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[Banner Of The Stars] A la recherche de la planète des Origines


Hou Son Mei Tong
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Merci à tous les deux pour vos commentaires ! Rassurez-vous, Charles Lyvonet est bien un terrien et nous sommes bien sur Terre lorsque l'histoire parle de lui. Et maintenant, sans plus attendre, voici la suite !

 

Chapitre XXXII : Premier contact

 

Éléonore Datarianne, ou plutôt Mei Woo Tang, se retrouva une fois de plus dans le train monorail de la ligne Delta-2358 qu'elle commençait à bien connaître. En trois mois, elle s'était habituée à son nouveau corps occidental. La jeune femme avait toujours admiré les yeux émeraudes de son superviseur Andréas Hermite. À présent, elle en possédait le regard, sa transplantation génétique ayant été réalisée avec les gênes modifiés du terrien.

 

La biocybride jeta un coup d’œil à travers la vitre en néo-polymères. Les contours de la gigantesque centrale à rayons gamma se dessinèrent dans la brume matinale de Framtida. Les milliers de batteries supraconductrices qui la composaient étaient encore parcourues de nombreux arcs électriques, signe que la centrale venait de recevoir son tir orbital énergétique. Même si elle avait déjà assistée au phénomène plusieurs dizaines de fois, Mei restait fascinée devant tant d'énergie accumulée au même endroit.

 

Alors que le train automatique filait à plus de huit cent kilomètres par heure, la jeune femme désormais blonde leva la tête pour observer le ciel. Le soleil n'était pas encore tout à fait levé. La biocybride arrivait encore à apercevoir les gigantesques stations orbitales et certains vaisseaux de combat, visibles depuis le sol. Malgré l'heure matinale, de plus en plus d'astronefs zébraient l'atmosphère. Certaines routes aériennes commençaient déjà à être surchargées.

 

Aujourd'hui était une journée particulière pour l'espionne terrienne. Elle n'allait pas s'arrêter, comme à son habitude, au techno-laboratoire. On lui avait demandé de réaliser une énième extension du réseau énergétique dans l'usine de clonage de Földelse. Son tuteur, Santos Navadas, l'avait personnellement recommandé pour cette tâche. Enfin, la jeune femme avait l'autorisation de pénétrer dans un des secteurs les plus sensibles du système.

Je vais peut-être pouvoir récupérer quelques renseignements, se dit-elle.

 

(musique d'ambiance : planetfall ost de beyond earth)

 

Au bout de trois heures de trajet, le monorail électromagnétique entra à pleine vitesse dans une infrastructure dont les dimensions dépassaient l'entendement. Même dans toute sa vie longue de près de trois siècles, Mei n'avait jamais vu cela. Les spatiens avaient dû creuser très profondément dans le sol pour réaliser une telle prouesse. La structure, de forme circulaire, s'enfonçait à plus de trente kilomètres sous terre. La biocybride tenta d'observer le plafond de l'édifice. Ce dernier devait se trouver à plus de cinq kilomètres d'altitude. La ligne monorail sur laquelle circulait son transport automatique semblait suspendu dans les airs. Elle était soutenue à intervalle régulier par des générateurs anti-gravité exerçant une poussée contre-carrant l'attraction de la planète.

 

Gardant les yeux grands ouverts, l'espionne terrienne observa attentivement tout ce qui défilait sous son regard. Des millions et des millions de tores d'une quarantaine de mètres de diamètre lévitaient à différents niveaux, tournant sur eux-même à très faible vitesse. Chacun d'entre eux disposaient sur leur face externe de plus d'une centaine de capsules. La biocybride plissa les yeux. Ce qu'elle reconnut la terrorisa. Chaque réceptacle disposait d'un embryon à un stade plus ou moins avancé. L'ensemble des équipements baignait dans une lumière blanchâtre. Plusieurs milliards d'archanges et de futurs soldats d'assaut étaient en gestation. Mei porta son regard vers les abysses. Plus les tores simulant l'utérus humain se situaient en profondeur, plus les créatures semblaient s'approcher de l'âge adulte.

Et dire qu'un dixième de la surface de cette planète est recouverte par des usines de clonage de ce type… se lamenta la biocybride. On dirait que l'Autorité Suprême Spatienne prépare une armée d'invasion.

 

Durant trente minutes, le transporteur automatique continua son chemin au sein même de l'usine biogénique à sa vitesse de croisière de huit cent kilomètres par heure. Lorsqu'il était sur le point de s'arrêter dans la  gare centrale, Mei ne put même plus distinguer les bordures de l'édifice. La station d'arrêt des transporteurs monorails automatiques était en elle-même un objet de curiosité. Formant un cube presque parfait dont les arrêtes mesuraient près de trois kilomètres, la structure lévitaient en plein centre de l'usine. Depuis sa place, la biocybride pouvait voir des centaines de voies monorail qui partaient de différents niveaux du cube.

 

À son tour, le train de l'espionne terrienne s'engouffra dans la gare avant de stopper net quelques minutes plus tard. En vitesse, Mei descendit du train. Elle se retrouva littéralement engloutie dans une foule de milliers de travailleurs pressés, tous habillés de la même manière. La biocybride leva la tête. La station ne présentait aucune décoration. Seuls des murs blancs diffusait une lumière suffisamment intense pour que l'on se croit en plein jour. De temps en temps, des hologrammes en tridim apparaissaient dans les airs, indiquant les départs, les arrivées et les numéros des lignes de transports automatiques. Mais la plupart des spatiens n'en avaient cures. Ils suivaient tous les indications de l'I.A. de leur assistant virtuel.

 

L'espionne terrienne, elle, avait tout simplement désactivé l'option d'aide avancée de son interface virtuelle. Elle ne supportait plus que le fait d'être guidée dans chacune de ses tâches par la voix synthétique de Turing. D'ailleurs, la plupart des autres créateurs et créatrices de Framtida préféraient également se passer de cette assistance plutôt intrusive… En revanche, personne ne pouvait désactiver entièrement son interface virtuelle en dehors des autorisations spéciales. Les spatiens souhaitaient garder un contrôle sur les faits et gestes de leurs chercheurs.

 

Mei se gratta la tête. Avec tout ce monde et sans aucune indication pour lui indiquer le chemin à suivre, elle se perdrait certainement dans le complexe. Elle n'avait plus le choix. Elle devait réactiver son I.A. d'aide avancée.

 

Joignant l'acte à la pensée, la biocybride matérialisa devant elle un écran virtuelle, tapa quelques lignes de commandes avant d'envoyer les instructions dans le cyberespace spatien. Plus rapidement qu'elle ne l'aurait cru, la voix masculine de Turing retentit dans sa tête :

Eh bien, mademoiselle Datarianne, je commençais à me demander quand est ce que vous me réactiveriez… Mes conseils vous indisposent-ils autant que cela ?

 

La gaïacienne poussa un long soupir. De toute façon, même si elle lui faisait une liste de doléances, il était très peu probable que Turing change sa façon de fonctionner. Faisant fi de la question de son assistant virtuel, Mei lui demanda :

Je souhaiterai accéder au département énergétique de la zone. Serait-il possible de m'y conduire le plus rapidement possible ?

Bien sûr, mademoiselle Datarianne.

 

Aussitôt, une flèche rouge apparut à un mètre du sol. Satisfaite, Mei suivit l'indication.

Merci, Turing, fit-elle.

 

Se concentrant uniquement sur les instructions de son assistant virtuel, la biocybride traversa rapidement plusieurs sections de la gare centrale. En réalité, le bâtiment n'abritait pas qu'un simple arrêt pour les transports monorails automatiques. De nombreux laboratoires et technopôles liés à l'usine de clonage s'y étaient également installés. En cinq minutes, l'espionne terrienne emprunta plusieurs ascenseurs extrêmement rapides et traversa plusieurs divisions de la station centrale.

 

Finalement, il ne lui restait plus qu'à passer par le laboratoire biogénique avant d'arriver à sa destination. Alors qu'elle traversait ce département de recherche, Mei fut soudainement prise d'une forte migraine et son assistant virtuel se désactiva. Par réflexe, elle prit sa tête entre ses mains.

Une attaque mentale ? Se dit-elle.

 

Elle jeta un coup d’œil autour d'elle. Visiblement, tous les travailleurs spatiens étaient soumis au même étrange phénomène. La plupart d'entre eux étaient allongés sur le sol, inconscients. D'autres tentaient vainement de lutter contre la douleur.

 

Les mots de tête s'intensifièrent. Même pour la biocybride, qui pouvait supporter des attaques psychiques d'une extrême violence, il était difficile de garder les idées claires. Sans le vouloir, Mei poussa plusieurs grognements. Elle n'arrivait plus à se maintenir debout. En puisant dans ses dernière forces, la gaïacienne se traîna sur quelques mètres. Les secondes défilèrent à une incroyable lenteur. Les contours du couloir dans lequel elle se trouvait devinrent flous.

 

Tout d'un coup, trois archanges en tenue de combat déboulèrent dans le corridor.

Merde, pensa l'espionne terrienne. S'ils me passent un contrôle encéphalographique alors que je suis dans cet état, je ne pourrai pas les empêcher de scanner mon cybercerveau…

 

Mais, à sa grande surprise, les trois psykers spatiens furent pris de tremblements. D'un geste synchronisé, ils déployèrent leurs armes de poing qu'ils chargèrent avec des projectiles psioniques. Malgré son état, Mei pouvait voir que les trois archanges luttaient contre une force implacable qui était en train d'asservir leurs esprits. Lentement, les spatiens pointèrent leurs armes contre leur propre tempe.

 

La biocybride n'entendit qu'un bruit mat. Les balles psioniques, projetés silencieusement mais avec force par les pistolets électromagnétiques, firent exploser les têtes des trois psykers. Les murs du couloir, auparavant d'un blanc immaculé, se retrouvèrent teintés d'éclats de sang et recouverts par endroit de morceaux de cervelle.

 

L'instant d'après, l'espionne terrienne sentit quelque chose s'introduire avec une facilité déconcertante dans son esprit. Une force psychique indescriptible, illogique du point de vue humain, fit abattre en une fraction de seconde toutes ses barrières mentales. À chaque fois qu'elle remettait en place un mur de protection psychique, ce dernier était aussitôt contourner d'une manière qu'aucun homme, terrien ou spatien, n'aurait pu imaginer.

 

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la force psychique accéda à ses souvenirs et aux programmes mémoires de son cybercerveau. Les I.A. de la partie cybernétique de sa cervelle n'avaient même pas détecté l'intrusion. En désespoir de cause, Mei se débattit. Elle tenta de réduire son rythme cardiaque jusqu'à ce que mort s'en suive. Mais l'étreinte mentale implacable l'empêcha d'accéder à son propre bulbe rachidien, centre de contrôle de la respiration, du rythme cardiaque et de la pression artérielle. La gaïacienne n'était plus maître de son corps.

 

Sans attendre un instant de plus, la force psychique passa en revue ses souvenirs. Toutes les images, les sensations et les odeurs qu'elle avait engrangées depuis sa naissance dans la cuve utérine furent examinés méticuleusement. De rage et de désespoir, la biocybride pleura. Ses souvenirs les plus intimes, même ceux qu'elle avait refoulés au fin fond de son subconscient, furent parcourus. Durant son viol mental, Mei ne cessa de contre-attaquer l'étreinte psychique, en vain. Sa migraine empira. L'espionne terrienne poussa plusieurs râles de douleur. Jamais, dans toute sa vie, elle ne s'était sentie aussi humiliée, aussi salie. Jamais elle n'avait souffert de la sorte.

 

Lorsque la force psychique quitta enfin son esprit plusieurs minutes après, la gaïacienne se sentit extrêmement lasse et vidée de son énergie.

J'ai envie de mourir, se dit-elle.

 

Même si la migraine s'était arrêtée, ses larmes continuaient de couler abondamment. Elle n'avait plus la force de bouger son corps. Elle resta là, allongée sur le dos, le regard dans le vague.

 

Alors qu'elle s'enfonçait de plus en plus dans le désespoir, des images aux couleurs apaisantes se présentèrent à son esprit. Sans s'en rendre compte, les muscles de la biocybride se détendirent et se décrispèrent. Petit à petit, Mei se calma. Sa respiration reprit un rythme normal et ses larmes cessèrent de couler. Elle sentit peu à peu ses forces lui revenir.

Mais… qu'est ce qu'il m'arrive ? Se demanda-t-elle.

 

Tout d'un coup, d'autres représentations mentales prirent formes dans son cerveau. Cette fois, l'espionne terrienne se retrouva au sommet d'une montagne surplombant une plaine entourée d'une forêt tropicale. Bouche bée, la biocybride contempla ce nouveau monde qui s'étendait sous ses yeux. Elle ne reconnut aucune plante. Certaines d'entre elles arboraient des feuilles aux formes complexes qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Ces dernières étaient de toutes les couleurs.

 

Les arbres, ou tout du moins ce qu'elle pouvait considérer comme tels, atteignaient des hauteurs dépassant la centaine de mètres. Des espèces insectoïdes volantes, de plus d'un mètre d'envergure, voletaient d'une fleur à l'autre pour se nourir. D'autres espèces de volatiles étaient en train de survoler la plaine. Ils étaient immenses. Mesurant au moins quinze mètres d'envergure, ils déployaient gracieusement leurs ailes aux couleurs chatoyantes.

 

Bientôt, les images se floutèrent et Mei revint à la réalité. En vitesse, elle se redressa et remit en place ses défenses mentales. Ses sens à l'affut, la biocybride déploya ses champs biotiques. La lumière se déforma autour d'elle. Elle était prête à combattre, quelque soit son ennemi. En silence, elle attendit. Les minutes défilèrent. La terrienne ne perçut aucun mouvement. 

 

Soudain, une porte donnant sur le corridor s'ouvrit brusquement. Par réflexe, la gaïacienne emmagasina de l'énergie pour préparer une éventuelle frappe biotique. Pourtant, rien n'entra dans corridor. Cela dit, Mei sentit une présence à ses côtés. Ses cinq sens ne détectaient rien. Mais elle savait que quelque chose était , juste devant elle. Elle ne pouvait pas décrire cette impression.

 

          - Qui va là ? exigea-t-elle en galactique standard.

 

Aucune réponse. Avec précaution, la biocybride fit plusieurs pas en avant. Malgré son self-contrôle, l'espionne terrienne ne put s'empêcher de trembler. Pour visualiser ce qui se trouvait devant elle, elle tenta de se connecter au réseau mégatrans spatien, sans succès.

Que se passe-t-il, bordel ?

 

Soudainement, sans crier gare, son champs biotique s'effondra. L'énergie qu'elle avait accumulée fut comme aspirée par la chose devant elle. Surprise, Mei recula de plusieurs pas avant de rester figée, totalement tétanisée par la peur.

 

Sous ses yeux grands ouverts, une silhouette de plus de deux mètres cinquante prit forme. Sa peau presque translucide changeait constamment de couleur, comme les seiches de la Terre. Muni de trois paires de bras, la créature dominait de toute sa hauteur la petite biocybride. Chacune de ses six mains étaient munies de six doigts avec un pouce opposable. La manière dont ses jambes étaient articulées indiquait qu'elle pouvait courir à une vitesse très élevée. Sa tête, énorme, disposait de trois paires d'yeux ou tout du moins, ce que Mei pensait être des yeux. Des centaines de tentacules, partant du crâne de cet être, virevoltaient avec fougue dans les airs.

 

Finalement, la couleur de sa peau se stabilisa sur un bleu tournant légèrement sur le gris. La terrienne, incapable de s'enfuir, continua de regarder la créature s'approcher lentement d'elle. Avec douceur, cette dernière lui tendit l'un de ses six bras et lui toucha le menton du bout des doigts. Des images mentales, aux couleurs chaleureuses, apparurent dans l'esprit de la biocybride. La gaïacienne devina que l'être tentait de communiquer avec elle. Au bout d'un moment, elle finit par comprendre :

Je ne suis pas ton ennemi.

 

Dés que la terrienne eut cette pensée, la créature redevint invisible et indétectable. Puis, subitement, une fatigue extraordinaire s'abattit sur Mei. Ses yeux se voilèrent. Alors qu'elle tentait vainement de rester consciente, son esprit sombra dans le néant.

 

 

P.S. : J'espère pouvoir écrire avec un peu plus de régularité, même si pour l'instant, j'envoie mes chapitres depuis le Canada ! N'hésitez pas à partager vos hypothèses sur l'histoire en cours !

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Un chapitre bien plaisant !

 

Mei s'est bien intégré dans ce monde où elle joue le rôle d'espionne, elle est déjà même une travailleuse bien ancrée à sa nouvelle vie et toujours émerveillée par les avancés technologiques de ceux y vivant.

 

La partie la plus intéressante est l'apparition de cet étrange être qui semble doté d'une puissance psychique et d'une intelligence immense.

 

On dirait qu'elle a violé les souvenirs et pensées de Mei pour savoir si elle pouvait lui donner sa confiance. Néanmoins on peut dire qu'elle semble avoir besoin de l'aide de Mei.

 

Mais les vraies questions sont : Qui est il ? Que fait il ici ? Et quel est son but ?

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Toujours divertissant, un plaisir de lire un chapitre de ton cru !

Peut-être juste au niveau de l'écriture,mettre un peu moins d'adjectifs dans une même phrase juste pour éviter les lourdeurs, après tout le vocabulaire sciences fiction est en lui-même très riche. Tu n'as pas besoin d'en faire beaucoup.

 

On se concentre sur Mei, et ce qu'elle va entreprendre est une infiltration à haut risque. Malgré la tension, elle est prête, la tête sur les épaules... jusqu'à cet interruption fortuite. Que penser de cette entité extra-terrestre faite d'énergie on dirait ? Il apprait d'un coup chez les spatiens, et est doté d'un psychisme démentiel. Trois archanges ont été manipulés à sa guise ! Que recherche cette créature intelligente, obéit-elle à elle seule ? Au moins, elle ne s'oppsera pas aux gaïaciens... mais elle n'a pas dit qu'elle était une amie non plus, donc à voir à l'avenir ce qu'elle provoquera.

 

J'ai quand même une mini théorie sur le sujet, je vais dire que c'est Dieu, l'entité qui aurait été adoré par les terriens dans les trois religions monothéistes. De quoi mélanger sciences et croyances.

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  • 4 weeks later...

Bonjour à tous !

 

@bloody : Très bien, j'essaierai d'être moins lourd dans les prochains chapitres. J'ai déjà fait quelques modifications du chapitre 32 (notamment vers la fin où il y avait beaucoup de répétitions)

 

En tout cas, merci pour vos commentaires constructifs ! Sans plus attendre, voici la suite :

 

Chapitre XXXIII : « Nous attendons votre retour »

 

Depuis quelques temps, les jours sont devenus courts. L'étoile d'Amaterasu ne réchauffe la surface d'Aurora que sept heures dans une journée. Et c'est uniquement durant ces périodes d'ensoleillement que l'on peut se déplacer dans la chaîne de montagnes des Toits Célestes. La nuit, les températures peuvent descendre en dessous de -60 °C.

 

Je regarde autour de moi. La nature s'est véritablement endormie. Il n'y a aucun mouvement, pas le moindre bruit. Je lève la tête, contemplant un ciel azur complètement dégagé. Déjà, Amaterasu entame sa descente vers l'horizon. Dans moins d'une heure trente, ses rayons ne pourront plus nous atteindre, obstrués par les hauts sommets des montagnes alentours. Je pousse un long soupir sous mon écharpe qui recouvre ma bouche et mon nez.

 

Même lors d'un jour ensoleillé comme aujourd'hui, le mercure approche des -40°C. Avec un froid pareil, il n'est pas question de laisser la moindre parcelle de peau à l'air libre. Péniblement, j'avance sur les couches de neige grâce à mes raquettes et mes deux bâtons de randonnée. La poudreuse doit bien s'accumuler sur trois ou quatre mètres de hauteur, recouvrant les premières branches des conifères qui m'entourent. Je commence à fatiguer. Portant sur le dos mon sac de vingt cinq kilogrammes, mon fusil ainsi qu'une mitrailleuse de gros calibre, je suis péniblement la sorcière argentée qui me sert de guide.

 

          - Alors, on s'essouffle ? fait une voix légèrement moqueuse derrière moi.

 

Je me retourne lentement. Méconnaissable avec son masque et toutes ses couches de vêtements, Li se tient fièrement sur ses deux jambes malgré son paquetage approchant les quarante kilogrammes. Grâce aux soins d'Orda et à un repos de sept jours, il est désormais en pleine forme.

 

          - Je n'ai pas votre endurance, Li. Ménagez-moi un peu, lui répliqué-je le souffle coupé.

          - Oui, ne vous inquiétez pas… Je n'ai pas envie que vous vous écrouliez de fatigue.

 

Pressant le pas, le prince de l'Empire de Jade me dépasse avant d’apostropher l'adolescente aux cheveux d'argent, à dix mètres devant nous :

          - Fubuki ! On fait une pause. Dix minutes.

          - Très bien, messieurs, lui répond-elle.

 

Sous mes yeux fatigués, la jeune fille s'empresse de nous rejoindre. Elle n'a pas fini de m'étonner. Malgré les températures polaires, elle porte encore sa très légère robe crème. Elle semble vraiment être insensible au froid. Par ailleurs, elle n'utilise pas de raquettes comme moi ou Li. Ses pas légers ne laissent que peu de traces dans la neige.

 

          - Il faudra faire un détour vers la falaise, là-bas, nous annonce-t-elle en pointant du doigt la paroi de roche recouverte par endroit d'une couche verglacée. Je sens que le manteau neigeux situé juste devant nous n'est pas stable. J'aimerai éviter autant que possible une avalanche.

          - Bien sûr, nous comprenons, commente mon ami jadien.

 

Soudain, des bruits de pas interrompent notre conversation. Shizuku Honda, toute essoufflée, nous a enfin rejoint. Même si elle ne porte qu'un sac de dix kilogrammes, traverser la montagne avec tout son équipement et ses raquettes reste une épreuve physique compliquée pour une fille relativement menue comme elle. Je me tourne dans sa direction :

          - Ça va ? Tu tiens le coup ? lui demandé-je.

 

Sans me répondre, la célestienne me dépasse en m'ignorant complètement avant de s'asseoir un peu plus loin dans la neige pour récupérer son souffle.

 

          - Oh ? fait Li. Je crois qu'elle vous en veut encore, mon ami.

          - On dirait bien…

          - Ne vous inquiétez pas, cela prouve qu'elle vous apprécie. Quand bien même, vous n'aurez pas dû nous faire cette demande absurde.

          - Mais enfin, Li, lui dis-je. C'est ma quête. Et vous êtes mes amis. Vous êtes complètement fou de vouloir me suivre dans le monde sous-terrain. Je n'ai pas envie que vous vous fassiez tuer, voir pire, par ma faute.

          - Voyons, Titus. C'est parce que nous sommes amis que l'on se serre les coudes. De toute façon, j'ai aussi beaucoup à y gagner en vous accompagnant jusqu'au Pays Nordique. Je pourrai y maîtriser davantage mes capacités de maître du vent.

          - Vous, vous y trouvez peut-être un avantage. Mais Shizuku ? Qu'a-t-elle à y gagner ? Le monde souterrain n'est pas un endroit pour elle.

          - Mon ami… Ce n'est plus une gamine. Elle fait ses choix en ces temps difficiles. Elle a traversé beaucoup d'épreuves et comme vous le savez, elle ne pourra pas rentrer chez elle avant un bon moment. Si elle n'était pas partie avec nous, elle aurait dû rester cachée sur place avec Orda pendant plusieurs années. Enfin, si vous voulez vraiment connaître ses motivations, il faudra lui demander à elle, une fois que vous vous serez réconciliés.

 

Je n'y trouve rien à répondre. Buté, je m'enfonce dans le silence. Je sais qu'au fond de moi Li a raison. Mais je ne pourrai pas supporter si l'un de mes deux amis venait à se faire tuer ou réduire en esclavage. 

 

Quelques minutes plus tard, nous reprenons la route. D'après Fubuki, il nous reste encore deux jours de voyage avant d'atteindre un ancien passage vers la République Souterraine Auroreine , connu seulement de quelques personnes et d'Orda. Nous n'avons plus besoin de nous diriger vers la ville de Fukai dont les galeries minières auraient été creusées si profondément qu'elle auraient débouché sur le monde souterrain.

 

En une trentaine de minutes, nous parvenons au pied de la falaise. Je m'arrête un instant pour contempler cette paroi de rocs. Haute de plus de cent cinquante mètres, la glace y forme par endroit d'étranges sculptures transparente qui reflètent la lumière d'Amaterasu. De temps à autres, de gigantesques stalactites pendent à partir de proéminences rocheuses.

 

          - Nous allons devoir marcher à au moins vingt mètres de la falaise, annonce la sorcière argentée.

          - Oui, je n'ai pas envie de me faire écraser par un bloc de glace ou de granit, renchérit le prince héritier du trône de Jade.

 

Instinctivement, je recule de quelques pas, même si je me trouve déjà à une distance raisonnable de la muraille rocheuse. Puis, je me tourne vers Shizuku. Elle halète bruyamment. Visiblement, elle ne pourra pas continuer bien longtemps. Mais tant que l'étoile d'Amaterasu sera levée, Fubuki nous forcera à marcher encore et encore.

 

Sans qu'elle ne me voit, je m'approche de l'adolescente célestienne. Alors que je suis à sa hauteur, je tente d'entamer le dialogue :

          - Écoute, Shizuku… Je suis désolé pour ce que j'ai dit chez Orda. Je n'aurai pas dû t'ordonner comme je l'ai fait de rester avec elle.

 

La jeune fille se retourne. Elle me fixe de ses deux yeux bruns que j'entraperçois à travers son masque. Son regard dur me suggère de continuer sur ma lancée. Il va falloir que je m'excuse davantage pour qu'elle me pardonne. Décidément, elle a vraiment un sacré caractère.

          - Tu sais, poursuivis-je, si j'ai dit de telles choses, c'est que…

 

Une courte série de détonations lointaines m'interrompent. Le son des crépitements se répercutent en écho dans toute la vallée, si bien qu'on ne peut pas déterminer où les échanges de coups de feu se sont produits. Paniqué, je regarde autour de moi. La forêt la plus proche se trouve à plus de quatre cents mètres. Impossible de se mettre à couvert au pied de la falaise. Dans l'état actuel des choses, nous sommes totalement vulnérables. Inquiète, Shizuku se rapproche de moi.

 

          -Titus !, me crie Li Mu Bai. Préparez-vous ! On risque d'avoir quelques ennuis… Et je n'aime pas les surprises.

 

Sans lui répondre, je pose mon sac dans la neige, prends la mitrailleuse et commence à la recharger comme je l'ai appris chez Orda, quelques jours auparavant. Avec ses mille deux cents coups par minute et ses balles traçantes, c'est une arme aussi efficace qu'indiscrète. En quelques secondes, Li, avec son fusil dans les mains, et Fubuki nous rejoignent.

 

Soudain, une nouvelle série de détonations me fait sursauter. Cette fois, elles sont beaucoup plus fortes et plus puissantes, comme si elles se rapprochaient. J'en suis certains, ce sont des tirs d'armes lourdes. Je pointe ma mitrailleuse vers la forêt. Je n'ai toujours aucune idée de la provenance de ces rafales.

 

Cependant, en tendant l'oreille, on peut discerner un léger bourdonnement. Celui-ci s'approche de notre position. Petit à petit, il se transforme en vrombissement qui se répercute aux quatre coins de la vallée. D'un même mouvement, Fubuki, Li, Shizuku et moi-même levons la tête vers le haut de la falaise.

 

Tout d'un coup, un avion à réaction peint entièrement en rouge surgit du haut de la paroi avant de reprendre un petit peu d'altitude. Quelques secondes plus tard, cinq autres appareils jaillissent du même endroit, poursuivant le premier aéronef. Dés qu'ils l'ont en ligne de mire, ils font crépiter leurs canons de trente millimètres.

 

Sous nos yeux ahuris, le chasseur rouge décroche volontairement avant de partir en vrille pour éviter les projectiles traçants. Même moi, je peux dire qu'il s'agit d'un pilote exceptionnel. Contrôlant parfaitement son appareil, l'as des airs plonge dans la vallée avant de voler en rase motte juste au-dessus d'un large fleuve gelé. Les couches de neige s'envolent à son passage, le rendant difficile à viser pour ses adversaires. De temps à autre, ses poursuivants tirent de courtes rafales en espérant le toucher. Mais les balles finissent par s'encastrer dans la glace.

 

          - C'est pas vrai ! Lui ici ?! s'exclame mon ami jadien.

 

Je me tourne vers Li. Ce dernier observe le combat aérien grâce à ses jumelles. Il est complètement absorbé par ce qu'il voit.

 

          - Je m'inquiète pour l'avion rouge. Face à cinq adversaires, il ne pourra pas tenir longtemps, fais-je.

          - À votre place, je m'en ferai plutôt pour les tsubasas célestiens qui le pourchassent, me répond-il. Ils n'ont aucune chance... Ah ! Ça y est ! On dirait qu'il a enfin trouvé un courant d'air chaud…

 

Lorsque je reporte mon attention sur le ballet aérien, le chasseur couleur de sang cesse de voler au ras du sol et redresse brutalement, prenant de court ses ennemis. Se servant d'un courant atmosphérique vertical pour ses acrobaties, l'as réussit en quelques secondes à se repositionner à une centaine de mètres au-dessus des célestiens. Ces derniers n'ont pas pu suivre ses mouvements. Alors qu'ils commencent une nouvelle manœuvre pour reprendre le contrôle de la situation, l'avion rouge tire trois courtes rafales. Les trois tsubasas du centre de la formation aérienne explosent en mille morceaux. Les deux survivants, affolés, virent dans deux directions différentes.

 

Une dizaine de secondes suffisent au pilote jadien pour rattraper un premier fuyard et à l'abattre de cinq balles. Lorsqu'il se met en position pour poursuivre le second, celui-ci est déjà très loin et hors de portée.

 

Réduisant sa vitesse, le chasseur couleur de sang se met à faire des ronds dans le ciel au-dessus de la vallée, comme s'il recherchait quelque chose. Li fronce les sourcils.

 

          - Merde, fait-il. Il va finir par nous repérer.

 

Sans plus attendre, le prince héritier du trône de Jade se met à déclamer :

          - O Shina, donne-moi ta force. Aide-moi à protéger ceux qui me sont chers... Et si j'échoue, si jamais je me retrouve devant toi, accorde-moi ton pardon.

 

Son souffle devient plus profond, ses gestes plus précis. Lentement, Li pose son sac et met un genou à terre avant de viser calmement l'aéronef avec son fusil. À cause de son équipement, je ne parviens pas à voir son visage. Cependant, je peux dire qu'il semble être dans un état second. Peut-être est-ce du à mon imagination mais j'ai l'impression que l'atmosphère se déforme légèrement autour de lui.

 

Soudain, l'avion rouge, à un kilomètre de notre position, se met à piquer dans notre direction. Il nous a vu. En panique, je le vise de ma mitrailleuse bien que je sache n'avoir aucune chance de le toucher. Alors que je me résigne à être criblé de balles gros calibre, une voix résonne avec force dans ma tête :

Ne me forcez pas à tirer, Dafu Shi !

 

Déstabilisé, je porte une main à mon crâne. La puissance de l'annonce psychique m'a donné une petite migraine. Je regarde de nouveau le chasseur. L'as jadien redresse rapidement son appareil avant de disparaître par delà la falaise. Le vacarme de son réacteur est si important qu'il serait impossible de discuter normalement entre nous.

 

Il ne reste qu'une vingtaine de secondes hors de notre champs de vision. Bien vite, l'avion rouge resurgit du haut de la paroi avant de se mettre à faire des tours au-dessus de nos tête à une vitesse réduite. Dans l'angoisse, nous attendons. Tous, nous fixons l'appareil du maître du vent de la septième flotte aérienne de l'empire de Jade. Li a cessé de le tenir en joue avec son arme légère.

 

Tout d'un coup, le pilote jadien fait en sorte d'orienter son cockpit dans notre direction. Je plisse les yeux. Je ne parviens pas à le voir à cause de la vitre teintée. Alors que nous continuons de l'observer, nous sommes éblouis par une série de flashs lumineux. Depuis sa cabine de pilotage, l'as jadien nous retransmet une série d'impulsions longues et courtes de lumière blanche. 

Il communique ? me dis-je.

 

Durant toute la transmission, Li ne cesse de le fixer. J'ai comme l'impression que le message s'adresse à lui, et à lui seul. Ne connaissant pas le code régissant ce mode de communication, je ne peux aucunement décrypter ce que nous envoie le jadien. Une minute plus tard, ce dernier restabilise son assiette avant de voler plein gaz vers les sommets à l'Est de notre position. Avant qu'il ne disparaisse par delà les pics, Li, ému, se met à faire un salut militaire en direction de l'avion rouge.

 

          - Qu'est ce qu'il a dit ? Demandé-je à mon ami, visiblement bouleversé.

          - « Nous attendons votre retour avec impatience, mon prince. Vous n'êtes pas seul. Beaucoup vous soutiennent. Revenez lorsque vous serez prêt. L'Empire de Jade a besoin de vous. Nous avons besoin de vous. », me répond Fubuki.

 

Sous l'effet de l'annonce, nous restons tous silencieux, fixant Li Mu Bai. Alors que je suis sur le point de poser une première question, le prince héritier m'interrompt dans mon élan :

          - Pas maintenant, mon ami. Je sais que je ne vous ai jamais vraiment parlé de mon passé… Mais, laissez-moi encore un peu de temps. Un jour viendra où je pourrai vous en faire part sans me sentir emporté par la colère et le chagrin, je vous le promets.

 

Alors qu'un silence gêné se prolonge, Li se tourne vers la sorcière argentée avant de faire une proposition :

          - Fubuki, nous devrions camper ici pour cette nuit. Avec toutes ces émotions, nous sommes fatigués et je ne pense pas que Shizuku pourra nous suivre. De toute façon, il reste moins d'une heure d'ensoleillement.

          - Très bien, faisons cela, lui répond la jeune fille.

 

Sans ajouter un mot, la psyker aux cheveux d'argent prend une profonde inspiration. La lumière se déforme de plus en plus autour de sa personne. Alors qu'une aura bleutée se dégage d'elle, des centaines de kilogrammes de neige sont projetés dans les airs. Manipulant facilement toutes ces molécules d'eau, Fubuki forme une demi-sphère de glace épaisse d'une vingtaine de centimètres autour de nous.

 

Pendant ce temps, Li sort de son paquetage un petit cylindre haut de trente centimètres et large de dix. Cet appareil, dont j'ignore totalement le fonctionnement, nous apportera lumière et chaleur sous notre protection de glace. Peu après l'avoir mis en route, le prince dégage une seconde petite machine de son sac. De forme également cylindrique, ce récipient permet de faire cuire de la nourriture.

 

          - Mangeons un bon coup avant de dormir, propose mon ami.

          - C'est pas d'refus ! fait Shizuku, enjouée.

 

Elle doit avoir très faim après la marche d'aujourd'hui. Alors que Li commence à faire cuire le repas grâce à l'étrange machinerie d'Orda, Fubuki nous rejoint autour l'appareil. Je lève les yeux vers le plafond de glace. J'espère sincèrement que les deux derniers jours de voyage seront moins mouvementés.

 

 

Prochain chapitre, le chapitre 34 : le dragon de Jade

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Bon chapitre !

 

Voila que Titus accompagné par ses fidèles reprennent leur routes vers une destinée incertaine. J'ai bien aimé le fait que malgré leur rencontre récente, une amitié s'est déjà bien noué entre eux.

 

Et que dire de la prouesse de Red Hawk, le pilote de l'avion rouge qui est un vrai monstre dans le duel aérien, et de plus cela montre que le prince, n'est pas seul et peut compter sur son peuple.

 

Un chapitre bien intéressant, nos héros sont pas seul et auront le soutien de force particulièrement redoutable.

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je dois t'avouer que dans ces passages là en pleine nature, les descriptions sont plus faciles à lire.

On est ancré dans cette ambiance glaciale, à suivre l'escapade , les chausses dans la neige, la fumée qui sort de leurs bouches.

On constate que Fubuki a son utilité de guide déjà, mais permet au groupe de se reposer dans un igloo improvisé. Ils peuvent dire un grand merci à Orda qui a du bon matériel d'expédition.

 

On a la venue et les prouesses d'un pilote jadien, du même  acabit que Li. Apparemment tout l'empire de Jade ne l'a pas rejeté. Tu nous donnes envie de connaître tout ce qui a trait au prince. C'est réussi.

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  • 1 month later...

Bonjour à tous !

 

Etant de retour en France après mes examens au Canada, j'ai enfin pu terminé le chapitre XXXIV. J'espère qu'il vous plaira ! Bonne lecture :)

 

Chapitre XXXIV : Le dragon de Jade

 

Une odeur de bois brûlé parvient à mes narines. Je tousse. C'est âcre et ça me brûle légèrement la gorge. Alors que je me réveille peu à peu, j'ouvre les yeux. Quelque chose ne va pas. Je suis affalé sur un bureau en bois laqué. Ne suis-je pas censé me trouver dans un igloo ? Autre chose me semble bizarre. Je ne contrôle plus le moindre geste de mon corps. Mes yeux me renvoient des informations contradictoires. Les couleurs que je perçois sont différentes de celles que j'ai l'habitude de voir, comme si j'avais un filtre optique sur mes pupilles. Le rouge me paraît plus profond. Le bleu tend plus vers cyan. Et il en est de même pour toutes les couleurs. C'est comme si je regardais les choses à travers les yeux d'une autre personne.

 

Soudain, sans que mon esprit ne l'ait ordonné, ''je'' me redresse, contemplant le bureau sur lequel ''je'' m'étais vraisemblablement endormi. Les quatre pieds de la petite table sont tous finement sculptés et légèrement courbés vers l'extérieur. Je reconnais immédiatement quatre dieux de la mythologie auroreine : la déesse Amaterasu, le dieu de la Terre Aurora et deux de leurs fils : le dieu du vent Shina-Tsu-Hiko et le dieu des océans Ryüjin. Le bureau est surplombé d'une plaque lisse de verre sur laquelle des piles de papiers et de livres de compte sont entassés. Sous ladite plaque, le bureau de bois laqué est aussi finement sculpté. On y aperçoit des scènes de la vie quotidienne. Des marchands négocient avec de potentiels clients, des tramways bondés emmènent leurs passagers à destination et des V.E.M. de transport acheminent leurs cargaisons dans des entrepôts sécurisés aux abords de la ville.

 

''Je'' lève la tête. Une lumière jaunâtre m'éblouit. En clignant les yeux, ''je'' m'habitue peu à peu à la forte luminosité. C'est un cristal d'Amaterasu qui éclaire l'ensemble de la pièce. Ce dernier, finement sculpté, ressemble à une jeune femme nue aux formes voluptueuses qui ferait tourner de la tête n'importe quel homme. Visiblement, ''je'' suis enfermé dans un bureau. Chaque mur de bois est recouvert de riches estampes représentant des monstres mythiques. Les volets de la salle sont fermés. Il doit faire nuit dehors.

 

Tout d'un coup, j'entends un bruit sourd de canonnade au loin. Précipitamment, ''je'' me dirige vers la fenêtre avant d'ouvrir les volets. Ce que je vois depuis l'ouverture en hauteur me coupe le souffle. Sous les milles et une aurores boréales s'étend le palais impérial de l'Empire de Jade. Des centaines de jardins entretenus avec soin séparent les innombrables bâtiments du château. Des dizaines de tours à plusieurs toits de tuiles à embouts décoratifs s'élancent fièrement vers le ciel. Certaines toitures sont recouvertes de feuilles d'or et disposent de sculptures rouges en terre cuite représentant des créatures du bestiaire aurorein. Au loin, de gigantesques bâtiments regroupent les fonctionnaires vivant au palais. Chaque édifice du palais est relié avec un autre par un mur d'enceinte en pierres recouvert de plâtre blanc et disposant d'une toiture en tuiles noires. Les espaces séparant chaque construction sont pourvus d'un jardin.

 

Alors que je m'enfonce dans la contemplation de cette merveille architecturale, mon attention est attirée par des événements se déroulant à plus de huit cents mètres de ma position. Un V.E.M de combat restant en vol stationnaire à trois cent mètres du sol tire sporadiquement des obus lourds sur certaines parties du palais. Deux tours sont en flammes. En plissant les yeux, je peux voir un échange soutenu de balles traçantes dans certains jardins à proximité des deux tours enflammées. On aurait dit de véritables feux follets rougeoyants. De là où je suis, je n'entends qu'une faible pétarade de fond. Seuls les tirs lourds du V.E.M. me parviennent distinctement, décalés de trois secondes par rapport aux scènes que j'observe.

          - Mais, c'est le quartier des ambassadeurs ! M'écriai-je.

 

Je reconnais la voix qui sort de ''ma'' bouche. Une voix plutôt grave et énergétique. C'est celle de Li Mu Bai. Suis-je en train de voir un de ses souvenirs ?

 

Soudain, la porte du bureau s'ouvre brusquement, ''me'' faisant sursauter. Un petit homme trapus d'une trentaine d'années entre dans la pièce. Il est totalement paniqué. Habillé d'une tenue en soie bleue sur laquelle est brodée de nombreuses fleurs de lotus, le fonctionnaire a le visage crispé par la peur. Son couvre-chef de soie rouge, surmonté d'un petit pompon en fibres d'or, est ballotté dans tous les sens.

          - Mon prince, fait-il. Pardonnez-moi de vous interrompre dans votre travail. Suite aux troubles à l'est du palais, nous devons nous assurer de votre sécurité. Si vous voulez bien suivre ma modeste personne…

 

Observant les événements du point de vue de mon ami, je peux ressentir les émotions qu'il éprouve à ce moment là, comme si j'étais Li Mu Bai. À cet instant, le prince héritier du trône de Jade est extrêmement surpris.

          - Qu'est-ce que tout ceci signifie ? finit-il par lâcher.

          - Une insurrection, mon prince. Les célestiens dans le secteur de l'ambassade se sont soulevés.

          - Quelle fable êtes-vous en train de me conter ? J'ai personnellement mené les négociations avec les dirigeants du Royaume des Toits Célestes. Eux comme nous souhaitent que cette guerre cesse. Nous n'avons jamais été si près de signer un traité de paix en trois ans d'hostilité. Ils ne risqueraient pour rien au monde les avancées que nous avons réalisées jusqu'ici.

          - Quoiqu'il en soit, mon prince, une bataille fait rage à quelques centaines de mètres d'ici. Nous devons vous mettre en sécurité.

 

Toujours coincé dans le corps de Li, je sens son pouls s'accélérer et ses poils se dresser. C'est une véritable explosion d'émotions qui déferlent dans sa tête. La peur, la peine, le doute mais aussi la colère. Pourtant, il parvient sans difficulté à n'en laisser rien paraître. Sans même le voir, j'imagine qu'il a revêtu un masque sans expression sur son visage que j'ai pu voir un nombre incalculable de fois.

 

En vitesse, il suit le fonctionnaire dans le couloir. Alors qu'il sort de la pièce, il remarque deux soldats impériaux au garde-à-vous de chaque côté de la porte. L'un d'entre eux porte une petite mitraillette tandis que l'autre possède un fusil de combat en bandoulière. Les deux gaillards sont bien plus grands que Li.

 

          - Nous allons maintenant chercher votre famille, annonce le fonctionnaire. Nous devons nous dépêcher.

 

J'ai un très mauvais pressentiment, pensé-je.

 

Encadré par les deux militaires et le mandarin, Li descend en un temps record les escaliers. Après avoir traverser treize étages, le petit groupe déboule dans l'un des nombreux jardins du château. De l'autre côté de cet espace vert se trouvent les appartements princiers où réside la famille de Li Mu Bai. Même dans la pénombre, le bâtiment de trois étages et à toits multiples resplendit sous la lueur des aurores boréales. Une fois de plus, je sens la respiration du prince s'accélérer. Il observe avec insistance les fenêtres de la résidence. Elles sont toutes éteintes. Ce n'est pas normal. Sans un mot, il se précipite à travers le jardin vers la porte principale, suivi de près par les deux gardes et le fonctionnaire.

 

À peine parviennent-ils sur le parvis en bois de l'édifice que Li remarque trois corps sur le côté. Ce sont des serviteurs. Ils ont été égorgés. Leur sang n'a pas encore totalement coagulé. Sans hésitation, Li entre dans l'appartement.

          - Mon prince, ce n'est pas prudent, lui fait remarquer le fonctionnaire à voix basse.

          - Le temps que les renforts arrivent, il sera certainement trop tard.

 

Dans la pénombre, le prince traverse en silence la première pièce. Plusieurs meubles sont renversés. Près de la porte d'accès au couloir, Li remarque la présence d'un quatrième corps. Cette fois-ci, c'est une jeune servante. Elle a été abattue de trois balles dans le dos. L'héritier du trône de Jade est de plus en plus inquiet.

 

Précipitamment, il déboule dans le couloir, oubliant la prudence la plus élémentaire. Courant à en perdre haleine, il distance le fonctionnaires et les deux gardes. Dans une obscurité presque totale, Li monte au premier étage, découvrant ça et là des cadavres de serviteurs. Il finit devant la chambre royale. La porte est défoncée. De l'autre côté de la pièce, les volets ouverts laissent entrer la luminosité des aurores boréales, éclairant la scène.

 

Et quel spectacle… Le souffle du prince est coupé. Sa tête bouillonne. Une tristesse sans nom s'empare de son esprit. Des larmes se mettent à couler abondamment sur ses joues. Sous le choc, Li tombe à genoux. Face à lui, sa jeune épouse et deux de ses suivantes gisent, leurs vêtements en lambeaux et la gorge tranchée. Leurs seins sont à découverts. Visiblement, elles ont été violées avant d'être tuées.

          - Yona… parvient-il à articuler.

 

Sous le poids de la douleur, Li rampe vers sa femme. Alors qu'il observe son corps violenté, il se remémore les moments heureux qu'il a passé avec elle. Jamais plus il ne reverra son sourire, ses yeux pétillant de vie et de malice ni ses magnifiques cheveux bruns flottant allègrement dans le vent. À travers ses souvenirs, je revois également sa première rencontre avec la princesse Yona, descendante de la famille royale d'Auranaria, un grand territoire annexé par l'empire de Jade trente années auparavant.  Lorsque Li s'est marié avec elle, ils n'avaient tous les deux que dix huit ans. C'était un mariage arrangé pour calmer les velléités d'indépendance de la région. Mais au fur et à mesure de leur relation, un amour profond et sincère s'est progressivement tissé entre l'auranarienne et le jadien. Qui aurait pu prédire qu'un tel carnage se déroulerait dans les appartements royaux à peine deux ans plus tard ?

 

Soudain, le prince se rend compte que son épouse tend son bras et a la tête tournée vers une partie non éclairée de la pièce. Complètement abattu, Li plisse les yeux dans cette direction. À ce moment là , même moi je ne peux pas décrire ce que ressent mon ami. Quelque chose se brise en lui. Sans parvenir à se contrôler, il est pris de tremblements. Dans la pénombre, deux petits corps sont couchés côte à côte. Son fils Yun, âgé d'à peine un an et demi et sa fille Jiao, âgée de six mois, ont tous deux reçu une balle dans la tête. À côté d'eux, un troisième corps a presque la tête arraché. Il s'agit du jeune frère de Li, Qiang. Ce dernier devait fêter son dix-septième anniversaire dans quelques jours.

 

Quelques instants plus tard, le mandarin suivi des deux militaires se retrouvent sur le pas de la porte de la chambre royal. Ils découvrent Li agenouillé aux côtés de la princesse Yona, rongé par la douleur. Le fonctionnaire s'avance dans la pièce, refoulant son envie de vomir. Voyant la souffrance de son souverain, il tente de le réconforter :

          - Mon prince, je ne sais quels mots vous dire pour apaiser votre peine. Je ne peux qu'imaginer votre…

 

Le mandarin ne finit pas sa phrase. Un coup de feu l'a interrompu, se répercutant aux quatre coins de la résidence. Le fonctionnaire s'étale de tout son long, le crâne explosé. Atterré, couvert d'éclaboussures de sang et de morceaux de cervelle, Li se retourne lentement. Les deux militaires pointent leurs armes vers lui.

          - Alors, c'est comme ça… dit il en esquissant un sourire nerveux.

          - Oui, mon prince, c'est comme ça, lui répond l'un des soldats.

 

[musique d'ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=LtuxLwQSesE&index=2&list=PL-pjZLXWDkj_ICzO6oKMmoigIZkx-cHaj ]

 

Je ne peux décrire ce qui se passe ensuite avec des mots. Face à cette trahison et au massacre de sa famille, la colère de Li explose. La vision qu'il a de l'environnement change du tout au tout, comme si ses yeux pouvaient désormais voir dans l'infrarouge, l'ultraviolet ou encore le domaine des rayons X. C'est une perception très étrange que je n'arrive pas à dépeindre. Autant expliquer les couleurs à un aveugle. Le temps semble ralentir. L'atmosphère autour du prince se déforme. Une aura blanchâtre se dégage de sa personne. À partir de là, une seule pensée obnubile son esprit : tuer. Le monde n'a plus aucun sens. Les nobles valeurs auxquelles il croyait tant se sont effondrées. Tout ce à quoi il tenait lui a été retiré en une seule nuit et par traîtrise.

 

Rapidement, Li se dirige vers le mur ouest de la chambre là où se trouve un katana décoratif. Les deux militaires sont immobiles, leurs visages déformés par la peur. Lorsque le prince se déplace, je sens que l'air oppose une pression anormale contre son corps comme s'il se déplaçait dans de l'eau liquide. Mais cela ne semble pas le perturber outre mesure.

 

Alors qu'il arrive au niveau de la lame accrochée au mur, un coup de feu retentit à nouveau. Mais cette fois, le son est beaucoup plus grave et dure plus longtemps.

Je rêve ou le temps a réellement ralenti ? pensé-je.

 

Li se retourne, son arme à la main. Les deux militaires pointent toujours leurs armes en direction de l'endroit où le prince était agenouillé auparavant. Un second tir part de la mitraillette et la balle percute le sol au moins une demi-seconde plus tard. Je suis impressionné. Jamais je n'aurai imaginé qu'un homme puisse avoir une telle perception du temps et de l'espace.

 

Sans hésitation, le prince se dirige en marchant vers les deux soldats. L'atmosphère exerce une force incroyable sur son corps. Lors de son déplacement, j'arrive à percevoir l'onde de choc au ralenti produite par son avancée.

 

Lorsqu'il se trouve au niveau des gardes impériaux, Li empoigne son katana dans ses deux mains. Il abat de toutes ses forces son arme sur le soldat portant la mitraillette. La lame traverse sans difficulté le chair et les os. Mais loin de couper l'homme en deux, ce dernier reste debout, toujours immobile. De rage, le prince taillade de part en part sa cible une deuxième fois, puis une troisième avant de s'en prendre au deuxième militaire. Ce dernier se retrouve aussi taillader trois ou quatre fois.

 

Puis, aussi incroyable que cela puisse paraître, le temps reprend son cours normal. Un grand bang parcourt tout l'édifice. La chambre est soufflée par l'onde de choc engendrée par les déplacements du prince. Les deux soldats, quant à eux, explosent littéralement en mille morceaux, recouvrant de leur chair et de leurs boyaux les murs environnants.

 

Toujours enveloppé de son aura biotique blanchâtre, Li se dirige en marchant vers la sortie des appartements royaux sans que le temps ne soit ralenti. Alors qu'il est sur le point de sortir du bâtiment, il ressent la présence de seize soldats dissimulés un peu partout dans le jardin devant lui. Est-ce l'escouade responsable du carnage sans nom des appartements royaux ? Rien qu'en y pensant, la colère du prince redouble d'intensité. Soudain, un cri attire son attention :

          - C'est Li Mu Bai ! Il est possédé par l'esprit du dragon !

          - Abattez-le, vite !

 

Les militaires pointent tous leurs armes vers le souverain déchu. Li passe en revue chaque position de ses adversaires. Il prend une profonde inspiration avant de plier ses jambes. Je sens qu'il est en train d'accumuler de l'énergie dans ses membres inférieurs. Sous l'effet de ses pouvoirs biotiques, l'air se met à tourbillonner autour de lui.

 

Tout d'un coup, sans que les militaires ne puissent réagir, le prince libère toute la puissance accumulée. Il fait un bon prodigieux. Sous l'effet de sa poussée, tout se qui se trouve à moins de dix mètres de son ancienne position est soufflé. Li vole dans les airs. Il dépasse les trente mètres d'altitude sous les yeux médusés de ses adversaires. Puis, il retombe. Dans sa chute, il réunit de nouveau de l'énergie dans son corps. Son aura biotique devient aveuglante.

 

Lorsqu'il percute le sol à pleine vitesse au centre du jardin, le prince libère tous ses pouvoirs dans la terre et l'atmosphère. L'explosion qui s'en suit est assourdissante. L'onde de choc est si puissante que des amas condensés de terre et de roc pesant plusieurs tonnes sont projetés dans les airs. Certains murs d'enceinte entourant l'espace vert sont éventrés. Douze des seize soldats présents sont tués sur le coup. Les quatre survivants, protégés par un énorme rocher décoratif, sont complètement sonnés.

 

La poussière se disperse. Le prince se retrouve au centre d'un énorme cratère. Il ne pense plus qu'à une seule chose : tuer pour noyer son chagrin. Soudain, il sent que trois des quatre survivants commencent à se relever. Autour de lui, le temps recommence à ralentir. Il se dirige derrière l'énorme roc décoratif, l'un des seuls à être resté en place après la déflagration. L'atmosphère lui oppose une pression hors norme, encore une fois.

 

Dés qu'il arrive à la hauteur des trois soldats, le prince n'hésite pas. Tenant fermement son katana entre ses deux mains, il taillade plusieurs fois ses adversaires sans qu'ils ne puissent réagir. Lorsque le temps s'écoule de nouveau normalement, le corps des trois hommes disparaissent dans des gerbes de sang, de boyaux et d'os broyés.

 

Le quatrième militaire, toujours allongé, est tétanisé par la peur. Pour s'en sortir, il fait le mort. Mais Li n'est pas dupe. Tendant son bras vers l'infortuné, le prince le soulève dans les airs avec ses pouvoirs biotiques avant de le plaquer contre un mur encore intact. Sous le choc, le soldat émet un grognement.

 

          - Pitié… finit-il par articuler faiblement. J'ai deux fils…

 

Le prince lui répond avec une voix d'outre-tombe :

          - De la pitié… en avez-vous eu pour ma femme, pour mon fils et ma fille ? En avez-vous eu pour mon frère ?

 

Il accentue la pression sur le corps de sa victime. Cette dernière gémit de douleur.

 

          - Maintenant, vous allez répondre à ma question, fait Li Mu Bai. Qui a ordonné l'exécution de ma famille ? Qui est derrière l'attaque de l'ambassadeur du Royaume des Toits Célestes ?

 

Au bord de l'évanouissement, le soldat lâche finalement :

          - Je… C'est votre demi-sœur, la princesse Wencheng.

 

Sous l'effet de l'annonce, Li relâche son étreinte. Le militaire retombe au sol dans un bruit mat, inconscient. Alors qu'il digère la révélation, l'héritier du trône de Jade ressent une présence derrière lui. Tout en se retournant précipitamment, l'aura biotique du prince devient plus lumineuse.

 

          - Doucement Li Mu Bai, je ne suis pas venu vous nuire. Calmez-vous. Je suis sûr que Yona ne souhaiterait pas vous voir dans cet état.

 

Avant même qu'il n'ait vu l'individu qui l'a apostrophé, l'aura biotique du souverain déchu s'effondre. Peu à peu, sa vision redevient normal. Son souffle se calme. Toutes ses émotions remontent à la surface. La douleur, la peine et surtout, une souffrance sans nom. Li pousse un cri. Un cri de désespoir si poignant que je m'en souviendrai sans aucun doute toute ma vie. Debout devant lui, tendant une main amicale, se tient le maître du vent Dafu Shi.

 

L'aviateur trentenaire porte en bandoulière une mitraillette de petit calibre et dispose à sa ceinture d'un pistolet et d'un couteau de combat.

          - Dés que j'ai su ce qu'il se tramait au Palais, je me suis précipité ici, fait-il. Visiblement, je suis arrivé trop tard. J'en suis désolé, mon prince.

 

Li ne réagit pas. Il s'est comme coupé du monde. Même si la voix de son ami pilote l'a tiré de sa transe meurtrière, le prince s'est retrouvé accablé par le chagrin. Sans attendre, l'as des flottes jadiennes le prend par le bras avant de l'emmener en dehors du jardin.

          - Nous devons vous faire traverser la frontière, vous faire disparaître… Dés que la situation sera favorable, je ferai en sorte que le trône vous revienne. Nous allons au devant d'une période funeste. Je prierai chaque jour pour qu'il ne vous arrive rien.

 

Pendant qu'ils parcourent le palais en tentant d'éviter les patrouilles, ma vision se trouble soudainement. Ma conscience est comme aspiré hors du corps de Li Mu Bai avant de sombrer dans le néant.

 

**********  

J'ouvre les yeux. Cette fois, je suis bien dans mon sac de couchage sous la voûte rassurante de l'igloo de Fubuki. Je me passe la main sur mon visage. Mes joues sont encore mouillées de larmes.

 

Soudain, j'entends des pleurnichements à ma gauche. C'est Shizuku. On dirait que nous avons tous visionné les souvenirs de Li. D'ailleurs, ce dernier ne tarde pas à se relever. Il semble en colère.

          - Fubuki… commence-t-il, de mauvaise humeur.

          - Ah non, c'est vous-même qui avez projeté vos rêves et vos souvenirs dans nos cerveaux. Et vous l'avez fait tout seul, comme un grand, lui répond l'intéressée avec cynisme.

          - Wo cao, grommelle le prince dont on pourrait traduire l'injure par un ''merde'' bien prononcé en galactique standard.

 

Tandis que je tente de sortir de mon sac, Li fait les cents pas dans l'igloo. C'est la première fois que je le vois aussi décontenancé et énervé, lui qui est d'habitude si posé et si calme.

          - Li, je… commencé-je.

          - Écoutez, mon ami, me coupe-t-il. Je ne veux pas de votre sollicitude… Je souhaite désormais aller de l'avant.

 

Il prend une profonde inspiration avant de continuer :

          - Enfin, vous avez vu et vécu un passé que je gardais profondément enfui en moi… Je suppose que je vous dois quelques explications…

          - Ne vous forcez pas, Li, si vous n'en avez pas envie, lui répondis-je.

          - Non, je vais le faire. Après ce que je vous ai fait subir, je vous dois bien ça. Et puis, cela me soulagera sans doute un peu du poids que je porte sur mes épaules.

 

Sans dire un mot de plus, nous nous réunissons tous en cercle au centre de l'igloo, autour du cylindre lumineux d'Orda. Li se gratte nerveusement la tête. Il doit se demander par où commencer. Ne te presse pas, mon ami. Après tout, nous avons encore beaucoup de temps avant qu'Amaterasu ne se lève...

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C'est un bon chapitre !

 

On découvre enfin le passé de Li et on peut dire que ce fut très touchant et cruel pour lui. Il a tout perdu à cause de la traîtrise de sa demi-soeur, dont je pense qu'on verra bientôt.

 

J'ai beaucoup aimé le passage sur Li qui perd totalement la tête et devient un tueur sanguinaire, je me suis imaginé les scènes avec une grande facilité et quelle puissance il dégageait à ce moment là, une bête noir il a tout massacré sur son passage et les pouvoirs qu'il a éveillé est fort étrange.

 

Je veux en savoir plus, vivement la suite !

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Chapitre qui ne manque pas d'intérêt, on avait envie de connaitre les motivations, ce qui fait que Li Mu Bai soit aussi peu communicatif. Ben là, ça coule de source. Sa vie princière qui aurait pu être calme et prospère, a fini par être dévastée. Pas mal de descriptions sur l'horreur, la boucherie, la folie qui se dégage. Après tout, c'est réaliste, dans l'Histoire de telles horreurs se sont produites.

 

Ensuite, j'essaye maintenant de comprendre pourquoi Li a dû s'exiler, à cause de l'aura du dragon qu'il a déployé ? Est-ce que sa demi soeur est considérée comme plus forte que lui ? Ce qui fait que sa vie était encore plus en danger ? LA ou le raisons ne sont pas précisées, à toi de nous le dévoiler. Ce doit être Wencheng qui a déclaré la guerre aux Toits Célestes... 

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