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[Banner Of The Stars] A la recherche de la planète des Origines


Hou Son Mei Tong
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Bon chapitre !

 

Tu brilles toujours autant dans la description de tes villes et decors, et on ne peut que être happer.

 

Mei semble s'être bien infiltré, même intégré à sa nouvelle vie éphémère dont elle tente d'en sortir. Cependant sa prouesse lui a valu une mission très spécial.

 

J'ai bien aimé ce qu'on apprend sur la planète des humains, il y a une sorte de racisme qui touche tous les hybrides et la pauvre Mei ne peut qu'en faire les frais.

 

On sait que quelque chose de terrible s'y prépare, une nouvelle arme de destruction massive ?

 

Bref j'attends la suite !

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Chapitre de bonne qualité, tu n'as pas une sortie régulière mais si ça reste aussi bon, il n'y a aucun souci à se faire. ^^

 

Mei a encore du chemin à faire pour retrouver Hermite et le Logos. Elle va devoir être très prudente puisqu'elle va agir seule pour le compte des terriens. Cette mission est à mon goût presque suicidaire. Si les spatiens cache un grand projet sur cette planète, c'est que la sécurité doit être optimisée.

Tu profites de ce séjour sur Octave pour mieux cerner ce qui oppose spatiens et gaïaciens, leur approche des choses du progrès. Un seul avis compte pour l'un alors que tous sont à prendre en considération pour l'autre. Mais je me dis que les Gaïaciens peuvent cacher des choses comme la partie immergée de l'iceberg. Par contre, je me demande qui est derrière la puissance spatienne. Le fait qu'il y est qu'un seul mode de penser, m'amène à croire qu'il y a une personne qui impose ses idées.

 

Il reste pas mal d'interrogations... 

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  • 1 month later...

Salut à tous !

 

Merci pour vos commentaires encourageants. Même si je n'ai pas forcément trop le temps jusqu'à présent, je continue d'écrire. Je pense accélérer mon rythme de publication à partir de maintenant, même si ce ne sera pas forcément très régulier  ;D.

 

En attendant, voici le prochain chapitre :

 

Chapitre XXIV : Au plus profond des ténèbres

 

Le jour décline. Les flocons ont cessé de tomber. Les cumulonimbus, si denses auparavant, se sont dispersés en moins d'une heure. Le ciel est parfaitement dégagé. Les éternelles aurores boréales commencent à illuminer la haute atmosphère. Par ce temps, elles se dévoilent dans toute leur magnificence, donnant des couleurs chatoyantes et exotiques à la voûte céleste.

 

Les températures sont au plus bas. Malgré mes quatre couches de vêtements, je peux sentir la morsure du froid contre ma peau. Je redresse la tête. A dos de loup, l'air frais me fouette et me brûle le visage. Je peine à garder les yeux ouverts. Autour de nous, tout signe de vie semble avoir disparu. Je ne détecte aucun mouvement. Pas le moindre petit animal, mis à part la meute de Yukishiro qui nous emmène à toute vitesse vers la station de Shibuyama. La forêt est devenue si silencieuse que chacun de nos pas me paraît faire un fracas épouvantable.

 

L'obscurité s'étend de plus en plus. Bientôt, seule la lueur des aurores éclaire notre chemin. En deux heures, les canidés géants nous ont fait parcourir plus de vingt kilomètres. Mes muscles commencent à être endoloris à force de chevaucher ces fantastiques créatures. Durant tout notre périple, le chef de meute nous a montré certains de ses paysages préférés par l'envoie d'images mentales. Je me souviens d'un coucher de soleil si magnifique que j'en ai eu la larme à l’œil.

 

Soudain, Shizuku et Yukishiro, qui sont à la tête de notre drôle de troupe, s'arrêtent brusquement. Tous les autres loups stoppent net également. Ils se mettent à regarder vers l'un des sommets enneigés, à l'ouest, qui doit bien culminer à onze mille mètres. Je descends de ma monture avant de me diriger vers la jeune célestienne et son ami biotique.

          - Que se passe-t-il ? Demandé-je, inquiet.

          - Chut, me répond-elle.

 

L'adolescente observe, elle aussi, la partie supérieure de la gigantesque montagne. Moi, je ne perçois rien. Le silence se fait de plus en plus oppressant. Ma propre respiration me semble être aussi bruyante qu'un pulso-réacteur. Puis, en me concentrant et en tendant l'oreille, je discerne un très léger bourdonnement. Ce bruit ne m'est pas indifférent. Avec angoisse, je lève la tête dans la même direction que tous mes compagnons de voyage. Le prince Li Mu Bai a le visage crispé. Il reconnaît également ces bruissements caractéristiques.

 

Petit à petit, le léger bourdonnement se transforme en véritable vrombissement. On a l'impression qu'une puissante tempête s'approche à toute vitesse. Je plisse les yeux. Je ne vois encore rien. Sans m'en rendre compte, je claque frénétiquement des dents, autant à cause de la peur que du froid.

 

Tout à coup, un point lumineux jaune dépasse le sommet de la montagne. C'est une vision incongrue. Sur le fond rose-violacé des aurores, on peut parfaitement le suivre tant il est éblouissant. Très lentement, il se dirige de l'autre côté de la vallée. Juste après lui, de nombreux autres points le suivent en formation. Par centaines, par milliers, ils s'élancent à sa suite, provoquant un roulement de tonnerre de plus en plus important.

 

Je sens une légère pression sur mon bras. Je tourne la tête vers ma droite. Le prince héritier du trône de Jade me tend des jumelles.

          - Regardez, Titus, me dit-il. 

 

Sans lui poser de question, je tente d'observer ces objets volants à travers cet outil optique primitif. L'obscurité me complique passablement la tâche. Mais l'éclat des aurores boréales me permet de distinguer les contours de ces choses. Des V.E.M. de combat. Leurs dimensions sont titanesques. Certains de ces aéronefs utilisant un générateur E.M. doivent bien mesurer plus de trois cents mètres de long pour soixante à soixante dix mètres de large.

          - C'est la septième flotte aérienne de l'Empire de Jade, répond Li à ma question silencieuse. L'une des plus imposantes... et des plus puissantes. Visiblement, tous ses escadrons ont été déployés au grand complet.

 

Alors qu'il finit son commentaire, le ciel s'emplit de bombardiers lourds, d'avions à réaction et de nacelles E.M. de combat. Je suis atterré. Je peux distinguer au moins dix mille appareils. D'une main lasse, je rends les jumelles à mon ami. Quelque soit l'objectif des jadiens, il sera sans doute anéanti.

 

Je me tourne vers l'adolescente célestienne. Les larmes aux yeux, elle continue de regarder la sinistre procession. Alors que je me dirige vers elle pour la rassurer, j'entends dans mon dos des bruissements de moteur. Ils se rapprochent de notre position à très grande vitesse.

 

Tout d'un coup, des avions à réaction célestiens surgissent de la cime des arbres, me faisant sursauter. Ils volent en rase motte, à quelques dizaines de mètres du sol. A peine nous ont-ils dépassé qu'ils se redressent quasiment à la verticale, faisant rugir leurs réacteurs à pleine puissance. Même de là où nous sommes, nous pouvons sentir les poussées de chaleur de leurs moteurs à réaction.

 

Ils sont à peine quelques dizaines. Pourtant, ils s'élancent courageusement contre leurs ennemis, huit kilomètres en contre-haut. Je suppose qu'ils comptent sur l'effet de surprise pour réaliser un maximum de dégâts dans la septième flotte aérienne de l'Empire de Jade.

 

Leur accélération est telle que l'humidité ambiante se condense sur leurs fuselages. On a l'impression que ces aéronefs se trouvent au sommet de colonnes d'eau tourbillonnantes formées de gouttelettes. Par ailleurs, les pilotes du royaume des Toits Célestes ont éteint tous leurs signaux de positionnement et de signalisation. En à peine quelques secondes, ils disparaissent dans une obscurité relative.

          - C'est une bonne tactique, commente Li Mu Bai. Les jadiens ne se rendront compte de la présence des célestiens que lorsqu'ils se feront tirer dessus... Mais la septième flotte compte un atout de taille dans sa manche.

 

Je regarde mon ami, incrédule. Même si les aurores boréales éclairent faiblement l'espace aérien et le sol, on ne peut rien voir au-delà de deux à trois cents mètres. Le prince héritier du trône de Jade reste imperturbable. Il continue d'observer la suite des événements.

 

Subitement, des bruits de détonations me font sursauter. A moins d'un kilomètre au dessus de nos têtes, les chasseurs du royaume des Toits Célestes explosent les uns après les autres. De temps en temps, j'aperçois des balles traçantes extrêmement lumineuses qui filent se ficher dans les carlingues des avions de combat. Pas une seule ne manque sa cible. Sous l'éclat des explosions, je peux voir les survivants tenter d'échapper à un ennemi invisible, insaisissable et extrêmement rapide. Impitoyablement, ils sont abattus les uns après les autres.

          - Dafu Shi, m'annonce Li. L'un des plus grands pilotes que j'ai jamais rencontré. C'est un maître du vent contre qui je n'aurais pas la moindre chance de gagner en duel aérien. Ses attaques foudroyantes et imprévisibles sont d'une précision redoutable.

 

Le temps qu'il finisse son explication, tous les appareils célestiens ont été détruits. Leurs débris enflammés retombent sur le sol. On aurait dit une pluie d'étoiles filantes qui finissent leur vie dans la vallée. La bataille n'a pas duré plus de cinq minutes. Éberlué, je suis du regard les derniers fragments des avions du royaume des Toits Célestes qui se perdent dans l'obscurité.

 

Pendant ce temps, les aéronefs jadiens continuent inlassablement leur progression vers les montagnes à l'est de notre position. Leurs feux de positionnement resurgissent sur la voûte céleste zébrée par des serpents lumineux de toutes les couleurs. A présent, le vrombissement de leurs moteurs est si important qu'il réveillerait un mort. Ce son désagréable résonne dans nos crânes et dans nos cages thoraciques. Durant plus d'une dizaine de minutes, la septième flotte de l'Empire de Jade défile sous nos yeux.

 

Soudain, je perçois le bruit de nombreuses explosions lointaines. Nous tournons tous nos têtes vers les sommets de l'est. De l'autre côté de cette chaîne de pics, une lueur rouge-orangée de plus en plus lumineuse contraste avec les aurores boréales. Bientôt, nous ne distinguons plus l'éclat de ces dernières. On a l'impression que l'étoile d'Amaterasu est sur le point de se lever. Les incendies provoqués par le bombardement doivent être gigantesques.

          - Que les dieux nous viennent en aide... chuchote une voix tremblante à mes côtés.

 

Shizuku n'en finit pas de pleurer. Elle essuie ses larmes de sa main droite. Dans la vallée de l'est, les détonations ne se sont toujours pas interrompues. Li Mu Bai, quant à lui, observe la scène avec un visage inexpressif. Il finit par m'expliquer :

          - Je m'en doutais... Ils larguent leurs bombes sur la vallée d'Iyan. C'est une des régions les plus peuplées du royaume des Toits Célestes. Avec ses terres fertiles et ses nombreux gisements de matière première, elle a attiré une importante population. Les deux villes qui ont été fondées dans ce large bassin abritent, à elles seules, plus de dix millions de personnes. Iyan est devenue un très grand site industriel. C'est pour cette raison que la station de transit de Shibuyama a été construite. Elle a été bâtie sur les flancs d'une montagne, au bout de la vallée d'Iyan, faute de place. Elle représente l'un des aérodromes les plus importants du royaume.

 

Je garde le silence. J'entends toujours distinctement d'innombrables déflagrations. A chaque seconde qui passe, des centaines voir des milliers de célestiens perdent la vie.

          - Je suppose que la D.C.A., même si elle dispose de batteries en grand nombre, ne peut pas faire grand chose face à ce rouleau compresseur, dis-je à mon ami.

          - J'en ai bien peur, Titus... Par ailleurs, il se peut que la station de Shibuyama soit entièrement détruite, ce qui nous empêchera de prendre un transport aérien pour la ville minière de Fukai. Je propose d'attendre que les jadiens aient fini leur basse besogne avant d'aller jeter un coup d’œil.

 

D'un geste las de la tête, je signifie mon approbation au prince héritier avant de me rapprocher de l'adolescente célestienne. Les yeux rouges, elle ne cesse d'observer la lueur des incendies. Je pose une main rassurante sur son épaule. Sans rien dire, elle vient ficher sa tête contre mon torse pour pleurer en silence. Je resserre mes deux bras autour d'elle avant de lever mon regard vers l'est. Le son ininterrompu des explosions nous parvient toujours.

 

Une heure passe. Puis deux. Le bombardement n'est pas encore terminé. Une odeur âcre de bois brûlé et de métal fondu arrive jusqu'à nos narines. Les loups géants de la meute de Yukishiro se grattent le museau.

 

Une dizaine de minutes plus tard, la dernière déflagration retentit. Dans les instants qui suivent, nous remontons sur le dos des canidés et poursuivons notre route en direction de la vallée d'Iyan. En moins d'une demi-heure, nous sommes sur le point de surmonter le col d'un des pics de l'est. Lorsque nous dépassons son sommet, un terrible spectacle se dessine sous nos yeux.

 

L'ensemble du bassin est en flamme. Les incendies se propagent rapidement dans les habitations de bois. Les bâtiments en béton, quant à eux, ont pour la plupart été soufflés. Certains ont dû culminer à plus de cent mètres du sol. A présents, ils ne sont plus que des tas de gravats et de ferraille. Le fleuve d'Iyan reflète l'intensité sans pareil des brasiers. J'ai l'impression qu'une véritable rivière de lave traverse la vallée. Les immenses fabriques industrielles sont en ruines. Les machines de production en métal ont fondu et sont devenues méconnaissables. Au Nord, on ne peut même plus distinguer les trois camps militaires, tant ils ont été bombardés. Des cratères de plusieurs dizaines de mètres de diamètres ont remplacé les dortoirs, les hangars de tanks et les bunkers. Les routes, autrefois si bien entretenues, ne sont même plus praticables par des chars d'assaut.

 

Ça et là, des célestiens tentent désespérément de combattre les feux. Mais les flammes, qui sont parfois hautes de plus de dix mètres, les forcent à s'éloigner. Je ferme les yeux. Même si je ne peux pas les voir à cause de la distance, j'imagine sans mal les nombreux cadavres qui doivent recouvrir le sol, à moitié brûlés ou désarticulés sous l'effet des souffles des explosions.

 

Certaines zones ont reçu tellement d'obus qu'elles ressemblent à la surface d'une planète sans atmosphère, parsemée de cratères et sans la moindre trace de vie. Je regarde vers le Sud. La station de Shibuyama, située sur la face est de la montagne d'à côté, a perdu une bonne partie de ses bâtiments et de ses pistes d'atterrissage. Mais elle n'a pas été entièrement rasée. La majorité de ses transporteurs E.M. ainsi que les hangars de stockage et de réparation sont indemnes. Visiblement, les célestiens ont réussi à maîtriser les incendies qui se sont déclarés dans la station. Cette dernière n'a pas dû être une cible prioritaire pour les jadiens.

 

Je me tourne vers mon ami Li, qui s'est arrêté juste à côté de moi.

          - Combien ont péri, à votre avis ?

          - Je n'en ai aucune idée... Mais les pertes seront très élevées, me répond-il.

 

Je lève la tête vers le ciel. On ne peut même plus apercevoir les aurores boréales. Les fumées des brasiers sont si denses et si épaisses qu'elles masquent presque entièrement la voûte céleste. Mon nez me pique et mes yeux brûlent. L'air devient suffoquant.

          - On ferait mieux de se déplacer, nous annonce le prince héritier du trône de Jade. Les vents poussent la fumée dans notre direction.

          - Très bien.

 

En vitesse, la meute de Yukishiro nous emmène au pied de la montagne. Nous traversons une forêt dans une obscurité quasi-totale. Les petits conifères empêchent la lumière des incendies de parvenir jusqu'à nous. Cela n'occasionne aucune gêne pour les loups géants : ils se faufilent au grand galop entre les arbres. Leurs yeux perçants leur permettent de voir dans la nuit sans difficulté.

 

Finalement, à l'orée de la forêt, les canidés s'arrêtent. Par le biais d'images mentales, ils nous font comprendre qu'ils ne peuvent pas nous transporter plus loin. Ils doivent, eux aussi, poursuivre leur migration vers le Sud.

 

Nous les remercions chaleureusement. De son côté, Shizuku serre une dernière fois son ami biotique dans ses bras. Quelques minutes plus tard, le jeune loup, accompagné de sa meute, repart dans les bois. Le visage de l'adolescente célestienne se crispe. Elle sait qu'elle ne le reverra sans doute jamais.

          - Nous devons reprendre notre chemin, déclare Li d'une voix lasse. Rejoignons la route, à cent cinquante mètres devant nous. D'après mes observations, elle nous mènera directement à la station de Shibuyama. Il faut se dépêcher. Bientôt, des milliers de réfugiés se rendront là bas pour être transportés dans d'autres villes.

          - Mais, on en a pour au moins trois à quatre heures de marche! Répliqué-je.

          - Sûrement, me dit-il.

 

Sans ajouter un mot de plus, le prince héritier du trône de Jade prend son paquetage et se dirige vers le sentier de terre. Je suis surpris. Même si nous sommes à plus de deux kilomètres des premières habitations, la lueur des incendies nous éclaire parfaitement. Émettant un grognement, je prends mon propre sac à dos et suis mon ami Li. Shizuku fait de même sans ajouter de commentaire. Elle s'est de nouveau enfermer dans le mutisme. Les événements de ces dernières heures ont été éprouvants pour elle.

 

  À mesure que nous progressons vers Shibuyama, des centaines, puis des milliers de personnes nous rejoignent. La plupart d'entre elles ne portent que leurs propres vêtements. Les blessés sont entassés sur des charrettes tirées par de grands chevaux de trait. De temps à autres, certains d'entre eux poussent un dernier râle d'agonie avant de succomber pour de bon. Les enfants, qui sont d'habitude débordants d'énergie et de vie, sont ici mornes et silencieux. Beaucoup regardent le sol gelé. D'autres pleurent en silence. Les larmes qui coulent sur leurs joues crasseuses gèlent rapidement sous l'effet des basses températures. Ce défilé morbide me déchire le cœur.

 

Le prince héritier du trône de Jade fronce les sourcils. En faisant attention de ne pas élever la voix, il me dit :

          - Ça va être plus compliqué que ce que je pensais. Avec nos paquetages et nos deux fusils, nous allons attirer l'attention... Espérons que nos faux papiers nous permettront de nous en sortir indemnes et de nous procurer un transport aérien.

          - Si nous ne trouvons pas de V.E.M., que ferons-nous ? Lui demandé-je.

          - Bonne question. Rejoindre à pied la ville de Fukai nous prendra plus d'un mois... si nous survivons au voyage.

 

Durant les quatre heures qui suivent, nous marchons avec difficulté à travers une foule de silhouettes fantomatiques qui n'en finit pas de grossir. Enfin, nous parvenons à Shibuyama. Bien que peu bombardée, beaucoup de ses bâtiments ont subi des dégâts importants et certains ne sont plus utilisables. Des barges célestes ne cessent d'aller et venir. Les transporteurs E.M. sont bourrés d'autant de passagers qu'ils peuvent en contenir avant de décoller. Des impacts d'obus, ça et là, parsèment les pistes d'atterrissage.

 

Alors que l'immense marée humaine s'engouffre dans le périmètre de la station, des centaines de soldats tentent de contrôler le flux continu de réfugiés. D'autres escouades, plus disciplinées, restent en faction devant les aéronefs. Ils sont sur le qui-vive.

 

Tout d'un coup, une voix forte interrompt mon observation de toute cette misère humaine :

          - Eh, vous ! Arrêtez-vous !

 

Mon corps est tétanisé. Le temps que je me retourne, cinq soldats nous entourent, moi, Li et Shizuku Honda. Le prince héritier lance un regard glacial à chacun des fantassins. Le chef de ces derniers reprend la parole :

          - Je peux savoir qui vous êtes ? Visiblement, vous n'avez pas soufferts des bombardements... Notre D.C.A. a abattu plusieurs dizaines de barges célestes ennemies. Cela ne m'étonnerait pas que des pilotes jadiens aient réussi à s'en sortir et cherchent maintenant à s'échapper.

          - Pas du tout, réplique Li Mu Bai. Nous sommes de simples voyageurs qui sont arrivés dans la vallée d'Iyan peu de temps après l'attaque aérienne. Ces papiers le prouvent. Nous avons également l'autorisation d'avoir avec nous ces deux fusils pour chasser du gibier lorsque nous nous déplaçons à pied.

 

Mon ami tend nos certificats à l'officier. Celui-ci s'en saisit brutalement avant de les survoler. Sans lever le nez des documents, il nous ordonne :

          - Veuillez nous suivre, s'il vous plaît.

 

En silence, nous suivons le chef d'escouade sous l'escorte de ses quatre soldats. Ils nous emmènent loin de la foule, dans une zone de la station qui a été durement touchée par l'attaque aérienne. Nous sommes entourés de constructions en ruines. Finalement, nous débarquons sur une place. Une douzaine de fantassins y sont présents. Au dernier étage d'une petite tour en béton qui a été épargnée se trouve une position de mitrailleuse lourde. Deux gugusses s'en occupent.

 

Au bord de cette place se trouve trois étranges engins. Une fois de plus, Li répond à ma question silencieuse :

          - Ce sont des setsujô-sha. Des machines qui se déplacent à grande vitesse sur la neige grâce à un puissant générateur E.M.

 

Je plisse les yeux pour mieux apercevoir ces énigmatiques véhicules. Dans l'obscurité, il est difficile d'observer quoique ce soit. Mais j'arrive tout de même à distinguer leur structure d'ensemble. Elle est composée d'une cabine ouverte pouvant accueillir au moins cinq personnes. Elle ne dispose d'aucun armement particulier. Le tout repose sur quatre longs skis et deux chenilles arrières. L'ensemble me paraît tout de même très disgracieux.

          - On est dans la merde, m'annonce soudainement le prince héritier du trône de Jade

          - Qu'est ce que...

 

Je m'interromps. Moi aussi, je viens d'entrevoir la dizaine de corps qui reposent à notre gauche. Visiblement, ils ont été exécutés sommairement. Sans pouvoir me contrôler, je suis pris de petits tremblements. La petite célestienne m'attrape la main. Elle la serre de toutes ses forces. Elle aussi doit être terrifiée. Dans mon fort intérieur, je prie toutes les divinités existantes.

Je ne veux pas mourir.

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Très bon chapitre !

 

Le long et pénible périple de nos héros continue et s'aggrave.

 

Encore une fois, tu as bien géré avec les descriptions, je me répète mais c'est vrai. De plus tu as su faire une belle transition entre le paysage naturel et sa beauté vers celui qu'amène la guerre, le ciel rougeâtre, les multiples explosions ainsi que les chutes de engins de guerre chutant telle des étoiles filantes, belles métaphores.

 

Tu nous fais découvrir aussitôt, les ravages de la guerre avec des populations décimés et qui se retrouvent sans terre, une vraie désolation...

 

Et la fin, n'en est que plus intense, car nos héros sont pris dans un piège fatal. Qui les sauveront à temps ?

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Très bonne qualité d'écriture qui nous plonge dans cette guerre imminente, touchant même la population. Ce ne sont pas deux armées qui se tapent dessus, c'est à celui qui fera le plus de mal au peuple de l'autre.

le voyage à dos de loup m'a plus avec ces décors alpins et enneigés.

Leur voyage n'est pas près de se terminer, avec moult embûches. Récupérer un V.E.M est assez compromis, ce ne sera pas aisé. Ils sont même pris à parti maintenant. Alors il se peut qu'ils ne se feront pas exécuter, mais il ne faut pas trop reposer nos espoirs là-dessus. Ses grosses motos de neige pourraient être les appareils servant pour leur fuite... Je me demande si Li va nous sortir l'un de ses tours. 

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  • 1 month later...

Salut à tous ! Voici enfin le chapitre XXV, beaucoup plus long qu'à l'accoutumé !

Bonne lecture !

 

Chapitre XXV : Amnésia

 

La jeune fille ouvrit les yeux. Elle était confortablement installée sur un lit beige sans couverture ni coussin, en position allongée. Elle portait une robe ample de couleur crème, sans doute en bio-fibre extensible. Le matelas en néo-polymères de synthèse épousait parfaitement les formes de son corps. Au-dessus d'elle, un plafond d'un blanc uniforme la dominait. Pas une seule tâche ne se discernait dans cette blancheur immaculée.

 

Elle tourna la tête vers la droite puis vers la gauche. Son lit se trouvait accolé contre l'un des quatre murs d'une pièce rectangulaire entièrement blanche et sans fenêtre. Au centre de cette dernière se tenaient deux chaises autour d'une petite table ronde. De l'autre côté de la salle, un canapé pouvant accueillir quatre personnes était juxtaposé contre la paroi d'en face. Tout ce mobilier était, lui aussi, d'une blancheur éthérée. Au beau milieu du plafond, une lampe plasmatique éclairait l'ensemble de la chambre d'une lumière blanchâtre.

 

La jeune fille se redressa. Elle fut prise d'un léger vertige qui disparut au bout de quelques secondes. Elle passa sa main droite sur son front tandis qu'elle tentait de remettre de l'ordre dans ses pensées.

Mais... Où est-ce que je suis ?

Cette question en amena une autre, sans doute plus fondamentale.

Et surtout... Qui suis-je ?

La jeune fille n'avait aucune idée de son emplacement, de qui elle était ni de ce qu'elle faisait là. Elle avait bel et bien perdu la mémoire. Cet état de fait la fit paniquer. Son rythme cardiaque s'accéléra et de la transpiration se mit à couler le long de ses tempes.

 

Calme-toi, se dit-elle. Calme-toi. Il doit y avoir une explication logique à tout ça. Tout d'abord, se lever...

 

Alors qu'elle posait ses deux pieds par terre, un écran virtuel se matérialisa brusquement dans les airs à une cinquantaine de centimètres de son visage. Étrangement, elle ne fut nullement surprise par cette apparition soudaine. De toute évidence, elle s'était déjà servie de ce genre de technologie et cela la troubla. Une voix se mit à résonner dans son crâne :

Activation de l'interface de Réalité Augmentée : confirmée.

 

Elle comprenait parfaitement tout ce qui lui était énoncé. Aussi bizarre que cela puisse paraître, elle reconnut la langue utilisée. C'était du galactique standard.

 

Une image ainsi que des informations écrites apparurent sur l'affichage en bidim. Elle représentait une jeune femme blonde, souriante et d'origine européenne. Cette dernière avait les yeux émeraudes et sa chevelure, magnifiquement entretenue, retombait sur ses épaules. Elle ne devait pas avoir plus de vingt cinq ans.

 

Instinctivement, la jeune fille s'attrapa ses longs cheveux et les porta à son regard. Ceux-ci étaient blonds.

Bon... Je suppose que c'est moi, pensa-t-elle.

 

Elle s’apprêtait à lire les données en galactique standard quand soudain, la voix reprit de plus belle dans sa tête :

Éléonore Datarianne. Statut : créatrice. Contrôle psychique : désactivé, conformément à son statut. Profil encéphalographique : vert clair. Apte pour le service.

 

          - Je sais lire, merci, s'écria-t-elle dans le vide sans vraiment attendre de réponse.

 

Après une dizaine de secondes de silence, des paroles à tonalité plus masculine retentirent dans le cerveau de la jeune fille.

Ah, vous êtes enfin réveillée ! Il vous en a fallu du temps, pour reprendre conscience...

          - Je peux savoir qui vous êtes ? répondit Éléonore à haute voix.

Mhm, il est vrai que je ne me suis pas encore présenté. Je suis une intelligence artificielle et je me nomme Turing. Je serai votre guide et votre assistant tout au long de votre travail dans ce centre de recherche.

          - Attendez une minute. Quel centre de recherche ? Où est-ce que je suis ?

Je suis navré, mais je ne suis pas autorisé à vous divulguer ce genre d'informations. Tout ce que je peux vous dire, c'est que les tâches que vous effectuerez ici sont si importantes et si cruciales pour l'avenir de notre peuple que nous avons dû sceller une bonne partie de votre mémoire dans les tréfonds de votre subconscient. Vous retrouverez vos souvenirs une fois votre travail terminé.

          - Qu'est ce que c'est que cette histoire ? Jamais je n'aurai accepté de...

Écoutez, je répondrai à toutes vos questions dans la mesure de mes limiteurs plus tard. Pour le moment, on vous attend à l'extérieur de cette salle.

          - On ? Qui ça, on ?

 

Turing ne répliqua pas. Une porte, à droite du canapé, se matérialisa et s'ouvrit dans un léger bruit de coulissement. Alors que la jeune femme s'y dirigeait d'un pas lent et hésitant, la première voix qu'elle avait entendu la fit sursauter :

Souhaitez-vous un environnement holographique particulier, mademoiselle Datarianne ?

          - Qu'est ce que j'en sais, moi ? Répondit l'intéressée, énervée.

 

Puis, au bout d'un petit moment, elle reprit :

          - Mettez moi une ambiance au hasard.

 

A ces mots, la pièce se métamorphosa. Quatre petites billes, qu’Éléonore n'avait pas encore repérées et qui étaient situées aux quatre coins du plafond, s'illuminèrent. Sous le regard de Datarianne, le mobilier prit des couleurs. Désormais, on aurait dit que la table était composée de bois laqué et dorée à l'or fin sur le pourtour. Les chaises, quant à elles, paraissaient être faites de cuir rouge. Des fenêtres, offrant une vue sur la mer, apparurent sur l'un des murs de la pièce. Enfin, les parois semblèrent se recouvrir d'un papier peint jaune foncé et quelques tableaux holographiques représentant des bateaux s'y matérialisèrent.

 

Après quelques secondes, les petites boules si lumineuses disparurent sous un revêtement holographique. La jeune femme n'en croyait pas ses yeux. Elle resta un long moment à contempler le changement qui était survenu grâce aux miracles de la technologie holo.

On vous attend... rappela Turing.

 

Éléonore fit la grimace. Elle reprit son chemin vers la sortie avant de pénétrer dans le couloir. Ce dernier était très large. Deux trains mono-rails électromagnétiques pourraient s'y croiser sans difficulté. Là aussi, les parois étaient d'une blancheur uniforme. Les portes, espacées de cinq à six mètres entre elles, étaient presque indiscernables dans les murs en permabéton recouverts de peinture blanche. Seule une inscription au-dessus de chaque ouverture donnant sur le corridor venait contrer la monotonie de cet endroit.

 

La jeune fille se retourna et tenta de lire ce qui se se trouvait au-dessus de la porte de sa propre chambre : 2356-G-28.

Mademoiselle Datarianne, on vous expliquera tout lors de votre session de préparation. Ne traînez pas !, fit la voix masculine de Turing dans sa tête.

 

          - Je dois aller à gauche ou à droite ? Demanda la jeune femme.

A gauche, répondit l'intelligence artificielle.

 

Sans se presser, Éléonore se dirigea dans la direction indiquée. Elle ne croisa personne sur sa route. Dans cette uniformité à l’extrême, elle se sentait mal à l'aise.

Quel monde sans âme, pensa-t-elle.

 

Après quelques minutes de marche, elle arriva enfin au bout du couloir. Une sorte de sas faisait face à elle. Datarianne tenta de regarder par la vitre en supraplastique de la porte ronde. Mais celle-ci était trop trouble pour qu'on puisse y voir quoique ce soit.

Veuillez attendre un petit instant, l'avertit Turing.

 

Soudain, une lumière extrêmement brillante scintilla à travers la vitre l'espace d'une demi seconde. Subjuguée, la jeune femme retint son souffle. Puis le sas s'ouvrit.

Prenez place à l'intérieur, ordonna l'I.A.

 

Éléonore hésita un instant avant de pénétrer dans le réceptacle. Lorsqu'elle franchit le passage, elle perçut une légère décharge qui parcourut tout son corps : elle venait de traverser un champs de confinement. Une voix rauque, machinale et sans intonation résonna à ses oreilles :

          - Entrée zone sans gravité.

 

Et effectivement, Datarianne se sentit plus légère. Ses pieds décolèrent du sol et, sans faire attention, elle se cogna la tête contre le plafond en alliage de titane et de méta-acier. Elle étouffa une injure avant d'observer son environnement. Le sas formait en réalité une sorte de tore d'une dizaine de mètres de diamètre. Au centre de ce dernier se trouvait tout un tas d'appareils électroniques et informatiques qui brillaient de mille feux. Autour de ce dispositif étaient disposés des places dirigées vers l'extérieur. D'autre sièges se trouvaient sur la face externe du tore, toujours à l'intérieur du réceptacle. En revanche, ils étaient orientés vers le centre. Au totale, une vingtaine de personnes pouvaient y prendre place.

Mais qu'est ce que c'est que cette machine ? Se demanda la jeune femme.

 

Asseyez-vous et attachez-vous, mademoiselle Datarianne, exigea Turing. Vous risquez d'être blessée si vous ne le faites pas.

 

Éléonore s'exécuta. Après quelques maladresses dues à l'absence de gravité, elle réussit à attraper un siège, à s'y asseoir et à s'y attacher. D'une oreille distraite, elle entendit la fermeture du sas accompagnée d'un petit sifflement. La voix sans émotion reprit la parole :

          - Préparation au transfert. Activation dans quinze secondes.

 

Transfert ? Quel transfert ? Se dit Datarianne.

La jeune femme commença à s'agiter. Turing dut à nouveau entrer en contact mental avec elle pour la calmer.

Ne vous inquiétez pas, la rassura-t-il. Au bout d'un moment, vous vous y habituerez.

          - Comment ça, je m'y habituerai ? Et quelle est cette foutue machine ?! Cria-t-elle.

 

Elle s'apprêtait à débiter toute une série de nouvelles injures quand tout à coup, elle ressentit un changement soudain de la gravité. Elle se sentit comme écrasée contre son siège. Son estomac en était tout retourné. Elle se retint de vomir.

          - Transfert terminé, annonça la voix monotone de l'I.A. du sas.

 

Vous pouvez sortir du T.F.H. à présent, rajouta Turing.

          - T.F.H. ? demanda Éléonore, encore toute secouée.

Oui. Ce sont les initiales du Téléporteur à Fenêtres Hyperspatiales. Maintenant, veuillez quitter le réceptacle.

          - Très bien, très bien... répliqua-t-elle.

 

La porte du sas se déverrouilla et la jeune femme émergea de la machine infernale torique. Cette fois-ci, elle ne ressentit aucun changement lorsqu'elle posa ses pieds à l'extérieur du T.F.H. Visiblement, il n'y avait pas besoin de maintenir une gravité artificielle à l'endroit où elle était. Puis elle regarda droit devant elle.

 

Des centaines de personnes allaient et venaient dans toutes les directions, sans faire la moindre attention à elle. Certaines d'entre elles avaient la tête plongée dans des hologrammes informatifs qui s'affichaient juste devant leurs yeux. D'autres pianotaient dans les airs comme si de rien n'était tout en se déplaçant. Ceux-là devaient avoir recours aux implants cybernétiques de réalité augmentée. Une chose choqua Éléonore. Tous ces individus portaient des habits identiques. Les femmes étaient vêtues d'une robe ample de couleur crème, comme elle, tandis que les hommes avaient un costume de couleur crème également. La majorité des travailleurs avaient les yeux vides, comme s'ils se contentaient de suivre docilement les ordres de leur I.A. d'assistant virtuel.

Mais où suis-je tombée ? Se demanda Datarianne.

 

La voix de Turing résonna de nouveau dans son crâne :

Bon, désormais, dirigez vous vers le train mono-rail Delta-2358. Je vais vous indiquer la trajectoire à effectuer pour y arriver via votre Réalité Augmentée.

 

Soudainement, une flèche rouge clignotante se matérialisa à un mètre du sol et à deux mètres devant la jeune femme. Les autres usagers traversaient l'affichage en bidim comme s'ils ne la voyaient pas.

          - Dites-moi, Turing, dit Éléonore à haute voix. Si vous continuez à me prendre en main comme ça tout le temps, vous allez finir par m'abrutir et, à défaut, par m'énerver grandement.

Si vous le désirez, je pourrai me faire plus discret à l'avenir. Mais pour le moment, vous ne connaissez pas encore tous les trajets que vous devrez faire chaque jour pour aller à votre travail.

 

Datarianne poussa un long soupir d'exaspération avant de se mettre en route. Rapidement, en suivant les indications de Turing, elle parvint à la rame du transporteur mono-rail automatique qui était sur le point de partir. Sans plus attendre, elle prit place sur un siège libre à côté d'un homme d'une quarantaine d'années. Contrairement à la majorité des autres passagers du wagon, ses yeux violets pétillaient de malice. Lorsque la turbine en supraconducteurs se mit en route et que le train commença à se mouvoir, le quadragénaire posa une question :

          - Tiens, vous êtes une créatrice, vous-aussi ?

          - Comment ça ? répliqua la jeune femme

          - Et nouvelle, de surcroît... Je me souviens de mon premier jour aussi. On se réveille. On ne se souvient de rien... Et on doit travailler sur ce monde sans saveur, jour après jour.

          - Vous savez où on est ? demanda Éléonore, pleine d'espoirs.

 

L'homme explosa de rire. Il ne parvint à se maîtriser qu'à grand peine. Patiente, Datarianne continua de fixer le bonhomme d'un air insistant. Finalement, ce dernier continua :

          - Personne ne sait réellement où se trouve ce système. Tout ce qu'on entend, ce sont des rumeurs.

          - Quelles rumeurs ?

          - Si vous vous engagez sur cette voix, ma p'tite, vous finirez en centre de réhabilitation. Ils ne plaisantent pas avec les contrôles encéphalographiques, vous savez. Je le sais, j'y ai déjà eu droit.

          - Mais de quoi vous me parlez ?

 

Le quadragénaire fit une pause. Il regarda le plafond du wagon avant de pousser un soupir. Il finit par déclarer :

          - Ma foi, vous êtes nouvelle... Votre profil encéphalographique restera vert un long moment, je pense. Pour tout vous dire, ces rumeurs stipulent que nous sommes sur Framtida, une planète qui vient tout juste de terminer la phase un de sa terraformation par... eh bien, par notre ''peuple'', comme ils disent.

 

L'homme s'interrompit quelques secondes, jeta un coup d’œil par la fenêtre en supra-plastique transparent puis reprit la parole :

          - Tenez, regardez à l'extérieur.

 

La jeune femme obtempéra. Dehors, le monde était plongé dans les ténèbres. Seules quelques étoiles, accompagnées de deux petites lunes, brillaient sur la voûte céleste. La nuit devait être tombée depuis plusieurs heures. Malgré la faible lueur, Datarianne discerna de nombreux trains mono-rails électromagnétiques qui transportaient des centaines voir des milliers de tonnes de marchandises. Cependant, elle n'arrivait pas à observer les constructions titanesques, cachés par l'obscurité. Le transporteur automatique, dans lequel elle se trouvait, filait à plus de cinq cents kilomètres par heure.

 

Soudain, un jais de lumière l'aveugla. Celui-ci éclaira toutes les fabriques et bâtiments alentours. Il partait du ciel -d'un objet en orbite qu’Éléonore ne parvint pas à identifier- pour arriver, sur terre, au centre d'un gigantesque anneau de deux ou trois kilomètres de diamètre. Ce dernier s'illumina et prit une couleur bleue argentée très vive. Des éclairs fusèrent entre des batteries supraconductrices placées sur tout le pourtour. La jeune femme n'en crut pas ses yeux.

Une centrale à rayon gamma, pensa-t-elle.

 

          - Impressionnant, n'est-ce pas ? Commenta le quadragénaire. Cette station énergétique est capable de générer en un jour l'équivalent d'une seconde de la production d'énergie d'une étoile de type G.

          - Oui, je suppose qu'ils ont dû procéder à une manipulation d'énergie sombre en orbite puis à convertir celle-ci sous forme de rayons gamma qu'ils ont renvoyés ici, à la surface de la planète. Sans ce dispositif de réception, ce monde serait réduit en poussière. Cette centrale peut alimenter des dizaines de systèmes entiers.

          - Pas mal du tout, la nouvelle. Je commence à comprendre pourquoi vous êtes une créatrice. Vous êtes spécialisée dans le domaine de la physique fondamentale ?

          - Je n'en sais rien du tout. Les connaissances me viennent à mon esprit naturellement, sans que je ne recherche quoique ce soit.

          - Je vois... On vous dira votre spécialisation une fois que vous aurez reçu votre formation pré-élémentaire. Dans tous les cas, je vous souhaite bonne chance.

 

L'homme se fit silencieux. Visiblement, il n'avait plus envie de poursuivre la conversation. Datarianne, quant à elle, continua de regarder le jais de lumière qui resta actif une bonne dizaine de secondes avant de s'évanouir dans la nuit.

 

Au bout de deux heures de trajet, le train s'arrêta. Après avoir pris congé du quadragénaire, Éléonore, sous les conseils de Turing, sortit de la gare d'arrivée en peu de temps. Lorsqu'elle atteignit l'entrée principale de la station, elle fit une pause pour observer l'immense complexe industriel qui s'étendait à ses pieds.

 

Des centaines de fabriques spécialisées dans la haute technologie fonctionnaient continuellement grâce aux équipes d'humains génétiquement modifiés qui se relayaient et aux milliers d'aérodrones robotisés contrôlés par les I.A. de service. Partout où la jeune femme posait le regard se dressait un laboratoire ou une usine de composants hight-tech. Même à cette heure tardive, des milliers de travailleurs pressés s'entassaient dans les rues éclairées en permanence par des lampes plasmatiques. 

Dépêchez vous ! rappela Turing. Nous n'avons pas toute la journée ! Enfin, toute la nuit...

          - C'est bon, j'ai compris... répliqua Datarianne.

 

En vitesse, la créatrice se laissa guider par la flèche indicatrice de Turing dans le complexe. Finalement, elle déboula dans un bâtiment en permabéton haut de plusieurs centaines d'étages. Au rez-de-chaussé, un attroupement de plusieurs centaines de personnes grossissaient à vue d’œil.

C'est là, lui dit l'I.A. Vous arrivez à point nommé. La séance de présentation des jeunes créateurs va tout juste commencer.

 

En effet, devant chaque individu présent dans le hall, un écran holographique se matérialisa devant leurs visages surpris. Une vidéo se mit en marche sur l'affichage en bidim. Un homme y apparut, vraisemblablement un biotique.

Comment je sais que c'est un biotique et comment se fait-t-il que je sache ce qu'est un biotique ? Se questionna la jeune femme.

Ce dernier prit la parole :

          - Bienvenue à vous, créateurs et créatrices. Comme vos assistants virtuels ont dû vous en informer, vous êtes ici parce que vous avez un travail à accomplir. Parmi des trillions de personnes, vous avez été sélectionnés pour acheminer notre civilisation sur les voies de la réussite. Vous possédez un talent rare, celui de créer et d'imaginer de nouveaux systèmes qui amélioreront notre vie de tous les jours, ou de découvrir les subtiles lois de l'univers afin que nous en prenions le contrôle. Bref, vous possédez le talent de faire avancer la science. Utilisez-le judicieusement. Ici, vous pouvez laisser libre cours à votre créativité. Sachez toutefois qu'une fois votre tâche accomplie, tous vos souvenirs de ce centre de recherche seront sceller dans votre subconscient avant de vous laisser repartir sur vos planètes respectives pour raison de sécurité. Vous récupérerez alors la mémoire de votre vie précédente. Pour tous les services que vous rendrez à notre nation, vous serrez largement récompensés.

 

Le psyker fit une pause pour reprendre son souffle avant de continuer :

          - Bien, maintenant que j'ai fini mon discours d'introduction, passons aux choses pratiques. Chacun d'entre vous sera affecté d'un tuteur qui vous accompagnera durant les premiers mois de votre travail. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les lui poser. Ce sera tout.

 

Tous les écrans en bidim disparurent. Puis, des centaines de personnes entrèrent de nouveau dans le hall. Visiblement, les tuteurs de tous les nouveaux créateurs de débarquer dans la pièce. Sans attendre, Éléonore partit à la recherche de son propre responsable. En moins d'une demi-minute, elle se retrouva face à un homme relativement trapu et à l'air fatigué. Il devait avoir entre trente et quarante ans, bien que la jeune femme ne put déterminer son âge avec précision. Ce dernier demanda :

          - Éléonore Datarianne ?

 

La créatrice opina de la tête. Le trentenaire reprit alors la parole :

          - Je suis Santos Navadas, physicien moléculaire et, accessoirement, votre tuteur.

          - Ah, vous tombez bien, lui répondit-t-elle. J'ai des tas de questions à vous poser.

 

L'homme se mit à sourire.

          - Je n'en doute pas, mademoiselle Datarianne. Mais auparavant, j'aimerai que vous psycho-mémorisiez le premier cours de votre formation pré-élémentaire. Je suis sûr que cela répondra à nombre de vos questionnements.

          - Très bien.

          - Mais auparavant, nous allons devoir désactiver votre interface de Réalité Augmentée et, avec elle, votre assistant virtuel. Sinon, le processus de psycho-mémorisation risque de mal tourner.

 

Sans plus attendre, le scientifique pianota quelque chose dans les airs et la voix de Turing se fit percevoir dans la tête de la créatrice.

Désactivation de l'interface de Réalité Augmentée : confirmée.

          - Je ne savais pas que l'on pouvait faire une chose pareille ! Commenta Datarianne.

          - Bien sûr que si, mais il faut apporter une justification pour que le système accepte la demande.

 

Navadas conduisit alors la jeune femme jusqu'à un ascenseur qui les amena jusqu'au deux cent trente deuxième étage de la tour. Ils parcoururent ensuite un dédale de couloirs et de corridors. Ils finirent par déboucher dans une petite salle avec, au centre, une chaise longue en alliage de métal souple. Juste à côté, Éléonore reconnut un système de stockage mémoriel mais aussi un désinhibiteur de souvenirs. Surprise, elle se retourna vers le physicien qui lui arbora un grand sourire.

          - C'est bien ce que vous pensez. Mettez vous à l'aise pendant que j'active les ''programmes éducatifs''.

 

Il avait insisté de manière très ironique sur ces deux derniers mots. Mal à l'aise mais poussée par la curiosité, la jeune femme prit place contre le dossier froid de la chaise longue. La porte de la petite pièce se referma puis les lumières plasmiques de la salle s'éteignirent.

 

Soudain, une représentation holographique d'une femme en tridim se matérialisa juste devant Datarianne. Cette femme avait l'air jeune, probablement le même âge qu’Éléonore. En revanche, elle était d'origine asiatique et une aura de prestance se dégageait de sa personne.

Salut !

 

La voix de l'asiatique avait résonné dans sa tête.

Je suppose que tu dois être un peu surprise, poursuivit-elle. Non, ne répond pas à haute voix. Je ne veux pas que les I.A. de l'Autorité Suprême nous entendent. En réalité, je vais te faire quelques révélations, tu t'en doutes bien.

 

Mais où est ce que je l'ai déjà vu, celle-là ?, se questionna mentalement la créatrice.

 

Comme tu as pu le constater, des appareils pour réveiller ta mémoire ont été acheminés jusqu'ici dans le plus grand secret. Tu dois sûrement te demander pourquoi et te passer ta main droite dans tes cheveux, comme à chaque fois lorsque tu es prise au dépourvu.

 

En vitesse, Datarianne retira sa main de sa chevelure.

Mais c'est qui, celle là ? se demanda la jeune femme.

 

Le processus de désinhibition de la mémoire, tu devras l'effectuer par toi-même avec le matériel qui est à ta disposition. Je suis sûre que tu sais t'en servir. Aussi je dois te mettre au courant du câble cybernétique que tu possèdes dans ta nuque.

 

L'hologramme tridimensionnel prit une pause. Éléonore en profita pour digérer toutes les informations qu'elle venait de recevoir. Finalement, au bout d'une dizaine de secondes, la voix reprit de plus belle :

 

Tu dois te demander comment je peux savoir tant de choses sur toi. Je vais te répondre. Et suite à ça, je suis certaine que tu n'hésiteras pas un seul instant à utiliser le désinhibiteur de mémoire...

 

L'asiatique s'interrompit quelques temps avant de déclarer :

 

Je suis toi, Éléonore.

          - Et tu es moi, répondit du tac-au-tac et à haute voix la jeune femme.

 

Ton vrai nom est Mei Woo Tang.

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Un chapitre bien conséquent.

 

Du début jusqu'à la fin, on est transporté et hypnotisé par le réveil de cette jeune femme inconnue, bien que j'avais quelques petites idées.

 

Comme d'habitude on est immergé à travers, les descriptions de tes environnements, toujours aussi bien détaillé et facile à comprendre, même certains mots technologiques lol.

 

Puis arrive la fin, qui laisse sans voix et donne naissance à des dizaines de questions. Comment Mei s'est elle retrouvé là ? Dans quels circonstances ? Depuis combien temps ? Et que cherche à faire les cerveaux derrière cette grande organisation ?

 

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Puis arrive la fin, qui laisse sans voix et donne naissance à des dizaines de questions. Comment Mei s'est elle retrouvé là ? Dans quels circonstances ? Depuis combien temps ? Et que cherche à faire les cerveaux derrière cette grande organisation ?

 

 

Eh bien, pour cela, il faut relire le chapitre XXIII ''Mission d'espionnage''. Je suis sûr que tu feras des liens de cause à effets  :D En tout cas, merci pour ton commentaire !

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Chapitre que l'on suit avec curiosité parce que l'on pense suivre un tout nouveau protagoniste.

J'ai fait le lien avec la planète sur laquelle s'était retrouvée Mei. Quant à Eléonore, ne serait-elle pas la femme qui se serait fait embarquer par des spykers sous les yeux de Mei, un peu avant ?

 

Je trouverai ça logique puisqu'elle est conditionnée pour travailler sur cette planète dans un objectif bien précis.

Cependant quelque chose m'a échappé à la toute fin... Mei et Eléonore seraient la même personne en définitif. Des explications s'imposent ! xD

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@bloody : je vais te donner en indice deux mots pour que tu puisses continuer tes hypothèses : chirurgies futuristes

 

Au fait, n'hésitez pas à donner vos hypothèses. De plus en plus d'éléments vous sont fournis et nous nous engageons lentement, mais surement vers la fin de l'histoire :)

 

En attendant, voici le prochain chapitre :

 

Chapitre XXVI : Fuite

 

L'officier célestien conduit notre groupe au centre de la place avant de marquer un temps d'arrêt. Il adresse un signe de tête à ses quatre subordonnés. Ces derniers, qui sont restés derrière nous jusqu'à présent, se mettent à nous encercler. Je serre les dents. Malgré les faibles températures, je sue aussi comme un baudet. Les autres soldats, quant à eux, nous observent d'un air mauvais.

 

Peu après, l'un des fantassins de notre escouade d'escorte nous confisque nos fusils de chasse et nos paquetages qu'il dépose à trois mètres de nous, hors de notre portée. Il revient ensuite à sa position initiale. Le gradé, satisfait, feuillette de nouveau les papiers que lui a remis mon ami Li. Au bout d'un petit moment, il finit par dire :

          - Li Wei, Titus Solenius et Shizuku Honda... Vos certificats sont en règle mais quelque chose me chiffonne, vous voyez ?

 

Le chef d'escouade prolonge volontairement le silence. L'adolescente célestienne, qui n'a toujours pas lâchée ma main, tremble comme une feuille. Je jette encore un coup d’œil aux pauvres diables qui gisent sur le flanc, de l'autre côté de la place. Je suis si terrifié que je ne pense pas à répliquer. Le prince héritier du trône de Jade, lui, reste imperturbable. Il se contente de regarder droit dans les yeux notre interrogateur. Celui-ci reprend la parole :

          - Je vois bien que deux d'entre vous ne sont pas originaires du Royaume des Toits Célestes.

 

L'officier s'interrompt quelques secondes. Il se met à me dévisager avant de déclarer :

          - Titus Solenius, je n'ai absolument aucune idée de l'endroit d'où vous venez. Une chose est certaine : vous n'êtes pas d'ici. Je pense que vous n'habitez même pas sur ce continent. Quant à vous...

 

Il se retourne vers Li Mu Bai.

          - Je suis sûr que vous faites parti de l'ethnie des Han. Je mettrai ma main à couper que vous êtes un jadien.

 

Sans ajouter un mot de plus, le gradé lève son bras droit. Les quatre fantassins qui nous entourent nous mettent en joue.

          - Tout jadien recensé sur notre territoire est un jadien mort. A mon commandement...

 

Merde, pensé-je. Est-ce déjà la fin ?

Je regarde désespérément le prince héritier. Son visage, habituellement calme et posé, reflète la terreur. Il sait qu'il n'aura pas le temps d'agir. S'il fait un geste, une dizaine de balles lui trouera la peau. Je sens une pression sur ma main gauche. Shizuku est en état de choc. Tout son corps est sous tension. Moi-même, je n'arrive plus à réfléchir correctement.

 

Je ferme les yeux et j'attends. Je ne reverrai jamais ma famille. Je ne rentrerai pas sur Thunderia. Tous mes sens sont en alerte. Ma peau semble devenir hypersensible. Je ressens le moindre souffle de vent. Les faibles courants d'air me hérissent les poils. Ma gorge s'assèche. J'ai du mal à respirer. L'angoisse extrême m'empêche de bouger.

 

Je patiente, la boule au ventre. Les secondes défilent avec une interminable lenteur. Je repense à tout ce que j'ai traversé jusqu'ici. Ma rencontre avec les gaïaciens, l'expédition sur le Véziria... Bon sang, et Titania ? Elle doit sûrement remuer ciel et terre pour me retrouver. Je n'aurai pas l'occasion de la revoir. Des larmes commencent à couler le long de mes joues.

 

Soudain, je ressens une légère pression dans mon crâne. Je rouvre les yeux. Les quatre soldats et leur sergent sont comme pétrifiés. Leurs visages sont figés en un curieux rictus. L'officier semble garder son bras levé contre sa volonté. Je retourne ma tête vers les autres escouades célestiennes. Certains combattants se prennent la tête entre leurs mains. Visiblement, ils sont soumis à un horrible mal de crâne. Les autres se précipitent à la rencontre de leurs camarades, tentant vainement de leur venir en aide.

 

Tout d'un coup, des formes floues surgissent d'un bâtiment en ruine. Elles sont si rapides que je peine à les suivre du regard. Sans perdre un instant, elles fondent sur les fantassins. Sans avoir le temps de réagir, cinq d'entre eux se font déjà déchiqueter. Des crocs puissants entrent en action, déchirant la chair et brisant les os. A travers les gerbes de neige et de sang, je distingue des oreilles pointues et un pelage blancs. Je les reconnaîtrais entre mille.

          - Aux loups, aux loups ! Crie un soldat.

 

Plusieurs coups de feu retentissent derrière moi, me faisant sursauter. Je me retourne précipitamment. Li tient entre ses mains une petite mitraillette. Derrière lui gisent les corps sans vie des quatre fantassins et de leur sergent.

          - On se barre, et en vitesse ! S'écrit-il

 

Sans réfléchir, j'entraîne la petite célestienne avec moi. Je récupère en vitesse mon paquetage. Shizuku fait de même.

          - C'est Yukishiro ! Me dit-elle. Lui et quatre autres membres de sa meute sont revenus pour nous !

          - Dépêche-toi, me contenté-je de lui répondre. On doit vite se mettre à l'abri !

 

Les tirs fusent dans tous les sens. Les canidés géants les esquivent avec une étonnante facilité. Ils sont comme enveloppés d'une aura bleutée. La lumière est déformée autour d'eux. En l'espace d'une minute, les loups mettent hors d'état de nuire les huit autres fantassins présents sur la place.

 

Soudain, la mitrailleuse lourde, postée en haut de la tour, entre en action. Les balles traçantes tentent en vain de faucher les animaux biotiques qui battent en retraite dans l'obscurité des ruines sous des gerbes de neige.

          - Et merde ! S'écrit Li.

 

Sans attendre, il canarde la position surélevée. Les deux soldats qui s'y trouvent cessent de tirer et se terrent derrière les murs en béton.

          - À couvert dans les setsujô-sha, vite ! nous ordonne-t-il alors qu'il continue d'arroser copieusement le nids de mitrailleuse.

 

Shiziku et moi courrons à en perdre haleine vers les camions-neige. Avec nos paquetages sur le dos, nous y parvenons en une vingtaine de secondes. Sous l'effet de l'adrénaline, nous sautons directement dans la cabine de pilotage sans prendre le temps de passer par le point d'accès. Cinquante mètres plus loin, Li tient toujours en respect la mitrailleuse. Il est complètement à découvert. Dés que son chargeur sera vide, il aura de gros problèmes.

          - Je vais tenter de démarrer ce gros tas, m'annonce la petite célestienne d'une voix tremblotante.

 

Elle donne un coup dans une partie du tableau de bord, faisant voler une plaque de taule. Rapidement, elle manipule avec dextérité les fils électriques qui en sortent. Quant à moi, je reprends l'un des deux fusils que nous avons apporté avec nous et me met en position de tir, au bord de la cabine ouverte qui me protège presque intégralement. Seule ma tête et le canon de mon arme dépassent du blindage en acier.

 

Sans réfléchir, je vise la position de la mitrailleuse située à plus de cent cinquante mètres, ce qui n'est pas une chose aisée. C'est à ce moment précis que le prince héritier du trône de Jade tombe en rade. Son chargeur de deux ou trois cents balles est vide.

          - Bordel ! m’exclame-je. 

 

Je n'attends pas un instant, je fais feu moi aussi sur le nids de mitrailleuse. Avec vingt cartouches dans le chargeur et un fusil qui tire une balle par seconde, je peux difficilement réaliser un tir de couverture... Et je ne suis même pas sûr que mes projectiles atteignent la tour en béton.

 

Cela dit, ma diversion a l'effet escompté : au lieu de s'en prendre à mon ami jadien, la mitrailleuse me cible. Dans un capharnaüm d'enfer, les balles traçantes ricochent sur le blindage du setsujô-sha. Visuellement, c'est très impressionnant. Des dizaines de petits traits de lumière jaune-orangée fondent sur moi pour tenter de me trouer la caboche. Je lutte contre ma peur. Il ne faut pas que je me mette à plat ventre. Si je cesse le feu, Li se retrouvera avec des dizaines de plombs de la peau.

 

Inlassablement, je continue de tirer. Mes bras commencent à trembler. Je sens les projectiles qui fusent juste au-dessus de ma tête.  Soudain, alors que je presse la détente, mon arme refuse de faire feu.

          - Putain d'merde ! m'écrie-je.

 

Un chargeur de vingt balles ne fait vraiment pas long feu. Je tente de repérer où se trouve Li. Ce dernier se dirige à toute vitesse vers nous avec son paquetage et sa mitraillette. Il lui reste cinq mètres à parcourir. Immédiatement, la mitrailleuse lourde le prend pour cible.

 

Tout se passe très vite. Alors qu'il saute par-dessus le bord de la cabine pour se mettre à l'abri, les célestiens crachent de nouveau leur pluie de mort. Lorsque le prince héritier passe près de moi, une giclée de sang m'arrose le visage. Je me retourne précipitamment. Au fond de la cabine, le jadien se redresse tant bien que mal.

          - Les enfoirés ! Ils m'ont eu à l'épaule, nous lance-t-il.

 

Shiziku s'interrompt. Elle se dirige vers Li, en panique. Mais ce dernier l'arrête dans sa course par un geste brusque.

          - Non, continue de démarrer le setsujô-sha. C'est le seul moyen de nous sortir de ce merdier.

 

Les larmes aux yeux, la petite célestienne opine de la tête et retourne manipuler ses fils électriques. Peu après, le prince héritier se redresse et ramasse le deuxième fusil que nous avons. Bon sang... Ce type est-il réellement humain ? Sous mon regard ébahi, Li commence à modifier sa respiration et ferme ses paupières. Son souffle devient plus profond et plus régulier. J'ai l'impression qu'il rentre dans un état méditatif avancé.

 

Il fini par rouvrir ses yeux. Ses pupilles sont dilatées. Sans crainte, il se met en position de tir au bord de la cabine ouverte, sa tête à découvert. Les célestiens font feu de nouveau contre nous. Sans se laisser déconcentrer par les balles traçantes, le prince héritier prend une large inspiration avant de tirer un premier coup.

 

Instantanément, la pluie de plombs cesse. Interloqué, je jette un coup d’œil en direction de la tour en béton. La place est devenue aussi silencieuse qu'un tombeau. Pourtant, Li continue de garder en joue le nids de mitrailleuse. Au bout d'une dizaine de secondes, il tire une seconde fois. Je plisse les yeux. Dans la semi-obscurité, je remarque qu'une forme noire tombe du bâtiment. J'y crois pas. Mon ami a réussi à abattre ces deux gugusses dans la pénombre ?

 

Finalement, le prince héritier du trône de jade sort de sa transe. Vidé de son énergie, il s'écroule sur le dos. Je parviens à le rattraper à temps pour qu'il ne se cogne pas la tête. Je regarde son épaule droite. Elle est en piteuse état. La balle l'a traversé de part en part, déchiquetant les muscle et traversant l'omoplate.

Comment a-t-il pu tenir son fusil avec une telle blessure ? Pensé-je.

 

Maintenant, Li est dans les pommes. Je prends une de mes chemises dans mon paquetage, la déchire et tente de faire un garrot de fortune à mon ami. A peine ai-je fini que j'entends des bruits de moteur se rapprochant de la place.

          - Tu n'as toujours pas terminé, Shizuku ? Demandé-je, inquiet.

          - Ça vient, ça vient ! Me répondit-elle, légèrement énervée.

 

Une fois de plus, je jette un coup d’œil à l'extérieur de la cabine. Ce que je vois me terrifie. Deux énormes setsujô-sha, bien plus gros que le nôtre et possédant une tourelle lourde, se dirigent à toute vitesse vers notre position. Ils progressent dans une sorte d'immense avenue qui donne sur la place. Ils ne nous ont pas encore repéré.

          - Euh... Shizuku ?

          - Voilà, voilà !

 

Notre camion-neige démarre dans un boucan de tous les diables. Le cristal magnétique de son moteur E.M. se met à tourner de plus en plus vite. Sans attendre, les deux blindés légers célestiens ouvrent le feu. Ils sont à deux cent cinquante mètres de nous. Leurs canons de 30 mm tirant en rafales ne sont pas très précis à cette distance. Mais les obus légers explosent tout autour de nous dans des gerbes de neige hautes de deux mètres.

 

La jeune mécanicienne démarre en trombe. L'accélération soudaine nous propulsent, Li et moi, contre le fond de la cabine. Un peu sonné, je regarde la jeune Shizuku qui se démène tant bien que mal pour nous sauver la vie. Habilement, elle conduit notre setsujô-sha en zigzag pour éviter les projectiles explosifs. De temps à autres, elle se retourne prestement pour observer nos poursuivants. Ses yeux sont rougis par les larmes et son nez coule abondamment mais elle tient bon.

 

Notre vitesse augmente. Nous quittons la place sous une pluie de petites explosions à plus de trente nœuds. Si nous nous prenons un ou deux obus légers mal placés, c'en est fini de nous. Malgré notre petite taille et notre poids plus léger, nos traqueurs gagnent du terrain. Dans les rues relativement étroites du plateau de la station de Shibuyama, nous finissons par les perdre de vue. En revanche, nous pouvons repérer leur position approximative à cause du boucan ahurissant que leurs moteurs font. Je suppose que ces satanés célestiens peuvent en faire de même pour nous.

 

Bien vite, nous atteignons le bord du plateau sur lequel est construit la station de Shibuyama. Shizuku se retourne vers moi. Elle me regarde droit dans les yeux. Il ne me faut pas plus d'une demi-seconde pour comprendre ses intentions.

          - Non, ne fais pas ç.. !

 

Je n'ai même pas le temps de finir mon dernier mot. La petite mécanicienne nous précipite sur les flancs de la montagne. La pente de trente degrés au moins, nous accélère considérablement. Mon visage est labouré par les souffles d'air frais qui deviennent de plus en plus puissants. A présent, nous filons à plus de soixante-dix nœuds. J'espère que Shizuku garde le contrôle. Si nous partons en vrille à cette vitesse, je ne donne pas cher de notre peau. Sur notre gauche, la forêt de conifères défile à toute allure.

 

Tout à coup, de nouvelles détonations se font entendre. Une fois de plus, de multiples obus légers explosent tout autour de nous. Sous les jais de neige, nous n'y voyons plus rien. Je me retourne. Dans notre sillage, je discerne les deux blindés légers setsujô-sha.

C'est pas vrai ! Ces imbéciles sont tenaces ! Pensé-je.

 

Nous sommes ballottés dans tous les sens. Avec difficulté, je tiens Li dans mes bras pour éviter que sa blessure ne s'aggrave. Ce dernier est toujours inconscient. Shizuku, quant à elle, reste concentrée pour éviter les rochers dépassant de la poudreuse. Je porte mon regard paniqué sur notre droite. Au loin, j'aperçois la vallée d'Iyan. Les gigantesques incendies continuent de s'étendre, faisant toujours plus de victime.

 

Soudain, un obus léger explose juste à côté de la chenille droite de notre engin. Nous sommes déséquilibrés. Pour éviter de partir en vrille, l'adolescente célestienne pousse de toutes ses forces sur plusieurs manettes. J'ai l'impression que nous allons faire plusieurs tonneaux. Pourtant, notre camion-neige se stabilise dans une immense gerbe de neige. Finalement, nous poursuivons notre chemin à une vitesse stabilisée de soixante nœuds.

Mon Dieu... Elle a de bons réflexes, cette petite, me dis-je.

 

Cela dit, nos poursuivants se rapprochent toujours plus et leurs tirs se font de plus en plus précis. Réfléchissant à toute vitesse, je tente de trouver une solution à notre situation désespérée. Alors que j'élabore des plans de survie tous plus farfelus les uns que les autres, je suis pris d'un fort mal de crâne. Shizuku porte elle aussi sa main à son front mais garde le contrôle de notre setsujô-sha. Je jette un coup d’œil dans notre sillage.

 

Les deux blindés légers ennemis sont entourés d'une aura bleuté. Sans crier gare, ils partent en vrille et réalisent plusieurs tonneaux avant de disparaître dans deux formidables déflagrations. L'adolescente célestienne ralentit notre allure. Au loin, j'entends un long et puissant hurlement. Dans mon esprit se forme l'image d'un loup géant contemplant la scène des deux setsujô-sha réduits à l'état d'épaves fumantes.

Merci, mon vieux, adresse-je télépathiquement à notre sauveur.

 

De son côté, la petite mécanicienne fond en larme. Toute la tension qu'elle a accumulée se relâche d'un coup.

          - Merci, mon ami, marmonne-t-elle. Merci. Que ta migration soit couronnée de succès ! J'espère que l'on se reverra, Yukishiro.

 

Comme pour lui répondre, un nouveau hurlement chaleureux résonne contre les flancs de la montagne. Cette fois-ci, nos compagnons nous quittent pour de bon. C'est à ce moment que Li reprend peu à peu conscience. Sa blessure le fait terriblement souffrir. Il va falloir s'arrêter pour lui prodiguer des soins plus avancés. Mais pour le moment, nous devons nous éloigner au plus vite de Shibuyama.

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Un chapitre de haute tension !!

 

Ce chapitre est totalement différent de la précédente, on est en plein dans l'action pur et dur, et la tension était à son paroxysme.

 

Nos 3 héros ont échappés de peu à la mort grâce à nos amis les loups, mais chacun à apporter du sien, l'entraide leur a sauvés la mise. Shizu nous a fait part de son talent dans la mécanique, le prince de sa maîtrise de concentration et Titus de son courage malgré sa peur.

 

Franchement, j'étais pris du début à la fin, ces loups furent les grands sauveurs, merci à eux et je pense qu'on les reverra.

 

Comme hypothèses, je dirai qu'il cherche à créer des êtres étant le plus proche du stade de la divinité ? :P

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Bien aimé ce chapitre, ça bouge bien, c'est haletant, entre fusillade et attaque de loups.

Li reste impressionnant, et cette blessure à l'épaule va les handicaper grandement, c'est un peu le grand leader de ce groupe. Les Toits célestes n'ont pas faits de distinction, à partir du moment où l'un d'entre eux était apparenté aux jadiens. Je me demande si ça aurait changé quelque chose s'ils auraient rusés... si Li se serait présenté comme fils d'un père célestien et d'une mère jadienne, un métisse.

 

Et merci à Yukishiro qui ne les a pas abandonné à leur triste sort ! Ce loup a un grand cœur !

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  • 5 weeks later...

Rebonjour à tous et à toutes ! Maintenant que mes partiels sont terminés, j'ai pu continuer à écrire !

 

Le prochain chapitre est un peu particulier, vu qu'il débute avec un conte célestien (que j'ai écrit en essayant de tenir une certaine rythmique et quelques rimes, comme dans tout conte oratoire...). Il y aura également une petite musique d'ambiance, pour le coup.

 

Bref, je ne vous fais pas poiroter plus longtemps : voici le chapitre XXVII !

 

Chapitre XXVII : La sorcière argentée

 

 

Rapprochez-vous, rapprochez-vous de moi ! Je vais vous conter une bien triste histoire. Celle d'un couple dans le village d'Aokigahara. Et d'une fillette née de l'espoir.

 

Un habile forgeron vivait dans une chaumière. Sa jeune épouse portait un enfant. L'homme rayonnait de lumière en attendant l'événement. La petite fille naquit lors de l'hiver. Une tempête de neige soufflait à l'extérieur. Dans les bras chaleureux de sa mère, la fillette versa ses premiers pleurs.

 

Ses parents la nommèrent Fubuki. L'enfant grandit dans le bonheur. Ses cheveux poussèrent petit à petit, se révélant être d'une étrange couleur. Ses yeux azurs pétillaient de malice et son sourire vous transperçait le cœur. Ses actions étaient révélatrices d'une curiosité sans peur.

 

Mais à la fin du troisième cycle aurorein, à l'aube de sa quatrième année, les jeunes enfants du mécanicien s'amusèrent à l'embêter. Ce jour là par delà les nuages, l'étoile d'Amaterasu  brillait de mille feux. La neige avait blanchi le village et recouvrait l'ensemble des lieux.

 

Les gredins en profitèrent pour commettre leur méfait. Sûrs de leur coup, ils attaquèrent la petite qui se promenait. Surprise de les voir, Fubuki se laissa faire. Mais la douleur révéla ses pouvoirs et elle fit fuir ses adversaires. Un démon avait pris possession de son esprit désemparé. Obéissant à ses pulsions, la terre elle-même pouvait trembler.

 

Dés que le soir tomba, les villageois vinrent se poster devant la lourde porte en bois du forgeron et de sa maisonnée. Sentant le danger approcher, la mère demanda à Fubuki d'aller vite se réfugier tout près de la buanderie. À l'entrée de la chaumière, le forgeron faisait face aux visiteurs,  l'humeur guerrière. Malgré sa grande audace, le père ne put empêcher tous ces nombreux rapaces, dans le hall, de s'engouffrer.

 

Bien vite, le ton monta. Les villageois exigeaient la mise à mort dans les bois de la petite aux yeux mauvais. Les deux parents ripostèrent : il n'en était pas question ! Terriblement, les murs tremblèrent pendant toute l'altercation.

 

Puis, le silence se fit roi. Cachée dans la buanderie, la petite fille s'emplit d'effroi. Nul doute ne lui était permis : des pas pressés se rapprochèrent. Totalement démunie, des hommes armés la trouvèrent. Sans aucune sympathie, à l'extérieur, ils l'emmenèrent.

 

Lorsqu'ils passèrent par l'entrée, une vision d'horreur s'offrit à la fillette apeurée. Face à elle, deux corps transis se trouvaient tout allongés, le visage cramoisi. Elle reconnut de très loin ses deux parents adorés. La fille hurla son chagrin devant les hommes dépités.

 

Le démon s'éveilla alors. Ses cheveux tout argentés se mirent à briller comme de l'or. Ses yeux prirent la couleur du blé. Les villageois médusés n'eurent pas le temps de s'enfuir. Un maelström très affamé les engloutit pour les punir. La neige fut teintée de sang et la chaumière fut soufflée. La petite fille, chemin faisant, se dirigea vers la forêt.

 

On raconte de nos jours : Fubuki a survécu. La plupart de ceux qui ont fait un tour dans la forêt ne sont pas revenus. On raconte également que la sorcière argentée habiterait, apparemment, chez une vieille mage édentée.

 

 

Extrait d'un récit oratoire célestien.

 

 

**********

 

Le blizzard n'en finit pas de forcir. Nous sommes bientôt obligés de nous arrêter. Au dehors du setsujô-sha, on n'y voit pas à dix mètres. La poudreuse commence à s'accumuler contre la carlingue de la machine des neiges. La cabine de pilotage, auparavant ouverte, a été fermée pour conserver la chaleur. Le chauffage est au maximum. Malgré cela, de la vapeur s'échappe de nos bouches à chacune de nos expirations.

          - On ne risque pas d'être submergé par la neige ? Demandé-je.

          - Non, me répond Shizuku. La tempête sera terminée dans quelques temps.

 

Deux jours se sont écoulés depuis les événements de Shibuyama. Je jette un coup d’œil à l'extérieur. Seuls quelques troncs éparses, sombres et fantomatiques, se distinguent sur un fond blanc légèrement lumineux. D'après les explications de ma jeune coéquipière, nous serions en plein milieu de la forêt d'Aokigahara.

          - Comment va Li ? m’inquiète-je.

          - Sa fièvre a encore augmenté et sa respiration est devenue plus rauque.

          - Merde, commenté-je. Je vais aller chercher un peu de neige.

          - Sois prudent, Titus… Je t'ai déjà raconté quelques histoires qui se sont déroulés dans ces bois. Ne va pas t'y perdre, surtout en plein blizzard.

          - Ne t'en fais pas. Les contes restent des contes. Ils n'appartiennent pas au domaine de la réalité. Je resterai à proximité du setsujô-sha.

 

Joignant l'acte à la parole, j'entrouvre la porte de la cabine afin de m'extirper au dehors avant de la refermer vite derrière moi. Immédiatement, le froid me transperce. De la glace se forme dans ma barbe naissante. Mais j'y prête à peine attention. Le prince héritier du trône de Jade occupe mes pensées. Il est toujours inconscient et sa blessure semble s'être infectée…

De la neige, de la neige…

 

Avec un petit sac en peau de bête, je commence à amasser de la poudreuse. Ainsi, on peut espérer faire diminuer la fièvre, ou encore, maintenir mon ami dans un état stable. Je dois me dépêcher. Les basses températures m'engourdissent de plus en plus.

 

Soudain, j'entends un bruit devant moi. Je relève immédiatement la tête. Je dois être sous pression. Les histoires que m'a raconté l'adolescente célestienne doivent sûrement en être pour quelque chose… Je reprends ma collecte.

 

De nouveau, une voix presque fantomatique se fait percevoir. Cette fois, je l'ai clairement entendue. À travers les bourrasques de neige, je saisis le pistolet à ma ceinture que j'ai trouvé dans le setsujô-sha.

          - Qui va là ?! m’écrie-je.

 

Pas de réponse. Le vent s'accentue. Avec ma main droite, je me protège le visage tandis qu'avec la gauche, je pointe mon arme devant moi. Je m'avance légèrement. Je commence à suer alors que le froid s'accentue. Le sac en peau de bête est resté derrière moi. Mes membres se mettent à trembler. Je braque mon lance projectile primitif dans tous les sens, nerveusement.

          - Qui va là ?! répété-je.

 

Tout à coup, le blizzard s'arrête de souffler. La neige cesse de tomber et mon champ de vision s'étend rapidement. La forêt se dessine sous mes yeux, lugubre, silencieuse et inquiétante. Je tourne ma tête sur la gauche. J'ai à peine le temps d'apercevoir une silhouette qu'une onde de choc me projette à quinze mètres. Des mètres cubes de neige ont été éjectés avec moi et me recouvrent partiellement.

 

Sonné, je tente de me remettre debout en titubant. Ma vision s'est troublée et mes oreilles sifflent. Je n'ai pas lâché mon pistolet durant mon vol plané. Instinctivement, je pointe l'arme vers l'ombre presque irréelle. Tout est flou autour de moi. Les objets n'ont plus de contours définis.

Qu'est ce que c'est que ce bordel ? pensé-je.

 

Mais alors que ma vue redevient normale, je sens une vive brûlure dans ma main gauche. En poussant un cri de surprise, je lâche mon lance projectile. Ce dernier, en tombant dans la poudreuse, dégage un épais nuage de vapeur. Il rougit légèrement. Incrédule, j'observe l'objet. À cause de la douleur, je ne peux même plus replier mes doigts.

 

Je regarde devant moi. Ce que je vois me tétanise. On aurait dit une vision tout droit sortie d'un holo d'horreur. J'ai l'impression qu'une forme spectrale s'avance vers moi. Je tente de garder mon calme. Je plisse les yeux pour mieux y voir.

 

Ce que j'ai pris au début pour un fantôme est en réalité une adolescente de quinze à seize ans. La lumière autour d'elle est détournée. Elle projette une aura bleutée qui déforme l'atmosphère. Ses yeux jaunes-orangés ressemblent, à s'y méprendre, à deux petits soleils couchants et ses longs cheveux argentés s'élèvent sinistrement dans les airs.

Une biotique ? m'interrogé-je.

 

La jeune psyker n'a aucune difficulté à se déplacer. Elle ne s'enfonce pas dans la neige fraîchement tombée. Ses pas sont si légers que j'ai l'impression qu'elle voltige au-dessus de la poudreuse. J'en suis d'autant plus étonné qu'elle ne semble pas craindre les basses températures. En effet, elle porte une simple robe d'une blancheur immaculée.

 

Brusquement, une voix féminine résonne dans mon crâne.

Qui êtes-vous ? Qu'est ce que vous venez faire par ici ? me demande-t-on dans la langue du Royaume des Toits Célestes.

 

Sans réfléchir, je réplique du tac au tac :

          - Et qu'est ce qu'une putain de biocybride vient foutre sur Aurora ?

          - Une biocybride ?

 

Cette fois, la jeune fille aux cheveux d'argent m'a répondu avec sa voix. Visiblement étonnée par mes paroles, elle semble être indécise sur la marche à suivre. Et merde. Je pensais avoir à faire à une spatienne ou à une gaïacienne. Je me rends bien compte qu'il est presque impossible de croiser des membres de ces deux peuples sur la planète des aurores boréales. Mais avec tout ce qui m'est arrivé au cours des derniers mois, les mots ''normal'' ou ''logique'' ont perdu leur sens. Je croyais que la majorité des psykers étaient soit spatiens, soit terriens ou venant du pays Nordique. Apparemment, je me suis trompé une nouvelle fois.

          - La sorcière argentée ?

 

Je me tourne vers le setsujô-sha. Shizuku Honda est sortie à l'extérieur, une mitraillette portative à la main. Avec appréhension, elle braque son arme sur la biotique. Cette dernière hausse les épaules avant de déclarer :

          - Si tu connais mon identité, tu dois également savoir que les balles sont impuissantes contre moi.

 

La mécanicienne ne bouge pas d'un iota. Mais même de là où je me tiens, je peux voir son visage en train de se décomposer. La psyker reprend la parole :

          - Je vais vous le redemander encore une fois : qui êtes-vous et que venez vous faire dans cette région et à cette période de l'année ? Je ressens parfaitement la présence d'un maître du vent ici, caché dans ce véhicule.

 

Alors que son aura bleuté redouble d'intensité, je prends mon courage à deux mains avant de lui répondre :

          - Vous avez l'intention d'attaquer un blessé ?

 

Mon intervention a l'effet escompté. Surprise, la sorcière argentée stoppe net son action. Son aura se dissipe et ses yeux prennent une couleur azur. Elle se tourne vers moi. Manifestement, elle attend que je poursuive mes explications. D'un geste de la tête, j'indique à Shizuku de poser son arme à terre. Inutile d'envenimer la situation. Je pousse un profond soupir.

          - Nous souhaitons nous rendre au pays Nordique. Nous ne faisons que traverser cette forêt. Au cours de notre voyage, un de mes compagnons a été gravement blessé : nous n'avons vraiment aucune intention belliqueuse à votre égard.

 

La biotique arque un sourcil.

          - Le Pays Nordique ? Vous êtes au courant de son existence ?

 

Le ton de sa voix m'indique clairement qu'elle sait de quoi je parle. Sans plus attendre, je poursuis sur ma lancée, bien content de ne pas avoir été réduit en charpie :

          - Oui. Et nous avons des documents officiels qui nous permettrons de passer les frontières externes du pays Nordique sans encombre.

          - Est ce que je peux y jeter un œil ?

 

Je me surprends à sourire.

Évidemment, je ne peux pas m'attendre à ce qu'elle me croît sur parole… Le moindre faux pas et nous sommes morts tous les trois, pensé-je.

          - Ils sont dans le setsujô-sha, ajouté-je.

 

Sans me précipiter, je me dirige vers la machine des neiges. La jeune fille aux cheveux d'argent me suit en silence. L'adolescente célestienne me précède dans la cabine de pilotage. Alors que je franchis la porte, je jette un coup d’œil à Li Mu Bai. Son teint extrêmement pâle et son visage en sueur ne m'indiquent rien qui vaille. En vitesse, je cherche dans mon paquetage l'un des documents holographiques que m'a refilé le vieux psyker Jialong.

 

Alors que je me retourne, je m'aperçois que la jeune adolescente à la chevelure argentée est déjà dans la cabine. Elle me fixe de ses deux yeux bleus azurs d'une manière insistante. Shizuku, quant à elle, est retournée près de Li. La mécanicienne s'est placée devant lui comme pour le défendre d'une éventuelle attaque.

 

Avec appréhension, je remets une feuille qui semble être vierge à la biotique. Sans m'accorder la moindre attention, cette dernière se concentre sur le papier. Sous mon regard ébahi, elle fait apparaître des centaines et des centaines d'idéogrammes que je ne parviens pas à déchiffrer.

          - Vous arrivez à les lire ? demandé-je.

 

La psyker lève les yeux vers moi.

          - Non, me dit-elle. Mais je connais quelqu'un qui le peut. En tout cas, je peux voir que vous ne m'avez pas menti.

 

Sans dire un mot de plus, elle me rend le document avant d'aller à la rencontre du prince héritier du trône de Jade. L'adolescente célestienne ne bouge pas de sa position. Elle regarde la biotique d'un air de défi, comme si elle était la gardienne d'un trésor.

          - Ne t'inquiètes pas, lui fait la jeune fille aux cheveux d'argent. Je vais juste m'enquérir de l'état de santé de ton compagnon.

 

Au bout d'un petit moment, Shizuku finit par dégager le chemin avec méfiance. En douceur, elle se rapproche des deux fusils calés contre l'une des parois de la cabine de pilotage. Elle veut avoir de quoi se défendre si quelque chose tourne mal.

 

La biotique s'approche de mon ami Li. Elle observe les bandages ensanglantés de son épaule dévastée. De temps à autre, le visage du prince héritier est parcouru de quelques spasmes. Avec délicatesse, la psyker pause sa main droite sur le front du maître du vent avant de fermer les yeux. En un instant, une petite aura bleutée se reforme autour d'elle. De là où je suis, je peux ressentir les perturbations dans l'atmosphère produits par les pouvoirs psychiques de la jeune fille. Au bout d'une dizaine de secondes, celle-ci sort de sa transe.

 

Elle s'écarte de quelques pas de mon ami allongé avant de nous regarder, moi et Shizuku. Elle prend une profonde respiration avant de nous déclarer :

          - Je ne vais pas vous le cacher… Mais dans l'état actuel des choses, votre maître du vent n'en a plus que pour deux jours à vivre. L'infection de sa blessure et sa fièvre finiront par l'avoir.

 

L'annonce me coupe le souffle. Juste à côté de moi, l'adolescente célestienne commence à fondre en larmes. Merde. Je pensais disposer de plus de temps. Comment faire pour sauver mon ami à présent ? Ni moi, ni Shiziku n'avons de compétences en médecine. On ne peut que soigner les blessures superficielles…

 

Voyant que le désespoir nous submerge, la sorcière argentée s'empresse de dire :

          - Il y a un moyen de le sauver. Je connais une personne capable de tous les miracles. Si vous le souhaitez, nous pouvons nous y rendre sans tarder.

          - Mais le blizzard a rendu toutes les routes impraticables, se lamente la mécanicienne célestienne. Même le setsujô-sha finira par s'enfoncer dans la poudreuse.

          - Ce n'est pas du tout un problème.

 

Rapidement, la jeune fille à la robe blanche se rend à l'extérieur. Quant à moi, je me dirige aux ouvertures de la cabine de pilotage qui nous permet d'observer les environs. Mais alors que je m'apprête à jeter un coup d’œil à l'extérieur, un fracas de tous les diables me fait sursauter. En vitesse, je place ma tête contre une fenêtre. Ce que je vois me stupéfait. La psyker, dont j'ai une vision déformée, éjecte des dizaines de tonnes de neige fraîche dans tous les sens. Elle constitue une véritable tranchée dans laquelle peut s'engouffrer notre setsujô-sha.

 

Au bout de quelques secondes, elle me fait signe de la main. Elle souhaite que nous la suivions. Sans attendre, l'adolescente aux cheveux argentés se précipite sur le chemin qu'elle vient de créer.

          - Shizuku, ordonné-je. Mets en marche le setsujô-sha. Nous allons porter secours à notre ami. J'en fais le serment.

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Bon chapitre !

 

J'ai bien aimé le poème musicale du début, c'est frais et bien écrit, rien à dire là-dessus :-D.

 

Mais tout de suite après ce conte, j'ai tout de suite su que nos héros à faire à la jeune fille de cette histoire. En tout cas son cas reste bien mystérieux, elle n'est pas une Psyker pour moi, mais quoi exactement ?

 

En tout cas, elle n'est pas si méchante que ça, je pense juste qu'elle cherche à se faire des amis, même si elle reste bien méfiante.

 

Bref les jours de Li sont comptés, mais l'espoir qu'il survie est toujours présent.

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Très bonne construction sur ce chapitre.

On débute avec un poème, et je n'aurai pu croire que la sorcière argentée aurait joué un rôle aussi rapidement dans cette aventure. Elle est vraiment spéciale, et heureusement n'est pas menaçante d'un premier abord.

 

En tout cas, cette rencontre tombe à pic ! Il faut prodiguer des soins à Li, et je pense que la sorcière qui s'est occupée de la fille aux cheveux d'argent saura quoi faire contre l'infection.

D'ailleurs, en terme de météo, ça se dégrade de plus en plus.  :-\

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  • 1 month later...

Salut à tous ! Comme je suis moniteur de voile jusqu'au 15 août, je peine à maintenir une parution régulière... Cela dit, je me remettrai à écrire après avoir fini ce job d'été. En attendant, voici le prochain chapitre :

 

Chapitre XXVIII : Direction Générale des Services de Renseignements Terriens

 

          - Stabilise-moi, bon sang !

          - Je fais ce que je peux, mon vieux ! Les rafales sont de plus en plus puissantes.

 

Les deux pilotes de l'astronef conservaient avec difficulté l'assiette de l'appareil. Dans la cabine de pilotage, Dolessius observait leurs manœuvres d'un œil anxieux. Bien que les compensateurs inertiels supprimaient tout effet de tangage ou de ballottement au sein de la navette, il savait que leur trajectoire pouvait changer du tout au tout en regardant à travers les fenêtres en néo-polymères de plastique. Au dessous d'eux, les sommets de la chaîne des Toits Célestes défilaient à grande vitesse. Ils dépassaient, pour la plupart, l'épaisse couche nuageuse d'un blanc étincelant.

          - Nous serons bientôt sur l'objectif, commandant, annonça l'un des timoniers.

          - Très bien, répondit le capitaine du Véziria.

 

Sans attendre, Dolessius fit étinceler son bracelet holographique avant de déclarer dans l'appareil :

          - Attention à tous les membres d'équipage. Nous arrivons sur la cible. Les vents à huit mille mètres de hauteur dépasseront les deux cents cinquante nœuds. Alors, malgré les compensateurs inertiels, ça risque de secouer un tantinet… Préparez-vous !

 

À peine avait-il fini sa déclaration que les pilotes engouffrèrent l'astronef dans les nuages, deux kilomètres en contre-bas. En quelques instants, la cabine de pilotage fut plongée dans une obscurité relative. La carlingue de la navette se mit à grincer sinistrement et des secousses de plus en plus violentes ballottèrent le transporteur. Bientôt, des flocons de neige vinrent s'écraser contre les hublots. Mais les timoniers n'en avaient cure. Leurs systèmes d'aide au pilotage et leur casque de réalité augmentée leur fournissaient toutes les informations nécessaires au maintient de la trajectoire de l'appareil. Les boucliers magnétiques de l'appareil, poussés à leur pleine puissance, protégeaient toute l'électronique des rayons destructeurs de l'étoile d'Amaterasu.

 

Le capitaine du navire de patrouille jeta encore un coup d’œil à travers l'un des hublots. Ce qu'il y vit l'impressionna au plus haut point. Au dehors, c'était l'apocalypse. Des cumulonimbus presque noirs se rassemblaient, se divisaient et se tortillaient. On aurait dit une danse macabre nuageuse. Des éclairs fusaient toutes les demi-secondes et des tourbillons se formaient par dizaines. Les flocons de neige et de glace virevoltaient dans tous les sens, au grès des courants aériens instables.

Eh bien, ça ne rigole pas lors de la saison froide sur Aurora… pensa Dolessius.

 

Au bout de quelques minutes, l'astronef sortit des nuages en plein blizzard. Même si les vents avaient chuté à soixante nœuds, on ne distinguait rien en visuel au-delà de cinq mètres. Finalement, la navette vint à se stabiliser dans les airs. Les timoniers tentaient tant bien que mal de maintenir la position du transporteur en vol stationnaire.

          - Nous sommes à vingt-cinq mètres au-dessus des coordonnées indiquées, monsieur, finit par déclarer l'un d'entre eux. Mais sortir sans combinaison-peau par un temps pareil reviendrait à du suicide.

          - Laissez-moi réfléchir trente secondes à ce que nous allons faire, lui répliqua le capitaine du Véziria.

 

Alors qu'il se concentrait sur la marche à suivre, l'appareil trembla très violemment l'espace d'une seconde. Une puissante onde de choc venait de le toucher. Tous les capteurs de l'astronef renvoyaient des données aberrantes. Dolessius regarda de nouveau à travers un hublot. Il fut stupéfait du spectacle qui s'étendait sous ses yeux. Le transporteur delta cinq en entier venait d'être englouti dans une demi-sphère bleutée de cinquante à soixante mètres de rayon qui partait du sol. Cette dernière repoussait à l'extérieur le blizzard d'une extrême violence. Au centre de la projection biotique, le capitaine du navire de patrouille discerna un petit chalet. Devant celui-ci, deux personnes, dont l'une était entourée d'une impressionnante aura psionique, leur faisaient signe de la main.

          - Je pense que l'on peut atterrir sans crainte, à présent, dit le commandant. Ils doivent être certainement nos contacts.

          - Très bien, monsieur. Nous descendons.

 

L'astronef fit rugir ses pulso-réacteurs à mesure qu'il s'approchait du sol. Il finit par se poser dans d'immenses gerbes de neige, à une vingtaine de mètres des deux individus. Quelques dizaines de secondes plus tard, Dolessius, accompagné de Titania, de Nathalia, du docteur Strauss et d'une douzaine d'autres personnes, sortit de l'appareil. Il portait son armure énergétique de combat, composée de carapaces en polymères renforcés. Tout de noir vêtu, le capitaine du Véziria contrastait lourdement avec la blancheur de la poudreuse. Dans son dos, son fusil polyvalent personnalisé était en mode transport. L'arme ressemblait davantage à une sorte de ballon de rugby d'une vingtaine de centimètres de long plutôt qu'à un véritable fusil d'assaut. Cela dit, le commandant dégageait une impression de puissance et de force intimidante.

 

Sans tarder, le groupe d'hanatiens se rapprocha des deux personnes. À mesure qu'ils avançaient, les membres d'équipage du Véziria découvrirent avec surprise un vieux couple qui leur souriait chaleureusement. C'étaient eux, leurs contacts ? De toute évidence, le vieil homme était un biotique. Les hanatiens comprirent vite que ce dernier maintenait la demi-sphère bleutée, afin que leur transporteur puisse atterrir sans encombre.

 

Alors qu'ils discernaient de mieux en mieux les deux étranges auroreins, le vieux psyker leur parut de plus en plus impressionnant. Son aura biotique déviait la lumière dans un rayon de plus de cinq mètres autour de lui. Ses yeux violets étincelaient dans la pénombre et ses courts cheveux brillaient d'une lueur surnaturelle, comme s'ils étaient parcouru par des courants électriques. Sa compagne, quant à elle, devait avoir le même âge que lui. Elle se contentait de sourire aux hanatiens, comme si de rien n'était.

 

Lorsque le groupe de Dolessius fut suffisamment près, le vieux biotique prit la parole :

          - Bienvenue, peuple de la Fédération de Hania. Cela fait longtemps que nous attendons votre visite.

          - Wang Jialong, je présume ? demanda Strauss.

          - Tout à fait. Je suis soulagé que vous nous ayez trouvé. J'ai craint, durant un petit moment, que certains de mes contacts ne vous fournissent pas les informations nécessaires pour organiser notre entrevue.

          - Comme vous le voyez, nous sommes devant vous. Vu que vous connaissez notre existence, je suppose que vous avez croisé la route de Titus Solenius ?

 

À l'évocation du néo-historien, la technocybride Titania releva la tête et déversa un flot de paroles incompréhensibles pour le vieux psyker.

Mhm, alors c'est elle, celle à laquelle monsieur Solenius pense sans arrêt ? se dit Jialong.

 

Le vieil homme observa quelques secondes la jeune femme avant de continuer dans la langue célestienne :

          - Venez donc dans ma modeste demeure. Ma compagne vous préparera un thé délicieux pendant que nous discuterons du néo-historien et de l'avancement de son enquête dans la recherche de la Terre.

          - L'avancement de son enquête ?… reprit le spécialiste des civilisations disparus, songeur.

 

Les yeux du docteur Strauss se mirent à briller. Puis, il traduisit ses paroles au capitaine du Véziria. Ce dernier regardait constamment le ciel. La paroi à la fois trouble et bleutée de la demi-sphère biotique attirait son attention. Des ondes semblables à des vagues parcouraient la barrière psionique. On aurait dit qu'il se trouvait sous la surface d'un océan. Sorti de sa rêverie par le docteur, Dolessius répondit :

          - Très bien. De cette manière, Jialong pourra dissiper cette demi-sphère et concentrer son attention sur notre discussion.

 

***********

 

Le soleil brillait haut dans le ciel. C'était le début de l'après-midi. À plus de cinquante kilomètres du sol, les couloirs aériens étaient encombrés d'astronefs en tout genre. De temps en temps, une station aérienne météo se déplaçait à dix kilomètres d'altitude, analysant avec une précision redoutable tous les phénomènes atmosphériques.

 

Charles regarda droit devant lui. Le temps était magnifique aujourd'hui. Hormis quelques nuages et les lointaines routes aériennes, l'azur du ciel se reflétait sur tous les plans d'eau que l'on pouvait observer. Le jeune homme prit une longue inspiration. Une douce brise apporta le parfum délicat de centaines de fleurs différentes à ses narines. Roses, lys, orchidées, fleurs d'orangers, tulipes et bien d'autres encore. Charles arrivait à distinguer les myriades d'odeurs de toutes ces plantes. Il ferma ses paupières pour les apprécier davantage.

 

Cela faisait très longtemps qu'il n'était pas revenu ici, dans ce lieu où le temps semble s'être arrêté. Ses courts cheveux blonds frétillaient dans la brise parfumée. Sa chemise blanche, possédant quelques motifs brodés, flottait légèrement dans les airs. Charles n'aimait pas porter d'habits holographiques. Il préférait de loin les vêtements artisanaux et sentir de vrais tissus contre sa peau. Depuis qu'il avait fait une visite guidée chez un tisserand extrêmement habile qui fabriquait des habits en soie finement brodés, il était devenu un fan inconditionnel de ce type de produits.

 

L'homme de vingt huit ans finit par rouvrir ses paupières. Ses yeux verts émeraudes découvrirent une fois de plus ce qu'il considérait comme l'un des plus beaux jardins de la planète. Les effets de perspectives prévus par le jardinier Le Nôtre à Versailles, plusieurs milliers d'années auparavant, émerveillaient Charles. Ce dernier vint se poster en haut du grand escalier, entre les deux parterres d'Eau qui prolongeaient la façade ouest du Château de Versailles, là où se trouvait la galerie des glaces. Tournant la tête sur sa gauche puis sur sa droite, le jeune homme put observer les statues de bronze qui étaient disposées dans ces parterres. Tout ce décor sculpté fut conçu et dirigé par Charles Le Brun près de 2940 ans auparavant. Chaque bassin possédait quatre statues couchées figurant les fleuves et les rivières de France, auxquelles s'ajoutaient quatre nymphes et quatre groupes d'enfants. L'homme prit son temps pour observer la multitude de détails des figures de bronze.

 

Finalement, Charles porta son regard un peu plus loin devant lui, vers l'ouest. Sous ses yeux se dessina le gigantesque bassin de Latone. L'aménagement représentait une légende particulière de la mythologie romaine. Latone et Diane protégeaient ses enfants contre les injures des paysans de Lycie. Folle de rage, la mère d'Apollon demanda à Jupiter de la venger de ces effrontés. Le roi des Dieux, comprenant son courroux, accéda à sa requête et transforma les paysans en grenouilles et en lézards.

 

Le bassin que voyait le jeune homme était composé de cinq niveaux. Sur le plus haut, une sculpture en marbre représentant Latone et ses enfants surplombait l'ensemble de l’œuvre. La mère d'Apollon posait son regard vers l'ouest et le grand canal. Sur les quatre autres niveaux, des dizaines de sculptures en marbre de lézards, de grenouilles et d'hommes en train d'être transformés étaient disposés en cercle autour de Latone. Chacune d'entre elles pouvait cracher un jet d'eau, donnant un plus grand impact visuel à l'ensemble de l’œuvre. Même s'il connaissait l'aménagement dans ses moindres détails, Charles ne se lassait pas d'observer le génie de ces hommes qui avaient vécu plusieurs milliers d'années avant son époque. Les détails des sculptures de marbre lui coupaient le souffle. On avait l'impression que ces dernières étaient vivantes.

 

Au bout d'un moment, le jeune homme finit par contempler ce qui se trouvait juste derrière le bassin. Le Parterre de Latone s'étendait sous ses yeux. Il était composé de deux aménagements floraux avec, en leur centre, un petit bassin qui disposait d'une fontaine représentant, là aussi, des lézards. Le français de vingt huit ans prit son temps pour discerner les moindres détails du parterre avant de regarder un peu plus loin dans l'axe ouest principal.

 

En plissant un peu les yeux, Charles observa la titanesque Allée Royale ou Tapis Vert. Une immense pelouse longue  de 335 mètres et large de 40. Le Nôtre la fit scander de douze statues et douze vases, placés par paire symétrique. De part et d'autre du Tapis Vert, d'autre allées permettaient d'accéder aux bosquets que les promeneurs pouvaient découvrir au fur et à mesure de leur cheminement.

 

Par delà le Tapis Vert, le jeune homme distingua le magnifique bassin d'Apollon avec la statue monumentale du dieu représenté sur son char. Les jeux d'eau, lorsqu'ils étaient activés, pouvaient donné une vision impressionnante de l'aménagement. Enfin, venait le Grand canal qui prolongeait l'axe visuel grâce aux effets de perspectives de Le Nôtre. Face à ce tableau, Charles resta sans voix. À chacune de ses visites, la même émotion le prenait lorsqu'il observait cette partie des jardins de Versailles.

 

D'autant que ce jour là, un lundi du mois de Mai, le château et ses jardins étaient fermés. La jeune sœur de Charles, Claire, était une restauratrice, sculptrice et doreuse de talent. Elle l'avait invité à une soirée célébrant la fin de la restauration de la galerie des glaces et du grand appartement du roi. Chaque artiste ou restaurateur avait l'autorisation d'emmener une personne de son choix à la fête. Cela dit, le fiancé de Claire était lui aussi un peintre restaurateur du Château de Versailles. La jeune femme en avait alors profité pour inviter son frère.

 

Charles était heureux de cette décision. Depuis sa dernière mission pour le compte de la D.G.S.R.T. (Direction Générale des Services de Renseignements Terriens), il avait été mis au repos. Cela faisait un mois maintenant qu'il avait réalisé cette opération à haut risque. Il s'en souviendrait sans doute toute sa vie.

 

Le français se perdit une fois de plus dans ses pensées. Selon ses supérieurs, la missions qu'il avait mené fut un succès total. Grâce à elle, les flottes de l'Alliance Spatiale Internationale Terrienne avaient pu mettre en déroute quatre-vingt milles vaisseaux spatiens, près des chantiers stellaires de Nelson. Au cours de la bataille, plus de soixante millions de membres d'équipage, de soldats et d'archanges spatiens avaient péri sous les tirs gaïaciens. Un coup dur, pour les ennemis de l'Alliance qui n'avaient pas mené ce type d'attaque depuis cinquante ans. Tout le mérite de cette éclatante victoire en revenait à Charles Lyvonet. Ce dernier et son équipe d'infiltration avaient injectés dans les systèmes informatiques de la flotte spatienne un holo-virus intelligent. Celui-ci, au moment voulu, indiquait avec précision la position de chaque navire spatial et ce, même si les brouilleurs de positionnement venaient à être activés. Dans certains cas, il pouvait même désactiver les barrières cinétiques, champs de confinement, boucliers et armement.

 

Avant même que leurs ennemis ne soient sortis d'hyperespace, les terriens avaient formé une sphère d'une U.A. de rayon autour des coordonnées d'arrivée de la flotte spatienne. Dés que les premiers vaisseaux se rassemblaient au centre de cette sphère, les gaïaciens avaient activé leurs interdicteurs de saut et les brouilleurs de positionnement pour ne pas être repérés. Le temps que les bâtiments de guerre spatiens ne se regroupent, la zone d'influence des interdicteurs avait atteint leur emplacement.

 

Les navires de guerre spatiens n'étaient pas en formation de combat. Leurs vaisseaux n'étaient espacés que de quelques kilomètres les uns des autres. L'holo-virus permit aux terriens de connaître la position précise de tous les bâtiments ennemis et ce, en dépit des brouilleurs de positionnement. Lorsque les gaïaciens ouvrirent le feu, les spatiens ne surent où répliquer. Les boules de plasma de plusieurs milliers de kilomètres de diamètre engloutirent par centaines les vaisseaux des ennemis des terriens. La bataille se termina au bout de quarante minutes.

 

À plusieurs centaines d'année-lumières de là, le groupe d'infiltration de Charles, toujours présent dans la station spatiale de départ de la flotte spatienne, avait été repéré. Sous le ciel bleu de l'atmosphère terrienne, le jeune homme se rémora l'ensemble des événements.

 

**********

 

          - Dépêches-toi, Nicolaï, on n'a plus le temps. Ils vont partir pour Nelson dans vingt minutes.

          - Oui, oui, je règle juste le T.F.H.

 

Charles, comme à son habitude, ne dit pas un mot. Il se contentait d'observer avec attention les faits et gestes de ses deux subordonnés, les biocybrides Nicolaï et Aya. Confortablement installé sur l'un des sièges du téléporteur torique, le jeune homme réajustait son casque de Réalité Augmentée. De l'extérieur, il ressemblait à un fantassin d'assaut des forces spatiennes. Mais son armure possédait quelques petits gadgets d'origine terrienne.

 

Soudain, une voix mécanique résonna contre les parois de l'appareil.

          - Préparation au transfert. Activation dans quinze secondes.

 

Le visage de Nicolaï se tendit. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front.

          - Détends-toi, lui dit Charles.

          - J'ai toujours eu en horreur ces machines, superviseur, répliqua-t-il.

 

Tout d'un coup, les trois compagnons se sentirent légers comme une plume. Sans faire le moindre effort, ils décollèrent de leurs sièges. Avec précaution, ils détachèrent leurs ceintures tandis que la voix sans vie du Téléporteur à Fenêtres Hyperspatiales reprit de plus belle :

          - Entrée zone sans gravité.

 

Aya regarda tour à tour ses deux camarades avant de dire solennellement :

          - Eh bien cette fois, ça y est : c'est le grand saut.

          - Allons-y, conclut le superviseur gaïacien.

 

Alors que les lourdes portes du T.F.H., l'I.A. de l'appareil reprit la parole :

          - Entrée zone sous gravité.

 

Les yeux violets d'Aya s'illuminèrent. Elle venait de se connecter au réseau mégatrans de la station orbitale spatienne.

Je lance l'attaque informatique de diversion, déclara-t-elle par télépathie.

 

Charles acquiesça d'un mouvement de la tête. En vitesse, les trois membres de la D.G.S.R.T. s'engouffrèrent dans les couloirs blancs immaculés de la super-structure spatiale. Sur leur route, ils croisèrent de nombreux travailleurs aux yeux éteints ainsi que quelques archanges. Des hologrammes informatifs défilaient sur les murs. Personne dans le corridor ne semblait y porter attention.

 

Soudain, une partie des travailleurs se dirigèrent dans une salle de contrôle informatique.

On a le champs libre, annonça Aya. Les capteurs en tout genre sont désactivés et une partie de leurs espaces virtuels d'holo-mémoire a été corrompu. On sera tranquille pendant un moment.

Parfait. On va se faufiler dans le centre d'information 785-B, lui répondit Charles.

 

À ces mots, l'équipe d'infiltration marcha en direction de la salle auxiliaire d'accès aux systèmes informatiques de la flotte spatienne. Sans être inquiétés, ils s'y engouffrèrent, refermant la lourde porte coulissante derrière eux pour ne pas être dérangés. En vitesse, les biocybrides déroulèrent leurs câbles cybernétiques pour se connecter à l'ordinateur aux orbes positroniques. Durant quatre minutes, ils demeurèrent immobiles, le temps de pénétrer les différents systèmes militaires sans se faire repérer. Enfin, Aya finit par lancer :

Superviseur, c'est à vous de donner l'autorisation du lancement de l'holo-virus.

Très bien, répondit le jeune français.

 

Prenant une large inspiration, Charles dit à haute voix dans son casque :

          - Lancement du code 83700.

          - Empruntes vocale, faciale et génétique confirmées. Activation du code 83700, lui réplique la voix artificielle de son casque de Réalité Virtuelle.

 

Le terrien sentit une légère décharge parcourir tout son corps. Sous ses yeux, ses deux subordonnés avaient activés leurs champs biotiques. Ces derniers frétillaient à mesure que l'holo-virus était téléchargé dans tous les systèmes primaires, secondaires et tertiaires de chaque bâtiment de guerre spatien à proximité de la station stellaire.

 

Deux minutes à peine avant que le premier vaisseau ne parte pour Nelson, l'opération de piratage était terminé.

Nous en avons fini. Allons-nous en à présent avant qu'ils ne découvrent le pot aux roses, ordonna le superviseur gaïacien par voix télépathique.

 

Le groupe mit une dizaine de minutes à retrouver le T.F.H. et à demander un transfert. Entre temps, la flotte spatienne avait effectué un saut hyperspatial à dix U.A. des chantiers de Nelson et était à présent prise au piège. Lorsque les portes du téléporteur s'ouvrirent, les trois membres de la D.G.S.R.T. poussèrent un soupir de soulagement. Rapidement, ils prirent places sur les sièges de l'appareil avant de programmer un saut en direction des quartiers résidentiels. Puis ils attendirent. Dis secondes. Vingt secondes. Trente secondes. Toujours rien. Précipitamment, Aya se connecta une nouvelle fois au réseau mégatrans, faisant scintiller ses yeux violets.

          - Oh, merde ! Cria-t-elle. On est repéré ! On doit se casser d'ici, et vite !

 

Plus vif que l'éclair, Nicolaï se précipita sur les portes du T.F.H. qui s'étaient refermés sur eux. D'un geste de la tête, il lança une onde de choc bleutée qui souffla vers l'extérieur le sas du téléporteur. Peu après, les trois compagnons d'infortune se retrouvèrent dans le même corridor que tout à l'heure. Tous les travailleurs avaient évacué. La poussière de l'explosion du sas se dissémina peu à peu.

          - Les capteurs de surveillance n'ont toujours pas été réhabilités, déclara Aya. On a peut-être une chance de s'en sortir. Suivez-moi !

 

Pressant le pas, les deux autres hommes suivirent la jeune femme dans le dédale de couloirs. Sur leur route, ils ne croisèrent pas âme qui vive.

          - Ils ont verrouillé tout ce secteur de la station, dit Nicolaï. On est vraiment mal.

 

À peine avait-il fini son commentaire que le groupe d'infiltration se retrouva face à un groupe d'intervention spatien. Ces derniers n'étaient pas accompagné d'un archange. Mais chaque soldat génétiquement modifié portait un fusil d'assaut qui lançait des projectiles psioniques. Autant dire que les boucliers biotiques ne sont d'aucune utilité face à ces balles particulières qui traversent sans difficulté les défenses des biocybrides. Par réflexe, Nicolaï croisa ses bras et une bonne partie des murs en titane autour de lui furent réduits en morceaux. Il dirigea ensuite ces fragments juste devant le groupe, pour résister à la pluie mortelle de projectiles anti-psykers qui ne manqua pas de se déverser contre les terriens.

 

Charles, quant à lui déploya son propre fusil d'assaut qui tirait, lui aussi, des projectiles psioniques. En vitesse, il mit en joue les débris de titane devant lui qui voletaient dans les airs et, derrière, le groupe d'intervention spatien qui crachait toutes leurs munitions. Le boucan des impacts sur les fragments de titane devint vite insupportable.

 

Nicolaï augmenta l'intensité de son aura biotique. Cette dernière vira du bleu à l'orangé. Les tonnes de gravats furent propulsés sur les fantassins spatiens à une vitesse dépassant celle du son. Tout le corridor fut dévasté par l'onde de choc.

 

Mais malgré la violence de l'attaque, trois soldats se relevèrent des décombres. Charles n'eut aucune difficulté à les abattre.

          - On ne va pas pouvoir continuer comme ça, s'exclama Nicolaï. Je ne vois plus qu'une seule solution…

 

Le superviseur gaïacien se tourna vers son subordonné.

          - Qu'est ce que tu veux dire ?

 

Sans un mot, le biocybride terrien fit un signe de tête à sa collègue Aya. Cette dernière déploya une décharge cyclonique de son PAC portatif.

          - Vous ne pensez tout de même pas… commença Charles

          - Activation du saut hyperspatiale d'urgence dans soixante secondes, le coupa la voix artificielle de sa combinaison améliorée de combat.

 

Tout d'un coup, le français entra dans une colère noire.

          - Non ! Vous ne pouvez pas faire ça !

          - C'est trop tard, superviseur, lui répondit Aya. J'ai piraté l'I.A. de votre armure de combat. Le saut hyperspatial de retour vous téléportera près du système d'alpha-centauri où vous serez récupéré. L'armure n'a suffisamment de puissance que pour ouvrir une unique fenêtre hyperespace pour une seule personne. Et vous le savez.

          - Attendez, attendez… Il y a forcément une autre solution… Je ne peux pas vous abandonner là ! cria dans son casque le jeune Charles.

          - On ne peut pas se permettre d'être capturés vivants, renchérit Nicolaï.

          - Mais merde, alors ! On peut au moins tenter quelque chose ! Vous n'êtes pas que de simples subordonnés pour moi… Vous êtes mes amis ! Et je n'abonnerai jamais mes amis face à l'adversité. Aya, je t'ordonne de désactivé le système de rapatriement d'urgence ! Maintenant !

 

La biocybride sourit. Le terrien ne l'avait jamais vue sourire de cette façon là auparavant.

          - Je suis désolée, Charles, c'est la seule solution. Nous sommes coincés. On peut au moins sauver votre peau et détruire une bonne partie de cette station avant qu'ils ne reprennent le contrôle total des systèmes et n'activent les interdicteurs de saut.

          - Putain de merde, Aya ! J'en ai rien à foutre ! Je ne peux pas vous laisser là !…

          - C'est parce que vous êtes notre ami que l'on peut faire ce sacrifice, le coupa Nicolaï. On se reverra, Charles, dans une autre vie…

 

Le français entrevit une dernière fois les visages souriants de ses deux amis biocybrides. Puis ce fut le flash. Au moment où la bombe cycloplasmique explosa, sa combinaison entrouvrit une fenêtre hyperspatiale. Charles se retrouva dans le vide intersidéral et glacial de l'espace.

 

**********

 

          - Charles ? Est-ce que ça va ?

 

Le jeune homme se retourna. Il était de nouveau sur Terre, au château de Versailles. Il sentit une larme couler sur sa joue droite. D'un geste précipitée de la main, il la balaya. Devant lui, sa jeune sœur lui faisait face.

          - Oui, tout va bien, lui répondit-il. Je ne faisais que ressasser quelques mauvais souvenirs…

 

Tout d'un coup, son bracelet holographique s'illumina.

Et merde, pensa-t-il. Ils ne peuvent même pas me laisser souffler un peu…

La D.G.S.R.T. l'appelait en urgence.

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Bon chapitre !

 

La team de Dolessius finit par atteindre la planète d'Aurora, et ce grâce au vieux couple Hanatiens :). Je connais quelqu'un qui sera très heureux de les revoir, surtout sa dulcinée ;D. Bref avec eux, Titus et ses amis arriveront à s'en sortir de cette quête.

 

Du côté de Charles, ce dernier se retrouve être là où figure le Chateau de Versailles, comme d'habitude tu as gérés les descriptions qui étaient bien détaillés et concise, j'ai bien aimé. Et le flash-back sur sa fuite et sa mission d'infiltration avec Aya et Nicolaï qui se sont sacrifiés pour le sauver fut particulièrement touchante, mais on dirait qu'il s'en remis, bien que la douleur d'avoir perdu des êtres chères est toujours présente.

 

Mais je me demande est il sur la vraie terre ? :o

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On navigue sur plusieurs points de vue, en divers lieux.

Dolessius et son équipage est sur la bonne voie, on peut s'attendre qu'ils apporteront leur aide en temps voulu à Titus quand ce dernier  en aura le plus besoin.

 

Puis nous partons sur un autre personnage, Charles, un français travaillant à la D.S.G.R.T, une sorte de groupe d'espionnage et d'infiltration. Passage que j'ai trouvé assez long sur les jardins de Versailles, mais cela a donné un effet intéressant, j'avais l'impression d'être à mi-chemin entre la Terre d'aujourd'hui et cet univers futuriste. Et au bout du compte, on replonge dans la réalité de ce futur avec la dernière mission de Charles qui tourne mal. Malgré la réussite de celle-ci, des morts furent à déplorer. Son rang de superviseur à la D.S.G.R.T aura certainement un rôle à jouer par la suite. 

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  • 4 months later...

Bonsoir à tous !

 

Ça fait longtemps que je n'ai pas continué mon roman... Entre les stages, les rapports et les préparations pour mon semestre à l'étranger, je n'ai pas eu beaucoup de temps. Pour me rattraper voici donc non pas un mais deux chapitres ! Bonne lecture et passez de bonnes fêtes de fin d'année !

 

Chapitre XXIX : La mage des montagnes

 

Il fait froid, si froid… Le blizzard a cessé de souffler mais les épais nuages occultent encore les aurores boréales. Nous sommes dans une obscurité presque totale. Même après la tempête de neige, les températures ont continué de baisser. Il doit bien faire moins vingt degrés à présent. Dans la cabine chauffée de pilotage du setsujô-sha, mon souffle se transforme rapidement en millier de petits cristaux de glace. Je jette un coup d’œil à Li Mu Bai, allongé à côté de moi. Alors qu'il est à mi-chemin de l'inconscience, nous l'avons emmitouflé dans plusieurs couvertures que nous avons trouvé à l'arrière du camion des neiges.

 

Je passe ma main sur son front couvert de sueur.

Merde, pensé-je, sa fièvre a encore augmenté. Il est brûlant.

 

Le prince héritier du trône de Jade pousse un petit gémissement. Sa figure crispée exprime une souffrance sans nom.

          - Courage, mon ami, lui dis-je. On va te remettre sur pieds. J'en fais le serment.

 

Je relève la tête. À la lueur des lampes à incandescence de la cabine de pilotage, j'aperçois le visage concentré de Shizuku. Cette dernière manœuvre avec une extrême dextérité notre transporteur de plusieurs tonnes. Nous filons à une vitesse de vingt nœuds.

 

Sans faire de commentaire, je me mets debout avant de regarder à travers la vitre blindée avant du setsujô-sha. Devant nous, éclairés par nos phares, la sorcière argentée continue de nous dégager le chemin. À chaque seconde, des centaines de kilos de neige, des arbres et des débris en tout genre sont projetés sur le côté sous l'effet de décharges biotiques. Ce spectacle sidérant me laisse sans voix. La jeune fille aux cheveux d'argent semble voler juste au-dessus du sol verglacé. Ne portant qu'une simple robe blanche, elle se déplace à la même vitesse que nous. Vu de loin, on aurait dit un spectre. Cela dit, elle semble savoir parfaitement où aller.

 

Durant plus d'une heure, nous parcourrons les sous-bois gelés. Ces derniers sont comme pétrifiés dans le temps. Sous la lumière de nos phares, des stalactites de glace se dessinent sur presque toutes les branches des petits conifères de la forêt.

 

Finalement, nous débouchons sur une surface sans arbre, totalement recouverte de neige et de glace. L'adolescente biotique, Fubuki, marque un temps d'arrêt en plein milieu de la zone déboisée. Shizuku fait freiner le setsujô-sha le plus doucement possible. Nous attendons.

 

Soudain, un bruit tonitruant me fait sursauter. Une sorte de cylindre argenté est apparu devant nous à une dizaine de mètres seulement, projetant des gerbes de neige dans tous les sens.

          - Qu'est ce que c'est que cette horreur ? S'écrie la célestienne, terrifiée.

 

Je n'ai pas le temps de formuler un mot. Une porte coulissante du cylindre, que je n'ai pas repéré auparavant, s'ouvre dans un bruit mécanique. La première chose que je vois, c'est un léger flash. L'intérieur de cette mystérieuse structure est très lumineuse. Alors que mes yeux s'habituent petit à petit à la lueur éblouissante, je finis par distinguer une petite silhouette. Une femme relativement âgée nous fait face. Elle ne doit pas dépasser le mètre vingt. Ses longs cheveux gris pendouillent jusqu'à la hauteur de ses genoux. Mais ce qui me surprend le plus est à venir. Ses bras et ses jambes, bien que petits, sont étonnamment gros. Même de là où je suis, je peux observer les muscles sur-développés qui les animent.

C'est une humaine ? Me demandé-je à moi-même.

 

Enfin, mon regard se porte sur l'arme qu'elle a amenée avec elle : une espèce de fusil à trois canons que je n'ai encore jamais vu. Une partie de cet étrange armement émet une curieuse lueur violacée.

 

Après une minute d'un face à face qui m'a paru interminable, la vieille naine s'avance d'un pas légèrement balourd, un peu comme les manchots des calottes glacières de ma planète natale. Elle finit par demander d'une voix puissante :

          - Mais qu'est ce que tu m'as encore ramené, Fubuki ?

          - Des voyageurs en partance du Pays Nordique, répond aussitôt la jeune fille aux cheveux d'argent. Et l'un d'eux, un maître du vent, est gravement blessé. Il a besoin de soins d'urgence, Orda.

 

La petite silhouette marque un temps d'arrêt, comme pour digérer toutes les informations qui lui ont été présentées. Au bout d'un petit moment, elle pousse un soupir brouillant.

          - Très bien, est-ce que tu t'es renseigné sur l'état du blessé ?

          - Bien sûr, Orda.

 

Suite à ces déclarations, un petit aura bleuté entoure la biotique. Visiblement, elle et celle qui prénomme Orda mènent une conversation télépathique que ni moi ni Shizuku ne pouvons entendre. Finalement, la naine reprend la parole :

          - Je vois, je vois… Bon, Fubuki, pourrais-tu emmener le maître du vent ? Fais bien attention à ce que rien ne le percute durant son transport...

 

Elle se tourne vers nous, qui sommes toujours abrités dans la cabine de pilotage de la machine des neiges :

          - Quant à vous deux, suivez-moi. Vous me devez une petite explication sur le comment et le pourquoi de votre voyage.

 

Sans dire un mot de plus, la vieille femme se redirige vers le cylindre grisâtre. Fubuki, elle, entre dans notre transporteur. Sous nos yeux ébahis, elle fait léviter Li Mu Bai dans les airs avant de l'extraire du Setsujô-sha en prenant le plus de précaution possible. Avec appréhension, Shizuku et moi sortons du camion-neige avant de la suivre jusqu'à la mystérieuse structure cylindrique. Là, la fameuse Orda nous y attend, gardant son fusil aussi grand qu'elle dans les mains.

 

Le cylindre doit bien faire cinq mètres de diamètres. La paroi interne semble recouverte entièrement d'un diffuseur de lumière blanche naturelle. Résultat : ce sont les murs eux-mêmes qui nous éclairent.

 

La porte coulissante se referme. La célestienne et moi n'osons pas dire un mot. Nous attendons la suite des événements. C'est alors que la naine sort de sa poche une sphère noire. Celle-ci se déforme entre ses mains, comme si elle n'était pas constituée d'éléments solides. Sous mon regard étonné, Orda trace sur la boule un symbole qui m'est incompréhensible.

 

Immédiatement, la structure cylindrique s'enfonce sous terre, de dix ou cent mètres. Je ne saurai pas le dire. Lorsque nous nous arrêtons, la lourde porte coulissante s'ouvre à nouveau dans un fracas métallique intimidant. Derrière elle, nous découvrons un tout autre monde. J'en reste sans voix. Dans une demi-sphère bétonnée d'une cinquantaine de mètres de diamètres, se trouvent amasser un nombre incalculable de machines aux formes bizarres et variées. La plupart d'entre elles sont éteintes. Au centre de la salle, je repère plusieurs sortes de sarcophages avec un énorme système dédié à leur côté. Ils sont, eux-aussi, inactifs.

Des cyberchirurgiens ? Non, c'est impossible, me dis-je.

 

Une nouvelle fois, Orda sort de sa poche sa fameuse sphère noire. Cette fois-ci elle y dessine une série de nouveaux symboles étranges. Ces derniers finissent comme absorber par l'orbe. En vitesse, la mystérieuse boule se met à léviter au-dessus de nos têtes. Plusieurs centaines de petits émetteurs disposés sur toute la surface des murs en bétons de la loge commencent à scintiller avant de projeter ce qui me semble être un champ de confinement.

 

Au bout d'un petit moment, la petite sphère qui lévite émet d'une voix artificielle :

          - hu dun quan kai. (à prononcer ''hu dun tchuan kai'')

 

Je reconnais cette langue, me dis-je. C'est du chinois antique. « Bouclier activé ». Qu'est ce que ça veut dire ?

 

Satisfaite, la vieille femme tend la main. L'orbe qui se déforme s'y pose en vitesse. De nouveau, Orda y inscrit des caractères qui n'ont rien à voir avec le chinois antique. Cette fois-ci, de nombreux appareils présents dans la loge se mettent en marche dans une cacophonie électronique. Des hologrammes s'affichent partout. Après quelques secondes de réflexion, je pense saisir le rôle de ce bouclier.

 

Orda me dévisage avant de dire :

          - Je vois que vous avez compris, jeune homme. Ce genre de technologies ne vous est pas inconnu. C'est bien comme vous le pensez : le bouclier que je viens de déployer protègent tous les systèmes électroniques et informatiques de la zone contre les ondes électromagnétiques destructeurs de l'étoile d'Amaterasu qui auraient réussi à parvenir jusqu'ici.

 

Je garde le silence. Quelques secondes plus tard, elle reprend :

          - De toute façon, j'ai deviné, dés la première fois que je vous ai vu, que vous n'êtes pas originaire d'Aurora. Avec votre physique, vous ne pouvez pas appartenir à l'une des ethnies de cette planète. Alors, dites-moi : d'où venez-vous ?

 

Pendant qu'elle est en train de me parler et toujours via son orbe noir, elle met en marche plusieurs machines qui me sont totalement inconnus jusqu'à ce que l'un des sarcophages finisse par se mouvoir et par s'ouvrir.

          - Je… commencé-je

          - Fubuki, m'interrompt Orda. Place le maître du vent dans le caisson de guérison, veux-tu ?

          - Aucun problème.

 

Sans ajouter un mot, la jeune fille s'exécute. En silence, j'observe mon ami disparaître dans l'espèce de sarcophage avant que le couvercle de ce dernier ne se referme.

          - Bien où en étions-nous ? Reprend la naine. Ah oui, vos origines. D'où venez-vous, étranger ? De toute évidence, vous ne semblez pas être un spatien.

 

Je regarde Shizuku, me demandant ce que je dois répondre. L'adolescente célestienne me fait un signe discret de la tête, comme pour me soutenir. Après une profonde inspiration, je me lance dans un long discours. J'y récapitule mes origines, l'existence de la Fédération de Hania, la quête dans laquelle je me suis engagé, mes aventures sur Aurora et surtout, la destination finale de notre périple à travers la montagne : le Pays Nordique. Durant mes explications, Orda et la sorcière argentée ne m’interrompent pas une seule fois. Elles se contentent de hocher la tête de temps à autres, compréhensives.

 

Une fois mon exposé fini, Orda plonge dans un profond silence. On dirait qu'il lui faut un peu de temps pour ingérer toutes ces informations. Après quelques minutes, elle finit par me demander :

          - Vous avez réussi à contacter l'équipage du Véziria ?

          - Non, répondis-je. Cela fait longtemps que je n'ai plus aucune nouvelle.

          - J'espère pour eux qu'ils ne s'approcheront pas par les airs du Pays Nordique. Comme vous l'a expliqué ce Jialong, si vous pénétrez dans leur espace aérien sans autorisation, leurs canons sol-air et sol-espace ne feront qu'une boucher de vous. Je ne suis pas sûr que les boucliers de vos navettes peuvent résister à des décharges plasmatiques à haute vélocité… Depuis l'attaque sur Aurora il y a plus de 1140 cycles auroreins, ils craignent n'importe quel vaisseau étranger venu d'une autre planète.

          - Oui, oui, je suis au courant de tout cela. Je sais aussi que le seul moyen d'entrer en contact avec eux, c'est de franchir la frontière du Pays Nordique par la terre avec les autorisations nécessaires…

          - Tiens, tant que l'on y est, pourrai-je les voir, vos autorisations ? Me demande Orda.

 

En vitesse, je lui donne des papiers blancs qui semblent immaculés. Une fois de plus, elle manipule son orbe. Sous mes yeux, elle fait apparaître de nombreux caractères sur ces papiers que je n'arrive pas à lire. Elle parcourt rapidement l'ensemble des autorisations avant de me les remettre. Immédiatement, les inscriptions qui y figurent disparaissent.

          - Bon, au moins vos laissez-passer sont en règle. Vous n'aurez aucun soucis pour passer la frontière mais…

 

Orda fronce les sourcils et ses yeux s'assombrissent.

          - Qu'y a-t-il ? Demandé-je, inquiet.

          - Vous n'avez pas vraiment choisi le bon moment pour voyager jusqu'aux territoires du Nord.

          - Oui, je sais que l'on ne peut y accéder par la surface, que ce soit en hiver comme en été. Nous passerons donc par les souterrains.

          - C'est ce que je craignais.

 

Sans dire un mot de plus, la vieille naine s'en va consulter une interface holographique. Intrigué, je l'observe en silence manipuler des fenêtres sur son écran virtuel. Shizuku, elle, va s'asseoir sur un siège libre avant de laisser son esprit vagabonder.

 

Les minutes défilent. J'attends toujours des explications de cette bonne femme mais elle ne semble plus m'accorder la moindre attention. Au moment où je m'élance vers elle, elle se tourne vers moi avant de me dire :

          - Votre ami est vraiment en piteux état. Il faudra qu'il reste au moins deux jours dans le caisson de guérison avant qu'il ne puisse remarcher… Puis deux ou trois jours supplémentaires de repos.

          - Ah, ça c'est une bonne nouvelle ! lance la célestienne.

 

De mon côté, je pousse un long soupir de soulagement. Li va s'en tirer. C'est le principal. Puis notre précédente conversation me revient à l'esprit.

          - Pourquoi dites-vous que passer par les souterrains serait dangereux ?

 

Elle me regarde droit dans les yeux.

          - Vous savez quel peuple y vit ?

          - Pas vraiment… Mais dans tous les cas, ça ne peut pas être pire qu'ici, avec cette guerre qui mine le royaume des Toits Célestes. Ici, j'ai été traqué, j'ai été réduit en esclavage, je me suis échappé et j'ai failli être tué un nombre incalculable de fois. Alors vraiment, je ne vois pas en quoi le périple qui s'annonce serait plus dangereux que ce que j'ai déjà traversé.

 

À ces mots, Orda éclate de rire. Plusieurs dizaines de secondes s'écoulent avant que ses spasmes ne s'apaisent.

          - Alors ça, mon bonhomme… Ça s'appelle de l'optimisme !

 

Tout en continuant pouffer de temps à autre, la vieille naine part en direction d'une autre section du dôme. Fubuki se précipite derrière elle, ses cheveux argentés claquant dans son sillage.

          - Vous deux, veuillez me suivre, nous lance Orda.

 

Piquée par la curiosité, Shizuku se lève et se met à suivre la curieuse petite dame. Moi, d'autres questions commencent à assaillir mes pensées. Bon sang, cette Orda possède une technologie hors du commun pour cette planète. Serait-elle un citoyen du Pays Nordique ?

 

Alors que je m'élance à mon tour, la vieille naine se retourne vers moi avant de m'interpeller :

          - Je suis sûre que vous devez vous demander comment un endroit comme celui-ci peut exister sur Aurora, une planète dont la technologie est condamnée à l'air pré-spatiale.

 

Bordel, comment peut-elle connaître mon état d'esprit ? C'est une biocybride, elle aussi ?

 

Avant que je ne puisse faire le moindre commentaire, elle poursuit :

          - Ne vous inquiétez pas. Je vais vous faire visionner quelques vieux holos informatifs en provenance de ma patrie d'origine. Je suis certaine que cela répondra à beaucoup de vos questionnements.

 

Puis, elle s'adresse à la jeune fille aux cheveux d'argent :

          - Fubuki, tu veux bien préparer la salle mémorielle ? Je t'en remercie !

 

Enfin, Orda nous guide, moi et Shizuku, dans une pièce carrée avec huit sièges au centre.

          - Veuillez y prendre place, ordonna la naine. Pour votre gouverne, ces mémofauteuils achemineront les images directement à votre cortex cérébral. Ce sera comme si vous feriez un rêve, mais un rêve dont vous vous souviendrez.

 

Je reste immobile, méfiant. Après tout ce que j'ai traversé, je ne peux pas faire confiance à une personne que je connais à peine et qui me demande de me mettre dans une machine qui accédera directement à mon cerveau. La célestienne, toujours aussi insouciante, s'installe directement sur l'un des sièges. Face à mon hésitation, Orda se permet d'en rajouter :

          - Écoutez, monsieur Solenius, si vous désirez en apprendre plus sur les dangers futurs qui vous guettent, je vous suggère de prendre place. Comme vous l'avez dit, vous avez déjà vécu de nombreuses expériences dangereuses. Celle-ci, en comparaison, n'aura aucune conséquence sur le fonctionnement de votre cortex cérébral. Sachez toutefois que je ne vous force pas. Si vous ne voulez pas vous y asseoir, tant pis. Cela dit, je ne vous ferai pas la conversation pendant des heures pour vous décrire la situation dans les souterrains.

 

Satanée bonne femme ! Pensé-je. Elle sait jouer avec mes nerfs…

 

Après une ou deux minutes de réflexion, je finis par m'asseoir moi aussi sur l'un de ces fameux mémofauteuilles. Une fois de plus, je suis réduit à attendre dans l'anxiété la suite des événements. Dix secondes passent. Puis vingt. Le temps qui défile semble s'allonger et mon souffle devient rauque. À ma droite comme à gauche, j'entends un nombre croissant de machines qui se mettent en route.

 

Tout d'un coup, un écran holographique apparaît à une trentaine de centimètres de mon visage. Une série de caractères y défile sans que je ne parvienne à les déchiffrer. À la fin de ce défilement interminable, l'écran se volatilise dans les airs. C'est alors que ma conscience semble happer par une force indescriptible. En un instant, je sombre dans le néant.

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Chapitre XXX : Plongée mémorielle

 

Petit à petit, j'émerge des tréfonds de l'inconscience. Je suis dans un état second : je sens que je baigne littéralement dans une lumière blanche étincelante. Des formes se dessinent : d'abord mes mains, mon torse puis mes pieds. Pourtant, mon corps me paraît étrangement translucide, comme si je n'étais rien de plus qu'un simple hologramme projeté dans un monde virtuel.

 

Tout d'un coup, une route pavée apparaît sous mes pieds. Sur ma gauche et sur ma droite, des bâtiments surgissent de la lumière. En un instant, une ville entière prend vie sous mes yeux. Je suis en plein milieu d'une rue commerçante. Étonné, je tourne ma tête dans toutes les directions tant il y a de choses extraordinaires à voir.

 

En premier lieu, je suis surpris par l'aspect des passants. Jamais dans ma vie je n'ai vu autant de nains regroupés au même endroit. Et encore, ces nains-là ne semblent pas appartenir à l'espèce humaine. Tout comme Orda, les membres de leurs corps sont disproportionnés. À les voir, on aurait peine à croire que leurs muscles énormes tiennent dans de si petits volumes. Ils se déplacent d'une manière pataude, tout comme la vieille femme qui m'a projeté dans cet univers incroyable.

 

De temps à autre, j'aperçois des humains de taille normale. Comme les nains, ils se déplacent de boutique en boutique avec l’œil d'un acheteur avisé. Les constructions, quant à elles, ne manquent pas d'attirer ma curiosité. Elles sont faites dans une matière que je n'arrive pas à identifier. J'ai l'impression qu'elles ont été réalisées d'un seul bloque. Et je ne parle pas de l'architecture des lieux qui me dépayse complètement. Certains édifices, dont la base repose sur une ossature rectangulaire, possèdent des sphères de plusieurs mètres de diamètre qui surgissent littéralement des murs à des degrés divers. Les fenêtres, toutes ovales, sont ornées d'un contour métallisé aux formes élaborées. Tous les bâtiments se terminent par un dôme qui fait office de toit.

 

Je lève un peu plus la tête. Ce qui me semble être le ciel ne l'est pas en réalité. La lumière blanche tirant légèrement sur le jaune que je perçois ne provient pas d'une étoile. Elle n'émane pas d'un seul point. Une sorte de plafond l'émet sur toute sa surface. Certains endroits sont plus intenses que d'autres, si bien que ces derniers me forcent à détourner le regard.

 

Je poursuis mon exploration. Mes yeux s'arrêtent sur une structure pour le moins insolite. Une petite île de terre et de métal lévite à plus de deux cents mètres d'altitude. Une partie de sa surface tournée vers le sol est recouverte d'une matière qui émet cette lumière blanchâtre si caractéristique éclairant l'ensemble de ce monde. Elle est rattachée à la ville par huit immenses chaînes métalliques. De gigantesques bâtiments ont été construits sur cette portion de terre volante, formant une véritable petite cité céleste. Durant plusieurs minutes, je ne me lasse pas d'observer ce bout de montagne dans les airs.

 

Soudain, un aéronef entre dans mon champs de vision. Ce n'est pas un V.E.M. comme j'ai pu en voir à la surface d'Aurora. Des réacteurs à impulsions le maintiennent dans les airs. Il semble disposer d'une toute autre technologie que celle employée par les jadiens et les célestiens. Une sorte de bouclier détourne les puissants champs électro-magnétiques qui sont à l’œuvre ici. On aurait dit que le véhicule est entouré d'une gigantesque bulle de savon ovale sur laquelle on peut voir des irisations rappelant les couleurs d'un arc-en-ciel. L'aéronef doit bien mesurer une trentaine de mètres de long. Ses courbes élégantes et aérodynamiques doivent lui permettre d'économiser beaucoup d'énergie pour se propulser.

 

Finalement, le transporteur se dirige vers la petit île céleste. Au bout d'un moment, une forme brillante un peu translucide attire mon regard. Elle est en plein milieu de la rue. Les passants n'y accordent aucune attention, comme si elle leur est invisible. Je m'approche, en faisant bien attention de ne percuter personne. Il faut dire que les hommes comme les nains ne semblent pas me voir non plus. Je n'ai aucune envie de rentrer dans quelqu'un par inadvertance.

 

À force de me rapprocher, je finis par distinguer les contours de l'être translucide. Je la reconnais immédiatement. C'est Shizuku. Elle me remarque, elle aussi, et me fait signe de la main. Sa bouche se met en mouvement mais aucun son d'aucune sorte n'en sort. Intrigué, je m'approche davantage.

 

Sans m'attendre, l'adolescente célestienne se met en marche dans la direction opposée. On dirait qu'elle veut que je la suive. Tout à coup, elle traverse littéralement un passant, comme si de rien était.

Qu'est ce que c'est que ce cirque ? Pensé-je.

 

À la fois amusé et terrifié, je plonge ma main dans le corps d'une humaine qui passe juste à côté de moi. Je ne rencontre aucune résistance. Je ne ressens absolument rien et ma main, elle, s'enfonce de plus en plus dans le ventre de la jeune femme jusqu'à réapparaître dans son dos. Dégoûté, je retire immédiatement mon bras.

Merde. Je n'arrive pas à croire que j'ai fait ça, me dis-je.

 

Je lance un regard à Shizuku. Même si je ne l'entends pas, je vois bien qu'elle est prise d'un long fou rire. Ma réaction doit en être pour quelque chose.

C'est ça, mare-toi…

 

Rapidement, je la rejoins. Même si je sais que je peux traverser absolument tout, je fais bien attention d'éviter les autres piétons. Je n'ai aucune envie de voir à quoi ressemble une personne de l'intérieur…

 

Arrivé à quelques mètres de la célestienne, cette dernière pointe du doigt un mur épais grisâtre. Face à mon air ahuri, elle se dirige vers le mur… et passe à travers sans la moindre hésitation. Durant une bonne vingtaine de secondes, je reste devant ce mur, sans rien faire. Je suis indécis sur la marche à suivre.

 

Tout à coup, la tête de la mécanicienne réapparaît à travers la paroi. Elle me fait un grand sourire avant de disparaître à nouveau dans la façade.

Mais c'est qu'elle me nargue, en plus !

 

Je finis par prendre une large respiration, pour autant que je puisse en prendre une, puis je traverse à mon tour le mur. Durant deux secondes, j'ai l'impression de ne plus rien voir du tout avant qu'une nouvelle galerie marchande ne se dessine sous mes yeux. Cette fois-ci, les passants sont presque tous des humains, que ce soit les marchands comme les promeneurs. Je jette un coup d’œil derrière moi. L'imposante façade me domine sur toute ma hauteur. Je recule de quelques pas, intimidé.

 

Soudain, une immense clameur me fait sursauter. Je me retourne précipitamment. La large rue commerçante est devenu noire de monde. Dans toute cette foule qui s'est constituée en un instant, j'ai perdu Shizuku de vue. Alors que je m'apprête à partir à la recherche de l'adolescente célestienne, un nain relativement jeune monte sur une estrade afin de dominer l'ensemble de cette marée humaine et naine.

          - Huo Dao ! Huo Dao ! Se met à crier la foule.

 

Le vénérable personnage fait quelques signes d'apaisement. La galerie commerçante, si bruyante auparavant, devient silencieuse.

          - Mes amis, commence l'orateur en chinongo. Si nous sommes réunis ici, c'est pour exprimer notre désarroi mais aussi notre incompréhension. Vous le savez, le gouvernement régional de notre chère cité d'Arthengare a promulgué il y a quelques mois de nombreuses lois portant atteinte aux droits fondamentaux des immigrés humains. Ces mêmes immigrés, fuyant l'avancée de l'Empire de Jade par millions, ont contribué de manière non négligeable au nouveau boom économique de notre pays au cours des huit dernières années. Et à présent qu'ils commencent à intégrer des postes à responsabilité, les extrémistes xénophobes commencent à grincer des dents. Et dire qu'avant, ils avaient profité de cette main d’œuvre en grand nombre et bon marché...

 

À ces mots, j'entends de nombreux cries d'indignation tels que « révoltant !», « c'est scandaleux ! » ou encore « il a raison ! ». Une fois de plus, Huo Dao attend que la foule se calme avant de poursuivre :

          - Ces immigrés humains, qui nous ont tant apporté sur le plan économique, culturel et social, sont en train de devenir les bouc-émissaires idéaux, les responsables de tous les maux de notre société actuelle. Cela doit cesser dés à présent. Moi, nain et héritier de la famille de Dao, j'ai honte du comportement de certains de mes compatriotes vis à vis de nos amis humains.

 

De nouveau, la foule acclame l'orateur tant et si bien que ce dernier se voit encore obliger de patienter avant de pouvoir continuer :

          - Enfin, j'aimerai que le gouvernement régional d'Arthengare cesse d'associer notre parti du Mouvement Démocrate de la République Souterraine Auroreine aux extrémistes humains qui ont commis l'attentat de la place d'Ortaz. Nous n'avons rien à voir avec ces gens là. Nous sommes ici pour promulguer, protéger et faire respecter la démocratie. Nous ne faisons aucunement l'apologie d'un obscurantisme d'un autre âge.

 

Tout à coup, un aéronef fait rugir ses pulso-réacteurs et se met à faire du surplace au-dessus de la foule. D'une quinzaine de mètres de long pour huit de large, il pointe au moins deux dizaines de sulfateuses vers la foule. Affolées, plusieurs personnes tentent de fuir mais la large rue marchande est tellement noire de monde qu'il est presque impossible de s'y frayer un chemin. Une voix mécanique assourdissante se fait entendre :

          - Ici les forces de l'ordre d'Arthangare. Vous n'avez pas eu l'autorisation de manifester. Conformément à la loi martiale en vigueur depuis l'attentat de la place d'Ortaz, nous demandons à la foule de se disperser. En cas de refus, nous ferons usage de la force.

 

Utilisant une sorte d'amplificateur primitif sonique de forme conique, le jeune politicien nain ne tarde pas à répondre :

          - Depuis quand, dans une démocratie, on interdit au parti adverse de celui qui est au pouvoir de se réunir et de manifester ?

 

En réponse, l'aéronef tire plusieurs dizaines de projectiles à gaz lacrymogène sur la marée humaine. Les clameurs, si enjouées au début, se transforment en quinte de toux. Les gaz finissent par arriver jusqu'à moi. Instinctivement, je me protège les yeux et le nez. Mais les particules ultra irritantes semblent traverser mon corps sans rencontrer de résistance. La fumée ne m'affecte aucunement.

 

Subitement, j'entends plusieurs coups de feu provenant des bâtiments alentours. Je lève la tête. L'aéronef en vol stationnaire, que j'aperçois entre les gaz, est pris pour cible. Les balles légères rebondissent en faisant des étincelles sur son blindage lourd. Les extrémistes humains, dénoncés plus tôt par Dao, semblent s'être joints aux festivités... Je sens que la situation va vite dégénérer.

 

Sans autre forme de procès, les forces de l'ordre ouvrent le feu sur la foule. La vingtaine de canons à six tubes crachent leur pluie de balles sur la position des tireurs mais aussi sur celle de Huo Dao. À travers le capharnaüm des sulfateuses, je perçois les cris d'effroi de tous les civils entassés dans la rue, se piétinant pour tenter d'échapper à la mort. Bien vite, alors que la fumée commence à se disperser, un nombre incalculable de cadavres apparaît sous mes yeux. L'aéronef, quant à lui, continue toujours d'ouvrir le feu sur la foule.

Mais qu'est ce qu'ils sont en train de foutre ? Me demandé-je.

 

Ils obéissent aux ordres, répond la voix bien reconnaissable d'Orda dans ma tête. Dés que Huo Dao a refusé d’obtempérer, son parti du M.D.R.S.A. a été considéré comme terroriste par les autorités régionales. Ce qui se déroule sous vos yeux s'est passé près de cinq ans auparavant. Aujourd'hui, la République Souterraine Auroreine est prise dans une guerre civile fratricide entre certains gouvernements régionaux réunis sous la bannière d'Arthangare et le gouvernement fédéral de Central.

 

Orda ? Mais où est-ce que vous êtes ? Criai-je dans ma propre tête.

 

Derrière vous, mon cher, juste derrière vous.

 

Je me retourne. Faisant abstraction de toutes les horreurs qui se déroulent autour de moi, je me concentre sur les trois silhouettes translucides qui me font faces. Je les reconnais instantanément : la sorcière à la chevelure argentée Fubuki, la vieille naine Orda et la mécanicienne Shizuku. La célestienne, choquée, est comme pétrifiée.

 

Pourquoi est ce que vous nous avez montré ces scènes, Orda ? M'écriai-je dans ma tête. Nous avons déjà vécu suffisamment de moments difficiles… Ce n'était pas la peine d'en rajouter.

 

Pour que vous prenez conscience de ce qui se passe en ce moment même dans les souterrains sous la chaîne des Toits Célestes, me répond Orda. Les gouvernements régionaux contrôlent actuellement près de quarante pour cent des territoires, coupant en trois partis l'ancienne République. Si vous souhaitez rejoindre le pays Nordique, il vous faudra traverser ces territoires. Et croyez-moi, les nains d'Arthangare ne sont pas tendre avec les humains : ils en font des esclaves pour soutenir leur économie à moindre coûts. Les terres au Nord et au Sud sont toujours sous le contrôle du gouvernement Fédéral de Central et la guerre fait rage aux nouvelles frontières de la République Autoproclamée d'Arthangare ou R.A.A.

 

Vous souhaitez nous décourager ? Répliqué-je.

 

Non. Simplement vous informer. La seule façon de pouvoir traverser la R.A.A. est de vous joindre à une équipe de courrier qui fait la liaison entre le Sud et le Nord de la République Souterraine Auroreine. Sachez que, si vous voulez malgré tout continuer votre aventure jusqu'au Pays Nordique, vous vous exposez à des dangers auxquels vous n'avez pas eu affaire jusqu'à présent. La technologie de mon pays d'origine n'a rien à voir avec celle des peuples de la surface. Le fait que nous faisons de nombreux échanges avec le Pays Nordique y est sûrement pour quelque chose…

Le visage d'Orda s'assombrit.

Vous savez, monsieur Solenius, cela fait bien trente cycles auroreins que j'espionne les peuples de la surface pour le compte du gouvernement de Central. Et je peux vous dire que même le degré de violence de la guerre entre les célestiens et les jadiens n'atteint pas celui de la guerre civile naine. Honnêtement, si j'étais vous, je renoncerais. Mais si, comme je le crains, vous souhaitez tout de même y aller, je ferai jouer mes contacts pour que vous puissiez intégrer une équipe de courrier. Jusqu'au début des souterrains, Fubuki vous servira de guide.

 

Je vais y réfléchir, Orda, répondis-je. Et je vais en parler à Li Mu Bai dés qu'il sera réveillé.

 

Prenez tout votre temps.

 

Une fois sa déclaration terminée, je sens que mon esprit est happé hors de ce monde virtuel. Très vite, je réintègre mon corps allongé sur le mémofauteuil. Mes paupières sont lourdes, extrêmement lourdes. Je mets bien plusieurs minutes à me sortir de cet état second. Mais avant même d'ouvrir les yeux, une pensée me traverse l'esprit :

Je ne peux pas exposer mes amis à un tel danger. Je pense que je vais continuer seul.

 

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Deux bons chapitres !

 

On est toujours aussi immergé par ton univers à travers tes descriptions qui sont toujours aussi bonnes.

 

Nos héros font la rencontre de la mentor de la jeune sorcière argenté, cette dernière semble appartenir à l'ethnie des nains.

 

Un peu peuple qui semble avoir leur propre technologie beaucoup plus avancés et leur nation semble être dans une crise majeur assez violente.

 

Notre héros semble avoir décidé de se rendre au Nord seul, mais pourra t'il y arriver seul ? J'en doute.

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Encore géniaux ces chapitres !

 

Ouf ! Li Mu Bai est pris en charge, il était temps. Orda organise un peu les soins et on voit qu'elle est en charge d'un matos assez impressionnant. Après, il semblerait qu'elle soit extérieure aux conflits entre nains, même si elle doit avoir un avis tranché sur la question. Rien qu'avec son apparence trapue, je me disais ien qu'elle était une naine de ces montagnes.

 

La salle mémorielle et le passage que revit Solenius est frappant, tu nous as bien mis dans le bain de cette civilisation enterrée jusque là. Tu mets en avant des problème politiques, et l'implication des Trônes Célestes directement ou indirectement. A voir.

 

Solenius qui songe à poursuivre en solo, ce serait dur pour lui qui ne connait presque rien des nains, seulement quelques images. Sinon, ce n'est pas non plus irréfléchi, un seul humain attirerait moins l'attention que trois. 

 

 

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  • 1 month later...

Merci pour vos commentaires encourageants ! Voici la suite, qui répondra à un certain nombres de questions que vous avez dû vous poser au chapitre 25 :

 

Chapitre XXXI: Opération tempête stellaire

 

Le transporteur automatique commença sa descente progressive vers la Place de l’Étoile, à Paris. Le soleil était encore haut dans le ciel. Charles consulta les hologrammes informatifs de son véhicule. Ces derniers affichèrent l'heure : 15h42, ainsi que la température extérieure au sol : 21°C. C'étaient des conditions idéales pour se promener dans la ville cinq fois millénaire. Le jeune homme jeta un coup d’œil à travers la vitre en néo-polymères et contempla la capitale française.

 

Au cours des deux derniers millénaires, Paris avait su garder son charme. Privilégiant une architecture horizontale et protégeant son patrimoine historique et culturel exceptionnel, elle n'était pas devenue une ville musée comme Venise ou Carcassonne. Les bureaux, constamment rénovés et installés au sein des anciens bâtiments haussmanniens, s'arrachaient à prix d'or par les entreprises. En effet, celles-ci, en plus d'avoir un cadre de travail remarquable, disposaient d'un accès sécurisé et d'une grande qualité au réseau de transcription quantique pouvant générer des débits dépassant l'entendement.

 

Avec la rénovation du métro à monorail électromagnétique, l'apparition des Téléporteurs à Fenêtre Hyperspatiale et la mise au point des transports automatiques aérospatiaux, la plupart des rues de Paris étaient devenues piétonne. Combien de fois Charles s'était-il pris à flâner dans les larges avenues parisiennes ? Il ne pouvait plus les énumérer.

 

Le jeune homme leva les yeux vers le couloir aérien qu'il venait de quitter. Grâce aux I.A. de contrôle, les voies aériennes n'étaient jamais encombrés et les transporteurs automatiques rejoignaient toujours leur destination en un temps record. Il observa les appareils qui filaient à leur vitesse de croisière, à plus de mille kilomètres par heure.

 

À mesure que Charles s'approchait du sol, son véhicule descellera fortement, passant de huit cent à cinquante kilomètres par heure en quelques secondes. Mais le jeune homme ne perçut pas le moindre changement. Les compensateurs inertiels jouaient leur rôle à la perfection. Lorsqu'il fut à cent mètres du sol, l'agent de la D.G.S.R.T. admira le monument de la Place de l’Étoile. Même 2820 ans après sa construction, l'Arc de Triomphe resplendissait à travers les rayons du soleil. Bien qu'il l'ait souvent observé, le monument lui faisait toujours une forte impression.

 

Napoléon savait vraiment comment marquer les esprits… pensa-t-il.

 

L'aéronef vira sur la gauche avant d'atterrir sur l'une des quatre plateformes d'arrêt-minute de la place. En vitesse, Charles descendit du véhicule. Il n'activa pas tout de suite ses lunettes de Réalité Virtuelle. Il voulait profiter du paysage en allant à son lieu de travail. Une fois qu'il fut à dix mètres du transporteur automatique, ce dernier referma sa porte puis s'envola vers un autre lieu à l'appel d'un nouveau client.

 

Aussitôt, le jeune homme prit la direction de l'avenue de Friedland. Bien que nous étions un lundi du mois de mai, Charles croisa de nombreuses personnes de toutes les nationalités en train de se promener. Certaines d'entre elles pianotaient dans les airs, les yeux dans le vague, tout en marchant. D'autres s'arrêtaient de temps à autre pour admirer l'architecture si caractéristique des bâtiments haussmanniens. D'autres encore portaient toute sorte de sacs contenant vraisemblablement des vêtements réels, non holographiques, qui proviennaient des meilleurs stylistes de la ville.

 

Au bout de cinq minutes, le jeune homme s'arrêta devant l'un des immeubles millénaires donnant sur l'avenue Friedland. De l'extérieur, on ne pouvait dire si le bâtiment haussmannien contenait des bureaux ou des habitations. Sans attendre, Charles poussa les deux lourdes portes en bois finement sculptées et entra dans le hall. Une fois encore, il se prit à observer les magnifiques boiseries recouvertes de feuilles d'or qu'il connaissait si bien. Ces dernières avaient été rénovées récemment, reflétant magnifiquement la lumière du jour qu'elles recevaient. Le ministère de l'Histoire et de la culture veillait à ce que l'intégrité des merveilles culturelles et historiques de la Terre soient préservées pour les générations futures. Dans le cas des immeubles haussmanniens, les locataires participaient, pour une large part, à la conservation de ces magnifiques bâtiments.

 

L'agent de la D.G.S.R.T. se décida à traverser le hall. De l'autre côté, il fit face à une barrière cinétique translucide. Cette dernière ne laissait pas passer la moindre molécule. Derrière elle, Charles pouvait voir les escaliers anciens qui menaient aux étages supérieurs.

 

          - Charles Lyvonet, dit-il à haute voix.

 

Aussitôt, un champ de confinement cylindrique de deux mètres de diamètres l'entoura. Patiemment, le jeune homme attendit que les instruments aient vérifié ses empruntes vocales, génétiques et oculaires. Quelques secondes plus tard, la barrière cinétique s'estompa. Une voix de femme parfaitement synthétiser l’accueillit :

          - Bienvenue, agent Lyvonet. Veuillez vous présenter au bureau de la directrice centrale de la section européenne.

          - Très bien, s'empressa de répondre l'intéressé.

 

Rapidement, Charles monta les escaliers jusqu'au premier étage. Là, il prit un premier couloir sur sa droite, décoré dans le style ancien du dix huitième siècle. Au cours de sa galopée, il croisa plusieurs de ses collègues qu'il salua d'un signe de tête : des terriens mais aussi quelques biocybrides, en faction pour quelques mois dans la section européenne. Le jeune homme sentit une bouffée d'angoisse l'envahir. Dans quelle mission impossible allait-on encore l'envoyer ? La dernière avait coûté la vie à deux de ses meilleurs amis…

 

Finalement, l'agent de la D.G.S.R.T. se retrouva face à la porte du bureau de la directrice. Avant de toquer, il jeta un coup d’œil à la fenêtre qui donnait sur l'avenue de Friedland. Durant une vingtaine de secondes, il observa les passants qui flânaient sur la route pavée, ne se doutant pas le moins du monde que la division européenne de la Direction Générale des Services de Renseignements Terriens se trouvait à proximité d'eux.

 

Alors qu'il s'apprêtait à toquer à la porte, la forte voix de la directrice raisonna, en français, à ses oreilles :

          - Entrez donc, Lyvonet. Ne restez pas planté là, dehors.

 

Penaud, Charles s'engouffra dans la pièce. À peine eut-il mis un pied dans la salle que les yeux bruns de sa supérieure l'examinèrent de bas en haut. D'une quarantaine d'années, la directrice centrale de la division européenne en paraissait dix ans de moins. Son esprit aiguisé, sa forte personnalité et ses hauts faits d'armes au sein des services de renseignements lui avaient permis de rapidement gravir les échelons hiérarchiques. La quadragénaire avait de quoi impressionner : dés que l'on se trouvait en sa présence, on était comme écrasé par la prestance qu'elle dégageait. Son regard pénétrant, implacable et observateur faisait transparaître une intelligence peu commune.

 

Le jeune homme se mit aussitôt au garde-à-vous.

          - Vous semblez avoir bien récupéré, commença la directrice

          - On fait aller, madame.

 

Le silence se prolongea. Charles regarda droit dans les yeux de la directrice. Patiemment, il attendit. Il savait qu'elle allait lui donner une mission difficile. Il en était toujours ainsi, lorsque cette dernière le convoquait directement dans son bureau. Lyvonet était après tout considéré comme l'un des meilleurs agents de la section européenne.

 

Sans dire un mot, sa supérieure sortit un petit cylindre de six centimètres de diamètre pour une quinzaine de haut. Le jeune homme arqua un sourcil.

          - Un ordre de mission par mémoire de l'eau ? Fit-il en retenant sa respiration

          - Exact, Lyvonet. C'est une mission d'ordre un, capitale.

 

Charles poussa un profond soupir, plus bruyant qu'il ne l'aurait voulu. Les missions d'ordre un faisaient parties de ces missions qu'il fallait à tout prix réussir, quitte à en laisser sa propre vie. Par ailleurs, il était souvent risqué de stocker les informations importantes. Le jeune homme devra donc faire appel à sa fantastique mémoire pour se souvenir des données importantes. Il savait que tout ce qu'il apprendra du stockeur mémoriel par mémoire de l'eau, il devra le retenir dans son esprit sans avoir recours à quelque support technologique que ce soit. Une fois consultées, les données de l'ordre de mission s'autodétruiront.

          - Suis-je en solo ou aurai-je des collègues avec moi ? Demanda l'agent de la D.G.S.R.T.

          - Vous aurez deux subordonnées, lui répondit la directrice.

          - Des biocybrides ?

          - Oui, vous êtes dés à présent leur superviseur. Tous les détails sont dans l'ordre de mission. Par avance, je vous souhaite bonne chance, Lyvonet. Si quelqu'un peut réussir cette opération, c'est bien vous.

          - Merci, madame.

          - Faites attention à vous. Vous pouvez disposer.

 

Ne lui accordant plus la moindre attention, la directrice ralluma ses hologrammes informatifs et porta son intérêt sur d'autres missions en cours. En vitesse, Charles se saisit de l'ordre de mission par mémoire de l'eau avant de se diriger vers la porte de sortie. Alors qu'il était sur le point de quitter la pièce, le jeune homme se retourna et se mit au garde-à-vous une dernière fois. Sa supérieur lui fit un signe de la tête. Charles franchit la porte du bureau et se retrouva dans le couloir, son ordre de mission dans la main.

 

Lyvonet contempla le petit cylindre qu'il tenait fermement. Il avait toujours été admiratif de l'utilisation des propriétés bizarroïdes de l'eau. Car oui, ce que contenait le petit récipient n'était rien d'autre que de l'eau. Soumises à un rayonnement électromagnétique spécifique, les molécules d'H2O pouvaient former des structures caractéristiques qui, elles-mêmes, enfermaient en leur sein d'autres rayonnements électromagnétiques porteuses d'informations relatives à la mission. Cette propriété du liquide aquatique était connue sous le nom explicite de la « mémoire de l'eau ».

 

En vitesse, Charles rejoignit le laboratoire de la division européenne. Situé au deuxième étage du bâtiment haussmannien, la section de recherche et d’ingénierie s'étendait sur la quasi-totalité de l'espace disponible du second palier. C'était ici que les scientifiques de la D.G.S.R.T. mettaient au point des technologies secrètes et adaptées aux besoins des agents.

 

Le jeune homme alluma ses systèmes de Réalité Augmenté. Il chaussa ses lunettes. Son support technologique lui projeta des informations tridim dans son champs de vision, interagissant avec le cyberespace environnant. Alors qu'il était encore dans le couloir menant au laboratoire, Charles demanda à haute voix :

          - Je souhaiterais utiliser un lecteur à mémoire de l'eau. Cela serait-il possible ?

 

À peine avait-il fini sa phrase que la voix féminine de l'I.A. du bâtiment lui répondit, via les écouteurs de ses lunettes de Réalité Augmentée :

          - Requête acceptée. Veuillez vous diriger vers la salle C-232.

 

Une flèche rouge holographique se matérialisa à un mètre du sol, juste devant Lyvonet. Sans plus attendre, l'agent de la D.G.S.R.T. suivit la direction indiquée. Il est vrai que quand on n'est pas habitué à se déplacer dans ce département, on peut très facilement s'y perdre tant ce dernier est gigantesque.

 

Finalement, après deux minutes de marche, Charles se retrouva devant la porte de la salle C-232. Il allait frapper quand soudainement, une jolie jeune femme lui ouvrit le passage de l'intérieur. Cette dernière ne devait pas avoir plus d'une vingtaine d'années. D'origine asiatique, elle l'observait avec insistance de ses deux yeux bruns. Ses cheveux noirs, entretenus impeccablement, retombaient sur sa poitrine.

          - Entrez, monsieur Lyvonet, fit-elle en galactique standard. Je vous attendais.

 

Sans dire un mot, l'agent de la D.G.S.R.T. entra dans la petite pièce. Des hologrammes en bidim et en tridim recouvraient presque l'intégralité des murs. Sur sa gauche, Charles distingua une arme qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il arqua un sourcil mais ne fit aucun commentaire. Enfin, il se retourna, faisant face à son interlocutrice qui avait refermé la porte après son passage.

          - Êtes-vous une biocybride ? Demanda-t-il dans la langue internationale.

          - Oui, je m’appelle Hoshiko Mori. J'ai été transférée ici depuis la section asiatique pour combler un manque d'effectifs de la division européenne. Je viens tout juste de terminer ma formation sur la station de Nishigawa du point Lagrange 1.

          - Une biocybride japonaise, donc ?

 

Charles marqua un temps d'arrêt avant de dire, dans un japonais impeccable :

          - よろしく. (yoroshiku , enchanté : j'espère que nous nous entendrons bien)

 

Un instant marquée par la surprise, Hoshiko joignit ses deux mains, se courba légèrement vers l'avant puis déclara :

          - こちらこそ、 よろしく お願いします. (koshirakoso, yoroshiku onegaishimasu, de même, enchantée de vous connaître.)

 

La jeune femme se redressa avant de continuer :

          - 日本語が分かりますか ?(Nihongo ga wakarimasu ka ? Vous comprenez le japonais?)

          - 少しだけ. (sukoshi dake, juste un peu…)

 

Reprenant en galactique standard, Lyvonet demanda :

          - Dites-moi, mademoiselle Mori, pourrai-je accéder au lecteur à mémoire de l'eau s'il vous plaît ?

          - Bien entendu, je l'ai déjà préparé lorsque vous en avez émis la requête dans le cyberespace. Je vais vous l'apporter de ce pas. Vous pourrez lire les données de votre stockeur mémoriel en vous installant ici, sur l'un des trois sièges de la pièce.

 

Alors qu'elle était en train de se saisir de l'appareil rangée sur une étagère, l'agent de la D.G.S.R.T. reporta son attention sur l'arme disposée sur le côté de la pièce. Mesurant plus d'un mètre de long, elle semblait être en mode déployée. Une partie de cet étrange armement ressemblait à s'y méprendre à un ballon de rugby.

          - C'est un fusil à distorsion. Encore au stade expérimental, commenta la jeune femme derrière lui qui tenait dans ses mains le lecteur mémoriel.

 

Charles se retourna, étonné :

          - Une arme à distorsion ? Fit-il. On a enfin réussi à en miniaturiser une ?

          - Oui. Lorsqu'elle sera opérationnelle, le tireur pourra configurer le champs d'action de la distorsion d'impact. Tout ce qui se trouvera à l'intérieur de ce champs d'action sera irrémédiablement désintégré. Seuls des boucliers de protection spécifiques peuvent résister à un tir.

 

Impressionné, le jeune homme déglutit. Avec une telle technologie, les forces terriennes pourront enfin faire face aux archanges spatiens, sans avoir à recourir aux biocybrides. Mais il le savait, les ennemis de l'alliance ne mettraient sans doute pas longtemps à trouver une parade. Il en était toujours ainsi.

 

Alors qu'il était perdu dans ses pensées, la biocybride Hoshiko lui tendit le lecteur à mémoire de l'eau avec le sourire. Un peu gêné, Charles prit dans ses mains l'appareil avant de s'installer dans l'un des trois confortables sièges de la pièce. Le lecteur avait lui aussi la forme d'un cylindre et était relié à un casque par un câble cybernétique. Rapidement, l'agent de la D.G.S.R.T. y introduisit l'ordre de mission par mémoire de l'eau. Puis, il mit le casque sur sa tête, ayant préalablement retiré ses lunettes de Réalité Augmentée.

 

Au bout d'une minute, le système démarra automatiquement. Des images apparurent sur la visière de Charles et le son parvint à ses oreilles.

 

**********

Ordre de mission de classe 1 :

Nom de code : Tempête stellaire

 

Liste des participants à l'opération :

 

→ Agent Charles Lyvonet :

âge : 28 ans

statut : Responsable de la mission et superviseur

niveau d'accès : 100 (accès total à toutes les informations relatives à l'opération)

 

→ Biocybride Hoshiko Mori :

âge : 21 ans

statut : Agent spécialisée dans le tri, la synthèse d'informations, la guerre électronique et les attaques mentales

niveau d'accès : 80 (accès aux informations provenant des agents infiltrés)

 

→ Biocybride Mei Woo Tang :

âge : 268 ans

statut : Biocybride offensive spécialisée dans la manipulation de l'espace et de la matière ainsi que dans la guerre électronique, infiltrée derrière les lignes ennemies

niveau d'accès : 80 (accès aux ordres envoyés depuis le centre de commandement)

 

→ Docteur Santos Navadas

âge : 48 ans

statut : Résistant de nationalité spatienne. Il est notre contact sur le lieu de l'opération Tempête stellaire. C'est un physicien moléculaire travaillant sur place.

Niveau d'accès : 10 (ne fait qu'organiser les échanges de renseignement)

 

Objet de la mission :

 

Les spatiens sont en train d'organiser une opération de grande envergure dans le secteur de Kepler-584-D. Ils rassemblent des vaisseaux, des hommes et du matériel en quantité inimaginable. Nous souhaitons connaître l'objectif d'une telle mobilisation de ressources. D'après les renseignements envoyés par notre agent sur place, Mei Woo Tang, plusieurs sphère-usines de clonage ainsi qu'un chantier spatial bien plus imposant que celui de Sodja y ont été construits. Quatre orbes positroniques de l'Autorité Suprême Spatienne superviseraient directement les opérations dans le secteur.

 

En conséquence, seuls les biocybrides qui subissent une transplantation génétique modifiant la majorité de leurs traits physiques et de leurs gênes peuvent se rendre sur place, à la suite d'un scellage de leur mémoire dans leur subconscient. L'agent Mei Woo Tang a passé avec succès tous les contrôles de sécurité pour se rendre dans le système de Framtida. Sa transplantation génétique a été réalisée avec le matériel génétique modifié du superviseur Andréas Hermite, commandant du vaisseau-arbre Logos.

 

La biocybride Mei Woo Tang est désormais opérationnelle. Grâce au désinhibiteur de mémoire fourni par le physicien moléculaire Navadas, elle a retrouvé ses souvenirs.

 

Attention : vous ne pourrez échanger des informations avec Mei Woo Tang que durant des périodes limitées, organisées par notre contact sur place : le docteur Navadas.

 

Au nom de toute l'humanité, nous vous souhaitons bonne chance agent Lyvonet.

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Bon chapitre !

 

On est toujours aussi transporté dans ton univers et ce qu'importe le style et l'ambiance comme ce fut le cas dans ces rues de Paris qui a toujours garder sa touche ancienne, qui ne la dépayse pas.

 

L'agent Lyonet est donc l'homme choisi pour aller opérer dans la station Spatiennes dans laquelle se trouve Mei, autant de dire que ça ne sera pas facile. Mais son équipe semble compétente, il faudra en juger sur le terrain. La nouvelle arme technologique, semble être l'arme clé qui les sauvera peut être lors de cette mission.

 

Bref j'attends cette mission qui sera fort explosive et intense !

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Très bon chapitre, faut le dire.

 

Juste dommage que tu n'alimentes pas ta fiction plus souvent. J'ai des fois un peu de mal à replonger dans l'aventure, surtout que l'on suit au moins deux points de vues différents. Au moins, nous savons quel est le rôle de Charles, il va devoir se joindre à Mei Woo Tang. Bref tout se recoupe, et ce gars aura vraiment son importance si tu te permets de l'exploiter au point de lui donner des chapitres qui lui sont consacrés. Peut-être qu'à son tour, il se sacrifiera pour la réussite de a mission...

 

J'avais été paumé, pensant que l'on avait là une reconstitution de Paris, mais en fait nous sommes bien sur Terre, rassure moi...

 

En tout cas, je suis dans le même engouement que Kyojin, que j'ai hâte que la mission batte son plein ! 

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