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Jujutsu Kaisen [Gege Akutami] - Terminé


goon
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JJK was definitely my favorite anime series. I love the story. The characters are perfect, the animation is beautiful, the fights are exciting and I love the vibe in general.the first season was interesting. but I feel like the plot twist recently was a bit of a shocking to me.

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Je suis très sceptique. Il manque tellement d'élément à l'intrigue... Gégé pose déjà le prologue, en l'état ca fait rusher de fou. J'ai vraiment du mal à imaginer une pression quelquonque pour qu'il finisse en si peu de temps, donc j'ai vraiement du mal à comprendre.

Enfin dans l'ensemble, il fait parti de mon top 5 shonen tranquilou, derrière HxH, SNK, DB/Z et Death Note.

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  • 2 weeks later...

Chapitre lu, et je n'ai pas tout compris pour être honnête.

Donc nous avons un genre de debrief sur les erreurs stratégiques du combat contre Sukuna, et je ne comprend pas son utilité. Il y'a quelques explications, convaincantes ou non, sur le retour de Yuta, l'arrivé de Miguel etc...

Et le plus problématique pour moi, l'intrigue posée sur l'école de l'ombre, résolut en 3 pages.... Pourquoi rushé comme ca ?

D'ailleurs nous ne savons pas ce qu'est devenu Tengen, mais visiblement c'est lui qui a balancé le chef de clan de l'école de l'ombre.

Deux chapitres restant et constat alarmant. Combat à rallonge contre Sukuna pour une fin d'oeuvre rushé de ouf alors qu'on sent que Gege avait encore des éléments de lore à dévelloper, c'est très très très frustrant!

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Les deux derniers chaps me laisse un peu perplexe.

 

La défaite de Sukuna, il était temps et même si d'un côté j'aurai sans doute aimé un peu plus d'infos sur lui (sa précédente ère, le côté ange déchu etc) ça reste cohérent avec ce que Sukuna a toujours dit être. S'il perdait, c'était la fin et rien de plus, il se moquait du reste. Fidèle à ce qu'il dit à Yorozu.

Que Gege ne s'y attarde pas des masses ne me choque pas et Sukuna reste droit dans ses bottes jusqu'au bout en refusant l'offre de Yuji (je vois franchement pas l'intérêt d'une telle offre à ce moment là d'ailleurs mais bon).

 

Pour la suite, ahem, difficile de voir Yuta de retour comme une fleur, merci rika qui fait tout le boulot pour qu'il puisse reprendre son corps. On a le juge qui est, miracle, encore vivant alors que Sukuna en avait fait du saucisson et même si on me sort l'excuse du "Sukuna s'amusait", c'était quand même pas le genre de gugusse à laisser ses ennemis en vie.

Maki qui s'énerve sur les erreurs de stratégie, certaines sont contestables, d'autres sont clairement valables (coucou Miguel). Mais c'est plus une mise en scène pour rappeler que Maki est très attaché à Yuta (qui a vraiment failli y passer) et que ces deux là vont finir ensemble.

 

Au final il n'y a pas tant de casse que ça avec ce dernier chap (je ne compte pas Takaba qui claque contre Kenjaku), ce qui entache un peu la prestation de Sukuna:

 

Côté exorcistes & alliés :

Le juge > Vivant

Kusakabe > Vivant

Todo > Vivant

Yuta > Vivant

Maki > Vivante

Miguel et son comparse > Vivants

Yuji / Megumi / Nobara > Vivants

Hakari > Vivant

L'ange > Vivante

Choso > Mort

Gojo > Mort

Kashimo > Mort

 

Sukuna aurait donc fait trois victimes et une dont tout le monde se moque car Kashimo aurait sans doute été un problème plus tard. C'est peu pour la menace principale du manga.

 

ça reste un très bon arc sur le long terme mais il va sans doute manquer quelques chaps pour bien conclure.

Quid des armées étrangères au courant des exorcistes ? Que va devenir le Japon ? On avait vu l'armée américaine intervenir et Kenjaku parler au président, cette intrigue est en train de passer à la trappe.

Que devient Tengen ? Retour à la case départ ? J'entretien le maigre espoir qu'il ait fusionné avec Gojo pour faire une supra entité (laissez-moi rêver :D )

Pas bien pigé l'histoire des serments sur les territoires simples, je vais attendre une bonne trad car ce que je lis n'a ni queue ni tête.

 

Modifié par Djangoo
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Bonsoir,

 

Voilà un petit moment que je n’avais pas jeter un œil à ce fil. La fin étant annoncée pour la fin du mois, j’essaye de me consoler en me disant que l’auteur nous gratifiera peut-être d’un nouveau guide book et aussi d’un troisième volume du light novel. Mon désir secret serait d'avoir un spin-off sur l'ère heian mettant en scène Sukuna et Kenjaku, ainsi que les ancêtres des clans Gojo, Kamo et Zen'in. 

 

J'ai un faible pour Sukuna, je le trouve charismatique et d'une cruauté extraordinaire. Pour un hôte issu d'un manga shōnen, je suis heureuse de voir que ce monstre n'a pas été domestiqué à l'image de Kurama, Liebe, ou encore Shirosaki. Sa disparition a été bien orchestrée, tout comme ces derniers mots. 

 

Face au Roi des Fléaux, finalement, il n’y a pas eu tant de victimes dans son dernier combat : Gojo et Kashimo s’en sont allés avec leurs égos surdimensionnés de grands exorcistes de leurs époques. Puis le grand frère Chōsō que j’ai appris à beaucoup apprécier. Son combat contre son père, Kenjaku, a été empreint de tristesse et de rage. Et j’ai trouvé dommage de le voir succomber face à Sukuna, abandonnant son dernier petit frère, Yūji, dans ce monde dévasté.

 

Pour moi, Nanami Kento a été mon personnage coup de cœur ! Je l’ai adoré et sa voix animée est vibrante. Je ne sais pas si vous avez visionné la deuxième saison, mais l’un des moments les plus forts fut la colère sourde de Nanamin… C’était impressionnant !

 

Je reviens vers les light novels. Ces petites histoires sont rafraichissantes, et j’aime à me rappeler certains personnages morts prématurément. Je vous ai promis une petite histoire tirée des light novels. Celui que je vous offre ci-dessous met en scène Nanami Kento et Satoru Gojo durant une mission. J’espère que vous l’apprécierez, en sachant que les derniers chapitres du manga sont très légers et peuvent avoir déçus certains lecteurs.

 

Révélation

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Chapitre 2

Les Marionnettes

 

 

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Bonne lecture ❣️

 

PS : La dernière couverture du tome 28 est sublime ! J'avais déjà apprécié celles de Gojo et Sukuna. Parmi les femmes, Maki remporte la palme. 

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Cette femme est entrée dans mon top des personnages féminins les plus badass 🦾, aux côtés de Yōtanwa, Ka Rin, Mereoleona et Tsunade. 

Modifié par Moon Lover
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Voilà, c'est fini...

J'avais une affection toute particulière pour ce manga, peut-être qu'il est arrivé à un moment ou il proposé une lecture dont j'avais envie au moment T. Je suis triste que ca s'arrête, l'univers était tellement énorme que y'avait beaucoup à développer.

Alors c'est certains c'était pas parfait, surtout les 30 derniers chapitres je dirais, mais voila, j'ai 38 ans et je vois les oeuvres se finir les unes après les autres.

Avec du recul, Itadori qui avait le charisme d'une banane, je le trouve très attachant, justement parce qu'il est banal. Si je comprend bien, il garde une relique pour ne pas "tuer" Sukuna ? Ou doit-on l'intérpréter autrement ?

Ce chapitre fait écho au début de la team, une petite goutte de nostalgie. Sukuna n'est pas si inhumain que ca, mais ca aussi c'est pas super développé tout le long de l'oeuvre, j'aurais bien voulu connaître les chemins dont il parle plus en détail. Mahito pour le running gag, ca fait toujours plaisir à voir.

 

Bref merci GEGE, le manga est sur mes étagères, je me ferais un plaisir de les relire, au même titre que beaucoup d'oeuvre auquel je suis très attaché.

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Les deux derniers chaps sont assez moyens, Gege devait aller vite histoire de tout boucler mais on passe beaucoup trop de temps sur du random dont on se moque éperdument (qu'est ce qu'on s'en fout du mec qui fait des mangas...) que sur des personnages ou on aurait aimé un petit hommage. J'aime juste bien revoir Hana qui se méprend (à moitié à mon avis 😉) sur ce que raconte Megumi

Qu'on ait l'enterrement de la sœur de Megumi, pas de soucis mais rien sur Choso ? Rien sur Gojo sérieux ? Même pas une petite cérémonie rassemblant les exorcistes qui sont encore vivants sur sa tombe ? Sans lui pour ramener Sukuna sur terre le fléau aurait fait de la purée de ses adversaires. Encore une fois déçu par le traitement de certains persos (fin bon Yuki avait déjà subi le même sort...)
 

On aura tout juste un petit FB pour faire la passation Gojo > Yuji, c'est peu et on le sait depuis tellement longtemps que ça n'apporte pas grand chose ( même si Gojo nuance un poil en leur demandant de développer un autre type de force)

Je pensais d'ailleurs le comique mort mais en fait non, Kenjaku ne l'a même pas eu. Pas terrible niveau efficacité décidément ces fléaux sur le dernier arc. On a tout de même quelques bribes d'infos. Tengen est visiblement kaput, seuls ses restes et ceux de Sukuna vont permettre de faire tenir les barrières.
La mini intrigue de fin ne me fait ni chaud ni froid, je vois pas l'intérêt. En trois cases comme pour Yuta/maki/panda et tous les autres ça suffit pour qu'on comprenne qu'ils vont aller de l'avant.

De toute façon les fléaux vont devoir la jouer fine car il reste du très lourd côté exorciste, sans Kenjaku et Sukuna, la team Yuji, Yuta, Maki et compagnie sont largement capable de gérer n'importe quelle menace.

 

Le positif par contre c'est Sukuna et les chemins potentiels qu'il aurait pu prendre et qu'il semble désormais vouloir emprunter. Là pour le coup c'est bien amené, il a suivi cette voie visiblement par vengeance, j'imagine que Mahito parle de Sukuna lui même car il cite quelqu'un de persécuté/indésirable, Sukuna avait laissé entendre qu'enfant il était plutôt dans cette case. On aurait eu un Sukuna qui au départ en voulait à la terre entière avant de devenir celui qu'on connaît et de décider de vivre comme il l'entendait (vu qu'il n'a jamais connu rien d'autre)

Dans tous les cas, la force n'a pas marché malgré l'expérience, des techniques surpuissantes et totalement maîtrisées (quand il en invente pas d'autres), un corps parfait pour un exorciste, alors pourquoi pas tenter autre chose ? J'imagine que d'un côté c'est Uraume (il lui ressemble drôlement) et de l'autre Yorozu (Amour  / Amitié ? ).

Dans tous les cas voir Sukuna disparaître avec Uraume au bras c'était top et j'aime bien la petite pique contre Mahito "Je me suis adouci ? ben ouais, j'avais tout et j'ai quand même perdu, donc je fais ce que je veux et j'avance." 🖕

Tout à fait Sukuna  :D

 

La grosse tristesse ? JJK est terminé. ça restera un super manga (l'arc Shibuya était top) que j'ai aimé lire tout le long et même si j'ai pu râler sur certains choix sur le dernier arc (surtout le fait qu'on rush la fin), ça tient plutôt bien la route et l'auteur a corrigé certaines choses qui n'allaient vraiment pas (genre Yuji qui avait le charisme d'un Midoriya, Sukuna qui était bien trop générique et qui devient un vrai méchant ensuite etc).

JJK et son chapitre du vendredi vont vraiment me manquer. Merci à l'auteur pour ce manga avant tout.

Modifié par Djangoo
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Il y a 18 heures, N0NE a dit :

Je n'ai même pas compris ce qu'on a essayé de me raconter sur les 2/3 derniers chapitres


Je te résume grossièrement :

 

Révélation

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Désolé c'était plus fort que moi :D (et la fin me laisse un peu cette impression)

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Il y a 13 heures, Djangoo a dit :


Je te résume grossièrement :

 

  Masquer le contenu

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Désolé c'était plus fort que moi :D (et la fin me laisse un peu cette impression)

Ca va vraiment se finir comme ca ?
J'ai une sensation un peu amère, genre il manque des réponses concrètes. Les origines d'Itadori par exemple. Gege en parle vaguement, succintement et de manière hyper éparpillé. C'est un foetus maudit, créé par Kenjaku pour on ne sait pas trop quoi.
Mais ce qui manque le plus, c'est vraiment le lore autour de Sukuna, au début il fait méchant pour être méchant, un orangina rouge générique (réf pour les plus vieux d'entre vous :) ), puis sur la fin du combat et la fin de l'oeuvre, son développement devient intéressant, mais pas assez appronfondi et du coup laisse une sensation d'inachevée :(

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Ah la fin d'un grand manga.

 

Je place JJK aisément dans mon top 10.

 

En ce qui concerne les deception de certains pour les points non explorés, je ne trouve pas cela problématique.

Comme dit plus haut, JJK ce n'est pas du OP dans la narration. On est sur une narration très indirect, qui laisse le doute sur de nombreux points et je trouve ca rafraichissant sans rien enlever à la cohérence de l’œuvre.

 

Je l'ai souvent dit, mais les non-dit dans une oeuvre sont aussi important que ce qui est raconté. Laisser planer une dose de mystère et ne pas tout explorer c'est aussi ca qui fait le sel d'une oeuvre. Et JJK le fait très bien.

Nous avons beaucoup d'éléments sans forcément de réponse claires et ce n'est pas un problème.

 

La fin en elle-même est un peu anticlimatic et assez étrange mais je ne la trouve pas spécialement raté.

J’interprète la fin comme comme étant qu'au final la vie continue. Le monde a évolué et le statue quo à changé mais nous ne sommes pas rentré dans une nouvelle ère. Bref c'est un fin pas du tout Shonen et ca colle très bien à JJK.

Je suis heureux de ne pas avoir une fin à la Naruto ou MHA pour ce manga.

 

En sommes, même si la fin laisse à désirer JJK est un grand manga. Probablement celui qui m'a le plus marqué de sa génération

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  • goon changed the title to Jujutsu Kaisen [Gege Akutami] - Terminé
  • 4 weeks later...

Ceci est un bilan du manga que je me suis fais lorsque j'en parlais à des amis. C'est un peu (TRÈS) long, mais je voulais être assez exhaustif.

 

 

Oui, évidemment, ce message dévoile absolument tout du manga et pas forcément dans l'ordre. Je dévoile également quelques passages de l'arc Arrancar de Bleach, de l'arc Kimera Ants d'Hunter X Hunter et de la saga Kingsman.

 

Ça fait quelques années que j’en parle, des fois j’en dis du bien, des fois je le descends, c’est un manga que je trouve inconstant, très bon sur de très nombreux points, mais terrible dans un domaine précis qui, hélas, est trop important pour ne pas dire que ce n’est pas un gâchis. Je vais exposer tous ces points, un par un, tout en essayant de comprendre d’où vient ce problème persistant. 

 

Il faut savoir que j’aime bien diviser Jujutsu Kaisen en trois actes, représentants une montée et une descente de qualité, plutôt qu’un réel schéma narratif. 

 

Le premier acte, selon moi, regroupe le prologue, l’arc de la Matrice Maléfique, la Traque de Mahito, le Tournoi Inter-Lycées et les Fœtus des Neuf Phases. C’est un acte qui montre toutes les grandes qualités d’écriture d’Akutami, à savoir son rapport au genre du shonen d’action-fantastique, qu’il applique à la lettre, tout en lui donnant une saveur macabre et austère. Je pense que les exemples les plus parlants sont représentés par Junpei, ainsi que les deux frères Eso et Kechizu.

 

Dans le premier cas, après un arc entraînement très classique, le protagoniste se lance à la poursuite d’un méchant très méchant, tout en aidant une pauvre victime, en proie au doute, etc. En temps normal, Junpei aurait dû rejoindre Yuji et devenir un allié qui trouverait sa voie du côté du Bien, mais non, on est pas dans ce genre d’histoire. Junpei se fait manipuler de A à Z et finit comme un simple instrument visant à briser psychologiquement Yuji.

L’approche assez sobre et profondément injuste de sa mort caractérise bien la façon de faire d’Akutami, qui deviendra sa marque de fabrique. Dans Jujutsu Kaisen, les morts ne sont pas belles, glorieuses, ou quoi que ce soit, elles sont très souvent sales, brutales, silencieuses, injustes, etc. Même quand les personnages meurent avec peu de regrets, Akutami nous ramène sans cesse à la réalité. Nanami disparaît en transmettant le flambeau à Yuji, mais il meurt explosé comme du caca. Jogo est vaincu par la personne qu’il respecte le plus au monde, tout en étant accueilli par ses amis dans l’au-delà, mais dans la réalité, il est silencieusement calciné, sans avoir pu ne serait-ce que toucher son adversaire. Satoru retrouve ses amis après la mort, expliquant qu’il n’a aucun regret et qu’il pourrait revivre la même vie sans hésitation, mais dans la réalité, il est étalé par terre, sauvagement coupé en deux.
 

Il a quelque chose de similaire dans l’arc des Fœtus des Neuf Phases. Yuji et Nobara éliminent brutalement deux fléaux, qui s’avèrent être en fait des hybrides. Ils se rendent comptent qu’ils se battent contre des « humains » depuis le début. Pourtant, ils n’hésitent pas à les tuer, car c’est leur métier. Après le combat, ils débattent sur leur légitimité à tuer des humains, aussi néfastes soient-ils. Yuji, profondément humain, pense qu’il n’y a pas de bonne réponse et que ça lui en coûte à chaque fois qu’il prend une vie. Il n’est tout simplement pas fait pour ça, car il est du genre à sauver les gens sans réfléchir, quand bien même ce ne sont pas de bonnes personnes, comme le prisonnier dans le centre de détention au début du manga ou même Junpei qui a attaqué tout son lycée par pure vengeance.
 

C’est quelque chose d’assez flagrant dans ce manga, les antagonistes sont autant, si ce n’est plus, humanisés que les protagonistes. Ces derniers font ce qu’ils font parce que c’est leur boulot, ils sont payés pour ça. À vrai dire, à part Nobara et Todo, aucun des étudiants n’est devenu exorciste par vocation, ils le sont devenus soit par le fruit du hasard/malédiction (Yuta, Yuji, Mechamaru), soit par pression sociale/familiale (Miwa, Maki, Mai, Megumi, Noritoshi, etc.). Bref, ils agissent plus pour des raisons extérieures indépendantes de leur volonté. À contrario, les antagonistes agissent ainsi par vocation, ils suivent leur essence, ils écoutent leurs émotions, etc. De plus, là où les exorcistes ont souvent des relations familiales complexes et toxiques (Maki, Mai et Megumi avec les Zenin ou Noritoshi avec les Kamo), les antagonistes, notamment Eso, Kechizu et Choso, sont beaucoup plus sincères et bienveillants entre eux. 

D’un côté, ça donne une dimension plus grise et ambiguë au manga, un peu comme les fourmis chimères d’Hunter X Hunter, qui s’avèrent finalement être plus humaines que les vrais humains. De plus, cela engendre un petit attachement envers les méchants, qui échouent, évoluent, etc. Comme des protagonistes de shonen classiques. Mahito qui découvre sa vraie nature et obtient un power-up en conséquence, c’est Ichigo avec Tensa Zangetsu, Naruto avec Kyubi, Deku avec OFA, etc.


Enfin, la dernière pièce de ce puzzle d’écriture, c’est bien évidemment Gojo Satoru. Un personnage surpuissant, si fort qu’il invalide absolument tous les enjeux possibles et imaginables. Et c'est là que ça devient génial, car les personnages surpuissants comme lui, dans la plupart des manga, sont soient des gentils décédés depuis longtemps ou sur le déclin (Hashirama, Yoriichi, All Might, Netero, Yamamoto, etc.), soient des méchants (All for One, Meruem, Madara, etc.), donc soient des figures positives dont il faut prendre la place en apprenant leurs enseignements, soient des méchants que les efforts, l’unicité et le pouvoir de l’amitié parviendront à défaire. Le truc intelligent, c’est que Satoru est un gentil écrit comme un méchant surpuissant, c’est d’autant plus évident lorsqu’on est du point de vue des fléaux, largement plus faibles que lui, mais qui parviennent finalement à le vaincre grâce à du travail d’équipe, des entraînements, des sacrifices, etc. La scène qui l’illustre le mieux, c’est lorsque Satoru écrase sauvagement Hanami, le sourire aux lèvres, se moquant totalement de lui et terminant son meurtre par un « au suivant », de la façon la plus froide et vicieuse possible.

 

Je terminerai en mettant avant les choix scénaristiques déviants et les détournements de certains clichés. Par exemple, les vieux maîtres dans Jujutsu Kaisen sont tous de sales cons, de vieux réacs faibles, mais suffisamment rusés pour contenir la puissance débordante de la nouvelle génération, de sorte à toujours garder le pouvoir. Le sempiternel arc de tournois est coupé en plein milieu pour ramener le fil rouge et éviter une phase molle et redondante. D’autant plus qu’Akutami coupe définitivement le cliché du 1 vs 1 en amenant un match de Baseball tout con, mais qui synthétise tout ce dont le manga à besoin pour avancer.

 

Par contre, faut pas se mentir, c’est tout de même un peu timoré. Le début est trop tranquille et n’a pas l’efficacité et les personnages directs iconiques de Jujutsu Kaisen 0. Yuji est trop un imbécile heureux, Megumi est trop passif et Nobara trop inconsistante, mais ces défauts sont rapidement corrigés, pour ne pas dire qu’ils étaient prévus. 

Yuji reçoit rapidement une tarte de réalité en pleine gueule au centre de détention, avec le massacre des détenus et sa peur de la mort, sans parler des émotions complexes et contradictoires de Junpei et des Fœtus qui le bouleversent. 

La passivité de Megumi est implicitement et explicitement montrée comme un réel défaut qu’il doit corriger, c’est notamment pointé du doigt par Sukuna et Satoru, qui n’y voit qu’un monumental gâchis. 

Et enfin, Nobara est dépeinte comme étant une femme entière, avec son grain, mais aussi son raisonnement assez complexe et mature, ce qui la met au-dessus de ses comparses. Un autre défaut, c’est que la plupart des personnages présentés n’auront le droit qu’au minimum syndical par la suite, mais ça, on y reviendra plus tard.

 

Et c’est là que vient le meilleur avec ce deuxième acte, parce que la succession des arcs Inventaire Secret, Mort Prématurée et le Drame de Shibuya est une véritable de masterclass. Les deux tomes concernant le passé de Satoru et Suguru montrent tout le talent d’Akutami en ce qui concerne la narration. Il est d’une rapidité et d’une efficacité redoutable, étant capable de synthétiser, iconiser et passer outre les tropes usés. 

 

Par exemple, le tout premier chapitre de l’Inventaire Secret commence sur Mei-Mei et Utahime, deux exorcistes confirmées, qui sont prises au piège par un fléau dans une sorte de manoir hanté. Là où elle échafaude un plan complexe pour en sortir, Satoru se contente d’arriver et de tout défoncer sur son passage. En quelques pages, le gars est entièrement caractérisé. Il est arrogant, taquin, négligeant et méprisant avec les non-exorcistes. Suguru est introduit en opposition, il est noble, compatissant, protecteur, mais les deux personnages sont reliés par leurs forces démentielles, les classant au-dessus du lot (de très loin). C’est aussi cette puissance ahurissante qui engendre leur personnalité, Satoru est impatient et condescendant avec les faibles, tandis que Suguru cherche à les protéger, car c’est son devoir de « puissant » (on peut y voir une forme de syndrome du sauveur). 

Et dans le même chapitre, on a l’introduction de l’enjeu principal de cette intrigue, avec un twist dans la description qu’en fait Yaga à ses élèves, de sorte à direct donner l’envie de suivre les aventures de Satoru et Suguru. Tout en jouant astucieusement avec les éléments instaurés auparavant dans l’histoire, comme l’importance de Tengen ou encore Fushiguro Toji, le père de Megumi. C’est intrigant, rapide, limpide, c’est vraiment nickel.

Bon, Akutami est aussi un peu connu pour ses descriptions assez verbeuses et complexes, semblables à Hunter X Hunter, mais à ce stade de l’histoire, c’est encore compréhensible, même s’il galère à expliquer l’Infini de Satoru, alors que c’est super simple (Hirohiko Araki le faisait très bien avec Green, Green Grass of Home).

 

Cette efficacité dans la narration se retrouve aussi (et surtout) dans les combats. Déjà, tout con, mais Akutami passe en off-screen presque tous les combats une fois que Satoru et Suguru vainquent les deux premiers assaillants (le vieil invocateur et le cloneur avec le sac sur la tête), car ils ne sont pas intéressants. On sait qu’ils sont invincibles et ne pas les montrer, faire de simples transitions bagarres -> plage d’Osaka, ça renforce leur force en en montrant presque rien. 

Et bien sûr, ce manque de scène d’action est instantanément contrebalancé par l’arrivée fracassante de Toji, le premier homme à avoir blessé et vaincu Gojo Satoru. L’iconisation et la caractérisation de Satoru, tout le long du manga, renforce à merveille le personnage de Tojj, qui crève instantanément l’écran. 

 

L’arc Mort Prématurée complète et conclu à merveille la parenthèse autour du passé de Satoru, notamment avec la progressive descente en enfer de Suguru. Là aussi, j’adore le cheminement de pensées implicite, presque subconscient, qui l’amène à devenir… Magnéto ? Un peu. Bref, le fait que Suguru perde son titre de « plus fort », au côté de Satoru, qui devient le seul et l’unique, enraye sa morale. Il se battait pour les faibles, mais quel intérêt, si ces derniers tuent ceux censés les protéger ? C’est pour ça qu’il les appelle les non-exorcistes des « singes », car c’est la façon dont s’est ironiquement décrit Toji, un humain sans énergie occulte qui l’a vaincu sans difficulté. Une humiliation sans précédent, une injustice monumentale et finalement, en s’isolant de plus en plus, en comprenant que son combat ingrat et sans fin n’est pas ce qu’il veut. Son combat consiste à se battre pour ceux comme lui.

Je trouve que l’évolution de Geto Suguru est l’une des plus subtiles et des mieux agencées de tout ce manga, d’autant plus qu’il s’agit d’un gentil qui passe du côté obscur, en opposition à Satoru, qui se responsabilise de plus en plus, gardant auprès de lui l’ancienne morale immaculée de son seul et meilleur ami pour guider ses actions. C’est ambigu, cyclique, contradictoire et en même temps complémentaire, c’est beau.
C’est juste un peu dommage que Suguru n’ait que peu d’importance directe dans Jujutsu Kaisen. D’une certaine manière, il est central, mais de façon post-mortem, vu qu’il meurt dans Jujutsu Kaisen 0. 

 

Et avant de passer à l’arc le plus connu du manga, petite parenthèse sur le combat entre Mahito et Mechamaru. Un duel assez prenant, Mechamaru, ayant une backstory marquante et très triste, était l’un des étudiants de l’arc Tournoi le plus intéressant, avec Todo. Le duel est… Un peu over the top, on va pas se mentir. Cela dit, il permet de développer et d’expliquer la fonction de Territoire Simple, qui s’avérera cruciale par la suite et donnera une fin à Mechamaru… Dans la droite lignée des précédentes, à savoir solitaire, injuste et austère, à l’instar de Junpei. 

Cette petite parenthèse sert surtout à encore plus mettre en avant Mahito comme un horrible sac à merde, un méchant très méchant qui fait le mal, parce que c’est cool. Mais dans son cas, s’est justifié par sa nature, tout son être lui dit de faire le mal, car il est l’incarnation de la haine entre humains. On y reviendra plus tard, parce que c’est quelque chose d’assez important, notamment par rapport à Yuji. 

 

Et là, le Drame de Shibuya.

 

Déjà, c’est un truc tout con, mais ce manga s’est gérer son Build-up… Le Pay-off, c’est pas toujours ça, mais au moins, la hype, il sait faire. Le simple fait de continuellement entendre que Suguru et ses fléaux vont enclencher leurs plans le 31 Octobre et que finalement, ce jour arrive, ça fait directement monter la tension d’un cran. De plus, on commence in medias res, avec trois rideaux impénétrables, des civils pris en otage et enfin, l’arrivée de Gojo Satoru. Ça aussi, c’est un truc que j’aime bien, le fait qu’ils attendent tous son arrivée pour qu’il règle le problème. D’un côté, ça montre à quel point ils ont confiance en lui, mais d’un autre, ça prouve leur laxisme, leur faiblesse, etc. Et ça, ça va durement leur retomber dessus. 

J’en avais déjà parlé, mais le combat opposant Satoru au groupe de fléaux est excellent. Il met parfaitement en évidence la puissance, la maîtrise, l’intelligence et la seule faiblesse de Gojo Satoru (à savoir Suguru), mais en même temps, il montre les efforts, la tristesse, la ténacité des fléaux. Une subtile d’inversion des points de vues, qui restent néanmoins claire dans sa moralité (Satoru reste le gentil).

 

Coup de tonnerre, Gojo Satoru est scellé, les exorcistes doivent se sortir les doigts. Voilà, c’est pour ça que je trouve le personnage de Satoru super bien écrit. Le fait de se débarrasser de lui en plein de milieu de l’histoire permet, comme je l’ai dit, de mettre en avant sa badassitude, ainsi que les travers de la société des exorcistes, tout en développant les antagonistes, mais en plus, sa disparition augmente instantanément et efficacement la tension. En un chapitre, on passe de « c’est un jeudi classique » à « si Satoru est scellé, le monde entier est fichu ». 

 

Le reste n’est qu’une succession de batailles tous plus ou moins reliées entre eux et c’est quelque chose que je trouve très cool. Dans pas mal de manga, les combats ne s’influencent pas (ou très peu) les uns les autres.

Révélation

Genre, dans Bleach, lors de la bataille de Karakura, mêmes si divers personnages se joignent à la fête, comme Wonderweiss et les Vizards, un combat n’empiète jamais sur un autre. Lorsque Hachi et Soi Fon défont Barragarn, ils n’essayent pas d’aider leurs alliés face à Halibel et Stark… Et c’est con. Certes, ils sont fatigués et blessés, mais pas non plus tant que ça, vu que Soi Fon affronte Aizen en face-à-face juste après. À quel point la bataille aurait été plus facile si Soi Fon avait assassiné Stark avec Suzumebashi pendant qu’il se frittait avec Love et Rose ?

 

Fin bref, tout ça pour dire que la question se pose moins durant le drame de Shibuya, car quand un personnage, gentil ou méchant, termine un combat, il enchaîne direct ou alors il s’arrête avec une justification. Yuji s’enfonce plus profondément dans le quartier et est vaincu par Choso. Puis, Megumi, qui avait du retard car il emmenait un allié gravement blessé auprès d’un médecin, revient sur le champ de bataille et sauve ses camarades exorcistes d’une situation désespérée. Cependant, Toji réincarné pénètre dans le territoire de Dagon et sème le chaos, laissant l’opportunité à Jogo d’intervenir pour abattre tous les exorcistes. Cependant, alors qu’il est sur le point de les achever, il sent Sukuna se réveiller, car Yuji était inconscient depuis sa défaite face à Choso.
Ce que je veux dire, c’est que le déroulement de l’intrigue est d’une fluidité extrêmement satisfaisante. Jamais le manga ne lâche l’intérêt du lecteur, car il rebondit toujours habilement d’une intrigue à une autre, sans discontinuer, jusqu’à atteindre un paroxysme avec l’arrivée de Sukuna. Et là, on va s’arrêter deux secondes pour parler du méchant principal de Jujutsu Kaisen car lui, comme Gojo Satoru, mérite qu’on s’y attarde. 

 

On peut résumer Sukuna très simplement : c’est l’égoïste ultime, celui qui ne pense qu’à lui, qui ne s’inquiète que de ses propres préoccupations, qui s’amuse avec qui il veut et tue qui il veut. Il n’a pas de grands objectifs, ni de valeurs morales particulières, c’est un être qui se suffit à lui-même. Il le dit lui-même, il n’a besoin de personne pour être heureux et s’en satisfait pleinement.
De cette façon, on peut le rapprocher d’autres méchants, comme Muzan ou AFO, dans le sens où il n’estime qu’eux-mêmes et qui n’ont que leur propre bien-être égoïste en tête. La différence, c’est que Muzan et AFO recherchent une forme de domination sur le reste de l’humanité, motivé par un vice presque inné. Sukuna se fiche pas mal de la domination, il sait qu’il est le plus fort, il n’a pas à le prouver.

Cette personnalité assez particulière le rend intriguant, marrant, repoussant, attachant, etc. Le spectre de ses réactions va du gros connard qui se marre comme une baleine lorsqu’un gamin lui demande son aide, à un guerrier sage qui éduque philosophiquement ses ennemis, voire les complimente, leur offrant une certaine satisfaction avant de mourir.

C’est assez marrant, dans les faits, ça reste un gros méchant, mais d’un autre côté, il possède plusieurs facettes dans sa méchanceté, le rendant assez fascinant. Akutami écrit pareillement les fléaux, qui restent, de façon innée, des salopards qui jubilent à l’idée de tuer des êtres humains, mais qui ont plusieurs autres facettes, comme l’amitié, la tristesse, la colère saine, etc. 

Pour en revenir à Sukuna, ce qui est super cool avec lui, c’est qu’il est très silencieux durant une bonne partie de l’œuvre, mais à certains points charnières de l’intrigue, il apparaît et à chaque fois, il bouleverse absolument tout. Que ce soit au centre des délinquants juvéniles ou à Shibuya, il montre toute sa puissance, sa cruauté, sa intelligence, etc. La succession de ses combats face à Jogo puis Makora représente le paroxysme de Jujutsu Kaisen jusqu’à très longtemps. Implicitement, le manga nous dit « vous avez perdu Gojo Satoru et vous risquez de vous retrouver face à un gars aussi fort dans quelque temps », faisant à nouveau monter la tension.
Sur ce point-là, le Drame de Shibuya ressemble beaucoup à l’arc Soul Society, dans le sens où il amène les personnages dans une nouvelle intrigue, avec une montée de tension brutale, induisant un compte à rebours angoissant. 

 

Et donc nous finissons sur la dernière ligne droite, la bataille face à Mahito, durant laquelle Yuji va… Un peu tout perdre. Akutami est vraiment vicieux avec son personnage principal, lui mettant sur les épaules le massacre de plusieurs centaines civils innocents, l’obligeant à voir la mort de son mentor et terminant sur une dernière faiblesse de sa part, emportant sa meilleure amie au passage.

Je vais revenir sur ce point, mais je ne le conclurai que dans la fin du message : la mort de Nobara. Dans l’idée, beaucoup y voient une simple « valeur choc » et c’est vrai, ça choque beaucoup. Personne ne verrait un mangaka tuer son tritéragoniste féminin en plein milieu de son œuvre. Genre, imaginez si Sakura s’était faite tuer par Sasori, si Ochako avait péri contre la Ligue des Vilains lors du camp d’entraînement d’été, si Nami était morte face à Miss Doublefinger ou si Ulquiorra avait tout simplement décider de buter Inoue dans le Dangai.

La question est plutôt de savoir si oui ou non c’était nécessaire. Quitte à choquer et motiver Yuji, la mort de Nanami suffisait amplement, mais c’est justement là le véritable intérêt de la disparition de Nobara. Elle choque Yuji, certes, mais ne la motive pas, au contraire, elle l’achève. La mort de Nobara est un véritable échec de sa part, quelque chose qu’il n’a pas pu empêcher, car sa résolution et sa maturation psychologique n’étaient pas assez fortes. Plus simplement, la mort de Nobara est la goutte de trop, une goutte qui était nécessaire pour briser et reconstruire Yuji, l’amenant à son évolution finale (dans cet arc). Sa disparition était nécessaire, justement parce qu’elle ne l’était pas, en termes d’écriture, c’est une énorme tarte d’humilité et de réalité que l’on inflige à son personnage principal. Il n’est pas dans un monde dur, mais juste, ou la mort de son mentor lui permet de reprendre le flambeau. Nan, dans ce monde, les gens, même ses amis proches, ne sont pas à l’abri.
C’est quelque chose que lui reprochent Todo et Mahito : Yuji n’est pas là pour rectifier des torts ou venger ses amis. Au final, les fléaux sont moralement au même niveau, car beaucoup des exorcistes sont bien pires qu’eux. Ce n’est pas celui qui a raison qui gagne, c’est celui qui gagne qui a raison. Une sorte de subversion intelligente que j’aime beaucoup et qui ne sort pas de nulle part. Bah oui, Mahito a beau être un enculé ultime, incarnant la haine entre les humains, mais ce sont précisément eux qui l’ont créé. 

Et même venger ses amis, Todo lui explique que ça n’a pas de sens. Estimer qu’il faille les venger, ça veut dire que leurs morts étaient injustes, mais ça ne s’applique pas à eux, leurs morts à un sens, car elles symbolisent la continuation d’un combat collectif. « Tout ce qui est prospère finit par décliner, mais nous sommes l’exception », ça veut tout dire.

Après, je suis d’accord, ça fait chier que ça tombe sur le meilleur personnage féminin. En soit, je ne trouve pas Jujutsu Kaisen sexiste, même au niveau le plus bas possible, mais c’est vrai qu’il manque de personnages féminins forts, au sens scénaristique du terme. À part Maki, aucune ne ressort véritablement, hélas. 

 

Mais bref, pour en revenir à Yuji, j’aime beaucoup sa dernière conversation avec Mahito, acceptant qu’il n’y a pas besoin de raison à tuer le fléau, le simple fait qu’il en soit un justifie de l’anéantir. Il n’est pas un justicier, quelqu’un qui rééquilibre la balance dans un monde profondément injuste, il est juste un tueur de fléau et peu importe si ses actions se révèlent fructueuses plusieurs années après sa mort, car c’est ce qu’il a à faire. 

J’aime beaucoup cette approche aux antipodes des autres shonen, clairement plus froide, sombre et réaliste. 

 

C’est vraiment là que c’est démarqué Jujutsu Kaisen de la concurrence. Une œuvre au rythme soutenue, mais pourtant très fluide, aux choix radicaux et efficaces, tout en proposant une approche, si ce n’est novatrice, au moins rafraîchissante, offrant une atmosphère clairement plus sombre que celle de ses contemporains (sauf Chainsaw Man). 

 

Ah et oui, tout n’est pas parfait. Le combat face à la Mémé Ogami et Awasaka Jiro est, malgré tout les efforts de l’auteur, pas bien marquant. Le final, avec tout le discours de Kenjaku est particulièrement long et mal rythmé, montrant les faiblesses d’Akutami en ce qui concerne l’exposition écrite. La révélation, plus ou moins actée, autour de la fraternité entre Yuji et Choso est confuse et mal amenée, démontrant là aussi une faiblesse que va se coltiner l’auteur jusqu’à la fin du manga. Mais ça, c’est pour plus tard.

 

Et enfin, le troisième acte, qui représente grossièrement la seconde moitié du manga. C’est aussi à partir de là que j’ai commencé à douter de Jujutsu Kaisen et de la façon d’écrire d’Akutami. 

Globalement, les arcs de l’Exécution d’Itadori Yuji et de la Préparation Parfaite servent de transition jusqu’à la Traque Mortelle, qui sert de deuxième point charnière du manga, après le drame de Shibuya. 

 

Je trouve que l’Exécution d’Itadori Yuji est un arc beaucoup trop court. En six chapitres, la problématique de l’isolation et de la clandestinité de Yuji est réglée, coupant totalement court à son opposition avec Yuta. Ce que je veux dire, c’est qu’on ne ressent absolument pas les conséquences directes du Drame de Shibuya. Les fléaux ont envahi Tokyo ? Super, on ne les voit que pendant un demi-chapitre. Le monde est maintenant au courant de l’existence de l’exorcisme ? On aura que quatre pages là-dessus, Akutami se fiche de savoir comment réagissent les gens en apprenant ça. Yuta veut tuer Yuji, jouant ainsi thématiquement sur son opposition avec ce dernier ? En fait, c’est un prank, il le ramène direct au lycée et n’interagît plus avec lui jusqu’au dernier arc du manga. 

 

Après le cataclysme qu’à été le Drame de Shibuya, on retourne à une sorte de semi-status quo qui adouci grandement la tension, ramenant Yuji dans une situation qu’il connaît et qui ne le met pas en danger constant. D’un côté, ça permet à l’histoire d’avancer rapidement, Akutami se contente de poursuivre le fil rouge, mais c’est justement le problème. Il ne laisse aucune place pour le reste, rendant l’univers et la narration de Jujutsu Kaisen certes efficace, mais trop rapide et « malingre ». 

L’univers de Jujutsu Kaisen ne concerne que les personnages principaux, tout le reste est profondément ignoré par son auteur et je trouve ça franchement dommage.

Le point de bascule, selon moi, ça a été le chapitre 143, lorsque Yuta ramène Yuji à la vie et que Megumi intervient pour lui faire la morale. En soit, oui, ça justifie le reste du scénario et ça nous permet de rester concentré sur l’intrigue principale, mais Akutami aurait pu aboutir au même résultat, sans pour autant rendre la tâche trop simple à Yuji. 

Pour garder l’isolement du personnage, tout en le faisant avancer jusqu’à la Traque Mortelle, il aurait pu laisser Yuji aux côtés de Yuta et Choso. La solution aurait été cohérente des deux côtés, car comme ça, Yuji aurait pu s’isoler de Megumi et le protéger de Sukuna, tout en récupérant des points pour créer de nouvelles règles. Cela aurait permis de développer sa relation avec Choso, tout en approfondissant son opposition avec Yuta. Akutami justifie cette séparation des deux protagonistes en disant que Yuta serait plus efficace seul et qu’il n’aurait pas à affronter Yuji s’ils se retrouvaient dans des arènes différentes. Ok, ils ne savaient pas combien de temps cela allait prendre de créer les bonnes règles, mais ça me semble carrément hors de propos comme justification. 

On pourrait me dire qu’associer Yuji et Yuta n’aurait pas fonctionné, compte tenu de la différence de force entre les deux, ce à quoi je réponds que, dans l’arc de la Traque Mortelle, Yuji n’a pas été utile grâce à sa force ou son talent dans l’exorcisme. 

De plus, il aurait pu commencer à développer l’assimilation de l’Autel de Sukuna, montrant une nouvelle puissance lui permettant de tenir tête aux anciens exorcistes. Face à Uro, Yuji lui aurait montré les techniques de Sukuna, ce qui aurait pu déclencher des flashbacks de l’ère Heian et donc développer le passé de Sukuna et Kenjaku, ça aurait été moins abrupte qu’à la fin du manga.
Bref, selon moi, l’arc de l’Exécution d’Itadori Yuji est un arc bâclé, trop rapide pour rendre justice aux conséquences de l’arc précédent et trop facile pour offrir une alternative scénaristique intéressante à ce que l’on a eu. 

 

Mais selon moi, le pire arc de tout le manga, c’est la Préparation Parfaite, qui regroupe les explications de Tengen, la libération de Panda, le massacre du clan Zenin et la récupération d’Hakari Kinji. Littéralement quatre arcs, tous aussi condensés et bâclés les uns que les autres. Je passe vite fait sur l’intrigue d’Hakari, qui n’a rien d’honteuse, mais une fois encore, elle met sous silence un pan intéressant, mais trop peu exploité de l’univers de Jujutsu Kaisen, avec le Fight Club, les répercussions du Drame de Shibuya sur le Japon, etc. 

Les trois chapitres au lycée de Tokyo, avec les explications de Tengen sont assez « purgesques ». Une exposition trop dense, trop verbeuse, pas assez claire, pas assez bien mise en scène. Le seul passage à peu près bien géré dans cette intrigue, c’est le moment où Tengen dit qu’elle est sensible à la Manipulation des Fléaux de Kenjaku. Le frisson est immédiat et les enjeux sont aussi clairs que de l’eau de roche. 

En fait, Akutami excelle dans l’exposition lorsqu’elles sont couplées à des scènes d’actions, mais quand elles sont seules, il se décompose comme une glace au soleil.

Et puis l’arc des Zenin. J’vais pas mentir, même si en soit, y a pas de « faute » scénaristique, thématique ou narrative, cet arc est un échec. Opposer Maki à des personnes qu’on a jamais vu avant, si ce n’est Naoya, un personnage cousu de fils blancs, était une idée mal exécutée. Oui, on sait qu’elle a de gros problèmes avec son clan, mais est-ce qu’on le comprend réellement ? Est-ce qu’on l’a vu avoir des problèmes concrets avec son clan ? On ne peut pas s’attacher à sa problématique, car ses antagonistes sont de parfaits inconnus à nos yeux. C’est tellement des inconnus qu’on voit immédiatement que ce ne sont que des fonctions basiques pour faire progresser Maki. 

Je trouve cet arc artificiel et superficiel au possible. À aucun moment, je n’éprouve une grande colère ou une profonde tristesse, même si Akutami reste bon dans la caractérisation de ses persos, donc le minimum syndical est assuré. Mais merde, Ogi et Naoya sont des tokens ultra fades, les autres Zenin sont des figurants ultimes alors qu’ils auraient pu démontrer plusieurs formes d’oppressions sociales et Mai… Putain, Mai. Ce personnage est l’exemple ultime de l’échec de cet arc. Elle est l’épicentre émotionnel de cette intrigue, la motivation de Maki, mais on ne les voit interagir sincèrement qu’une seule putain de fois. Une seule scène où Mai retrouve sa sœur à moitié calcinée à Shibuya aurait suffit à rendre leur relation attachante.

 

Enfin, selon moi, l’exemple ultime du pire défaut d’Akutami tient en un seul chapitre, le 147, concernant la libération de Panda et la mort de Masamichi Yaga.

C’est une intrigue subtilement écrite, avec des passages forts et touchants de la vie de Yaga, se terminant sur le triste dénouement suite à sa défaite face à Gakuganji. Et putain, si Yaga avait été un personnage, ce chapitre aurait incroyable. Parce que oui, Yaga, en cumulé, n’a que deux ou trois chapitres où il est présent. Akutami élimine un personnage sous-développé, forçant des émotions nulles (au sens où elles ne sont pas là) avec Panda, le pire personnage du manga, un comics relief sans aucun intérêt scénaristique et dont l'importance (?) disparaît dès sa défaite face à Kashimo. 

Bref, un chapitre, en lui-même très bien écrit, mais rendu inefficace à cause de la narration trop rapide d’Akutami, laissant trop peu de place aux développements de personnages secondaires. 

 

Jujutsu Kaisen manque de corps, de profondeurs dans son background et son lore, d’espace pour ses personnages et ça fait chier, parce qu’Akutami a indéniablement le talent pour rectifier tout ça, mais ces défauts persistent tout le long du manga.
 

Puis vient le plus long arc de Jujutsu Kaisen, la Traque Mortelle. Il s’agit du deuxième gros tournant du manga et, selon moi, il s’agit de l’arc le plus important de l’œuvre, plus que le Drame de Shibuya ou le grand final. 

 

Il a la lourde tâche de développer une intrigue longue et complexe, tout en amenant des réponses et créer un chemin jusqu’à l’arc final. Pour résumer grossièrement, je dirais que la Traque Mortelle est un mélange entre deux types d’arc. Le premier est celui du tournoi, surtout dans sa forme, avec de nombreux personnages dont les affrontements ne sont justifiés que par un contexte global et commun. C’est quelque chose que je trouve un peu artificiel, surtout dans le cas de Jujutsu Kaisen, ce manga ayant toujours fait attention à bien justifier et rythmer ses intrigues, mais bon, ça fait sens dans ce monde, d’autant plus que l’exorcisme montre réellement son plein potentiel en combat. 

Le second arc qui lui sert d’exemple, selon moi, est la Saga de Poseidon dans Saint Seiya, avec les protagonistes qui se séparent pour affronter simultanément plusieurs adversaires sur plusieurs fronts, dans l’optique de sauver un personnage en détresse (Tsumiki et Satoru). D’ailleurs, la ressemblance est encore plus évidente avec l’arc du Hueco Mundo de Bleach, mais leurs inspirations proviennent originellement de Saint Seiya.
Entre ses deux inspirations, c’est la seconde qui prend le dessus et c’est plus cohérent avec l’esprit de Jujutsu Kaisen, donc tant mieux. Cela dit, même si la Saga de Poseidon a d’indéniables qualités, comme la séparation des protagonistes, offrant une succession de batailles (souvent des duels), permettant un développement plus fort et concentré de ses personnages, tout en avançant efficacement l’intrigue via un objectif commun, il a également des failles assez visibles. 

 

En fait, il y en a deux gros selon moi. Le premier, c’est la déconnexion brutale entre les intrigues individuelles des personnages. Plus simplement, les héros n’interagissent que très peu entre eux et, en vrai, ça peut avoir du bon, car ça permet un isolement et une opposition forte pour développer son personnage, le remettre en question, etc… Et oui, c’est Akutami qui a décidé de ne pas isoler Yuji dans l’arc précédent, pour mieux l’isoler ici, mais bref… Cependant, ce manque d’interactions entre les différentes intrigues, même s’il n’est pas incohérent, me semble malvenu, compte tenu du fait que c’était l’une des principales qualités du Drame de Shibuya.
Du coup, l’intrigue et son rythme sont plus déconstruits, saccadés, fatiguant de manière générale. Dès qu’on termine un combat, aussi génial soit-il, le lecteur termine exténué et doit pourtant direct enchaîner sur un autre. Ça marchait à Shibuya, car les personnages étaient, pour la plupart, connus et développés depuis longtemps, d’autant plus que les connexions entre les différentes batailles étaient fluides. C’étaient moins plusieurs batailles successives, mais plus une gigantesque bataille, avec l’apparition de Sukuna en point culminant. Là, ce sont divers combats, d’une intensité comparable les uns aux autres, donc pas de monté en tension exceptionnelle. Shibuya, c’est une séance d’apnée de vingt minutes, la Traque Mortelle, ce sont des apnées successives de deux minutes chacune. C’est moins intense, moins intéressant sur la longueur et, paradoxalement, plus fatiguant.

Bref, selon moi, il y a un vrai problème de rythme dans cet arc, mais qui a l’avantage de disparaître grâce à une petite astuce d’Akutami. En effet, le Drame de Shibuya était intense, mais très long, c’était difficile de s’arrêter pour prendre une pause et y revenir après. La Traque Mortelle est globalement divisée en six intrigues souvent divisées en un tome, ce qui rend la lecture plus simple. Donc, dans le mauvais, il y a quand même du bon, j’imagine. 

 

Et le second problème, que je trouve largement plus problématique, c’est au niveau des personnages. En soit, ils sont tous cool, charismatiques, iconiques, fun à découvrir et à voir combattre, pas de doutes là-dessus. Ce que je reproche à la plupart d’entre eux, c’est le manque de développements et d’attachement qu’ils dégagent. Je vais exclure le duel entre Yuji et Higuruma, car lui marche vraiment bien à ce niveau-là. Mais par exemple, le duel entre Megumi et Reggie Star, la bataille de Sendai, la traque de Kashimo Hajime, le combat face à Naoya ou celui face à Kenjaku, tout ceux-là représentent, selon moi, le minimum syndical. 

Pas de méprise, pour moi, le minimum syndical n’est pas une évidence, ce n’est pas simple de l’atteindre. On est à des années-lumières de l’arc du Hueco Mundo, où l’on sent que Kubo tâtonne avec le personnage de Nnoitra, qui a genre trois flashbacks qui lui permettent de savoir ce que veut vraiment le personnage (rendant les autres un peu vains). Akutami, tu lui donnes quatre pages de flashbacks pour Kashimo et ça lui suffit amplement. Et même pour les personnages plus secondaires, même quand c’est plus confus, genre Uro et son passif avec les Fujiwara qui sort de nulle part et dont tout le monde se fout, ça reste plus intéressant (et surtout plus court) que des personnages creux comme Zommari ou Aaroniero.
Est-ce que je dis qu’au niveau de la narration, malgré ses problèmes évidents, Akutami est meilleur que Kubo ? Assurément, il est meilleur que Kurumada aussi, mais c’est moins choquant dans son cas, il y a plusieurs décennies entre les deux.

Et pour revenir à ce minimum syndical, ce qui me gêne comme un morpion au cul, c’est qu’on sent et qu’on sait qu’Akutami est capable de largement mieux. Le cas le plus évident, c’est le triple combat entre Okkotsu Yuta, Ishigori Ryu et Takako Uro, qui parvient à mêler les problématiques divergentes de deux nouveaux personnages, tout en les liant relativement simplement avec celle du protagoniste. Tout ça en cinq chapitres, à peine. C’est impressionnant un tel talent de synthèse, mais ce raisonnement a ses limites. En cinq chapitres, tu peux pas faire ce que tu peux te permettre de faire en plusieurs tomes. Du coup, ben les thématiques sont traitées, mais superficiellement. En fait, c’est l’impression générale de cet arc, il ne va jamais en profondeur, car on ne s’attarde que sur un combat avec un ou deux nouveaux personnages qui ne réapparaissent pas ou presque par la suite. C’est un peu dommage et ça va avec cette sensation frustrante accompagnant le rythme saccadé et austère de la Traque Mortelle. 

 

Ouais, juste avec ça, on a l’impression que j’aime pas cette arc, mais en vrai, je le relis avec plaisir et il met en avance le plus grand talent de son auteur : l’écriture des combats. 

 

J’en ai assez peu parler jusqu’à maintenant, mais les combats de Jujutsu Kaisen sont très très cool. Ils s’appuient sur une cohérence soutenue et des résolutions stratégiques à la Hunter X Hunter. Presque jamais on te sort un power-up du cul du scénario, ils sont presque toujours la suite logique d’un développement de personnage ou d’intrigue effectué en amont.

On peut les reprendre un à un :

  • Le duel entre Yuji et Higuruma Hiromi est moins stratégique qu’à l’accoutumée, mais il met en avant un combat philosophique entre un avocat qui a renié ses convictions, usé par la médiocrité des humains qu’il défend, et un jeune homme qui n’a pour seul tort de ne pas avoir été assez fort. La résolution permet de faire évoluer le personnage d’Higuruma tout en desserrant (en partie) la culpabilité que Yuji s’impose. D’autant plus que cela montre la principale force de Yuji, à savoir sa capacité à se connecter aux gens et à les faire changer, chose qu’il mettra en pratique plus tard. C’est sa, son vrai talent, plus que sa maîtrise de l’exorcisme qui l’aurait trahit à ce moment de l’histoire, car s’il s’était uniquement reposé sur elle, il aurait perdu;
  • À l’inverse, l’affrontement entre Megumi et Reggie Star est moins philosophique et plus stratégique, montrant toutes les ressources que peuvent avoir les exorcistes, ainsi que leurs limites. C’est très divertissant à suivre, car ça rend le lecteur presque actif dans la lecture, il est en mesure de deviner quelles seront les prochaines actions des personnages. Je crois que, dans ce genre, les seuls manga à utiliser cette méthode sont Hunter X Hunter et Ultramarine Magmell… Et Yu-Gi-Oh! de temps en temps;
  • La bataille de Sendai est l’un des meilleurs combats de tout le manga, avec une montée en puissance progressive, où Yuta défait tour à tour Dhruv et Kuro-Urushi, avant de se frotter à Ryu et Uro. Non seulement des thématiques sont développés, non seulement le combat est très divertissant, gérant à merveille la montée de tension et le climax (cette triple extension), mais en plus, qu’est-ce que c’est beau. Akutami est, si ce n’est un génie, au moins un excellent illustrateur, surtout au niveau du découpage. C’est dynamique, astucieux, nerveux, lisible, c’est vraiment excellent à ce niveau-là;
  • Les combats successifs de Kashimo Hajime aussi font partie des meilleurs moments de Jujutsu Kaisen. Déjà, il bat Panda. Merci. Panda est l’un des pires personnages et prouve qu’il était définitivement inutile à cette histoire. Donc, merci de nous en avoir débarrassé. Ensuite, son duel avec Hakari est bon. Il est tellement envoûtant qu’il montre une facette plutôt importante de ce manga : les personnages adorent ce battre. Pour eux, le combat n’est pas négatif, au contraire, ils parviennent à communiquer à travers. Bleach aussi utilise cette façon de faire, mais là, 80% des personnages sont des Grimmjow et des Kenpachi, m’voyez.
    Cela dit, ce combat à deux gros problèmes, mais qui se feront ressentir dans l’arc final, on y reviendra plus tard;
  • Puis vient l’intrigue de Sakurajima, qui développe et conclut rapidement le personnage de Kamo Noritoshi… Bon, c’est pas un personnage super intéressant et son développement sonne plus comme une corvée. Par contre, Maki est déjà plus cool. Elle affronte le Fléau de Naoya, thématiquement ça se tient, mais j’avoue que ça m’emmerde un peu. Naoya est… Un obstacle efficace et fonctionnel, mais rien de plus. Il est même assez évident comme élément du scénario. C’est un peu le problème global de cet arc, tous les outils narratifs et scénaristiques ne font jamais illusion. Ce ne sont que des outils permettant de faire avancer l’intrigue et on croit presque jamais à leur « tangibilité » au delà du fil rouge.
    Ah et le développement philosophique de Maki est… Confus, pas très clair et j’vois pas trop le rapport avec l’intrigue en court;
  • Enfin, l’ultime combat, entre Kenjaku et les gardes du corps de Tengen, à savoir Choso et Tsukumo Yuki. Un combat très chouette, qui développe bien Choso et met en avant l’une des clés de compréhension de Kenjaku. Un méchant très cool, à mi-chemin entre Aizen et Desty Nova, un personnage assez marquant donc. Pour en revenir au combat en lui-même, je dirai qu’il offre une nouvelle façon d’orchestrer un affrontement, en mêlant flashback expliquant et détaillant la stratégie qu’utilisent les personnages à l’instant T. C’est ultra efficace et ça permet de garder un rythme impeccable, surtout en prépublication, vu que les flashbacks ont systématiquement lieu en début de chapitre. Cela dit, gros bémol pour Tsukumo Yuki, un personnage teasé comme extrêmement fort et important, mais qui hélas ne l’est pas assez pour le scénario. En fait, comme pas mal de chose dans ce manga, Yuki est utile pour le lore et tout ce qu’il y a au-delà de l’intrigue principale… Mais donc, Akutami ne lui offre que le traitement minimal et c’est vraiment dommage. Genre, imaginez Tsunade qui meurt face à Orochimaru au tome 19… Ce serait une sacrée douche froide, hein ?;


Enfin, il y a quelque chose de très intéressant avec cette Traque Mortelle, c’est le développement d’une thématique à travers tous ses combats à savoir : qu’est-ce que c’est d’être fort ?

  • Yuji estime ne pas l’être assez et face à Higuruma, un génie autrement plus puissant, ce dernier estime que la véritable force provient de la faiblesse humaine qu’il voit dans ses yeux, celle qui a permis à Yuji de changer son adversaire au dernier moment. Une force philosophique et empathique, basée sur son humanité;
  • Pour Reggie comme Megumi, la force provient de la ruse et des ressources secrètes que chacun possède. L’important, ce n’est pas d’être fort, c’est de faire croire que l’on est faible. C’est la conclusion à laquelle arrive les deux ennemis : « Un exorciste n’est rien de plus qu’un escroc »;
  • Pour Uro, la force, c’est la capacité à prendre en main son destin et de n’agir que pour soi-même. Pour Yuta, c’est tout l’inverse, la force n’a pas de sens si elle n’est pas mise au service du plus grand nombre. Ryu, quant à lui, les contredit tous les deux en affirmant que la force ne sert qu’à satisfaire la soif de combat, tout le reste est superflu;
  • Charles Bernard pense que la force provient du talent, ce qui est ironique le concernant. Il est mis en échec par Hakari, qui estime que la force, c’est au contraire d’utiliser tout son talent pour attraper toutes les opportunités offertes par le hasard;
  • Pour Kashimo, la force n’est que solitude, une malédiction qui l’empêche de se comparer aux autres et de les comprendre;
  • Pour Naoya, la force, c’est d’être le plus proche de ceux qu’il considère comme forts, à savoir Toji et Satoru. À l’inverse, Maki estime que la force, c’est de savoir se démarquer des autres, être unique. En vrai, la concernant, je trouve que ça ne marche qu’à moitié, compte tenu de sa ressemblance physique et de ses pouvoirs identiques à ceux de Toji. Mais son caractère et son histoire sont très différents, donc ça va;
  • Pour Choso, la force vient de ses frères et de son rôle de modèle. Pour Tengen, tout est question d’acquis et de survie, contrairement à Kenjaku qui ne jure que par l’expérimentation et la curiosité;

Pour moi, encore plus que le message que nous délivre Akutami à la fin du manga, c’est ça le véritable thème de Jujutsu Kaisen. La force, pourquoi ? Comment ? Par qui et pour qui ? Et là-dessus, je trouve que le développement de cette thématique, dans cet arc, est une franche réussite.

Bref, la Traque Mortelle, structurellement, c’est moins bon que le Drame de Shibuya, tout en continuant ce défaut de narration malingre et trop superficiel. Cela dit, c’est ici que l’on atteint le paroxysme de l’art d’Akutami, avec l’écriture de ses combats, ainsi que son dessin particulièrement efficace.
 

J’aimerais parler de la transition entre la Traque Mortelle et l’arc final de Jujutsu Kaisen. Cette jonction est constituée de trois intrigues, l’expédition militaire américaine à Tokyo, la libération de Sukuna et le duel entre ce dernier et Yorozu. 

 

Déjà, on passe tout de suite sur l’intrigue concernant les américains qui ne sert à rien. Réellement. À part faire une transition fluide avec le passé et la gentillesse de Kurusu Hana, ça n’a aucun intérêt. Ça aurait pu en avoir, hein, mais comme Akutami se fiche du lore, des intrigues secondaires et du reste de son univers, bah cette intrigue n’a aucune importance dans le récit. 

 

Puis Sukuna se libère dans un enchaînement de chapitres assez marquants. Je n’ai pas grand-chose à en dire, c’était fluide, impactant, foutrement bien dessiné, bref, c’était vraiment pas mal. Je resterais seulement sceptique sur deux choses. 

Premièrement, la ruse que Sukuna emploie pour tromper Hana. Je veux bien, ça fonctionne scénaristiquement, mais ça fait passer Hana pour une grosse bouffonne. Je dis pas que c’est normal que des personnages aient des faiblesses, mais au milieu de tous ces gens ayant une capacité d’analyse et une vivacité d’esprit supérieure à l’écrasante majorité, je trouve qu’elle fait tache et donc son appréciation en prend un coup (déjà que son background n’est pas bien intéressant).
Et deuxièmement, il n’y avait pas de meilleure occasion pour voler le corps de Megumi ? Genre, à Shibuya ? En plus, Uraume était présent, c’était le meilleur moment, Sukuna aurait été inarrêtable. Entre le moment où Sukuna tue Makora et laisse les commandes à Yuji, il devait y avoir une bonne ouverture, nan ?

 

Et dernièrement, le duel opposant Sukuna à Yorozu. Plutôt sympathique, actant à merveille la thématique de la force et de l’amour qui sera le cheval de bataille d’Akutami jusqu’à la fin de l’œuvre, mais bon, ce n’est pas non plus à se taper le cul par terre. Genre, Yorozu frôle l’insupportabilité à force beugler comme un putois tout du long. De plus, comme pour tous les participants à la Traque Mortelle, elle n’est que très peu développée, juste le minimum syndical, rendant le combat assez vain dramatiquement parlant.
Oh, oui, la vie de Tsumiki est en jeu, mais c’est pareil, on s’en fout. Megumi l’aime, mais nous, on ne l’a vu qu’une fois, pas plus, l’attachement à ce personnage est proche de zéro, hélas. Pourtant, la tuer était audacieux dans l’idée, car cela met Megumi au fond du trou et la pente qu’il doit remonter est réellement insurmontable. 

C’était radical et pertinent, comme souvent, mais le manque de temps passé avec Tsumiki affaiblit considérablement l’impact de ce choix. 

 

Et enfin, juste avant de partir sur l’ultime arc de la série, j’aimerais m’arrêter sur les chapitres 221 et 222, le retour de Gojo Satoru et la préparation à la bataille finale. Le retour est très bien géré, c’est rafraîchissant et familier à la fois, d’autant plus que le teasing autour de l’affrontement entre Satoru et Sukuna fonctionne à merveille, grâce aux callbacks et surtout Jogo, a.k.a. JoGOAT. Un personnage qui aura à la fois servi de faire-valoir et de comparaison en affrontant les deux plus forts. On sait qu’il est l’un des fléaux les plus puissants de l’œuvre (voire le plus puissant) et pourtant, que ce soit face à Satoru ou Sukuna, il se fait méchamment botter le cul. Et c’est très bien, car l’on comprend instinctivement que les deux personnages, « invaincus » jusqu’alors, sont sur un pied d’égalité.

 

Puis arrive l’arc final et son pompeux titre anglophone : « The Decisive Battle in the Uninhabited, Demon-Infested Shinjuku », que l’on va appeler la Bataille décisive de Shinjuku, parce que c’est plus court et que c’est de toute façon le titre original (John Werry, le traducteur américain, est un très mauvais traducteur). À la base, je voulais uniquement parler de cet arc, pas de tout le manga. C’est le climax, le point culminant de toutes les qualités et de tous les défauts de Gege Akutami en tant que mangaka, six à sept tomes très représentatifs de tout son travail. Donc ouais, parler de cet arc, c’est comme parler de toute son œuvre. 

 

Je vais plus prendre mon temps et parler des qualités et des défauts de la Bataille décisive de Shinjuku en résumant ce qu’il s’y passe.

 

Bref, le duel entre Satoru et Sukuna s’ouvre avec le chapitre 223 et son cultissime (il le deviendra assurément) « Violet à 200% ». Une mise en scène simple et efficace, qui ne sert concrètement qu’à permettre à son protagoniste de flexer comme pas possible. Imaginez juste Goku charger son Kamehameha pendant deux minutes avant de l’envoyer sur Freezer et venir lui parler mal juste après. C’est à la fois une façon de dire bonjour, de mettre les points sur les i et de nous préparer à un combat dantesque. Littéralement, les trois à quatre pages où Satoru lance son attaque et où Sukuna la pare, montre un niveau de puissance jamais égalée en vingt-cinq tomes, pour ainsi montrer l’écart gigantesque entre ses deux personnages et le reste.
Et ce que j’aime encore plus, c’est le chapitre d’après, qui ne sert qu’à montrer des échanges musclés entre Satoru et Sukuna, sans que ce ne soit optimal. Ils ne font que s’amuser et pourtant, là encore, ils sont à un niveau largement supérieur au reste du casting. D’ailleurs, ce chapitre est extrêmement stylé en termes de découpage et de chorégraphie, notamment lors de la chute de l’immeuble qui me rappelle furieusement Inception et sa scène du couloir rotatif. De plus, ce chapitre se termine sur un petit échange de réplique presque amical entre Satoru et Sukuna, montrant subtilement que, même si ce sont des ennemis mortels, ils peuvent se comprendre au travers du combat, se rapprochant grâce à leur statut de « plus fort ». 

 

Cet affrontement est commenté en temps réel par les alliés de Gojo Satoru, qui attendent de le voir gagner ou perdre pour entrer en action. Une façon intéressante de rythmer le combat, avec des explications, suppositions, des réactions bienvenus de la part des personnages secondaires, etc. Comme j’aime le répéter, Jujutsu Kaisen est comme Hunter X Hunter, dans le sens où il demande implicitement à ses lecteurs d’être attentif et actif dans la lecture et la compréhension de son manga. Pour moi, les personnages secondaires qui réagissent et se demandent à quoi pensent Satoru et Sukuna, sont le reflets des lecteurs. Ça nous permet de nous rapprocher d’eux et de ne pas se sentir largués par la déferlante de puissance provoquée par Satoru et Sukuna (même si, au bout d’un moment, ils sont largués).

En bref, une solution astucieuse pour dynamiser son combat et accrocher le lecteur. J’aurai seulement de petits bémols concernant ses scènes. La première concerne Yuta qui reste planté ici alors qu’il a largement mieux à faire ailleurs. Ok, Satoru lui a demandé de venir l’aider, mais seulement s’il est vraiment dans le mal (et ce n’est jamais le cas). D’autant plus qu’avec Ui-Ui et Todo, il n’a pas à craindre le manque de temps. En s’occupant de Kenjaku en parallèle, il aurait pu accompagner le plan A avec Higuruma et vaincre Sukuna plus tôt. Oui, après la bataille, on sait que ça n’aurait pas été aussi simple, mais merde. 

C'est vrai que Rika sert de Q.G. aux exorcistes, mais ils auraient très bien pu envoyer Yuta tuer Kenjaku et revenir pour rouvrir le Q.G. Ils auraient aussi pu se servir du dragon d'Ino, 'Fin bref... 

Et deuxièmement, un problème que je trouve largement plus con : pourquoi Choso ne parle pas du « territoire ouvert » de Sukuna plus tôt ? Il sait que ça existe depuis son combat avec Kenjaku et, avec les descriptions de Yuji et Inumaki, il comprend que Sukuna en a un aussi. Donc pourquoi ne pas avoir partagé l’information plus tôt ? Avec ça, Satoru aurait pu anticiper la première extension de Sukuna et aurait eu une extension d’avance sur lui. C’est important, car c’est précisément ce qui handicape les deux adversaires lorsqu’ils veulent rouvrir leurs territoires. En d’autres termes, si Choso avait prévenu Satoru, il aurait vaincu Sukuna au chapitre 230…
C’est le revers de la médaille des univers logique, des systèmes de magie dure ultra-cohérent et l’investigation active des lecteurs, quand une incohérence se dévoile, non seulement elle est visible à des kilomètres, mais en plus elle devient difficilement pardonnable.

 

Bref, la suite du combat se déroule en deux parties. Du chapitre 225 au 230, nous avons une succession d’Extension du Territoire, l’attaque ultime des exorcistes. Deux choses l’une, j’aime bien le fait qu’ils les balancent comme si de rien n’était, tout en changeant leurs paramètres et effets comme l’on change de chemise. Même si les exorcistes alliés comprennent la façon de faire, ils estiment que c’est tellement difficile que c’en est presque impossible, montrant, une nouvelle fois, l’écart entre les deux plus forts et le reste. De plus, le fait qu’ils les enchaînent avec une facilité déconcertante montre la façon optimale pour eux de combattre, tout en offrant une guerre stratégique d’usure, à la fois cohérente et plutôt cool à regarder, surtout au travers des yeux des exorcistes.

À la limite, je trouve ça un peu dommage qu’on ne parle pas plus du fonctionnement des Extensions de Territoire dans le manga. On comprend où veut en venir Kusakabe dans ses explications, cela dit, avec des exemples concrets disséminés plus tôt, la démonstration aurait été plus limpide. J’en parle parce qu’Akutami s’est toujours débrouillé pour nous montrer des concepts çà et là dans le manga, pour finalement les ressortir dans ce duel de titan, comme des fusils de Tchekov géants. C’était le cas avec « la pluie de pétales épris », « le territoire simple » ou le « panier du vide ». 

 

De manière générale, l’énergie occulte n’est pas un pouvoir que j’apprécie plus que ça. J’aime beaucoup la façon de la mettre en scène, son fonctionnement presque mécanique, mais je n’aime pas son côté inné, que je trouve pas très cohérent, et tout simplement le manque de corps et de développement autour d’elle. Sans le comparer au Nen de Hunter X Hunter, le Chakra de Naruto était carrément plus profond et développé que l’exorcisme. 

 

Pour en revenir à cette bataille de territoires, la finalité arrive au chapitre 230, avec l’arrivée de Makora, le Shikigami qui peut vaincre l’Infini de Satoru. Un chapitre très sympa, car il permet de rabattre les cartes et de débarrasser les combattants de leurs territoires, qui reste une façon de faire limitée (sur trois extensions, Satoru et Sukuna ont effectué les mêmes actions trois fois), tout en augmentant considérablement la tension, avec Satoru qui craque sous l’effet de sa propre médecine (Sukuna aussi).
Y a pas à dire, j’adore le mystère et la résolution autour de la régénération du sort inné. Pour rappel, au chapitre 226, Satoru parvient à rétablir son Infini qui était en surchauffe à cause de son extensions de territoire. Pour contrer ce cooldown, il utilise son énergie occulte pour détruire la zone de son cerveau à l’origine de son sort et le régénère instantanément pour reset le cooldown. C’est probablement le moment le plus Hunter X Hunter de Jujutsu Kaisen, c’est à la fois cohérent, intriguant, intelligent, c’est vraiment tout ce que l’on aime. 

Par contre, pour en finir avec ce chapitre 230, je trouve les explications de Sukuna et Satoru concernant l’adaptation de Makora très confuses. Ils expliquent que l’âme de Megumi se chargeait du fardeau, en se prenant cinq Sphère de l’Espace Infini dans la gueule, mais je vois pas pourquoi lui et pas Sukuna se l’est pris. Je veux bien que les effets garantis de Temple Maléfique laissent l’opportunité au sort de Satoru de frapper et que Sukuna s’en protège en touchant justement Satoru via son « amplification », mais je vois pas pourquoi l’âme de Megumi serait touchée, car au final, ça reste le même corps. À la limite, ça aurait du sens si Sukuna s’était pris le stun de la Sphère de l’Espace Infini lors du combat entre Satoru et Jogo, mais comme on a aucune précision, j’estime que c’est une erreur. 

 

Le reste du combat est une succession d’actions assez classiques, mais tout de même bien menée, avec un compte à rebours implicite entre les deux adversaires, avec l’adaptation de Makora, poussant peu à peu Satoru contre le mur, quand bien même il a l’avantage physiquement parlant. Cela dit, je trouve qu’Agito fait un peu tache visuellement parlant. Non seulement ça fait deux géants dans les mêmes cases, obstruant facilement la vue et brouillant la limpidité initiale d’une planche, mais en plus le dessin devient de plus en plus chancelant, malgré son efficacité.
Le fait que le combat se clôture sur un nouveau « Violet » de Satoru est tout de même plutôt cool, car il finit là où il a commencé. La phase finale est très chouette, tendue et cohérente, vraiment, ça reste de la bonne qualité jusqu’à la fin. D’autant plus que c’est plutôt cool de voir les deux adversaires sentir la tension montée, avec Satoru qui se rappelle de la sensation de défaite face à Fushiguro Toji et Sukuna qui sent la situation lui échapper peu à peu. 

 

Le final de ce combat est tout aussi audacieux que brutal. Satoru accule Sukuna, lui ôte un bras et le laisse essoufflé, incapable de se régénérer à la même vitesse que lui. Et le chapitre 236 commence sur une scène de rêve et nous, en tant que lecteur, on comprend instinctivement ce qu’il se passe : Gojo Satoru est mort. C’est l’une des marques de fabriques d’Akutami, il ne montre jamais le coup-de-grâce et préfère switcher sur une scène onirique, montrant « l’arrivée dans l’au-delà » du personnage. C’était notamment le cas pour Jogo, mais on peut en trouver des variations un peu partout, comme pour Panda, Yorozu, Nanami, Nobara, etc.
La façon de faire avec Satoru est encore plus choquante, car elle a lieu entre deux chapitres, c’est une découpe brutale (lol), qui marche presque mieux en prépublication. C’est vraiment au bout de la troisième page que ça devient clair, comme la terrible réalité qui nous rattrape, jusqu’à ce que l’on voie cette magnifique double-page de Satoru agonisant après s’être pris l’attaque de Sukuna. D’une certaine manière, même si les ambitions et la façon de faire étaient différentes, je trouve que cette mise en scène ressemble beaucoup à la révélation concernant les identités du Titan Cuirassé et Colossal de l’Attaque des Titans. 

C’est pas con et je dirai que c’est une évolution de la façon de faire Bleach, notamment durant l’arc Arrancar.

Révélation

Lorsque les Espadas meurent tour à tour, Kubo termine leurs arcs respectifs avec un flashback concluant leur personnages.

Akutami fait la même chose, mais en couplant l’attaque finale avec le flashback/rêve, car lorsque ce dernier arrive, on sait que le coup-de-grâce a eu lieu, pas besoin de montrer les deux. Il y a une forme d’élégance, de surprise et de logique, car on ne voit pas sa mort arrivée, car elle est forcément plus rapide que nous.

Bref, selon moi, ce combat est peut-être le meilleur du manga, avec la bataille contre Mahito lors du Drame de Shibuya. Parfaitement rythmé, astucieux, audacieux, impeccablement mise en scène et dessiné, c’est le combat iconique de Jujutsu Kaisen. C’est le Naruto Vs Pain, le Ichigo Vs Ulquiorra, le Netero Vs Meruem, le Goku Vs Freezer, etc. Je dirai même que parmi ses contemporains, il n’a pas de rival. Que ce soit l’avant, avec tout le teasing et le set-up effectué tout le long de l’œuvre, le pendant, avec le déroulée du duel et même l’après, de façon thématique, je trouve que ce combat réglé comme du papier à musique. 

 

Mais hélas, je pense aussi que Jujutsu Kaisen, sur les quarante chapitres restants, ne parviendra jamais à atteindre à nouveau ce niveau…

 

Par exemple, je suis relativement sceptique par rapport au duel opposant Sukuna et Kashimo. Plus précisément, j’ai du mal avec ce dernier et le fait qu’il n’est pas remporté son combat face à Hakari lors de la Traque Mortelle. Selon moi, il n’aurait pas dû perdre, car cela amoindrit sa problématique, qui est une version plus superficielle, mais plus concrète et limpide de celle de Gojo Satoru, à savoir la solitude qui accompagne celui qui se trouve au sommet de la montagne. En perdant contre Hakari, sa solitude devrait, du moins en partie, disparaître avec sa défaite, trouvant en lui une force équivalente à la sienne. La même remarque peut se faire avec Yuta, Maki, Higuruma ou même Satoru d’ailleurs. 

Akutami maintient cette problématique un peu artificiellement, en prétextant que Kashimo n’est pas allé à fond durant son combat avec Hakari. Je veux bien, mais ça n’empêche que ça reste assez facile et surtout ça n'annule pas le fait qu’il est entouré de personnes aussi fortes, voire largement plus fortes que lui (c’est pour ça qu’il n’interagit jamais avec Satoru, ça aurait été incohérent sinon).
D’autant plus que le prétexte est assez faible, voire incohérent. Il n’utilise pas son sort inné, car cela détruirait son propre corps, il préfère donc la garder jusqu’à ce qu’il puisse affronter Sukuna. Pourquoi pas, mais le problème, c’est que l’on sait que Kashimo, dans sa première vie, est mort de vieillesse, du coup… Comment il sait que son sort engendre sa propre destruction ? Grâce aux joueurs éveillés de la Traque Mortelle, on sait que les sort inné ne sont pas connus instinctivement par le manieur, ils doivent les tester eux-mêmes.

Donc, si Kashimo sait que son sort inné entraîne sa propre mort, comme peut-il être mort de vieillesse dans sa première vie ? La seule solution logique qui me vient, c’est le sort d’inversion qui régénère les corps, mais lui-même ne l’utilise pas, donc ça vient forcément de quelqu’un d’autres. Ou alors, c'est un sort héréditaire. Peut-être après tout, mais c’est le genre de chose à préciser, parce que là, Kashimo ressemble vachement à un gars borné, un peu con et qui a de faux problèmes.

 

Remarque, même si le malheur de Kashimo est réel, il ressemble beaucoup à la description que faisait Sukuna de Satoru (avant de se prendre un violent karma) « tu es juste chanceux d’être né à une époque où je n’étais pas là, voilà pourquoi tu es ordinaire ».
C’est encore plus évident lorsqu’on comprend que Kashimo est littéralement né trop en avance, car avec quelques années de moins, il aurait pu rencontrer Ishigori Ryu et trouver en lui un rival et un ami. 

 

‘Fin bref, tout ça pour dire que ce personnage n’aurait pas dû perdre contre Hakari et qu’il aurait dû posséder un sort inné moins restrictif. Certes, cela aurait amoindri la puissance d’Hakari, mais déjà, il a écrasé Charles Bernard sans problème et en plus il ne sert à rien après la Traque Mortelle, donc bon. On parle du plus puissant exorciste de l’ère Edo et de la Traque Mortelle, ça fait sens qu’Hakari ne soit pas à la hauteur. 

 

Pour en revenir au combat en lui-même, je trouve ça difficilement lisible. Sukuna est presque intégralement blanc, de son hakama, à ses cheveux en passant par sa peau et ça ne gênait pas lorsqu’il affrontait Satoru, qui portait un t-shirt noir, cela dit, Kashimo lui aussi est intégralement blanc. Le tout devient vite assez dur à comprendre, d’autant plus que lorsqu’il libère son sort inné, son corps devient de plus en plus chaotique et donc le dessin n’arrive pas à suivre. M’enfin, le combat lui-même ne dure que deux chapitres à peine, donc ça ne gêne pas tant que ça.

Cela dit, malgré tout ce que j’ai pu dire sur le personnage de Kashimo, j’apprécie réellement sa fin. J’aime bien le fait qu’il soit submergé par la puissance de Sukuna, ça montre l’écart entre lui et le reste une fois de plus. Et j’aime encore plus la discussion qu’ils ont lors de sa mort, d’une façon similaire à celle de Jogo. Les explications de Sukuna sont claires, pleine de sagesse et en même temps très cyniques et égocentriques, reflétant à merveille sa personnalité, ainsi que la conclusion du personnage de Kashimo. Un excellent final pour ce personnage et un bon début pour l’acte final de Jujutsu Kaisen.

 

Cependant, avant de revenir sur Sukuna, le récit coupe sur Kenjaku et sa traque des derniers joueurs. Globalement, l’intrigue « Stupid Survivor » est centrée sur le « combat » opposant Kenjaku à Takaba, un personnage… Assez particulier, car il s’agit d’un comic relief… Dans Jujutsu Kaisen, ce n’est pas forcément une bonne chose, car les deux comics reliefs précédents étaient Panda et Inumaki, les pires personnages du manga. Bref, j’vais pas mentir, j’étais assez sceptique lorsque Takaba est apparu lors de la Traque Mortelle.

Cela dit, je dois avouer que son duel avec Kenjaku est à la fois très intéressant et surtout très rafraîchissant. En soit, je suis pas plus transporté que ça par sa motivation et sa personnalité, mais j’adore la construction opposée entre les deux adversaires. L’un est un exorciste doublement millénaire, l’autre n’est qu’un comédien sans talent, le premier est tellement doué qu’il est le seul, avec le Roi des Fléaux, à maîtriser le territoire ouvert, et l’autre ne sait même pas comment fonctionne son sort inné, l’un estime que seule la satisfaction de sa curiosité via une création dépassant l’entendement pourrait le combler, l’autre ne se repose que sur l’humour pour se connecter aux autres, de la façon la plus simple et pure possible. 

 

De plus, de la même manière qu’avec Sukuna, Satoru et Kashimo, l’intrigue Stupid Survivor repose sur la solitude et le besoin de connexion des deux adversaires. Takaba a besoin d’un duo et Kenjaku a besoin d’un véritable ami, qui ne le juge pas (contrairement à Tengen) et qui comprend son envie de RIRE (contrairement à Hazenoki). C’est d’ailleurs assez marrant que Kenjaku dise que Tengen est son amie et qu’Hazenoki pourrait devenir le sien, à condition qu’il soit fun.
J’aime beaucoup le fait que les deux gars les plus éloignés possibles, sur tous les plans, parviennent à se comprendre via le combat et leur passion commune pour le RIRE, nous offrant l’un des meilleurs chapitres de manga, le numéro 242, une succession totalement débile, mais très drôle de séquences humoristiques. Je suis un peu sceptique concernant le chapitre de conclusion, mais j’imagine que c’est de l’humour de stand-up purement japonais, donc ça me passe un peu au-dessus de la tête, malheureusement. Cela dit, la conclusion est assez touchante et le retournement de situation avec l’arrivée de Yuta est à la fois pertinent et bienvenu de par son côté imprévisible et brutal. J’aurai d’autres choses à dire concernant Kenjaku, mais ce sera pour plus tard. 

 

Parce qu’on revient direct sur le raid sur Sukuna, avec l’arrivée de Yuji et d’Higuruma. Pour commencer, ce que je vais dire n’est pas forcément une critique, mais une sorte d’alternative qui aurait pu être intéressante. Lorsque Sukuna se fait capturer par le territoire d’Higuruma, il a la possibilité de se défendre, à la façon d’un avocat, mais il préfère plaider coupable le plus rapidement possible. Compréhensible, car cela va avec sa personnalité, de plus, cela permet de garder un rythme très soutenu.
Cependant, pour aller avec l’une des façons d’écrire d’Akutami, j’aurais bien aimé voir Sukuna se défendre et apporter de vrais arguments pour sa plaidoirie, créant ainsi une morale très grise, démontrant les limites du système judiciaire et les talents de procureurs/avocats d’Higuruma. Cela demande énormément de talents et de recherches, mais c’est carrément possible d’écrire une scène judiciaire comme un combat, tout en gardant un rythme impeccable. 

On pourrait me dire que Sukuna avait trop de preuves contre lui, cela dit, il pouvait très bien renverser les accusations, en affirmant qu’il s’est battu de toutes ses forces face à un fléau de classe S et un Shikigami en roue libre, balancé de façon inconsidérée par un exorciste. Malgré les pertes civiles, il aurait pu argumenter que la situation aurait été encore pire s’il n’avait pas tué Jogo et Makora, tout en portant du doigt la faiblesse des exorcistes, comme Megumi et Yuji. Higuruma aurait alors abandonné son rôle de juge, qu’il méprise, et aurait repris celui d’avocat pour défendre Yuji, comme il était censé le faire. 

Je pense que ça aurait été une meilleure solution, cela dit, c’est plus une occasion manquée qu’un véritable défaut. 

Par contre, voilà un véritable défaut selon moi : la confiscation de Kamutoke. Je veux bien admettre que la « confiscation » cible en priorité un objet maudit, cela dit, comment Higuruma ne s’en est pas rendu compte avant ? Oui, comme tous les autres, il doit tester son propre sort pour en comprendre les limites, mais ça, j’ai du mal à y croire. Il avait le Sabre des Âmes de Maki et le Bâton de Nyoi de Kashimo, il avait de quoi faire des tests.
Et toujours en défaut, j’ai un peu de mal avec Higuruma en termes d’intérêts scénaristiques. Sa seule utilité se limite à la confiscation de Kamutoke, qui lui-même n’a servi à rien (vu que Kashimo y était insensible). Alors oui, Kamutoke aurait pu être dévastateur par la suite, mais je pourrais aussi bien dire que Kamutoke n’a servi qu’à tanker la Peine Capitale d’Higuruma. Les deux s’annulent et donc, tu comprends que la dernière action de Yorozu n’a servi qu’à ça. Je trouve pas ça très inspiré. 

De même, je pense que l’Épée du Bourreau aurait due toucher Sukuna, via Yuji. En supposant que ce n’est plus le manieur qui la manie et qu’en plus ce dernier est aux portes de la mort, tu pouvais accepter le fait que l’épée ne tue pas Sukuna mais le blesse, même légèrement. C’est tout con, mais au moins, ça aurait apporté un peu d’utilité à Higuruma, qui reste, selon moi, largement sous-exploité scénaristiquement parlant, tout en gardant ce thème de la continuité du combat des exorcistes.
Parce que thématiquement, je trouve sa « fin » plutôt chouette, lorsqu’il comprend son rôle dans cette histoire, arrivant à la même finalité que Nanami, comme si Yuji avait fait le pont entre les deux. 

 

Par contre, je déteste le chapitre d’après, que je trouve fade et mal rythmé, avec l’introspection étrange de Sukuna. Je n’ai rien contre ce genre de développement de personnage, cela dit, la façon de l’amener et d’en faire le point de départ d’une « rivalité » entre le Roi des Fléaux et Yuji, c’est vraiment comme un cheveu sur la soupe. C’est l’un des gros problèmes de Jujutsu Kaisen, la relation entre le héros et le méchant est assez inexistante tout du long, tant Sukuna n’en a rien à foutre de Yuji et tant ce dernier est obnubilé par Mahito. Du coup, leur dichotomie devient réellement prenante que lors des derniers chapitres et c’est vraiment dommage.

Cela dit, même si l’intrigue autour d’Higuruma me laisse un arrière-goût amer, le combat suivant me parle déjà beaucoup plus. Je suis perplexe vis-à-vis du duo Yuji/Yuta qui n’a jamais su s’imposer, les deux protagonistes étant trop occupés à « briller » séparément, mais toutes leurs scènes sont diluées dans la Traque Mortelle, aucun des deux n’émergent, que ce soient individuellement ou communément. 

Mais le territoire de Yuta est très beau, en plus d’être très sympa dans son fonctionnement, permettant la réutilisation de plusieurs capacités, comme la clairvoyance de Charles, l’incantation d’Inumaki ou même la manipulation du ciel d’Uro, ce qui est plutôt chouette. De même, Yuji a parfaitement sa place dans ce duel et développe enfin une technique qui lui est propre, même si, dans les faits, il l’avait déjà, à savoir sa compréhension des contours de l’âme. Ainsi, comme c’est souvent le cas dans ce genre de récit, le protagoniste obtient le pouvoir étant capable de contrer l’antagoniste final, c’est quelque chose de très Jojo’s Bizarre Adventure dans l’idée. 

C’est toujours plutôt kiffant de voir Sukuna jouer avec ses adversaires, il ne les prend pas vraiment au sérieux et ça permet de faire passer certaines facilités sans être malhonnête. Tout con, mais j’adore l’entrée en scène de Maki qui, non seulement permet de faire des montagnes russes avec l’attention du lecteur, mais en plus est un callback assez intelligent de l’attaque furtive de Toji sur Gojo Satoru.

Bref, même si je trouve que ça ne dit pas grand-chose d’intéressant, j’aime beaucoup cette intrigue de « l’Amour Mutuelle et Authentique », un combat dans la droite lignée du reste.

 

Le duel entre Sukuna est Maki continue sur cette lancée, j’aime d’autant plus l’attitude combattive et enjouée de Maki, qui s’amuse autant que son adversaire. C’est très kiffant de la voir faire jeu égal avec le Roi des Fléaux, même si ça ne dure pas trop longtemps. C’est peut-être mon seul point négatif sur ce combat, le fait qu’il ne dure qu’un chapitre et demi, pas plus. C’est compréhensible, même s’il n’y allait pas à fond, Sukuna faisait plier ses ennemis successifs en moins de deux chapitres. Higuruma, Kashimo, Yuta, tous y sont passés, Maki ne doit pas faire exception.
Sauf qu’en fait, si. Sukuna le dit lui-même, Maki est l’adversaire qu’il attendait le plus, car elle s’oppose totalement à lui dans la façon d’être forte. Ça le fascine, car c’est une façon pour lui de prouver quelque chose, ce qu’il n’a jamais eu à faire par le passé. Cela dit, c’est différent de Yuji, car lui s’approche de sa puissance en développant une force et surtout une philosophie aux antipodes de la sienne, ce qui l’enrage. 

 

Mais bref, je trouve que Sukuna se débarrasse bien vite de Maki justement, pour un adversaire qu’il attendait au tournant, elle ne montre rien de bien impressionnant. C’est un truc qui va revenir tout le long de cette seconde partie de la Bataille Décisive de Shinjuku, le fait que les protagonistes s’enchaînent permet de les faire briller, mais comme ils ne tiennent que deux chapitres et qu’en plus ils se succèdent sans qu’on prenne le temps de s’attarder sur une transition posée ou quoi, bah on a juste l’impression que le manga récite une formule ad nauseam et… Même en lisant d’une traite, ça devient un peu rébarbatif. 

 

C’est encore plus le cas avec Kusakabe, un personnage intéressant, je dis pas, mais non seulement, il est sous-développé (en même temps, le gars n’est relié qu’à Yaga et Panda, donc bon), mais en plus, il ne tient qu’un chapitre. Ouais, il tient tout seul contre Sukuna pour faire gagner du temps à ses alliés, mais ils ont tous fait ça ! Higuruma était seul face à Sukuna, Yuta n’était accompagné que de Yuji (et Rika) et Maki était presque seule elle aussi (Kusakabe et Ino n’étaient que des figurants). Il n’a absolument rien de spécial, il essaye d'exposer son développement en montrant l’exemple, mais il ne fait presque rien de plus que les enfants qui sont sous sa garde.
De plus, même si la mise en scène de son « Shin Kage Ryu » est plutôt stylée, les flashbacks explicatifs de Satoru, Nanami et Mei-Mei son guimauves et donc superflues, c’est dommage. Et là, peut-être le moins bon passage de cet arc : l’entrée en scène de Miguel et Larue.

 

Parce que putain, faire apparaître Miguel et Larue maintenant, c’était vraiment une mauvaise idée à tous les niveaux ! 

 

Déjà, pour quelle hype ? Le premier n’apparaît que dans JJK 0 et l’autre juste pendant une scène lors du Drame Shibuya, avec deux personnages OSEF et deux gamines qui se feront assassinées par Sukuna, on s’en bat les couilles de A à Z. 

Ensuite, quel intérêt au niveau du scénario ? J’veux dire, plus que « ce sont deux exorcistes plutôt forts », parce que non seulement il n’y a aucune garantie qu’ils viennent se battre, car ils demandent des conditions très précises, et surtout ils n’ont aucune synergie avec les exorcistes de Tokyo, bref, rien ne va. Et même dans leur impact scénaristique, ils font pitié. Ils sauvent Kusakabe et Ui-Ui ? Mei-Mei et Kirara auraient pu le faire aussi. Ils attirent l’attention de Sukuna pour permettre à leurs alliés de riposter ? Mei-Mei pouvait aussi le faire. Je dirai même plus qu’Ino aurait pu s’en occuper. Merde, ce personnage est présent depuis le tome 3, il est appréciable et relativement fort, il aurait pu tenir le rôle de Miguel et Larue sans problème (et ça aurait rendu son impact sur cette intrigue moins pathétique). Et après deux chapitres, ils se cassent ! Miguel est teasé et complimenté dans des flashbacks de Satoru pour qu’il n’est le droit qu’à trois pages d’actions avant de se barrer, c’est nul.
En résumé, ils prennent de la place, empêchant les autres personnages de briller et n’apportent rien de concret ou d’utile. Ils sont autant superflus qu’handicapants, aussi lourds qu’inoffensifs, une mauvaise idée pour une mauvaise exécution. 

 

Puis après, il y a ce chapitre de merde avec Sukuna qui t’explique dans le neutral, sans tensions, dramatisation, mise en scène, etc. Qu’en fait, Yuji est le fils de la réincarnation de son frère jumeau qu’il a dévoré in utero. Manque de set-up évident, le principe de réincarnation est à peine expliqué, on pouvait même imaginer qu’il ne s’appliquait qu’au clan Gojo, Tengen et le Plasma Stellaire. Encore une fois, le fait qu’Akutami ne se serve pas du lore, des intrigues secondaires, etc. Créé littéralement des « carences » dans le scénario. Ainsi, la révélation autour du pédigrée de Yuji n’a aucun poids, aucune portée, c’est d’une platitude et d’une fadeur sans nom. 

C’est l’un des plus gros problème d’Akutami, il a du mal avec les révélations. Que ce soit l’exposition de Tengen à propos du destin qui est OSEF as fuck, alors que… Merde, le destin existe, parlez-en, je sais pas ! Ou encore l’implication de Tengen dans la Traque Mortelle qu’explique Kenjaku à Kogane… C’est tellement purement descriptif que ça vire toute la portée dramatique de ce genre de révélation. Des fois, la narration et le ton austère de Jujutsu Kaisen ne collent pas à ce que l’auteur veut raconter.
De même, Yuji n’apprend jamais quelles sont ses origines, c’est littéralement une révélation qui n’impacte ni Yuji, ni Sukuna, qui sont les principaux concernés. Ah, et ça n’atteint pas non plus Kenjaku, qui est pourtant la mère de Yuji. Ce personnage ne reviendra jamais pour te parler des implications émotionnelles que cela entraîne. Le héros est littéralement le fils de l’un des principaux antagonistes, qui s’avère être le plus vieil et le plus dangereux exorciste de l’Histoire… Et on ne s’y attarde jamais. 

 

L’auteur suit uniquement le fil rouge et tout ce qui n’est pas « primordial » passe à la trappe. Ce n’est pas forcément la preuve d’une mauvaise écriture, mais plutôt la preuve d’une occasion manquée, celle qui aurait fait de Jujutsu Kaisen, de façon définitive et incontestée, le manga de la fin des années 2010 et début 2020, mais non, l’essai n’a pas été transformé. 

 

La suite du chapitre aussi n’a que peu d’impact. On nous teasait depuis le deuxième volume que Yuji finirait par développer le « Temple » de Sukuna, mais c’est montré de la façon la plus froide, sobre et « anti-dramatique » possible. J’sais pas, c’est quand même censé être un peu important, mais c’est aussi le chapitre où Akutami se décide enfin à faire « briller » Ino, donc il empiète sur le combat entre Sukuna et Yuji… Encore une fois, mauvaise exécution.
Par contre, j’aime beaucoup le nouveau Temple Maléfique de Sukuna, même s’il est un peu trop blanc à mon goût, ça devient difficile de dissocier le manieur de son territoire. Mais l’utilisation qu’Akutami en fait est chouette, ramenant la tension à son paroxysme, montrant Sukuna dominer largement tous ses adversaires avec un simple mudra. C’est d’ailleurs encore plus cool lorsqu’il sort sa technique secrète, avec l’Ouverture des Fourneaux, amenant une surenchère bienvenue. 

Cela dit, j’ai deux problèmes avec cette séquence. Déjà, même si le style très descriptif et objectif d’Akutami offre un mélange de ton froid et une impression de fresque épique assez chouette, je trouve qu’il en abuse par moment. Franchement, la description sur le potentiel destructeur de la « Flamme Divine » est de trop et gâche une planche cataclysmique. En ensuite, je trouve, encore une fois, que la révélation de la technique secrète de Sukuna n'est pas terrible. Autant nous teaser ce sort pour qu’au final ce ne soit que la suite de son sort de base, qu’il ne garde en réserve qu’à cause des conditions restrictives… C’est assez faible, c’est même à se demander pourquoi l’avoir en partie caché lors du duel face à Jogo. 

 

Cela dit, j’aime déjà un peu plus la mort de Choso. Un personnage très sincère qui amenait une dose d’humanité et de chaleur bienvenue dans l’univers de Jujutsu Kaisen. L’auteur a été très efficace en lui offrant un dialogue succinct et puissant avec Yuji, rendant sa disparition poignante.
Cependant, je suis perplexe concernant l’arrivée de Todo. Déjà, je trouve qu’il gâche presque la mort de Choso, comme si on passait trop vite de l’un à l’autre (même si s’est justifié par la situation tendue). D’autant plus que je ne suis pas convaincu par l’excuse concernant son retour secret. La résonance qu’il relève n’a lieu qu’entre l’âme de Sukuna et ses doigts, Yuji ne les a jamais ressenti tout le long du manga. De plus, la seule chose qu’ils partagent désormais, c’est la base du sort inné « Autel », c’est tout. La justification est faible et le retour de Todo arrive comme un cheveux sur la soupe, du coup je trouve ça assez maladroit.

 

Par contre, j’apprécie déjà beaucoup plus le retour de Yuta dans le corps de Satoru, contrairement à pas mal de lecteurs. C’est vrai qu’il y a manifestement un petit côté profanateur et désacralisant, mais c’est le but. 

 

Déjà, un peu comme la régénération du sort inné après une Extension de Territoire, j’aime beaucoup l’utilisation couplant la technique de Yuta à celle de Kenjaku. On revient sur une stratégie jusqu’au-boutiste, éthiquement ambiguë et symboliquement assez forte. Ça montre à merveille à quel point toutes les ruses et techniques combinées des exorcistes ne valaient pas mieux que juste Gojo Satoru. Du coup, ça devient logique de ramener le gars d’entre les morts pour en faire une arme humaine et ce que j’aime encore plus, c’est que Yuta n’y arrive toujours pas. Il se rend compte d’à quel point son maître était au-dessus du lot pour pouvoir dire avec autant d’assurance qu’il était le plus fort.
Concrètement, il n’a qu’un impact assez minime sur le scénario, même s’il permet à Yuji de prendre le dessus par la suite et d’en finir. J’apprécie beaucoup l’idée que Yuta estime que devenir le plus fort est une nécessité autant qu’un fardeau et que les deux vont forcément ensemble. Il tombe dans le même travers que Satoru, mais il n’est pas comme lui et ne peut pas le devenir. Plus simplement, Yuta et ses camarades, quand bien même ils possèdent tous divers atouts les rendants exceptionnellement puissants, ne pourront jamais reproduire la force de Satoru et devront abandonner cette idée pour aller de l’avant. D’autant plus que la force individuelle de Satoru a trouvé ses limites face à Sukuna, entraînant sa mort.

 

Bref, une intrigue ayant un véritable impact sur le scénario et les thématiques du manga, qui n’a, selon moi, pour seul défaut de se trouver dans la continuité un poil monotone de ce raid sur Sukuna. Le retour de Yuta ne créé aucun réel rebondissement, n’amène pas directement le climax de cette bataille et il repart sans que l’on ne s’y attarde plus que ça. 

Par contre, je trouve ça bizarre que les autres exorcistes ne viennent pas en renfort. Si Todo est là et qu’il peut téléporter Hana sur place, pourquoi pas Ino par exemple ? Même Maki aurait pu revenir en sprintant, elle n’aurait pas été de trop.
Mais du coup, le combat se poursuit gentiment et, une fois de plus, je trouve qu’Hana et l’Ange font pitié. Non seulement elles n’apportent rien de concret au scénario, elles affaiblissent Sukuna… Peut-être ? En fait pas vraiment, car elles lui offrent l’occasion de déclencher un « Rayon Noir » et de retrouver son sort d’inversion, elles l’ont presque aidé. Je comprends la logique et ce n’est pas incohérent, mais à chaque apparition de ce personnage supposément trop fort, car pouvant annihiler Sukuna, il se fait précisément défoncer par Sukuna, ça en devient comique. 

 

Et finalement, ne reste qu’Itadori Yuji qui parvient à étendre son territoire pour définitivement anéantir Sukuna. Et là, comme je l’avais déjà relevé plus tôt, je trouve ça dommage qu’on ne parle jamais ou presque de l’élaboration des territoires. Yuji est le personnage principal et un outsider. Maîtriser une telle technique mériterait un peu plus que « bah il connaît la base grâce à Kusakabe et… Voilà quoi ». Ben non, si c’était si simple, Ui-Ui, Ino et Choso devraient en être capable. Yuji est un « quick learner », pas un génie, Kusakabe est très clair là-dessus. ‘Fin, avec ses origines et la réflexion d’Uraume sur le potentiel de Yuji, j’imagine que ça suffit… 

D’ailleurs, le territoire de Yuji n’a toujours pas nom… C’est dommage.

 

Pour une fois, Akutami s’attarde sur des éléments qui ne sont pas nécessaires au scénario, qui ne servent qu’à démontrer toute la nostalgie et les petits plaisirs de Yuji lorsqu’il était enfant, des éléments plus ou moins anodins de son passé, des réflexions inoffensives concernant sa ville natale ou son grand-père, bref, des passages purement slice of life très appréciable. Étonnamment, ça ne jure pas trop avec le reste, car on est habitué dans Jujutsu Kaisen à avoir des phases de discussions posées, plus ou moins figuratives, en plein combat, que ce soit avec Choso et Yuki, Maki et Mai, Megumi et Tsumiki, etc. 

Cela dit, j’aime le fait que cette discussion entre Yuji et Sukuna reste… Inutile ? Au sens premier du terme, hein, cette séquence ne montre rien d’important au scénario. Choso exposait ses regrets à Tsumiki qui préférera se sacrifier pour lui sauver la vie, Mai donnera sa vie à Maki pour qu’elle puisse détruire son clan et Megumi exposera de la même façon son passé, ainsi que sa motivation principale. Ici, Yuji ne montre que des scènette à Sukuna, rien de plus. Elles n’ont d’intérêt que collectivement et seulement de façon symbolique et thématique et je trouve ça assez rafraîchissant, surtout avec cinquante chapitres de bagarre ininterrompus. 

Et j’aime encore plus la conclusion de ce chapitre avec la résolution et la menace finale de Yuji, prenant son ennemi en pitié, ce qui enrage ce dernier comme jamais. C’était le calme avant la tempête, un affirmation ultra classe et sombre de la part de son protagoniste, le début du combat final, bref, c’était très cool. 

 

Mais le vrai point fort de ce chapitre réside dans l’opposition entre Yuji et Sukuna. Comme je l’ai dit plus tôt, leur dichotomie a toujours été faible, parce que Sukuna se foutait royalement de Yuji et ce dernier était trop concentré sur Mahito.
Pour Sukuna, la vie humaine (même la sienne) n’a presque aucune valeur, elles ne sont là que pour son propre plaisir, rien de plus. Il est l’égoïste ultime, qui préfère ignorer les connexions entre autrui, car c’est ce qu’il a toujours fait et qu’aucune autre voie ne l’attirait plus que ça. C’est ce qui le rend si puissant, il est tellement individualiste qu’il en devient l’être le plus fort du monde, là où Satoru n’avait pour seule faiblesse son amitié avec Suguru (qui causera son scellement à Shibuya). 

Pour Yuji, c’est l’exact inverse, il est trop concentré sur autrui, oubliant presque sa propre vie. Que ce soit au centre de détention juvénile, face à Junpei, Choso, Hana, etc. Il était prêt à tout abandonner pour les autres. Là aussi, il y avait quelques limites dans son raisonnement, l’empêchant de se voir comme autre chose qu’un engrenage dans une machine trop grande pour lui, il dépréciait tellement sa propre humanité par rapport à son « utilité » qu’il en devenait presque suicidaire. C’est un peu dommage que cette transition entre ces deux visions de la vie n’ait pas été plus travailler que ça, d’ailleurs.

Yuji déteste Sukuna, car il ne voit rien d’intéressant et d’important dans l’humanité, il méprise tous les souvenirs et le background de ses adversaires, ce qu’il trouve inhumain et donc inacceptable.
Et inversement, Sukuna méprise Yuji, car il ne voit rien d’intéressant en lui, il n’a aucune particularité (sort inné), mais pourtant, il rivalise avec lui, entre autre grâce à son entraînement, son pédigrée, sa résilience et surtout son humanité, lui permettant de collaborer efficacement avec ses alliés, sans se mettre trop avant (ce qui explique pourquoi Yuji ne brille que lorsque les autres exorcistes se soient fait balayer). Il voit en Yuji une autre voie totalement opposée à la sienne, celle menant à une force plus grande que la sienne. Si Yuji arrive à le battre avec cette force, alors Sukuna sera obligé de reconnaître qu’il a eu raison, car il ne respecte que la force, rien d’autre.

 

C'est aussi pour ça que presque toutes les forces de Yuji viennent de quelqu'un d'autre. Le "Rayon Noir" ? Ça vient de Todo. Le "Territoire Simple" ? De Kusakabe. Le "Sort d'Inversion" ? Yuta et Choso, probablement. La "Manipulation des Hématies" ? De six autres phases du Fœtus Maudit. La dissection ? De Sukuna. L'idée de l'Extension de Territoire ? De Satoru, lorsqu'il faisait face à Jogo.

 

C’est aussi pour cela que Yuji propose une alternative à Sukuna, impliquant une collocation et une vie commune permettant d’apaiser son esprit. C’est pour cela qu’il l’emporte, en gardant sa connexion avec Nobara et Megumi, qui ressurgit au bon moment pour vaincre le Roi des Fléaux. 

C’est ce que j’aime beaucoup dans cette fin de combat et dans cette « rivalité » Yuji - Sukuna, c’est le fait que l’évolution du combat va avec l’évolution thématique de la force et du sens de la vie que recherche Yuji tout le long du manga.


Mais bon, tout ça, c’est sur le papier, dans les faits, c’est pas aussi stylé. Déjà, comme je le répète depuis le début, la relation Yuji - Sukuna est trop subtile, dans le mauvais sens du terme. Il y a trop peu d’éléments à se mettre sous la dent les concernant. Du coup, leur évolution thématique et scénaristique semble tardive et rushée en même temps, ce qui est très dommageable pour des personnages aussi importants. On est, hélas, pas au niveau de Yuji - Mahito, qui parvenait à construire une véritable opposition, comme des archnémésis, avec très peu d’interactions. Pourtant, Sukuna fait des saloperies à Yuji, mais il le fait juste pour se divertir, là où pour Mahito s’est une véritable obsession, il veut tuer Yuji, c’est son nindo, m’voyez. 

 

Toujours dans les défauts, le retour de Megumi est trop facile et son revirement de dernière minute est trop abrupt. Le gars a « buté » sa sœur de ses propres mains, sa seule motivation dans sa vie depuis ses cinq ans, il est prêt à en finir, mais finalement, il revient au bon moment. Les mots de Yuji sont forts, mais il y a trop peu d’interactions, encore une fois.
Et finalement, le pire, c’est que Megumi n’a aucune réelle évolution, en dehors de libérer son potentiel… C’est un peu maigre, surtout que c’est acté depuis le tome 7 et qu’on ne l’a toujours pas vu à fond (avec territoire complet et tout). Son personnage me semble incomplet et c’est dommage, j’aime bien Megumi.

Ah et bien sûr, l’arlésienne de Jujutsu Kaisen, Kugisaki Nobara, revenue d’entre les morts cinq chapitres avant la fin du manga… Mouais, je suis très sceptique. J’aime beaucoup Nobara, elle avait tout pour elle et je suis pas non plus insatisfait ou frustré de sa disparition en plein milieu du manga, comme expliqué plus haut. Cependant, la faire revenir maintenant et comme ça, ce n’était pas une bonne idée. Trop tard pour ne pas penser que c’est un gâchis monumental et trop pratique pour ne pas penser que c’est une facilité scénaristique. S’il fallait la faire revenir, ça aurait dû être plus tôt, genre pendant la Traque Mortelle, il devait bien avoir de la place pour elle.
Et puis, faut le dire, même si l’on n’aime pas sa disparition durant le Drame de Shibuya, Akutami a mit tout son talent pour nous faire croire à sa mort, aussi abrupte et improbable soit-elle. Maintenant, on ne peut plus y croire. C’est l’effet Gallahad dans Kingsman Golden Circle, on sait qu’il revient dans la suite, donc sa mort dans le premier opus ne nous fait plus le même effet. 

De plus, scénaristiquement, je trouve que ça ne fait pas beaucoup de sens. Genre, pourquoi Megumi ne dit pas à Yuji que Nobara est vivante, mais dans le coma ? J’veux dire, il y a une grosse différence entre « comateuse » et « mort cérébrale », hein. Et puis, si après tout ce merdier, elle était restée dans le coma, il aurait dit quoi à Yuji ? « Bah, techniquement, je t’ai pas dit qu’elle était morte… », un truc du genre, bien nulle et bien sale. Il était pas au courant ? Comment ça se fait ? Le malentendu est vraiment forcé. 

Et puis, Akutami aurais toujours pu se servir de Nobara sans la ramener à la vie, en faisant en sorte que Yuji utilise son marteau pour vaincre Sukuna. La lame émoussée de Nanami possède son sort inné, pourquoi pas le marteau de Nobara ? Ça aurait pu être stylé de voir Yuji vaincre son ennemi avec l’arme de sa défunte amie, tout en gardant l’idée que les exorcistes ne déclinent pas, car chacun reprend le combat de ses prédécesseurs.

 

Cela dit, bon point, j’aime bien que ce soit Satoru qui prenne le pari de garder le dernier doigt de Sukuna, au cas où Nobara se réveille. Ça lui donne de l’importance dans la dernière stratégie de son camp, même après sa mort. C’est cool et ça montre qu’il faisait vraiment confiance à ses élèves et la prochaine génération. 

 

Par contre, je vais pas être autant partagé pour le combat entre Hakari et Uraume. Déjà, oui, on a tout vu de la technique d’Hakari lors de son duel avec Kashimo, mais merde, nous faire du off-screen pour ce personnage, présenté comme super fort, face au bras droit du Roi des Fléaux, c’est un carton rouge. Ça se sent qu’Akutami n’avait pas le temps de penser à ce combat, mais merde, ça fait trop chier.
Avec la fin que j’évoquerai plus tard, Uraume sonne comme une terrible occasion manquée. Ce personnage aurait dû être l’une des voies qu’aurait pu choisir Sukuna, son importance aurait dû être colossale. C’est aussi pour ça que je camperai sur cette position : il manque un arc flashback sur l’ère Heian. On en aurait plus appris sur Kenjaku et surtout sur Sukuna, comme ça, sa personnalité et la conclusion de son personnage aurait eu beaucoup plus de sens. 

Imaginez Meruem sans qu’on ne s’attarde sur sa relation avec ses gardes royaux. Oui, l’histoire et le personnage fonctionnent toujours, mais on perdrait beaucoup, on est d’accord. C’est exactement ça ici. Uraume est à peine un obstacle, mais est pourtant un personnage d’une importance supposément capitale pour l’évolution de Sukuna. C’est vraiment nul.

Dernière ligne droite, il ne reste que trois chapitres. Déjà, je trouve que la résolution progressive de cet arc est trop semblable à celle de Shibuya. Yuji qui se retrouve seul face à son ennemi (Mahito / Sukuna), après la mort d’un être cher (Nanami / Choso). Todo revient pour lui sauver la mise. Todo qui se joue de cet ennemi lorsqu’il n’active pas Boogie Woogie. Yuji qui utilise l’attaque à retardement pour créer une ultime ouverture. Yuji qui termine son ennemi au Rayon Noir. « Je suis toi ». 

Oui, l’arc Shinjuku est censé être une version miroir, avec une fin positive, de l’arc de Shibuya, mais le fait que tous ses éléments reviennent pour obtenir une fin similaire (le gentil gagne, le méchant perd), je trouve ça limite. 

 

Ensuite, je trouve la transition entre la « bataille décisive dans le quartier inhabité et infesté de démon de Shinjuku » et l’après-guerre, assez rapide, pour pas dire bâclée. Je comprends l’idée de revenir à Megumi, c’est la chose évidente à faire, mais bon, ça passe sous le silence le soulagement, le deuil, les retrouvailles, etc. Comme d’habitude, la narration trop rapide engendre une impression d’austérité et de froideur qui n’est pas bonne. Un point de vue si neutre et détaché après un tel climax, c’est du gâchis. 

 

Cela dit, ça fait plaisir de revoir le trio de personnages principaux réunis à nouveau. Leur alchimie est vraiment bonne. 

 

Aussi, si Higuruma n’est pas mort, j’imagine que ça explique pourquoi Kamutoke n’est pas revenu à Sukuna… Mais du coup, pourquoi l’Épée du Bourreau a été révoquée ?

 

Franchement l’intrigue ultra-secondaire autour du clan Shin Kage Ryu… Nous rompichâmes fort ! J’veux dire, oui, si Jujutsu Kaisen était ce manga avec un lore développé, des intrigues secondaires solides, des tas de personnages développés, etc. Alors oui, l’intrigue autour de ce clan fonctionnerait… Mais c’est pas ce manga. Vraiment, Akutami a lancé une intrigue de nulle part pour la conclure en vingt pages… C’est à la fois surprenant et parfaitement inutile. 

 

La dernière intrigue est sympa, en mode slice of life, même si je pige pas trop le conflit entre la meuf et son stalker. Cela dit, j’aime bien la confiance de Gojo dans le flashback, la FORCE de Yuji confirmée comme étant son empathie ou tout simplement les interactions très fun entre les membres du trio.

Et oui, la discussion finale entre Sukuna est Mahito est vraiment bonne, mais confirme aussi qu'un arc Heian était nécessaire, car les deux voies de Sukuna ne sont pas effleurées dans tout le manga. Sukuna est un bon méchant de manga, genre Toguro dans Yu Yu Hakusho, mais il aurait pu être un antagoniste digne de Kuroro dans Hunter X Hunter.

 

Donc pour conclure, Jujutsu Kaisen a d’indéniables qualités :

  • Son dessin et son découpage nerveux, lisibles et dynamiques;
  • Ses personnages ambigus, ayant une alchimie très appréciable;
  • Une approche plus réaliste, sombre et dure du manga d’action fantastique;
  • Des combats pour la plupart très bien construits;
  • Un sens de la cohérence ma foi fort appréciable;
  • Une gestion de la hype très efficace et un véritable talent pour iconiser ses personnages;
  • Gojo Satoru, faut le dire, c’est ce que les gens, les auteurs des prochaines générations aussi, retiendront de ce manga;

Mais c’est aussi un manga qui possède des limites assez évidentes;

  • Narration trop rapide et maigre;
  • Lore à peine développé;
  • Des personnages secondaires sous-exploités;
  • Plein d’occasions manquées, préférant systématiquement la ligne droite, la plus courte, au détour pourtant plus intéressants;
  • Panda et Inumaki;
  • Une exposition pas toujours optimale, souvent confuse et fatigante;

 

Donc oui, c’est imparfait, c’est sûr, mais je pense que ça ne trahit pas son essence initiale, comme Naruto, ou s'emmêle les pinceaux, comme MHA. Même la fin reste loin de la catastrophe qu’ont été celles des deux manga précédemment cités.

L’arc Shinjuku et globalement toute la seconde moitié de l’œuvre sont frustrants quand on sait de quoi est capable l’auteur, mais lorsqu’on accepte que ce n’est pas possible (ou presque) de faire quelque chose d’entièrement satisfaisant dans cette industrie du manga au Japon, et ben je trouve que ça passe plutôt bien. 

 

C'est aussi pour ça que je conseillerai toujours Jujutsu Kaisen. Pour la culture déjà, je pense que ce manga impactera les futurs manga, tout en faisant le pont avec l’ancienne génération (Bleach, Hunter X Hunter) et la prochaine, en modernisant le tout et en mélangeant des influences fortes. Mais surtout, et ce sera mon dernier argument, Jujutsu Kaisen c’est fun. C’est très divertissant et quand bien même sa vitesse l’handicape sur la fin de son récit, c’est aussi une qualité, car ce n’est pas une histoire qui se perd avec un milliard d’intrigues secondaires interminables. Il va droit au but et propose avant tout une expérience divertissante et, sur ce point, pour moi, c’est une totale réussite.

Modifié par Gaël (Jufoba)
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