommes et 5 femmes le bon équilibre, chacun ayant une capacité unique je pense.

 

J'attends de voir, les enjeux qui poussent le Shogun a envoyé ces personnes de talents sur ces terres du Nord inconnu et pleins de mystères. Bref c'est très intéressant et j'attends la suite !

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Une petite nouvelle qui commence assez bien, on change d'air avec un univers plus japonais traditionnel.

 

Nous entrons dans le vif du sujet avec Hogara-sama qui semble être issu d'une famille riche, noble, de privilégiés quoi. Le shogun est suspect quelque part. Il ose s'opposer à des règles établies depuis longtemps. Son peuple serait en danger d'extinction... étendre leur territoire doit aller à l'encontre de ses lois. Mais faut-il encore connaître le mal qui plane sur eux...

 

Une équipe va être montée, et ça ressemble pas mal à la création de la communauté de l'anneau.  8)

 

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Merci à vous deux pour vos commentaires ! Voici le chapitre 2 :

 

Chapitre II : Tempête nocturne

 

La déclaration du shogun a fait l'effet d'une douche froide. Tout le monde est tétanisé. Seule ma personne contraste avec l'immobilisme ambiant. Je tourne la tête sur la gauche puis sur la droite, regardant mes compagnons d'un air étonné. La jeune femme dompteuse de bêtes finit par rompre le silence :

          - Heika, pardonnez mon impétuosité, mais comptez-vous briser l'interdit absolue faite à l'humanité de franchir la frontière du Nord ?

 

Le grand dirigeant de la péninsule du Berceau jette un regard foudroyant à son interlocutrice. Cette dernière s'incline respectueusement pour ne croiser les yeux du shogun . Au bout d'un petit moment, celui-ci prend la peine de lui répondre :

          - Dans ce cas, Mori-sama, dites-moi… Quelle stratégie préconiseriez-vous pour contrer les menaces de famines et de guerre civile qui nous guettent ? Dois-je vous rappeler ce que notre peuple a à subir tous les trois ou quatre cents ans ?

 

La dresseuse de bête garde sagement le silence. En colère, le shogun continue sur sa lancée :

          - Laissez-moi donc vous rafraîchir la mémoire. Ces périodes troubles qui surviennent à intervalle régulier, nos lettrés les ont surnommé les Grands Désastres. Elles débutent toutes de la même manière : la population est sur le point de dépasser les cent millions d'habitants. Les terres ne produisent plus suffisamment de nourriture pour tout le monde. Des révoltes éclatent par centaines avant que la guerre civile ne survienne. Les famines qui s'en suivent sont si terribles et si dévastatrices qu'entre un tiers et deux tiers de la population ne survit pas à un Grand Désastre.

 

Le shogun s'arrête, reprenant son souffle. Il nous regarde à tour de rôle avant de dire :

          - Sur mon honneur, je vous l'annonce : je ne laisserai pas se réaliser une telle catastrophe tant que je serai shogun. Qu'importe si je dois en affronter les Dieux pour cela ! Je briserai de mes propres mains ce cercle maudit qui asservit notre peuple depuis bien trop longtemps !

 

À ces mots, l'urinke qui m'a accompagné jusqu'au palais se lève d'un coup. Mettant son poing fermé sur sa poitrine, il s'exclame :

          - Si telle est votre pensée, Heika, je vous suivrai jusque dans la mort !

 

Suite à la déclaration du guerrier impérial, la plupart de mes compagnons approuvent d'un signe de tête. Les femmes, quant à elles, restent plus circonspectes. Sans plus attendre, le shogun nous présente ses plans d'action :

          - Pour vous aider dans cette mission capitale, vous aurez le soutien d'une centaine de milliers d'hommes. La forêt des landes et les montagnes célestes sont les territoires des plus grands animaux terrestres que nous connaissons. Et je doute qu'ils vous laissent les franchir en toute tranquillité… Sans compter que la faune et la flore ne représente pas les seuls dangers de ces régions. N'oublions pas que nous risquons d'affronter la colère des Dieux.

 

Le seigneur de la péninsule du Berceau fait une pause avant de reprendre :

          - Trois contingents et une division spirituelle seront à votre disposition. Je suggère que les généraux Osamu-sama, Yamamoto-sama et  Fujiwara-sama prennent la direction de ces trois contingents.

          - Bien, Heika, répondent en cœur les trois concernés.

 

Le shogun porte alors son attention sur la dresseuse de bête. D'une vingtaine d'années, la jeune femme dégage une prestance digne des plus grands guerriers. Ses magnifiques cheveux bruns ondulent jusqu'à ses épaules. Elle impressionne, tant par son allure que par son jeune âge. Ses yeux marrons, scrutateurs et observateurs font transparaître une intelligence peu commune. Inclinant légèrement la tête, elle attend patiemment que son seigneur lui adresse la parole.

 

          - Mori-sama, finit par dire le shogun. Nous comptons grandement sur votre talent, votre expérience exceptionnelle et vos connaissances pour maintenir éloigner de nos hommes toutes les grandes créatures. Je suis sûr que vous pourrez minimiser les pertes de cette expédition.

          - Il en sera fait selon votre volonté, Heika, lui répond-t-elle.

 

Le grand dirigeant de la péninsule du Berceau se tourne vers le reste de notre groupe.

          - Quant à vous, Kintaro-sama, Akiko-sama, Amaya-sama, Harumi-sama et Hanabi-sama, vous serez en charge de la gestion de la division spirituelle. Étant parmi les plus puissants prêtres et prêtresses du Royaume Spirituel, vous ne devriez pas rencontrer de difficultés.

 

Le shogun s'adresse ensuite à ma personne.

          - Enfin, Hogara-sama, digne successeur du clan Nigawa, je vous charge de seconder les généraux dans leurs tâches respectives, notamment dans la logistique et le ravitaillement. Je pense que vos talents et vos compétences de combattant seront également appréciés dans l'équipe de commandement.

          - Très bien, Heika, lui répondis-je.

 

Une fois la répartition des responsabilités terminée, le shogun s'engage dans un discours plus technique, dépeignant le déploiement des hommes et du matériel. Je m'aperçois bien vite de la complexité de l'entreprise. Des dizaines de personnes me seconderont au niveau administratif rien que pour la logistique et la gestion des ressources. Le chemin que nous devrons emprunter pour traverser la zone interdite de la forêt des landes et la chaîne des montagnes célestes est semé d'embûches. Deux choix s'offrent à nous. Soit nous devrons créer nos propres routes à travers une forêt tropicale si dense que les rayons du soleil peinent à atteindre le sol... Soit nous devrons remonter le fleuve de Shina-kawa jusqu'aux montagnes flottantes en espérant que les bêtes fluviales restent tranquilles. Autant dire que tous les corps de métier participeront à cette expédition sans pareil.

 

Durant de longues heures, nous discutons des choses à mettre en place. Nous nous mettons d'accord sur les premières décisions à prendre et défis techniques auxquels nous aurons à faire face. Lorsqu'enfin je sors du palais, le soleil s'est couché depuis longtemps.

 

Les rues de la capitale s'illuminent à la lueur des lanternes. Malgré l'heure tardive, de nombreuses personnes sont encore dehors. En silence, je traverse le quartier d'Ooshiyama, réfléchissant aux paroles du shogun et aux préparatifs de la campagne. Pourquoi m'a-t-il choisi, moi, au sein de l'équipe de commandement ? D'autant plus que, comparé à mes neuf autres compagnons, il ne m'a pas chargé de lourdes responsabilités. Tout de même… une expédition mobilisant plus de cent mille personnes force le respect. Cela dit, j'espère que notre dirigeant sait ce qu'il fait. Si les Dieux ont formulé cette interdiction absolue de ne pas franchir la frontière du Nord, c'est qu'il doit y avoir une raison… Une raison que l'humanité a oublié.

 

Alors que je médite à tous ces événements, je finis par me retrouver devant mon domaine. Machinalement, je pousse la lourde porte en bois finement sculptée avant de pénétrer dans le jardin.

Tiens, c'est étrange, me dis-je. Aucun de mes serviteurs ne vient à ma rencontre.

 

Je lève la tête. Plusieurs pièces de la maison sont encore éclairées. Pourtant, la bâtisse est extrêmement silencieuse. Instinctivement, je porte ma main gauche à mon saya, le fourreau de mon katana. Je me prépare à dégainer à tout moment.

 

Prudemment, j'entre dans ma résidence en faisant coulisser silencieusement une première porte de bois et de papier peint. Par habitude, je laisse mes getas à l'entrée avant de marcher sur les tatamis. Chacun de mes pas sur les tranches de bambou produit un léger grincement dont je me serai bien passé. Rapidement, je traverse la pièce non éclairée en prenant soin d'éviter la table centrale qui s'y trouve. Je ressors dans un premier couloir puis regarde sur ma gauche. De la lumière s'échappe d'une cuisine, tout au bout du corridor.

 

Je décide de m'y diriger. Tous mes sens en alerte, je progresse avec lenteur. Le silence devient de plus en plus assommant. J'ai beau tendre l'oreille, je n'entends que le bruit de mes propres pas. Je commence à suer. L'atmosphère, emplie d'humidité, me devient de plus en plus insupportable.

 

Finalement, j'arrive à l'entrée de la cuisine. À l'intérieur, tout semble immobile. Seules les variations des flammes de la lampe à huile font trembler les ombres des objets présents dans la pièce. Prenant mon courage à deux mains, je m'engouffre dans la salle. Sans surprise, il n'y a pas âme qui vive. En revanche, de nombreux aliments et outils de cuisine sont dispersés sur la table de travail. On aurait que mes serviteurs étaient en train de préparer le repas lorsqu'ils ont été interrompus…

Que s'est-il passé ici ? me demandé-je.

 

Alors que je m'approche de la table de travail, l'air ambiant s'assèche brusquement. Un petit courant électrique me parcourt la nuque. Tous les poils de mon corps se raidissent. Instantanément, je dégaine mon katana tout en me retournant et place mon arme de travers, juste au-dessus de ma tête.

 

Le coup que je pare est si puissant qu'il m'oblige à mettre un genou à terre. Le contact entre les deux lames en fer trempé crée un fracas épouvantable qui se répercute dans les moindres recoins de la résidence. Si je ne m'étais pas protégé, l'attaque m'aurait littéralement coupé en deux. Mon assaillant a le visage couvert. Très vite, il tente de m'immobiliser en appliquant tout son poids sur mon katana.

Si tu penses m'avoir ainsi, me dis-je, c'est bien mal me connaître !

 

Exerçant une forte poussée en faisant jouer tous les muscles de mes jambes, je parviens à me redresser et à déstabiliser légèrement mon attaquant. Profitant du relâchement de son étreinte, je lui assène un puissant coup de pied horizontal sur son flanc droit. Même s'il arrive à le parer avec son bras gauche, mon attaque le propulse contre le mur, trois mètres plus loin. Pour ne pas lui laisser une seconde de répit, je me précipite sur lui pour lui porter un nouveau coup. En un instant, j'arrive à son niveau et tente de lui trancher sa jambe droite qu'il ne protège pas.

 

Avec habilité, il pare mon attaque. Je suis impressionné. Même en étant légèrement sonné, mon assaillant a puisé suffisamment d'énergie en lu-même pour repositionner rapidement son arme au bon endroit. Il doit être un sacré combattant. Mais pour l'instant, j'ai l'avantage. En vitesse, je lui assène une série d'attaques qui le force à rester sur la défensive. Je dois mobiliser mes connaissances les plus avancées en art martial et en maîtrise du katana si je veux espérer lui fournir un coup fatal. D'autant plus que j'ai un très mauvais pressentiment. Je le sens. Cet adversaire est bien plus qu'un simple épéiste. Je ne lui laisserai pas le loisir de faire une démonstration de ses talents spirituels.

 

Joignant l'acte à la pensée, dés sa première initiative, je tente une feinte. Laissant glisser sa lame contre la mienne, je dévie suffisamment son katana pour qu'il ne m'atteigne pas. Immédiatement, je profite de son ouverture pour lui porter un coup de genou au niveau du ventre, suivi d'un coup de coude au visage. Faisant un tour sur moi-même, je prends assez d'élan pour lui asséner une attaque finale avec ma lame. Sonné, le combattant parvient de justesse à placer son katana au bon endroit pour parer le choc. Mais mon coup est tellement puissant que sa lame est envoyé sur l'arrière, retenue par sa seule main droite.

 

Cette fois, ça y est. Sa poitrine est entièrement à découvert. Rapidement, je repositionne mon arme pour lui porter le coup fatal. Soudain, j'aperçois sa main gauche. Elle s'entoure d'une aura bleutée qui déforme l'atmosphère autour d'elle.

          - Shimatta ! m’exclame-je.

 

Sans que je ne puisse rien faire, mon adversaire m'envoie une onde spirituelle. Je suis violemment propulsé vers l'arrière. Avant que je ne m'en rende compte, je traverse deux murs faits de bois et de papier. L'onde de choc dévaste plusieurs pièces de la maison. Lorsque je tente de me relever, complètement sonné, une douleur fulgurante se propage dans mon dos. Sans le vouloir, je pousse un grognement.

 

En titubant, je finis par me remettre debout et fais face à mon adversaire, en garde. Ce dernier, se tenant le ventre, vient de rengainer son katana. Alors que je m'apprête à me ruer de nouveau sur lui, le combattant sort deux nouvelles armes : des sortes de shurikens de dix centimètres de diamètre. Il en prend un dans chacune de ses mains. Puis, sous mes yeux hallucinés, il commence à les faire virevolter dans les airs en les entourant d'une aura spirituelle bleutée.

 

Brusquement, il les envoie à toute vitesse sur moi. J'en esquive un premier qui m'effleure l'épaule gauche tandis que je donne un coup de katana dans le deuxième, le projetant directement dans le sol. Alors que je pense en avoir fini, la première étoile revient vers moi dans un capharnaüm que je peine à décrire. Cette fois-ci, j'ai du mal à l'esquiver. Malgré mes mouvements, elle m'écorche mon épaule droite.

 

Sachant pertinemment que ce projectile fera demi-tour pour me labourer une nouvelle fois, je décide de me mettre hors du champs visuel de mon agresseur. Plus rapidement que je ne l'aurais pensé, je rejoins le mur sur ma gauche. Sans réfléchir, je le traverse, déchirant les magnifiques papiers peints qui le constituent. Je me retrouve dans un étroit corridor. Sous le coup de l'adrénaline, je cours à en perdre haleine. En réalité, je souhaite prendre le manipulateur du Royaume Spirituel à revers. Connaissant ma demeure mieux que quiconque, je pense être sur lui en moins de trente secondes, s'il n'a pas bougé de position.

 

Mais bien évidemment, il ne m'en laisse pas le loisir. Tout d'un coup, une puissante onde bleutée me coupe dans ma course. Tout ce qui se trouve devant moi est soufflé. Même certains murs porteurs sont détruits par le choc inimaginable de l'attaque spirituelle. Je retombe en arrière. Une partie du toit s'effondre juste en face de moi. Près d'un quart de la bâtisse a dû être dévasté.

 

Prudemment, je jette un coup d’œil vers l'origine du lancé de l'onde bleutée. Le combattant est toujours là, me regardant de ses yeux scintillants orangés. L'atmosphère se déforme de nouveau autour de lui. Il se prépare à envoyer une autre attaque spirituelle. Je dois briser sa concentration de toute urgence ou c'en est fini de moi. Sans réfléchir, je prends une petite pierre que je lance de toutes mes forces dans sa direction. Elle l'atteint en pleine tête. Il n'a pas dû s'attendre à une telle action de ma part. Immédiatement, l'aura bleutée autour de lui s'effondre, soufflant tous les objets à proximité.

 

Rapidement, je me rue à sa rencontre. Je ne dois en aucun cas lui laisser l'occasion de rassembler une nouvelle fois son énergie spirituelle. Me voyant arriver à toute vitesse, mon adversaire dégaine son katana. Dés que je suis à portée, je lui assène une série de violentes attaques, le faisant reculer petit à petit. Même s'il a un niveau inférieur au mien en ce qui concerne les techniques d'épéiste, il arrive tout de même à parer mes coups. Cela dit, je sens qu'il peine de plus en plus à me contrer. Ses attaques sont moles. La manipulation du Royaume Spirituel a dû le fatiguer. Cette fois-ci, je suis bien décidé à ne pas le laisser s'en sortir.

 

Le duel acharné se poursuit dans les ruines. À chaque instant, je le harcèle. À chaque seconde, je tente de trouver une faille dans sa défense. Il recule encore et toujours. Il n'en a plus pour très longtemps et il le sait. Sous mes attaques répétées, précises et puissantes, il n'aura bientôt plus la force de me faire face.

 

Soudain, un fort rugissement juste au-dessus de ma tête me fait perdre mes moyens. Profitant de mon moment d'inattention, le combattant me donne un coup de pied sur mon flanc gauche. Je le pare avec difficulté et suis projeté sur le côté. Alors que je me remets en garde, le gredin s'enfuit. J'essaye de le rattraper mais la douleur que j'ai dans le dos m'empêche de courir à pleine vitesse.

 

L'homme au visage masqué monte alors sur le toit de ma maison en passant par les décombres. Une fantastique créature ailée, que je n'ai jamais vu auparavant, vient le récupérer. D'une quinzaine de mètres d'envergure, cette sorte de dragon à plume me force à me mettre à couvert. L'instant d'après, le combattant et sa monture s'envolent vers le ciel étoilé à une vitesse grandiose. Sous le choc, je reste à les observer, béa, s'approcher de plus en plus des esprits stellaires de la voûte céleste.

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Bonne suite, plus explosive si je puis dire.

 

Le Shogun révèle son objectif qui surprend toutes l'assemblée et il nous donne le raison d'une telle ambition et elle est compréhensive bien que parmi les personnes qu'il a rassemblé certains ne sont pas en accord avec un tel but.

 

Les 10 guerriers réunis ont chacun un rôle attribuer pour commencer leur quête avec le moins de risque que possible bien que je doute, qu'il y a encore énormément :P.

 

Notre héros semble fort avoir à faire à un homme ou femme envoyé pour le tuer, je ne vois que ça. Mais pour quel raison ? Est-ce les dieux qui sont derrière ça ? Ou de ceux venant du temple spirituel, sachant qu'ils sont peut être les plus proches des Dieux, ils y voient une sorte de profanation que des hommes veulent briser la loi divine ?

 

Enfin on peut tout de même noté, qu'il se défend très bien notre héros et je pense qu'il nous a encore rien montré pour le moment, mais cela annonce de beaux combats à venir.

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Chapitre réussi, il n'y a pas à dire.

 

Tout est bien écrit, propre. Que ce soit la réunion qui bat son plein, ou le combat dans les appartements de Hogara.

Pour la réunion du Shogun, on peut voir dans ses intentions qu'elles peuvent être louables. Mais ce qu'il entreprend semble drôlement risqué, si ce n'est même du suicide. Et je trouve que dans ses décisions, il y a une part d'égoïsme parce qu'il veut absolument garder le pouvoir. Une famine suivie d'une guerre civile le forcerait à se retirer.

 

A présent, on a le droit de s'interroger sur cet assassin qui débarque chez Hogara... Est-il une sorte d'ange de la mort, chargé d'exécuter la volonté des dieux ? Ou alors serait-il membre des contestataires de cette expédétion, et que certains chercheraient à éliminer des personnes clés de celle-ci ?

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